Les Commentaires Eleison

Couleur, Poésie…

Couleur, Poésie... on janvier 21, 2017

« On ne peut plus vivre de politique, de bilans et de mots croisés. On ne peut plus vivre sans poésie, couleur, amour » – citation de St Exupéry (1900–1944), aristocrate, aviateur et écrivain français, pas catholique, mais aux prises dans son âme avec le matérialisme du 20me siècle. Il a dit de lui-même, « Je suis quelqu’un qui ratisse les cendres, s’acharnant à découvrir la braise au fond d’une cheminée. » Et en évoquant dans son mémoire philosophique Terre des Hommes (1939) une scène d’ouvriers entassés avec leurs familles dans un train de nuit de Paris à Varsovie, il écrit qu’il était moins tourmenté par leur misère matérielle, « qu’en voyant en chacun d’eux un peu de Mozart assassiné. »

Ces citations viennent à l’esprit après une visite de la Bertramka, villa située proche du centre de Prague dans la République Tchèque et rendue célèbre vers la fin du 18me siècle par plusieurs visites qu’y a rendues le grand compositeur, Wolfgang Amadeus Mozart. En ce temps-là on y accédait de la ville en suivant à pied pendant une demi-heure des routes de campagne et un sentier bordé de marronniers jusqu’au portail donnant sur l’avant-cour, avec au fond un jardin en pente, garni de plates-bandes et de fruitiers. Aujourd’hui le sentier ombragé a cédé la place à un énorme centre commercial longeant une rue de ville chargée de camions lourds ne faisant attention qu’aux feux. Le portail est toujours là, mais le jardin en pente n’est plus soigné, n’entourant plus qu’une statue solitaire du grand musicien, et la table en pierre où il est supposé avoir terminé la composition de son opéra Don Giovanni, œuvre d’une renommée mondiale, et dont il a dirigé peu de temps après la première dans l’opéra en ville, encore en service. Quant aux deux chambres occupées dans la Bertramka par Mozart, on les a fidèlement préservées, mais au mois d’octobre dernier on n’y trouvait plus ce qu’on y trouvait autrefois, une belle exposition de choses associées à Mozart. A la Bertramka il y a toujours de l’ambiance, mais beaucoup n’y chuchote que de « Mozart assassiné. »

Pourtant Prague au 18me siècle lui avait été très bienveillante. En 1786, là où Vienne s’est montrée plutôt réservée, Prague a été enthousiasmée par l’opéra également célèbre de Mozart, Le Mariage de Figaro, comme l’année suivante par Don Giovanni. Et lorsque Mozart est mort en 1791, là où Vienne, où il demeurait, ne lui a donné qu’une sépulture de pauvre, Prague l’a honoré d’une Messe de Requiem grandiose, exécutée par une centaine de musiciens refusant toute rémunération, et suivie par des milliers d’assistants. Ce sont les Empereurs et nobles catholiques qui pour restaurer la Bohème catholique après la dévastatrice guerre religieuse de trente ans (1618–1648), ont établi dans toute la Bohème une éducation musicale de la jeunesse pour lui permettre d’embellir les offices à l’Église. C’est grâce à cette éducation catholique que Prague a su apprécier tout de suite Mozart et sa musique.

Peut-on en dire autant pour les Catholiques aujourd’hui, ou bien sommes-nous aussi des « assassins de Mozart » ? Pour St Exupéry, c’est comme si Mozart incarnait l’opposé même du matérialisme. Mais combien de Traditionnalistes sont ennuyés par une Messe chantée, et n’attendent que le moment de retourner à leurs bilans et mots croisés ? Hélas, bon nombre de nos garçons n’ont-ils pas presque honte de savoir chanter ? Et quant à nos filles, beaucoup d’entre elles ne voudraient-elles pas mieux être des astronautes ou champions de sport plutôt que de savoir jouer d’un instrument musical qui les aiderait à civiliser leurs maris, humaniser leurs enfants et mettre de l’harmonie dans leurs foyers ? Un proverbe allemand dit que si les hommes créent la culture, ce sont les femmes qui la transmettent. Une société ne se suicide-t-elle pas en ne promouvant pas en ses filles la vraie « culture, poésie et amour » qui imprégneront leurs futures familles, et par celles-ci toute la société ?

