Mgr Marcel Lefebvre

Madiran – La Trahison.

Madiran - La Trahison. on décembre 26, 2020

En mai 1968, les émeutes étudiantes parisiennes, aussi longues que dures, attirèrent l’attention des médias du monde entier. Par leur théorie subversive prônant la destruction pratique de tout ce qui constituait le mode de vie occidental, ces manifestations estudiantines peuvent se comparer avec les émeutes qui ravagèrent l’été dernier ( 2020) de nombreuses grandes villes aux États-Unis. Ces émeutes de Paris ont inspiré la sixième et dernière partie du livre de Jean Madiran , L’Hérésie du XXe siècle, car elles illustraient, comme dans un livre d’images, tout ce qu’avait voulu dire son livre, à savoir que la civilisation catholique se fait communiste, que c’est une grande trahison, et que ce sont les évêques qui sont les traîtres. D’où les trois chapitres de la sixième partie du livre : 1) Mai 68 est la dernière trahison des évêques, 2) Ils répudient les vrais catholiques, 3) Ils trahissent le vrai christianisme.

Dans le premier chapitre, Madiran raconte comment au printemps 1968, des étudiants révoltés menaçaient de détruire la civilisation occidentale, tout comme le firent les émeutiers de l’été dernier aux États-Unis. Les évêques français proclamèrent alors dans leur Déclaration officielle du 20 juin 1968 : ” C’est un mouvement de fond d’une ampleur considérable” qui “appelle à bâtir une société nouvelle” que “les évêques de France sont d’autant plus disposés à accueillir que le Concile, sensible à la mutation du monde, en avait pressenti l’exigence et fixé les conditions essentielles “. Dans cette même Déclaration ils déclarèrent peu ou prou  : ” La Révolution de 1968 divise le peuple pour et contre, mais nous, les évêques, nous sommes pour.” En fait, dit Madiran, puisque la fin justifie les moyens pour les révolutionnaires, ils ont fait un tel usage de la force, des mensonges et de la ruse afin d’obtenir ce qu’ils voulaient, que par ces excès ils ont provoqué un contre-mouvement plus “large” encore. Mais à ces évêques modernes, que leur importe la subversion radicale du droit naturel entier et de la civilisation chrétienne ? Parmi eux il n’y en a pas un qui prenne le communisme pour une trahison – N’est-il pas simplement un mouvement de réforme ? Ce n’est là qu’un piège mensonger, répond Madiran.

Dans le deuxième chapitre, Madiran raconte comment les évêques, en espérant s’attirer la faveur des révolutionnaires de gauche, ont dû leur apporter sur un plateau la tête des catholiques les plus fidèles de droite, autrement dit, des “intégristes”, ou adeptes du catholicisme intégral. (Pour la même raison dans les années 1970, le pape Paul VI s’est acharné à paralyser l’action de Mgr. Marcel Lefebvre, mais Dieu avait d’autres idées. Pourtant il a suffi du passage de quelques années pour que la Fraternité d’autrefois n’aspirât qu’à recevoir l’onction de la Rome moderniste . . . ) Dans les années 1960 les évêques français s’habituaient à se faufiler derrière un double langage : à gauche, ils disaient : “S’il vous plait  ! Ne nous prenez pas pour des conservateurs ou des intégristes  ! Nous sommes des révolutionnaires, comme vous !” Tandis qu’à droite, ils disaient : “Ah, de grâce  ! ne pensez pas que nous changions rien à rien !”. Et depuis ce temps, ces évêques essaient d’aller dans deux directions à la fois  : Bonne recette pour se paralyser ! Cependant, ils évitent toujours de confronter les “intégristes” avec de vrais arguments. C’est qu’ils ont abandonné la vérité.

