Les Commentaires Eleison

Résurrection Raisonnée

Résurrection Raisonnée on avril 15, 2017

En cette veille de Pâques, rappelons-nous combien il est raisonnable de croire en un événement aussi extraordinaire qu’un homme qui sort tout d’un coup de son sépulcre en déplaçant une pierre tombale normalement assez lourde pour l’empêcher même de rêver d’en sortir. Consultons d’abord la théologie pour voir comment a pu avoir lieu la Résurrection, et ensuite l’histoire pour voir si elle a pu avoir lieu.

Pour les Catholiques qui par le don surnaturel de la foi croient qu’à l’Incarnation la deuxième des trois Personnes divines, possédant la plénitude de la Nature divine, s’est unie une complète nature humaine, faisant deux natures en une Personne, il n’est pas difficile de concevoir comment la Résurrection a eu lieu.

Sur la Croix, cette Personne est vraiment morte, non pas dans sa Nature divine et immortelle, mais dans sa nature humaine, capable de mourir comme tout homme mortel par la séparation de son âme humaine d’avec son corps humain. Ces deux constitutifs de l’homme Jésus étaient capables de se séparer l’un de l’autre, mais ni l’un ni l’autre ne se sépara de la Personne divine, et c’est pour cela que les Catholiques récitent dans leur Credo qu’ Il (âme et corps) « a souffert . . . est mort », et qu’ Il (corps) « a été enseveli » et qu’ Il (âme) « est descendu aux enfers » (pas l’Enfer des damnés, mais les Limbes des justes décédés, qui attendaient la mort rédemptrice du Christ pour que fussent ouvertes les portes du Ciel fermées par Adam et Eve). Ainsi le corps humain et l’âme humaine du Christ restaient chacun uni à la divine Personne, et pour celle-ci c’était un jeu d’enfants de réunir Son âme humaine avec Son corps humain dans le sépulcre en sorte de redonner vie à Sa nature humaine, complétée de nouveau. Et aucune pierre sur terre n’aura été assez lourde pour l’empêcher de voler tout de suite à côté de Sa Mère pour la consoler.

Mais faut-il donc qu’on ait le don surnaturel de la foi pour accepter la réalité de la Résurrection ? Non, pas nécessairement. Si un esprit incroyant mais droit veut bien peser les arguments purement rationnels puisés dans la psychologie naturelle et l’histoire humaine, il peut facilement en conclure que seul quelque événement au moins aussi sensationnel que la Résurrection peut expliquer les faits tels que nous les connaissons (et que personne ne vienne nous dire que la Résurrection est si douce et gentille et consolante comme conte de fées que personne n’a besoin d’arguments ! Les hommes ont besoin d’arguments. Ce n’est pas pour rien que le Bon Dieu nous a mis, parmi tous les animaux, la tête en haut !).

D’abord un argument psychologique tiré des Apôtres. Depuis trois ans ils apprennent à croire et à avoir confiance en leur divin Maître et à l’aimer. Puis ils s’enfuient tous dans le Jardin de Gethsémani et Jésus est exécuté comme un criminel quelconque. Donc après la Passion ils sont totalement découragés (cf. Jn. XX, 19), réaction plus que compréhensible. Mais 50 jours plus tard les voici de retour à Jérusalem où ils affrontent directement les Juifs pour les persuader de croire en Jésus-Christ, des milliers à la fois (cf. Actes II, 41 ; IV, 4). Et encore 300 ans, et ces Apôtres et leurs successeurs auront converti l’Empire romain lui-même. Voilà les faits de l’histoire. Qu’est-ce qui a pu arriver, moins que quelque chose d’aussi sensationnel que la Résurrection, pour expliquer une telle transformation psychologique de chiens battus (pour ainsi dire) en conquérants du monde ?

