Les Commentaires Eleison

La Mise au Tombeau de L’église

La Mise au Tombeau de L’église on avril 11, 2020

Si l’on en croit le message de Notre-Dame de La Salette et du Vénérable Barthélémy Holzhauser, ce que nous vivons aujourd’hui n’est que le terme du cinquième âge du monde ; ce n’est pas encore la fin du septième et dernier âge. Le cinquième âge devra bel et bien s’achever dans un grand châtiment préludant au sixième âge ; le sixième âge sera bref, mais il sera le théâtre du plus grand et du plus glorieux triomphe de l’Église dans toute son histoire. Puis viendra le septième âge, celui de l’apparition de l’Antéchrist. Ce dernier âge connaîtra la plus grande persécution de toute l’histoire de l’Église avant la fin du monde, tel que nous le connaissons ; mystérieusement, notre monde cèdera la place à « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » (II P. III, 13). Etait-ce là ce que saint Pierre, le vénérable Holzhauser et Notre-Dame de La Salette voulaient dire ? Si tel est le cas, l’Église sortira certainement de la tombe où elle git actuellement, avant de s’envoler pour le Ciel à la fin du monde. Dès lors, toute la question est de savoir comment elle pourra survivre dans son tombeau actuel, et comment elle en sortira.

En fait, il est essentiel de comprendre que l’Eglise appartient à Dieu, que l’Eglise est dirigée par l’Esprit de Dieu, et que l’action de cet Esprit Saint est comparable à celle du vent qui souffle où il veut. On sait qu’il est là parce qu’on l’entend, mais on ne sait ni d’où il vient ni où il va (Jean III, 8). C’est ainsi que les pensées de Dieu dépassent largement nos pensées humaines. Par exemple, nous devons nous habituer à ce que les premiers deviennent les derniers et les derniers les premiers (Mt. XX, 16). C’est ainsi que depuis la fondation de la Fraternité St Pie X en 1970, jusqu’en 2012, date à laquelle ses dirigeants ont posé les conditions du retour de la Fraternité sous l’égide de la Rome conciliaire, la FSSPX combattait en tête pour la défense de la Foi ; mais depuis 2012, elle est devenue officiellement comme le toutou des Romains. Le Système semble avoir englouti la Fraternité et, de la première place qu’elle tenait, elle risque de descendre bientôt à l’une des dernières places, car le Démon ne la laissera pas s’arrêter à mi-chemin.

De nombreux catholiques de tradition ont souhaité, de tout leur cœur, qu’une Fraternité-bis se forme pour prendre la relève. Mais Dieu voulait-Il vraiment une Fraternité-bis ? Peut-être que non. Les années 2010 n’étaient plus les années 1970 ou 1980 où Mgr Lefebvre avait pu étendre la Fraternité au monde entier. La corruption des cœurs et des esprits était déjà bien plus avancée que dans les années 1970. Et depuis 2012, elle s’accélère encore. Voyez comme les hommes d’aujourd’hui manquent de bon sens et comment cette faculté ne cesse de décroître. Bien sûr, la grâce de Dieu peut transformer des êtres humains corrompus en catholiques accomplis, mais Dieu ne force que rarement le libre arbitre humain. Si bien que, lorsque les hommes persistent à vouloir transformer leur vie intérieure en un cloaque, l’hélicoptère de la grâce surnaturelle de Dieu peut préférer ne pas atterrir, de peur de sombrer dans un marécage fangeux.

Or, il est certain que Dieu maintiendra l’Eglise dans les années 2020. Ne fût-ce qu’au moyen d’un mouvement de « Résistance » sans structure ni organisation, traversé de conflits endémiques surgissant entre ses membres qui s’affrontent les uns les autres ! Mais il suffit que ces résistants partagent au moins la même vraie Foi pour que leur mouvement puisse prendre sa place au front du combat. Voire, leur manque de structure peut même présenter un avantage. Comment cela ? Parce que, s’il n’y a qu’une seule tête, sa capture risque d’entraîner la chute de toute la structure, car l’homme moderne n’est-il pas rare qui sait comment il faut obéir ou désobéir ? Par contre, pour peu que les résistants aient un minimum de bon sens et de charité, ils peuvent même s’entendre entre eux, sans avoir à se dévorer les uns les autres. Et si le terme « Résistance » n’est pas une étiquette dont on puisse être fier, ce n’est pas non plus une mauvaise chose, car depuis longtemps la situation dépasse les étiquettes.

