modernisme

Encore Des Vocations?

Encore Des Vocations? on octobre 10, 2020

Dans la détresse actuelle de l’Eglise catholique, peut-il y avoir encore des vocations chez des personnes plus ou moins jeunes voulant se mettre au service de Dieu dans un séminaire, un couvent, une fraternité ou un monastère ? A cette question, on ne peut que répondre positivement car le fait est que Dieu appelle encore des âmes à Son service  ; or un fait l’emporte toujours sur toute discussion. Mais, d’un autre côté, les supérieurs des séminaires ou des maisons religieuses doivent tenir compte de deux circonstances particulières à la situation de l’Église aujourd’hui, circonstances propres à les rendre plus prudents que jamais avant d’accepter des vocations sous leur toit. On constate, d’une part, une immaturité toujours plus grande des âmes qui ont vécu dans le monde moderne et, d’autre part un manque de fiabilité toujours plus important chez les dirigeants de l’Église.

Pour commencer, rappelons-nous que l’Église catholique vient directement de Jésus-Christ qui la préservera jusqu’à la fin du monde (Mt. XXVIII, 20) et dans l’éternité. Il possède, avec le Père et le Saint-Esprit, toute la puissance requise, et plus encore, pour lui fournir tous les moyens nécessaires à sa survie. Or ces moyens comprennent nécessairement un sacerdoce, des évêques et des prêtres hiérarchiquement organisés, afin de procurer aux membres de l’Église les sacrements essentiels à la vie de la grâce surnaturelle. Par conséquent, Notre Seigneur donnera aux hommes, jusqu’à la fin du monde, toujours suffisamment de vocations pour garantir que l’Église dispose des hommes dont elle a besoin pour en faire ses ministres. Quant aux femmes, à qui Dieu a donné une nature pour qu’elles soient des “aides” ou des “compagnes” de l’homme (Gen. II, 18), si elles ne doivent pas devenir prêtres, ni devenir aussi strictement nécessaires à l’Eglise que les prêtres, elles ont néanmoins reçu en propre les dons que Dieu leur donne, à elles et non aux hommes, par lesquels elles peuvent rendre à l’Eglise des services si précieux qu’on ne peut imaginer l’épouse du Christ rester sans vocations féminines. A titre d’exemple, où serait l’apostolat de l’Église sans les prières des Sœurs religieuses, et des grands-mères, etc. ?

Pourtant, Dieu est Dieu  ; ses voies sont impénétrables pour les hommes. (Voir la fin de Romains XI, et tout le Livre de Job, chapitres XXXVII à XLI). Cela dépasse largement nos esprits humains. Par exemple, dans la capacité de commettre des erreurs que l’on observe chez les six derniers papes, Il va déjà bien au-delà de ce que de nombreux esprits catholiques peuvent supporter. Il leur faut lire Job, surtout si la détresse de l’Église est loin encore de prendre fin. La Vierge nous a dit en 1973 que le feu tombera du ciel, éliminant une grande partie de l’humanité, et que si les péchés ne ralentissent pas, il n’y aura plus de pardon pour eux : voilà une prédiction plus facile à comprendre depuis l’escroquerie du Covid qui a poussé tant d’hommes d’Eglise à fermer leurs confessionnaux. Prions et travaillons pour que Notre Seigneur envoie des ouvriers à sa vigne mais, inutile de Lui dire combien il en faut. Lui seul le sait.

En attendant, nous, êtres humains, nous devons confesser que, comme nous l’avons dit plus haut, nous avons mis au moins deux obstacles sérieux sur le chemin des âmes appelées à servir notre Dieu. Premièrement, l’immaturité de ceux qui mènent une vie moderne. S’il y a une chose qui fait qu’un garçon ou une fille grandit de manière à devenir capable de supporter la discipline de la vie religieuse ou les difficultés de la vie conjugale, c’est bien la souffrance. Mais n’y a-t-il pas partout aujourd’hui l’illusion que la souffrance vient toujours de la faute de quelqu’un d’autre, qu’elle peut être évitée et que rien ne nous oblige à l’endurer ? Ajoutons que les caractères des enfants ne se formeront pas non plus si les parents savent de moins en moins ce qu’ils doivent faire pour élever les enfants. Par exemple, on ne leur donne pas non plus beaucoup de responsabilités à assumer, ce qui pourrait aussi les faire mûrir. Donc la vie si répandue aujourd’hui en ville et en banlieue ne favorise guère les vocations.

