Mgr Marcel Lefebvre

L’Autorité Paralysée – II

L’Autorité Paralysée – II on juin 29, 2013

Encore un membre vaillant de la « Résistance » catholique d’aujourd’hui me pousse à me mettre à sa tête. La raison donnée continue d’être que je suis jusqu’ici le seul évêque qui participe à ce mouvement d’opposition à l’effondrement interne de la Fraternité St Pie X. Mais Dieu a donné à Mgr Lefebvre le dernier souffle de la vraie autorité ecclésiale, et ses successeurs l’ont cruellement malmenée. Pourquoi en donnerait-il encore ? La crise de l’Église a beaucoup avancé depuis les années 1970. Au risque d’agacer plusieurs lecteurs, voici les arguments principaux de cette âme vaillante, suivis des réponses que je propose à tous sans vouloir les imposer à qui que ce soit.

1 La grande diversité d’opinions parmi les prêtres de la Résistance sème la confusion parmi les fidèles. * Mais imposer une opinion commune exige de l’autorité (voir ci-dessus). Et peut-être les catholiques méritent-ils de se trouver dans la confusion. Trop d’eux ont suivi aveuglément Vatican II, comme ils font maintenant avec la Fraternité. Peut-être le Bon Dieu a-t-il eu assez de cette obéissance aveugle. Peut-être veut-il que les catholiques réfléchissent et pensent pour eux-mêmes, sans plus recourir à l’« obéissance » aveugle comme chemin de facilité pour arriver au Ciel.

2 La confusion règne en particulier quant à la question s’il faut ou non continuer d’assister aux Messes des prêtres de la FSSPX. * Mais pourquoi une seule opinion doit-elle s’appliquer à tous les cas ? Il ya toutes sortes de circonstances qui peuvent jouer dans une question semblable. D’accord, ne pas quitter la FSSPX tant qu’elle persévère dans son erreur actuelle présente un risque grave de glisser petit à petit avec elle, mais les âmes ont besoin des sacrements et pas tous les prêtres de la Fraternité ne sont encore des traîtres, loin de là. Récemment en France la première édition d’un livre de 350 pages, consistant à 90% de citations de Mgr Lefebvre, a été épuisée en deux semaines. Et c’est un prêtre de la Fraternité qui l’a rédigé, M. l’abbé François Pivert. C’est un vrai signe d’espoir. Que Dieu le bénisse !

3 Les désaccords entre les prêtres de la Résistance pourraient faire qu’elle se détruise elle-même. * Les désaccords personnels entre les prêtres il y a toujours eu, il y en aura toujours. Beaucoup plus graves sont les désaccords doctrinaux. C’est surtout la fidélité doctrinale qui a maintenu jusqu’ici la Fraternité, c’est l’infidélité doctrinale qui la détruit actuellement. C’est la fidélité doctrinale qui garantira cette unique Foi catholique laquelle seule peut fonder ce qui survivra du catholicisme, soit dans l’Église, soit dans la Fraternité, soit dans la « Résistance ».

4 Il n’y a pas d’Église sans chef ni hiérarchie. Dieu veut que nous nous organisions. * Normalement c’est vrai, pas d’Église sans chef ni hiérarchie, mais l’homme moderne a créé une situation tout à fait anormale. Là où le centurion païen de l’Évangile (Mt.VIII, 6–10) savait tout naturellement et commander et obéir (les deux vont ensemble), l’homme moderne, au nom de la liberté supposément « démocratique », a voulu ne plus savoir ni commander ni obéir. Aussi les commandes arbitraires et l’obéissance excessive mettent-elles actuellement la Fraternité par terre, comme elles ont fait en grande partie pour l’Église officielle. La raison en est qu’aux gouverneurs comme aux gouvernés manquent le sens et l’amour de la vérité objective, laquelle en s’élevant au-dessus des uns comme des autres, est largement capable, pour peu que l’on en fasse cas, de mettre en harmonie l’autorité et l’obéissance. Peut-être Dieu veut-il que nous poursuivions plutôt la doctrine que l’organisation.

Pour conclure, cette épreuve tout à fait exceptionnelle de l’Église durera le temps que Dieu voudra pour que son Église soit purifiée. En attendant, il me semble qu’au début de notre 21ème siècle il n’y a tout simplement pas assez de paille catholique pour produire une brique catholique telle la Fraternité de la fin du 20 ème siècle. Patience. Dieu prévaudra. C’est son Église, et il s’en occupe. Patience.