Ensuite un argument historique tiré des Juifs. En haine du Christ ils L’ont tué, comme ils se sont efforcés depuis de détruire Son Église. Pourtant dans les 50 jours voici Ses disciples de retour qui leur commandent de se faire baptiser au nom du Christ, en se servant de la Résurrection comme argument principal (Actes II, 24–36). La meilleure façon de les arrêter net, n’aurait-il pas été de produire le cadavre du Christ ? Et n’est-il pas certain, alors comme aujourd’hui, qu’ils disposaient de tout argent, tout pouvoir politique et de toute la force policière pour repérer n’importe quel cadavre, si seulement le cadavre était encore là à repérer ? Mais le christianisme, au lieu d’être arrêté net, a décollé. La seule explication possible, c’est qu’il n’y avait plus aucun cadavre à repérer. La résurrection est vraie, et on n’a même pas besoin de la foi surnaturelle pour l’accepter. Pierre a eu raison – Actes II, 38 – « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ. »

Kyrie eleison.

Dieu Transcendant

Dieu Transcendant on avril 8, 2017

Si jamais il y a un moment de l’année où il convient en particulier de contempler la souffrance et mort de Notre Seigneur Jésus Christ, c’est sûrement aujourd’hui, à la veille du Dimanche des Rameaux, juste avant la Semaine Sainte. Et chaque année cette contemplation devient plus nécessaire depuis 50 ans, parce que la souffrance de l’Église qui a éclaté avec Vatican II se fait toujours plus scandaleuse, toujours plus mystérieuse. Nous avons tous besoin de nous rappeler que Dieu est mystérieux, autrement dit qu’ Il dépasse infiniment nos petits esprits humains. « Car mes pensées ne sont pas les vôtres, ni vos voies les miennes. Car autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes pensées à Moi sont au-dessus des vôtres. » (Is. LV, 8–9).

Cette grande leçon nous est enseignée par le cinquième Mystère Joyeux du Rosaire, où à l’âge de douze ans Notre Seigneur a permis que sa Mère et St Joseph le perdissent pour leur rappeler qu’ Il devait s’occuper des choses de son Père. Sa Mère ne comprenait pas – « Mon Fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? » En effet, Il avait causé à ses parents humains trois jours d’anxiété intense – « Votre père et moi nous vous cherchions tout affligés. » Notre Seigneur leur répondit comme s’ils n’avaient eu aucune raison de s’affliger – « Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois aux choses qui regardent Mon Père ? » Mais leur anxiété avait été si intense que cette réponse n’était pas humainement compréhensible – « Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. » Néanmoins au lieu de Lui poser encore des questions, Marie « conservait toutes ces choses en son cœur, » pour mieux pénétrer dans les raisons de Dieu, même si elle n’avait pu comprendre.

Au futur Chef de l’Église, Pierre sur laquelle elle serait bâtie, la même leçon des voies de Dieu qui transcendent infiniment les nôtres devait être enseignée, même si plus rudement qu’à la tendre Mère de Dieu. Humain, par trop humain, Pierre reproche à Notre Seigneur Son audace pour avoir osé dire aux Apôtres qu’il montait à Jérusalem pour souffrir et mourir. La réponse de Notre Seigneur est mordante : « Retire-toi de Moi, Satan ! » et pourtant la réponse n’est pas essentiellement différente de celle qu’ Il a donnée à Sa Mère, « car tu ne goûtes pas les choses de Dieu, mais celles des hommes » (Mt. XVI, 21–23). Pierre venait d’être élu comme Pierre de l’Église (Mt. XVI, 16–18). A lui moins qu’à tout autre homme il ne pouvait être permis de penser plutôt humainement que divinement quand il devrait gouverner l’Église.

Pourtant Notre Seigneur reconnaît bien la pensée par trop humaine des hommes dès qu’il s’agit des choses de Dieu. Voilà pourquoi bientôt après avoir fait à Pierre ce reproche si dur, Il l’emmène avec Jean et Jacques sur le Mont Tabor pour que Sa Transfiguration y permît à Sa divinité de paraître tout éblouissante à travers Son humanité. Cela permettrait aux Apôtres d’être secoués jusqu’à la moelle par le déicide atroce qui aura lieu à Jérusalem, mais trois d’entre eux pourraient rendre témoignage de ce qu’ils auraient vu de leurs propres yeux, même avant la Passion, de la divinité qui brillait comme le soleil du dedans de l’homme crucifié sur le Calvaire (cf. II Pierre I, 16–18).

