Mgr Marcel Lefebvre

Concile, en Avant

Concile, en Avant on septembre 14, 2013

Que la Déclaration signée le 27 juin par trois évêques de la Fraternité St Pie X ne soit pas si fidèle à la Tradition catholique qu’elle le paraît, est la thèse d’un bon article paru dans le numéro d’août du Recusant. Ce nouveau mensuel anglais porte comme sous-titre, « Bulletin officieux de la Fraternité St Pie X, guerroyant pour l’âme de la Tradition ». Les sept denses pages de son article ne sauraient guère se laisser reproduire dans un survol comme celui qui suit, mais les grandes lignes de l’argument méritent d’être connues. Les voici.

De prime abord la Déclaration paraît Traditionnelle, mais comme avec les documents de Vatican II A, on y trouve habituellement une échappatoire, une faille fatale, qui a l’effet de défaire le reste du document. Voyons de plus près, paragraphe par paragraphe :—

# 1 On exprime une « gratitude filiale » envers Mgr. Lefebvre, mais on ne cite de lui dans la Déclaration que des paroles modérées et inoffensives. Il n’y a pas un mot de son sermon à l’occasion des Consécrations, ni des raisons percutantes qu’il avait pour créer des évêques qui résistassent aux « antichrists » installés à Rome. #3 On admet que la « cause » des erreurs qui ravagent l’Église catholique se trouve dans les documents du Concile, mais on n’admet pas pour autant que les erreurs elles-mêmes s’y trouvent. En effet, la cause et son effet ne peuvent être identiques. Pourtant des erreurs gravissimes paraissent dans les textes du Concile, notamment la liberté religieuse. #4 On reconnaît que Vatican II a changé et perverti le mode d’enseignement de l’Église, ou son autorité pour enseigner, mais le problème principal est plutôt d’ordre doctrinal – voir #8. #5 On n’utilise que des termes modérés pour évoquer le «  manque de préoccupation » du Concile pour le « règne du Christ ». En l’occurrence l’Église Conciliaire renie et contredit la doctrine plénière de la Royauté Sociale du Christ Roi, étendard de Mgr. Lefebvre et de tous les catholiques antilibéraux de nos jours. #6 Comme au #3, on admet que le texte Conciliaire sur la liberté religieuse conduit à la dissolution du Christ, mais ce texte est cette dissolution, en mettant l’homme à la place de Dieu. Vatican II est le fruit non seulement de la faiblesse ou inattention des hommes, mais d’une conspiration proprement diabolique. #7 De même l’œcuménisme et le dialogue interreligieux ne font pas que «  taire la vérité sur l’unique vraie Église », ils la renient et la contredisent. Encore, ils ne font pas que «  tuer l’esprit missionnaire », ils tuent les missions elles-mêmes, et avec elles des milliards d’âmes dans le monde entier. #8 Par contre l’autorité on la met en valeur, en attribuant à sa destruction dans l’église par la collégialité et l’esprit démocratique la ruine des institutions ecclésiales. Pourtant le problème essentiel (indiqué faiblement au début du paragraphe) est la perte de la Foi. L’autorité n’est que secondaire. #9 Tout en nous indiquant de vraies fautes et de graves omissions dans le Nouveau Rit de la Messe, on passe sous silence l’hécatombe mondiale des âmes provoquée par sa falsification de leur culte de Dieu. C’est ce nouveau Rit, depuis son introduction en 1969 jusqu’aujourd’hui, qui a été le grand moteur de la destruction de l’église. #10 En conclusion, on recourt à des termes timides et respectueux pour « demander avec insistance » que Rome revienne à la Tradition. Mais bien sûr, « re-branding » oblige. Selon la nouvelle marque de la Néo-fraternité, on ne veut plus de combattants ni de langage combatif. #11 Que Rome revienne ou non à la Tradition, les trois évêques « entendent . . . suivre la Providence ». Qu’est-ce à signifier sinon l’acceptation éventuelle d’un accord pratique qui contourne la doctrine ? #12 Et la Déclaration de conclure pieusement avec encore une parole modérée de Mgr Lefebvre.

C’est ainsi que The Recusant arrive à la conclusion triste, mais par trop vraisemblable, que cette Déclaration prend un pas en arrière seulement en apparence par rapport aux Déclarations du 15 avril et du 14 juillet de l’année dernière, qui ont représenté, elles, deux grands pas en avant dans la réduction de la Fraternité au Concile. Que Dieu ait pitié de la Fraternité !

