Les Commentaires Eleison

Défense du Mariage

Défense du Mariage on mai 27, 2017

Sans doute beaucoup d’entre vous connaissent-ils déjà la Lettre Ouverte des sept prêtres doyens de la Fraternité saint Pie X, lettre co-signée par les Supérieurs de trois autres c ongrégations de la Tradition. Tous les dix ont protesté il y a trois semaines contre une tentative des autorités romaines d’interférer dans les mariages célébrés dans la Tradition par les prêtres de la Fraternité. De manière symptomatique, les autorités de la Fraternité ont pris fait et cause pour la Rome conciliaire et punissent maintenant leurs sept prêtres pour “subversion”, alors que la vraie subversion vient de la Rome actuelle qui corrompt la doctrine de l’Eglise sur la famille et le mariage chrétiens : à preuve, l’Exhortation Apostolique Amoris Laetitia. Les dirigeants de la Fraternité donnent ainsi une preuve supplémentaire de leur aveuglement suicidaire. Voici l’essentiel de la Lettre, qui est bien rédigée.

Cette Lettre Ouverte s’adresse aux laïcs de la Fraternité afin que ceux-ci ne se troublent pas devant l’ingérence de Rome ; elle commence par établir que les mariages célébrés depuis 40 ans au sein de la FSSPX l’ont été et le sont encore tout à fait validement. En effet, le Concile de Trente, afin de fortifier le lien du mariage, a décrété que, pour être valide, la célébration catholique devait être effectuée devant un curé ou un délégué de l’Évêque du lieu. Cependant, dit l’ a ncien Code (Canon 1098), si pendant 30 jours on ne peut trouver sans « inconvénient grave » un tel prêtre, alors le couple peut se marier validement devant des témoins laïcs. C’est ce qu’on appelle la forme extraordinaire du mariage.

Or, voilà maintenant 40 ans que la Fraternité lutte contre le néo-modernisme de Vatican II, hautement contagieux et toxique pour la Foi : le mal, en se propageant depuis les années 1960, a maintenant infecté presque toute l’Église. C’est pourquoi la Fraternité a demandé aux âmes de rester à distance de l’église Novus Ordo comme de l’ensemble de son clergé. Dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, le Pape lui-même ne fait-il pas des déclarations et des propositions portant directement atteinte à la famille et au mariage catholique ? Voilà « l’inconvénient grave » pour la Foi évoqué plus haut. Pour cette raison, depuis 40 ans, lorsque des couples ont voulu se marier, la Fraternité, voyant le danger pour la Foi, les a tenus à l’écart des prêtres Novus Ordo et les a orientés vers la forme extraordinaire du mariage, habituellement pratiquée au sein de la Fraternité, et certainement valide.

Cependant, comment la Rome néo-moderniste pourrait-elle voir un « grave inconvénient » dans le fait de s’exposer à ses prêtres néo-modernisants ? C’est pourquoi, dit la Commission Ecclesia Dei, la forme extraordinaire du mariage ne devra plus être utilisée par les prêtres de la Fraternité, marquant ainsi une étape supplémentaire de l’absorption de la Fraternité dans la Néo-église. Désormais, les mariages de la Fraternité devront être célébrés devant un prêtre Novus-Ordo, nommé ou délégué à cet effet par l’ordinaire du lieu, lui-même Novus Ordo ; faute de quoi les mariages de la Fraternité continueront à être jugés invalides par les autorités de la Néo-église.

Cela signifie que la forme extraordinaire du mariage sera soumise au contrôle de l’Évêque local. Mais, on sait que les rédacteurs du nouveau Code de droit canon (1983) ont dû admettre, après en avoir âprement discuté, qu’une telle mesure heurtait vraiment trop le droit naturel des couples, si bien que ce nouveau Code, dans Canon 1116, maintient la forme extraordinaire. C’est pourquoi les dix prêtres signataires de la Lettre Ouverte concluent qu’ils continueront à utiliser la forme extraordinaire, sans recourir à un évêque de la Néo-église. Ils ajoutent qu’ils ne comptent pas non plus recourir aux tribunaux de la Néo-église pour juger des affaires de mariage, ces tribunaux accordant trop facilement des annulations pour des raisons contestables. Les dix prêtres signataires de la Lettre Ouverte doivent donc être félicités !

