modernisme

La Malice du Modernisme – III

La Malice du Modernisme – III on mars 21, 2020

S’il y a aujourd’hui une chose qu’un prêtre catholique doit bien comprendre et connaître parfaitement, c’est la phrase-clé qui se trouve au cœur de Pascendi, cette grande encyclique de Saint Pie X, écrite en 1907 pour défendre l’Église et l’humanité contre la menace mortelle du modernisme. De quoi s’agit-il ? Le modernisme est ce mouvement de pensée et d’action par lequel les hommes décident de travailler à changer le Christ et son Église pour les adapter au monde moderne, plutôt que de changer le monde pour l’adapter au Christ et à son Église. Quelle est donc cette phrase-clé de Pascendi qu’il faut retenir ? La voici, tirée du sixième paragraphe de l’Encyclique, énonçant le principe de base du modernisme –

« La raison humaine, enfermée rigoureusement dans le cercle des phénomènes, c’est-à-dire des choses qui apparaissent, et telles précisément qu’elles apparaissent, n’a ni la faculté ni le droit d’en franchir les limites. »

En d’autres termes, l’esprit humain, qui, à longueur de journée, ne cesse de lire au-delà de ce que les sens perçoivent, est finalement disqualifié par l’homme moderne comme étant inapte à lire l’être qui est derrière les apparences ! Par exemple, ce qui me semble être une porte pourrait bien être un mur ; ce qui me semble être un mur pourrait en fait être la porte. Il s’ensuivrait que je ferais tout aussi bien d’essayer de passer à travers le mur que de passer par la porte ! Bien sûr, cette sottise est tellement énorme que personne ne sera surpris d’apprendre que même les disciples modernes d’Emmanuel Kant (1732–1804), auteur de cette parfaite idiotie, essaient rarement de passer par les murs. En d’autres termes, ils réussissent à vivre en s’abstenant de prendre au sérieux leur propre philosophie. Il ne faut pas chercher ailleurs la raison pour laquelle la philosophie moderne s’est attiré une si mauvaise réputation. Et pourtant, le kantisme, cette sottise absolue, règne en maître dans les départements de philosophie de presque toutes les « universités » de notre époque ! Comment est-ce possible ?

Cela vient du fait que Kant est perçu comme étant LE grand libérateur. Il est supposé avoir définitivement libéré l’esprit humain de la réalité. Comment cela ? En décrétant que l’esprit n’avait pas d’accès à la réalité extérieure et qu’il était, de ce fait, totalement étranger à cette réalité ! Selon Kant, l’esprit ne peut pas accéder à la réalité telle qu’elle est en soi, (le « Ding an sich »), parce qu’il ne peut pas dépasser ses sensations pour interpréter ce que ses sens lui montrent. Peu importe si je ne peux vivre qu’en admettant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, que mes sens me disent ce qui est réel autour de moi et que mon esprit ou mon intellect est capable de déchiffrer ou d’« intelliger » l’être de ce que mes sens me montrent. Dès lors depuis Kant, la réalité qui m’entoure présente de moins en moins d’intérêt, car mon esprit n’a pas à en tenir compte ; il n’est plus mesuré par la réalité. Ce qui compte, c’est la « philosophie transcendantale ». On nomme ainsi la pensée qui s’élance vers les hauteurs et sonde les profondeurs de mon fantasme, pour « transcendre », passer loin au-dessus de la banalité de la réalité quotidienne telle que les portes et les murs. Mon esprit a pris son essor ! Mon esprit est libéré de la réalité ! Désormais, la seule chose dont je doive tenir compte, est ce que je veux. C’est ma « vérité » ! En fait, le mot « Vérité » a pris un sens nouveau. Tous les mots prennent un sens transcendantal. La liberté règne dans ma tête !