Quant à Mozart, il n’est certainement pas ce qu’il y a de plus spirituel dans la musique occidentale, et en mi-carrière il s’est fait franc-maçon, selon la mode régnant alors à Vienne. Mais il est bien plus spirituel que notre monde de centres de commerce et de feux de circulation, comme St Exupéry a bien vu, et par ailleurs ce n’était certainement pas les francs-maçons mais ses parents profondément catholiques qui ont formé dans l’enfant ce cœur catholique d’où a jailli toute la spiritualité de la musique de l’adulte. Assurément le morceau de Mozart le plus souvent joué de tous, composé peu avant sa mort, est son Ave Verum Corpus, parce qu’il est si souvent joué à la Messe. Et son Requiem qu’ il composait encore sur son lit de mort est saturé de la Foi. Que son âme repose en paix.

Kyrie eleison.

Priere Urgente

Priere Urgente on janvier 14, 2017

Lorsque le Titanic commença à couler en 1912, il est notoire que les premiers canots de sauvetage que l’on a mis à l’eau n’ont pas été remplis parce que pas assez de passagers ne prenaient encore au sérieux que le navire était frappé à mort. Mais dès qu’on s’en est rendu compte, la foule s’est empressée de s’y embarquer. Or, le naufrage du Titanic a été un miroir de Dieu présenté au monde moderne pour qu’il s’y reconnaisse, mais beaucoup de gens vivant aujourd’hui n’en font aucun cas, et donc les canots du sauvetage catholique, à savoir de la Tradition, se vident au lieu de se remplir. Peu d’âmes n’ont encore pleinement saisi comment le monde qui nous entoure est frappé à mort, et donc peu font ce qu’ils devraient être en train de faire – prier d’urgence, urgemment.

Voici comment un ami en Suisse décrit la situation : « Dans notre pays comme ailleurs, les derniers restes du catholicisme disparaissent, et le Valais (canton autrefois très catholique) n’y fait aucune exception. Tout est à recommencer, tandis que les ennemis de la Vérité se font chaque jour plus nombreux. » Q uelqu’un peut-il dire que cela ne s’applique pas à son pays à lui ? A l’Angleterre cela s’applique certainement. Il y a un mois on y a sondé quelque quinze cents adultes anglais pour savoir s’ils croient ou non en Dieu : résultat, 28% oui, 38% positivement non. Il y a moins de deux ans, c’était 32% oui et 33% non. De toute évidence l’athéisme prend rapidement le dessus. Pauvre Angleterre. Attention ! De Dieu on ne se moque pas.

Mais pourquoi est-il si important de croire en Dieu ? St Thomas d’Aquin l’explique dans son Traité sur les Anges : tout comme la Création procède de Dieu par un débordement de Sa Bonté, de même toute créature cherche à retourner à cette Bonté Suprême du Créateur, chacune à sa façon : minéral et végétal par une inclination naturelle, animal par une inclination des sens, les hommes et les anges le plus parfaitement par une inclination intellective de l’intelligence et de la volonté (1a, 59, 1). Aussi les êtres humains viennent-ils de Dieu pour retourner à Lui, par l’usage droit de leur intelligence qui est « inexcusable », dit St Paul, si elle prétend qu’elle ne peut pas reconnaître Dieu dans sa Création (Rom. I, 20), et par l’usage droit de leur volonté pour Le choisir au lieu de Le refuser. Hélas, les attractions des sens éloignent de Dieu la plupart des hommes (1a, 63, 9 ad 1).

Néanmoins, Dieu n’a point fait les hommes pour qu’ils s’éloignent de Lui. Tout et chaque homme qu’Il a créé, Il a créé pour le Ciel (I Tim. II, 4), et à chaque homme Il donne des grâces suffisantes pour Le connaître et L’aimer et arriver ainsi au Ciel. Le Ciel est donc le but de tout homme, qu’il veuille ou non accepter cela, et s’il le refuse il s’aveugle en sorte qu’il ne sait rien du but de la vie. Il s’ensuit que tout chef pareil en quelque domaine que ce soit est en fin de compte un aveugle qui conduit des aveugles, et ceux qui le suivent sont des aveugles qui suivent des aveugles. « Je suis la Lumière du Monde, » dit Notre Seigneur, « et celui qui Me suit ne marche pas dans les ténèbres » (Jn. VIII, 12).

