Mgr Marcel Lefebvre

Soldat Catholique

Soldat Catholique on septembre 2, 2017

Voici encore de bonnes et de mauvaises nouvelles. Elles viennent cette fois des États-Unis, et concernent surtout les lecteurs anglophones. La bonne nouvelle est qu’il existe un périodique Traditionnel de la Résistance, de parution trimestrielle, sur papier, magnifiquement présenté, envoyé par la poste. C’est un périodique aussi politiquement incorrect que possible, car il milite pour la cause catholique. Il s’appelle Oportet Christum Regnare (le Christ doit régner) ; son rédacteur est M. Hugh Akins, vétéran de la guerre du Vietnam des années 1960 blessé au combat, et qui depuis a encore essuyé un coup de feu, probablement dans une tentative d’assassinat, car son espèce de catholicisme doit déplaire fortement aux ennemis de Dieu qui dirigent le monde. La mauvaise nouvelle est que ce périodique suscite à peine assez d’abonnements pour couvrir ses frais. Il faut le regretter, car ce journal projette sur l’Église et sur le monde une lumière rare, une lumière des plus utiles pour les catholiques qui souhaitent sérieusement sauver leur âme. On saisit clairement la prise de position de Akins vis-à-vis du monde moderne en lisant son résumé de son livre, écrit il y a quelques années, Synagogue Rising (L’essor de la synagogue), dans OCR n ° 6, p.67 : un livre très courageux –

Ce livre confirme l’enseignement traditionnel de l’Église sur la question juive ; il apporte nombre de documents sur la menace juive, met cette menace en rapport avec les problèmes et les événements les plus brûlants des 20ème et 21ème siècles, y compris les deux guerres mondiales ; il relate la montée du communisme, le viol de la Terre Sainte, le brigandage de l’Église à Vatican II, l’attentat du 11 septembre contre l’Amérique par Israël, l’énorme mystification de la guerre contre le terrorisme devant préluder à la troisième guerre mondiale ; tout cela étant connecté aux Juifs, à l’apostasie moderne, à Fatima, à la Russie, à la paix mondiale dont l’alternative est l’anéantissement des nations. Quand on veut diffuser la vérité qui libère les hommes, on ne s’embarrasse pas d’être qualifié d’antisémite car ce qu’on appelle « antisémitisme » n’a rien à voir avec la haine des Juifs. Il s’agit en fait d’une tactique juive de calomnie très efficace, destinée à faire taire toute opposition en discréditant ceux qui osent exposer les intrigues diaboliques qui se cachent derrière la guerre talmudique et sioniste contre Le Christ et son Église ( . . . )

La lumière que projette Akins sur le monde va de pair avec celle qu’il projette sur l’Église. Dieu veut que Son Église soit insérée dans notre monde déchu. En étudiant l’histoire de l’Église, sans aucun doute Akins aura-t-il découvert ce schéma d’inimitié bimillénaire que les Juifs nourrissent envers Notre Seigneur et son Église. Sachant combien cette inimitié théologique est normalement dissimulée et camouflée, Akins, à l’instar du Pape Léon XIII avec la franc-maçonnerie, se sera senti poussé à “arracher le masque”. Que les saints anges le protègent !

Mais pour les catholiques en particulier l’intérêt du périodique Oportet Christum Regnare vient de ce qu’il comprend, et ne cesse d’expliquer dans OCR, non seulement pourquoi Mgr Lefebvre était le principal continuateur du vrai catholicisme après le « brigandage de l’Église à Vatican II », mais aussi pourquoi les prêtres qu’on appelle aujourd’hui « les prêtres Résistants » sont, en dépit des apparences, les principaux défenseurs de l’œuvre de l’Archevêque. Autant Akins dénonce les ennemis extérieurs de l’Église, encore plus il identifie, condamne et donne des raisons de condamner ses ennemis intérieurs, au sein de la Fraternité saint Pie X, comme dans le courant du clergé actuellement dominant. Akins est un soldat du Christ qui combat pour le salut des âmes, s’étant engagé dans la vraie guerre qui fait rage tant dans l’Église que dans le monde. Cette guerre s’intensifie tous les jours. Les numéros d’ Oportet Christum Regnare coûtent plus cher que les informations accessibles par internet, mais elles sont plus durables et seront d’un grand prix dans une bibliothèque familiale, témoignant d’une position solide et stable.