Kyrie eleison.

Organiser la Résistance ?

Organiser la Résistance ? on septembre 7, 2013

Faut-il organiser la « Résistance » d’aujourd’hui, et comment ? Le débat continue (définissons ici la « Résistance » comme ces anciens membres ou fidèles de la Fraternité St Pie X qui ont été tellement perturbés par sa nouvelle orientation, sortie récemment au grand jour, qu’ils entendent agir pour lui tenir tête). En gros, les jeunes (relativement parlant) veulent organiser pour coordonner l’action et la rendre plus efficace, tandis que les anciens pensent plutôt qu’une structure organisée n’est plus possible ni même peut-être souhaitable dans les circonstances chaotiques actuelles.

Tout d’abord, il faut prendre la mesure du chaos. La cause essentielle en est que le pasteur est frappé et les brebis dispersées (Zach. XIII, 7 ; Mt. XXVI, 31). Qu’on le croie ou non, qu’on le veuille ou non, pour le monde entier ce pasteur est le Pape catholique. En effet, ne constatons-nous pas depuis des années que s’il perd la tête, sa tête catholique, personne d’autre ne sait rétablir l’ordre ? La raison en est que Notre Seigneur a fait de son Église le sel de la terre et la lumière du monde (Mt. V, 13–14), et il a construit cette Église comme une monarchie, construction que même Vatican II n’a pu défaire. Donc personne ne peut prendre la place du Pape, et s’il prend sur lui de prononcer par exemple, « Qui suis-je pour condamner un homosexuel qui cherche Dieu ? », comme l’a dit récemment l’occupant actuel du Siège de Pierre, alors comme le dit Othello, « Le chaos est revenu », et on ne peut pas y faire grande chose, si ce n’est prier Dieu pour qu’il intervienne.

N’empêche, Mgr Lefebvre a fait tout ce qu’il a pu, et par la miséricorde de Dieu il a créé un îlot de santé et d’ordre, la FSPX. Mais bien entendu, sous la pression d’un Pape Conciliaire après l’autre, ses successeurs aussi ont cédé. Ils se demandent, « Comment peut-on désobéir au Pape et en même temps être Catholique ? » – voilà encore de la confusion et du chaos. Pourtant Mgr Lefebvre a tellement bien réussi à organiser la résistance au Concile que bon nombre de ceux qui l’ont compris veulent organiser la résistance à ceux qui le trahissent. Mais est-ce possible ? Voilà la question qui se pose.

Un sage confrère, assez âgé pour avoir combattu fortement et efficacement aux côtés de Mgr Lefebvre dans l’expansion mondiale de la Fraternité dans les années 1970 et 1980, se souvient de ces débuts où de nombreux prêtres à travers le monde réussirent à tenir tête au Concile, et cela indépendamment les uns des autres et de Mgr Lefebvre. Ils l’écoutaient parce que ce qu’il disait était sensé et catholique, et pour cela ils acceptaient son autorité morale, mais aucun d’entre eux ne lui obéissait au sens strict, et à aucun il ne demandait de le faire. Car sans le Pape l’obéissance catholique au sens strict était, et reste, impossible. De plus ce confrère rappelle que même la Fraternité de Mgr Lefebvre a su résister à l’Église libérale et au monde pendant seulement 30, disons 40 ans, et la situation actuelle s’est bien dégradée depuis son temps. Lorsque la patrie est occupée par une armée ennemie, conclut ce confrère, on ne peut plus organiser une armée de défense, il ne reste plus que la guerre de guérilla.

Et à mon avis ce confrère décrit correctement comment le chaos s’est accru par la chute de la FSPX : « Lorsque TOUT paraîtra perdu, y compris la petite FSPX, c’est alors qu’arrivera l’heure de Dieu et du Cœur Immaculé de Marie (elle l’a bien dit lors d’une de ses apparitions). La grande illusion de Mgr Fellay, c’est d’avoir cru que la grande FSPX allait sauver l’Église. Et le Diable y ajouta, « depuis l’intérieur, comme un cheval de Troie ». Au contraire tout ce que nous devions faire, c’était de construire l’arche de Noé, et de continuer de la construire selon le plan du Fondateur pour le petit reste des croyants, jusqu’au Déluge. Un illuminé a anticipé l’ouverture de la porte et l’arche s’en est inondée. Que Dieu ait pitié de nous. Cet illuminé n’a pas été Noé, il a été le Capitaine du Titanic. »

Kyrie eleison.