Dans le dernier chapitre de son livre, Madiran achève la condamnation des pleutres évêques français. Aujourd’hui, le monde moderne n’est pas bon  ; il se noie dans les mensonges dans tous les domaines : l’Évolution, Six Millions, le 9 septembre 2011, la crise du Covid, et ce ne sont là que quelques-unes des mystifications les plus courantes. Mais où avait-on fait faux chemin ? Les étudiants n’en avaient pas la moindre idée, car on leur avait surtout bourré le crane des merveilles du monde moderne. Mais s’il en était ainsi, il y avait dans les étudiants un instinct qui les portait à tout mettre par terre. Or, l’Église véritable est d’accord. Elle non plus, elle ne croit pas à la modernité. Seulement elle, elle sait exactement ce qui ne tourne pas rond, et elle l’a dénoncé déjà en 1864 dans une liste de 80 points  : le Syllabus des Erreurs relevées par le pape Pie IX. Voilà exactement la doctrine que les évêques auraient dû enseigner aux étudiants. Car si ceux-ci l’avaient bien comprise, ils auraient pu depuis les années 1960 se mettre à reconstruire toute la “civilisation occidentale”. Au lieu de cela, les évêques du monde entier ont préféré, à Vatican II, rejoindre les communistes plutôt que de les combattre  ; les étudiants en ont été transformés en barbares, et toute la civilisation chrétienne a été trahie. C’est par un seul mot que Madiran termine son étude des évêques français : “Misérables !”

L’analyse de L’hérésie du XXe siècle est claire. Les leçons y abondent pour les nations, en particulier pour les Etats-Unis. Mais peut-être que seule une catastrophe de grande ampleur permettra à l’humanité d’en prendre de la graine. Pourtant, comme le disait l’évêque Butler au 18e siècle, “Les choses sont ce qu’elles sont, leurs conséquences seront ce qu’elles seront. Pourquoi chercherions-nous à nous leurrer ?

Kyrie eleison.

Reponses De Vigano

Reponses De Vigano on novembre 21, 2020

En août dernier, un journaliste de Life Site News envoyait à l’Archevêque Viganò, vivant caché en Italie, un article concernant les catholiques voulant garder leur foi dans la vie quotidienne d’aujourd’hui. L’article avait pour titre  :”Questions pour Viganò : Son Excellence a raison à propos de Vatican II. Mais à présent, qu’est-ce donc que les catholiques doivent faire ?” Dans sa réponse du 1er septembre, Mgr Viganò commence en assurant Stephen Kokx qu’il était content de répondre à ses questions, car elles portaient sur “des sujets très importants pour les fidèles”. Nous résumons ci-dessous la réponse de l’Archevêque et, à la fin de celle-ci, nous soulignerons un point particulier.

Kokx demande à l’Archevêque : “Qui appartient à l’Église catholique et qui en est séparé ? Mgr Vigano répond que quiconque propose une des fausses doctrines du Concile ne peut pas être catholique. De même, toute personne qui accepte l’une de ces doctrines en sachant qu’elle est en rupture avec la doctrine catholique de toujours ne peut pas être catholique. D’autre part, si une personne baptisée, se considérant comme catholique, reconnaît la hiérarchie catholique, cela ne signifie pas nécessairement qu’elle accepte la doctrine conciliaire ou qu’elle adhère aux faits et gestes de l’équipe conciliaire, qu’elle sait par ailleurs en rupture avec la tradition catholique. Cela ne les met pas non plus ipso facto en dehors de l’Église. Mais pour les titulaires de postes dotés d’autorité au sein de l’Église, leur qualité de catholiques devient discutable s’ils acceptent la doctrine conciliaire tout en sachant qu’elle est contraire à la tradition catholique. Ils ont, certes, une autorité dans l’Église, mais ils sont dans l’incapacité de l’exercer correctement. Seule, leur Autorité permet aux Conciliaires de se prétendre catholiques, et pas simplement les membres d’une secte.