Mais en second lieu, le désordre actuel dans l’Église décourage aussi les vocations. Quand l’Église était, malgré toutes les défaillances humaines, une structure présentant un roc doctrinal venu de toute éternité, je pouvais, dans ma jeunesse, en lui confiant ma vie être sûr que parmi plusieurs strates de Supérieurs au-dessus de moi, il y aurait assez de vérité et de justice objectives. Mais depuis le changement opéré par Vatican II, modifiant la doctrine de l’Église et la base sur laquelle elle fonctionne, comment puis-je être encore certain de disposer d’un cadre objectif et stable où je puisse mener le reste de ma vie ? Une grande leçon de cette crise de l’Église est que l’Église catholique ne peut pas plus se passer du pape qu’une marionnette ne peut se passer de son marionnettiste  : elle devient un enchevêtrement de ficelles et bouts de bois colorés apparemment sans sens.

Bien sûr, Dieu veut et peut pourvoir au bien de son Église. Mais nous ne pouvons guère nous attendre à ce que les vocations se manifestent demain comme elles le faisaient avant-hier.

Kyrie eleison.

Madiran Prologue

Madiran Prologue on octobre 3, 2020

Dans l’Avant-propos de son livre sur “L’hérésie du XXe siècle”, Jean Madiran commence par affirmer sans ambages qu’elle est imputable aux évêques catholiques (p.17 dans la réédition de 2018 du livre par via.romana@yahoo.fr). Sachant qu’il sera accusé, en tant que simple laïc, de parler à tort et à travers, il défie l’adversaire en affirmant (28) qu’il n’a nul besoin, de par sa qualité de catholique baptisé, ni de demander ni de recevoir un quelconque mandat pour défendre la Foi, alors que les bergers (i.e. les évêques) se sont transformés en loups ou en hérétiques, détruisant la Foi.

Il annonce la thèse de tout son livre en faisant (26) une distinction fondamentale  : l’hérésie, au sens strict du terme, signifie la négation délibérée de ce que l’on sait être une proposition définie de la Foi. Mais au sens large, elle signifie l’acceptation de toute une mentalité radicalement étrangère à la Foi. L’hérésie qu’il va attaquer doit s’entendre dans ce sens large, allant bien au-delà de la contradiction de n’importe quelle proposition particulière de la Foi. “L’hérésie du XXe siècle” se situe plutôt ici, “dans la nuit, dans le vide, dans le néant”.

Mais qu’est-ce qui a bien pu vider ainsi les évêques français de leur substance ? Madiran écrit (20) qu’au cours de 100 ans, donc à partir du milieu du XIXe siècle, ils se sont coupés de Rome, de la Rome véritablement catholique de Pie IX et du Syllabus. La raison en est que toute leur mentalité (21) se tenait éloignée de Rome. Certes, ils conservaient la discipline catholique, mais sans conviction  ; ils pratiquaient l’obéissance catholique mais sans en comprendre la raison. En quelques mots, Madiran atteint ici l’essence de l’Église préconciliaire : exposée à l’influence du monde moderne, elle subissait une perte progressive de la foi catholique. Comme résultat, elle conservait les apparences de l’Église, faisant croire qu’elle était toujours là, alors que derrière ces apparences, la substance en avait déjà disparu. Les papes anti-libéraux avaient expliqué comment la véritable Église devait résister à ce nouveau monde révolutionnaire, en particulier les papes Pie IX, Léon XIII et Pie X dans leur enseignement social. Mais de la doctrine sociale de leurs Encycliques, Madiran (23) dit que les évêques des années ‘50 ne savaient pratiquement rien.

Plus grave encore  : pour Madiran, qui laisse ici entrevoir toute la partie VI de son ouvrage, l’hérésie des évêques du 20e siècle vient de leur infidélité invétérée, prête à nier jusqu’à l’existence même du droit naturel (24). Subjugués par le monde moderne, infectés par son libéralisme, ils dérivaient mentalement, et depuis longtemps, de la position romaine, en rejetant sa doctrine sociale. Donc même si, dans les années ‘50, ils reprenaient encore certaines formules de l’ancien catéchisme, leur cœur ne comprenait plus le sens du droit naturel, si bien que, dans les années qui suivirent immédiatement le Concile, ils étaient prêts à mettre la main sur le dogme et le catéchisme qu’ils avaient laissés jusqu’alors extérieurement intacts. Ainsi, leur désaccord avec Rome sur la doctrine sociale avant le Concile contenait implicitement en germe ce déracinement total de la religion chrétienne dont toute l’Église a souffert à la suite du Concile (25).