Condition Pathologique

Condition Pathologique on août 17, 2013

On rapporte que la grande Reine d’Espagne, Isabelle la Catholique, a commandé une fois un tableau qui présentât un prêtre à l’autel, une femme qui enfante et un criminel sur l’échafaud. Autrement dit, que chacun soit fidèle à son état de vie. Mais ce « Commentaire » a suggéré la semaine dernière que ce n’est pas le cas aujourd’hui : souvent, les enseignants n’enseignent plus, les médecins ne soignent plus, les policiers ne protègent plus et – le pire de tout, j’aurais pu ajouter – les prêtres ne sont plus des hommes de Dieu. Pour nommer ce décalage par rapport à la réalité, aujourd’hui fréquent, un ami italien a recours à un mot moderne – la « pathologie ».

Ce mot appartient au jargon des psychiatres que l’on peut appeler le « psycho-bla-bla », parce qu’il habille de néologismes sonores les anciennes misères bien connues de la pauvre nature humaine. Or, les psychiatres qui sont eux-mêmes sans Dieu peuvent difficilement résoudre les problèmes de l’homme moderne sans Dieu, mais au moins ils s’y efforcent, pour ainsi dire, et alors la nouveauté de leur « psycho-bla-bla » sert au moins à suggérer que les misères qui s’accumulent dans les âmes aujourd’hui, de par l’apostasie accumulée des siècles passés, sont d’une certaine façon sans précédent. Mon ami écrit :—

« Le mot « pathologie » peut signifier une affection d’occasion ou de naissance, par extension un mode d’être, entendons anormal ou déformé, laquelle affection, soit innée soit acquise, est arrivée jusqu’à faire partie de la constitution de l’individu en question. On peut étendre le même concept à un groupe ou une société. C’est ainsi que l’on peut parler d’une condition malade, anormale, du monde moderne. En tant que telle, acquise ou innée, la pathologie n’est pas perçue pour ce qu’elle est par le sujet qui en est affecté, au contraire, croyant qu’il s’agit d’une condition normale, il en profite comme bouclier, même il s’en vante. L’anormal devenu normal et le normal devenu anormal, voilà le drame du monde moderne. »

Dans ce cas-là on s’attendrait à trouver des prêtres qui négligent l’autel, des femmes qui n’enfantent pas et des criminels jamais sur l’échafaud. Mais voilà exactement notre monde – bravo, le « psycho-bla-bla » ! Voici donc ce qu’écrit le même ami sur la façon dont les catholiques doivent réagir à cette condition pathologique du monde d’aujourd’hui :—

« Les catholiques doivent bien comprendre que nous vivons dans une situation sans précédent, où tout sens de la réalité objective ne fait que s’étioler. Ceci signifie pour l’Église que des points de repère qui étaient valides jusqu’à il y a 50 ans, ne le sont plus. Il faut d’autres solutions qui non seulement prennent en compte que le désordre peut toujours augmenter, mais soient aussi assez élastiques pour s’y adapter. Si donc c’est la doctrine qui prime, c’est de façon doctrinale qu’il faut faire comprendre aux catholiques et aux futurs prêtres à quel point ces temps de la fin sont uniques. Les Évangiles en parlent comme à l’avenir, mais ces temps sont bel et bien actuels, et ils ne risquent que de s’empirer, jusqu’au moment où Dieu dira que la mesure est comble. »

Bref, des siècles d’une apostasie en ascension ont accumulé dans le genre humain un refus de la réalité que l’on peut qualifier de « pathologique », et qui est cause dans les âmes d’une détresse sans pareil, détresse pas soulagée par un degré de prospérité matérielle également sans pareil. L’Église catholique a combattu cette apostasie, mais lorsqu’à Vatican II elle a renoncé au combat, la fantaisie pathologique s’est emparée du monde qui en a basculé vers l’Antéchrist. Mgr. Lefebvre a créé un bastion de la santé mentale à l’intérieur de cette Église branlante, mais voici que la même pathologie est bien en cours pour s’emparer de sa Fraternité.

Enseignants, enseignez ! Médecins, soignez ! Femmes, enfantez ! Et prêtres, étudiez tout ce qu’a dit et écrit Mgr. Lefebvre. Et Reine Isabelle, priez pour nous.

Kyrie eleison.