Donc celui qui refuse de suivre Dieu – taisons Notre Seigneur Jésus Christ et Son Église – marche dans les ténèbres, et l’acharnement des « Occidentaux » d’aujourd’hui pour préférer toujours plus de ténèbres prépare un Châtiment inimaginable, que l’on ne pourra comparer qu’au Déluge du temps de Noé. Tout comme en ce temps-là les hommes avaient à tel point « corrompu leurs voies » (Gen. VI, 12) que le Bon Dieu a dû intervenir pour empêcher qu’absolument tous les hommes ne préférassent l’Enfer, de même aujourd’hui la corruption est si terrible que seul Dieu est capable de l’interrompre.

Mais les hommes peuvent toujours prier, et la prière fonctionne encore, comme rien d’autre ne fonctionne plus. Car parmi les milliards d’âmes sur la terre qui se tournent actuellement vers Mammon et se détournent de Dieu, on peut facilement s’imaginer comment Il regarde et écoute en particulier les âmes toujours moins nombreuses qui se tournent vers Lui. L’heure est à la prière, à travers Sa Très Sainte Mère, la prière du saint Rosaire, 15 Mystères par jour si c’est du tout possible.

Kyrie eleison.

« Guerre » Au Vatican

« Guerre » Au Vatican on janvier 7, 2017

Dans cette crise de l’Église, d’une gravité sans précédent dans toute l’histoire de l’Église, il est très important que les Catholiques fassent attention non seulement au mouvement Traditionnel mais aussi à l’Église catholique en dehors de ce mouvement. Car la Tradition prise dans son sens le plus large, c’est-à-dire tout ce que Notre Seigneur a confié à son Église pour être transmise (tradendum) par elle jusqu’à la fin du monde, est indispensable à l’Église, et le mouvement Traditionnel a joué un rôle indispensable en préservant depuis un demi-siècle de leur destruction par la Révolution Conciliaire la doctrine et les sacrements de la Tradition. Mais pour ce faire et survivre, le mouvement Traditionnel a dû se placer à côté de la structure hiérarchique normale de l’Église, structure qui, elle, fait certainement partie de la Tradition – « Pierre, pais mes brebis » (Jn XXI, 17). Donc pour profonde que soit la corruption Conciliaire à Rome, les Catholiques doivent quand même regarder vers Rome.

D’où l’intérêt du rapport suivant qui vient de l’intérieur du Vatican rédigé par le Fondateur et Directeur du site américain, LifeSiteNews, Steve Jalsevac. Il visite Rome normalement deux fois par an avec des confrères pour parler avec toute sorte de contacts à Rome, et savoir ainsi comment la situation de l’Église se développe. Après sa visite au mois de novembre il a publié le 16 décembre un rapport « très inquiétant » de ses impressions de la situation actuelle à Rome. En voici des extraits :—

« Notre visite à Rome du 16 au 23 novembre a été la plus dramatique des nombreuses visites bisannuelles que nous y avons faites au cours de ces dix dernières années. Après avoir rencontré des cardinaux, des évêques et d’autres membres des dicastères et institutions vaticanes, John-Henry Western, notre nouveau journaliste à Rome, Jan Bentz et moi-même, avons observé une tendance générale et omniprésente à l’anxiété et à une peur bien réelle chez les fidèles serviteurs de l’Eglise. Nous n’avons jamais rencontré ceci avant. Beaucoup redoutaient de perdre leur position, d’être licenciés de leurs emplois dans les institutions vaticanes ou bien de souffrir de graves réprimandes publiques ou des accusations personnelles de la part de l’entourage du pape ou même de François lui-même. Ils ressentent également de l’inquiétude et de la crainte devant les dégâts importants occasionnés à l’Eglise qu’ils se sentent impuissants à arrêter.