Car s’il n’y a pas de Droit naturel ni d’Ordre rationnel voulu par Dieu dans toute la Création qui nous entoure, alors toute la raison et toute la foi font naufrage  ; et si les formules de l’Évangile et les définitions dogmatiques peuvent encore, pour un certain temps, être récitées et répétées avec précision, leur substance a été dissoute, et le sens religieux en a été radicalement subverti. Les évêques sans droit naturel n’ont plus accès ni à l’Évangile ni aux définitions dogmatiques. Ils ne peuvent plus rien conserver ni transmettre (26). Ils sont mûrs pour basculer à gauche, vers cette religion ersatz de la modernité qu’est le Communisme (26).

En guise de conclusion de son Prologue, Madiran fait appel à un compatriote qui avait prévu cette décadence du clergé avant même la Première Guerre mondiale. Charles Péguy (1873–1914) écrivit en 1909 que le clergé (30) détruisait avec succès le christianisme en voulant le faire progresser avec son temps. Le clergé perdait la foi (32), en acceptant sa disparition comme s’il s’agissait d’un processus naturel.

Kyrie eleison.

Madiran Introduit

Madiran Introduit on septembre 19, 2020

La France, fille aînée de l’Eglise, a toujours trouvé, pour défendre la Foi, une avant-garde de penseurs et d’écrivains. Et les temps modernes ne font pas exception. Dans la confusion et le désarroi des catholiques consécutifs à la fin du Concile Vatican II en 1965, le Français Jean Madiran (1920–2013), créateur et éditeur de la revue “Itinéraires”, mensuel nationaliste de droite (1956–1996), a été un de ces notables pionniers œuvrant pour ce qui allait devenir la pensée “traditionnelle”. Véritable défenseur de la Foi déjà avant le Concile, il a fait de sa publication une pièce maîtresse dans la bataille postconciliaire. La revue est ainsi devenue une lecture d’une importance essentielle, permettant à de nombreux catholiques de ne perdre ni la tête ni la foi.

Madiran a certainement contribué, dans les années 1960, à maintenir en France un public lettré qui fournirait, dans les années 1970, une base prête à soutenir un mouvement “traditionnel ” capable de s’opposer, à la suite de Mgr Lefebvre, à la destruction de l’Eglise menée de l’intérieur par le clergé conciliaire. Et on peut penser que Madiran et sa revue ont fortement aidé l’archevêque à prendre la décision capitale, à la fin des années 1960, de fonder en Suisse française la Fraternité Saint Pie X, qui fit à son tour une contribution décisive au sauvetage de la Tradition catholique pour au moins 40 ans. Le seul moment où cet écrivain a vu Mgr Lefebvre courir, c’est lorsque Madiran étant alors en visite au séminaire d’Écône, l’archevêque dut rattraper son visiteur juste avant son départ pour Paris.

Hélas, leur collaboration prit fin lorsque Jean-Paul II fut élu pape en 1978, car Madiran pensa alors que le nouveau Pape sauverait l’Église. Toutefois, en ce qui concerne l’archevêque, Madiran avait exercé sa bonne influence  ; la “Tradition” était désormais bien établie. Nous ne devons pas oublier aujourd’hui comment dans les années 1950 et 1960, il était presque impossible pour un catholique de douter de son clergé. Là réside l’énorme mérite de Madiran : une foi véritable, non ébranlée par une hiérarchie catholique qui s’était égarée dans sa quasi-totalité, et pour soutenir cette foi Madiran a eu le courage de se lever et d’écrire ouvertement contre le courant d’un public qui, ou bien suivait “fidèlement” cette hiérarchie par “obéissance”, ou bien, ne croyant pas, se réjouissait de l’affaiblissement de l’Église par les menées de la franc-maçonnerie. Que Madiran se soit ensuite laissé induire en erreur par Jean-Paul II ne fait que témoigner de cette force et magnétisme de Rome que lui-même avait réussi à surmonter pendant une période cruciale au service de la Vérité catholique.