Et de nos propres jours ? Les Catholiques savent que l’Église est la continuation sur terre de la vie Incarnée du Christ sur terre, et donc en principe ils savent de même que tout comme les 33 ans du Christ se sont terminés par Sa Passion et Mort, de même l’Église Militante peut prendre fin sur terre en saignant de toutes ses blessures jusqu’à ce qu’elle soit virtuellement éteinte. Néanmoins, voir ceci en réalité arriver sous ses yeux est apte à secouer la foi de maint brave croyant – « Mais comment est-ce possible que ces Papes-ci, ces Cardinaux et ces Évêques constituent l’autorité de Dieu dans la structure de Son Église ? » Bien sûr, ils n’en sont pas en général les représentants dignes, mais où ailleurs trouve-t-on ceux qui constituent sa structure ? Patience. Même traîné au Calvaire, c’était Dieu. Même traîné dans le Nouvel Ordre Mondial, c’est Dieu. Mais Il n’a pas encore dit Son dernier mot !

Kyrie eleison.

Lent Déclin – II

Lent Déclin – II on avril 1, 2017

La lettre originale venant des États-Unis, et résumée ici il y a une semaine, était bien plus longue que son résumé, où beaucoup de choses intéressantes ont été omises. Voici encore deux paragraphes précieux, sur la tournure que prennent l’éducation et les jeunes femmes dans la Tradition. La grande leçon qui en sort est toujours la même – si je ne vis pas à la hauteur de ce que je pense, ma pensée ne pourra pas ne pas baisser au niveau de ma vie. Patience. Le Bon Dieu ne demande pas l’impossible, mais Il s’attend bien à ce que nous fassions notre possible.

Peut-être est-ce le domaine de l’éducation où le modernisme entame plus qu’ailleurs le mouvement de la Tradition. Toutes sortes de pratiques modernes ont pénétré dans les écoles sans que personne ne semble s’en être aperçu. La philosophie pédagogique et psychologique des années ‘50 et ‘60 s’y est introduite, suivie de tous les mots à la mode et de tout l’attirail qui lui correspond. Les professeurs ancien style sont devenus le problème. Toute une armée moderne d’administrateurs, de spécialistes en programmes scolaires, d’experts en éducation, de psychiatres pour enfants, etc., est maintenant aux commandes, et elle promet de tout améliorer du côté surtout du monde, par exemple pour les résultats d’examens, l’entrée aux universités, et les carrières bien payantes. Il devient d’autant plus difficile de distinguer les écoles supposément Traditionnelles des écoles publiques.

La révolution sociale qui pénètre chaque jour plus dans les enfants de nos écoles se montre surtout dans les jeunes femmes. Il y a une nouvelle souche virulente de féminisme Traditionnel. Beaucoup de nos filles ont absorbé le poison moderne de vouloir être les concurrentes égales des hommes. Depuis très jeunes on les dresse contre les hommes. Elles veulent rivaliser avec eux, et elles pensent qu’elles peuvent faire presque tout ce que peut faire un homme. Elles pensent que seule la capacité physique doit limiter ce qu’elles peuvent faire. Et qu’est-ce qu’en dit la Tradition ? Elles n’en ont cure, ou presque. Elles avalent les mêmes mensonges qui ont déjà ruiné une ou deux générations de filles. Elles se font l’idée qu’elles peuvent bien réussir une carrière professionnelle, dans n’importe quel domaine, et en même temps être une bonne épouse et mère catholique. Dans les cercles de la Tradition on n’entend plus le vieux principe qu’une femme doit rester au foyer, il est même ouvertement méprisé. Et ce qui est le pire de tout, nos filles entendent ces choses non pas dans le monde mais chez nos propres fidèles. Il y a trop de femmes qui exercent une autorité publique dans nos écoles, et il y a trop de femmes qui enseignent. Voici en pratique la Révolution, et cela présente un exemple très mauvais à nos filles, qu’aucune prédication ne saura contrer. Et pourtant, à quoi profite-t-il qu’une femme s’habille modestement si elle agit en homme pour tout le reste, surtout socialement, économiquement et politiquement ? Il y a quelques années tout le monde savaient ces vérités-là, et pas seulement les Traditionnalistes, mais voilà qu’aujourd’hui on les promeut comme si elles font partie de la Tradition même.