Mais comment la Fraternité a-t-elle réagi ? Le document de la Commission Ecclesia Dei traitant des mariages de la FSSPX, publié le 4 avril, crachait virtuellement sur la Fraternité. Mais le siège de la Fraternité à Menzingen accueillit immédiatement le texte comme un cadeau du ciel. Le 7 mai, les dix prêtres rendaient publique leur protestation contre l’ingérence de la Commission Ecclesia Dei. Le même jour, le Supérieur du District de France de la Fraternité qualifiait leur protestation d’acte « subversif » et, le 10 mai, il signifiait aux sept prêtres de la Fraternité signataires de la Lettre Ouverte, qu’ils étaient relevés de leur fonction de Doyen ; il donnait par ailleurs trois jours pour déguerpir à l’abbé de la Rocque, curé de saint Nicolas du Chardonnet, paroisse phare de la Fraternité à Paris.

Cette méthode de management montre bien que la Fraternité est en train de couler. Mais, par ailleurs, la Lettre Ouverte prouve qu’elle n’est pas encore complètement coulée.

Kyrie eleison.

Consécrations Accomplies

Consécrations Accomplies on mai 20, 2017

Grâce, sans doute en partie, aux prières de nos lecteurs, les deux Consécrations, celle de Mgr Zendejas et celle de la Russie, se sont bien déroulées, les 11 et 12 mai respectivement à Vienne, en Virginie, aux États-Unis. Le 11 mai, la météo n’était pas brillante : il tombait des trombes d’eau. Mais la tente, parfaitement étanche, abritait environ 500 personnes venues de tous les États-Unis, quelques-unes d’encore plus loin. Le 12 mai, le temps s’est un peu rétabli pour la première Messe Pontificale du nouvel évêque, et pour la Consécration de la Russie devant une assemblée à peine plus réduite que la veille.

Nous avons tout particulièrement à remercier l’abbé Ronald Ringrose, curé Traditionnaliste de Vienne, car c’est sur sa paroisse que cette double Consécration a pu avoir lieu. Depuis plus de 30 ans, ce prêtre a maintenu la paroisse St Athanase, située à proximité de la capitale des États-Unis, comme un bastion de la Tradition catholique. Performance remarquable par ces temps si troublés dans l’Église catholique. “Ad multos annos”, dit notre Mère l’Église à ses fidèles serviteurs – Puisse l’apostolat de l’abbé Ringrose prospérer encore de nombreuses années.

Pour ce qui est du but et la portée de ces deux Consécrations, il importe d’être à la fois modeste et clair. Depuis Vatican II (1962–1965), lorsque les clercs catholiques firent en masse leur soumission au libéralisme (le culte de la liberté) et au modernisme (l’adaptation de l’Église de Dieu au monde moderne sans Dieu), l’Église s’est trouvée confrontée à de sérieux problèmes. En 1970, Monseigneur Lefebvre créa la Fraternité Saint-Pie X pour servir d’éclairage de secours à cette Église qui s’enténébrait. Mais voilà que ceux qui lui ont succédé à la tête de la Fraternité font tout ce qui est en leur pouvoir pour éteindre cet éclairage de secours. La consécration de Monseigneur Zendejas peut être comparée, modestement, à une bougie qu’on allume, ou à une allumette dont la lueur perce l’obscurité toujours plus épaisse. Il n’y a là aucune ambition de sauver ou de convertir la Néo-Eglise ou la Néo-Fraternité.