Mais il y a eu en lui quelque chose qui n’a jamais flanché. On en a l’indice dans le livre dont il a dit lui-même que parmi tous les livres qu’il avait écrits au cours d’une longue vie productive, c’est celui où il avait le mieux réussi à dire ce qu’il voulait essentiellement dire. Il s’agit du livre que nous allons examiner dans ces “Commentaires” intitulé  : L’hérésie du vingtième siècle. Ce livre, paru pour la première fois en 1968, c’est-à-dire au cœur de la controverse qui a entouré Vatican II, contient un Prologue et six Parties. Ce qui donnera peut-être lieu à sept numéros de ces “Commentaires”, car le livre est un classique, même s’il n’a pas eu beaucoup de traductions, voire aucune.

C’est un classique parce qu’il faut être un philosophe thomiste pour tirer au clair le modernisme – en effet, comment analyser un brouillard ? – et Madiran était un philosophe thomiste. Mais pas n’importe quel, parce que la masse des évêques de Vatican II avait bien reçu dans leur séminaire ou congrégation un enseignement selon les principes de la philosophie de St Thomas d’Aquin. Hélas, ils n’avaient pas appris ou compris comment ces principes s’appliquent à la réalité. Cela est dû au fait qu’il est toujours possible d’enseigner cette philosophie comme si c’était un anuaire téléphonique. Les élèves catholiques sont dociles et ils avalent tout ce qu’on leur présente, sans nécessairement saisir que le thomisme est le seul et unique exposé possible de la seule et unique réalité qui nous entoure. Mais à des élèves nés dans le chauffage central et dont la mère nourricière a été la télévision, comment peut-on donner le vrai sens de la réalité ? Madiran était d’une génération antérieure, ce qui l’a sans doute aidé. Mais pour dénoncer le modernisme aussi clairement qu’il l’a fait, il lui aura fallu quelque chose en plus, une grâce spéciale de réalisme, comme il en a fallu à Pie X, à De Corte, à Calderón et à quelques autres.

Attachez vos ceintures  ! Madiran en vaut la peine. La semaine prochaine, peut-être, verrons-nous son Avant-propos.

Kyrie eleison.

Les Évêques selon Drexel

Les Évêques selon Drexel on août 1, 2020

En feuilletant la semaine dernière (CE du 18 juillet 2020) le petit recueil « La Foi est plus grande que l’Obéissance », nous avons fait remarquer à quel point ces Messages du Père Drexel sur la Foi, remontant aux années 1970, correspondent encore à la situation des catholiques d’aujourd’hui. Voyons par exemple la lumière qu’ils jettent sur ce pivot dans l’Église entre le Pape et les prêtres que sont les évêques. L’appréciation qu’il délivre est très sévère pour ce clergé qui a pratiquement abandonné ses ouailles dans le sillage de Vatican II, en particulier pour les évêques qui ont transmis les responsabilités, par Dieu confiées à eux-mêmes, à des conférences épiscopales faites de main d’homme (voir le 5 juillet 1974 ci-dessous. Deux ans plus tard Mgr. Lefebvre, entre autres, fut « détesté et ridiculisé ») . . .

3 décembre 1971. Mais la plus grande douleur, Mon Coeur l’a reçue de ceux qui devraient être les bergers des fidèles, J’entends, les évêques, qui sont devenus silencieux, indifférents, pleutres. Non seulement quelques-uns mais beaucoup d’entre eux ont peur des hommes alors qu’ils n’ont aucune crainte de Dieu. Voilà pourquoi les loups ont pu pénétrer à l’intérieur du troupeau, pour infliger à Mon Église une confusion, destruction et dévastation jamais vues. Bien sûr, ils cherchent à briser, à ruiner Mon Église, mais en attendant des millions d’âmes, d’âmes immortelles, sont perdues. Pour toutes ces âmes, ces bergers apostats et évêques tièdes devront rendre compte devant Mon Jugement Éternel. Autrefois j’ai pleuré sur Jérusalem et sur le peuple de cette ville, sur ses prêtres et ses grands prêtres. Pourtant, leur péché n’était pas aussi grand que celui de ceux qui, aujourd’hui, dans mon Église, se comportent en suborneurs et non en véritables chefs, en métayers et non en bergers, en traîtres et non en conseillers. Il est vrai qu’il reste encore de vrais pasteurs d’âmes et de vrais évêques qui montent la garde, et qui se tiennent avec fermeté et charité auprès du successeur de Pierre ; mais mon Fils Paul regarde avec douleur et chagrin combien d’appelés quittent chaque jour le sanctuaire pour rejoindre le monde et ses convoitises.