Mais qu’est-ce qui est si mauvais à l’éducation moderne et à ses méthodes modernes ? Réponse, le cœur et l’âme de la vraie éducation, c’est la Foi catholique, ce qui signifie des adultes croyants qui profitent de l’autorité qui leur vient de la (vraie) Église pour transmettre aux enfants, par un contact humain, direct et vivant, d’abord comment arriver au Ciel, et ensuite comment mener une vie saine d’adulte qui n’empêche pas d’aller au Ciel. Car combien de ces «  administrateurs, spécialistes en éducation, psychiatres d’enfants, etc., » ont une expérience directe de la salle classe, encore moins la Foi ? Sans la Foi, la salle de classe actuelle est devenue une jungle, pleine de bêtes féroces. Il n’est guère surprenant si les «  experts » la fuient. Ils n’ont aucune idée ni la capacité de former quiconque.

Et qu’est-ce qui est si mauvais aux femmes modernes ? Les hommes modernes, qui leur ont permis de se déchaîner. Dieu a fait les femmes pour être soumises à leurs hommes, même avant la Chute. Alors que peut faire une brave fille ? Prier St Joseph et Ste Anne qui ont tous les deux réussi un mariage céleste, pour trouver un mari qu’elle puisse respecter. Le bras de Dieu n’est point raccourci par la méchanceté des hommes (cf. Is. LIX, 1). Et les hommes ? Vos femmes vous obéiront d’autant plus facilement que vous-mêmes vous obéirez à Dieu (I Cor. XI, 3).

Kyrie eleison.

Lent Déclin – I

Lent Déclin – I on mars 25, 2017

Voici un témoignage (abrégé) venant des États-Unis. Il tape souvent dans le mille :—

On a voulu « changer l’image » de la Fraternité St Pie X. Résultat ? – elle n’est plus ce qu’elle était. Comme la Fraternité originale appartenait à l’Église catholique, ainsi la Néo-fraternité appartient à la Néo-église. Pour les anciens qui se souviennent de Vatican II, c’est du déjà vu, mais en pire, parce que cette fois-ci il n’y a même pas d’attaque directe contre la bonne doctrine, ni un Concile important, c’est par une transformation sociale que la révolution s’étend, lente et presque imperceptible.

En effet, les apparences de la Tradition se maintiennent, mais le Mouvement de la Tradition se change en douceur, du dedans. Extérieurement et du point de vue matériel les choses paraissent mieux réussies que jamais, avec toujours plus d’argent et de bâtiments, mais intérieurement et spirituellement on observe une décadence, parce que la maladie du modernisme gagne imperceptiblement les gens. Et une variété de symptômes indiquent que c’est bien le même modernisme, par exemple les jeunes prêtres de la Fraternité aux visages béats, tout comme les « prêtres de la paix » comme le grand Cardinal Mindszenty les a nommés, dans les années 1960 et 1970. Mais à ceux-ci manque la masculinité des prêtres qui les ont précédés, comme elle manque à des laïcs importants dans l’éducation.