En tout cas, pour les catholiques qui souhaitent sauver leur âme en gardant la vraie Foi, ce qui est vital, c’est de voir comment et pourquoi le monde qui nous entoure mine et corrompt la Foi catholique. Ce n’est pas nécessairement par manque de bonne volonté ni de bonnes intentions, bien au contraire. Alors que les premiers protestants étaient des ennemis de la Foi déclarés et obstinés, leurs successeurs, les libéraux du monde entier, peuvent se montrer sincèrement amicaux envers les catholiques. A condition toutefois que ceux-ci partagent leur principe de base, selon lequel la vérité ne peut être que subjective. Pour le libéral, il n’y a qu’un seul dogme : affirmer que tous les autres dogmes sont facultatifs, que les idées sont sans importance, que « tout ce dont vous avez besoin, c’est de l’amour », que toutes les religions ont le même et unique Dieu, etc. Ce dogme est devenu tellement viscéral qu’il n’est même plus remis en question. C’est d’ailleurs pourquoi il est si dangereux. La vérité est exclue du tribunal avant même d’ avoir pu y mettre les pieds. Mais s’il n’y a pas de vérité, comment peut-il y avoir un vrai Dieu ?

Kyrie eleison.

Pensées Pour le Jeudi Saint

Pensées Pour le Jeudi Saint on avril 3, 2020

Grâce à la liturgie de la Semaine Sainte, normalement célébrée la semaine prochaine, de nombreux lecteurs connaissent vraisemblablement les récits évangéliques de la Passion de Notre Seigneur. Mais peut-être n’ont-ils pas réfléchi à la correspondance des différents moments de la Passion avec la situation des catholiques d’aujourd’hui. Prenons l’exemple de l’arrestation de Notre Seigneur au Jardin des Oliviers. Il dit alors beaucoup de choses, et chacune de Ses paroles suscite tout un monde de pensées.

Ce jeudi soir, Jérusalem grouille de pèlerins en provenance de Judée, de Galilée et de la Diaspora. La ville entière est sous tension parce que tous les personnages importants sont présents en raison de la grande fête de la Pâques. Or cette tension tourne autour de Jésus. D’un côté, Il est très aimé de Ses apôtres, de Ses disciples et d’un grand nombre de personnes qu’Il a enseignées, guéries, consolées et aidées durant les trois années de Son ministère sur la terre. Mais d’un autre côté, il semble que les autorités religieuses du Temple, les chefs des prêtres, les scribes et les pharisiens le désapprouvent formellement et veuillent se débarrasser de Lui à tout prix. Quel mal a-t-Il commis ? Que vont-ils Lui faire ? La ville entière est en effervescence à propos de Jésus.

C’est dans cette atmosphère très tendue que la dernière Cène s’est tenue avec Ses apôtres : Il a ajouté des cérémonies étranges, mais profondément sérieuses, à celles de l’Ancien Testament, et leur a parlé comme s’Il allait les quitter. Il envoie Judas Iscariote faire ce qu’il avait à faire, puis Il conduit les autres au Jardin de Gethsémani. Les apôtres sont anxieux et mal à l’aise, mais Pierre, prêt à combattre, emporte avec lui une épée. Jésus laisse derrière Lui huit des onze Apôtres et emmène avec Lui encore plus profondément dans l’oliveraie Pierre, Jacques et Jean. Là, Il leur demande de prier, les avertissant que s’ils ne priaient pas, ils pourraient entrer en tentation. Puis Il s’éloigne d’eux pour prier seul, en trois fois, durant sa terrible agonie. Chaque fois qu’il revient vers eux, Il les trouve endormis. Puis arrive Judas Iscariote, accompagné de la Garde du Temple ; on vient arrêter Notre Seigneur, loin des gens qui risquaient de se porter à son secours. Judas va jusqu’à Le trahir par un baiser. Pierre, furieux, sort son épée pour défendre son Maître bien-aimé et tranche l’oreille d’un serviteur du Grand Prêtre. Mais il se fait rabrouer par Jésus qui lui demande de rengainer son épée. Et Jésus donne trois raisons.