Kyrie eleison.

Chute Horrible – II

Chute Horrible – II on juin 22, 2013

« Horrible » peut sembler un mot trop fort pour qualifier le changement de direction dans la Fraternité St Pie X qui est sorti au grand jour il y a un an. Pourtant, si l’Enfer est horrible, si on ne peut l’éviter sans la Foi ; si la Foi se trouve en grand danger dans l’Église désamorcée par Vatican II, mais une forteresse de la vraie Foi s’est établie par miracle dans cette Église défaite ; et si enfin cette forteresse se défait maintenant, alors le mot « horrible » n’est peut-être pas de trop.

La FSPX n’est pas encore complètement par terre, mais elle est tombée bien bas, et la chute totale est possible. Les chefs qui promeuvent habilement cette chute depuis 15 ans sont encore au pouvoir. Ils ont suivi Mgr Lefebvre tant qu’il était en vie, mais ils n’ont jamais compris, ou bien ils ont cessé de vouloir comprendre pourquoi il a fondé la FSPX, à savoir pour résister à l’effondrement des prélats Conciliaires qui cherchaient à aligner l’Église sur le monde moderne, attirant mais corrompu. Dès que Mgr Lefebvre n’était plus là, l’attraction a vite fait d’éblouir ses successeurs par le moyen de GREC entre d’autres.

Et maintenant ces chefs traînent derrière eux bon nombre des anciens prêtres de la FSPX, et ils déforment les jeunes. Quant aux anciens prêtres, tout comme après Vatican II, ceux qui ont été formés par Mgr Lefebvre peuvent souffrir beaucoup sous la pression exercée par la néo-Fraternité pour les réformer, au moins jusqu’au moment où ils se décident à suivre le courant actuel, mais dès ce moment-là c’est leur conscience qu’ils doivent anesthésier. Quant aux jeunes prêtres, tout comme après Vatican II, ayant été normalement plus ou moins mal formés selon la nouvelle direction, ce n’est que par eux-mêmes qu’ils peuvent retrouver l’ancienne direction, parce qu’on ne leur enseigne plus les vraies raisons du combat de Mgr Lefebvre. En effet les séminaires de la FSPX deviennent lentement des séminaires de la néo-Église. Il faut faire attention avant de les recommander aux jeunes hommes qui pensent à la vocation.

Et vers les sommets de la FSPX ? Voici la position récente d’un membre de la FSPX qui a bien compris le combat doctrinal de Mgr Lefebvre. Pendant longtemps il l’a soutenu, mais puisque les Discussions Doctrinales de 2009 à 2011 ont prouvé que Rome persévérait dans son erreur doctrinale, en 2013 il approuve que le Chapitre Général de 2012, en établissant les six conditions d’un accord pratique, ait abandonné l’exigence par la FSPX d’un accord doctrinal avec Rome. Néanmoins il est content que la baisse des exigences n’ait pas abouti à l’accord visé ! Sans doute les Romains ont estimé que l’abandon de ses principes par la FSPX n’était pas encore assez complet, mais cela n’empêche pas ce confrère de se réjouir d’une éventuelle reprise des contacts entre les chefs de la FSPX et les Romains, comme si l’abandon à moitié ne risquait pas de devenir un abandon complet lorsque ces chefs retourneront à Rome à genoux pour mendier un statut canonique pour la FSPX.

Mais qu’est devenue l’intelligence de ce confrère ? Tout comme tant de bons prêtres sous la tyrannie de Paul VI à la suite de Vatican II, il l’a détachée de la doctrine et il l’oblige à suivre le courant. Sa conscience ne peut guère être tranquille, mais fort probablement sa volonté se raffermit pour préférer l’intérêt apparent de la FSPX au vrai bien de la Foi, bien qui est incompatible avec la soumission officielle aux ennemis puissants de la Foi. En prononçant sa solidarité avec ces chefs de la FSPX qui poursuivent une telle soumission, il ne perdra pas nécessairement lui-même la Foi, mais par sa nouvelle condescendance envers les apostats de Rome il risque au moins de faciliter la perte de la vraie foi pour bon nombre d’autres âmes.