« . . . . Les universités catholiques de Rome sont surveillées et les enseignements des professeurs sont examinés à la loupe pour qu’on soit sûr qu’ils sont en conformité avec l’interprétation libérale d’ Amoris Laetitia. Les clercs sont dénoncés à leurs Supérieurs si on les a entendus exprimer quelque inquiétude au sujet du Pape François. Beaucoup ont peur de parler ouvertement, même ceux qui, par le passé, étaient toujours prêts à le faire. Des journalistes du Vatican nous ont dit avoir été avertis de nombreuses fois de ne pas parler des dubia (les questions suscitées par le cardinal Burke et trois autres cardinaux à propos de la doctrine contenue dans Amoris Laetitia). J’ai entendu des témoignages selon lesquels le Vatican est comme un État occupé. Certaines des sources avec qui j’ai parlé craignent que les communications avec des officiels du Vatican ne soient espionnées ; certains ont même rapporté d’étranges anomalies lors de certaines conversations téléphoniques, lesquelles, après une interruption de l’appel, se poursuivaient par une boucle audio répétant à maintes reprises les derniers instants de la conversation comme un enregistrement. Certaines personnes qui travaillent au Vatican conseillent à leurs contacts extérieurs de ne pas partager d’informations sensibles par e-mail ou via les téléphones mis à disposition par le Vatican.

« Nous devons nous demander vers quoi tout ceci nous mène. C’est profondément inquiétant. La phrase que nous avons entendue toute cette semaine à Rome est qu’il y a une « guerre » en cours au sein de l’Église – une guerre des progressistes de « l’Esprit de Vatican II » contre les Catholiques orthodoxes. Une personne après l’autre a utilisé ce mot de « guerre ». Je n’ai jamais rien expérimenté de tel de toute ma vie et je suis sûr que la plupart des lecteurs réguliers de LifeSiteNews, sinon tous, peuvent en dire autant. »

Les Traditionnalistes peuvent dire que les quatre Cardinaux et M. Jalsevac sont des victimes de Vatican II qui s’éveillent un peu tard, mais que personne ne dise qu’ils n’entendent pas être Catholiques. L’Église ne guérira pas tant que la vraie doctrine et la vraie Hiérarchie ne seront pas réunies, et donc que les Traditionnalistes prient instamment pour ces âmes qui s’éveillent à la guerre Conciliaire. Que Dieu leur donne lumière et force.

Kyrie eleison.

Quinze Pays

Quinze Pays on décembre 31, 2016

Le dernier jour de l’année peut être un bon moment pour survoler le champ de bataille du combat de la Foi dans 15 différents pays visités par l’auteur de ce « Commentaire » au cours de l’année 2016. C’est un combat à mener dans des conditions bien difficiles, parce que l’Église catholique comme n’importe quelle organisation humaine dépend de son chef, et le Pape François durant toute cette année a donné l’impression qu’il veut détruire l’Église bimillénaire pour la remplacer par n’importe quoi qui plaise aux foules modernes, c’est-à-dire aux médias, c’est-à-dire aux ennemis de Dieu. En vérité, « Le Pasteur est frappé et les brebis sont dispersées », ce qui inclut actuellement la direction de la Fraternité St Pie X. Mais évoquons plutôt comment de pierres le Bon Dieu suscite dans le monde entier des fils à Abraham (Mt. III, 9), car si ceux-ci se taisaient les pierres mêmes devraient crier (Lc. XIX, 40).

Aux Indes, un ancien prêtre de la Fraternité et un ancien séminariste ordonné prêtre depuis, maintiennent l’unique prieuré et paroisse « Résistante » dans tout le sous-continent. Que Dieu soit avec eux. Au Brésil il semblerait que le sacre épiscopal de Mgr. Thomas d’Aquin ait bien fortifié la défense de la Foi autour de son Monastère. Que Dieu en soit remercié. Le Mexique a toujours été fort dans la Foi, et il est actuellement la base de l’excellent site internet en espagnol, Non Possumus. En Suisse un petit groupe de laïcs est content à l’ombre d’Écône d’entendre des choses qui ne s’entendent plus si souvent au Séminaire lui-même depuis le temps où Mgr Lefebvre y a donné tant à tant d’entre nous. Aux États-Unis, où la Fraternité avait réussi à réimplanter la doctrine anti-libérale de l’Église dans tout le continent, le libéralisme reprend le terrain perdu, grâce au désastreux changement de cap de la Fraternité depuis la mort de Monseigneur. Mais les prêtres du District n’ont pas encore dit leur dernier mot, et parmi eux l’abbé Zendejas, autrefois de leur nombre, travaille courageusement à reconstruire.