Premièrement, « Tous ceux qui prendront l’épée, périront par l’épée ». Dans la lutte essentiellement spirituelle pour le salut éternel des âmes, Notre Seigneur doit être non pas le valet de trèfle, mais le roi de cœur. Or, il ne pourra jamais l’être par une violence qui n’engendrerait qu’une autre violence. Deuxièmement, toujours dans le même sens, il leur demande : «  Pensez-vous que je ne puisse pas faire appel à mon Père, sans qu’il m’envoie immédiatement plus de douze légions d’anges ? » Il est évident que le Créateur de l’univers dispose d’une force physique suffisante pour renverser toutes les armées ennemies de Son Fils. Mais ce n’est pas ainsi qu’Il gagnerait les âmes. Bien au contraire. Une force supérieure, écrasant physiquement les corps des hommes, ne ferait qu’aliéner les âmes qu’Il veut convertir. Et troisièmement, « Comment donc les Écritures s’accompliraient-elles, s’il n’en était pas ainsi ? » Le plan de Dieu, consigné dans les Saintes Ecritures, est établi de toute éternité. Or il y est inscrit que Jésus ne parviendra à toucher les âmes (une minorité) qu’en étant lui-même écrasé ! Jésus gagnera en étant, au moins en apparence, ce qu’aujourd’hui nous appelons, un « perdant » ! Mais c’est bel et bien Pierre qui est en train de « perdre » : ne comprenant plus rien à ce que dit son Maître bien-aimé, il s’enfuit, suivi des dix autres Apôtres.

Comme beaucoup d’hommes faisant aujourd’hui partie de la Tradition, Pierre est un homme viril. C’est un « macho ». Certes, il ne manque ni de foi, ni de courage, ni de dévotion envers son divin Maître, mais au lieu de prier dans le Jardin des Oliviers, il a dormi. Or, si au lieu de dormir, il avait prié, ses pensées auraient pu être divines au lieu de n’être qu’humaines, bien trop humaines. Il aurait alors pu comprendre que la démarche de Jésus était, sans commune mesure, bien plus élevée que la sienne, aussi courageux et dévoué que lui, Pierre, pût être. Mais par le libéralisme ou le sédévacantisme, les catholiques d’aujourd’hui coupent non seulement l’oreille d’un des serviteurs du Grand Prêtre, mais ils coupent même la tête du Grand Prêtre : en douceur, par une quasi-hérésie ou avec rudesse, par un quasi-schisme. Pourtant, Notre Seigneur lui-même ne nous a-t-il pas prévenus que son Église, elle aussi, ne gagnerait qu’en perdant ? A la fin du monde (Lc. XVIII, 8), n’aura-t-elle pas presque disparu ? Mystère . . .

Kyrie eleison.

Le Monde Transformé

Le Monde Transformé on mars 28, 2020

Deux événements secouent le monde, le corona-virus et l’effondrement de ce qui a servi depuis, disons, deux siècles, comme système financier du monde. Les deux événements peuvent bien être liés entre eux. Plusieurs commentateurs font même mention du Bon Dieu, au moins à propos de l’extension mondiale du virus, parce qu’il s’est étendu à la manière d’une peste, et aux temps passés où il n’y avait pas d’autre remède pour la peste, les hommes recouraient souvent à Dieu. N’empêche, à coup sûr ce Dieu qui n’a point changé depuis lors joue dans les deux événements d’aujourd’hui un rôle bien plus important que la majorité des gens ne pensent.