Alors la Messe a beau être Traditionnelle, toute la culture autour est Novus Ordo. Les Traditionnalistes veulent préserver la Messe ancienne et les Sacrements et quelques-unes des bonnes mœurs du Catéchisme, mais en même temps ils veulent profiter de tout le reste que le monde moderne leur offre. Comme résultat on distingue à peine, en-dehors de la Messe et des Sacrements, entre les soi-disant Catholiques de la Tradition et leurs équivalents dans le monde moderne. Pour ce qui concerne le divorce, les annulations de mariage, les « filles-mères », etc., les statistiques sont pareilles. Si les Traditionnalistes veulent suivre le monde moderne, ils ne peuvent plus garder la religion ancienne. Il faut choisir.

Ce qui se passe, c’est que le Mouvement de la Tradition s’ouvre actuellement au monde pour devenir normal et se faire accepter, et le processus de la modernisation avance, lentement mais sûrement. Il y a une nouvelle génération de jeunes au pouvoir, et ils font tout changer. Les anciens irréductibles qui désormais gênaient ont été remplacés, et la Tradition a une nouvelle image, jeune, souriante, aimable. Voilà 50 ans que l’Église officielle a eu sa mise à jour, la Fraternité y passe aujourd’hui. La vieille génération qui a mené tant de batailles pour tout préserver se fait remplacer maintenant par une nouvelle génération qui n’a jamais connu le Novus Ordo, ni ce qui était derrière, et qui n’a jamais eu à se battre pour quoi que ce soit. Les jeunes d’aujourd’hui peuvent bien avoir été élevés isolés dans une bulle de la Tradition, sans connaître grand- chose de la guerre d’hier, origine de celle d’aujourd’hui. Avant le Concile Bella Dodd a rendu un témoignage célèbre que les Communistes avaient infiltré l’Église. Pouvons-nous être sûrs que la même chose n’arrive pas actuellement au mouvement de la Tradition ?

Cela devait arriver. N’étant ni infaillible ni indéfectible, la Fraternité passe maintenant par l’expérience d’il y a 50 ans de l’Église officielle – l’infiltration, le compromis, la désintégration et le même processus d’auto-démolition. Mgr. Lefebvre aurait remarqué tout de suite le changement radical, mais bon nombre des grenouilles dans la Fraternité n’ont même pas remarqué comment la température de l’eau monte. Monseigneur a « transmis ce qu’il a reçu » mais la nouvelle génération comment peut-elle transmettre ce qu’elle ne reçoit plus ? C’est pour cela que nous entendons que la « réconciliation inévitable » est imminente. La Fraternité sera acceptée comme partie de la Néo-église, et inversement elle devra accepter la Néo-église. Elle ne sera plus qu’une des nombreuses chapelles latérales dans le Panthéon du Nouvel Ordre Mondial. Et quant à la « réconciliation », de quel côté des deux s’est-on rendu à l’autre ? L’Église Conciliaire est-elle devenue catholique ? Absolument pas !

Kyrie eleison.

Vivre en Catholique ?

Vivre en Catholique ? on mars 18, 2017

Un autre jeune homme m’écrit pour me demander comment vivre en Catholique dans le monde qui nous entoure. Mais pour quel Catholique cela ne fait-il pas problème aujourd’hui ? Ses questions sur le monde et l’Église suivent en italique. Après, l’auteur de ce « Commentaire » lui offre quelques conseils :—

Il me devient de plus en plus difficile de mener une vie en accord avec ma Foi catholique. Quant au monde, dès que je gagnerai ma propre vie, devrai-je penser à me déplacer dans un autre pays, par exemple la France, pour chercher là le moyen de fonder une famille chrétienne avec une épouse, des prêtres qui tiennent à la Tradition, etc. ? Quant à la Messe, celle de St Pie V la plus proche de ma ville est à B., où se trouve une chapelle de la Néo-fraternité et une autre chapelle qui dépend de la Néo-église. Qu’est-ce que vous me recommanderiez de faire, Excellence ? Je ne connais pas de prêtres de la Résistance dans mon pays, ni même beaucoup de vrais Catholiques, comme il me semble.