Par conséquent, les catholiques traditionnels appartiennent à l’Église, mais les modernistes, non. De plus, les laïcs fidèles à la Tradition peuvent et doivent souvent rechercher des prêtres qui appartiennent à des communautés ou instituts qui sont également fidèles à la Tradition, tout particulièrement pour la célébration de la Messe. À cet égard, le clergé a moins les coudées franches que les laïcs, du fait qu’ils appartiennent à une hiérarchie qui normalement exige d’eux l’obéissance. Toutefois ils ont le même droit et le même devoir que les laïcs de pratiquer leur Foi, cette Foi qui justifie et exige d’eux l’utilisation de l’ancien rite de la Messe. Mais le jour où l’Église laissera derrière elle les diverses horreurs de la Néo-église, il faut savoir que,pour vaincre le modernisme, la persécution des vrais croyants qui auront su rester fidèles doit les trouver à l’intérieur de l’Église et pas en dehors, ayant désespéré d’elle, par exemple.

C’est en restant à l’intérieur de l’Église que Mgr Lefebvre a été un modèle de fidélité sous la persécution qu’il a endurée. La Fraternité Saint Pie X fut, pour les modernistes, un reproche permanent. Elle ne doit d’avoir survécu qu’aux Consécrations épiscopales de 1988, qui ont permis que la vraie messe ait pu être libérée et que Vatican II ait pu être publiquement dénoncé. Mgr Tissier de Mallerais a raison de dire que pour le moment, il y a à la fois une vraie et une fausse “église” sous un même toit. Mais ce toit est catholique, de sorte qu’il appartient à la vraie Église, alors que la fausse Église conciliaire n’est qu’une intruse. Nous devons espérer et prier pour qu’un certain nombre de bergers, à présent endormis, se réveillent et se rendent compte combien ils ont été trompés.

Participer à ce combat dont Notre Seigneur et sa Mère ont besoin, est un vrai privilège, car c’est le moyen de restaurer en nous l’honneur, la fidélité et l’héroïsme. Le sacrement de la Confirmation, ne fait-il pas de nous des Soldats du Christ  ? Et les chrétiens aux cours des siècles n’ont-ils pas dû participer à de grandes batailles l’une après l’autre pour défendre le Vrai, le Bien et le Beau  ? Armés de la Vérité et de la Charité, tenons donc tête aux modernistes. C’est eux les coupables, pas nous ! Que les laïcs n’hésitent pas à assister aux messes qui au lieu de choquer nourrissent leur foi. Dieu, finira par nous rendre de vrais pasteurs et les faux pasteurs iront s’éteignant. Que les laïcs entourent les bons prêtres  ; qu’ils fassent revivre la charité, évitent les divisions et les rébellions  ; qu’ils donnent aux prêtres des conseils empreints de respect, remettant en question non pas l’autorité de l’Église mais son mauvais usage. Dieu ne manquera pas de récompenser notre fidélité et de restaurer son Église, en suscitant des vocations dans les familles qui auront su garder la Foi. Tous les problèmes graves sont des problèmes humains. Tous les problèmes humains ont une solution catholique.

Et quel est donc ce point particulier que nous voulions souligner ? Remarquez comment Mgr Viganò mesure et juge de tout à l’aune de la Vérité et de la Foi.

Kyrie Eleison.

Madiran; les Eveques

Madiran; les Eveques on octobre 31, 2020

Dans le Prologue de son livre L’hérésie du XXe siècle, Jean Madiran affirme sans détours que les évêques catholiques, en poste au moment du Concile Vatican II (1962–1965) et ceux qui leur ont succédé immédiatement après, sont les grands responsables du changement de religion dans l’Eglise. Il charge particulièrement les évêques qu’il connaît le mieux, à savoir les évêques français. Dans son premier chapitre, il montre, à la lumière de la grande encyclique de Saint Pie X  : Pascendi (1907), comment l’esprit de ces évêques était inapte à saisir la réalité et, en premier lieu, la doctrine catholique. Cela venait du subjectivisme ambiant, diffusé par la philosophie kantienne, régnant désormais en maître dans les Facultés de philosophie de pratiquement toutes les “universités”. Dans le chapitre II, Madiran consacre au cas des évêques français eux-mêmes, six sections assez librement reliées entre elles.