Pourtant, si l’on persiste à vouloir me ramener à ce que l’on appelle le monde réel, alors je peux toujours choisir de supposer, comme tous les pauvres non-universitaires, que pour continuer à survivre (« Beurk ! ») dans le monde banal (« Beurk ! »), mieux vaut ne pas essayer de passer par ce qui ressemble à des murs, et peut-être n’est-il pas bon d’essayer de manger des cailloux. En d’autres termes, mon esprit est transcendentalement supérieur à votre « bon sens » terre à terre (« Beurk, beurk ! »), car mon esprit est libéré, même si je peux toujours choisir d’agir en accord avec mon bon sens – quand je le veux – pour les besoins de la vie quotidienne (« Beurk ! »).

La liberté, cette liberté sans forme, est la véritable religion de l’homme moderne. Et c’est la religion apparente de beaucoup trop de catholiques, celle qui possède toutes les apparences mais rien de la substance de la vraie religion. Comme le dit saint Paul, «  Dans les derniers temps . . . les hommes . . . auront quelque apparence de piété, mais renieront ce qui en fait la force » (II Tm. III, 1–5). C’est-à-dire : ils en garderont les dehors mais en nieront la substance. Que sont de tels catholiques ? Ce sont précisément des catholiques kantiens (ou modernistes), qui sont comme ils le sont simplement parce que presque tout le monde aujourd’hui est kantien ; parce que presque tout le monde aujourd’hui vénère la liberté. C’est à Kant qu’ils doivent d’avoir la clé pour s’évader de la prison de la réalité venant de Dieu, pour s’échapper dans les nuages de la modernité transcendantale. Quant à Dieu, je pourrai toujours me soumettre à Lui de nouveau, où et quand moi j’y consentirai, mais Lui ne peut plus m’obliger. Je suis libre, Moi, JE SUIS !

L’incroyable perversité, l’orgueil débordant et la perfidie de Kant devraient dès maintenant s’entrevoir. Plus que jamais,

Seigneur, ayez pitié de nous.

Pape Indispensable – I

Pape Indispensable – I on février 1, 2020

Année après année, le temps passe sans que rien dans l’Eglise ne semble corriger l’absurdité de la situation. Mais les catholiques fidèles à la Tradition n’arrivent pas à comprendre pourquoi les prêtres de la Tradition continuent leurs disputes. Pourquoi ne s’unissent-ils pas ? Ne croient-ils pas tous en la même Tradition de l’Eglise ? Ne sont-ils pas tous d’accord pour dire que Vatican II a été un désastre pour l’Eglise ? Et ne sont-ils pas tous conscients que se battre entre prêtres est un spectacle peu édifiant, propre à décourager les fidèles de la Tradition ? Pourquoi ne peuvent-ils pas oublier leurs différends et se concentrer sur ce qui les unit : sur ce que l’Eglise fait et enseigne depuis toujours pour le salut des âmes ? A cette question, il y a une réponse. Peut-être est-il nécessaire de la leur rappeler régulièrement, pour aider les catholiques à persévérer dans la Foi.

Nous partons de l’idée que, dans l’histoire de l’Église, cette crise n’a rien de normal. Elle est en fait un passage obligé dans le seul et unique parcours conduisant vers la seule et unique fin du monde. Pour tirer au clair la structure de cette crise, s’il y a une paire de mots à laquelle recourent ces « Commentaires » c’est bien : « Vérité » et « Autorité ». La crise remonte à un passé bien antérieur à Vatican II, notamment à la « Réforme » déclenchée par Luther (1483–1546). Mais alors que, jusqu’à Vatican II, l’Église catholique se battait pour empêcher que le poison protestant ne pénétrât dans l’Église, voilà que depuis Vatican II la plus haute Autorité catholique, deux Papes et 2000 évêques, abandonnent la lutte et permettent au poison de mettre à mort l’Eglise. Et si les textes du Concile sont caractérisés par l’ambiguïté, c’est qu’à l’époque il fallait maintenir quelque apparence catholique. Mais sous cette apparence la véritable poussée des textes, le fameux « esprit du Concile », est vers l’intégration dans l’Eglise du libéralisme et du modernisme qui ont fait suite au protestantisme, si bien que tout ce qui reste encore de catholicisme en sera éliminé dès que ce reste de catholicisme se sera laissé suffisamment ramollir.