Quant aux chefs actuels de la FSPX, ils se sont embourbés dans la duplicité, parce qu’ils doivent encore se tromper, eux-mêmes d’abord et ensuite leur monde, qu’ils restent fidèles à la religion de Dieu et de Mgr Lefebvre, alors qu’en réalité ils veulent appartenir à l’Église officielle dédiée, elle, à la nouvelle religion de l’homme. La perte des âmes et la duplicité sont une double horreur. Que peut-on faire ? A suivre.

Kyrie eleison.

Chute Horrible – I

Chute Horrible – I on juin 8, 2013

Comparer ce qu’était la Fraternité St Pie X sous Mgr Lefebvre entre les années 1970 et 1991 avec ce qu’elle est devenue au cours, disons, des dernières 15 années, c’est constater une chute peu moins qu’horrible. En quelques numéros de ce « Commentaire » voyons d’abord pourquoi une telle horreur est normale dans notre pauvre monde contemporain, parce que « Tout comprendre, c’est tout pardonner », et que nous avons tous besoin de pardon. Ensuite faisons face à l’horreur, non pas pour nous décourager mais au contraire pour nous ceindre les reins en vue des horreurs très probablement encore pires à venir, et voyons enfin ce que nous pouvons faire pour nous ceindre les reins, parce que le Bon Dieu ne nous aura pas laissé sans rien que nous puissions faire (mais attention au peu d’eau dont nous disposons pour ne pas le verser dans le sable). Écoutons d’abord comment trois grands penseurs catholiques prennent la mesure de notre époque, pour comprendre pourquoi l’horreur y est la norme.

Dans sa grande Lettre Encyclique sur la franc-maçonnerie, Léon XIII fait remarquer comment ses principes pervers procèdent de l’indifférence envers l’Église catholique (#13), à sa blessure (#14), et à sa destruction (#15), pour passer à la ruine de toute religion positive (#16), de toute religion naturelle (#17), et des grandes vérités naturelles (#18), telles la Création et Providence de Dieu et l’immortalité de l’âme. Logiquement, au 21me siècle nous avons poussé encore plus loin, à la ruine de toute notion même de vérité. Les esprits sont devenus une bouillie informe, même ceux des Papes, des Cardinaux et des Évêques.

Dans sa grande Lettre Encyclique de 1907 sur le modernisme, St Pie X a vu clairement cette même ruine de toute vérité et pensée par les modernistes. Il est en dessous de la dignité des Papes de hurler, mais dans Pascendi Pie X utilise les mots les plus forts dont il dispose pour stigmatiser cette pourriture de l’esprit moyennant laquelle les modernistes font pourrir la Foi catholique toute entière. Implicitement il dit que le modernisme est le bout de la ligne, le terminus. Son avertissement dramatique a valu à l’Église un sursis de 50 ans, mais avec Vatican II cette pourriture de la Foi qu’il avait jetée hors de l’Église a été élevée en doctrine officielle de l’Église par Jean XXIII et Paul VI ! Si les Papes deviennent fous, comment veut-on que de petits Supérieurs ne fassent pas de même ?

Un troisième esprit catholique qui mesure comment Vatican II a ravagé la Foi, c’est le laïc italien, Romano Amerio, dont l’analyse des erreurs modernes, Iota Unum, a retenu l’admiration de Mgr Lefebvre. J’aimerais bien que quelqu’un me trouve la référence de l’endroit où il dit que si les choses continuent de suivre leur chemin actuel, parler ou écrire finiront par devenir impossibles, et tout ce qui restera sera de se taire ! Cela semble inimaginable ? Aux États-Unis tout récemment un bon commentateur politique, le Dr Paul Craig Roberts, a failli cesser d’écrire parce qu’il lui semblait qu’il n’y avait plus personne capable de penser, ou qui y fût disposé.

Aujourd’hui nous passons par la répétition générale de l’Antéchrist, et si ces jours n’étaient pas abrégés, comme le dit Notre Seigneur (Mt. XXIV, 22), nous pourrions tous y perdre la raison et la Foi. Alors qui se sent encore incliné à jeter la première pierre à tel Pape ou Supérieur qui perd la raison ?