Pour les abonnements à Oportet Christum Regnare, ou pour se procurer les anciens numéros, ou encore pour trouver de bons livres catholiques, entre autres Synagogue Rising, contactez Hugh Akins à hughakins@comcast.net, ou commandez directement sur le site internet du Catholic Action Resource Center / League of Christ the King à www.ca-rc.com.

Kyrie eleison.

P.S. Pas demain, mais dimanche prochain, le 10 septembre, après la Sainte Messe de 10h 00, le Dr David White, professeur (en retraite) de littérature à l’Académie Navale des États-Unis, donnera trois conférences à Queen of Martyrs House à Broadstairs, en Angleterre. Il nous entretiendra du père Gerard Manley Hopkins (1844–1889), jésuite anglais et important poète de l’époque victorienne. Considérez ce prêtre comme une passerelle entre votre Foi et le monde plutôt négligé mais si nourrissant des poètes anglais. Après les conférences, il y aura des trains de Broadstairs à Londres à 17h26 et 17h42.

 

L’erreur de Menzingen – III

L’erreur de Menzingen – III on juillet 22, 2017

Un autre prêtre de la Fraternité Saint-Pie X (abbé PR, pour les « Public Relations » ) vient de descendre dans l’arène pour prendre la défense des supérieurs qui poursuivent le projet de reconnaissance canonique de la FSSPX. La plaidoirie de l’abbé PR est, une fois encore, bien présentée ; mais il n’empêche que poursuivre ce projet et en prendre la défense sont deux choses qui pèchent par le même défaut, à savoir : le manque de réalisme. Le principe est une chose, la pratique en est une autre, même si elle est régie par des principes. Être maître des principes n’implique point qu’on soit maître de la pratique, et vice versa. Or, l’abbé PR commence son argumentation en déclarant que, dans cette défense, lui, abbé PR, veut rester sur le plan des principes pour traiter des questions suivantes : premièrement, est-il, en principe, possible d’accepter une reconnaissance venant d’un moderniste et, deuxièmement, jusqu’à quel point est-il en principe permis de collaborer avec un moderniste. Autrement dit, il fait délibérément abstraction de la réalité pratique.

Afin de montrer qu’il est possible d’accepter une reconnaissance canonique venant d’un pape moderniste, il soutient que Mgr Lefebvre l’a recherchée de Paul VI jusqu’à la mort de ce dernier en 1978 et que, lorsqu’il refusa, en 1988, de collaborer avec Jean-Paul II, il se plaçait sur un plan pratique et non sur le plan des principes. De même, le chapitre général de la Fraternité de 2012 ne s’est-il pas abstenu de demander à Benoît XVI de faire une profession de foi catholique (ce qui aurait trahi d’ailleurs un esprit schismatique) ?

A cela, on répondra que l’affrontement entre Mgr Lefebvre et Paul VI à partir de 1974 est une chose bien connue, et que le refus de ce prélat d’accepter le protocole de 1988 se fondait sur les principes de la Foi. Et quant à 2012, ce fut l’année où la Fraternité abandonna son archevêque en abandonnant la position qui était la sienne : placer la Foi au principe de tout. Et quant à l’esprit schismatique, on peut se demander qui, en réalité, était dans le schisme ? L’archevêque ou les modernistes ?

Quant au pape François, l’abbé PR soutient qu’il est Pape ; que ce n’est pas lui qui a fait l’Église, mais bien Notre-Seigneur ; et que, partant, la collaboration avec lui doit être celle qu’on aurait avec un pape catholique. Mais à cela, on répondra que, dans la vie réelle, aussi vrai que la pourriture d’une pomme est et n’est pas la pomme ; de même, l’Église conciliaire est et n’est pas l’Église. Dans la vie réelle, la Fraternité traite-elle uniquement avec l’Église catholique et avec un pape catholique, ou bien n’est-elle pas directement en contact avec la pourriture conciliaire ?

Par suite, lorsque l’abbé PR examine jusqu’où il est permis de collaborer avec un moderniste, il estime qu’on peut le faire tant qu’on va dans le sens du bien de l’Église. Faisant encore abstraction de la réalité d’aujourd’hui, il veut faire valoir les considérations suivantes (en italiques, des réponses) :

* L’Église est indéfectible

L’Église, bien sûr, mais les ecclésiastiques conciliaires, eux, ne cessent de défaillir.

