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La Résistance Monte

La Résistance Monte posted in Les Commentaires Eleison on avril 20, 2013

Autre voyage de trois semaines du côté ouest de l’Atlantique m’a permis de constater que la résistance à l’effondrement de cette Fraternité St Pie X qui veut se jeter dans les bras des apostats romains, est en ascension, plutôt en qualité qu’en quantité, mais tous savent que c’est la quantité catholique qui suit la qualité catholique, et pas l’inverse. On a délibérément caché aux catholiques de la Tradition ce qui se trame entre la Fraternité et Rome, mais au fur et à mesure qu’il ressort à quel point on met en péril la vraie religion catholique, toujours plus nombreux sont les braves gens qui réagissent, sérieusement et résolument.

J’ai visité tout d’abord la communauté du R.P. Jahir au nord du Brésil derrière la ville de Salvador, où le Père Jahir a été prêtre de paroisse pendant de longues années. S’étant enfui de la Néo-église, il voit très clairement la chute de la Fraternité. Il a fondé dans la vraie Foi sa communauté d’une douzaine d’hommes, et il est facile d’imaginer que plusieurs d’entre eux feront dans quelques années de vaillants prêtres pour la garder et maintenir. A l’un d’entre eux j’ai donné la Tonsure et les deux premiers Ordres Mineurs, et puis je suis parti vers le sud pour visiter un deuxième prêtre brésilien qui se rend célèbre par sa fidélité inébranlable à la Tradition telle que Mgr Lefebvre l’entendait.

Dom Thomas d’Aquin, bénédictin de la Tradition, est Prieur du monastère proche de Nova Friburgo dans les montagnes derrière Rio de Janeiro. Ce monastère fut fondé dans les années 1980 par Dom Gérard, fondateur aussi du monastère bénédictin traditionnel du Barroux en France dans les années 1970. C’est Mgr Lefebvre qui l’a encouragé et soutenu pour ces deux fondations, mais au moment du sacre des évêques en 1988, Dom Gérard a rompu les relations avec Mgr. Lefebvre, a entraîné son monastère dans la Néo-église, et a traversé l’Océan pour faire de même avec le monastère au Brésil.

Mais voici qu’il rencontre la résistance de Dom Thomas, encore jeune moine, mais qui avant de se faire moine a appris en profondeur d’un célèbre penseur catholique brésilien, Gustavo Corçâo, tout le mal de la Néo-église. Aidé par plusieurs bons laïcs et soutenu par Mgr Lefebvre, Dom Thomas a tenu tête à Dom Gérard, moyennant quoi il a sauvé le monastère pour la Tradition. Fort d’un affrontement pareil, il est peu surprenant que Dom Thomas lui aussi voie bien clair ce qui se passe dans la Néo-fraternité, comme dans la Néo-église. Dans une tente érigée en-dehors de la petite église du monastère pour l’afflux des fidèles venant assister aux cérémonies de la Semaine Sainte, nous avons été peu de prêtres, mais munis de tout l’essentiel par ailleurs, pour célébrer le Jeudi Saint la cérémonie solennelle de la Consécration des Saintes Huiles. Celles-ci pourront être fournies cette année par le monastère aux prêtres en particulier qui risquent de n’en plus recevoir de la Néo-fraternité.

Ensuite j’ai pris l’avion pour les États-Unis afin de visiter encore trois centres de la Résistance en train d’être constitués par les braves abbés Joseph Pfeiffer et David Hewko. Près du Connecticut, dans le New Jersey et le Minnesota j’ai pu donner la Confirmation et des conférences à des catholiques qui ne font guère plus confiance à la Néo-fraternité. Ils ont posé de bonnes questions qui méritaient des réponses honnêtes.

Enfin pour les bienfaiteurs de l’Europe une bonne nouvelle : L’Initiative St Marcel a établi en France un RIB et un IBAN pour faciliter les dons en euros. Depuis l’intérieur de la France, utiliser le RIB suivant : ***** ***** *********** **. Et pour tout don en euros, mais qui vient de l’extérieur de la France, utiliser cet IBAN : **** **** **** **** **** **** ***. Grâce à ses bienfaiteurs l’Initiative St Marcel a pu tout récemment offrir un don intéressant au monastère de Dom Thomas, d’autant plus apprécié qu’on en a eu besoin. Dom Thomas remercie tous ceux qui y ont contribué.