Ces consécrations visent plutôt de contribuer à sauver la Foi ancestrale qui reste au cœur de l’Eglise véritable et de la vraie Fraternité. En exerçant son ministère principalement aux États-Unis, quoique sans juridiction territoriale de nature officielle, Monseigneur Zendejas contribuera à soutenir bien des âmes qui ont la vraie Foi et qui veulent la garder. Au cas où quelque chose arriverait aux avions, on pourra toujours le rejoindre en voiture ou en train à partir de n’importe quel coin d’Amérique du Nord. Nous avons en lui un évêque relativement jeune, doté de la plénitude de l’Ordre, certainement valide, ce qui lui confère le pouvoir de confirmer ou d’ordonner, avec ou sans condition. Et il est, par la grâce de Dieu, au moins pour l’instant, lucide et sain d’esprit – en anglais, le mot « sanity » contient les trois quarts des lettres du mot « sanctity ». “ Prions pour qu’il demeure sain d’esprit pour de nombreuses années, ou du moins, jusqu’à ce qu’un pape véritablement catholique rallume les lumières dans l’Eglise. A ce moment-là, Monseigneur Zendejas remettra son épiscopat entre les mains de la Rome catholique, laissant le pape en faire ce qu’il lui plaira. En attendant, puisse notre nouvel évêque être comme une bougie qui brille dans les ténèbres ; qu’il soit une référence pour toute âme cherchant la Vérité complète et sans compromis.

Quant à la Consécration de la Russie, les quatre évêques présents y ont procédé la veille du centenaire de la première des grandes apparitions de Notre-Dame à Fatima. Ce faisant, ils n’ont point eu la prétention de remplacer la Consécration que le Pape en personne et les évêques du monde entier doivent faire pour accomplir ce que Notre-Dame a demandé. Ils ont été simplement animés par l’espoir qu’en faisant ce qui dépendait d’eux, avec le soutien de toutes les personnes présentes, ils pourraient contribuer à obtenir du Ciel les grâces nécessaires pour que le pape accomplisse enfin la Consécration de la Russie, exactement comme Notre-Dame l’a exigée depuis si longtemps. Cette Consécration finira bien par se faire, puisque Notre-Seigneur l’a dit en 1931. Alors, adviendra le Triomphe du Cœur Immaculé, si nécessaire et si longtemps retardé.

Kyrie eleison.

Les Armes de Dieu

Les Armes de Dieu on mai 13, 2017

Pour commémorer le centenaire du début des apparitions de Notre-Dame aux trois enfants de Fatima au Portugal en 1917, sans doute est-il bon de se rappeler que Notre-Seigneur a voulu, par l’intermédiaire de Sœur Lucie, nous avertir que la Dévotion au Cœur Douloureux et Immaculé de sa Mère, serait, avec le Saint-Rosaire, l’ultime grande Dévotion donnée à l’humanité pour sauver les âmes. Vers la fin du XVIIe siècle, alors que la charité se refroidissait sous l’effet du protestantisme et du jansénisme, Notre-Seigneur donna à son Eglise la Dévotion à son Sacré-Cœur, afin de rappeler l’amour brûlant que Dieu gardait pour le genre humain. Au début du XXe siècle, alors que le communisme allait submerger la Russie, il nous donna, principalement à Fatima, le Cœur de sa Mère comme dernier grand recours avant la fin du monde.

Mais, un demi-siècle plus tard, voilà que les prêtres de Notre-Seigneur s’apprêtent à livrer l’Église aux démons du modernisme, c’est-à-dire, à l’équivalent du communisme à l’intérieur de l’Église. Sœur Lucie de Fatima avertit alors le Père Fuentes que les catholiques ne pourraient plus compter sur le clergé pour sauver leur âme. C’est certain ! En 1962, le concile Vatican II a lancé la dévastation de l’Église, la pire de toute son histoire, préludant à l’Apocalypse. Dans les années 1970, le professeur Romano Amerio, critique italien de Vatican II, de toutes ses pompes et de ses œuvres, a écrit, les lecteurs de CE 400 s’en souviendront, que si la crise Conciliaire avait pénétré à l’intérieur de l’Église comme jamais aucune autre avant elle, alors “nous nous dirigeons vers des ténèbres sans forme ( . . . ) dans lesquelles on ne pourra que garder le silence”.