Il dit tout d’abord, que pour suivre ces évêques, il faudrait jeter aux orties un véritable trésor catholique, tel que Saint Pie X, le chant grégorien, le thomisme, le droit canonique, la Vierge Marie, le patriotisme, notre héritage gréco-latin, la piété mariale, voire, et ce n’est pas le moins important, la dévotion des petites vieilles femmes en prière. « Pour notre part, dit-il, nous refusons de mépriser l’un ou l’autre de ces traits familiers de la famille catholique. Derrière tous ces traits, il y a l’amour du Christ, tandis que derrière tous les discours parlant de “recyclage”, de “rénovations” et de “renouveau”, on trouve la haine ». Car, derrière toutes les réalisations de la “civilisation occidentale”, il y a le Christ, et non l’Inde, ni l’Afrique, ni la Chine.

En second lieu, la Nouvelle Église a proclamé son apostasie au monde entier : la politique des nouveaux évêques n’est plus de convertir qui que ce soit. Pourtant, les fondements de la vie et de la mort restent exactement les mêmes. Que l’Église nous enseigne comment vivre et mourir  ! Nous ne sommes tous que trop obsédés par le monde. Que les prêtres nous apprennent comment aller au ciel !

Troisièmement, ces évêques disent que “la mutation de civilisation” appelle “une conception plus évangélique du salut”, entraînant “une nouvelle formulation.” Mais celle-ci consiste pas seulement dans dans de nouveaux mots, comme ils le prétendent, mais aussi dans un nouveau contenu des mots, c’est-à-dire dans une nouvelle religion. Vos Excellences, notre réponse est “NON !” De plus, en tant que catholique baptisé, je suis en droit d’exiger de vous la vraie Foi, car votre “nouvelle formulation” à la recherche d’une nouvelle “conception du salut” n’est pas simplement maladroite, mais forcément hérétique, conduisant à une nouvelle religion en contradiction avec la vraie Foi.

Quatrièmement, jusqu’en 1966, ces évêques n’avaient pas encore déserté la Foi catholique, alors que maintenant, ils prétendent que leur doctrine exprime enfin le christianisme authentique. En fait, leur “mentalité postconciliaire” est en rupture avec la vraie Foi. La vérité est que nous sommes en plein milieu d’une guerre sévissant entre deux religions différentes. Et tous les évêques, activement ou passivement, soutiennent la nouvelle religion. Il devrait y avoir des évêques catholiques pour prendre la parole, car les âmes périssent ! Mgr Lefebvre, vous m’entendez  ? Nous n’avons nul besoin d’évêques qui nous exhortent à être modernes. Nous sommes tous déjà trop modernes. Depuis quand la technologie moderne et la philosophie moderne devraient-elles être la règle des évêques catholiques  ? Nous connaissons les modernes, et nous les méprisons. Vous ne les connaissez pas et vous les aimez. Marx, Nietzsche, Freud sont des bonimenteurs. Réveillez-vous !

Cinquièmement, la Nouvelle Église est en train de ruiner tout ce qu’il y a d’apprentissage, d’enseignement et d’éducation. En voulant ne donner aux jeunes que ce qui est moderne – ce qu’ils ont déjà – vous ne leur donnez rien, tout en leur faisant croire qu’ils savent tout. Ainsi abandonnés, ils deviendront les barbares de demain, de sorte que vous trahissez non seulement la Foi mais aussi toute la civilisation. Revenez à la Tradition ! Seigneur  ! Donnez-nous de vrais évêques catholiques !

