Mgr Marcel Lefebvre

Maladie Inconcevable

Maladie Inconcevable on mars 7, 2015

Pendant « l’été chaud » pour la Fraternité St Pie X, en 1976, alors que Paul VI venait de « suspendre » Mgr. Lefebvre parce qu’il avait ordonné 14 prêtres pour la Tradition, l’affrontement entre le Pape et la Tradition catholique était tellement brutal qu’au mois d’août arriva l’un des deux moments où Monseigneur considéra sérieusement si le Siège de Rome était vacant. En écoutant l’enregistrement de ses paroles à ce moment-là, on se rend compte quelle angoisse cet affrontement lui causait : comment était-il possible qu’un vrai Vicaire du Christ pût ainsi détruire l’Église ? Monseigneur n’a jamais adopté finalement la solution sédévacantiste, mais voyons avec quelle clarté il a exposé le problème, et offrons ensuite une fois de plus cette ligne de solution que son esprit a pu être trop sain pour concevoir. Voici en résumé ses paroles du mois d’août, 1976 :—

On me demande ce que je pense du Pape [Paul VI]. C’est un mystère incroyable. Le vrai Pape est l’unité de l’Église, inspiré par le Saint Esprit et protégé par la promesse de Notre Seigneur pour qu’il garde la foi. Mais grâce à Vatican II, Paul VI détruit systématiquement l’Église. Tout y passe : le catéchisme, les universités, les Congrégations, les séminaires, les écoles. Tout ce qui est catholique est détruit. On cherche une solution.

Une série de fausses solutions peut être rejetée d’emblée, par exemple le Pape prisonnier, drogué, victime de ses subordonnés, etc. Lorsqu’il a béni les Charismatiques ou baisé les pieds du Patriarche Orthodoxe, lui braquait-on un revolver à la tête ? Je l’ai observé pendant ses audiences publiques, où il a parlé avec une habileté et présence d’esprit, la pertinence et intelligence d’un homme en pleine possession de ses facultés. Le Cardinal Benelli m’a dit que c’était le Pape lui-même qui m’avait écrit ces lettres [qui écrasaient la Tradition], qu’il est pleinement informé, qu’il sait exactement ce qu’il fait, que c’est sa volonté à lui, que ce sont ses décisions à lui. Le Cardinal m’a dit qu’il faisait un rapport tous les jours au Pape, comme il ferait tout de suite après notre entretien.

Alors Paul VI peut-il ne pas être un vrai Pape ? C’est une hypothèse possible. Les théologiens ont étudié le problème. Je ne sais pas. Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Mais le problème paraît théologiquement insoluble.

Monseigneur parlait là de Paul VI, mais le problème est en essence le même pour tous les six Papes Conciliaires (sauf peut-être Jean-Paul I). Divisons le problème en deux : comment le vrai Dieu peut-il permettre une telle destruction de son Église ? Comment ses vrais Vicaires peuvent-ils être les destructeurs principaux ?

Quant au Bon Dieu, d’abord la destruction sera pire encore à la fin du monde (Lc. XVIII, 8). Ensuite il se peut que Dieu purifie son Église pour préparer le Triomphe du Cœur Immaculé de sa Mère. Et enfin Dieu a protégé Paul VI en l’empêchant de détruire complètement l’Église. Par exemple Dieu s’est arrangé pour que Paul VI découvre « par hasard » un plan pour détruire complètement la Papauté par un texte ambigu de Lumen Gentium. La découverte a permis à Paul VI de frustrer le plan en ajoutant la Nota Praevia.

Quant aux Vicaires, Mgr. Lefebvre semble n’avoir jamais considéré la ligne de solution qui suit. Peut-être pour cela a-t-il failli cet août-là se trouver piégé par le dilemme ou-sédévacantiste-ou-libéral. Mais si avec chaque année qui passe le libéralisme se rapproche toujours plus de confondre les esprits du monde entier, comment veut-on que les Papes s’échappent à la maladie universelle de l’erreur « sincère » ? Parce que ce sont des gens formés ? Mais le libéralisme règne surtout dans les écoles et les universités. Donc si les Papes mal formés sont « sincèrement » convaincus que la « vérité » évolue, même en errant gravement ils n’en seront pas à nier avec pertinacité ce qu’ils savent être la vérité catholique définie, parce que pour eux cette vérité ne saura être « vraie » sans qu’elle évolue, et dans leur sens.