* La Fraternité sert l’Église, et non les hommes d’Église –

Bien sûr, mais elle doit passer par l’intermédiaire de ces faux hommes d’Église.

* Il n’est pas possible de refuser, comme cadeau de Rome, la proposition d’une Prélature catholique –

Bien sûr, mais il faudrait ajouter : sauf si elle dépend de faux hommes d’Église.

* Le pape doit s’en tenir aux conditions prévues par l’accord –

Bien sûr, mais que vaut un morceau de papier pour ces gestionnaires ?

* L’autorité du pape vient de Dieu –

Bien sûr, mais certainement pas pour détruire l’Église (II Cor. XIII, 10).

* La Fraternité a eu raison d’accepter la juridiction pour les confessions et les mariages – Monsieur l’abbé

PR, en êtes-vous si sûr ? Et si c’était tout bonnement un morceau de fromage posé sur un piège ?

* Une question aussi pratique que cette dernière portant sur notre situation présente “n’est pas du ressort de cet article pour qu’on puisse en juger”, répond l’abbé PR. Mais la possibilité même que ce ne soit pas un piège prouve que, pour lui, accepter ou non la reconnaissance canonique de Rome “ne doit pas être jugé en retenant uniquement le critère de l’unité de Foi avec le pape”. Et de conclure :”la reconnaissance canonique doit être acceptée si elle est pour le bien de l’Église, mais rejetée si elle ne l’est pas, indépendamment de la foi du pape”.

Mais, Monsieur l’abbé, vous êtes-vous jamais posé cette question : la « foi » de ce pape étant ce qu’elle est, une reconnaissance canonique aurait-elle, oui ou non, pour effet de plonger la Fraternité au milieu du courant moderniste général, la soumettant à des Supérieurs modernistes  ? Oui ou non ? La vie étant ce qu’elle est, pensez-vous réellement que ce pape accorderait un statut qui empêcherait la Fraternité de tomber sous le contrôle de Rome ? Autrement dit : sous le contrôle de gens qui ne croient plus dans la vérité objective ? Les principes catholiques sont très beaux, mais ils doivent être appliqués dans le monde réel, souvent tristement réel.

Kyrie eleison.

Désintégration

Désintégration on octobre 29, 2016

Tout se disloque. Le centre ne peut tenir.
L’anarchie se déchaîne sur le monde
Comme une mer noircie de sang : partout
On noie les saints élans de l’innocence.
Les meilleurs ne croient plus à rien, les pires
Se gonflent de l’ardeur des passions mauvaises.

Ces vers célèbres du Second Coming ( La Seconde Venue ) , poème écrit en 1919 suite à la Première Guerre mondiale par le poète anglo-irlandais, W.B.Yeats (1865–1939), viennent à l’esprit pour essayer d’expliquer comment le mouvement de résistance à la trahison en 2012 de la Fraternité St Pie X de Mgr Lefebvre puisse être si fort en vérité et pourtant si faible en unité et nombre. Voilà presque cent ans depuis 1919, et Yeats n’était ni Catholique ni particulièrement concerné par la condition de l’Église catholique, qui de fait semblait fleurir à ce moment-là. Mais les poètes sont parfois des visionnaires, et Yeats a saisi dans ces lignes une vérité essentielle sur la civilisation européenne telle qu’elle sortait de cette Guerre qui « éteignait les lumières dans toute l’Europe », comme l’a dit le comte Grey : les nations européennes se disloquaient spirituellement dans une chute que rien n’a interrompue depuis.

Néanmoins beaucoup des Catholiques qui veulent aujourd’hui que la Foi survive sont désemparés par la faiblesse apparente de tant de prêtres formés en particulier par Mgr. Lefebvre pour résister à la trahison évidente de ses principes par ceux qui lui ont succédé, et ils cherchent une explication. Certains pensent que les prêtres de la FSSPX ne se dressent pas en public contre la fausse conciliation de la Tradition avec Vatican II parce qu’ils ont peur d’être éjectés de la Fraternité sans gîte ni couvert. Mais les prêtres doivent savoir qu’il y a des laïcs qui seraient enchantés de les recevoir. Une explication plus profonde suggérerait que les prêtres ont peur de se couper de cette Fraternité qui leur fournit et leur famille humaine et leur structure ecclésiale. Mais de même, s’ils avaient une foi assez forte ils sauraient que la Providence peut suppléer pour la famille comme pour la structure.