Quant au monde, je ne vous recommanderais pas de vous déplacer dans un autre pays. Il est tout à fait probable que vous y rencontreriez les mêmes problèmes, et vous auriez coupé vos racines naturelles dans votre propre pays. Vous pouvez bien penser que les racines dans une ville moderne ne valent pas grand-chose, mais elles valent mieux que rien. « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras », dit le proverbe, et vous risqueriez de changer non pas de mal en mieux mais de mal en pire. La Providence vous a mis dans la ville où vous avez à présent votre famille et vos amis. Les solutions aujourd’hui sont d’ordre plutôt intérieur qu’extérieur, surtout lorsqu’une Guerre mondiale menace – aux USA le Système tout entier est contre Trump, et le Système veut la guerre !

De même pour l’assistance à la Messe. Cette « autre chapelle » que vous évoquez fut une fois meilleure qu’elle ne l’est maintenant. L’apostasie est aujourd’hui partout. A votre place je me méfierais des solutions géographiques. Vous pourriez vous attacher un jour au meilleur des prêtres comme il vous semblait, et peu de temps après il perd lui aussi les pédales. Un tel cas n’est que trop courant dans l’état actuel de l’Église. Cherchez une solution plutôt intérieure qu’extérieure.

Quant aux solutions intérieures, puisque vous lisez ce « Commentaire » vous savez avec quelle fréquence je répète la recommandation de prier tous les jours tous les 15 Mystères du Saint Rosaire. Les bons livres et la bonne musique peuvent aider beaucoup aussi à nourrir et à protéger l’esprit et le cœur. Lisez ce qui vraiment vous intéresse parce que vous profiterez bien moins de ces livres-là que de ceux que vous ne lisez que par devoir. Le Bon Dieu a vu depuis l’éternité dans quelle misère le monde moderne se plongerait. Il a vu aussi qu’il y aurait encore aujourd’hui des âmes qui veulent aller au Ciel. Est-ce imaginable que même dans les grandes villes infernales que nous connaissons, Il n’aurait laissé pour de telles âmes aucun recours, pour peu qu’elles tiennent à ne pas quitter le chemin du Ciel ?

Pourtant Il a prévu que tous les moyens extérieurs tomberaient sous le contrôle de Ses ennemis : le téléphone, les courriels, les drones, les universités, la politique, le droit, la médecine, etc., etc. Voilà pourquoi je pense que ce qu’Il vise en permettant à Ses ennemis un tel pouvoir, c’est de nous acculer à revenir vers Lui et vers une vraie pratique intérieure de Sa sainte religion, malgré le pire que les Papes et les prêtres Conciliaires puissent faire pour nous en empêcher. Donc, à mon avis, contentez-vous d’assister à la Messe de St Pie V la moins contaminée qui se trouve près de vous, confessez-vous régulièrement auprès d’un prêtre encore prêt à écouter les confessions et qui ne vous dise pas qu’un péché n’en est pas, et trouvez le moyen d’insérer dans le cours de votre journée tous les 15 Mystères du Rosaire. Et puis « possédez en patience votre âme », et en douceur suppliez Dieu de vous montrer le chemin du Ciel et d’intervenir ici-bas avant que tout ne soit perdu. Malgré toutes les apparences, c’est encore Lui le Maître.

Kyrie eleison.

Quatrieme Éveque

Quatrieme Éveque on mars 11, 2017

Depuis l’été de 2012 où la Fraternité St Pie X a décidé officiellement de changer de cap en abandonnant la primauté de la doctrine établie pour elle par Mgr Lefebvre 40 ans avant, il est intéressant d’observer ce que fait la Providence pour assurer la défense de l’Église. On aurait pu s’attendre à ce moment-là à un grand soulèvement pour défendre la Vérité de Dieu. A-t-on résisté à l’intérieur de la Fraternité ? Oui, mais au moins jusqu’ici, plutôt en silence. Et à l’extérieur ? Oui, mais seulement de la part de laïcs éparpillés avec une poignée de prêtres, beaucoup divisés entre eux faute d’une autorité reconnue pour les unir. Les Catholiques ont besoin d’autorité. Et ce besoin est si fort que même si la Vérité est en train de s’écouler de la Rome Conciliaire et de la Fraternité philo-Romaine, néanmoins beaucoup d’âmes restent accrochés à l’une comme à l’autre, à cause de ce qui reste de l’autorité papale de l’une et de l’autorité catholique léguée par Mgr. Lefebvre à l’autre.

