Mgr Marcel Lefebvre

On Manque d’hommes !

On Manque d’hommes ! on mai 23, 2020

Lorsque les Autorités de l’Église catholique abandonnent la Vérité, comme elles le font depuis Vatican II, il est beaucoup plus facile de dire qu’on suit une prétendue ligne de crête entre « hérésie à gauche et schisme à droite » que d’accomplir réellement ce tour d’équilibriste. C’est pourquoi la remarque inhabituellement tranchante de Mgr Lefebvre citée dans les deux derniers numéros de ces « Commentaires » « Coupez les ponts ! » suscite, à bon droit, l’intérêt.

Un laïc a même mis en doute l’authenticité de la remarque : Notre doux Archevêque aurait-il vraiment pu dire cela ? Oh oui, il l’a dit. L’original des propos tenus est même un peu plus abrupt que la citation que nous en avons faite, mais en substance, c’est la même chose – « Avec ça, il ne reste plus qu’à tirer l’échelle. Il n’y a rien à faire avec ces gens-là (les Romains conciliaires). Qu’avons-nous de commun avec eux ? Rien ! Ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible » (6 sept. 1990). Cf. la référence de la bande audio de 1990 : Audio – Retrec – PASCALE90 ou SACERDOTALE90. (Toutefois, celui qui souhaiterait vérifier par lui-même la citation devra se méfier des séries « révisées » des enregistrements de Mgr Lefebvre, car tous les propos qu’il a tenus s’opposant trop vigoureusement à la Rome conciliaire, tels ceux que nous venons de citer, peuvent très bien avoir été coupés par les « éditeurs » de la Néo-Fraternité qui favorise Rome).

Un autre lecteur ayant réagi à la citation est un prêtre du Novus Ordo, maintenant fermement établi dans un prieuré de la Néo-fraternité en Suisse (sans avoir été réordonné sous condition, pour autant qu’on sache). Il pense que « les choses semblent avoir vraiment pris un tour différent aujourd’hui » du fait que la génération actuelle d’ecclésiastiques à Rome est bien différente de celle des années 1980, devant laquelle l’Archevêque réagissait. Car aujourd’hui, les meilleurs d’entre eux veulent une véritable restauration de l’Église. Il en conclut qu’adopter de nos jours l’attitude qu’avait alors Mgr Lefebvre, ne laisse que deux solutions : soit la « Résistance », soit le sédévacantisme.

Mais, Monsieur l’abbé, bien que les dirigeants actuels de l’Église soient différents des prêtres parjures du temps de l’Archevêque, lesquels ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour détruire la véritable Église, ont-ils pour autant compris (ou lu) Pascendi ? Et à quoi servent des autorités ecclésiastiques, aussi aimables et bienveillantes soient-elles vis-à-vis de la Foi, de l’Eglise, de la FSSPX ou même de la « Résistance », si elles n’ont pas compris que le problème actuel est de n’avoir devant soi que des hommes dotés d’esprits « élastiques » sans consistance qui ne peuvent même pas concevoir que la vérité condamne l’erreur ou que le dogme condamne l’hérésie ? En fait, un esprit élastique favorable à la Tradition n’est guère plus utile à l’Église qu’un esprit élastique condamnant la Tradition. Par ailleurs, il est inexact de dire que les choses sont « vraiment différentes » de l’époque de l’Archevêque. Aujourd’hui comme hier, on verrait qu’un prêtre a vraiment compris le problème s’il disait qu’il voudrait descendre à Rome avec une mitraillette (au moins au sens figuré !) pour envoyer à Dieu (comme le dirait Poutine) tous ces Conciliaires si doucereux. Bref, la « Résistance » doit absolument rester en travers de la route pour témoigner ; sinon on arracherait à la route les pierres elles-mêmes pour qu’elles crient la Vérité à la place des bergers frappés de mutisme avec leurs chiens muets (cf. Lc XIX, 40). La « Résistance » ne doit pas, ne peut pas, céder !