Kyrie eleison.

Samedi Saint

Samedi Saint posted in Les Commentaires Eleison on mars 30, 2013

Le Samedi Saint dans la vie de Notre Seigneur fut ce jour qui sépara sa terrible mort sur la croix de sa glorieuse Résurrection, le jour où son corps humain, sans vie car séparé de son âme humaine, reposa dans l’obscurité du tombeau, invisible à l’œil de l’homme. Les ennemis de Notre Seigneur paraissaient l’avoir vaincu avec tant de succès que le Dieu Incarné se trouvait dans une éclipse totale, et seule la foi de Notre Dame demeurait inébranlable – c’est elle qui devait soutenir le courage de tous ceux qui avaient suivi son Fils, car même les plus fidèles d’entre eux avaient sombré dans le découragement et se sentaient perdus.

Or,étant le Corps Mystique du Christ, l’Église catholique suit parallèlement le cours de la vie de Son corps physique. Donc au cours de ses 2000 ans d’histoire l’Église a toujours été persécutée par les ennemis du Christ, et en de nombreuses parties du monde il y a eu des moments où elle a été virtuellement effacée. Cependant s’est-elle jamais tant approchée d’une éclipse totale comme elle semble le faire aujourd’hui ? Dieu a constitué son Eglise en monarchie dont c’est le Pape qui doit garantir l’unité, et nous venons de voir le Pape se démettre de sa fonction, en partie sans aucun doute parce que lui-même, conditionné par la façon de penser démocratique, n’a jamais pleinement cru en son propre office suprême. Retirant la tiare papale de son blason, et signant lui-même toujours comme “Evêque de Rome”, quelles qu’aient pu être ses intentions quand il démissionna au mois de février, il a sûrement contribué, humainement parlant, à miner l’institution divine de la papauté.

Par cette démission de Benoît XVI et par le conclave qui lui a fait suite, il est certain que les ennemis du Christ auront fait tout leur possible pour détruire la papauté. Par un juste châtiment de Dieu pour l’apostasie universelle de notre époque, ils ont reçu de Lui un grand pouvoir sur son Église. Depuis des siècles ils s’acharnent à s’emparer du Vatican, et ils s’y sont maintenant incrustés. Sans la moindre intention de satisfaire les exigences d’une petite Fraternité pieuse, ils en sont à démonter l’Église pierre par pierre, ainsi qu’Anne Catherine Emmerich l’a vu dans une vision il ya 200 ans. Humainement parlant, les fidèles de Notre Seigneur ne peuvent avoir aujourd’hui pas plus d’espoir qu’ils n’en avaient lors du premier Samedi Saint.

Mais pas plus que Notre Seigneur Lui-même son Église catholique n’est une affaire purement humaine. En 1846 Notre Dame de La Salette parla en ces termes de la situation de notre époque : « Les justes souffriront beaucoup. Leurs prières, leur pénitence et leurs larmes monteront jusqu’au ciel, et tout le Peuple de Dieu implorera pardon et miséricorde et demandera mon aide et mon intercession. Alors Jésus-Christ par un acte de Sa justice et de Sa grande miséricorde commandera à Ses Anges que tous Ses ennemis soient mis à mort. Tout à coup les persécuteurs de l’Église de Jésus-Christ et tous les hommes adonnés au péché périront et la terre deviendra comme un désert. Alors se fera la paix, la réconciliation de Dieu avec les hommes ; Jésus-Christ sera servi, adoré et glorifié ; la charité fleurira partout . . . . L’Evangile sera prêché partout . . . et les hommes vivront dans la crainte de Dieu. »

Autrement dit, sans aucun doute Dieu relèvera son Église de sa détresse actuelle. Lorsque cette éclipse deviendra encore plus sombre, comme elle est sûre de faire, accrochons-nous plus que jamais à la Mère de Dieu, et prenons la résolution de ne pas l’attrister par notre manque de foi, comme l’ont fait les apôtres et les disciples de Notre Seigneur lors du premier Samedi Saint. Engageons-nous à réjouir son Cœur Immaculé par notre foi inébranlable en son Divin Fils et en son unique véritable Église.

Kyrie eleison.

Sarto, Siri ?