Par contre, si nous remettons la trahison dans le contexte de la double désintégration occasionnée par les deux Guerres mondiales, suivie à leur tour par la troisième désintégration autrement plus terrible de l’Église catholique à Vatican II (1962–1965), alors d’une part nous devons admirer l’exploit héroïque de Mgr. Lefebvre qui a réussi à rassembler tant de fragments dispersés par cette explosion-là sans précédent, mais d’autre part nous ne pouvons guère être surpris si la Fraternité explose à son tour du dedans, ou si les réfugiés de son explosion éprouvent tant de difficulté à se recomposer dehors. Tout s’est disloqué, y compris les esprits et les cœurs. A mon avis il ne survit plus assez d’intégrité et d’intégration dans les cœurs et les esprits pour que nous puissions penser à renouveler l’exploit de Mgr Lefebvre. Le monde est en chute libre de presque un demi-siècle depuis l’année 1970 où il a fondé la Fraternité.

D’où il s’ensuit non pas qu’il n’y a rien à faire, mais qu’il faut concevoir ce qu’il y a à faire moins du point de vue de l’homme et plus dans la perspective de Dieu. A la fin du monde Dieu permettra à la Foi de disparaître (Lc. XVIII, 8), mais il y aura encore quelques âmes pour croire, espérer et aimer. En 2016 il nous donne un avant-goût de cette disparition, mais les âmes devraient être à même de reconnaître qu’elles ne manquent pas encore de liberté pour croire, espérer et aimer. Et pour ce faire, elles devraient être à même de prévoir que même le plus puissant des États policiers ne peut les en empêcher. Par ailleurs, plus on fera peser les circonstances sur cette liberté, et plus sera glorieuse au Ciel la dévotion persévérante de toute âme à Dieu, à son divin Fils et à sa Très Sainte Mère, et plus seront grands les mérites de cette âme. Et surtout plus sera grande sa contribution irrésistible au bien de l’Église. Là, tout est encore loin d’être perdu, et jamais tout ne pourra se perdre. L’Église de Dieu n’est point chose purement humaine.

Kyrie eleison.

Mgr Fellay – III.

Mgr Fellay – III. on août 20, 2016

À la lecture des deux récents numéros de ces Commentaires sur l’état d’esprit du Supérieur Général de la Fraternité Saint Pie X derrière sa poussée implacable vers un accord purement pratique avec les autorités de l’Église de Rome, un bon ami m’a rappelé que les idées qui l’inspirent il les avait exposées il y a quatre ans dans sa Lettre du 14 avril 2012 où il répondait aux trois autres Évêques de la Fraternité qui le mettaient sérieusement en garde contre tout accord purement pratique avec Rome. Aujourd’hui, plusieurs lecteurs de ces Commentaires ont peut-être oublié, ou n’ont jamais connu cet avertissement, ni la réponse de Mgr Fellay. De fait, cet échange de lettres en dit long sur un différend capital. Voici les lettres, en résumé cruellement bref comme d’habitude, avec un commentaire également bref –

La principale objection des trois Évêques contre tout accord pratique avec Rome sans accord doctrinal fut la profondeur du gouffre doctrinal entre la Rome conciliaire et la Fraternité traditionnelle catholique. Moins d’un an avant sa mort, Mgr Lefebvre disait que plus on analyse les documents de Vatican II et l’après-Concile, plus on se rend compte que le problème est moins telle ou telle erreur classique en particulier, même la liberté religieuse, la collégialité ou l’œcuménisme, qu’une « totale perversion de l’esprit » en général, qui sous-tend toutes les erreurs particulières et qui procède d’une « toute nouvelle philosophie fondée sur le subjectivisme ». Et quant à l’argument-clé de Mgr Fellay que les Romains ne sont plus hostiles mais plutôt bienveillants envers la Fraternité, les trois Évêques répondirent avec une autre citation de l’Archevêque : une telle bienveillance n’est qu’une « manœuvre », et rien ne saurait être plus dangereux pour « nos fidèles » que de « nous remettre entre les mains d’Évêques conciliaires et de la Rome moderniste ». Les trois Évêques conclurent qu’un simple accord pratique déchirerait la Fraternité et la détruirait.