Essentiellement, cela signifie qu’au Concile l’Autorité Catholique a abandonné la Vérité Catholique au profit d’une doctrine plus en accord avec son temps. C’est pourquoi l’Autorité catholique se trouve maintenant séparée de la Vérité. Aux catholiques qui veulent rester catholiques, ne se présente plus qu’une seule et terrible alternative : soit ils adhèrent à l’autorité de l’Église, depuis le Pape jusqu’en bas de la hiérarchie, et du même coup, ils renoncent à la doctrine catholique ; soit ils adhèrent à la doctrine et se mettent en porte à faux vis-à-vis de l’Autorité catholique. A moins qu’ils ne choisissent une des nombreuses positions intermédiaires entre ces deux pôles. Dans tous les cas, les brebis sont dispersées, sans que de leur part il n’y ait eu de faute comparable à celle des deux principaux Bergers et des 2 000 autres bergers qui en tant que responsables du Concile ont entériné la trahison de la Vérité de l’Église par l’Autorité de l’Église. C’est dans cette fracture, opposant l’Autorité à la Vérité, que se trouve le cœur de la crise, maintenant vieille d’un demi-siècle.

Or, pour la seule vraie religion du seul vrai Dieu, la Vérité est vitale, et l’Autorité est tout aussi essentielle pour la protection de cette unique Vérité contre les blessures du péché originel intrinsèques à la nature humaine. Alors, pour résoudre la crise et mettre fin à la schizophrénie et à la dispersion des brebis, la seule solution possible est le retour du Berger et des bergers, du Pape et des évêques, à la Vérité catholique. Mais pour cela, l’heure n’a certainement pas encore sonné, ni dans l’Église ni dans la Fraternité Saint Pie X, laquelle – selon toute apparence – ne trouve rien de mieux que de vouloir se remettre sous l’autorité des ecclésiastiques conciliaires. (Et Mgr Lefebvre ? « Il est mort », diront certains !)

Donc, en attendant que le Bon Dieu remette le Pape sur pied – et personne de moins que Lui ne peut le faire – et qu’à son tour, le Pape « une fois converti, fortifie ses frères » (Lc.XXII, 32), c’est-à-dire redresse les évêques de par le monde ; en attendant cela, la crise ne peut qu’empirer. D’ici là, nous devrons comprendre cette leçon et attendre que Dieu nous prenne en pitié. Et d’ici là, comme le dit un proverbe anglais, « Ce qui ne peut être guéri, doit être supporté ».

Kyrie eleison.

Une Ame Attaquée

Une Ame Attaquée on septembre 22, 2018

Les révélations de Mgr Viganò portant sur la grave corruption morale de certains hauts dignitaires de l’Église, Pape François y compris, sont susceptibles d’ébranler sérieusement la foi des catholiques qui ont fait confiance aux ecclésiastiques officiels tout au long des 50 dernières années, parce qu’ils n’ont pas vu – ou n’ont pas voulu voir – de problème particulier dans le Concile Vatican II (1962–1965). Il y a trois semaines, avant même que le rapport de Mgr Viganò ait été publié, nous citions dans ces “Commentaires” les propos d’un catholique porté au bord du désespoir par les révélations du Procureur Général de l’État de Pennsylvanie, faisant état de scandales similaires perpétrés dans la Néo-église de cet État. La menace d’une avalanche de tels scandales étant maintenant bien établie, nous allons cette semaine montrer dans ces “Commentaires” comment le Diable tourne son artillerie lourde contre un autre catholique, dans l’intention de lui faire perdre la Foi. Voici quelques-uns des obus lancés par le Diable, tels que les rapporte notre correspondant. Nous y ajoutons de brèves réponses, dans l’espoir de fortifier dans la foi d’autres âmes qui risquent dans un futur proche d’être pareillement ébranlées :

J’ai assisté, dans ma ville natale, à une messe dans le nouveau rite. Elle était célébrée pour des Sœurs par l’évêque auxiliaire local. Son sermon sur le Sacré-Cœur était irréprochable sur le plan doctrinal, et très édifiant. Pourtant, un de mes amis a vu de ses propres yeux le même évêque embrasser un séminariste ! Pour moi, cet évêque est un problème angoissant : comment peut-il croire au Sacré-Cœur dont il prêche si bien sur l’amour ?