4 août 72. Tandis que mon fils Paul ( . . . ) reçoit tous les jours avec une grande douleur les nouvelles des prêtres qui abandonnent leur troupeau, leur consécration et leur ministère, en dépit de toutes les objurgations qu’il adresse à ces lâches fuyards, néanmoins sa douleur est d’autant plus grande pour le grand nombre de bergers qui de par leur office et vocation sont tenus d’assister avec clarté et fermeté aux côtés du Chef et Père de tous les fidèles, et de respecter ses instructions. Mais cela ils négligent pour lui préférer une vie tranquille de paresse et de lâcheté, au lieu de veiller sur leurs paroisses et de s’occuper de la foi avec une attention rigoureuse en vue de maintenir la discipline et préserver la foi.

1er décembre 72. C’est pourquoi tant de fidèles cherchent avidement un Pasteur. Les pasteurs en place ont beau avoir été appelés et mis en place comme des pasteurs, ils sont devenus des mercenaires et des loups rapaces parce qu’ils ont quitté le chemin de la fidélité. Les âmes qui leur avaient été confiées témoigneront un jour contre eux devant le Jugement de Dieu

5 juillet 74. La misère des âmes crie vers le ciel, tandis que dans l’Église et dans les assemblées, des personnes sans mandat prennent le pouvoir, grâce aux évêques qui ne les arrête pas, en ne leur fixant pas de limites.

1er novembre 74. Songe à la grande confusion qui a pénétré dans mon unique et véritable Eglise. Des livres pleins de fausses affirmations et d’erreurs sont maintenant approuvés par les évêques qui devraient être des bergers, tandis que les ouvrages qui mettent en valeur la vérité sont rejetés par les responsables de l’Église, si grande est devenue la confusion.

7 février 75. Certains d’entre eux qui ont reçu l’onction épiscopale pour être les bergers et les gardiens des brebis ( . . . ) ont abandonné la foi et laissent libre cours aux hérésies ( . . . ) O, qu’ils comprissent tous quelle est leur responsabilité et combien celle-ci devient de plus en plus lourde, car les âmes qui prient et croient encore ne trouvent plus en eux des protecteurs.

2 juillet 76. Pourquoi n’y a-t-il plus de gardiens pour protéger la Foi et donc les fidèles, pour empêcher l’assassinat spirituel des jeunes et des enfants ? Mais ceux qui résistent à cette défaite de la foi sont persécutés, et les douleurs sérieuses et lourdes qu’ils en souffrent sont livrées à la haine et au ridicule.

Kyrie eleison.

Réorientation Admirable

Réorientation Admirable on juin 20, 2020

Voici un résumé de la lettre ouverte du 9 juin de Mgr Viganò sur le Concile Vatican II :—

Mgr Schneider mérite qu’on le félicite pour son texte, paru récemment, portant sur le Concile et la fausse liberté religieuse. On parle beaucoup de « l’esprit du Concile ». Mais, a-t-on jamais entendu parler de « l’esprit de Trente », ou de « l’esprit » de tout autre Concile catholique ? Il n’en fut jamais question car tous les autres conciles suivaient simplement l’esprit de l’Église. Toutefois, concernant les enseignements passés de l’Église, ce bon évêque devrait se garder d’exagérer les « erreurs » devant être « corrigées », car quelles qu’elles aient pu être, elles ne ressemblent en rien à celles commises par le Concile Vatican II, que l’on peut comparer (jusque dans son contenu) au Synode de Pistoie (1786), qui fut condamné plus tard par l’Église.

Lors de Vatican II, beaucoup d’entre nous ont été fourvoyés. En toute bonne foi, nous avons accordé trop de crédit aux prétendues bonnes intentions de ceux qui promouvaient un œcuménisme qui n’a pas tardé à obliquer vers un faux enseignement sur l’Église. Aujourd’hui, de nombreux catholiques ne croient plus qu’il n’y ait pas de salut en dehors de l’Église catholique, et ce sont les textes de Vatican II qui contiennent les ambiguïtés propres à ouvrir la voie à cette remise en cause de la Foi. Cela a commencé par de simples rencontres interreligieuses, mais cela se terminera un jour par l’avènement d’une sorte de religion universelle dont le seul vrai Dieu aura été banni. Tout cela était prévu de longue main. De nombreuses erreurs, encore aujourd’hui en cours, trouvent leur origine dans Vatican II. En effet, dans les textes conciliaires il est facile de trouver la racine des falsifications actuelles de la foi et de la pratique véritablement catholiques. Car Vatican II sert maintenant à justifier toutes sortes d’aberrations, tandis qu’en réalité ses textes sont uniquement difficiles à interpréter, et ils contredisent la Tradition antérieure à un point qu’aucun autre concile de l’Église n’a jamais fait.