Un siècle après Fatima, nous sommes bel et bien en route vers cette obscurité Les cœurs et les esprits des catholiques sont à tel point obscurcis par les disputes, les divisions, la confusion et le chaos causés par les hommes d’Eglise qui renoncent à leur autorité en abandonnant la Vérité divine, que bien des catholiques clairvoyants sont enclins à garder le silence plutôt que de tenter d’entrer en discussion ou d’enseigner. Les esprits modernes, par pans entiers, se trouvent désormais dans une telle incapacité de penser ou de raisonner que toute tentative pour dissiper leurs erreurs peut risquer de ne faire qu’aggraver la confusion. Pourtant, un lecteur de ces « Commentaires » est en vif désaccord avec Amerio : Comment, demande-t-il, la Vérité catholique pourrait-elle se taire, et comment les catholiques pourraient-ils arrêter de combattre ? Qu’il se rappelle donc l’Évangile, en particulier les chapitres relatant la Passion de Notre-Seigneur.

Notre-Seigneur nous enjoint de ne pas jeter de perles aux pourceaux, c’est-à-dire de ne pas enseigner les personnes incapables d’apprendre ; Il dit aussi à ses Apôtres que, s’ils ne sont pas écoutés dans une ville, ils doivent quitter cet endroit en secouant la poussière de leurs sandales (Mt. VII, 6 Lc. IX, 5). Notre-Seigneur a donné l’exemple de garder le silence, devant le Sanhédrin (Mt. XXVII, 12, 14), devant Hérode (Lc. XXIII, 9) et Pilate (Jn. XIX, 9). De même aujourd’hui, beaucoup d’âmes sont dans l’incapacité d’entendre la vérité. Pour ce qui est de se battre, Notre-Seigneur lui-même a demandé à Pierre, dans le jardin de Gethsémani, de remettre son épée au fourreau. Le combat armé n’était pas la volonté de Dieu (Mt. XXVI, 54). Le problème de Pierre venait de ce qu’il n’avait pas fait ce que Notre-Seigneur lui avait dit, à savoir : « Veiller et prier ». En conséquence, quand sa mâle volonté de se battre fut contredite par son Maître bien-aimé même, il l’abandonna et s’enfuit (Mc XIV, 50). Combattants de Notre-Seigneur, méfiez-vous ! – Si vos combats n’aboutissent pas, vous risquez de L’abandonner !

Aujourd’hui, ce que Notre-Seigneur nous demande, c’est de faire réparation auprès du Cœur Douloureux et Immaculé de sa Mère, en particulier en récitant le chapelet et en pratiquant la Dévotion des cinq premiers samedis. Si seulement assez de catholiques l’écoutaient, alors Notre-Dame de Fatima pourrait bientôt obtenir la grâce de son Fils pour que le pape consacre la Russie à son Cœur Immaculé, exactement comme elle l’a demandé. Alors, immédiatement, « les ténèbres sans forme » commenceraient à se transformer en lumière et à reprendre forme.

Procurez-vous, chers fidèles, auprès des Dominicains d’Avrillé, des exemplaires de leur bon dépliant sur les Premiers Samedis du mois. Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous !

Kyrie eleison.

Double Consécration.

Double Consécration. on mai 6, 2017

Comme commentaire sur les Consécrations d’un nouvel évêque et de la Russie qui doivent avoir lieu la semaine prochaine à Vienne en Virginie, USA, voici le témoignage d’un autre lecteur de ce « Commentaire », venant du Brésil. Son témoignage met les Consécrations du 11 et du 12 mai dans le contexte de la crise actuelle du monde et de l’Eglise, contexte qui ne leur prête ni trop ni trop peu d’importance, mais qui met en relief le rôle central joué dans les deux cas par le Cœur Douloureux et Immaculé de Marie. Il écrit :—

« Dans le “Commentaire” je lis vos références constantes à tous les quinze Mystères du Saint Rosaire. Dans une lettre des années 1930 Sœur Lucie de Fatima a écrit que si seulement les autres nations comme le Portugal étaient consacrées au Cœur Immaculé de Marie, « le Ciel leur donnerait des grâces aussi grandes sinon plus grandes encore. » Evidemment le Ciel veut sauver les nations du monde par le Cœur de Marie, et quiconque comprend cela a déjà reçu de Dieu une grâce spéciale. Pourtant quelle autre nation que le Portugal a fait avec tous ses évêques une telle Consécration ? Aucune, que je sache.