Enfin, un bon prêtre cherche à nous consoler en nous annonçant, qu’il tient d’un prieur de la Fraternité, que le Supérieur Général de la Fraternité a expliqué, lors d’une réunion en février dernier de tous les prieurs de la Fraternité en France, que les discussions entre la FSSPX et Rome restaient en suspense parce que la FSSPX insiste toujours sur la doctrine d’abord – bien joué, Monsieur le Supérieur – alors que Rome persiste à vouloir d’abord un accord pratique. Mais qu’importe tout cela à Rome ? Ne lui suffit-il pas d’attendre que le fruit mûr tombe de lui-même ? On dit que Mgr Tissier se porte si mal aujourd’hui qu’on médicalise une chambre à Ecône pour qu’il puisse y être hospitalisé. Il ne resterait donc plus que deux évêques à la FSSPX pour pourvoir à ses besoins dans le monde entier. Il est donc clair que le Supérieur Général a deux solutions : ou bien se soumettre aux conditions de Rome pour procéder à la consécration d’autres évêques, poursuivant ainsi la désastreuse conciliation de son prédécesseur avec les dirigeants de l’Église actuelle (qui, aussi bienveillants soient-ils, ont perdu la Foi, comme l’a dit Mgr Lefebvre) ; ou bien de faire consacrer d’autres évêques sans la permission du Pape, comme l’a fait Mgr Lefebvre. Mais la Néo-fraternité serait-elle prête à suivre la ligne héroïque de Mgr Lefebvre, qui consiste à défier les traîtres (au moins objectifs) de Rome ? Il est permis d’en douter.

Kyrie eleison.

La Malice Du Modernisme – I

La Malice Du Modernisme – I on mars 7, 2020

La Fraternité Saint Pie X n’a plus aujourd’hui le rôle exceptionnel de fer de lance qu’elle tenait dans la défense de la foi catholique à l’époque de Mgr Lefebvre (1905–1991). La raison en est que ses successeurs, maintenant à la tête de la Fraternité, n’ont jamais compris aussi bien que lui la profonde malice de l’erreur qui dévaste actuellement l’Église : le modernisme. De fait, le Fondateur de la FSSPX aurait dit vers la fin de ses jours que si seulement il avait lu plus tôt l’Histoire du catholicisme libéral en France de 1870 à 1914 de l’abbé Emmanuel Barbier (1851–1925), il aurait donné une orientation autrement plus anti-moderne aux études des séminaristes. Si cette remarque est authentique, elle laisse entendre que l’archevêque lui-même avait été dépassé par la malice du modernisme. De même, en Italie, le vaillant fondateur de la revue Si, Si, No, No, Don Francesco Putti (1909–1984), aurait dit à notre archevêque, dont il était l’ami : « La moitié de vos séminaristes sont des modernistes ».

En effet, sous-estimer la malice de la modernité est facile, car elle s’accumule en Occident depuis des siècles et les Occidentaux en sont imprégnés depuis le berceau jusqu’à la tombe. De cette modernité est né le modernisme dans l’Église, précisément pour qu’elle s’y adapte, et cette même modernité, dans les années soixante, a servi de toile de fond à tous les Pères du Concile puis, à partir des années quatre-vingt, aux successeurs de Mgr Lefebvre dans la Fraternité. En fait, ce n’est que par une grâce spéciale de Dieu que notre archevêque a pu voir le problème aussi clairement qu’il l’a fait. Montrons comment cette incapacité à comprendre le modernisme sous-tend la plupart des erreurs commises par les successeurs de Mgr Lefebvre –

I.) « 95% des textes de Vatican II sont acceptables ». Mgr Lefebvre déclarait au contraire, que le problème de Vatican II ne résidait moins dans les grandes erreurs de la liberté religieuse, de la collégialité et de l’œcuménisme que dans le subjectivisme imprégnant tous ses textes, si bien que la vérité objective, Dieu et la foi catholique finissent par se dissoudre dans le néant. Le subjectivisme coïncide avec cette révolution copernicienne opérée en philosophie par Emmanuel Kant (1724–1804) et dénoncée par Pie X dans Pascendi (1907). Au lieu d’enseigner que l’objet s’impose au sujet qui tourne autour de lui, cette philosophie prétend que l’objet dépend du sujet qui le fait tourner autour de sa personne. Et c’est autour de cette folie que tourne maintenant le monde entier.