Est-ce à dire qu’Il est la cause directe de l’extension mondiale du virus ? Directe non, mais indirecte oui, parce qu’Il a prévu depuis l’éternité que cela arriverait, et Il a décidé de le permettre. Et quel bien plus grand aura-t-Il voulu permettre pour qu’il suive le mal de l’infection ? On a vu les gouvernements de beaucoup de pays imposer aux mouvements de leurs citoyens des restrictions tellement draconiennes que ces pays sont virtuellement paralysés. Cela a l’effet d’offrir à ces citoyens une possibilité sérieuse d’abord de se rendre compte à quel point le fonctionnement tant vanté de leurs pays modernes est de fait plus que fragile, tandis qu’eux-mêmes ils ne sont pas tellement maîtres de la réalité comme ils ont pu le penser ; et ensuite l’interruption grave de leur train-train quotidien leur fournit le temps nécessaire et une occasion sans pareil de réfléchir sur le matérialisme de ce train-train : Qui suis-je ? Qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce que j’en fais ? Où vais-je ? Hélas, tant de citoyens modernes aussi providentiellement ralentis ne chercheront qu’à remettre le pied sur l’accélérateur pour se distraire de ces pensées capables de suggérer qu’il y ait quoi que ce soit de plus important que leur train-train si captivant . . .

Autre raison pour laquelle ce n’est pas nécessairement le Bon Dieu qui ait causé directement le virus, c’est le grand nombre de gens sérieuses qui se demandent si le virus vient non pas de la Nature venant de Dieu mais plutôt de laboratoires fabriqués par les hommes, où les virus de la Nature sont artificiellement rendus beaucoup plus puissants et contagieux pour qu’ils servent d’armes de guerre. Et si c’est bien de là que vient le corona-virus, à qui les hommes peuvent-ils s’en prendre si ce n’est à d’autres hommes ?

Et puis outre l’origine du virus, il y a sa fuite qui fait problème : comment a-t-il pu s’échapper des laboratoires de manière à empester le monde entier ? Fut-ce un accident, ou bien l’a-t-on lâché délibérément ? Là encore beaucoup de braves gens estiment qu’il ne s’agit d’aucun accident, mais plutôt d’un crime organisé pour coïncider avec l’effondrement du système financier du monde, lui aussi organisé. De deux façons le virus devait aider cet effondrement : d’abord il paralyserait ne fût-ce que brièvement le fonctionnement normal des économies du monde, en entraînant des banqueroutes sans nombre et une aggravation partout de l’endettement et de la réduction en esclavage à la Puissance de l’Argent ; et ensuite le virus pourrait servir pour exciter une panique que les médias de ces mêmes Mondialistes exagéreraient à leur gré pour distraire l’humanité de l’avance importante de son esclavage. En tout cas, si le krach financier était délibéré, l’arrivée du virus en même temps était pour tout le moins une aubaine pour ceux qui étaient derrière le krach.

Et alors y a-t-il, ya-t-il eu, quelqu’un derrière le krach du mois de mars qui n’est point encore fini ? Mais bien sûr ! La Puissance de l’Argent, ayant les gouvernements à sa botte, dispose de sommes d’argent si importantes qu’elle peut faire monter ou baisser les bourses du monde, supposément libres, comme elle veut, et des krachs comme celui du mois de mars sont faits pour transférer des petits investisseurs leurs richesses aux Puissants de l’Argent. Dans ce cas-ci, ceux-ci ont créé à partir de 1987 des bourses qui pendant 33 ans n’ont fait essentiellement que monter pour attirer les petits investisseurs, et une fois que ceux-ci avaient bien avalé le hameçon, ces Puissants ont fait faire krach aux bourses, en sorte que les petits perdent tout leur avoir tandis qu’eux-mêmes font fortune, en ayant parié sur le krach qu’ils ont manigancé. Et les gouvernements protègent cette Puissance de l’Argent qui les a achetés depuis belle lurette.

Et le Bon Dieu où est-Il en tout cela ? – « Mes enfants, si vous insistez à adorer Mamon et le matéialisme à ma place, voilà ce qui va vous arriver. Vous avez méprisé Ma religion pour la remplacer par la politique. Vous avez adoré vos gouvernements au lieu d’adorer Moi-même. Vous avez préféré croire en l’argent qu’en la pratique de la charité envers vos semblables. Et vous vous surprenez maintenant que la politique, les gouvernements et l’argent vous trahissent ? Ou bien vous vous vexez que Moi je leur aie permis de vous trahir ? Mes enfants, ce que Moi Je vous offre, c’est le Paradis, et pour toute l’éternité ! »

Kyrie eleison.