Kyrie eleison.

Mgr. Lefebvre Commenté – II

Mgr. Lefebvre Commenté – II on janvier 10, 2015

Avant d’en terminer avec les remarques réalistes de Mgr. Lefebvre de 1991 (cf. les deux derniers CE), ajoutons encore quelques commentaires, dans l’espoir d’aider les Catholiques à maintenir l’équilibre entre le mépris de l’autorité au nom de la vérité, et la diminution de la vérité [Ps XI,2] par égard pour l’autorité. Car depuis que les hommes d’Église de Vatican II (1962–1965) appuient de toute leur autorité la Révolution dans l’Église ( liberté religieuse, égalité collégiale et fraternité œcuménique), ils font perdre aux Catholiques cet équilibre : en effet, lorsque l’Autorité foule aux pieds la Vérité, comment peut-on maintenir tout son respect envers les deux ?

Or, à l’heure actuelle, au milieu des conséquences dramatiques de Vatican II, de qui peut-on dire qu’il a produit des fruits comparables à cette conservation de la doctrine catholique, de la Messe et des sacrements que réalisa Mgr. Lefebvre ? N’est-ce pas lui qui en a été principalement responsable ? Et dans ce cas, l’équilibre qu’il a su lui-même maintenir entre la Vérité et l’Autorité, ne sera-t-il pas particulièrement digne de considération ?

En premier lieu, considérons une simple observation de Monseigneur au sujet de l’Autorité : « Maintenant nous avons la tyrannie de l’Autorité parce que les règles du passé n’existent plus ». Chez les êtres humains ayant tous le péché originel, la vérité a besoin de l’autorité pour se maintenir, parce que cette idée que la vérité lancée sur la place du marché prévaudra par elle-même, c’est une illusion de Jefferson, et il faudra un désastre pour rétablir la réalité. L’autorité est à la vérité comme le moyen est à la fin, et pas l’inverse. Il n’y a que la foi catholique qui sauve, et cette Foi consiste en une série de vérités, non pas en l’autorité. Ces vérités sont à tel point la substance et le but de l’Autorité catholique que lorsque celle-ci se sépare de celles-là, comme cela s’est produit au Concile Vatican II, alors l’autorité est coupée de son ancrage et part à la dérive, jusqu’à ce qu’un tyran s’en empare et la plie à sa propre volonté. La tyrannie de Paul VI fut une conséquence naturelle du Concile, de même qu’en recherchant l’approbation des champions du même Concile, la Direction de la Fraternité Saint Pie X s’est comportée également de façon tyrannique au cours de ces dernières années. Par contre, n’est-ce pas en servant la Vérité que Mgr. Lefebvre a établi son autorité dans la Tradition ?

Une deuxième remarque sienne de 1991 mérite d’être développée. A propos des efforts qu’il fit en 1988 de parvenir à un accord avec Rome au moyen du Protocole du 5 Mai, il dit par la suite, « Je crois pouvoir dire que je suis allé même plus loin que je n’aurais dû ». En effet, le texte du Protocole prête le flanc à des critiques sur des points importants, et c’est pour cela que Monseigneur ici admettait lui-même avoir momentanément perdu l’équilibre, en penchant brièvement du côté de l’autorité de Rome contre la vérité de la Tradition. Mais ce ne fut que pour un instant, car tout le monde sait que dès le lendemain matin il reprit le Protocole pour ne plus jamais vaciller sur ce point jusqu’à sa mort. Dès lors personne ne saurait dire qu’il n’a pas fait tout ce qui était dans son pouvoir pour arriver à un accord avec l’Autorité. Et plus personne ne peut prétendre que c’est chose facile que de maintenir sans faille l’équilibre exact entre la Vérité et l’Autorité.

Une troisième remarque éclaire les motifs pour lesquels il rechercha, entre 1975 et 1988, quelque accord avec l’Autorité romaine. En jugeant ses motifs à leur propre façon, ses successeurs à la tête de la FSPX prétendent que ce qu’il cherchait, c’était sa régularisation canonique. Mais lui-même expliqua les raisons du Protocole de la manière suivante : « J’ai espéré jusqu’à la dernière minute qu’à Rome ils auraient fait preuve d’un minimum de loyauté ». En d’autres mots, il avait toujours poursuivi le bien de la Foi, et il n’a jamais honoré l’Autorité pour autre chose que pour le salut de la Vérité. Peut-on en dire autant de ses successeurs ?