2.) « Sans-doute le Concile était-il mauvais, mais aujourd’hui il perd de son emprise sur les prélats romains ». Ah bon ? ? Et la Pachamama ? Depuis quand a-t-on vu une pareille idolâtrie publique dans les jardins du Vatican et même dans les églises de Rome ?

3.) « Pourquoi la Fraternité attendrait-elle que Rome se convertisse et quitte officiellement le modernisme ? Car, si Rome est prête à nous accepter ‹ tels que nous sommes ›, cela signifie qu’elle est dans la voie de la conversion ; donc nous devrions parvenir à un accord sans trop tarder ». En effet, il est parfaitement inutile d’attendre que les modernistes romains se convertissent, car ils sont libéraux. Or, pour convertir un libéral (selon le père Vallet) il faut bien un miracle. Le libéralisme se présente sous un jour tellement avantageux, tellement confortable, que pratiquement, il est humainement impossible d’en sortir sans l’intervention d’un miracle. Or ce miracle, pour le monde comme pour l’Église, ce sera la Consécration de la Russie, et non une Fraternité à la traîne des libéraux. Au demeurant, si les libéraux romains acceptent « en l’état » la FSSPX autrefois récalcitrante, c’est uniquement parce qu’elle n’est plus anti-libérale comme autrefois ; c’est parce que le sel de la Fraternité a perdu sa saveur (cf. Mt. V, 13).

4 .) « Nous devons faire preuve de patience et user de tact pour comprendre le mode de penser des Romains, afin de ne pas les offenser ». Pour comprendre comment pensent ces modernistes de Rome, il faut à la fois beaucoup d’humilité et de réalisme, et des cours fracassants sur Pascendi afin d’être sûr de bien comprendre en quoi consiste le modernisme, ce virus insidieux et extrêmement contagieux. Ce dont ils auraient le plus besoin, s’ils pouvaient en supporter le choc, ce serait d’être offensés et blessés jusqu’à ce qu’ils se rendent compte de leur modernisme et qu’ils l’abjurent ; il faudrait qu’ils admettent ce qu’écrivait le père Calmel : « Un moderniste est un hérétique doublé d’un traître ».

5.) « Aucun accord en bonne et due forme n’a été signé entre Rome et la Fraternité, donc aucun mal n’a été fait ». Une série d’accords partiels, par exemple sur les confessions ou sur les mariages, a causé un tort immense, car un grand nombre de prêtres et de laïcs de la Fraternité comprennent de moins en moins ce que voulait dire leur Fondateur lorsqu’il écrivait dans son dernier livre que tout prêtre souhaitant garder la Foi devait se tenir à l’écart des Romains. Ils sont peut-être « gentils » ; ils peuvent être remplis de « bonnes intentions » . . . mais, objectivement, ce sont eux les assassins de notre Mère l’Eglise.

Kyrie eleison.

L’autorité de Mgr Lefebvre – I

L’autorité de Mgr Lefebvre – I on février 15, 2020

Pour illustrer le rapport entre la Vérité catholique et l’Autorité catholique, référons-nous à l’Athanase des temps modernes, à cet exemple concret que Dieu nous a donné pour nous frayer la voie à travers cette crise pré-apocalyptique : nous voulons parler de Monseigneur Marcel Lefebvre (1905–1991). Au Concile Vatican II, la plupart des dirigeants de l’Église étaient convaincus qu’il y avait quelque chose à changer dans l’expression de la Foi. C’est pourquoi, quelques années plus tard, ils décidèrent, en faisant appel à l’obéissance, de modifier le rite séculaire de la Messe. Mais par la force de sa Foi, l’Archevêque résista, fidèle à la Vérité immuable de l’Église, et manifesta ainsi que la Foi constitue dans l’Eglise le cœur et l’âme de son Autorité divine. Comme le dit un proverbe espagnol, « L’obéissance n’est pas la servante de l’obéissance ».