« Mais si le grand nombre des hommes ne profite pas des merveilles du Cœur Immaculé, Elle daigne encore donner Sa grâce aux humbles laïcs, comme nous pouvons en témoigner ici au Brésil. En 2011 notre chapelle fut consacrée au Cœur Immaculé, et une chaîne suspendue au mur symbolise son Saint Esclavage à la Sainte Vierge. En particulier depuis des années maintenant nous pratiquons les Cinq Premiers Samedis. Lorsque nous n’avons pas de Messe, nous faisons ce que nous pouvons, moyennant un chapelet, une Communion spirituelle, la méditation de quinze minutes sur les Mystères du Rosaire et un acte de réparation au Cœur Immaculé, comme Notre Dame nous a demandé de le faire.

« Son Rosaire, tous les quinze Mystères, a été prié tous les jours depuis 2011 devant le Saint Sacrement par l’un ou l’autre groupe d’entre nous, tous les jours, et les grâces sans nombre que nous en avons reçues sont à peine à croire. Cette Dévotion du Rosaire et des Premiers Samedis est très spéciale pour Dieu, même par ces temps aussi mauvais que les nôtres. Elle est la lumière de nos temps de ténèbres et d’apostasie. Nous devons pratiquer cette Dévotion et étudier toute l’histoire des apparitions de Fatima, et appliquer ce que nous y apprenons à notre vie de tous les jours et aux groupes de la “Résistance”.

« Étant donné les difficultés que l’on a à vivre dans un monde libéral sans le Christ, étant donné que la Révolution mine cette forteresse de la Tradition qu’était une fois la Fraternité St Pie X, étant donné notre grande misère et nos nombreux péchés, on n’exagérerait nullement à dire que c’est grâce au Rosaire et aux Premiers Samedis que nous maintenons une Chrétienté en miniature, un groupement catholique avec une ambiance catholique, avec de bons amis et une formation doctrinale, solide et spirituelle, anti-libérale et contre-révolutionnaire. Nous avons nos problèmes humains, bien sûr, mais nous recevons beaucoup de grâces du Cœur Immaculé. Par le moyen des quinze Mystères tous les jours, nous témoignons des merveilles accomplies par la Sainte Vierge dans une personne, une ville, même un pays. Béni soit le Rosaire de la Vierge Marie ! »

Voici la grandeur et la petitesse des Consécrations de la semaine prochaine. Elles sont petites en n’aidant à maintenir qu’au niveau le plus humble, dans un monde qui s’est livré au Diable, de petites enclaves de Chrétienté. De telles enclaves sont possibles partout, et partout elles sont d’une valeur infinie, parce qu’il y a une grandeur infinie à contribuer au salut des âmes pour toute l’éternité. Et pour les deux Consécrations c’est au Cœur Immaculé de la Très Sainte Vierge en particulier que vont nos remerciements.

Kyrie eleison.

Dieu Embauche

Dieu Embauche on avril 29, 2017

Sur de brûlants problèmes actuels l’abbé Jean-Michel Gleize, Professeur de Théologie au Séminaire d’Écône de la Fraternité St Pie X, a rédigé deux articles qui jettent une lumière intéressante sur leur solution. D’abord, le Pape peut-il tomber dans l’hérésie formelle ? Réponse, peut-être, parce qu’on n’a pas toujours cru comme depuis quelques siècles que les Papes sont aussi libres d’erreur. Et ensuite, le document papal Amoris Laetitia montre-t-il que le Pape François est tombé dans l’hérésie formelle ? Réponse, dans le sens strict des mots, non, mais en effet, oui, parce que le néo-modernisme subvertit la doctrine tout en faisant semblant de la maintenir. Cette deuxième question devra attendre un autre numéro de ce « Commentaire », mais pour ne pas se laisser piéger entre le libéralisme et le sédévacantisme, l’abbé Gleize a dû commencer par la première question.