C’était Prévisible

C’était Prévisible on juillet 20, 2013

Il y a presque 20 ans un évêque de la Fraternité St Pie X a montré qu’il était possible de prévoir cette trahison de l’œuvre de Mgr. Lefebvre qui a failli se réaliser en 2009 et en 2012, et qui risque encore d’avoir lieu. Perturbé par ce qu’il avait observé du narcissisme et du manque de sérieux de la part des participants au Chapitre Général (électif) de la FSSPX qui venait d’avoir lieu, voici en résumé (avec quelques citations directes) ce qu’il a dit au Brémien en France le 17 juillet, 1994 (Voir le texte original sur l’Internet : Un évêque s’est levé le Brémien) :—

On aimerait bien pouvoir dire que dans la Fraternité nous ouvrons des maisons partout, que nous construisons, nous abordons de nouveaux pays, nous avons des vocations, que tout le monde est beau et gentil et jeune et enthousiaste, que nous avons quatre évêques, et ainsi de suite. « Mais pourquoi la Fraternité jouirait-elle d’une protection spéciale contre ces forces, aujourd’hui déchaînées, qui ont balayé des milliers d’excellents évêques et prêtres dans l’Église officielle ? ( . . . ) Quelles sont les qualités, les garanties de la Fraternité ? » La jeunesse ? Ah oui, la jeunesse ! Elle est gentille, belle et physiquement forte, mais qu’en est-il de l’âge, de l’expérience et de la sagesse qu’apportent les ans ? Comment veut-on que la jeunesse soit sage ?

Dans les années 1950 et 1960 l’Église semblait se porter bien, semblait offrir une résistance héroïque aux assauts du monde après-guerre. En Angleterre et aux États-Unis une foule d’âmes se convertissait tous les ans, en sorte que le monde semblait être sur le point de se convertir à la foi catholique. Mais que s’est-il passé ? Exactement le contraire. Avec Vatican II, la vérité a baissé les armes et c’est l’Église catholique qui s’est rendue au monde moderne.

Alors qu’il me soit permis de vous offrir un scénario parallèle pour la Fraternité. Dans les années 1990 la gentille petite Fraternité avec tous ses merveilleux petits prêtres résiste héroïquement aux défaillances et aux trahisons de l’Église officielle, et il y a des conversions, et les gens se rendent compte que la Néo-église est fausse et ne marche pas. Mais au moment même où l’Église officielle semble sur le point de se rendre, que pourrions-nous voir ? Je ne dis pas que nous le verrons, mais que pourrions-nous voir ? – la Fraternité qui se rend et rallie l’Église officielle. Car si l’Église Universelle a pu s’effondrer, pourquoi pas d’autant plus la petite Fraternité ?

Et voici encore une considération. Avant Vatican II toute Congrégation et Société catholique avait au-dessus d’elle les Congrégations de la Curie romaine, en sorte que « si quelque chose allait mal dans une Société, y compris une défaillance de la part de ses chefs, chose toujours humainement possible, alors on pouvait à tout moment faire appel à Rome, et Rome pouvait intervenir. » Autrefois elle intervenait en général pour le mieux, tandis qu’aujourd’hui elle intervient en général pour le pire, ce qui fait en effet « qu’il est mieux de ne plus se trouver sous l’autorité de Rome, mais attention ! Il y a un prix à payer, à savoir qu’il n’y a plus personne au-dessus de nous autres, et alors notre Conseil Général, notre petit Supérieur Général constituent le plafond ! Danger ! » La Fraternité ne peut en recourir qu’à elle-même. Or Mgr Lefebvre avait 65 ans lorsqu’il a fondé la Fraternité. En 1994, de combien d’hommes d’un âge mûr et d’une longue expérience dispose-t-elle ?

Bref, pourquoi la Fraternité devrait-elle être à l’abri des problèmes de l’Église Universelle ? Je ne veux pas que la Fraternité se casse, et que Dieu me donne de ne jamais rien faire pour qu’elle se casse, mais je dois dire que cette cassure ne me surprendrait point. Le Bon Dieu peut bien préserver la Fraternité, mais il peut tout aussi bien lui permettre de prendre le chemin de la faiblesse humaine, pour que nous nous rendions compte à quel point nous sommes par nous-mêmes faibles. Nous avons besoin de la sagesse, et d’une aide particulière de Dieu.

Kyrie eleison.