Certes, Mgr Lefebvre croyait que l’Église avait autorité pour commander à ses membres, à quelque échelon qu’ils soient, lorsqu’il s’agissait du salut de leur âme. Pour cette raison, dans les premières années de l’existence de la Fraternité Saint Pie X (1970–1974), il s’efforça d’observer le droit canon et d’obéir au pape Paul VI autant qu’il le pouvait. Mais lorsque des envoyés de Rome, venus inspecter son séminaire à Écône, tinrent devant les séminaristes des propos contraires à la vérité catholique, il rédigea la célèbre Déclaration de novembre 1974, où il protesta de toutes ses forces contre l’abandon de la Foi catholique par Rome au profit de la nouvelle religion conciliaire. Et, durant l’été 1976, lors de la messe de Lille, cette Déclaration devint comme la Charte du mouvement de la Tradition.

Pourtant, Mgr Lefebvre s’est toujours défendu d’être le chef de file de la Tradition. Pourquoi donc ? Parce que la Tradition catholique était alors (et est toujours) un mouvement officieux, sans aucune structure officielle. Il est vrai que Mgr Lefebvre n’était pas non plus le seul chef parmi les Traditionalistes, et il y en avait qui n’étaient pas d’accord avec lui, et d’autres qui ne lui rendaient pas hommage. Mais il n’empêche qu’un grand nombre de catholiques ont vu en lui leur chef ; ils lui ont fait confiance et ont suivi son exemple. Pourquoi ? Parce qu’ils voyaient en lui la persévérance dans cette Foi catholique qui seule peut sauver les âmes. En d’autres termes, l’archevêque n’avait peut-être officiellement aucune autorité sur eux, car la juridiction est l’apanage des hommes d’Église dûment élus ou nommés mais, il s’est acquis jusqu’à sa mort une autorité morale considérable par sa fidélité à la vraie Foi. En d’autres termes, son attachement à la vérité lui avait donné une autorité, officieuse mais réelle ; alors que l’autorité des autres prélats, par manque de vérité, ne cesse de s’affaiblir. La dépendance de l’autorité, du moins de l’autorité catholique, à l’égard de la vérité, s’est ainsi manifestée aussi clairement que possible.

Cependant, les choses ont été quelque peu différentes pour la Fraternité Saint Pie X, fondée par l’archevêque en 1970. La FSSPX reçut, en effet, de l’Église officielle, une certaine juridiction de Mgr Charrière, évêque du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg, juridiction que le fondateur d’Ecône chérissait, car elle prouvait qu’il n’inventait pas les choses à son gré au fil du temps, mais qu’il faisait une oeuvre d’Église. Il a donc fait de son mieux pour gouverner la FSSPX comme s’il avait été le supérieur normal d’une congrégation catholique normale placée sous l’autorité de Rome. Et la défense de la vraie Foi ne lui donnait-elle pas le droit d’agir ainsi ? Mais les autorités romaines officielles utilisèrent tout leur pouvoir juridique pour ruiner son crédit, lui aliénant ainsi une foule de catholiques qui autrement l’auraient suivi.

De plus la néo-Eglise, dont la subversion s’étendait tout autour de lui, avait pour effet d’affaiblir sérieusement l’autorité de l’Archevêque jusqu’à l’intérieur même de la Fraternité. Prenons un exemple. Si avant le Concile un prêtre mécontent de son évêque diocésain sollicitait l’autorisation de rejoindre un autre diocèse, le second évêque consultait naturellement le premier au sujet du demandeur ; et si le premier conseillait au second de ne rien avoir à faire avec le demandeur, sa demande était immédiatement rejetée. Au contraire, si un prêtre insatisfait de la Fraternité demandait à rejoindre un diocèse de la Néo-église, l’évêque sollicité était prêt à « le recueillir dans le bercail officiel » puisqu’il fuyait volontairement le « schisme Lefebvriste ». L’archevêque n’était donc pas soutenu par ses frères évêques, si bien qu’il ne pouvait pas imposer de discipline à ses prêtres au sein de la Fraternité comme il aurait dû pouvoir le faire. L’exercice de l’autorité était une affaire délicate, dans la mesure où il ne disposait donc d’aucune sanction qui lui permît de contrôler les prêtres rebelles. C’est ainsi que le manque de vérité de la Néo-église privait la Fraternité de l’autorité catholique qui lui était pourtant due pour défendre la vérité.