Sixièmement, l’autorité des évêques n’a d’autre fondement que la vérité, la légitimité et le droit. Si ces évêques recyclés avaient raison, l’Église de la Tradition n’existerait plus. Or, la Vérité étant leur premier devoir, lorsqu’ils veulent changer la Foi, ils n’ont aucune autorité pour ce faire. Et s’ils le font, ils n’ont aucun crédit pour prétendre à être obéis. Mais nous ne les laisserons pas en paix. Nous attendons d’eux la certitude, la pureté et la sainteté de la Foi catholique immuable.

(Dans la section 4 ci-dessus, Monseigneur Lefebvre n’est pas mentionné nommément, mais il était présent à l’esprit de Madiran (c’est Madiran qui nous le dit). Deux ans plus tard, Monseigneur fondait la Fraternité St Pie X. La suite fait partie de l’histoire).

Kyrie eleison.

Madiran Prologue

Madiran Prologue on octobre 3, 2020

Dans l’Avant-propos de son livre sur “L’hérésie du XXe siècle”, Jean Madiran commence par affirmer sans ambages qu’elle est imputable aux évêques catholiques (p.17 dans la réédition de 2018 du livre par via.romana@yahoo.fr). Sachant qu’il sera accusé, en tant que simple laïc, de parler à tort et à travers, il défie l’adversaire en affirmant (28) qu’il n’a nul besoin, de par sa qualité de catholique baptisé, ni de demander ni de recevoir un quelconque mandat pour défendre la Foi, alors que les bergers (i.e. les évêques) se sont transformés en loups ou en hérétiques, détruisant la Foi.

Il annonce la thèse de tout son livre en faisant (26) une distinction fondamentale  : l’hérésie, au sens strict du terme, signifie la négation délibérée de ce que l’on sait être une proposition définie de la Foi. Mais au sens large, elle signifie l’acceptation de toute une mentalité radicalement étrangère à la Foi. L’hérésie qu’il va attaquer doit s’entendre dans ce sens large, allant bien au-delà de la contradiction de n’importe quelle proposition particulière de la Foi. “L’hérésie du XXe siècle” se situe plutôt ici, “dans la nuit, dans le vide, dans le néant”.

Mais qu’est-ce qui a bien pu vider ainsi les évêques français de leur substance ? Madiran écrit (20) qu’au cours de 100 ans, donc à partir du milieu du XIXe siècle, ils se sont coupés de Rome, de la Rome véritablement catholique de Pie IX et du Syllabus. La raison en est que toute leur mentalité (21) se tenait éloignée de Rome. Certes, ils conservaient la discipline catholique, mais sans conviction  ; ils pratiquaient l’obéissance catholique mais sans en comprendre la raison. En quelques mots, Madiran atteint ici l’essence de l’Église préconciliaire : exposée à l’influence du monde moderne, elle subissait une perte progressive de la foi catholique. Comme résultat, elle conservait les apparences de l’Église, faisant croire qu’elle était toujours là, alors que derrière ces apparences, la substance en avait déjà disparu. Les papes anti-libéraux avaient expliqué comment la véritable Église devait résister à ce nouveau monde révolutionnaire, en particulier les papes Pie IX, Léon XIII et Pie X dans leur enseignement social. Mais de la doctrine sociale de leurs Encycliques, Madiran (23) dit que les évêques des années ‘50 ne savaient pratiquement rien.

Plus grave encore  : pour Madiran, qui laisse ici entrevoir toute la partie VI de son ouvrage, l’hérésie des évêques du 20e siècle vient de leur infidélité invétérée, prête à nier jusqu’à l’existence même du droit naturel (24). Subjugués par le monde moderne, infectés par son libéralisme, ils dérivaient mentalement, et depuis longtemps, de la position romaine, en rejetant sa doctrine sociale. Donc même si, dans les années ‘50, ils reprenaient encore certaines formules de l’ancien catéchisme, leur cœur ne comprenait plus le sens du droit naturel, si bien que, dans les années qui suivirent immédiatement le Concile, ils étaient prêts à mettre la main sur le dogme et le catéchisme qu’ils avaient laissés jusqu’alors extérieurement intacts. Ainsi, leur désaccord avec Rome sur la doctrine sociale avant le Concile contenait implicitement en germe ce déracinement total de la religion chrétienne dont toute l’Église a souffert à la suite du Concile (25).

