Fraternité Saint-Pie X

C’était Prévisible

C’était Prévisible on juillet 20, 2013

Il y a presque 20 ans un évêque de la Fraternité St Pie X a montré qu’il était possible de prévoir cette trahison de l’œuvre de Mgr. Lefebvre qui a failli se réaliser en 2009 et en 2012, et qui risque encore d’avoir lieu. Perturbé par ce qu’il avait observé du narcissisme et du manque de sérieux de la part des participants au Chapitre Général (électif) de la FSSPX qui venait d’avoir lieu, voici en résumé (avec quelques citations directes) ce qu’il a dit au Brémien en France le 17 juillet, 1994 (Voir le texte original sur l’Internet : Un évêque s’est levé le Brémien) :—

On aimerait bien pouvoir dire que dans la Fraternité nous ouvrons des maisons partout, que nous construisons, nous abordons de nouveaux pays, nous avons des vocations, que tout le monde est beau et gentil et jeune et enthousiaste, que nous avons quatre évêques, et ainsi de suite. « Mais pourquoi la Fraternité jouirait-elle d’une protection spéciale contre ces forces, aujourd’hui déchaînées, qui ont balayé des milliers d’excellents évêques et prêtres dans l’Église officielle ? ( . . . ) Quelles sont les qualités, les garanties de la Fraternité ? » La jeunesse ? Ah oui, la jeunesse ! Elle est gentille, belle et physiquement forte, mais qu’en est-il de l’âge, de l’expérience et de la sagesse qu’apportent les ans ? Comment veut-on que la jeunesse soit sage ?

Dans les années 1950 et 1960 l’Église semblait se porter bien, semblait offrir une résistance héroïque aux assauts du monde après-guerre. En Angleterre et aux États-Unis une foule d’âmes se convertissait tous les ans, en sorte que le monde semblait être sur le point de se convertir à la foi catholique. Mais que s’est-il passé ? Exactement le contraire. Avec Vatican II, la vérité a baissé les armes et c’est l’Église catholique qui s’est rendue au monde moderne.

Alors qu’il me soit permis de vous offrir un scénario parallèle pour la Fraternité. Dans les années 1990 la gentille petite Fraternité avec tous ses merveilleux petits prêtres résiste héroïquement aux défaillances et aux trahisons de l’Église officielle, et il y a des conversions, et les gens se rendent compte que la Néo-église est fausse et ne marche pas. Mais au moment même où l’Église officielle semble sur le point de se rendre, que pourrions-nous voir ? Je ne dis pas que nous le verrons, mais que pourrions-nous voir ? – la Fraternité qui se rend et rallie l’Église officielle. Car si l’Église Universelle a pu s’effondrer, pourquoi pas d’autant plus la petite Fraternité ?

Et voici encore une considération. Avant Vatican II toute Congrégation et Société catholique avait au-dessus d’elle les Congrégations de la Curie romaine, en sorte que « si quelque chose allait mal dans une Société, y compris une défaillance de la part de ses chefs, chose toujours humainement possible, alors on pouvait à tout moment faire appel à Rome, et Rome pouvait intervenir. » Autrefois elle intervenait en général pour le mieux, tandis qu’aujourd’hui elle intervient en général pour le pire, ce qui fait en effet « qu’il est mieux de ne plus se trouver sous l’autorité de Rome, mais attention ! Il y a un prix à payer, à savoir qu’il n’y a plus personne au-dessus de nous autres, et alors notre Conseil Général, notre petit Supérieur Général constituent le plafond ! Danger ! » La Fraternité ne peut en recourir qu’à elle-même. Or Mgr Lefebvre avait 65 ans lorsqu’il a fondé la Fraternité. En 1994, de combien d’hommes d’un âge mûr et d’une longue expérience dispose-t-elle ?

Bref, pourquoi la Fraternité devrait-elle être à l’abri des problèmes de l’Église Universelle ? Je ne veux pas que la Fraternité se casse, et que Dieu me donne de ne jamais rien faire pour qu’elle se casse, mais je dois dire que cette cassure ne me surprendrait point. Le Bon Dieu peut bien préserver la Fraternité, mais il peut tout aussi bien lui permettre de prendre le chemin de la faiblesse humaine, pour que nous nous rendions compte à quel point nous sommes par nous-mêmes faibles. Nous avons besoin de la sagesse, et d’une aide particulière de Dieu.

Kyrie eleison.