Par conséquent, pour compenser le manque d’unité dans la Vérité venant de la hiérarchie, les prêtres Traditionnels doivent aujourd’hui faire preuve d’une tolérance supérieure à la normale les uns envers les autres, et les catholiques Traditionnels doivent prier plus que jamais pour que leurs prêtres acquièrent cette tolérance. Cela n’a rien d’impossible.

Kyrie eleison.

Le Professeur Drexel – III

Le Professeur Drexel – III on janvier 18, 2020

Dans ce troisième et dernier extrait tiré de l’admirable ouvrage du professeur Drexel intitulé «  La foi est plus grande que l’obéissance », publié dans les années 1970 en Autriche, nous allons montrer dans ces Commentaires en quoi nous sommes fondés de croire que ces messages viennent de Notre Seigneur. Car en soi, leurs propos sont pleinement orthodoxes et, dans la confusion ecclésiale consécutive à Vatican II (1962–1965), nous avons là le verdict catégorique mettant en évidence la dérive de l’Église officielle, dérive ininterrompue depuis. Pour le clergé catholique, le message constitue un avertissement particulièrement clair : si vous persistez dans cette nouvelle direction, venant des hommes, et par laquelle vous abandonnez la vraie religion de Dieu, vous risquez de subir une mort effrayante, vous condamnant à l’enfer. Pour les laïcs catholiques, le livre est un encouragement tout aussi clair : si avec foi et courage, vous restez fidèles à la véritable Église, votre récompense sera grande dans le Ciel. En 2020, pour le clergé comme pour les laïcs, le message reste tout à fait d’actualité.

MAI 1974.

Ne vous laissez pas abattre par le désordre des idées et les hérésies proférées par les prêtres prévaricateurs et apostats. Leur corps et leur jouissance sensuelle leur importent plus que l’amour de Mon Église et des âmes immortelles. Que tous les vrais croyants sachent que les ennemis intérieurs et extérieurs de l’Église périront – pour l’éternité – à moins qu’ils ne se repentent sincèrement pour revenir à la seule et unique doctrine de l’Église.

Je vous le dis : D’autres prêtres se lèveront. Ils sont déjà en formation, cachés dans le silence, réservés pour un avenir proche. Dans un esprit apostolique, suivant la trace des saints, pour défendre cet ordre divin et cette unité de mon Église catholique que je désire, ils s’avanceront, avec un saint respect pour célébrer le mystère et le miracle de la Sainte Eucharistie. (C’est sûrement une prophétie concernant les jeunes prêtres de la Tradition qui commenceraient à sortir d’Écône en petit nombre mais de façon significative, en 1976).

JUILLET 1975.

Mon Église vit au milieu de l’apostasie et de la destruction. Mais elle vit dans des âmes nombreuses, fidèles et loyales. Il y a toujours eu, dans l’histoire de mon Église, des moments de déclin, de désertion et de dévastation, car il y a toujours eu de mauvais prêtres et des bergers négligents. Mais l’esprit de Dieu reste le plus fort ; et sur les ruines, au milieu du cimetière de l’infidélité et de la trahison, il ressuscite Son Église ; plus petite qu’auparavant, sans doute, mais elle fleurit à nouveau. Le travail de mon serviteur Marcel à Écône n’est pas près de disparaître ! (Le « Marcel » ici mentionné est bien sûr Mgr Lefebvre qui, en 1970, a fondé le Séminaire Traditionnel d’Écône).

MARS 1976.