Kyrie eleison.

Mgr. Lefebvre Commenté – I

Mgr. Lefebvre Commenté – I on janvier 3, 2015

Pour les autorités de l’Église aujourd’hui « Il n’y a pas de vérité stable, il n’y a pas de dogme. Tout évolue. » C’est ce que disait Monseigneur Lefebvre (1905–1991) en 1991 (voir le « Commentaire Eleison » de la semaine dernière). En effet, à la fin de sa vie Monseigneur vit plus clairement que jamais ce à quoi il s’était confronté dans son héroïque défense de la Foi. Depuis lors les libéraux (ne se rendant pas compte qu’ils le sont ?) qui s’emparèrent de sa Fraternité Saint Pie X dès sa disparition, n’ont toujours pas compris la gravité du problème tel que Monseigneur l’avait identifié. Par conséquent, que ce « Commentaire » ouvre cette nouvelle année en essayant une fois de plus de mettre à nu la blessure mortelle de l’Église et du monde d’aujourd’hui.

Lorsque Emmanuel Kant (1724–1804) érigea en système philosophique le rejet par l’homme de la réalité de Dieu, système basé sur sa proclamation totalement fausse que l’esprit humain ne peut connaître l’objet tel qu’il est en lui-même, alors les facultés de philosophie des universités du monde entier se mirent à déverser la folie dans les rues parce que les hommes voulaient faire de la liberté leur dieu, et que Kant leur offrait la suprême libération, celle de l’esprit par rapport à son objet.

Or les Catholiques pas encore contaminés par la fantaisie Kantienne savent que Dieu et Son Ciel existent tout à fait en dehors, et indépendamment, de leurs petits esprits, et donc s’ils veulent être heureux pour l’éternité, ils ont tout intérêt à ce que leur esprit se plie à la réalité objective et non à la fantaisie subjective. En conséquence pendant un siècle et demi Dieu donna à son Église une série de Papes anti-libéraux qui se dressèrent contre le monde libéral alors que tout autour, tout sombrait de plus en plus dans la folie. Ces Papes protégèrent l’Église du prestigieux et populaire subjectivisme. Mais dans les années 1950 les cardinaux et évêques de l’Église ne priaient pas suffisamment pour maintenir cette protection de leur esprit et de leur cœur contre cette folie connue dans l’Église sous le nom de « modernisme » et c’est ainsi que lors du Conclave de 1958 ils élurent l’un des leurs, Jean XXIII, soi-disant « le bon », un libéral (ne se rendant pas compte qu’il l’était ? Dieu seul le sait) qui, comme prévu, lança en 1962 le désastreux Concile Vatican II.

Pourquoi désastreux ? Parce que la folie du subjectivisme (le rejet de la réalité objective) au lieu de rester encore absolument condamnée par les autorités supérieures de l’Église fut alors adoptée par celles-ci et devint (consciemment ou inconsciemment ? Dieu seul le sait) la nouvelle base officielle de la doctrine et de l’action de l’Église. Le problème ne saurait être plus grave. Les personnages officiels de la véritable Église de Dieu, nommés pour proclamer et défendre les vérités objectives de Dieu pour le salut des âmes, se mirent désormais à faire passer ces vérités par le filtre de leur esprit subjectif. Imaginez ne disposer que de bouteilles sales pour faire une réserve du meilleur des vins. Il ne pourra qu’en être ruiné. Les personnages officiels de l’Église Conciliaire d’aujourd’hui ne peuvent que ruiner la vérité de Dieu.

Voilà pourquoi Monseigneur a dit en 1991, « Nous avons à faire à des personnes (au sommet de l’Église) qui ont une philosophie différente de la nôtre, une façon différente de voir, qui sont influencées par tous les philosophes modernes subjectivistes. Pour eux il n’y a pas de vérité stable, il n’y a pas de dogme fixe. Tout évolue. Ceci est réellement la destruction maçonnique de la Foi. Heureusement nous autres (traditionnalistes) nous avons la Tradition pour pouvoir nous appuyer sur elle. »

Mais qu’est-il donc arrivé à la Tradition, une fois Monseigneur disparu ? Hélas ! Les autorités au sommet de sa Fraternité Saint Pie X qui a été à la tête de la défense de la Foi objective pendant ces quelques 40 dernières années, ne peuvent avoir prié sérieusement, suffisamment, pour protéger leur esprit et leur cœur d’être à leur tour contaminés par le subjectivisme. Eux aussi ont perdu la primauté de la vérité objective, aussi sont-ils devenus le jouet des autorités romaines comme un poisson est le jouet d’un pêcheur. Monseigneur Lefebvre, priez pour nous !