La Résistance Avance

La Résistance Avance on juillet 13, 2013

La célébration aux États-Unis des 25 ans des Sacres épiscopaux fut un grand succès. Une douzaine de prêtres et un évêque l’ont fêtée avec deux Messes pontificales les 29 et 30 juin dans le jardin du presbytère de Monsieur l’abbé Ronald Ringrose à Vienne, Virginia (près de Washington), avec une assistance d’environ 250 à 300 fidèles à chaque Messe. Du point de vue liturgique ces cérémonies ont pu laisser quelque peu à désirer, car aucune paroisse ne dispose des ressources d’un séminaire en fonctionnement. Néanmoins, ce qui est beaucoup plus important c’était l’état d’esprit des fidèles : serein, sans amertume ni colère, mais avec une vue claire que la Fraternité St. Pie X s’est gravement égarée, et que pour maintenir la Foi ils doivent y faire quelque chose. Bon nombre de ces fidèles vinrent de fort loin dans les États-Unis, et même de l’étranger.

Le jour précédent, l’Abbé Ringrose avait accueilli dans son presbytère pour délibérer pendant une journée les douze prêtres en provenance du Brésil, du Canada, de Colombie, des États-Unis, de France, d’Angleterre et du Mexique. Aucun organisme nouveau ne fut créé ni aucun autre mécanisme administratif, par contre on en vint à une nouvelle Déclaration qui se termine par une longue citation de Monseigneur Lefebvre au sujet de la reconstruction de la Chrétienté à partir de zéro. L’état d’esprit des prêtres fut comme celui des fidèles, tranquille et résolu, dans l’unité des volontés, les prêtres étant déterminés simplement à sauver ce qu’ils peuvent encore sauver de ce que l’état-major de la Fraternité est en train de trahir.

Trahir ? Mais n’est-il pas vrai que les trois évêques de la FSPX, Mgr. Tissier, Mgr.Fellay et Mgr.de Galarreta ont publié une Déclaration le 27 juin selon laquelle ils semblent revenir à ce que la FSPX a défendu depuis le début ? Attention ! Comme le disent les Latins, le venin se trouve dans la queue ( in cauda venenum . . . ). Le onzième des 12 paragraphes déclare que les trois évêques ont l’intention de suivre la Providence, « soit que Rome revienne à la Tradition . . . soit qu’elle (Rome) admette explicitement notre droit à professer intégralement la foi et à rejeter les erreurs qui s’y opposent ».

Or voici ce que déclare l’Abbé Ringrose, compagnon d’armes de la FSPX depuis près de 30 ans, mais qui ne l’accompagne plus dans cette nouvelle orientation suicidaire qu’elle a décidé de suivre. Il écrit dans le bulletin de sa paroisse au sujet de ce onzième paragraphe :

« Or donc, même dans le cas où Rome persiste dans son modernisme, acceptez-nous de toute façon. Nous serons satisfaits d’être une religion de plus dans le panthéon Conciliaire, au milieu des hérétiques, des œcuméniaques, des panthéistes ou de n’importe quoi d’autre qui s’y trouve. La Déclaration semble indiquer un mouvement de retour vers ce que la FSPX a toujours défendu, mais en fait la porte pour un accord (entre la FSPX et Rome) demeure ouverte. En réalité rien n’a vraiment changé.Le contenu de la boîte de conserve reste le même. Seule l’étiquette collée sur la boîte ressemble un peu plus à ce que disait Monseigneur Lefebvre ».

Et les fidèles semblent voter avec leurs pieds. D’après les informations il n’y aurait eu que 200 à 300 personnes pour assister à la célébration des 25 ans des Sacres à Écône, peu de gens en comparaison avec ce qui y est habituel pour des cérémonies pareilles, et presque la moitié des sièges serait restée vide lors des ordinations sacerdotales annuelles à Écône. En tout cas il semblerait que la trahison est en train d’affaiblir sérieusement la Fraternité, tandis qu’il y a des prêtres et laïcs qui se réveillent face à ce qui est en train de se passer. Voilà pourquoi en toute probabilité la résistance se dressera de jour en jour plus fortement.

Kyrie eleison.