Réponse : C’est un moderniste, comme la plupart des ecclésiastiques de l’Église “rénovée” par Vatican II, également appelée “Néo-église”. Le modernisme veut «  adapter l’Église catholique au monde moderne anticatholique  » ; il y parvient en faisant dépendre la réalité objective du sentiment subjectif. Toutefois, le processus de subjectivisation de la réalité peut prendre du temps, de sorte qu’un ecclésiastique qui tombe dans le modernisme ne perd pas nécessairement tout de suite sa foi catholique objective, même si celle-ci est déjà sapée dans son âme. Dieu seul peut savoir exactement à quel moment cet ecclésiastique perd la foi. Disons que si cet évêque croit en Vatican II, il est certainement sur le chemin conduisant à la perte de la foi, et il y est déjà suffisamment avancé pour pécher gravement contre le Sixième Commandement, mais pas encore assez loin pour avoir perdu toute notion de qui est le Sacré-Cœur.

Mais pour détruire la vérité catholique avec autant d’aisance que le font les imposteurs romains, ils doivent la connaître. S’ils la connaissent, nul doute qu’ils en connaissent aussi la force. Et s’ils en connaissent la force, comment ont-ils pu cesser d’y croire ? À moins que tout cela n’ait jamais été qu’un conte de fées, un conte aussi faux que n’importe quelle autre religion, l’Église catholique n’étant en rien supérieure aux autres, et l’homme n’ayant de toute manière aucun moyen d’accéder à la Vérité divine ?

Réponse : Pour avoir la Foi Catholique, l’esprit humain doit accepter beaucoup de vérités surnaturelles qui, tout en n’étant pas contraires à la raison, sont au-dessus de sa portée naturelle. Pour accepter de se soumettre à ces vérités, l’intelligence doit être poussée par la volonté. Si la volonté cesse de pousser l’intelligence, ou pousse dans une direction opposée, la foi disparaîtra de son intelligence. Or, le modernisme est orgueilleux, parce que dans la Néo-église l’homme prend la place de Dieu. En conséquence, il est possible que les imposteurs romains, comme vous les appelez si bien, aient été dès le début des francs-maçons ou des infiltrés communistes ; comme il se peut également qu’au tout début, ils aient cru, comme Judas Iscariote, mais l’orgueil leur inspirant le désir de prendre la place de Dieu et de remodeler l’Église à leur idée, a subjugué leur volonté. Si bien que leur intelligence a perdu la foi. Dieu seul sait ce qu’il en est dans l’âme d’un homme.

Se pourrait-il que nous soyons trompés ? Ne sommes-nous pas engagés dans une guerre sans fin en vue d’une promesse bien fragile du Ciel ? Nous sommes incapables de savoir quoi que ce soit sur Dieu. Ne vaudrait-il pas mieux pour nous que Dieu n’existât pas ? Dans le chaos d’aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de penser que l’Église est une affaire purement humaine, de sorte qu’il y a des moments où j’envie les gens qui mènent une vie heureuse sans Dieu.

Réponse : Mon cher ami, même si les gens sans Dieu se prétendent “heureux”, une vie heureuse sans Dieu est une pure illusion, Nous, les êtres humains, nous sommes tous sortis des mains de Dieu ; notre âme a été directement créée par Dieu avec pour finalité d’aller à Dieu, corps et âme. Le monde et l’Église sont aujourd’hui dans le chaos, précisément parce qu’ils essaient de se passer de Lui.

Il semblerait que nous soyons également prédestinés au Ciel ou à l’Enfer, et que notre libre arbitre ne puisse pas y faire grand-chose.

Réponse : “Le venin est dans la queue”, disaient les Latins, en prenant l’image du scorpion. La conclusion que vous tirez, lourde de sens, est une hérésie épouvantable qui prouve que le diable joue le tout pour le tout pour faire pour ébranler votre foi. Récitez le chapelet pour obtenir l’aide de la Mère de Dieu. Je vous envoie ma bénédiction.