Deux autres prêtres autrefois de la Fraternité, les abbés Chazal et Picot, voyagent dans tout l’Orient, y compris en Australie et en Nouvelle Zélande. En Corée du Sud une chapelle Résistante est maintenue dans la capitale, Séoul, par une courageuse convertie. Au Japon les Catholiques ont été décimés par la Deuxième Guerre mondiale, Vatican II et maintenant la glissade de la Fraternité, mais il reste quelques contacts Résistants, y compris un vieux prêtre japonais. Par contre dans le pays le plus catholique d’Asie, les Philippines, l’abbé Chazal administre des douzaines de centres de Messe et un séminaire qu’il sera bien plus facile à servir depuis la récente ordination sacerdotale de l’abbé Jean, né aux Philippines.

En Europe, l’ Irlande a un nouveau prieuré de la Résistance au Sud proche de Cork, et la Pologne a un groupe de Catholiques qui ouvrent les yeux à la glissade dangereuse de la Fraternité vers Rome, mais pour le moment ils n’ont qu’un seul vieux prêtre polonais pour les desservir. Patience. Dans la République tchèque il y a un groupe parallèle de Catholiques dont la foi est forte, et qui mettent leur espérance en des prêtres qui reviennent du Novus Ordo à la Tradition. En Belgique aussi il y a un bon groupe en province qui remonte à un prêtre fidèle qui a laissé derrière lui il y a des dizaines d’années un legs de conviction et piété catholiques. En Allemagne la Résistance décolle lentement à cause d’une obéissance instinctive envers toute autorité, mais cela commence à bouger. En Italie de même le début de la Résistance est lent parce que le conservatisme des Catholiques y a fait que la Révolution Conciliaire n’a point fait rage comme dans les pays du Rhin, par exemple. Mais laissons faire le Pape François !

Et enfin il y a la France qui mène toujours dans l’Église, en bien ou en mal, par exemple par un Mgr Lefebvre ou par un Teilhard de Chardin. Les prêtres français ont toujours été les plus nombreux dans la Fraternité, et ils le sont maintenant dans la Résistance, et des centaines de laïcs français aujourd’hui viennent assister à des conférences régulières sur la doctrine anti-libérale des Papes pré-conciliaires. Mais la France comme pays se disloque actuellement, parce que les Catholiques n’ont pas de bon Pape pour les unir, et les citoyens n’ont pas de Roi catholique pour les rassembler autour de la cause de Dieu. Patience. Dieu va relever la France, et nous tous avec elle.

Kyrie eleison.

Carte de Noel d’Isaie

Carte de Noel d’Isaie on décembre 24, 2016

Si Dieu lui-même envoyait des cartes de Noël, comment y évoquerait-il la venue de son propre Fils sur terre, devant naître comme fils humain de sa Mère humaine ? En l’occurrence Dieu a écrit beaucoup de choses sur le Messie par la plume des écrivains qu’il a directement inspirés pour composer les livres de l’Ancien Testament, et l’une de ces citations les mieux connues vient du neuvième Chapitre du prophète Isaïe. Au Chapitre précédent il a prédit la désolation et la ruine qui s’abattront sur les Israélites à cause de leurs péchés, mais au neuvième Chapitre il se tourne vers la gloire de l’époque du Messie : une grande lumière va éclairer la Galilée (terroir de Jésus) – v. 1,2. Alors viendra la joie, comme à la moisson ou suite à une victoire militaire (v.3) après que les Assyriens seront vaincus, comme après la défaite des Madianites (v.4), et les manifestations de la guerre disparaîtront (v.5). La continuation est ce qu’on peut appeler « la carte de Noël d’Isaïe », glorifiée dans la musique du Messie de Händel :—

6. Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, Et la domination reposera sur son épaule ; On l’appellera Admirable, Conseiller, le Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. 7. Donner à l’empire de l’accroissement, Et une paix sans fin au trône de David et à son royaume, L’affermir et le soutenir par le droit et par la justice, maintenant et à jamais : Voilà ce que fera le zèle de l’Éternel des armées.