La Malice du Modernisme – III

La Malice du Modernisme – III on mars 21, 2020

S’il y a aujourd’hui une chose qu’un prêtre catholique doit bien comprendre et connaître parfaitement, c’est la phrase-clé qui se trouve au cœur de Pascendi, cette grande encyclique de Saint Pie X, écrite en 1907 pour défendre l’Église et l’humanité contre la menace mortelle du modernisme. De quoi s’agit-il ? Le modernisme est ce mouvement de pensée et d’action par lequel les hommes décident de travailler à changer le Christ et son Église pour les adapter au monde moderne, plutôt que de changer le monde pour l’adapter au Christ et à son Église. Quelle est donc cette phrase-clé de Pascendi qu’il faut retenir ? La voici, tirée du sixième paragraphe de l’Encyclique, énonçant le principe de base du modernisme –

« La raison humaine, enfermée rigoureusement dans le cercle des phénomènes, c’est-à-dire des choses qui apparaissent, et telles précisément qu’elles apparaissent, n’a ni la faculté ni le droit d’en franchir les limites. »

En d’autres termes, l’esprit humain, qui, à longueur de journée, ne cesse de lire au-delà de ce que les sens perçoivent, est finalement disqualifié par l’homme moderne comme étant inapte à lire l’être qui est derrière les apparences ! Par exemple, ce qui me semble être une porte pourrait bien être un mur ; ce qui me semble être un mur pourrait en fait être la porte. Il s’ensuivrait que je ferais tout aussi bien d’essayer de passer à travers le mur que de passer par la porte ! Bien sûr, cette sottise est tellement énorme que personne ne sera surpris d’apprendre que même les disciples modernes d’Emmanuel Kant (1732–1804), auteur de cette parfaite idiotie, essaient rarement de passer par les murs. En d’autres termes, ils réussissent à vivre en s’abstenant de prendre au sérieux leur propre philosophie. Il ne faut pas chercher ailleurs la raison pour laquelle la philosophie moderne s’est attiré une si mauvaise réputation. Et pourtant, le kantisme, cette sottise absolue, règne en maître dans les départements de philosophie de presque toutes les « universités » de notre époque ! Comment est-ce possible ?

Cela vient du fait que Kant est perçu comme étant LE grand libérateur. Il est supposé avoir définitivement libéré l’esprit humain de la réalité. Comment cela ? En décrétant que l’esprit n’avait pas d’accès à la réalité extérieure et qu’il était, de ce fait, totalement étranger à cette réalité ! Selon Kant, l’esprit ne peut pas accéder à la réalité telle qu’elle est en soi, (le « Ding an sich »), parce qu’il ne peut pas dépasser ses sensations pour interpréter ce que ses sens lui montrent. Peu importe si je ne peux vivre qu’en admettant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, que mes sens me disent ce qui est réel autour de moi et que mon esprit ou mon intellect est capable de déchiffrer ou d’« intelliger » l’être de ce que mes sens me montrent. Dès lors depuis Kant, la réalité qui m’entoure présente de moins en moins d’intérêt, car mon esprit n’a pas à en tenir compte ; il n’est plus mesuré par la réalité. Ce qui compte, c’est la « philosophie transcendantale ». On nomme ainsi la pensée qui s’élance vers les hauteurs et sonde les profondeurs de mon fantasme, pour « transcendre », passer loin au-dessus de la banalité de la réalité quotidienne telle que les portes et les murs. Mon esprit a pris son essor ! Mon esprit est libéré de la réalité ! Désormais, la seule chose dont je doive tenir compte, est ce que je veux. C’est ma « vérité » ! En fait, le mot « Vérité » a pris un sens nouveau. Tous les mots prennent un sens transcendantal. La liberté règne dans ma tête !