À cette objection profonde, aussi profonde que le gouffre entre le subjectivisme et la vérité objective, Mgr Fellay répondit (cherchez Mgr Fellay, 14 avril 2012 sur Internet) :— 1 que les Évêques étaient « trop humains et fatalistes ». 2 L’Église est guidée par le Saint-Esprit. 3 Derrière la réelle bienveillance de Rome envers la Fraternité, il y a la Providence de Dieu. 4 Affirmer que les erreurs du Concile constituent une « super-hérésie » est une exagération déplacée, 5 qui conduira logiquement les Traditionnalistes au schisme. 6 Pas tous les Romains ne sont modernistes, car il y en a de moins en moins qui croient en Vatican II, 7 au point où si Mgr Lefebvre était encore en vie, il n’hésiterait pas à accepter ce qu’offre Rome actuellement à la FSSPX. 8 Dans l’Église, il y aura toujours du froment et de la bale, en sorte que la bale conciliaire n’est pas une raison de reculer. 9 Combien j’aurais aimé recourir à vous trois pour me faire conseiller, mais chacun de vous, de façon différente, « avez fortement et passionnément refusé de me comprendre », et vous m’avez même menacé en public. 10 Opposer la Foi à l’Autorité est « contraire à l’esprit sacerdotal ».

Et finalement, le plus bref des commentaires sur chacun des arguments de Mgr Fellay –

1 « Trop humain » ? Comme le disait Mgr Lefebvre, le grand gouffre en question est philosophique (naturel) plutôt que théologique (surnaturel). « Trop fataliste » ? Les trois Évêques furent plutôt réalistes que fatalistes. 2 Est-ce que les hommes d’Église conciliaires sont guidés par le Saint-Esprit lorsqu’ils détruisent l’Église ? 3 Derrière la réelle malveillance de Rome est sa ferme résolution de dissoudre la résistance à la nouvelle religion Conciliaire de la part de la Fraternité – comme de tant d’autres congrégations Traditionnelles avant elle ! 4 Seuls les subjectivistes eux-mêmes ne peuvent voir la profondeur du gouffre entre le subjectivisme et la Vérité. 5 Les Catholiques objectivistes qui s’accrochent à la Vérité sont loin du schisme. 6 Les Francs-maçons tirent les ficelles à Rome. Tout non-moderniste n’y a aucun pouvoir réel. 7 Croire que Mgr Lefebvre aurait accepté l’offre actuelle de Rome est complètement le méconnaître. Le problème à la base est devenu bien pire qu’à son époque. 8 La cuillère de Mgr Fellay est bien trop courte pour qu’il soupe en sécurité avec les diables (objectifs au moins) romains. 9 Les trois Évêques comprirent parfaitement Mgr Fellay, mais il ne voulut pas entendre ce que tous les trois avaient à lui dire. Se croit-il infaillible ? 10 Saint Paul, c’est sûr, s’imagina que l’Autorité peut s’opposer à la Foi – Gal. I, 8–9 ; II, 11. Saint Paul manquait-il de « l’esprit sacerdotal » ?

Kyrie eleison.

Mgr. Fellay – I

Mgr. Fellay – I on août 6, 2016

Suite à la réunion en Suisse du 26–28 juin des Supérieurs de la Fraternité St Pie X, le Supérieur Général a émis non seulement le Communiqué du 29 juin pour le grand public, déjà commenté ici il y a trois semaines, mais aussi une Déclaration pour les membres en particulier de la Fraternité, destinée donc surtout à ses prêtres. Cette Déclaration est en elle-même plutôt cryptique, mais une fois décryptée (avec l’aide de l’abbé Girouard) elle est lourde de signification pour l’avenir de la Tradition catholique. Voici un résumé bien court de ses premiers six paragraphes, suivi par le septième reproduit en entier :—

(1–4) L’Église et le monde sont en crise, parce qu’au lieu de tourner autour de la Croix du Christ, ils tournent autour de l’homme. La FSSPX s’oppose à cette « déconstruction » de l’Église et de la société humaine.

