Mgr Marcel Lefebvre

Débat Vif

Débat Vif on juillet 6, 2013

Le problème de l’autorité paralysée (voyez ce « Commentaire » du1 et du 29 juin) excite une réaction vive de la part de quelques lecteurs. D’une part il y a des catholiques vaillants qui me disent qu’en ÉTANT évêque je dois AGIR en évêque en me mettant a la tête du mouvement de la “Résistance”. D’autre part un prêtre également vaillant qui a bien connu le “sédévacantisme” m’avertit que je ne dois pas déchaîner d’église parallèle en consacrant des évêques de plus, sauf en cas de Guerre Mondiale, persécution physique ou vieillesse désastreuse (remarquez, il y en a qui prétendent que celle-ci est déjà arrivée . . . ).

Bien sûr, le problème remonte à Vatican II. Au bout d’une glissade de sept cents ans les hommes de l’Église Conciliaire, en corrompant la doctrine de l’Eglise, ont divisé la Vérité catholique d’avec l’Autorité catholique, moyennant quoi ils ont tellement discrédité l’autorité officielle de l’Église que des âmes comme celles évoquées ci-dessus ne voient plus qu’elle soit nécessaire. Mais l’autorité centrale de l’Église, étant donnés la diversité naturelle et le péché orginel du genre humain, est absolument nécessaire pour garantir l’unité et la survie de l’Église, non seulement pour la Vérité mais aussi pour les sacrements et pour le gouvernement de l’Eglise.

Voici pourquoi tout évêque ou prêtre a besoin non seulement du pouvoir sacrementel de son Ordre, pouvoir qu’il ne peut perdre pour toute l’éternité, mais aussi du pouvoir de juridiction, c’est-à-dire le pouvoir de dire ( dictio ) le droit, ou ce qui est juste ( ius, iuris ). Le clerc ne reçoit pas ce dernier pouvoir avec son Ordre, et il ne peut pas se le donner à lui-même. Il ne peut le recevoir que d’en haut, à savoir d’un Supérieur ecclésiastique, en fin de comte du Pape, et le Pape de Dieu. Donc lorsque ces âmes vaillantes me disent qui je SUIS évêque (de par mon Ordre), en sorte que je suis délinquent si je n’AGIS pas comme tel en disant ( dictio ) à la “Résistance” ce qu’elle doit faire ( ius ), très probablement ils confondent les deux pouvoirs distincts de l’évêque.

Cependant il se peut qu’ils retrouvent instinctivement une autre doctrine de l’Eglise et du bon sens, à savoir celle de la juridiction de suppléance : en cas de nécessité où pour quelque raison que ce soit, les Supérieurs ne fournissent pas la juridiction nécessaire pour le salut des âmes, l’Eglise la supplée. Par exemple, la juridiction normalement nécessaire pour entendre validement les Confessions peut manquer à un prêtre, mais si un pénitent lui demande d’entendre sa Confession, alors en cas de nécessité le prêtre peut l’entendre et le sacrement sera valide. Or, le cas de nécessité gravissime créé dans l’Église par Vatican II a été sans aucun doute même aggravé par l’infâme Déclaration Doctrinale qui est sortie au mois d’avril du Quartier Général de la FSSPX, document qui prouve que la dernière forteresse de la vraie Foi dans l’Église est en train de s’effondrer.

Mais la juridiction de suppléance a une faiblesse, parce que n’étant pas officielle elle est d’autant plus apte a être mise en question. Par exemple, la Rome Conciliaire nie que Vatican II ait créé un cas de nécessité dans l’Église, et partant elle exerce sur la FSSPX une pression pour que celle-ci se soumette a l’autorité Conciliaire, pression qui ne réussit que trop bien. Tel est le besoin pour l’autorité d’etre officielle. Même Mgr. Lefebvre a perdu plus ou moins un prêtre sur quatre de tous ceux qu’il a ordonnés pour la FSSPX, parce qu’il n’avait aucun pouvoir pour les empêcher de s’en éloigner tout simplement. Voilà cette crise incroyable de l’Église. Donc si un prêtre ou fidèle me demande de lui donner des commandes, lui-même il peut les disputer quelques mois plus tard, ou bien aussitôt qu’il estimera qu’il n’a plus besoin de leur obéir.