Pourtant, si l’on persiste à vouloir me ramener à ce que l’on appelle le monde réel, alors je peux toujours choisir de supposer, comme tous les pauvres non-universitaires, que pour continuer à survivre (« Beurk ! ») dans le monde banal (« Beurk ! »), mieux vaut ne pas essayer de passer par ce qui ressemble à des murs, et peut-être n’est-il pas bon d’essayer de manger des cailloux. En d’autres termes, mon esprit est transcendentalement supérieur à votre « bon sens » terre à terre (« Beurk, beurk ! »), car mon esprit est libéré, même si je peux toujours choisir d’agir en accord avec mon bon sens – quand je le veux – pour les besoins de la vie quotidienne (« Beurk ! »).

La liberté, cette liberté sans forme, est la véritable religion de l’homme moderne. Et c’est la religion apparente de beaucoup trop de catholiques, celle qui possède toutes les apparences mais rien de la substance de la vraie religion. Comme le dit saint Paul, «  Dans les derniers temps . . . les hommes . . . auront quelque apparence de piété, mais renieront ce qui en fait la force » (II Tm. III, 1–5). C’est-à-dire : ils en garderont les dehors mais en nieront la substance. Que sont de tels catholiques ? Ce sont précisément des catholiques kantiens (ou modernistes), qui sont comme ils le sont simplement parce que presque tout le monde aujourd’hui est kantien ; parce que presque tout le monde aujourd’hui vénère la liberté. C’est à Kant qu’ils doivent d’avoir la clé pour s’évader de la prison de la réalité venant de Dieu, pour s’échapper dans les nuages de la modernité transcendantale. Quant à Dieu, je pourrai toujours me soumettre à Lui de nouveau, où et quand moi j’y consentirai, mais Lui ne peut plus m’obliger. Je suis libre, Moi, JE SUIS !

L’incroyable perversité, l’orgueil débordant et la perfidie de Kant devraient dès maintenant s’entrevoir. Plus que jamais,

Seigneur, ayez pitié de nous.

La Malice du Modernisme – II

La Malice du Modernisme – II on mars 14, 2020

La malice du modernisme est un sujet immense dont les dimensions s’apparentent au vaste domaine de la révolte moderne du monde entier contre son Créateur. Au Moyen Âge, au terme d’un processus historique de plusieurs siècles, la chrétienté atteint le sommet de son ascension. Puis, elle bascule et entame sa chute. Le début de l’ascension se situe bien sûr en 33 après J.-C., lorsque Notre Seigneur, Verbe Incarné, fonda l’unique et véritable Église de Dieu par le Sacrifice de la Croix. On peut estimer que le Moyen Âge s’étend sur une période de mille ans, plus ou moins à partir du pontificat (590–604) de Grégoire le Grand, jusqu’à l’apparition du protestantisme et le début de l’ ère moderne en 1517.

Naturellement, la différence d’attitude de l’humanité envers le Christ et son Église avant et après le Moyen Âge est énorme : avant le Moyen Âge, le christianisme faisait de plus en plus ses preuves comme étant le meilleur fondement de la civilisation ; tandis qu’après le Moyen Âge, il avait largement fait ses preuves et il avait montré sa supériorité sur toutes les autres religions, et ceci, même s’il était refusé en pratique. Cela signifie que tous les expédients pour remplacer le catholicisme postérieurs au Moyen Âge se caractérisent par une hypocrisie grandissante, de plus en plus subtile, cherchant à se faire passer pour le substitut authentique du catholicisme.

Ainsi, Luther rejetait le catholicisme avec brutalité, tout en voulant faire croire que sa révolution était une « Réforme ». Après que l’Église catholique se fut débarrassée de Luther, les jansénistes révolutionnaires créèrent au 16ème siècle une forme protestante de catholicisme. Puis au 18e siècle, les jansénistes se muèrent à leur tour en libéraux, prétendant suivre dans la franc-maçonnerie un culte plus éclairé que celui des protestants et des catholiques réunis. Vers le début du 18e siècle, la véritable Église rejeta catégoriquement la franc-maçonnerie. C’est pourquoi les libéraux se déguisèrent au 19e siècle en catholiques libéraux, doctrinalement « actualisés », puis au 20e siècle, en catholiques « à la mode », doctrinalement plus avertis. Saint Pie X, dans Pascendi, diagnostiqua et condamna sans tarder le modernisme. Il n’empêche que ce modernisme, en continuant à se faire passer, avec une habileté consommée, pour un catholicisme « au goût du jour », emporta avec lui la quasi-totalité de l’Église au Concile Vatican II (1962–1965). Il faut croire que le déguisement était bien réussi car, au 21e siècle, même la Fraternité Saint Pie X, officiellement fondée pour résister au néo-modernisme, se trouve, elle aussi, emportée, ou presque.