La Résistance Avance

La Résistance Avance on juillet 13, 2013

La célébration aux États-Unis des 25 ans des Sacres épiscopaux fut un grand succès. Une douzaine de prêtres et un évêque l’ont fêtée avec deux Messes pontificales les 29 et 30 juin dans le jardin du presbytère de Monsieur l’abbé Ronald Ringrose à Vienne, Virginia (près de Washington), avec une assistance d’environ 250 à 300 fidèles à chaque Messe. Du point de vue liturgique ces cérémonies ont pu laisser quelque peu à désirer, car aucune paroisse ne dispose des ressources d’un séminaire en fonctionnement. Néanmoins, ce qui est beaucoup plus important c’était l’état d’esprit des fidèles : serein, sans amertume ni colère, mais avec une vue claire que la Fraternité St. Pie X s’est gravement égarée, et que pour maintenir la Foi ils doivent y faire quelque chose. Bon nombre de ces fidèles vinrent de fort loin dans les États-Unis, et même de l’étranger.

Le jour précédent, l’Abbé Ringrose avait accueilli dans son presbytère pour délibérer pendant une journée les douze prêtres en provenance du Brésil, du Canada, de Colombie, des États-Unis, de France, d’Angleterre et du Mexique. Aucun organisme nouveau ne fut créé ni aucun autre mécanisme administratif, par contre on en vint à une nouvelle Déclaration qui se termine par une longue citation de Monseigneur Lefebvre au sujet de la reconstruction de la Chrétienté à partir de zéro. L’état d’esprit des prêtres fut comme celui des fidèles, tranquille et résolu, dans l’unité des volontés, les prêtres étant déterminés simplement à sauver ce qu’ils peuvent encore sauver de ce que l’état-major de la Fraternité est en train de trahir.

Trahir ? Mais n’est-il pas vrai que les trois évêques de la FSPX, Mgr. Tissier, Mgr.Fellay et Mgr.de Galarreta ont publié une Déclaration le 27 juin selon laquelle ils semblent revenir à ce que la FSPX a défendu depuis le début ? Attention ! Comme le disent les Latins, le venin se trouve dans la queue ( in cauda venenum . . . ). Le onzième des 12 paragraphes déclare que les trois évêques ont l’intention de suivre la Providence, « soit que Rome revienne à la Tradition . . . soit qu’elle (Rome) admette explicitement notre droit à professer intégralement la foi et à rejeter les erreurs qui s’y opposent ».

Or voici ce que déclare l’Abbé Ringrose, compagnon d’armes de la FSPX depuis près de 30 ans, mais qui ne l’accompagne plus dans cette nouvelle orientation suicidaire qu’elle a décidé de suivre. Il écrit dans le bulletin de sa paroisse au sujet de ce onzième paragraphe :

« Or donc, même dans le cas où Rome persiste dans son modernisme, acceptez-nous de toute façon. Nous serons satisfaits d’être une religion de plus dans le panthéon Conciliaire, au milieu des hérétiques, des œcuméniaques, des panthéistes ou de n’importe quoi d’autre qui s’y trouve. La Déclaration semble indiquer un mouvement de retour vers ce que la FSPX a toujours défendu, mais en fait la porte pour un accord (entre la FSPX et Rome) demeure ouverte. En réalité rien n’a vraiment changé.Le contenu de la boîte de conserve reste le même. Seule l’étiquette collée sur la boîte ressemble un peu plus à ce que disait Monseigneur Lefebvre ».

Et les fidèles semblent voter avec leurs pieds. D’après les informations il n’y aurait eu que 200 à 300 personnes pour assister à la célébration des 25 ans des Sacres à Écône, peu de gens en comparaison avec ce qui y est habituel pour des cérémonies pareilles, et presque la moitié des sièges serait restée vide lors des ordinations sacerdotales annuelles à Écône. En tout cas il semblerait que la trahison est en train d’affaiblir sérieusement la Fraternité, tandis qu’il y a des prêtres et laïcs qui se réveillent face à ce qui est en train de se passer. Voilà pourquoi en toute probabilité la résistance se dressera de jour en jour plus fortement.

Kyrie eleison.