Kyrie eleison.

“Jeu de Vidéo Truqué” – II

“Jeu de Vidéo Truqué” – II on août 25, 2018

A la reine Isabelle, cette grande reine d’Espagne (1451–1504), on demanda un jour ce qu’elle voudrait voir représenté dans un tableau. Elle aurait répondu, “Je voudrais voir un prêtre disant la messe, une femme donnant naissance à un enfant et un criminel pendu au bout d’une corde”. Autrement dit, tout le monde a un rôle à jouer dans la vie et chacun doit jouer son rôle et non un autre. Imaginons ce qu’elle aurait dit à propos d’un monde où les prêtres célèbrent des pique-niques eucharistiques, où les femmes prennent la pilule et avortent en toute liberté, où les criminels sont condamnés à des peines de plus en plus courtes dans des prisons ressemblant à des hôtels de luxe. De nos temps, “Rien n’est que ce qui n’est pas” (Macbeth, I, 3).

Aujourd’hui, beaucoup de gens sentent que la vie moderne repose sur le mensonge, mais peu sont capables d’expliquer pourquoi rien n’est que ce qui n’est pas, ou pourquoi on ne trouve “rien de réel, rien à prendre au sérieux, Strawberry Fields for ever” (Les Beatles). Ils observent la police qui opprime, les journalistes qui mentent, les médicaments qui empoisonnent ; les avocats qui trichent ; les politiciens qui trahissent, les femmes qui se stérilisent, les jeunes qui se suicident, les enseignants qui corrompent, les médecins qui tuent, etc.,etc. ; et le pire de tout : les prêtres qui apostasient. Il est facile de voir autour de soi combien le monde est désordonné, à l’opposé de l’ordre juste que la Reine Isabelle avait en tête pour l’Espagne. Mais le désordre d’aujourd’hui est tellement sophistiqué, qu’il ressemble à l’ordre véritable d’autrefois. C’est pourquoi relativement peu de gens arrivent à déceler l’origine de ce désordre. Beaucoup abandonnent la tentative de l’identifier, préférant s’installer tout bonnement dans le confort matériel qu’il peut offrir. Par exemple, beaucoup de musiciens de rock s’enrichissent en criant contre les fruits pervers du matérialisme, mais peu d’entre eux ne cherchent la racine du mal. Au total, la plupart finissent par devenir matérialistes, confortablement installés, faisant partie intégrante du mensonge qu’ils dénonçaient avec pertinence à l’époque où ils gagnaient beaucoup d’argent.

On chantait autrefois, “Pourquoi, pourquoi, pourquoi, Dalila?. Oui, pourquoi ? Parce que les gens ont tellement éloigné Dieu de leur vie, qu’il ne leur vient même plus à l’esprit que Son absence soit à l’origine du problème. Et si par hasard il leur arrive d’en avoir quelque soupçon, alors de même qu’autrefois ils se sont débarrassés de Lui, de même vont-ils maintenant chercher la solution en regardant n’importe où, plutôt que dans la bonne direction. Et pourtant, n’est-ce pas le Christ qui a créé, vers la fin des temps, cette chrétienté qui au Moyen Âge a élevé la civilisation à des sommets encore jamais atteints ? La “civilisation occidentale” en est issue, mais s’est passée du Christ. Or, une civilisation venue du Christ mais sans le Christ signifie une civilisation vidée de sa substance.

Toutefois, pour que les hommes ne soient pas tentés de retourner vers le Christ, cette civilisation vide doit concurrencer le Moyen Âge. C’est pourquoi les apparences du droit chrétien, des hôpitaux, des parlements, etc. doivent être conservées, même si elles ont été vidées de leur substance. C’est pourquoi nous souffrons depuis cinq siècles de toute une série de conservateurs qui n’ont rien conservé, si ce n’est les dernières conquêtes des libéraux. D’où cette interminable procession de politiciens hypocrites, extérieurement de droite, mais en fait de gauche, parce que les peuples réclament ces dirigeants qui semblent rendre hommage aux vestiges de Dieu et du Christ, mais qui, en réalité, servent le Diable en donnant libre cours à une liberté toujours plus grande vis-à-vis de Dieu et du Christ.