Sarto, Siri ? posted in Les Commentaires Eleison on septembre 29, 2012

Lors d’un sermon pour la fête de Saint Pie X, je me suis surpris à prononcer une « quasi-hérésie » : Je me demandais à voix haute si Joseph Sarto aurait désobéi à Paul VI lorsque celui-ci détruisait l’Église, si au lieu de mourir étant le Pape Pie X en 1914, il était mort comme Cardinal, disons en 1974. Dans la Fraternité Saint Pie X, cela doit ressembler à une hérésie car, comment la sagesse du patron céleste de la FSPX peut-elle être prise en défaut ? Néanmoins la question n’est pas inutile.

Dans les années 1970Mgr. Lefebvre entreprit quelques visites personnelles à un certain nombre de cardinaux et d’évêques de l’Église parmi les meilleurs, dans l’espoir d’en persuader au moins une poignée à offrir une résistance publique à la révolution de Vatican II. Il disait souvent que la résistance unie de rien qu’une demi-douzaine de ces évêques aurait pu sérieusement entraver la débâcle Conciliaire de l’Église. Hélas, ni même le Cardinal Siri de Gênes que Pie XII souhaitait avoir comme successeur, ne voulait faire un geste publique contre l’Église officielle Conciliaire. Finalement, Monseigneur de Castro Mayer s’associa en public à Mgr Lefebvre, mais pas plus tôt que dans les années ‘80, alors que la Révolution Conciliaire s’était déjà bien incrustée au sommet de l’Église.

Vient alors la question : comment fut-il possible que les meilleurs parmi les esprits les mieux préparés aient pu être aussi aveuglés ? Comment au moins quelques-uns parmi les meilleurs hommes d’Église de l’époque ne furent-ils pas en mesure de voir ce que l’Archévêque voyait, par exemple que la « loi » qui instaurait la Nouvelle Messe ne pouvait être en aucune façon une vraie loi, car il appartient à la nature même d’une loi d’être un ordonnancement de la raison pour le bien commun ? Comment Monseigneur Lefebvre put-il se trouver si relativement seul pour refuser qu’un principe de bon sens aussi fondamental se laissât étouffer par respect de l’autorité, alors que la survie même de l’Église était gravement menacée par Vatican II et la Nouvelle Messe ? Comment l’autorité put-elle arriver à prendre ainsi le dessus de la réalité et de la vérité ?

Je réponds que depuis sept siècles la Chrétienté glisse dans l’apostasie. Pendant 700 ans, avec de nobles interruptions telle la Contre-réforme, la réalité du catholicisme s’est vue lentement ronger par le rêve cancéreux du libéralisme, comme quoi l’homme doit se libérer de Dieu en libérant sa nature de la grâce, son esprit de la vérité objective, et sa volonté du bien et du mal objectifs. Pendant très longtemps, pendant 650 ans, les chefs de l’Église catholique se sont accrochés à la réalité et l’ont défendue, mais à la fin, la force du rêve de la modernité, fantaisie toujours plus éblouissante et séduisante, finit par pénétrer dans leurs os suffisamment pour que la réalité perdît son emprise sur leurs esprits et leurs volontés. La grâce venant à leur manquer, ainsi que le dit Saint Thomas Moreà propos des évêques anglais de son époque qui trahissaient l’Église catholique, les prélats de Vatican II laissèrent le rêve des hommes peser plus que la réalité de Dieu, et l’autorité peser plus que la vérité. Il y a ici des leçons pratiques pour le clergé comme pour les laïcs.

Chers confrères, à l’intérieur comme à l’extérieur de la FSPX, pour servir Dieu, prenons garde de ne pas réagir comme Joseph Siri alors qu’en réalité il nous faut réagir comme Joseph Sarto, avec ses magnifiques condamnations des erreurs modernes dans Pascendi, Lamentabili et Notre Charge Apostolique sur le Sillon. Et pour obtenir la grâce dont nous avons besoin dans cette crise la plus terrible de toute l’histoire de l’Église, nous avons terriblement besoin de prier.

Quant à vous, fidèles, si les horreurs de la vie moderne vous font avoir « faim et soif de justice », réjouissez-vous, si vous pouvez, de ce que ces horreurs vous maintiennent dans la réalité, et ne doutez pas que si vous persévérez dans cette faim et soif, « vous serez rassasiés » (Mt.V, 6). Bienheureux les pauvres en esprit, les doux, ceux qui pleurent, dit Notre Seigneur au même endroit. Quant à la protection la plus sûre pour éviter que vos esprits et vos cœurs ne soient pris par le rêve, priez cinq, ou mieux quinze, Mystères chaque jour du Saint Rosaire de Notre Dame.