J’avoue maintenant, en toute sérénité, qu’à l’époque j’obéissais trop inconditionnellement aux autorités de l’Église. Je pense que beaucoup d’entre nous, nous étions loin d’imaginer que la hiérarchie ecclésiastique pût être infidèle à l’Église, surtout comme nous le voyons dans le présent Pontificat. Avec l’élection du pape François, les conspirateurs ont fini par enlever le masque. Ils se sont enfin sentis libres de Benoît XVI et de son penchant tridentin, libres de créer une Néo-église, de remplacer l’ancienne par un ersatz maçonnique tant pour la forme que pour le fond du catholicisme. Démocratisation, synodalité, ordination des femmes, pan-œcuménisme, dialogue, démythisation de la papauté, le politiquement correct, théorie du genre, sodomie, mariage homosexuel, contraception, immigrationnisme, écologisme – si dans tout cela nous sommes incapables de reconnaître le fruit de Vatican II, alors ces maux sont devenus vraiment inguérissables.

Mais une telle reconnaissance exige une grande humilité. Tout d’abord pour reconnaître que, pendant des décennies, nous avons été induits en erreur, en toute bonne foi, par des personnes qui avaient autorité pour veiller et garder le troupeau du Christ, mais qui ont failli dans leur tâche. Les bergers qui de mauvaise foi, voire dans une intention malveillante, ont trahi l’Église, doivent être identifiés et excommuniés. Nous avons eu beaucoup trop de mercenaires plus soucieux de plaire aux ennemis du Christ que de rester fidèles à son Église.

« De même qu’il y a soixante ans, j’ai obéi, honnêtement et sereinement, à des ordres discutables, croyant y reconnaître la voix de l’amour de l’Église, de même aujourd’hui, avec une égale sérénité et honnêteté, je me rends compte qu’il s’agissait d’une tromperie. » Aussi m’est-il aujourd’hui impossible de persévérer dans mon erreur, comme de prétendre avoir vu clair dès le début. Nous savions tous plus ou moins que le Concile était une révolution, mais aucun d’entre nous n’imaginait à quel point il serait dévastateur. On pourrait dire que Benoît XVI l’a ralenti, mais le pontificat de François a prouvé, sans aucun doute possible, que parmi les bergers au sommet de l’Église règne une véritable apostasie, tandis qu’en bas les brebis se trouvent abandonnées et pratiquement méprisées.

Pour un catholique, la déclaration d’Abou Dhabi comme quoi « Dieu est satisfait de toutes les religions » est un fait impardonnable. La vraie charité ne saurait se compromettre avec l’erreur. Et si un jour François refuse de jouer le jeu encore, il est probable qu’il sera écarté, tout comme le fut Benoît XVI, pour être remplacé. Mais la Vérité demeure et prévaudra : « Hors de l’Église, point de salut. »

Kyrie eleison.

La Malice du Modernisme – V

La Malice du Modernisme – V on juin 13, 2020

Ajoutons ici une considération d’importance avant de quitter la question du modernisme (pour l’instant au moins). Il s’agit de la prédiction du Père Frederick Faber (1814–1863), concernant notre époque (nous en avons certainement parlé plus d’une fois dans ces « Commentaires »). Selon lui, la fin du monde sera caractérisée par des hommes qui feront le mal tout en croyant faire le bien.

C’est du bon sens, car même à la fin du monde les hommes auront toujours la même nature humaine que Dieu leur aura donnée. Or, en soi, cette nature est bonne ; elle subsiste sous le péché originel comme sous tous les péchés personnels, aussi lourds soient-ils dans les derniers temps (II Tim. III, 1–5), et de par cette nature, les hommes ont une inclination naturelle vers le bien. Mais, sous l’Antéchrist et ses prédécesseurs, le gros de l’humanité emboitera le pas au mal qui se fera ou qui sera alors en préparation. Comment, au for interne, la bonté de la nature et ce mal-là, peuvent-ils cohabiter dans l’âme humaine ?