Dans son premier article (qui est plus court), il dit qu’à partir de la dite Réforme Protestante, les théologiens catholiques en général, notamment St Robert Bellarmin, ont tenu que le Pape ne peut pas tomber dans le refus conscient et pertinace d’un dogme défini de l’Église, i.e. dans l’hérésie formelle. Pour étayer leur thèse ils citent l’ordre de Notre Seigneur à St Pierre de confirmer ses frères dans la foi (Lc.XXII, 32), ce qui supposerait que Pierre lui-même ne peut pas la perdre. Et jamais dans toute l’histoire de l’Église, disent-ils, un Pape n’est tombé dans l’hérésie formelle. Par contre avant la révolution Protestante, dit l’abbé Gleize, les théologiens catholiques du 12me au 16me siècle ont jugé en général qu’un Pape peut tomber dans l’hérésie formelle, et cette opinion continue jusqu’aujourd’hui, tout en étant moins commune.

L’abbé conclut qu’en vue surtout des Papes Conciliaires, les théologiens plus récents n’ont pas prouvé leur thèse. Quant à l’argument que Pierre sera toujours protégé par Notre Seigneur de l’hérésie formelle, il faut répondre que la foi est un acte de l’esprit poussé par le libre-arbitre, et il est bien rare que Dieu interrompe le libre-arbitre des hommes. Quant aux Papes dans l’histoire, il y a le cas d’Honorius, anathématisé par ses successeurs pour avoir favorisé l’hérésie monothélite. Certes, pas tous n’acceptent cette conclusion de l’abbé, mais si on la considère du point de vue historique des Sept Époques de l’Église, elle se défend.

Par trois Époques (Apôtres 33–70, Martyrs 70–312, Docteurs 312–500+) l’Église s’est hissée à la Quatrième Époque, les mille ans de la Chrétienté triomphante (500+-1517). Mais vers la fin de ce Moyen Age le Diable, aidé par le péché originel, rongeait la Chrétienté, et les hommes ont lancé la Cinquième Époque, celle de l’Apostasie (1517–2017 ?). Ici les Chrétiens décadents ont inventé une forme d’hypocrisie après l’autre (Protestantisme, Libéralisme, Communisme, entre autres) pour rendre hommage à la vertu et la civilisation chrétiennes, tout en se « libérant » pour profiter du dernier vice, tel le « mariage » de même sexe. Or le Bon Dieu aurait pu faire durer sans fin le Moyen Age, mais pour cela Il aurait fallu interrompre le libre-arbitre. Donc Il a préféré douer Son Église d’un faisceau de Saints spéciaux pour mener la Contre-Réforme, ce qui lui a valu sur les 500 ans suivants, pour varier la population de Son Ciel, une moisson de Saints post-médiévaux. Donc comme antidote à la corruption de l’homme post-médiéval Dieu aurait choisi de renforcer l’autorité dans Son Église pour que les âmes voulant se sauver, mais ne le voulant plus assez par la vertu intérieure, pussent au moins être dirigées encore vers le Ciel par l’autorité extérieure. A ce moment-là, bien sûr, le Diable s’est mis à travailler surtout les autorités élevées de l’Église, et après quatre siècles et demi c’est comme si le Bon Dieu a dit, « Si vous ne voulez plus de Mon Église à Moi, alors ayez la vôtre, » et voilà Vatican II.

Tout cela fait que l’autorité dans l’Église est en ruines, humainement irréparables, et Dieu va recourir à d’autres moyens pour faire sortir de notre monde spirituellement épuisé une nouvelle moisson d’âmes.

Un Châtiment garantira l’éclat initial de l’Église de la Sixième Époque, mais le Diable et le péché originel y auront comme matière à travailler une nature humaine affaiblie en profondeur par le libéralisme de la Cinquième Époque, en sorte qu’il ne leur faudra pas longtemps pour faire arriver la Septième Époque, celle de l’Antichrist. Mais celle-ci sera en même temps l’Époque de quelques-uns des plus grands Catholiques de toute l’histoire de l’Église – une moisson de Saints exceptionnels.

Kyrie eleison.