Débat Vif

Débat Vif on juillet 6, 2013

Le problème de l’autorité paralysée (voyez ce « Commentaire » du1 et du 29 juin) excite une réaction vive de la part de quelques lecteurs. D’une part il y a des catholiques vaillants qui me disent qu’en ÉTANT évêque je dois AGIR en évêque en me mettant a la tête du mouvement de la “Résistance”. D’autre part un prêtre également vaillant qui a bien connu le “sédévacantisme” m’avertit que je ne dois pas déchaîner d’église parallèle en consacrant des évêques de plus, sauf en cas de Guerre Mondiale, persécution physique ou vieillesse désastreuse (remarquez, il y en a qui prétendent que celle-ci est déjà arrivée . . . ).

Bien sûr, le problème remonte à Vatican II. Au bout d’une glissade de sept cents ans les hommes de l’Église Conciliaire, en corrompant la doctrine de l’Eglise, ont divisé la Vérité catholique d’avec l’Autorité catholique, moyennant quoi ils ont tellement discrédité l’autorité officielle de l’Église que des âmes comme celles évoquées ci-dessus ne voient plus qu’elle soit nécessaire. Mais l’autorité centrale de l’Église, étant donnés la diversité naturelle et le péché orginel du genre humain, est absolument nécessaire pour garantir l’unité et la survie de l’Église, non seulement pour la Vérité mais aussi pour les sacrements et pour le gouvernement de l’Eglise.

Voici pourquoi tout évêque ou prêtre a besoin non seulement du pouvoir sacrementel de son Ordre, pouvoir qu’il ne peut perdre pour toute l’éternité, mais aussi du pouvoir de juridiction, c’est-à-dire le pouvoir de dire ( dictio ) le droit, ou ce qui est juste ( ius, iuris ). Le clerc ne reçoit pas ce dernier pouvoir avec son Ordre, et il ne peut pas se le donner à lui-même. Il ne peut le recevoir que d’en haut, à savoir d’un Supérieur ecclésiastique, en fin de comte du Pape, et le Pape de Dieu. Donc lorsque ces âmes vaillantes me disent qui je SUIS évêque (de par mon Ordre), en sorte que je suis délinquent si je n’AGIS pas comme tel en disant ( dictio ) à la “Résistance” ce qu’elle doit faire ( ius ), très probablement ils confondent les deux pouvoirs distincts de l’évêque.

Cependant il se peut qu’ils retrouvent instinctivement une autre doctrine de l’Eglise et du bon sens, à savoir celle de la juridiction de suppléance : en cas de nécessité où pour quelque raison que ce soit, les Supérieurs ne fournissent pas la juridiction nécessaire pour le salut des âmes, l’Eglise la supplée. Par exemple, la juridiction normalement nécessaire pour entendre validement les Confessions peut manquer à un prêtre, mais si un pénitent lui demande d’entendre sa Confession, alors en cas de nécessité le prêtre peut l’entendre et le sacrement sera valide. Or, le cas de nécessité gravissime créé dans l’Église par Vatican II a été sans aucun doute même aggravé par l’infâme Déclaration Doctrinale qui est sortie au mois d’avril du Quartier Général de la FSSPX, document qui prouve que la dernière forteresse de la vraie Foi dans l’Église est en train de s’effondrer.

Mais la juridiction de suppléance a une faiblesse, parce que n’étant pas officielle elle est d’autant plus apte a être mise en question. Par exemple, la Rome Conciliaire nie que Vatican II ait créé un cas de nécessité dans l’Église, et partant elle exerce sur la FSSPX une pression pour que celle-ci se soumette a l’autorité Conciliaire, pression qui ne réussit que trop bien. Tel est le besoin pour l’autorité d’etre officielle. Même Mgr. Lefebvre a perdu plus ou moins un prêtre sur quatre de tous ceux qu’il a ordonnés pour la FSSPX, parce qu’il n’avait aucun pouvoir pour les empêcher de s’en éloigner tout simplement. Voilà cette crise incroyable de l’Église. Donc si un prêtre ou fidèle me demande de lui donner des commandes, lui-même il peut les disputer quelques mois plus tard, ou bien aussitôt qu’il estimera qu’il n’a plus besoin de leur obéir.

Mais la crise n’en est pas moins réelle, et elle ne va que s’aggraver jusqu’au moment où Dieu interviendra pour restaurer le catholicisme du Pape, ce que Dieu fera aussitôt qu’assez de catholiques le supplieront d’ouvrir les yeux du Pape. Jusqu’alors le cas de nécessité toujours plus grave dans l’Église est apte à fortifier de plus en plus cette autorité non officielle, mais que le Bon Dieu nous aide a éviter toute anarchie qui ne s’impose pas.

Kyrie eleison.