Mais la crise n’en est pas moins réelle, et elle ne va que s’aggraver jusqu’au moment où Dieu interviendra pour restaurer le catholicisme du Pape, ce que Dieu fera aussitôt qu’assez de catholiques le supplieront d’ouvrir les yeux du Pape. Jusqu’alors le cas de nécessité toujours plus grave dans l’Église est apte à fortifier de plus en plus cette autorité non officielle, mais que le Bon Dieu nous aide a éviter toute anarchie qui ne s’impose pas.

Kyrie eleison.

L’Autorité Paralysée – II

L’Autorité Paralysée – II on juin 29, 2013

Encore un membre vaillant de la « Résistance » catholique d’aujourd’hui me pousse à me mettre à sa tête. La raison donnée continue d’être que je suis jusqu’ici le seul évêque qui participe à ce mouvement d’opposition à l’effondrement interne de la Fraternité St Pie X. Mais Dieu a donné à Mgr Lefebvre le dernier souffle de la vraie autorité ecclésiale, et ses successeurs l’ont cruellement malmenée. Pourquoi en donnerait-il encore ? La crise de l’Église a beaucoup avancé depuis les années 1970. Au risque d’agacer plusieurs lecteurs, voici les arguments principaux de cette âme vaillante, suivis des réponses que je propose à tous sans vouloir les imposer à qui que ce soit.

1 La grande diversité d’opinions parmi les prêtres de la Résistance sème la confusion parmi les fidèles. * Mais imposer une opinion commune exige de l’autorité (voir ci-dessus). Et peut-être les catholiques méritent-ils de se trouver dans la confusion. Trop d’eux ont suivi aveuglément Vatican II, comme ils font maintenant avec la Fraternité. Peut-être le Bon Dieu a-t-il eu assez de cette obéissance aveugle. Peut-être veut-il que les catholiques réfléchissent et pensent pour eux-mêmes, sans plus recourir à l’« obéissance » aveugle comme chemin de facilité pour arriver au Ciel.

2 La confusion règne en particulier quant à la question s’il faut ou non continuer d’assister aux Messes des prêtres de la FSSPX. * Mais pourquoi une seule opinion doit-elle s’appliquer à tous les cas ? Il ya toutes sortes de circonstances qui peuvent jouer dans une question semblable. D’accord, ne pas quitter la FSSPX tant qu’elle persévère dans son erreur actuelle présente un risque grave de glisser petit à petit avec elle, mais les âmes ont besoin des sacrements et pas tous les prêtres de la Fraternité ne sont encore des traîtres, loin de là. Récemment en France la première édition d’un livre de 350 pages, consistant à 90% de citations de Mgr Lefebvre, a été épuisée en deux semaines. Et c’est un prêtre de la Fraternité qui l’a rédigé, M. l’abbé François Pivert. C’est un vrai signe d’espoir. Que Dieu le bénisse !

3 Les désaccords entre les prêtres de la Résistance pourraient faire qu’elle se détruise elle-même. * Les désaccords personnels entre les prêtres il y a toujours eu, il y en aura toujours. Beaucoup plus graves sont les désaccords doctrinaux. C’est surtout la fidélité doctrinale qui a maintenu jusqu’ici la Fraternité, c’est l’infidélité doctrinale qui la détruit actuellement. C’est la fidélité doctrinale qui garantira cette unique Foi catholique laquelle seule peut fonder ce qui survivra du catholicisme, soit dans l’Église, soit dans la Fraternité, soit dans la « Résistance ».

4 Il n’y a pas d’Église sans chef ni hiérarchie. Dieu veut que nous nous organisions. * Normalement c’est vrai, pas d’Église sans chef ni hiérarchie, mais l’homme moderne a créé une situation tout à fait anormale. Là où le centurion païen de l’Évangile (Mt.VIII, 6–10) savait tout naturellement et commander et obéir (les deux vont ensemble), l’homme moderne, au nom de la liberté supposément « démocratique », a voulu ne plus savoir ni commander ni obéir. Aussi les commandes arbitraires et l’obéissance excessive mettent-elles actuellement la Fraternité par terre, comme elles ont fait en grande partie pour l’Église officielle. La raison en est qu’aux gouverneurs comme aux gouvernés manquent le sens et l’amour de la vérité objective, laquelle en s’élevant au-dessus des uns comme des autres, est largement capable, pour peu que l’on en fasse cas, de mettre en harmonie l’autorité et l’obéissance. Peut-être Dieu veut-il que nous poursuivions plutôt la doctrine que l’organisation.

Pour conclure, cette épreuve tout à fait exceptionnelle de l’Église durera le temps que Dieu voudra pour que son Église soit purifiée. En attendant, il me semble qu’au début de notre 21ème siècle il n’y a tout simplement pas assez de paille catholique pour produire une brique catholique telle la Fraternité de la fin du 20 ème siècle. Patience. Dieu prévaudra. C’est son Église, et il s’en occupe. Patience.