Kyrie eleison.

Le Bon Sens de Mgr. Lefebvre – II

Le Bon Sens de Mgr. Lefebvre – II on décembre 27, 2014

Il y a douze semaines (le 5 octobre) ce « Commentaire Eleison » a présenté une première série d’extraits de la dernière entrevue publique de Mgr. Lefebvre qu’il a donnée à la revue Fideliter début 1991. Voici maintenant une seconde et dernière série d’extraits, légèrement édités dans un souci de brièveté et clarté :—

Q : Quelles conclusions peut-on tirer de la Fraternité St Pie X après vingt ans de son existence ?

R : Le Bon Dieu a voulu la Tradition catholique. Je suis parfaitement convaincu que la Fraternité est le moyen que Dieu a voulu pour aider et maintenir la Foi, la vérité de l’Église. Nous devons continuer fidèlement à garder les trésors de l’Église, en espérant qu’un jour ils puissent reprendre la place qu’ils n’auraient jamais dû perdre à Rome.

Q : Vous dites souvent que, plus que la liturgie, c’est maintenant la Foi qui nous oppose à la Rome moderne.

R : Certainement, la question de la liturgie et des sacrements est très importante, mais le plus important est la question de la Foi. Ce n’est pas un problème pour nous. Nous avons la Foi de toujours, du Concile de Trente, du Catéchisme de Saint Pie X, de tous les Conciles et de tous les Papes d’avant le Concile Vatican II. Pendant des années ils ont essayé à Rome de montrer que tout dans le Concile était pleinement conforme à cette Tradition. Maintenant ils sont en train de montrer leurs vraies couleurs en disant qu’il n’y a plus de Tradition ni de Dépôt à transmettre. Que la Tradition dans l’Église n’est autre que tout ce que le Pape dit aujourd’hui. Vous devez vous soumettre à tout ce que le Pape et les évêques disent aujourd’hui. Voilà leur fameuse ‘Tradition Vivante’, qui fut l’unique fondement de notre condamnation en 1988.

Maintenant ils ont cessé d’essayer de prouver que ce qu’ils disent est conforme à ce que Pie IX a écrit ou à ce que le Concile de Trente a promulgué. Non, tout cela est fini, dépassé comme dit le Cardinal Ratzinger. C’est clair, et ils auraient pu le dire il y a longtemps. Tous nos entretiens et nos discussions avec eux ont été inutiles. Et dès maintenant nous souffrons de la tyrannie de l’autorité, parce qu’il ne reste plus rien des règles du passé.

Ils nous donnent de plus en plus raison. Nous avons à faire à des gens qui ont une philosophie différente de la nôtre, une façon différente de voir, qui est influencée par toutes les philosophies modernes subjectivistes. Pour eux il n’y a pas de vérité stable, il n’y a pas de dogme. Tout évolue. C’est vraiment la destruction maçonnique de la Foi. Heureusement que nous pouvons nous autres nous appuyer sur la Tradition !

Q : Vous avez insisté sur le fait que vous êtes sûr que la Fraternité a été bénie de Dieu, parce que, à plusieurs reprises, elle aurait pu disparaître.

R : Oui, vraiment. Elle a eu continuellement à souffrir de puissantes attaques. Ce fut très douloureux, mais nous devons néanmoins croire que la ligne de la Foi et de la Tradition que nous suivons ne peut disparaître, parce que Dieu ne peut permettre que son Église disparaisse.

Q : Que pouvez-vous dire à ceux de vos fidèles qui espèrent encore qu’un accord soit possible avec Rome ?

R : Nos véritables fidèles, ceux qui ont compris le problème et qui précisément nous ont aidés à maintenir le cap ferme et droit de la Tradition et de la Foi, me disaient que les approches que je réalisais envers Rome étaient dangereuses et que je perdais mon temps. Cependant j’ai espéré jusqu’au dernier moment que nous pourrions observer de la part de Rome un peu de loyauté. On ne peut donc me reprocher de ne pas avoir fait le maximum. Donc maintenant aussi, à ceux qui me disent « Vous devez parvenir à un accord avec Rome », je pense pouvoir dire qu’à ce moment-là je suis allé même plus loin que je n’aurais dû.