(5) La solution de Dieu lui-même pour ce désordre a été d’inspirer un Archevêque à fonder une Congrégation catholique et hiérarchique qui tourne autour du sacrement de l’Ordre – Jésus-Christ, sa Croix, sa Royauté, son sacrifice et son sacerdoce, source de tout ordre et grâce, sont au cœur de la Fraternité fondée par Mgr. Lefebvre.

(6) Donc la Fraternité n’est ni Conciliaire (au centre est le Christ) ni révoltée (elle est hiérarchique).

(7) Est-ce vraiment le moment de la restauration générale de l’Eglise ? La Divine Providence n’abandonne pas son Eglise dont le chef est le Pape, vicaire de Jésus-Christ. C’est pourquoi un signe incontestable de cette restauration sera dans la volonté signifiée du Souverain Pontife de donner les moyens de rétablir l’ordre du sacerdoce, de la foi et de la Tradition, – signe qui sera, de surcroît, le garant de la nécessaire unité de la famille de la Tradition.

Évidemment, les six premiers paragraphes mènent au septième. Et on peut bien interpréter ce dernier paragraphe comme disant que lorsque le Pape François approuvera officiellement la FSSPX, ce sera la preuve que le moment est enfin arrivé pour que l’Église tout entière se redresse, pour que le sacerdoce, Foi et Tradition catholiques soient tous restaurés, et pour que tous les Traditionnalistes s’unissent avec la FSSPX derrière son Supérieur Général. On dirait que Mgr Fellay tenait ici à répéter pour tous les prêtres de la FSSPX sa vision constante du rôle glorieux que doit jouer la FSSPX, parce qu’à la réunion en Suisse plusieurs des Supérieurs auraient remis en cause que cette gloire prenne la forme d’un ralliement à la Rome officielle. Pourtant ce sont ces Supérieurs-là qui ont raison, parce que tout ralliement glorieux n’est qu’un rêve de la part de Mgr Fellay. Rêve noble, si on veut, mais mortel.

Rêve noble, parce que c’est tout à l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ, de son Église, de son sacrifice, de Mgr. Lefebvre, du sacerdoce catholique et ainsi de suite. Rêve mortel, d’abord parce qu’il tourne plutôt autour du sacerdoce qu’autour de la Foi, et ensuite parce que tout en reconnaissant – bien correctement – que ce sont le Pape François et les Romains qui détiennent l’Autorité dans l’Église, le rêve ignore totalement combien ceux-ci sont loin de détenir la vraie Foi. Or, on peut bien dire, si on veut, que Mgr Lefebvre a sauvé la messe et le sacerdoce catholiques, mais pour lui ce n’était là qu’un moyen de sauver la Foi. Car la Foi est au sacerdoce comme la fin est au moyen, et pas comme le moyen est à la fin. Que serait en effet le sacerdoce sans la Foi ? Qui croirait aux sacrements ? Qui aurait besoin de prêtres ?

Et quant à cette Foi, le Pape actuel et les officiels romains qui règnent autour de lui ayant perdu tout sens de la Vérité comme étant une, objective, non-contradictoire et exclusive, ils ont par là même perdu tout sens de la vraie Foi, pour ne pas dire qu’ils ont perdu la Foi. Cela signifie que si en effet le Pape François approuvait officiellement la FSSPX, cela n’indiquerait d’aucune façon que la FSSPX ramènerait à l’ordre l’Église, mais plutôt que l’Église absorberait dans son propre désordre la Fraternité.

Kyrie eleison.

L’héritage de Monseigneur — II.

L’héritage de Monseigneur -- II. on avril 2, 2016

En 2012, les successeurs de Monseigneur à la tête de sa Fraternité Saint Pie X, ayant échoué à comprendre sa préférence fondamentale de la Vérité catholique à l’Autorité catholique, prétendirent à tort suivre son exemple lorsqu’au Chapitre Général de la Fraternité cet été-là, ils se préparèrent à remettre la Vérité sous l’Autorité en ouvrant la porte à un accord politique et non-doctrinal avec les menteurs de Rome – « le Catholicisme est révolutionnaire » étant un mensonge monstrueux. Depuis des années maintenant, ces successeurs répandent des rumeurs comme quoi l’accord est imminent, mais Rome, par leur faute à eux, fait d’eux ce qu’elle veut, et risque bien de continuer à en extraire des concessions telle que fut peut-être l’entrevue désastreuse du 2 mars dernier accordée par le Supérieur Général à un prédateur professionnel. La Rome conciliaire n’oublie jamais ce que la Fraternité ne semble plus vouloir se rappeler – la Tradition catholique et Vatican II sont absolument inconciliables.