Néanmoins, tandis que Notre Seigneur nous défend de juger- condamner (Mt. VII, 1) parce que Dieu seul connaît aussi parfaitement toutes les circonstances qu’il le faut pour juger sans erreur, en même temps il nous commande de juger- discerner entre les vrais bergers et les mercenaires, ou entre les brebis et les loups sous peau de brebis (Mt. VII, 15). Voilà notre responsabilité de catholiques pour sauver nos âmes, et voilà pourquoi bientôt nous examinerons de nouveau l’horreur qui se déroule actuellement à l’intérieur de la FSPX.

Kyrie eleison.

L’Autorité Paralysée – I

L’Autorité Paralysée – I on juin 1, 2013

Plusieurs bonnes âmes souhaiteraient voir fonder aujourd’hui une Congrégation qui prenne la relève de la Fraternité St Pie X. Mais tout en craignant comme eux que la FSPX ne soit en train de défaire sa défense autrefois glorieuse de la foi et de la vie catholiques, et tout en sympathisant donc avec leur désir de voir surgir une Congrégation de remplacement, je ne crois pas que ce soit possible, et je crois qu’il vaut la peine d’expliquer pourquoi.

Lorsqu’en 1970 Mgr. Lefebvre a rédigé la charte des principes de la fondation et opération de la future FSPX, à savoir ses Statuts, il lui tenait très à cœur d’obtenir pour eux l’approbation officielle par l’évêque du diocèse où se trouvait la maison mère à l’origine de la FSPX. Pour ce qui le concernait, obtenir ou non cette approbation signifiait toute la différence entre fonder une Congrégation de l’Église catholique et lancer une association privée de son propre cru. Autant il tenait à fonder une Congrégation officielle, autant il s’intéressait peu à une institution privée.

De fait lorsqu’il est allé trouver Mgr Charrière, Évêque du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg pour obtenir cette approbation, il n’espérait pas trop qu’il y arrivât. La Révolution Conciliaire battait son plein à ce moment-là, et elle heurtait de plein front ce que projetaient les Statuts de Mgr Lefebvre. Mais la Providence a fait que Mgr Charrière les a approuvés, peut-être parce qu’il savait qu’il partait bientôt en retraite. De toute façon c’est un Mgr Lefebvre exultant qui est revenu à Écône, même il aurait brandi en l’air les Statuts fraîchement approuvés.

En effet ce que cela signifiait pour lui, c’est qu’à partir de ce moment-là il jouissait de toute l’autorité de l’Église pour bâtir une Congrégation de l’Église, et quelques années plus tard Rome aurait beau essayer de reprendre cette autorisation, cet essai était tellement injuste selon le Droit de l’Église que jamais Mgr Lefebvre n’a hésité à exercer à l’intérieur de la FSPX toute l’autorité d’un Supérieur de Congrégation classique. Cette autorité catholique est tellement forte qu’il a suffi aux papes conciliaires de l’atteler aux mensonges du Concile pour détruire virtuellement l’Église entière, et attelée maintenant à un accord pratique entre Rome et la FSPX elle est en train de mettre par terre la FSPX. Par contre sur les prêtres, Sœurs et fidèles à l’ extérieur de la Fraternité, Mgr Lefebvre ne s’est jamais arrogé aucune autorité qui dépassât celle d’un père, conseiller et ami.

Mais les temps d’un Mgr Charrière ont depuis longtemps évolué. Combien d’évêques bien pensants y a-t-il encore dans l’Église ? Et parmi eux combien pourraient se permettre d’approuver des Statuts Traditionnels et anti-Conciliaires ? C’est comme si, juste après que Mgr Lefebvre se fût échappé de la forteresse catholique avec ses Statuts catholiques en main, la herse Conciliaire s’abattit derrière lui. « Ce sont des malades mentaux, mais ils ont l’autorité », a dit un des quatre théologiens de la FSPX à propos des Romains qui ont participé en face aux Discussions Doctrinales de 2009 à 2011. Assurément la FSPX est la dernière en ligne des Congrégations classiques à être fondées, au moins de ce côté-ci du Châtiment qui s’approche.

Voilà pourquoi, à mon avis, selon le proverbe anglais, « Il faut subir ce qu’on ne peut guérir. » Et voilà aussi pourquoi j’envisage moi-même de n’être guère plus dans les circonstances actuelles que père, conseiller et ami pour les âmes qui chercheront la direction et le soutien d’un évêque. Rien que cela est une tâche plus que suffisante. Que Dieu soit avec nous tous.

Kyrie eleison.