Débat Vif

Débat Vif on juillet 6, 2013

Le problème de l’autorité paralysée (voyez ce « Commentaire » du1 et du 29 juin) excite une réaction vive de la part de quelques lecteurs. D’une part il y a des catholiques vaillants qui me disent qu’en ÉTANT évêque je dois AGIR en évêque en me mettant a la tête du mouvement de la “Résistance”. D’autre part un prêtre également vaillant qui a bien connu le “sédévacantisme” m’avertit que je ne dois pas déchaîner d’église parallèle en consacrant des évêques de plus, sauf en cas de Guerre Mondiale, persécution physique ou vieillesse désastreuse (remarquez, il y en a qui prétendent que celle-ci est déjà arrivée . . . ).

Bien sûr, le problème remonte à Vatican II. Au bout d’une glissade de sept cents ans les hommes de l’Église Conciliaire, en corrompant la doctrine de l’Eglise, ont divisé la Vérité catholique d’avec l’Autorité catholique, moyennant quoi ils ont tellement discrédité l’autorité officielle de l’Église que des âmes comme celles évoquées ci-dessus ne voient plus qu’elle soit nécessaire. Mais l’autorité centrale de l’Église, étant donnés la diversité naturelle et le péché orginel du genre humain, est absolument nécessaire pour garantir l’unité et la survie de l’Église, non seulement pour la Vérité mais aussi pour les sacrements et pour le gouvernement de l’Eglise.

Voici pourquoi tout évêque ou prêtre a besoin non seulement du pouvoir sacrementel de son Ordre, pouvoir qu’il ne peut perdre pour toute l’éternité, mais aussi du pouvoir de juridiction, c’est-à-dire le pouvoir de dire ( dictio ) le droit, ou ce qui est juste ( ius, iuris ). Le clerc ne reçoit pas ce dernier pouvoir avec son Ordre, et il ne peut pas se le donner à lui-même. Il ne peut le recevoir que d’en haut, à savoir d’un Supérieur ecclésiastique, en fin de comte du Pape, et le Pape de Dieu. Donc lorsque ces âmes vaillantes me disent qui je SUIS évêque (de par mon Ordre), en sorte que je suis délinquent si je n’AGIS pas comme tel en disant ( dictio ) à la “Résistance” ce qu’elle doit faire ( ius ), très probablement ils confondent les deux pouvoirs distincts de l’évêque.

Cependant il se peut qu’ils retrouvent instinctivement une autre doctrine de l’Eglise et du bon sens, à savoir celle de la juridiction de suppléance : en cas de nécessité où pour quelque raison que ce soit, les Supérieurs ne fournissent pas la juridiction nécessaire pour le salut des âmes, l’Eglise la supplée. Par exemple, la juridiction normalement nécessaire pour entendre validement les Confessions peut manquer à un prêtre, mais si un pénitent lui demande d’entendre sa Confession, alors en cas de nécessité le prêtre peut l’entendre et le sacrement sera valide. Or, le cas de nécessité gravissime créé dans l’Église par Vatican II a été sans aucun doute même aggravé par l’infâme Déclaration Doctrinale qui est sortie au mois d’avril du Quartier Général de la FSSPX, document qui prouve que la dernière forteresse de la vraie Foi dans l’Église est en train de s’effondrer.

Mais la juridiction de suppléance a une faiblesse, parce que n’étant pas officielle elle est d’autant plus apte a être mise en question. Par exemple, la Rome Conciliaire nie que Vatican II ait créé un cas de nécessité dans l’Église, et partant elle exerce sur la FSSPX une pression pour que celle-ci se soumette a l’autorité Conciliaire, pression qui ne réussit que trop bien. Tel est le besoin pour l’autorité d’etre officielle. Même Mgr. Lefebvre a perdu plus ou moins un prêtre sur quatre de tous ceux qu’il a ordonnés pour la FSSPX, parce qu’il n’avait aucun pouvoir pour les empêcher de s’en éloigner tout simplement. Voilà cette crise incroyable de l’Église. Donc si un prêtre ou fidèle me demande de lui donner des commandes, lui-même il peut les disputer quelques mois plus tard, ou bien aussitôt qu’il estimera qu’il n’a plus besoin de leur obéir.

Mais la crise n’en est pas moins réelle, et elle ne va que s’aggraver jusqu’au moment où Dieu interviendra pour restaurer le catholicisme du Pape, ce que Dieu fera aussitôt qu’assez de catholiques le supplieront d’ouvrir les yeux du Pape. Jusqu’alors le cas de nécessité toujours plus grave dans l’Église est apte à fortifier de plus en plus cette autorité non officielle, mais que le Bon Dieu nous aide a éviter toute anarchie qui ne s’impose pas.