Mon fils Marcel (Mgr Lefebvre) est fidèle et souffre beaucoup pour la foi ; mais il est sur la bonne voie. Il est comme une lumière, comme une colonne de vérité, alors que par ailleurs beaucoup de mes prêtres se montrent infidèles. La Foi est plus grande que l’obéissance. C’est pourquoi je souhaite que se poursuive le travail d’éducation théologique des prêtres dans l’esprit et selon la volonté de mon fils Marcel, afin d’apporter un secours salutaire à la véritable Église. (Quiconque a des oreilles pour entendre, comprendra ici une claire approbation du mouvement de la Tradition Catholique).

DÉCEMBRE 1976.

Ceux qui se préparent au sacerdoce et entrent dans les séminaires sous la direction des évêques diocésains, entrent sans avoir une foi entière et profonde dans la Transsubstantiation ; et beaucoup de candidats au sacerdoce flirtent avec l’idée de se marier un jour. C’est pourquoi, dans beaucoup d’endroits, le temps où les âmes manqueront de prêtres n’est pas très éloigné.

Pourtant, les prêtres qui voient dans le Saint Sacrifice de la Messe le plus vrai, le plus saint des sacrifices, et qui célèbrent avec une sainte révérence le mystère de Mon Corps et de Mon Sang, à l’exemple de mon digne serviteur Marcel, sont persécutés, méprisés et mis hors la loi.

Kyrie eleison.

Parlez Haut et Fort !

Parlez Haut et Fort ! on décembre 28, 2019

Si l’on compte, dans le passé, de grands esprits, c’est parce qu’ils pouvaient élever leur cœur à de grandes choses. Cela implique que leurs pensées, implicitement ou explicitement, traitaient de Dieu. Et s’ils étaient véritablement de grands esprits, leur pensée ne s’arrêtait pas simplement à dénoncer les choses. L’un de ces esprits d’exception fut certainement Shakespeare, écrivain anglais, qui, en tant que catholique, se battit contre l’apostasie de son pays, au moment même où, vers 1600, sa carrière atteignait son apogée. Mais l’adoption du protestantisme par l’Angleterre signifiait pour l’écrivain que, s’il ne voulait pas être pendu, éviscéré et écartelé, il devait déguiser son message catholique. C’est ce qu’a montré Clare Asquith dans son livre “ Shadowplay “(Théâtre d’ombres), paru en 2005. Elle y fait monter la littérature anglaise bien au-dessus des visées “patriotes” anglaises ou des nains de la critique littéraire.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, dans l’annexe du livre sur le Sonnet 152, elle montre que, du début à la fin du texte, même si l’on applique ces vers de façon évidente à une femme que Shakespeare a dû connaître, il se cache en fait une seconde signification s’appliquant à l’écrivain lui-même de manière beaucoup plus large. Car il n’a pas su avertir ses compatriotes comme il aurait dû le faire. Voici les 14 vers de ce sonnet avec la traduction du sens obvie à côté, suivis de leur sens caché :—

In loving thee thou know’st I am forsworn
But thou art twice forsworn to me love swearing,
In act thy bed-vow broke and new love torn,
In vowing new hate after new love bearing.
But why of two oaths’ breach do I accuse thee,
When I break twenty ? I am perjured most,
For all my vows are oaths but to misuse thee
And all my honest faith in thee is lost.
For I have sworn deep oaths of thy deep kindness,
Oaths of thy love, thy truth, thy constancy,
And to enlighten thee gave eyes to blindness,
Or made them swear against the thing they see.
    For I have sworn thee fair : more perjured eye
    To swear against the truth so foul a lie.

En t’aimant, tu le sais, je ne suis qu’un parjure ;
Mais toi, tu l’es deux fois en jurant que tu m’aimes ;
Car tu trahis ton mari, et le trahis de nouveau,
En vouant nouvelle haine après nouvel amour.
Mais pourquoi t’accuser – deux serments violés –
Si moi j’en viole vingt ? C’est moi le vrai parjure :
Car tous mes faux serments ne font que t’abuser,
Ma dite foi en toi n’étant plus du tout honnête.
J’ai juré que ton cœur était toute bonté
Ta profonde tendresse, et ton amour fidèle.
Et pour te glorifier l’invisible j’ai vu,
Ou juré ne pas voir ce que j’ai vraiment vu.
    J’ai témoigné cent fois de ta sincérité.
    Démence du mensonge, défiant la vérité !