D’où le Concile Vatican II dans l’Église, qui a maintenu l’apparence extérieure du catholicisme tout en le remplaçant par la réalité du modernisme. D’où le Chapitre de 2012 de la Fraternité de Saint Pie X, prétendant maintenir la Tradition catholique tout en se préparant à l’inféoder à Vatican II. D’où le Chapitre de la Fraternité de 2018, semblant se débarrasser de l’artisan du Chapitre de 2012, tout en le remettant à côté du pouvoir. D’où un Chapitre représentant non pas la réalité de la situation de l’Église ou de la Fraternité, mais ce qui risque de s’avérer un jeu de vidéo truqué, fait pour tranquilliser ceux qui croient résister à la marche de la FSSPX vers la Rome conciliaire, mais un jeu qui de fait protège cette marche. Plaise à Dieu que nous nous trompions.

En définitive, y a-t-il encore une solution, quand le monde entier est en train de faire des jeux de vidéo truqués ? Il est impossible que le Ciel nous ait laissés sans moyen d’en sortir : Depuis le Moyen Âge, Notre Dame nous donne à tous le Rosaire. Dans les temps modernes, elle nous a donné la dévotion des premiers samedis du mois. Si nous négligeons ses remèdes, c’est à nos risques et périls.

Kyrie eleison.

Question de Discernement – II

Question de Discernement – II on novembre 25, 2017

Après avoir posé une première question portant sur la confusion des esprits dans l’Église en général (voir les « Commentaires » de la semaine dernière), Joseph pose une deuxième question concernant la Fraternité Saint-Pie X en particulier. La voici :—

Vous écriviez la semaine dernière qu’à en juger par ses fruits, Vatican II n’était pas catholique, alors que Mgr Lefebvre l’était. Cependant, dans la Fraternité Saint-Pie X qu’il a fondée, il semble qu’une nouvelle façon de penser se soit fait jour, qu’on pourrait décliner selon une série de propositions. Par exemple :

1 Aussi mauvais que soit le comportement du pape et des évêques, ils n’en demeurent pas moins les autorités légitimes de l’Église. 2 Le pape François peut être moderniste, mais il a toujours le pouvoir de réintégrer la FSSPX dans l’Église. 3 Les évêques conciliaires ne sont pas tous entièrement mauvais. Certains font preuve de dispositions chrétiennes, et montrent qu’ils ont conscience de la crise de l’Église ; d’autres défendent publiquement la morale catholique, exhortent au respect de Dieu dans la liturgie, parlent de la dévotion envers la Très Sainte Vierge Marie, etc. 4 Si nous sommes « acceptés tels que nous sommes », un accord avec Rome peut être envisagé. 5 Si nous refusons systématiquement tout accord avec Rome, nous nous rendons coupables. 6 Il est plus utile de parler de la piété de Mgr Lefebvre que de son opposition au Concile. 7 Mieux vaut rester en bons termes avec la FSSPX plutôt que se brouiller avec elle pour des questions d’opinions qui restent faillibles. 8 L’indiscipline et la désobéissance sont caractéristiques de l’Église conciliaire. Les membres de la FSSPX se doivent d’être disciplinés et obéissants.

En conclusion, vue la complexité de la situation dans laquelle les catholiques se trouvent aujourd’hui, peut-on reprocher aux membres ou aux fidèles de la Fraternité d’approuver ces propositions ?