Kyrie eleison.

L’Autorité Paralysée – II

L’Autorité Paralysée – II on juin 29, 2013

Encore un membre vaillant de la « Résistance » catholique d’aujourd’hui me pousse à me mettre à sa tête. La raison donnée continue d’être que je suis jusqu’ici le seul évêque qui participe à ce mouvement d’opposition à l’effondrement interne de la Fraternité St Pie X. Mais Dieu a donné à Mgr Lefebvre le dernier souffle de la vraie autorité ecclésiale, et ses successeurs l’ont cruellement malmenée. Pourquoi en donnerait-il encore ? La crise de l’Église a beaucoup avancé depuis les années 1970. Au risque d’agacer plusieurs lecteurs, voici les arguments principaux de cette âme vaillante, suivis des réponses que je propose à tous sans vouloir les imposer à qui que ce soit.

1 La grande diversité d’opinions parmi les prêtres de la Résistance sème la confusion parmi les fidèles. * Mais imposer une opinion commune exige de l’autorité (voir ci-dessus). Et peut-être les catholiques méritent-ils de se trouver dans la confusion. Trop d’eux ont suivi aveuglément Vatican II, comme ils font maintenant avec la Fraternité. Peut-être le Bon Dieu a-t-il eu assez de cette obéissance aveugle. Peut-être veut-il que les catholiques réfléchissent et pensent pour eux-mêmes, sans plus recourir à l’« obéissance » aveugle comme chemin de facilité pour arriver au Ciel.

2 La confusion règne en particulier quant à la question s’il faut ou non continuer d’assister aux Messes des prêtres de la FSSPX. * Mais pourquoi une seule opinion doit-elle s’appliquer à tous les cas ? Il ya toutes sortes de circonstances qui peuvent jouer dans une question semblable. D’accord, ne pas quitter la FSSPX tant qu’elle persévère dans son erreur actuelle présente un risque grave de glisser petit à petit avec elle, mais les âmes ont besoin des sacrements et pas tous les prêtres de la Fraternité ne sont encore des traîtres, loin de là. Récemment en France la première édition d’un livre de 350 pages, consistant à 90% de citations de Mgr Lefebvre, a été épuisée en deux semaines. Et c’est un prêtre de la Fraternité qui l’a rédigé, M. l’abbé François Pivert. C’est un vrai signe d’espoir. Que Dieu le bénisse !

3 Les désaccords entre les prêtres de la Résistance pourraient faire qu’elle se détruise elle-même. * Les désaccords personnels entre les prêtres il y a toujours eu, il y en aura toujours. Beaucoup plus graves sont les désaccords doctrinaux. C’est surtout la fidélité doctrinale qui a maintenu jusqu’ici la Fraternité, c’est l’infidélité doctrinale qui la détruit actuellement. C’est la fidélité doctrinale qui garantira cette unique Foi catholique laquelle seule peut fonder ce qui survivra du catholicisme, soit dans l’Église, soit dans la Fraternité, soit dans la « Résistance ».

4 Il n’y a pas d’Église sans chef ni hiérarchie. Dieu veut que nous nous organisions. * Normalement c’est vrai, pas d’Église sans chef ni hiérarchie, mais l’homme moderne a créé une situation tout à fait anormale. Là où le centurion païen de l’Évangile (Mt.VIII, 6–10) savait tout naturellement et commander et obéir (les deux vont ensemble), l’homme moderne, au nom de la liberté supposément « démocratique », a voulu ne plus savoir ni commander ni obéir. Aussi les commandes arbitraires et l’obéissance excessive mettent-elles actuellement la Fraternité par terre, comme elles ont fait en grande partie pour l’Église officielle. La raison en est qu’aux gouverneurs comme aux gouvernés manquent le sens et l’amour de la vérité objective, laquelle en s’élevant au-dessus des uns comme des autres, est largement capable, pour peu que l’on en fasse cas, de mettre en harmonie l’autorité et l’obéissance. Peut-être Dieu veut-il que nous poursuivions plutôt la doctrine que l’organisation.

Pour conclure, cette épreuve tout à fait exceptionnelle de l’Église durera le temps que Dieu voudra pour que son Église soit purifiée. En attendant, il me semble qu’au début de notre 21ème siècle il n’y a tout simplement pas assez de paille catholique pour produire une brique catholique telle la Fraternité de la fin du 20 ème siècle. Patience. Dieu prévaudra. C’est son Église, et il s’en occupe. Patience.