Kyrie eleison.

Quarantième Anniversaire

Quarantième Anniversaire on novembre 22, 2014

Hier c’était le 40ème anniversaire de la Déclaration historique de Monseigneur Lefebvre du 21 novembre 1974, où il a donné les raisons pour lesquelles lui-même et les prêtres et les laïcs qui le suivaient refusaient net le changement total de l’Église et de la Religion catholiques, qui s’opérait alors dans la foulée du Concile Vatican II. La Déclaration est aussi actuelle aujourd’hui qu’au moment de sa rédaction, pour la bonne raison que la vraie religion catholique de Dieu est la vérité qui ne change pas, tandis que la religion Conciliaire de l’homme est résolument fausse et qu’elle maintient Rome, plus que jamais, soumise à son occupation étrangère.

La Déclaration consiste en dix brefs paragraphes, un peu plus de cinquante lignes en tout : 1/ Nous adhérons à la Rome catholique, à la Rome éternelle. 2/ Nous refusons la Rome Conciliaire, néo-protestante et néo-moderniste. 3/ La réforme Conciliaire est en train de détruire l’Église et de diminuer notre Foi catholique, 4/ comme pas même un ange du Ciel n’a le droit de le faire (Galates I,8). 5/ Nous choisissons la Tradition, nous refusons les innovations. 6/ Tout dans l’Église est en train d’être rénové dans un sens opposé à la doctrine catholique de toujours. 7/ La réforme Conciliaire, venant de l’hérésie et aboutissant à l’hérésie, est inacceptable pour les Catholiques, ainsi 8/ nous continuerons à former des prêtres Traditionnels. 9/ Et nous adhérerons à l’enseignement et à la pratique catholiques de toujours, 10/ étant convaincus qu’en agissant de la sorte nous resterons vraiment des Catholiques fidèles.

Observons premièrement la distinction claire et nette (1 et 2) entre la Rome catholique et la Rome Conciliaire. Car la Rome Conciliaire a beau occuper les structures de la Rome catholique, en conclure que l’Église Conciliaire n’est donc autre chose que l’Église catholique est aussi stupide que de dire qu’un coucou est un rossignol parce qu’il occupe un nid de rossignol. (Et objecter que Monseigneur Lefebvre nomma ici la « Rome » Conciliaire et catholique et non pas « l’Église » Conciliaire et Catholique, c’est jouer sur les mots).

Mais comment Monseigneur Lefebvre fait-il pour distinguer entre le coucou Conciliaire et le rossignol catholique ? Par la doctrine ! Le Conciliarisme est néo- protestante et néo- moderniste (2). Notre Foi est en train d’être diminuée (3), par opposition à la doctrine catholique (6). Le Conciliarisme c’est de l’ hérésie (7). Nous adhérons à l’ enseignement catholique (9). Et encore le bref résumé ci-dessus ne donne pas toutes les références faites à la doctrine par Monseigneur. La doctrine catholique était l’étoile polaire de son esprit et de son action. C’est parce que l’homme moderne veut la liberté pour son esprit et son action qu’en effet il veut que son esprit soit réduit à de la bouillie pour les chats, où la doctrine n’a plus qu’une fonction purement décorative. Elle n’a plus d’emprise sur l’action de l’homme, à l’exception de cette seule doctrine désastreuse selon laquelle la doctrine est sans importance. Et cette doctrine désastreuse a une emprise totale. Voilà pourquoi Monseigneur Lefebvre est en train d’être réduit à l’intérieur de la Fraternité Saint Pie X, qu’il a fondée, à n’être guère plus qu’une mascotte décorative.

On est obligé de se poser la question : qu’est ce qui pourra bien restaurer l’emprise de la doctrine, le sens de la réalité et l’amour de la vérité dans la Fraternité, dans l’Église et dans le monde ? Assurément rien de moins que la souffrance. Soljenitsyne fit remarquer une fois que seule la barre de fer des événements pourra casser la gangue de ciment que l’homme moderne a construite autour de sa vie peccamineuse. Vraiment, Seigneur ayez pitié.

Kyrie eleison.