N’empêche, la Vérité reste le but de l’Autorité, et l’Autorité n’est point le but de la Vérité. Étant donné le péché originel, l’Autorité ne cesse d’être indispensable pour défendre et garantir la Vérité, mais elle suit la Vérité et ne la précède pas. Prenez par exemple l’une des dernières instructions de Notre Seigneur à St Pierre avant de lui confier le gouvernement de l’Église (Lc.XXII, 31–32) : «  Simon, Simon, Satan vous (pluriel) a demandés pour vous cribler comme du froment, mais j’ai prié pour toi (singulier) pour que ta foi (Vérité) ne défaille point ; et toi, quand tu seras converti (Vérité), confirme (Autorité) tes frères. » Et le Dimanche des Rameaux quelques jours avant, lorsque les Pharisiens ont essayé de reprocher à Notre Seigneur la joie bruyante de ses disciples, l’adoration de Dieu en Vérité est d’une telle importance que Notre Seigneur a répondu : « Je vous dis que si ceux-ci se taisent, les pierres crieront. »

Dans la Néo-église actuelle, l’Autorité mélange l’erreur Conciliaire avec la Vérité catholique dans le moteur de l’Église, comme si on mélangeait de l’eau avec l’essence dans le moteur d’une voiture – la voiture tombe en panne, l’Église tombe en panne. Et là où Mgr Lefebvre a surmonté la panne, surtout en consacrant quatre évêques pour maintenir une autorité catholique qui protégât la Vérité de Dieu, ses successeurs à la tête de ce qui fut une fois sa Fraternité font tout ce qui est dans leur pouvoir pour soumettre sa protection de la Vérité à cette Autorité romaine en pleine panne ! Si ces successeurs pensent sérieusement qu’une fois « dans l’Église officielle » ils seront à même de convertir les néo-modernistes, ils sont excessivement naïfs. Déjà ils étouffent leur critique du Concile – à quel moment pensent-ils qu’ils pourront la libérer ?

Dans ces circonstances tout à fait exceptionnelles, il faut qu’il y ait des disciples de Notre Seigneur qui disent la Vérité – pour ne pas surcharger les pierres ! Ces disciples pourront ne pas être unis comme ils devraient l’être sous une vraie Autorité (abstraction faite de la faiblesse humaine). Ils pourront être opprimés, dans la détresse, persécutés, abattus (cf. II Cor.IV, 8–9), mais il faut qu’ils soient là tant que la Vérité est tenue en captivité. Cela sera pour longtemps ? Dieu le sait. Nous sommes nombreux à nous attendre depuis longtemps à Son intervention, mais la patience du Seigneur n’a presque pas de limite. Il finira quand même par intervenir, si quoi que ce soit doit encore être sauvé. Patience.

En attendant ses disciples ont besoin d’une poignée d’évêques pour assurer une suite minimale dans la Vérité d’un enseignement épiscopal et des sacrements de la Confirmation et de l’Ordre. En 1988 Mgr. Lefebvre en a consacré quatre pour la même raison, deux pour l’Europe, un pour l’Amérique du Nord et un pour l’Amérique du Sud. Actuellement la « Résistance » dispose de deux en Europe, et d’un en Amérique du Sud. Il manque le quatrième en Amérique du Nord. Si Dieu veut, le 11 mai qui vient, l’abbé Gerardo Zendejas sera consacré évêque dans la paroisse Traditionnelle de l’abbé Ronald Ringrose à Vienna, Virginia, aux États-Unis. Ayez la bonté de prier Dieu pour qu’Il bénisse la cérémonie, et pour que le temps fasse beau !

Kyrie eleison.