GREC – IV

GREC – IV on avril 27, 2013

Après avoir lu le premier « Commentaire Eleison » sur le GREC (CE 294, 2 mars), une dame m’a écrit pour se plaindre que j’aie présenté de façon fausse ce groupe de catholiques fondé vers la fin des années 1990 afin de réunir des catholiques de la Tradition et de l’Église officielle pour qu’ils pussent réfléchir ensemble et parler paisiblement entre eux pour le bien de leur Mère commune, l’Église. Avec plaisir je corrige les erreurs de fait qu’elle me signale. Je n’ai pas de problème non plus à admettre les fautes personnelles qu’elle m’impute. Seulement il y a un point important où je ne peux pas me ranger à son avis.

Quant aux erreurs de fait, M. Gilbert Pérol fut Ambassadeur de France non pas au Vatican mais au gouvernement d’Italie. De même il ne fut pas un « collaborateur laïc » mais un ami personnel du Père Lelong, un Père Blanc. Et le GREC ne fut pas lancé « dans les salons de Paris » mais dans l’appartement de la veuve de l’Ambassadeur, Huguette Pérol, dont on m’a assuré qu’elle assume toute la responsabilité d’avoir fondé le GREC, uniquement pour servir l’Église, et avec l’aide de personnes « compétentes et soucieuses de fidélité au message de l’Évangile et de la Tradition catholique ».

Quant aux défauts personnels, cette lectrice m’a signalé ma « suffisance » et mon « ignorance », mon manque de modestie et de diplomatie, mon manque de respect pour les morts et un ton sarcastique qui ne convient ni à un homme ayant une certaine éducation, ni à un prêtre. Ah, madame, que je serais heureux si ceux-là étaient les pires défauts dont j’aurai à répondre devant le tribunal de Dieu ! Ayez la bonté de prier pour mon jugement particulier.

Mais quant au sarcasme, puis-je plaider qu’en me moquant de la nostalgie des catholiques d’aujourd’hui pour le catholicisme des années 1950, je ne pensais pas à l’Ambassadeur Pérol en personne, mais plutôt à ces foules de catholiques de nos temps, lesquels, ne se rendant pas compte pourquoi Dieu a permis à l’origine à Vatican II de séparer l’Église officielle de sa Tradition, veulent retourner à cette foi sentimentalisée du pré-Concile qui a mené directement au Concile ! Madame, le point essentiel ici n’a rien à voir avec les personnes subjectives, tout à voir avec la doctrine objective.

Voilà pourquoi je ne peux pas partager votre avis quant à la « compétence et souci de fidélité à l’Évangile et à la Tradition » de la part de gens qui ont aidé Mme Pérol à fonder le GREC. Qu’un diplomate professionnel comme l’Ambassadeur Pérol ait recouru à la diplomatie pour résoudre un problème majeur de doctrine, c’est une erreur, mais c’est compréhensible. Qu’un prêtre conciliaire comme le Père Lelong ait encouragé une telle entreprise diplomatique est plus grave, mais c’est encore compréhensible en vue du fait que Vatican II a fait sauter la doctrine en officialisant le subjectivisme à l’intérieur de l’Église. Par contre ce qui est bien moins facile à accepter, c’est la « compétence et souci de l’Évangile et de la Tradition » de la part de prêtres qui ont été formés par Mgr Lefebvre pour comprendre et contrecarrer le désastre doctrinal de Vatican II. De tels prêtres n’auraient jamais dû encourager, encore moins participer activement à cet effort essentiellement diplomatique pour résoudre un problème essentiellement doctrinal, même si les meilleures intentions animaient cet effort.

Et pourtant, même dans le cas de ces prêtres s’applique dans une certaine mesure le proverbe, « Tout comprendre, c’est tout pardonner. » En effet, Mgr Lefebvre était d’une génération antérieure et plus saine. Eux par contre ils venaient d’un monde bouleversé par deux guerres mondiales. Tout honneur leur est dû pour avoir recouru à sa personne pour leur formation sacerdotale, et tant qu’il vivait il nous élevait tous, mais ils n’ont jamais vraiment absorbé sa doctrine en sorte qu’à quelques années de sa mort ils ont commencé à retomber. Pourtant c’est lui qui a eu raison, et eux et le GREC – excusez-moi, Madame – qui ont tort. Que Dieu veuille qu’ils retrouvent le bon chemin.

Kyrie eleison.