Le Bon Sens de L’archevêque – I

Le Bon Sens de L’archevêque – I on octobre 4, 2014

On peut lire dans le dernier numéro du Recusant (www. The Recusant.com) une traduction en anglais de la dernière entrevue de Monseigneur Lefebvre, publiée en français ( Fideliter #79) peu avant sa mort au mois de mars 1991. Lire ses écrits fait toujours du bien, parce qu’il rattache sa pensée toujours aux principes catholiques de base. Il est transparent, car il n’a rien à cacher. Il n’est pas ambigu, car il ne cherche pas de compromis entre l’Église de Notre Seigneur et le Concile Vatican II de Satan. Mais remarquez à quel point les questions posées par celui qui mène l’entrevue indiquent que les lecteurs de Fideliter inclinaient déjà à suivre la nouvelle direction qu’allaient prendre les autorités de la Fraternité Saint Pie X quelques années après la mort de Mgr. Lefebvre. Ci-après un choix des questions et réponses, plutôt abrégées :—

Q : Pourquoi ne pouvez-vous pas faire une dernière approche vers Rome ? Nous entendons que le Pape est « prêt à vous recevoir ».

R : C’est absolument impossible, car les principes qui guident maintenant l’Église Conciliaire sont de plus en plus ouvertement contraires à la doctrine catholique. Par exemple, le Cardinal Ratzinger a dit récemment que les grands documents antimodernistes des Papes du 19 èmeet 20 ème siècles ont rendu un grand service en leur temps, mais qu’ils sont maintenant dépassés. Quant à Jean Paul II, il est plus œcuménique que jamais (1990). « Il est absolument inconcevable que nous puissions accepter de travailler avec une telle hiérarchie ».

Q : Est-ce que la situation avec Rome s’est détériorée depuis les négociations de 1988 ?

R : Oh oui ! «  Il nous faudra attendre un certain temps avant de pouvoir envisager un accord. Pour ma part je crois que Dieu seul peut sauver la situation, car humainement nous ne voyons aucune possibilité que Rome redresse les choses ».

Q : Mais il y a des Traditionnalistes qui ont fait un accord avec Rome sans rien concéder.

R : C’est faux. Ils ont abandonné leur possibilité de s’opposer à Rome. Ils doivent garder le silence, étant données les faveurs dont ils ont été l’objet. Mais dès qu’ils se taisent, ils commencent à glisser, même très lentement, jusqu’à ce qu’ils finissent par admettre les erreurs de Vatican II. « Ils se trouvent dans une situation très dangereuse ». De telles concessions de la part de Rome ont pour seul but d’amener les Traditionnalistes à rompre avec la FSPX et à se soumettre à Rome.

Q : Vous dites que de tels Traditionnalistes ont « trahi ». N’est-ce pas un peu dur ?

R : Pas du tout ! Par exemple Dom Gérard s’est servi de moi, de la FSPX, de nos chapelles et de nos bienfaiteurs, et maintenant tout d’un coup son monastère nous abandonne pour rejoindre les destructeurs de la Foi. Ils ont abandonné le combat de la Foi. Ils ne peuvent plus désormais attaquer Rome. Ils n’ont rien compris à la question doctrinale. Il est affreux de penser aux jeunes qui les ont rejoints pour trouver la Tradition et qui sont maintenant en train de les suivre vers la Rome Conciliaire.

Q : Existe-t’il un danger à rester ami avec des Traditionnalistes qui ont rejoint Rome, et à assister à leurs Messes ?

R : Oui, parce qu’à la Messe il n’y a pas seulement la Messe mais il y a aussi le sermon, l’atmosphère, l’ambiance, les conversations avant et après la Messe, et ainsi de suite. Toutes ces choses font que petit à petit on change d’idées. C’est un climat d’ambigüité. On se retrouve dans une atmosphère de soumission au Vatican, soumission en fin de compte au Concile, et l’on finit par se faire œcuménique.

Q : Jean Paul II est très populaire. Il veut unir tous les Chrétiens.

R : Mais dans quelle unité ? Non plus dans la Foi qu’une âme doit accepter, et qui requiert la conversion. L’Église a été détournée : d’une société hiérarchique qu’elle était, ils en ont fait une “communion”. Communion dans quoi ? Pas dans la Foi. Et donc il n’y a pas lieu de s’étonner lorsqu’on entend que les Catholiques quittent l’Église en masse. (à suivre)

Kyrie eleison.