Réponse : Tout dépend de ce que savent ces membres ou ces fidèles. Par exemple, les anciens de la FSSPX savaient que le Concile était une nouvelle religion. Si bien que l’opposition de Mgr Lefebvre était une question de foi, intrinsèquement plus importante que la piété, car comment peut-il y avoir de piété sans la foi ? Ces vétérans de la Fraternité méritent vraiment d’être blâmés (à moins qu’ils ne réagissent enfin publiquement), parce qu’ils permettent à cette « nouvelle façon de penser », comme dit Joseph, de devenir la pensée dominante dans la Fraternité de Mgr Lefebvre. De ce fait, les jeunes ont d’autant moins de chance d’entrevoir ce qui est faux dans les huit propositions ci-dessus. Car la nouvelle génération de prêtres de la Fraternité pourra être aussi pieuse que souhaitable, mais (toujours avec des exceptions) cela ne leur donne aucune compréhension de la crise qui ravage l’Église depuis maintenant plus d’un demi-siècle. Donc répondons aux huit arguments :—

1 Certes, le Pape et les évêques selon les apparences, semblent bien être les autorités légitimes de l’Église. Mais leur comportement à l’égard de la Foi est tellement mauvais que beaucoup de catholiques sérieux remettent en question cette légitimité. 2 Dans quelle Église le pape ferait-il rentrer la Néo-fraternité Saint Pie X ? Dans la Néo-Eglise ? Mgr Lefebvre déclarait après son « excommunication » : « Ils m’ont expulsé de leur Néo-Eglise ? Et alors ? Je n’en ai jamais fait partie ! » 3 Certes, les évêques conciliaires ne sont pas tous mauvais, mais presque tous sont des modernistes, ce qui signifie que beaucoup d’entre eux ont perdu la foi catholique sans même s’en apercevoir. L’homme moderne est tellement corrompu que lorsque la religion catholique en vient à correspondre à la modernité, il ne se rend même pas compte qu’il n’est plus catholique. 4 Le « tels que nous sommes » de la FSSPX en 1987 était une chose. En 2017, c’est tout autre chose ! 5 Si seulement Rome revenait à la vraie Foi, il n’y aurait plus besoin d’un accord. 6 Merci à Dieu pour la piété de Mgr Lefebvre mais la qualité de loin la plus importante qui brillait en lui, c’était sa foi. 7 « Des opinions faillibles » ? Il y a une vérité ! Y a-t-il un responsable de quelque importance dans la néo-Fraternité qui ait étudié les documents de Vatican II ? Va-t-il nier que ceux-ci introduisent une nouvelle religion ? 8 Les membres de la FSSX doivent être disciplinés et obéissants, mais à quoi ? À la nouvelle religion Conciliaire personnaliste, centrée sur l’homme ?

Le problème sous-jacent à toutes ces propositions est un problème de foi. La FSSPX fondée par Mgr Lefebvre est née au cœur de cette grande guerre menée par le monde moderne contre Dieu, mais depuis la mort de Monseigneur en 1991, ses dirigeants ont essentiellement perdu de vue cette guerre, et ceux qui la mènent, et dans quel but. Joseph ! pour comprendre le comment du pourquoi, lisez “Pascendi”. Lisez et relisez cette encyclique jusqu’à ce que vous saisissiez clairement ce dont il s’agit !

Kyrie eleison.

Question De Discernement – I

Question De Discernement – I on novembre 18, 2017

Un jeune homme réfléchi pose deux questions intéressantes ; l’une porte sur la crise de l’Église, la deuxième sur la crise de la Fraternité saint Pie X. Voici la première question :

D’une part la crise conciliaire fait suite à une série de crises qui ont affecté l’Église au cours de l’histoire, telles que le protestantisme, le libéralisme et les révolutions, plus deux guerres mondiales ; ces erreurs avaient été clairement condamnées par l’Église avant Vatican II, mais elles ont été renouvelées au Concile. Après le Concile, ces nouveautés ont même été applaudies par les ennemis traditionnels de l’Église, tels les francs-maçons et les socialistes, alors que, manifestement, l’esprit missionnaire disparaissait dans l’Église. D’autre part, les idées du Concile sont l’œuvre d’hommes d’Église supérieurement intelligents et apparemment catholiques. Et on ne peut pas toujours dire « le Pape n’est pas Pape », ou que la plupart des consécrations épiscopales des modernistes sont invalides. Pour toutes ces raisons, n’est-il pas vrai que la crise conciliaire comporte des zones d’ombre qui empêchent d’y voir clair ? Et si nous ne pouvons pas arriver à des jugements certains, comment pouvons-nous être sûrs d’être restés dans la vraie Foi ?