Kyrie eleison.

Chute Horrible – II

Chute Horrible – II on juin 22, 2013

« Horrible » peut sembler un mot trop fort pour qualifier le changement de direction dans la Fraternité St Pie X qui est sorti au grand jour il y a un an. Pourtant, si l’Enfer est horrible, si on ne peut l’éviter sans la Foi ; si la Foi se trouve en grand danger dans l’Église désamorcée par Vatican II, mais une forteresse de la vraie Foi s’est établie par miracle dans cette Église défaite ; et si enfin cette forteresse se défait maintenant, alors le mot « horrible » n’est peut-être pas de trop.

La FSPX n’est pas encore complètement par terre, mais elle est tombée bien bas, et la chute totale est possible. Les chefs qui promeuvent habilement cette chute depuis 15 ans sont encore au pouvoir. Ils ont suivi Mgr Lefebvre tant qu’il était en vie, mais ils n’ont jamais compris, ou bien ils ont cessé de vouloir comprendre pourquoi il a fondé la FSPX, à savoir pour résister à l’effondrement des prélats Conciliaires qui cherchaient à aligner l’Église sur le monde moderne, attirant mais corrompu. Dès que Mgr Lefebvre n’était plus là, l’attraction a vite fait d’éblouir ses successeurs par le moyen de GREC entre d’autres.

Et maintenant ces chefs traînent derrière eux bon nombre des anciens prêtres de la FSPX, et ils déforment les jeunes. Quant aux anciens prêtres, tout comme après Vatican II, ceux qui ont été formés par Mgr Lefebvre peuvent souffrir beaucoup sous la pression exercée par la néo-Fraternité pour les réformer, au moins jusqu’au moment où ils se décident à suivre le courant actuel, mais dès ce moment-là c’est leur conscience qu’ils doivent anesthésier. Quant aux jeunes prêtres, tout comme après Vatican II, ayant été normalement plus ou moins mal formés selon la nouvelle direction, ce n’est que par eux-mêmes qu’ils peuvent retrouver l’ancienne direction, parce qu’on ne leur enseigne plus les vraies raisons du combat de Mgr Lefebvre. En effet les séminaires de la FSPX deviennent lentement des séminaires de la néo-Église. Il faut faire attention avant de les recommander aux jeunes hommes qui pensent à la vocation.

Et vers les sommets de la FSPX ? Voici la position récente d’un membre de la FSPX qui a bien compris le combat doctrinal de Mgr Lefebvre. Pendant longtemps il l’a soutenu, mais puisque les Discussions Doctrinales de 2009 à 2011 ont prouvé que Rome persévérait dans son erreur doctrinale, en 2013 il approuve que le Chapitre Général de 2012, en établissant les six conditions d’un accord pratique, ait abandonné l’exigence par la FSPX d’un accord doctrinal avec Rome. Néanmoins il est content que la baisse des exigences n’ait pas abouti à l’accord visé ! Sans doute les Romains ont estimé que l’abandon de ses principes par la FSPX n’était pas encore assez complet, mais cela n’empêche pas ce confrère de se réjouir d’une éventuelle reprise des contacts entre les chefs de la FSPX et les Romains, comme si l’abandon à moitié ne risquait pas de devenir un abandon complet lorsque ces chefs retourneront à Rome à genoux pour mendier un statut canonique pour la FSPX.

Mais qu’est devenue l’intelligence de ce confrère ? Tout comme tant de bons prêtres sous la tyrannie de Paul VI à la suite de Vatican II, il l’a détachée de la doctrine et il l’oblige à suivre le courant. Sa conscience ne peut guère être tranquille, mais fort probablement sa volonté se raffermit pour préférer l’intérêt apparent de la FSPX au vrai bien de la Foi, bien qui est incompatible avec la soumission officielle aux ennemis puissants de la Foi. En prononçant sa solidarité avec ces chefs de la FSPX qui poursuivent une telle soumission, il ne perdra pas nécessairement lui-même la Foi, mais par sa nouvelle condescendance envers les apostats de Rome il risque au moins de faciliter la perte de la vraie foi pour bon nombre d’autres âmes.

Quant aux chefs actuels de la FSPX, ils se sont embourbés dans la duplicité, parce qu’ils doivent encore se tromper, eux-mêmes d’abord et ensuite leur monde, qu’ils restent fidèles à la religion de Dieu et de Mgr Lefebvre, alors qu’en réalité ils veulent appartenir à l’Église officielle dédiée, elle, à la nouvelle religion de l’homme. La perte des âmes et la duplicité sont une double horreur. Que peut-on faire ? A suivre.