Car s’il n’y a pas de Droit naturel ni d’Ordre rationnel voulu par Dieu dans toute la Création qui nous entoure, alors toute la raison et toute la foi font naufrage  ; et si les formules de l’Évangile et les définitions dogmatiques peuvent encore, pour un certain temps, être récitées et répétées avec précision, leur substance a été dissoute, et le sens religieux en a été radicalement subverti. Les évêques sans droit naturel n’ont plus accès ni à l’Évangile ni aux définitions dogmatiques. Ils ne peuvent plus rien conserver ni transmettre (26). Ils sont mûrs pour basculer à gauche, vers cette religion ersatz de la modernité qu’est le Communisme (26).

En guise de conclusion de son Prologue, Madiran fait appel à un compatriote qui avait prévu cette décadence du clergé avant même la Première Guerre mondiale. Charles Péguy (1873–1914) écrivit en 1909 que le clergé (30) détruisait avec succès le christianisme en voulant le faire progresser avec son temps. Le clergé perdait la foi (32), en acceptant sa disparition comme s’il s’agissait d’un processus naturel.

Kyrie eleison.

Mgr. Lefebvre Transfere

Mgr. Lefebvre Transfere on septembre 26, 2020

Il y a deux jours, donc le 24 septembre, la dépouille mortelle de Mgr. Lefebvre a été transférée du caveau proche du Séminaire d’Écône où elle gisait provisoirement depuis sa mort en 1991, à un sarcophage en marbre dans la crypte en dessous de la chapelle du Séminaire, préparé spécialement pour son repos permanent. Toute splendeur convient au lieu de sépulture du plus grand homme de Dieu, du plus grand héros de la Foi des temps modernes, de l’Archevêque qui pratiquement seul a sauvé la doctrine, les sacrements et le sacerdoce catholiques de leur corruption et élimination aux mains d’hommes modernes qui n’y croyaient plus, au moins tels que ceux-là étaient transmis par l’Église fidèle depuis presque deux mille ans.

Et on peut dire qu’après sa mort ses successeurs ont prolongé son oeuvre plus ou moins fidèlement pendant 20 ans encore, mais en 2012 un changement a eu lieu das sa Fraternité de St Pie X qui a obligé bon nombre d’âmes de parler plutôt de la Néo-fraternité, tout comme les changements dans l’Église universelle suivant Vatican II (1962–1965) ont obligé beaucoup de catholiques de parler de la Néo-église, tant les changements étaient radicaux. Hélas, la cérémonie de transfert des restes de Mgr.Lefebvre a réflété ce même transfert de son oeuvre de Fraternité en Néo-fraternité, parce qu’elle a été célébrée non pas par le Supérieur Général actuel, l’abbé David Pagliarani, mais par son prédécesseur, celui qui a été principalement responsible de la transformation de la Fraternité en Néo-fraternité. Ce choix du prédécesseur de l’abbé Pagliarani pour célébrer un événement aussi exceptionnel en l’honneur du Fondateur de la Fraternité ne fut ni un accident, ni de bon augure. Il nous rappelle les paroles de Notre Seigneur (Mt. XXIII) –

29 Malheur à vous, Scribes et Phariséens, hypocrites, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, et ornez les monuments des justes, 30 et qui dites : si nous avions vécu aux jours de nos pères, nous ne nous fussions pas joints à eux pour verser le sang des prophètes.