(6) Donc la raison suprême pour la joie, c’est la venue du Messie : pour nous, pour nous racheter tous, un enfant royal et fils va naître, qui prendra sur son épaule le poids du monde (les Pères de l’Église voient en ce poids celui de la Croix), et dans les appellations qui suivent Isaïe dit ce que sera cet enfant : Admirable, Conseiller, éminemment capable de conseiller les nations pour leur vrai bonheur et prospérité jusqu’à la fin du monde. Le Dieu Puissant – les savants talmudiques s’efforcent de ne pas admettre qu’Isaïe affirme ici que le Messie sera aussi Dieu (comme le savent les Catholiques, Seconde Personne de la Sainte Trinité), mais l’article défini en hébreu, et l’usage partout ailleurs dans l’Ancien Testament de l’expression « Dieu Puissant » en hébreu, signifient que tel était bien le sens de l’affirmation d’Isaïe. Père éternel – le Messie sera un vrai Père qui se penche sur nous pour l’époque messianique, à tout jamais.

(7) Donner à l’empire de l’accroissement – l’Église catholique s’étendra dans le monde entier, et il y aura une paix sans fin parce que partout où l’Église du Messie sera honorée, elle fera la paix jusqu’à la fin du monde. Ce sera un descendant royal de David qui s’assiéra sur le trône de David, auquel il a été promis qu’il durerait sans fin (II Samuel, VII), comme Notre Seigneur l’a promis à son Église (Mt. XVI, 18 ; XXVIII, 20). Mais ce royaume-ci sera un royaume du Roi des Cœurs, affermi et soutenu par le droit et la justice, et non pas un royaume établi par la force (Mt. XXVI,52 ; Jn. XVIII,36). Toutes ces merveilles viendront du Zèle de l’Éternel des Armées, de son désir brûlant d’amener les âmes au Ciel pour qu’elles partagent avec lui la béatitude éternelle et ininterrompue, à tout jamais.

Ce qui nous rend difficile aujourd’hui d’apprécier cette vision glorieuse de l’avenir messianique, c’est qu’il est devenu un passé Maçonnique. En effet, la Cinquième Époque de l’église, l’Époque de l’Apostasie, a commencé il y a 500 ans lorsque Luther a cassé la Chrétienté, en sorte que 200 ans plus tard, lorsque beaucoup de chrétiens ne voyaient pas encore clairement que les bienfaits de la Chrétienté étaient déjà bien minées, il a été possible pour la Judéo-maçonnerie de se mettre à persuader les gens qu’on n’avait plus besoin ni de la Chrétienté ni du Christ. Et encore 200 ans plus tard, même les horreurs du communisme positivement anti-chrétien, déchaînées par la Révolution russe et se répandant dans le monde entier, n’ont pas suffi pour persuader les hommes que pour toute civilisation à partir de l’Incarnation, il n’y a que deux alternatives : ou Jésus- Christ et son Église catholique, ou le Diable. Pourtant c’est vrai.

Chers lecteurs, Joyeux Noël !

Kyrie eleison.

Distinguer, Discriminer

Distinguer, Discriminer on décembre 17, 2016

Si l’évidence est aussi sérieuse qu’elle le paraît pour que des miracles eucharistiques aient lieu dans le cadre de la nouvelle messe – et il se peut que de tels miracles n’arrivent pas rarement, l’un des plus récent étant rapporté de Legnica, en Pologne le jour de Noël 2013 – certains d’entre nous devrons bien refaire nos calculs.