Kyrie eleison.

Shakespeare Américain ?

Shakespeare Américain ? posted in Les Commentaires Eleison on mars 17, 2012

Nombreux sont ceux qui trouveront absurde de comparer qui que ce soit impliqué dans le cinéma moderne avec l’un des plus grands poètes et dramaturges de tous les temps, mais la fête de Saint Patrick peut être un moment approprié pour commémorer un grand fils de l’Irlande, le cinéaste américain John Ford (1895–1973), en relevant quelques ressemblances entre sa carrière et celle de William Shakespeare (1564–1616). Peut-être un John Ford est-il le plus proche d’un Shakespeare que notre pauvre époque moderne puisse produire – voyons :

Tout d’abord les deux hommes produisirent beaucoup de spectacles qui connurent un grand succès populaire. Shakespeare commença par écrire non pas de la Littérature Anglaise mais des textes pour la compagnie du Théâtre du Globe, qui était toujours en quête de nouvelles pièces à mettre en scène. Entre 1592 et son exil du théâtre de Londres moins de 20 ans plus tard, il écrivit quelque 35 pièces de toutes sortes : pièces historiques, comédies, tragédies, pièces féeriques. Toutes furent populaires car Shakespeare s’était engagé à fond au Théâtre du Globe et fut très proche de son auditoire. Quant à John Ford, pour satisfaire l’appétit insatiable de nouveaux films de la part du public américain, entre 1917 et 1970 avec plusieurs acteurs qu’il utilisait souvent, il dirigea plus de 140 films, dans lesquels il mélangeait, comme Shakespeare, le comique avec le sérieux, la vie du grand monde avec la vie du bas peuple. Grand nombre de ces films connurent un grand succès parce que Ford comme Shakespeare connaissait bien son public.

Les deux hommes eurent ce succès parce qu’ils étaient de grands conteurs. En effet, les histoires ne sont-elles pas au cœur du divertissement populaire ? L’un comme l’autre, ils accrochent leur auditoire et sont maîtres du suspense – que va-t-il arriver ensuite ? Et de même que les conteurs peuvent avoir sur les gens une influence considérable, de même les deux hommes contribuèrent-ils à modeler le caractère de leur nation. Par ses pièces historiques qu’il écrivit comme propagande pour la dynastie Tudor récemment établie, Shakespeare a influencé de façon permanente la façon dont se voient les Anglais depuis la sortie du Moyen Age. De même, Ford était connaisseur de l’histoire américaine (voir par exemple La Dernière Fanfare, 1958), et en créant le mythe du « Western » par lequel il a fabriqué cette idée que nous avons du « Far West » de l’Amérique, il a défini le caractère national américain à tel point que depuis on associe toujours les Américains avec des « cow-boys ».

Les deux hommes ont fait un sérieux apprentissage de leur métier, Shakespeare sur les planches du Théâtre du Globe, Ford en passant plusieurs années comme opérateur de caméra avant de passer à la direction des films. Comme poète, Shakespeare est un magicien des mots incomparable, mais on pourrait qualifier de poésie ce que faisait Ford avec la caméra. D’innombrables directeurs de cinéma ont étudié ses films pour apprendre à utiliser la caméra car Ford était maître de la composition détaillée de ses images en mouvement (« movies »). Lorsqu’on demanda à Orson Wells, autre célèbre cinéaste, quels directeurs de cinéma l’attiraient le plus, il répondit « J’aime les vieux maîtres, j’entends John Ford, John Ford, et John Ford ». Pour louer « la simplicité et la force » du style des films de Ford, tel autre cinéaste les comparait aux œuvres de maturité de Beethoven !

Pour finir les deux hommes étaient catholiques. Le drame le plus profond des pièces de Shakespeare provient sûrement de son sens catholique, forcément déguisé, de cette tragédie que fut la chute irréversible de l’Angleterre du bon vieux temps – « Merrie England » – dans l’apostasie. Quant à John Ford il fut le dixième des onze enfants de deux immigrants aux Etats-Unis, nés dans l’Irlande catholique. Sans aucun doute, c’est la Foi de ses ancêtres qui lui permit de capter et de rendre comme il l’a fait l’innocence et l’honnêteté relatives de l’Amérique d’hier, avec ses femmes féminines et ses héros virils et droits, dont John Wayne est l’exemple type dans les films de Ford. Peut-être un roi du cinéma moderne ne pourra-t-il jamais figurer aux côtés d’un Shakespeare dans le Panthéon des grands hommes de tous les temps, mais ce roi moderne du cinéma John Ford l’était.