Or Monseigneur a des disciples qui n’ont pas oublié cela. Ils s’appellent la « Résistance », laquelle, comme c’est logique, est un mouvement plutôt qu’une organisation. En effet, puisqu’ils préfèrent la Vérité à l’Autorité faussée de Rome et maintenant de la FSSPX aussi, toute autorité interne parmi eux peut être tout au mieux de suppléance, c’est-à-dire une autorité anormale suppléée par l’Église de façon invisible en cas d’urgence pour le salut des âmes. Mais une telle autorité, par l’invisibilité même de sa transmission (à contraster avec les cérémonies visibles par lesquelles sont transmises plusieurs sortes d’autorités parmi les hommes), est d’autant plus faible et contestable que l’autorité normale au sein de l’Église, laquelle descend toujours, en fin de compte, du Pape. Aussi la « Résistance » a-t-elle la force de la Vérité mais une faiblesse quant à cette Autorité qui est normalement essentielle pour protéger la Vérité catholique.

Cette rupture entre la Vérité et l’Autorité a été imposée par Vatican II à l’Église tout entière. Tout Catholique voulant garder la Foi, qu’il fasse partie ou non de la dite « Tradition », doit sûrement prendre en compte ses multiples conséquences. Le Pasteur suprême de Dieu étant suprêmement frappé par la folie conciliaire, comment veut-on que les brebis de Dieu ne soient pas à leur tour suprêmement dispersées (voyez Zach. XIII, 7 et S. Math. XXVI, 31) ? Pour ne pas en souffrir, les Catholiques devraient ne pas appartenir à l’Église catholique. Est-ce cela qu’ils veulent ? Alors pour l’instant les Catholiques ne devraient être ni trop surpris par les trahisons ni trop déçus par les divisions. Pour l’heure une main presque libre est donnée au Diable pour causer la division (« diabolein » en grec), et puisque les Catholiques combattent tous pour rien de moins que le salut éternel, les divisions sont souvent amères. Patience.

Ensuite, à partir de Papes Conciliaires la sève vitale de la véritable Autorité catholique ne peut plus descendre dans les institutions catholiques, et alors les personnes ne peuvent plus compter sur ces institutions comme elles devraient normalement être en mesure de le faire. De telles institutions dépendent plutôt des personnes pour la Vérité, comme nous avons vu la Fraternité dépendre de Monseigneur Lefebvre. Mais ces personnes, n’ayant plus de soutien ni de contrôle institutionnels, sont livrées à leur faillibilité naturelle, et alors il ne faudrait pas s’attendre à ce qu’un groupe de Catholiques poursuivant aujourd’hui la Vérité sache y attirer un grand nombre de gens. Les croyants ont beau aspirer à une structure, à une hiérarchie, à des Supérieurs auxquels ils puissent obéir, tout cela ne peut se créer de toute pièce. À l’évidence, les petits restes sont à l’ordre du jour. Patience.

Pour conclure, les Catholiques qui luttent pour garder la Foi doivent se soumettre à leur punition bien méritée, renoncer à toute illusion ou fabrication humaine, et supplier Dieu Tout-Puissant dans leurs prières d’intervenir. Lorsqu’il y aura assez d’âmes qui se tourneront vers Lui pour sa solution à lui au lieu des leurs, ils reconnaîtront que sa Providence y a pourvu sous la forme de la Dévotion des Premiers Samedis du mois pour faire réparation à sa Mère. Et lorsqu’on aura fait assez de réparation, il donnera alors à son Vicaire sur terre la grâce de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de sa Très Sainte Mère, et l’ordre commencera à se rétablir, comme Dieu l’a promis. Pour la pratique de cette Dévotion, ne manquez pas le « Commentaire » de la semaine prochaine.

Kyrie eleison.