Voici comment un lecteur exprime son désarroi : « Dieu ne peut pas se contredire, donc ces miracles ne peuvent pas contredire la doctrine de son Eglise. Or, la nouvelle messe contredit la doctrine catholique essentielle sur la Messe. Donc ou bien ces miracles sont faux, ou bien la nouvelle messe est de Dieu, mais dans ce cas-là comment justifie-t-on que les traditionalistes s’accrochent à la Tradition ? Car si la nouvelle messe qui est au cœur de la Néo-église est confirmée par des miracles, alors la Néo-église aussi est confirmée par Dieu, et les Papes conciliaires, et je suis obligé de leur obéir. L’obéissance sélective mais défendue, n’est-ce pas ? » Cher ami, l’obéissance sélective est aujourd’hui votre devoir absolu, si vous voulez garder la foi, comme vous devez absolument le faire.

Car « obéir sélectivement » s’appelle aussi « distinguer » et tous nous devons distinguer, à longueur de journée. C’est le bon sens, et St Thomas d’Aquin le fait tout au long de sa miraculeuse Somme Théologique. Voyons de plus près l’argument de notre ami.

Le problème de fond, c’est la nouvelle messe. Or la nouvelle messe est un rite de la messe, un livre de plusieurs centaines de pages, même mille, qui contient beaucoup de choses. D’un point de vu catholique ce rite comme un tout est incontestablement mauvais, parce qu’il change radicalement la Messe. D’un sacrifice propitiatoire centré sur Dieu, il en fait un repas de communauté centré sur l’homme. Or la plupart des catholiques vivent leur religion en assistant à la Messe, ce qui fait que si le concept change, effectivement c’est leur religion qui change. Voilà pourquoi la nouvelle messe est l’agent principal de la destruction de la vraie Eglise, et le moteur principal de la Néo-église. Et voilà la raison pour laquelle la nouvelle messe comme un tout est non seulement mauvaise, mais très mauvaise. Mais cela ne signifie pas que toutes ses parties, en tant que parties, sont mauvaises. Comme partie, quelques-unes sont encore catholiques, parce qu’il a fallu qu’elles le fussent pour tromper le grand nombre de prêtres au moment de son introduction en 1969, et pour leur faire penser qu’elle n’était pas essentiellement différente de la Messe de St Pie V, surtout dans la Consécration. Autrement ces prêtres l’auraient refusée, et elle aurait été impuissante à détruire l’Eglise. Donc la nouvelle messe quant à ses parties est mi-bonne mi-mauvaise, tandis que comme un tout elle est ambiguë, perfide, une œuvre absolument pas correcte.

N’empêche, du côté des hommes « Tout est pur pour ceux qui sont purs » (Tit. I, 15), et alors pour les âmes innocentes qui ignorent encore son danger intrinsèque pour la foi, la nouvelle messe par sa Consécration et ses bonnes parties est capable de transmettre la grâce et de nourrir spirituellement, surtout lorsque le célébrant étrangle moins ces dernières en rendant aussi catholique que possible les ambiguïtés. Et du côté de Dieu, le proverbe dit bien qu’ « Il écrit droit avec les lignes courbes », et alors les parties mauvaises ne L’empêche pas nécessairement de faire des miracles avec les parties catholiques pour nourrir les innocents et avertir les coupables.

Donc, d’un côté, la nouvelle messe comme un tout est très mauvaise, et les traditionalistes sont absolument nécessaires à l’Eglise pour en témoigner et pour assurer une vraie Messe, aux âmes quand elles se rendront compte de sa nocivité, ce qu’elles font à divers moments et à diverses vitesses. Aussi les traditionalistes pourront-ils aider ces âmes à garder la foi jusqu’à la fin de la crise de l’Eglise. D’un autre côté la nouvelle messe est encore assez bonne en partie pour nourrir ces âmes innocentes et pour permettre à Dieu d’opérer des miracles, là encore pour nourrir les âmes ou pour les avertir. Le bon Dieu ne confirme par-là, ni la nouvelle messe comme un tout, ni la Néo-église comme un tout, ni les Papes conciliaires comme un tout, mais Il compte sur le cerveau et la foi qu’Il m’a donnés pour discerner le bien du mal. Vive la discrimination. Il ne veut pas pour son Ciel glorieux des robots sans intelligence !

Kyrie eleison.