Merci à vous, Irlande et Amérique. Joyeuse Fête de Saint Patrick à toutes les deux !

Kyrie eleison.

Maladie Mentale

Maladie Mentale posted in Les Commentaires Eleison on janvier 21, 2012

Un ami m’a présenté récemment une série d’arguments pour montrer pourquoi la FSSPX devrait faire un accord avec Rome, bien que les Discussions doctrinales de 2009–2011 aient montré que le désaccord doctrinal Rome-FSSPX est radical. Que l’un de ses arguments fasse le sujet de ce Commentaire-ci, car je crois qu’il ouvre la compréhension de la pleine dimension du problème auquel la FSSPX est confrontée.

Si la FSPX ne « normalise » pas bientôt sa position vis-à-vis de Rome, écrit-il, elle court le risque de perdre son sens de l’Eglise. Car il y a des laïcs et même des prêtres de la FSSPX qui sont à l’aise dans leur situation présente anormale et qui s’y sont adaptés, parce que la FSSPX « a tout ce dont elle a besoin, en particulier des évêques ». Une telle adaptation, écrit mon ami, tend vers une mentalité schismatique et un sédévacantisme pratique, sinon théorique. J’ai répondu qu’à mon avis un risque bien plus grand que celui de se laisser gagner par une mentalité schismatique est celui de contracter « la maladie spirituelle et mentale des Romains d’aujourd’hui en les fréquentant de trop près ». Une réponse scandaleuse ? Que je m’explique.

« Maladie mentale » est le mot appliqué à des hommes d’Eglise à Rome avec lesquels un autre ami s’est récemment entretenu longuement. Il dit que ce sont des hommes intelligents et sincères, parfaitement capables de saisir les arguments en faveur de la Tradition qui leur sont présentés, mais il conclut, « Ce sont des malades mentaux, mais ils ont l’autorité ». Certainement qu’en disant « malades mentaux » il ne pense nullement à injurier personnellement ces Romains, car il exprime quelque chose de beaucoup plus sérieux qu’une simple injure personnelle. Il signale l’état objectif des esprits romains, tel que ses conversations avec eux l’ont confirmé. Leurs esprits ne se préoccupent plus de vérité.

Un troisième ami, ayant lui aussi eu à parler avec des Romains, m’a dit la même chose avec des mots différents. Je lui demandais, « N’auriez-vous pas pu aller au fond du problème en abordant avec eux la question fondamentale de l’esprit et de la vérité ? ». Il répondit : « Non. Tout ce qu’ils auraient dit, c’est que c’est eux l’autorité, que l’Eglise catholique c’est eux, et que si nous voulons être catholiques, c’est à eux de nous dire ce qu’il faut pour l’être ». Comme une voiture marche à l’essence, de tels esprits ne marchent plus à la vérité mais à l’autorité. Or, le lait est une chose merveilleuse, bien sûr, mais imaginez un automobiliste qui insisterait avec le plus grand sérieux pour remplir le réservoir de sa voiture avec du lait ! Le problème gigantesque du monde moderne presque entier, c’est qu’il a perdu tout sens et amour de la vérité. L’Eglise a résisté le plus longtemps possible à cette perte de la vérité, mais avec Vatican II cette dernière résistance s’est aussi effondrée.

Car le monde moderne est éblouissant et d’un puissant attrait, et Rome de même ! Voici comment un ami Italien ressent le magnétisme des bureaux du Vatican : « Pénétrer dans les palais de Rome est une entreprise hasardeuse car l’air même que l’on respire à l’intérieur est irrésistible. Si on est fasciné par ces salles vénérables, c’est moins par le charme des personnages officiels (beaucoup ne sont pas charmants du tout !) que par l’impression qu’elles inspirent de tous leurs 2000 ans d’histoire de l’Eglise. S’agit-il de la fascination du Ciel ? De l’Enfer ? En tout cas l’atmosphère même du Vatican séduit les visiteurs et entraîne leur volonté ».