Du point de vue de l’homme, il est consternant de voir la faiblesse de la résistance catholique en 2020, combien sont peu nombreux ceux qui tentent de s’opposer à cette montée des attaques de l’esprit diabolique contre l’Église. Mais si Dieu, dans son infinie sagesse, permet cela, il est certain, par ailleurs, qu’Il s’occupe toujours de son « petit troupeau », ainsi que Notre Seigneur lui-même l’a dit : « N’ayez pas peur, petit troupeau  ! Car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume. Vendez vos biens et donnez-les en aumône. Prenez des bourses qui ne s’usent pas ; faites-vous un trésor inépuisable dans les cieux, là où les voleurs n’entrent pas, où les mites ne rongent pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur &#187 (Lc. XII, 32–34). En d’autres termes : renoncez à l’argent ; renoncez au matérialisme. Notre Seigneur nous prévient : vous ne pouvez servir deux Maîtres à la fois, en sorte que si nous servons Mammon, nous ne pourrons pas servir Dieu (Mt. VI, 24).

Et si nous reconnaissons combien nous sommes vulnérables aux erreurs subtiles, aux mensonges et aux blasphèmes du Diable qui submergent le monde autour de nous, alors comme antidote, prions le Rosaire de la Sainte Vierge et disons de préférence tous les 15 Mystères chaque jour, car il n’y a qu’Elle et Elle seule pour écraser Satan sous ses pieds, comme mainte image ou statue d’elle nous le rappelle. En effet l’invasion du mal est telle aujourd’hui que les 15 Mystères ne sont pas de trop, s’il est toutefois possible de les dire tous.

Mais comment donc une humble Vierge juive peut-elle en imposer à Satan, avec « toutes ses pompes et toutes ses œuvres » ? C’est là le secret de Dieu. Secret révélé néanmoins à la fois par Notre Seigneur : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché ces choses aux sages et aux intelligents et de les avoir révélées aux tout-petits » (Mt. XI, 25), et par St Paul : « Dieu a choisi ce qui est fou dans le monde pour confondre les sages. Ce qu’il y a de plus faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les forts » (I Cor. 18–30). La semaine prochaine, nous jetterons un regard plus approfondi sur l’hypocrisie du modernisme.

Kyrie eleison.

La Malice Du Modernisme – I

La Malice Du Modernisme – I on mars 7, 2020

La Fraternité Saint Pie X n’a plus aujourd’hui le rôle exceptionnel de fer de lance qu’elle tenait dans la défense de la foi catholique à l’époque de Mgr Lefebvre (1905–1991). La raison en est que ses successeurs, maintenant à la tête de la Fraternité, n’ont jamais compris aussi bien que lui la profonde malice de l’erreur qui dévaste actuellement l’Église : le modernisme. De fait, le Fondateur de la FSSPX aurait dit vers la fin de ses jours que si seulement il avait lu plus tôt l’Histoire du catholicisme libéral en France de 1870 à 1914 de l’abbé Emmanuel Barbier (1851–1925), il aurait donné une orientation autrement plus anti-moderne aux études des séminaristes. Si cette remarque est authentique, elle laisse entendre que l’archevêque lui-même avait été dépassé par la malice du modernisme. De même, en Italie, le vaillant fondateur de la revue Si, Si, No, No, Don Francesco Putti (1909–1984), aurait dit à notre archevêque, dont il était l’ami : « La moitié de vos séminaristes sont des modernistes ».