Peut-être bien que l’hypocrisie aujourd’hui universelle de tout un monde qui méprise Notre Seigneur s’est tellement approfondie que beaucoup de ceux qui ont assisté à la cérémonie d’il y a deux jours n’étaient ni conscients de l’hypocrisie, Dieu le sait, ni si sévèrement à condamner que ces Phariséens dont Notre Seigneur savait qu’ils tramaient sa mort. En effet, beaucoup de catholiques qui avaient suivi fidèlement Mgr. Lefebvre dans sa “désobéissance” envers l’Église officielle, ont été habillement reconduits par ses successeurs vers ces mêmes officiels du Concile avec leur religion de l’homme. Néanmoins, vu objectivement, le parallèle est clair –

* Les Phariséens ont bâti des monuments pour honorer les prophètes qu’ils auraient eux aussi tués. La Néo-fraternité honore son Fondateur d’un sarcophage alors qu’elle fait les doux yeux aux Pachamamistes à Rome dont il avait déjà en son temps les agissements en horreur.

* Aux Phariséens Notre Seigneur a promis d’envoyer des messagers pour dénoncer leur infidélité, mais ceux-ci ils les ont tués de même.

A la Néo-église comme à la Néo-fraternité Il envoie un Mgr. Viganò pour leur rappeler leur infidélité. Quant à la Néo-église, elle l’oblige à se cacher pour ne pas être tué. Quant à la Néo-fraternité, elle fait de son mieux pour ne faire aucun cas de lui. Elle est passablement gênée par ses vérités de la Tradition.

* Les Phariséens ont été gravement avertis par Notre Seigneur des conséquences graves de leur infidélité, et en effet en l’année 70 Jérusalem a été détruit de fond en comble.

Quant à la Néo-fraternité, elle a pour le moment mis dans une impasse radicale l’oeuvre de Mgr. Lefebvre, parce que celle-ci a grand besoin de nouveaux évêques pour maintenir le réseau mondial de la Foi qu’il avait construit. mais elle ne peut pas en avoir, ayant refusé de s’en donner sans le consentement des Pachamammistes. Car jamais ceux-ci ne consentiront le sacre de vrais évêques qui défendront la Foi telle que la Fraternité de Mgr Lefebvre la défendait. Cette Foi-là, ils font tout pour la dissoudre.

Bref, la Néo-fraternité a permis que celui-là célébrât la mise en tombeau de Mgr Lefebvre qui a fait plus que personne d’autre pour enterrer son oeuvre. Les prêtres de Mgr. Lefebvre se rendent-ils compte que d’une oeuvre de héros ils sont en train de faire un parc pour enfants Néo-phariséens ?

Kyrie eleison.

On Manque d’hommes !

On Manque d’hommes ! on mai 23, 2020

Lorsque les Autorités de l’Église catholique abandonnent la Vérité, comme elles le font depuis Vatican II, il est beaucoup plus facile de dire qu’on suit une prétendue ligne de crête entre « hérésie à gauche et schisme à droite » que d’accomplir réellement ce tour d’équilibriste. C’est pourquoi la remarque inhabituellement tranchante de Mgr Lefebvre citée dans les deux derniers numéros de ces « Commentaires » « Coupez les ponts ! » suscite, à bon droit, l’intérêt.

Un laïc a même mis en doute l’authenticité de la remarque : Notre doux Archevêque aurait-il vraiment pu dire cela ? Oh oui, il l’a dit. L’original des propos tenus est même un peu plus abrupt que la citation que nous en avons faite, mais en substance, c’est la même chose – « Avec ça, il ne reste plus qu’à tirer l’échelle. Il n’y a rien à faire avec ces gens-là (les Romains conciliaires). Qu’avons-nous de commun avec eux ? Rien ! Ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible » (6 sept. 1990). Cf. la référence de la bande audio de 1990 : Audio – Retrec – PASCALE90 ou SACERDOTALE90. (Toutefois, celui qui souhaiterait vérifier par lui-même la citation devra se méfier des séries « révisées » des enregistrements de Mgr Lefebvre, car tous les propos qu’il a tenus s’opposant trop vigoureusement à la Rome conciliaire, tels ceux que nous venons de citer, peuvent très bien avoir été coupés par les « éditeurs » de la Néo-Fraternité qui favorise Rome).