Et la fascination du Vatican ne constitue qu’une petite partie de la pression totale du monde moderne qui s’infiltre dans les esprits pour les mettre au pas, et les entraîner à sa suite. Cher ami, je préférerais être un sédévacantiste schismatique qu’un apostat romain. Mais Dieu aidant, je ne serai ni l’un ni l’autre !

Kyrie eleison.

Les Dons des GRECs – II

Les Dons des GRECs – II posted in Les Commentaires Eleison on août 27, 2011

« Mais, Monseigneur, comment la semaine dernière (CE 214) avez-vous pu mettre en question la sincérité et bonne volonté des officiels romains qui ne cherchent qu’à mettre fin à l’aliénation de la Fraternité St Pie X par rapport à l’Église officielle ? Vous les avez comparés aux Grecs qui trompèrent délibérément les Troyens avec le Cheval de Troie. Mais tout ce que veulent les Romains, c’est de dépasser cette division pénible qui a prévalu trop longtemps entre les catholiques de la Tradition et l’Autorité de l’Église ! »

Réponse : il n’y a aucun besoin de mettre en question la sincérité et bonne volonté de ces Romains. Voilà précisément le problème ! Après presque 500 ans de protestantisme et de libéralisme notre époque est à tel point confuse et perverse que le monde est plein de gens qui font le mal tout en étant convaincus qu’ils font le bien. Et plus ces gens sont convaincus qu’ils font le bien, plus ils peuvent être dangereux parce que c’est avec d’autant plus de sincérité subjective et de bonnes intentions qu’ils poussent vers le mal objectif et entraînent d’autres à leur suite. Plus ces Romains sont convaincus que leur Néo-église est ce qu’il faut, et plus efficacement ils détruiront la vraie Église.

« Mais, Monseigneur, Dieu seul est juge de leurs intentions ! »

Dès qu’il s’agit de défendre la Foi, les intentions subjectives n’ont plus beaucoup d’importance. Si les Romains sont bien intentionnés en essayant d’attirer la FSSPX dans l’Eglise officielle, peut-être les aimerai-je sur le plan personnel, mais je n’en détesterai pas moins leurs erreurs. Si par contre ils ne sont pas bien intentionnés parce qu’ils sont conscients qu’ils cherchent à détruire la vraie Foi, je ne les aimerai plus et je détesterai encore plus leurs erreurs. Qu’ils soient aimables ou non, que je les aime ou non, cela a peu d’importance, ou aucune, par rapport au fait objectif qu’ils sont en train de détruire l’Église.

Lorsque des hommes aimables colportent d’horribles erreurs, trop facilement il en résulte de deux choses l’une : ou bien j’en conclus que leurs erreurs sont aussi aimables que les hommes eux-mêmes et alors les hommes m’attirent vers le libéralisme, ou bien je conclus que les hommes sont aussi horribles que leurs erreurs, et dans ce cas-là, par exemple, les erreurs des Papes conciliaires m’attirent vers le sédévacantisme. Mais la réalité actuelle, c’est que jamais dans toute l’histoire de l’humanité il n’a été si facile pour les hommes d’être aussi aimables que leurs erreurs sont horribles. Telle est notre époque. On ne verra pire que sous l’Antéchrist, mais c’est bien ses prédécesseurs qui mènent dès aujourd’hui le monde à sa ruine.

En attendant il est certain que les Romains qui vont rencontrer le 14 septembre les chefs de la FSSPX seront convaincus que la Néo-église telle que Vatican II l’a refaite est l’Église qu’il faut, et dans ce cas-là ils seront gravement dans l’erreur, mais il est possible aussi qu’on les choisisse pour leur charme personnel pour qu’ils attirent la FSSPX vers la Rome officielle. Alors ne soyez pas surpris, chers lecteurs, si on fera en sorte que la FSSPX semblera mépriser les offres nobles et les bonnes intentions de Rome, mais il n’en sera rien. L’unique objet d’un mépris éventuel de la part de la FSSPX portera sur les erreurs horribles. Vive la vraie Rome ! Vivent les Romains aimables ! Mais à la lanterne leurs erreurs horribles !

« Monseigneur, où réside leur erreur essentielle ? »

Dans l’homme mis à la place de Dieu. Ceux qui refont l’Église glissent dans l’apostasie, et ils entraînent à leur suite des âmes sans nombre.

Kyrie Eleison.