La volonté humaine ne peut rien vouloir sans que l’esprit humain ne lui ait d’abord présenté une pensée. Avant tout désir humain il doit y avoir une pensée humaine. Un désir sans objet ne peut être qu’un non-désir. Par conséquent, la volonté dépend de l’esprit, lequel doit saisir au préalable un objet avant que la volonté ne se meuve. Puique l’esprit doit saisir au préalable son objet propre, il y a toujours entre l’acte de volonté et son objet, l’intervention préalable de l’esprit. Mais voilà que, pour Kant, l’esprit est incapable de saisir son objet propre. Selon ce philosophe, l’esprit ne peut que le fabriquer. Cela signifie qu’une volonté bonne peut vouloir des choses mauvaises en réalité et qu’une mauvaise volonté peut vouloir des choses bonnes en réalité, même si le péché originel fera que cette occurrence-ci soit moins fréquente. En conséquence par le fait même que Kant déconnecte l’esprit de la réalité objective, il le rend d’autant plus facile pour la volonté de vouloir quelque chose de mauvais en réalité parce qu’elle paraissait bonne. Donc dans tout un monde comme le nôtre où l’esprit est déconnecté de la réalité objective, il est plus facile que jamais pour les gens de se prendre pour des « hommes de bonne volonté », alors même que ce qu’ils veulent n’est pas bon en réalité, puisque dès le départ leur esprit est radicalement faussé ?

Et voici ce que prédit le père Faber pour la fin du monde : le problème ne sera pas tant les mauvais cœurs ou la mauvaise volonté que les bons cœurs dotés d’un esprit faussé ; en d’autres termes de bons cœurs imbus de mauvais principes. En pratique, qu’est-ce que cela signifie ? Simplement qu’aujourd’hui, il y a un grand nombre de catholiques qui ont la Foi et qui veulent faire le bien, mais leur esprit fonctionne mal parce qu’ils vivent, consciemment parfois, mais beaucoup plus souvent inconsciemment, l’enseignement kantien. De sorte que leur foi bonne s’en trouve altérée. Dès lors, ils ne sont plus à même de voir ni que la Néo-Église se comporte comme une gangrène nécrosant la véritable Église catholique, ni que la gangrène s’étend dans la Fraternité St Pie X depuis la mort de Mgr Lefebvre. Mais l’aveuglement de ces âmes ne résulte pas nécessairement de la malveillance ou d’un manque de bonne volonté.

Il faut voir que dans le cas de ces âmes, dont la subjectivité se trouve séparée de l’objectivité à cause de l’influence mondiale du kantisme, un catholique risque facilement de commettre deux erreurs contraires, mais qui proviennent de la même source. Soit il pensera que ces âmes sont si innocentes de cœur que leur esprit est à l’abri de l’erreur, de sorte que la Néo-église ne peut se tromper. En conséquence, il sera du devoir de tous de la rejoindre, avec sa Pachamama et tout le reste : nous avons là le comportement des dirigeants de la Néo-fraternité et de tous ceux qui les suivent. Soit le catholique pourra être tenté par l’erreur inverse et penser que les hérésies nichées dans l’esprit de la Néo-église comme dans celui de cette Néo-fraternité qui brûle du désir de la rejoindre, sont si graves qu’il est impossible qu’il s’agisse là de la vraie Église ou de la vraie Fraternité ; en conséquence de quoi, toutes deux doivent être absolument rejetées. Ainsi argumentent et se comportent ceux qu’on appelle les sédévacantistes, et ceux qui refusent cette étiquette mais qui n’en pensent pas moins comme eux.

Par contre, si je reconnais que le kantisme est responsable d’une séparation du sujet d’avec son objet, je ne dirai pas que ces âmes sont de bonne volonté et que, par conséquent, leur doctrine est bonne, ni que leur doctrine est tellement fausse que leur volonté est nécessairement mauvaise. Au lieu de ces jugements à l’emporte-pièce, je dirai qu’elles peuvent être subjectivement de bonne volonté, mais qu’en tout état de cause elles professent objectivement une si mauvaise doctrine que pour mon salut éternel, je ne peux absolument pas les suivre, ni même leur tenir compagnie. Et avec le Saint Rosaire, je supplierai la Très Sainte Vierge de maintenir mon cœur et mon esprit dans l’équilibre catholique.

Kyrie eleison.