La meilleure réponse vient de Notre Seigneur Lui-même qui, lors du Sermon sur la Montagne disait, (Mt. VII, 15–20) : « C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » Évidemment, Notre Seigneur savait que son Église ferait l’objet d’attaques constantes, et que le diable n’aurait de cesse de semer la confusion dans l’esprit de ses disciples. Par nature le trouble consécutif à Vatican II ne diffère pas des autres crises survenues précédemment dans l’histoire de l’Église ; mais le trouble semé par la trahison des clercs à Vatican II atteint un tel degré qu’on n’en a jamais connu de semblable jusqu’ici : jamais avant les pasteurs catholiques n’ont-ils été aussi nombreux à être désorientés ni, à plus forte raison, les brebis catholiques.

Il n’empêche qu’il reste toujours possible de s’en sortir et d’y voir clair en appliquant ce même principe infaillible : les actions parlent plus fort que les mots ; les fruits des actions posées par un homme constituent le guide le plus sûr qui soit pour le connaître et savoir ce qu’il veut vraiment. Le modernisme en particulier rend facile de s’illusionner soi-même sur ce qu’on veut ou ce qu’on a l’intention de faire, parce que personne n’est aussi profondément coupé de la réalité qu’un moderniste. «  La fin du monde sera caractérisée par des hommes qui feront le mal en pensant qu’ils font le bien  », a déclaré le père Faber au milieu du 19ème siècle. Au 21ème siècle, nous sommes maintenant aux prises avec les conséquences toujours plus graves de ce processus séculaire où l’humanité se trompe elle-même en se détournant de Dieu. Mais est-il possible que Dieu laisse son troupeau sans défense contre ces loups modernistes dissimulés comme jamais sous des peaux de brebis ? Non, certes ! Car n’importe qui avec un minimum de bonne volonté guidé par la droite raison est encore capable de juger par les fruits.

Et maintenant, Joseph, résumons : Vous notez que les autorités ecclésiastiques d’aujourd’hui sont des hommes supérieurement intelligents et théoriquement catholiques, et vous supposez raisonnablement que ce sont les autorités légitimes de l’Église. Car, même si vous savez que leurs fruits sont si peu catholiques que bien des fidèles s’interrogent sur leur légitimité comme pasteurs, néanmoins il n’y a personne d’autre qui puisse, de manière autorisée, parler ou agir au nom de l’Église universelle. Et pourtant, vous constatez que leurs idées reprennent de graves erreurs anticatholiques du passé et que ces autorités sont maintenant applaudies par les ennemis traditionnels de l’Église, tels que les francs-maçons. Arguments d’un côté ; arguments de l’autre. Doutes et jeux d’ombres. Comment allez-vous sortir de cette confusion ?

La réponse se trouve dans l’une de vos propres constatations : depuis Vatican II l’esprit missionnaire disparaît de l’Église. Tels sont les fruits. Le Concile a prêché l’œcuménisme ( Unitatis Redintegratio ) et la liberté religieuse (Dignitatis Humanae ), entraînant l’acceptation des fausses religions telles que l’hindouisme, l’islam et le judaïsme ( Nostra Aetate ). Dès lors, comment l’esprit missionnaire catholique aurait-il pu ne pas s’effondrer suite au Concile ? D’innombrables monastères, séminaires, couvents, diocèses et paroisses n’ont-ils pas été vidés et fermés depuis Vatican II ? S’en est-il créé de nouveaux ? Oui, sous la houlette d’un évêque catholique qui, seul dans le monde entier, dès le début, a rejeté ouvertement le Concile et toutes ses œuvres. Avec Mgr Lefebvre sont venus à terme les mêmes fruits des mêmes principes catholiques, fidèlement appliqués en dépit de Vatican II. Joseph, vous n’avez pas à chercher plus loin.

Kyrie eleison.