La Résistance Monte

La Résistance Monte on avril 20, 2013

Autre voyage de trois semaines du côté ouest de l’Atlantique m’a permis de constater que la résistance à l’effondrement de cette Fraternité St Pie X qui veut se jeter dans les bras des apostats romains, est en ascension, plutôt en qualité qu’en quantité, mais tous savent que c’est la quantité catholique qui suit la qualité catholique, et pas l’inverse. On a délibérément caché aux catholiques de la Tradition ce qui se trame entre la Fraternité et Rome, mais au fur et à mesure qu’il ressort à quel point on met en péril la vraie religion catholique, toujours plus nombreux sont les braves gens qui réagissent, sérieusement et résolument.

J’ai visité tout d’abord la communauté du R.P. Jahir au nord du Brésil derrière la ville de Salvador, où le Père Jahir a été prêtre de paroisse pendant de longues années. S’étant enfui de la Néo-église, il voit très clairement la chute de la Fraternité. Il a fondé dans la vraie Foi sa communauté d’une douzaine d’hommes, et il est facile d’imaginer que plusieurs d’entre eux feront dans quelques années de vaillants prêtres pour la garder et maintenir. A l’un d’entre eux j’ai donné la Tonsure et les deux premiers Ordres Mineurs, et puis je suis parti vers le sud pour visiter un deuxième prêtre brésilien qui se rend célèbre par sa fidélité inébranlable à la Tradition telle que Mgr Lefebvre l’entendait.

Dom Thomas d’Aquin, bénédictin de la Tradition, est Prieur du monastère proche de Nova Friburgo dans les montagnes derrière Rio de Janeiro. Ce monastère fut fondé dans les années 1980 par Dom Gérard, fondateur aussi du monastère bénédictin traditionnel du Barroux en France dans les années 1970. C’est Mgr Lefebvre qui l’a encouragé et soutenu pour ces deux fondations, mais au moment du sacre des évêques en 1988, Dom Gérard a rompu les relations avec Mgr. Lefebvre, a entraîné son monastère dans la Néo-église, et a traversé l’Océan pour faire de même avec le monastère au Brésil.

Mais voici qu’il rencontre la résistance de Dom Thomas, encore jeune moine, mais qui avant de se faire moine a appris en profondeur d’un célèbre penseur catholique brésilien, Gustavo Corçâo, tout le mal de la Néo-église. Aidé par plusieurs bons laïcs et soutenu par Mgr Lefebvre, Dom Thomas a tenu tête à Dom Gérard, moyennant quoi il a sauvé le monastère pour la Tradition. Fort d’un affrontement pareil, il est peu surprenant que Dom Thomas lui aussi voie bien clair ce qui se passe dans la Néo-fraternité, comme dans la Néo-église. Dans une tente érigée en-dehors de la petite église du monastère pour l’afflux des fidèles venant assister aux cérémonies de la Semaine Sainte, nous avons été peu de prêtres, mais munis de tout l’essentiel par ailleurs, pour célébrer le Jeudi Saint la cérémonie solennelle de la Consécration des Saintes Huiles. Celles-ci pourront être fournies cette année par le monastère aux prêtres en particulier qui risquent de n’en plus recevoir de la Néo-fraternité.

Ensuite j’ai pris l’avion pour les États-Unis afin de visiter encore trois centres de la Résistance en train d’être constitués par les braves abbés Joseph Pfeiffer et David Hewko. Près du Connecticut, dans le New Jersey et le Minnesota j’ai pu donner la Confirmation et des conférences à des catholiques qui ne font guère plus confiance à la Néo-fraternité. Ils ont posé de bonnes questions qui méritaient des réponses honnêtes.

Enfin pour les bienfaiteurs de l’Europe une bonne nouvelle : L’Initiative St Marcel a établi en France un RIB et un IBAN pour faciliter les dons en euros. Depuis l’intérieur de la France, utiliser le RIB suivant : ***** ***** *********** **. Et pour tout don en euros, mais qui vient de l’extérieur de la France, utiliser cet IBAN : **** **** **** **** **** **** ***. Grâce à ses bienfaiteurs l’Initiative St Marcel a pu tout récemment offrir un don intéressant au monastère de Dom Thomas, d’autant plus apprécié qu’on en a eu besoin. Dom Thomas remercie tous ceux qui y ont contribué.

Kyrie eleison.