Remarquons que le texte du sonnet prend davantage de sens selon sa signification cachée, qui fait référence à l’Angleterre infidèle, que selon la signification apparente concernant la maîtresse infidèle de Shakespeare. Ainsi, l’Angleterre des temps anciens est restée pendant 900 ans l’épouse fidèle de l’Église catholique. Mais, par l’Acte de Suprématie (« Tu trahis ») d’Henry VIII (1534), qui fondait l’Eglise anglicane, l’Angleterre rompit son mariage (“ton mari”) avec l’Église catholique en prenant comme amant le protestantisme. Puis, sous Marie Tudor (1553), elle s’est remariée avec l’Eglise catholique («  nouvel amour »), pour retomber dans l’adultère avec le protestantisme sous Elisabeth Ier (1558) (“En vouant nouvelle haine” à l’Eglise catholique). Mais Shakespeare (1564–1616) se blâme lui-même pour une infidélité plus grave encore, car, au cours de ces années il a glorifié l’Angleterre (“pour te glorifier”) à plusieurs reprises, sous les Tudors infidèles, par exemple dans ses Pièces Historiques. Il les a glorifiés au détriment de l’Angleterre («  aussi t’ai-je abusée ») car, au fond de son cœur catholique, il savait très bien que le protestantisme serait la ruine de la “Merrie Englande”. En effet !

Et qu’en est-il aujourd’hui ? L’histoire se répète : pendant plus de 1900 ans, les catholiques du monde sont restés fidèlement mariés à la véritable Église, mais depuis Vatican II (1962–1965), la masse des fidèles a suivi les mauvais dirigeants d’alors, commettant un adultère plus ou moins prononcé avec le monde moderne (“tu trahis le lit”). Puis Mgr Lefebvre (1905–1991) en a ramené beaucoup à la véritable Église catholique (“nouveau serment”, “nouvel amour”, ou renouvellement de l’ancienne foi et de l’ancien amour), pour voir ses successeurs, maintenant à la tête de la Fraternité Saint Pie X (fondée par lui en 1970) retomber dans le désir adultère de réunion avec la Rome conciliaire, qui se fonde sur la “haine nouvelle “ de la vérité préconciliaire.

Conclusion ? Ceux qui parmi nous sont comme Shakespeare ou comme tous les catholiques, nous devons déclarer haut et fort que la Rome de Pachamama n’est rien d’autre qu’une abomination, à fuir absolument.

Kyrie eleison.

Ou Sont Les Maccabées ?

Ou Sont Les Maccabées ? on janvier 26, 2019

Que peut bien signifier, pour la grande masse des habitants du monde, le ralliement qu’opère la Fraternité Saint Pie X avec Rome ? Et que peut signifier cette politique même pour la plupart des catholiques ? Sans doute : peu de chose. Sans doute en était-il de même lorsque les passagers du Titanic ont vu une équipe de mécaniciens descendre dans les soutes du navire pour examiner ce qui se passait. Ils n’y ont peut-être pas prêté beaucoup d’attention. Mais dès qu’ils apprirent que leur grand paquebot était condamné, leur intérêt s’accrut considérablement. Il y a plus de 50 ans, l’Église catholique a heurté frontalement l’iceberg de Vatican II. Un grand ingénieur de l’Église, Mr Lefebvre, avertit le commandant de l’Église de ce qui se passait et du résultat qu’il fallait en attendre. En outre, il a indiqué le moyen d’empêcher l’Église de couler. Mais hélas, Mgr Lefebvre n’a été écouté ni par les commandants de l’époque ni par ceux d’aujourd’hui. Ses successeurs découragés préfèrent écouter les capitaines fourvoyés. Or, si la Fraternité ne montre plus la seule issue possible, ils sont bien à plaindre. Rappelons donc les étapes du processus de réconciliation parcouru depuis 2012 pour voir où nous en sommes.