Kyrie eleison.

Voyage en Asie

Voyage en Asie on juin 15, 2013

Plusieurs lecteurs de ce Commentaire se sont plaints du numéro d’il y a deux semaines sur la paralysie de l’autorité. A partir de son argument que d’ici jusqu’au « Châtiment imminent » il ne sera plus possible de poser une Congrégation catholique sur des fondements catholiques normaux, ils ont conclu que selon moi il n’y a plus autre chose pour un évêque à faire que d’attendre que Dieu intervienne. Mais dans ce cas-là pourquoi est-ce que je viens de passer deux semaines en Asie ? Et pourquoi me trouvé-je maintenant en Irlande ? De même ils ont conclu que jamais je ne sacrerai un autre évêque. Je réponds : si Dieu veut, attendez voir.

De fait il y a beaucoup à faire pour un évêque qui veut visiter et encourager les âmes qui s’efforcent de garder la Foi, alors que de toute évidence le Quartier Général de la FSPX s’acharne toujours à la jeter dans les bras de la Rome conciliaire. Le 17 juin Mgr. Fellay a écrit à Benoît XVI, «  J’ai l’intention de faire tout mon possible pour poursuivre ce chemin (de la réconciliation avec Rome) pour arriver aux clarifications nécessaires. » Et dans la même lettre, «  Malheureusement, dans la situation présente de la Fraternité » la Déclaration Doctrinale de Mgr Fellay du 15 avril, telle que les Romains l’ont modifiée le 13 juin «  ne passera pas. » Donc il aurait été mieux si la Fraternité eût accepté la Déclaration avec ses modifications romaines ?

C’est le Quartier Général qui a rendu public cette évidence écrite de la détermination inchangée de Mgr Fellay de brader la Fraternité de Mgr Lefebvre. Par contre il aurait dit au Supérieur du District de France que ce n’est qu’ «  au nom du Pape » qu’il a écrit ce «  malheureusement », et à la Mère Supérieure du Carmel en Belgique il aurait dit qu’il «  n’a jamais eu l’intention de poursuivre un accord pratique avec Rome. » Hélas, l’habitude de Mgr Fellay d’adapter ce qu’il dit selon son auditoire est tellement connue que de telles paroles ne prouvent nullement qu’il n’entende pas brader la Fraternité de Mgr Lefebvre. Sa capacité ahurissante d’arranger et de déplacer les meubles mentaux dans son esprit mérite à elle seule un « Commentaire », mais en attendant, qui peut s’étonner si ce phénomène auquel on donne le nom de la « Résistance » surgit spontanément dans le monde entier ?

Entre le 24 mai et le 6 juin j’ai visité avec l’abbé François Chazal une bonne partie de son troupeau de quelque 400 âmes, et j’en ai confirmé plus de 50 dans la Corée du Sud, aux Philippines et à Singapour. L’abbé Chazal est un « numéro ». Il est perspicace et amusant. Si jamais vous le rencontrez, demandez-lui de vous régaler avec son imitation d’un politicien des Indes (il affirme que les Indiens ont bon dos et ne lui en veulent pas).

En Corée du Sud la réorientation de la Néo-fraternité a causé une division dure qui n’a fait que provoquer la donatrice de la première chapelle à en donner une seconde. J’ai eu le plaisir de célébrer le mariage de sa fille. Aux Philippines, au moment même où j’arrivais, un prêtre d’un certain âge qui avait fui il y a des années la Néo-église pour travailler avec la Fraternité, fuyait la Néo-fraternité pour travailler avec la Résistance. Il paraît que l’abbé Chazal va lui confier et les débuts d’un séminaire qu’il veut fonder, et l’apostolat de toutes les Philippines centrales. Le travail ne lui manquera pas. A Singapour, vitrine en Orient du matérialisme de l’Occident, une bonne famille chinoise avec leurs amis a néanmoins bien compris le drame de la transformation de la Fraternité en Néo-fraternité. La vérité va faire sauter cette Néo-fraternité, tout comme elle est en train de faire sauter la Néo-église du Novus Ordo.

Voici beaucoup d’âmes à soutenir sur le chemin du Ciel. Y a-t-il des candidats qui s’offrent pour être sacrés comme évêques ?

Kyrie eleison.