Prédictions pour L’ Église

Prédictions pour L’ Église on avril 22, 2017

Comme il fallait s’y attendre, il y a eu plusieurs lecteurs qui ont réagi au portrait de la Fraternité St Pie X en « déclin lent », tel qu’il a été présenté dans deux numéros récents de ce « Commentaire ». Cette réaction montre que l’aveuglement et l’insouciance ne sont pas de tous. Voici deux lecteurs qui pensent à l’avenir, celui prochain de la Fraternité, ou celui plus lointain de l’Église. Voici le premier :—

« La déstabilisation, confusion et ramollissement des esprits des prêtres et des laïcs de la Fraternité va continuer, hélas, parce que ses chefs actuels vont persévérer tout droit dans le jeu qu’ils jouent avec les demi-Conservateurs. Du sacre d’évêques dans la Fraternité dont « le besoin est urgent » (Mgr. Tissier), on ne parlera pas. Et lorsqu’on ne pourra plus remettre le Chapitre Général de juillet, 2018, où seront élus les chefs suivants pour la Fraternité, les chefs actuels l’anticiperont en faisant tout dans leur pouvoir pour assurer la continuité ininterrompue de leur poursuite de reconnaissance par Rome. »

Selon le poids des prières que l’on dira pour sauver la forteresse de la Foi construite par Mgr Lefebvre, le Bon Dieu peut toujours intervenir avec un miracle pour la sauver, mais humainement parlant il faut dire qu’elle est trop pourrie pour être sauvée. Par exemple, l’apostolat mondial de la Fraternité exige à présent de nouveaux évêques plus jeunes, mais comment peut-on les choisir pour servir la vraie Foi anti-Conciliaire sans en même temps aliéner les Romains Conciliaires qui seuls peuvent octroyer à la Fraternité cette reconnaissance si ardemment poursuivie par son Quartier Général à Menzingen ? Mgr Lefebvre en 1988 a beau avoir qualifié cette poursuite de l’ « Opération Suicide » de la Fraternité, depuis quand les libéraux en croisade battent-ils en retraite ? La religion réelle de ces croisés libéraux, c’est leur Beau Nouvel Ordre Mondial. Et le catholicisme ? C’est pour les apparences. (Jugement dur ? Pensez-y.)

Le deuxième lecteur suppose que le suicide de la Fraternité est chose faite, et il pense à l’avenir de la Foi, davantage du point de vue de Dieu :—

« Le silence qui vient actuellement de la Fraternité concernant la « régularisation » est assourdissant. Il semble que l’accord est en vérité un fait accompli. Dans ce cas-là, occupons-nous de la longue route à parcourir pour tout restaurer, et des soins dont auront sûrement besoin les Réfugiés de la Tradition Catholique. Autrement dit, comment faire ressortir du chaos l’ordre, et comment faire un radeau à saisir sur la mer déchaînée, tandis que Rome en coulant aspire vers le fond de cette mer les faibles dans la Foi. La Foi se rétrécit-elle, ou bien se purge-t-elle de ceux qui n’ont pas été fidèles ? Dieu, au secours ! »

Quand nous pensons aujourd’hui à l’avenir de la Foi, n’oublions pas que la situation est si dramatique que personne ne sait rien pour certain, parce que si en effet cette Fraternité coule elle aussi, qui depuis 40 ans agit en bouée de sauvetage pour la vraie Foi, qu’y a-t-il encore qui empêche Rome d’aspirer les faibles dans les profondeurs de la mer ? Dieu est Dieu, et Il peut intervenir à n’importe quel moment et de mainte manière pour interrompre la course folle de Son Église à l’auto-démolition, mais le pessimisme n’en semble pas moins de mise pour le moment.

Moins facile à comprendre, tant que les Papes restent Conciliaires, est l’optimisme apparent de ce lecteur quant à la restauration de l’ordre et un radeau de sauvetage. Car s’il y a une leçon à tirer de l’histoire depuis 2012 de la « Résistance », c’est bien l’extrême difficulté de fonder une œuvre catholique sans l’approbation ne fût-ce que des apparences de l’Église officielle. La Vérité catholique est en elle-même très forte, mais sans le soutien et la protection de l’Autorité catholique, qui est celle de Notre Seigneur, la Vérité reste assez vulnérable. Par exemple, au-dedans d’un cadre d’autorité un prêtre peut facilement se soumettre même s’il n’est pas d’accord, mais en-dehors d’un tel cadre il peut facilement disputer la sagesse de la mesure la plus sage. Patience.

Le problème est humainement insoluble. Prions et attendons la solution divine, qui nous épatera tous !

Kyrie eleison.