Dans ce processus, l’étape décisive a été le Chapitre Général de la Fraternité tenu en 2012. Cette année-là, la Fraternité a renoncé au principe fondamental posé par son Fondateur : aucun accord purement pratique ne peut servir l’Église sans un accord doctrinal préalable entre la Fraternité et Rome. La raison en est qu’un catholique est catholique d’abord à raison de sa foi subjective qui soumet son esprit et sa volonté à la foi objective, à la foi de l’Église. L’erreur du subjectivisme, c’est de prétendre que la foi de l’Eglise est subjective, en sorte que chacun est libre de croire comme bon lui semble et par conséquent de se comporter comme bon lui chante. C’est comme si on acceptait de croire que 2 et 2 peuvent faire 4, ou 5 ou 6 ou 6,000,000. Cette infidélité, propre à Vatican II, la Fraternité l’a adoptée pour l’essentiel en 2012. Mais les responsables de Menzingen se sont empressés à rassurer leurs prêtres et leurs laïcs, en affirmant que rien d’essentiel n’avait changé dans la Fraternité. MAIS –

2013. Une série de réunions publiques commencent à Rome avec les autorités romaines, pour préparer un plan d’action, étape par étape, afin que la Fraternité arrive à être pleinement reconnue. Ce processus s’est déroulé comme prévu :—

2014. Des dignitaires romains visitent les séminaires de la FSSPX ; Rome concède à la Fraternité pour le temps du Jubilé une juridiction officielle pour les confessions.

2015. La “concession” sur les Confessions et l’Extrême-Onction devient permanente.

2016. les Ordinations sacerdotales de la SSPX ne sont plus sanctionnées par la suspension “a divinis”.

2017. Les Mariages célébrés dans la Fraternité sont rendus “licites” par la participation d’un prêtre de la Néo-église comme témoin.

2018. Le Chapitre Général de la FSSPX élit pour son Conseil Général trois hommes qui ne sont guère des lions de la Foi. Il crée en outre deux nouveaux postes de Conseillers Généraux qui permettent à deux lions de la réconciliation avec Rome de conserver leur pouvoir : Mgr Fellay et l’abbé Schmidberger.

2019. Rome vient d’effectuer la réabsorption de la Commission Ecclesia Dei (ED) au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF). Cette commission en avait été séparée en 1988 dans le but de garder dans le giron romain les catholiques tentés de suivre Mgr Lefebvre après les consécrations épiscopales de la Fraternité. En tant que tel, ED avait pour mission d’être relativement favorable envers les traditionalistes. Mais le pape François n’en veut guère de la Tradition. Par conséquent, puisque la Néo-fraternité est maintenant d’accord avec Rome qu’il n’y a plus le conflit comme il y en avait en 1988, le Pape peut mettre fin à ED. Toutefois, ED était accommodante avec la Tradition, alors que les membres de la CDF sont des lions de la Néo-église. Comme le petit Chaperon Rouge, la Néo-fraternité se jette dans la gueule de Rome – “Oh, douce, grande et méchante Rome, que vous avez de belles dents !” “D’autant mieux pour te manger, petite nigaude !”

Et qu’en est-il de la Fraternité ? De même qu’elle est contente que Rome ait dissous ED, parce que la CFD la traitera enfin comme appartenant pleinement à l’Église, de même elle risque d’être encore plus heureuse si Rome la dote de deux évêques de la Néo-église relativement décents, pour satisfaire ses besoins d’Ordinations et de Confirmations. Mais ils viendront de l’extérieur de la FSSPX et seront toujours sous le contrôle romain. De la part de Rome, la démarche sera habile, refermant encore plus le piège sur ce qui reste de la Fraternité de Mgr Lefebvre. Et combien de prêtres de la Néo-fraternité sauront y discerner “une mer de troubles possibles”, et de plus combien seront prêts à se lever pour “prendre les armes pour y mettre fin (Hamlet)” ? Pas beaucoup, on peut le craindre.

Kyrie eleison.