Un autre lecteur ayant réagi à la citation est un prêtre du Novus Ordo, maintenant fermement établi dans un prieuré de la Néo-fraternité en Suisse (sans avoir été réordonné sous condition, pour autant qu’on sache). Il pense que « les choses semblent avoir vraiment pris un tour différent aujourd’hui » du fait que la génération actuelle d’ecclésiastiques à Rome est bien différente de celle des années 1980, devant laquelle l’Archevêque réagissait. Car aujourd’hui, les meilleurs d’entre eux veulent une véritable restauration de l’Église. Il en conclut qu’adopter de nos jours l’attitude qu’avait alors Mgr Lefebvre, ne laisse que deux solutions : soit la « Résistance », soit le sédévacantisme.

Mais, Monsieur l’abbé, bien que les dirigeants actuels de l’Église soient différents des prêtres parjures du temps de l’Archevêque, lesquels ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour détruire la véritable Église, ont-ils pour autant compris (ou lu) Pascendi ? Et à quoi servent des autorités ecclésiastiques, aussi aimables et bienveillantes soient-elles vis-à-vis de la Foi, de l’Eglise, de la FSSPX ou même de la « Résistance », si elles n’ont pas compris que le problème actuel est de n’avoir devant soi que des hommes dotés d’esprits « élastiques » sans consistance qui ne peuvent même pas concevoir que la vérité condamne l’erreur ou que le dogme condamne l’hérésie ? En fait, un esprit élastique favorable à la Tradition n’est guère plus utile à l’Église qu’un esprit élastique condamnant la Tradition. Par ailleurs, il est inexact de dire que les choses sont « vraiment différentes » de l’époque de l’Archevêque. Aujourd’hui comme hier, on verrait qu’un prêtre a vraiment compris le problème s’il disait qu’il voudrait descendre à Rome avec une mitraillette (au moins au sens figuré !) pour envoyer à Dieu (comme le dirait Poutine) tous ces Conciliaires si doucereux. Bref, la « Résistance » doit absolument rester en travers de la route pour témoigner ; sinon on arracherait à la route les pierres elles-mêmes pour qu’elles crient la Vérité à la place des bergers frappés de mutisme avec leurs chiens muets (cf. Lc XIX, 40). La « Résistance » ne doit pas, ne peut pas, céder !

Enfin, un bon prêtre cherche à nous consoler en nous annonçant, qu’il tient d’un prieur de la Fraternité, que le Supérieur Général de la Fraternité a expliqué, lors d’une réunion en février dernier de tous les prieurs de la Fraternité en France, que les discussions entre la FSSPX et Rome restaient en suspense parce que la FSSPX insiste toujours sur la doctrine d’abord – bien joué, Monsieur le Supérieur – alors que Rome persiste à vouloir d’abord un accord pratique. Mais qu’importe tout cela à Rome ? Ne lui suffit-il pas d’attendre que le fruit mûr tombe de lui-même ? On dit que Mgr Tissier se porte si mal aujourd’hui qu’on médicalise une chambre à Ecône pour qu’il puisse y être hospitalisé. Il ne resterait donc plus que deux évêques à la FSSPX pour pourvoir à ses besoins dans le monde entier. Il est donc clair que le Supérieur Général a deux solutions : ou bien se soumettre aux conditions de Rome pour procéder à la consécration d’autres évêques, poursuivant ainsi la désastreuse conciliation de son prédécesseur avec les dirigeants de l’Église actuelle (qui, aussi bienveillants soient-ils, ont perdu la Foi, comme l’a dit Mgr Lefebvre) ; ou bien de faire consacrer d’autres évêques sans la permission du Pape, comme l’a fait Mgr Lefebvre. Mais la Néo-fraternité serait-elle prête à suivre la ligne héroïque de Mgr Lefebvre, qui consiste à défier les traîtres (au moins objectifs) de Rome ? Il est permis d’en douter.

Kyrie eleison.