En effet, sous-estimer la malice de la modernité est facile, car elle s’accumule en Occident depuis des siècles et les Occidentaux en sont imprégnés depuis le berceau jusqu’à la tombe. De cette modernité est né le modernisme dans l’Église, précisément pour qu’elle s’y adapte, et cette même modernité, dans les années soixante, a servi de toile de fond à tous les Pères du Concile puis, à partir des années quatre-vingt, aux successeurs de Mgr Lefebvre dans la Fraternité. En fait, ce n’est que par une grâce spéciale de Dieu que notre archevêque a pu voir le problème aussi clairement qu’il l’a fait. Montrons comment cette incapacité à comprendre le modernisme sous-tend la plupart des erreurs commises par les successeurs de Mgr Lefebvre –

I.) « 95% des textes de Vatican II sont acceptables ». Mgr Lefebvre déclarait au contraire, que le problème de Vatican II ne résidait moins dans les grandes erreurs de la liberté religieuse, de la collégialité et de l’œcuménisme que dans le subjectivisme imprégnant tous ses textes, si bien que la vérité objective, Dieu et la foi catholique finissent par se dissoudre dans le néant. Le subjectivisme coïncide avec cette révolution copernicienne opérée en philosophie par Emmanuel Kant (1724–1804) et dénoncée par Pie X dans Pascendi (1907). Au lieu d’enseigner que l’objet s’impose au sujet qui tourne autour de lui, cette philosophie prétend que l’objet dépend du sujet qui le fait tourner autour de sa personne. Et c’est autour de cette folie que tourne maintenant le monde entier.

2.) « Sans-doute le Concile était-il mauvais, mais aujourd’hui il perd de son emprise sur les prélats romains ». Ah bon ? ? Et la Pachamama ? Depuis quand a-t-on vu une pareille idolâtrie publique dans les jardins du Vatican et même dans les églises de Rome ?

3.) « Pourquoi la Fraternité attendrait-elle que Rome se convertisse et quitte officiellement le modernisme ? Car, si Rome est prête à nous accepter ‹ tels que nous sommes ›, cela signifie qu’elle est dans la voie de la conversion ; donc nous devrions parvenir à un accord sans trop tarder ». En effet, il est parfaitement inutile d’attendre que les modernistes romains se convertissent, car ils sont libéraux. Or, pour convertir un libéral (selon le père Vallet) il faut bien un miracle. Le libéralisme se présente sous un jour tellement avantageux, tellement confortable, que pratiquement, il est humainement impossible d’en sortir sans l’intervention d’un miracle. Or ce miracle, pour le monde comme pour l’Église, ce sera la Consécration de la Russie, et non une Fraternité à la traîne des libéraux. Au demeurant, si les libéraux romains acceptent « en l’état » la FSSPX autrefois récalcitrante, c’est uniquement parce qu’elle n’est plus anti-libérale comme autrefois ; c’est parce que le sel de la Fraternité a perdu sa saveur (cf. Mt. V, 13).

4 .) « Nous devons faire preuve de patience et user de tact pour comprendre le mode de penser des Romains, afin de ne pas les offenser ». Pour comprendre comment pensent ces modernistes de Rome, il faut à la fois beaucoup d’humilité et de réalisme, et des cours fracassants sur Pascendi afin d’être sûr de bien comprendre en quoi consiste le modernisme, ce virus insidieux et extrêmement contagieux. Ce dont ils auraient le plus besoin, s’ils pouvaient en supporter le choc, ce serait d’être offensés et blessés jusqu’à ce qu’ils se rendent compte de leur modernisme et qu’ils l’abjurent ; il faudrait qu’ils admettent ce qu’écrivait le père Calmel : « Un moderniste est un hérétique doublé d’un traître ».

5.) « Aucun accord en bonne et due forme n’a été signé entre Rome et la Fraternité, donc aucun mal n’a été fait ». Une série d’accords partiels, par exemple sur les confessions ou sur les mariages, a causé un tort immense, car un grand nombre de prêtres et de laïcs de la Fraternité comprennent de moins en moins ce que voulait dire leur Fondateur lorsqu’il écrivait dans son dernier livre que tout prêtre souhaitant garder la Foi devait se tenir à l’écart des Romains. Ils sont peut-être « gentils » ; ils peuvent être remplis de « bonnes intentions » . . . mais, objectivement, ce sont eux les assassins de notre Mère l’Eglise.

Kyrie eleison.