Kyrie eleison.

Chute Horrible – II

Chute Horrible – II on juin 22, 2013

« Horrible » peut sembler un mot trop fort pour qualifier le changement de direction dans la Fraternité St Pie X qui est sorti au grand jour il y a un an. Pourtant, si l’Enfer est horrible, si on ne peut l’éviter sans la Foi ; si la Foi se trouve en grand danger dans l’Église désamorcée par Vatican II, mais une forteresse de la vraie Foi s’est établie par miracle dans cette Église défaite ; et si enfin cette forteresse se défait maintenant, alors le mot « horrible » n’est peut-être pas de trop.

La FSPX n’est pas encore complètement par terre, mais elle est tombée bien bas, et la chute totale est possible. Les chefs qui promeuvent habilement cette chute depuis 15 ans sont encore au pouvoir. Ils ont suivi Mgr Lefebvre tant qu’il était en vie, mais ils n’ont jamais compris, ou bien ils ont cessé de vouloir comprendre pourquoi il a fondé la FSPX, à savoir pour résister à l’effondrement des prélats Conciliaires qui cherchaient à aligner l’Église sur le monde moderne, attirant mais corrompu. Dès que Mgr Lefebvre n’était plus là, l’attraction a vite fait d’éblouir ses successeurs par le moyen de GREC entre d’autres.

Et maintenant ces chefs traînent derrière eux bon nombre des anciens prêtres de la FSPX, et ils déforment les jeunes. Quant aux anciens prêtres, tout comme après Vatican II, ceux qui ont été formés par Mgr Lefebvre peuvent souffrir beaucoup sous la pression exercée par la néo-Fraternité pour les réformer, au moins jusqu’au moment où ils se décident à suivre le courant actuel, mais dès ce moment-là c’est leur conscience qu’ils doivent anesthésier. Quant aux jeunes prêtres, tout comme après Vatican II, ayant été normalement plus ou moins mal formés selon la nouvelle direction, ce n’est que par eux-mêmes qu’ils peuvent retrouver l’ancienne direction, parce qu’on ne leur enseigne plus les vraies raisons du combat de Mgr Lefebvre. En effet les séminaires de la FSPX deviennent lentement des séminaires de la néo-Église. Il faut faire attention avant de les recommander aux jeunes hommes qui pensent à la vocation.

Et vers les sommets de la FSPX ? Voici la position récente d’un membre de la FSPX qui a bien compris le combat doctrinal de Mgr Lefebvre. Pendant longtemps il l’a soutenu, mais puisque les Discussions Doctrinales de 2009 à 2011 ont prouvé que Rome persévérait dans son erreur doctrinale, en 2013 il approuve que le Chapitre Général de 2012, en établissant les six conditions d’un accord pratique, ait abandonné l’exigence par la FSPX d’un accord doctrinal avec Rome. Néanmoins il est content que la baisse des exigences n’ait pas abouti à l’accord visé ! Sans doute les Romains ont estimé que l’abandon de ses principes par la FSPX n’était pas encore assez complet, mais cela n’empêche pas ce confrère de se réjouir d’une éventuelle reprise des contacts entre les chefs de la FSPX et les Romains, comme si l’abandon à moitié ne risquait pas de devenir un abandon complet lorsque ces chefs retourneront à Rome à genoux pour mendier un statut canonique pour la FSPX.

Mais qu’est devenue l’intelligence de ce confrère ? Tout comme tant de bons prêtres sous la tyrannie de Paul VI à la suite de Vatican II, il l’a détachée de la doctrine et il l’oblige à suivre le courant. Sa conscience ne peut guère être tranquille, mais fort probablement sa volonté se raffermit pour préférer l’intérêt apparent de la FSPX au vrai bien de la Foi, bien qui est incompatible avec la soumission officielle aux ennemis puissants de la Foi. En prononçant sa solidarité avec ces chefs de la FSPX qui poursuivent une telle soumission, il ne perdra pas nécessairement lui-même la Foi, mais par sa nouvelle condescendance envers les apostats de Rome il risque au moins de faciliter la perte de la vraie foi pour bon nombre d’autres âmes.

Quant aux chefs actuels de la FSPX, ils se sont embourbés dans la duplicité, parce qu’ils doivent encore se tromper, eux-mêmes d’abord et ensuite leur monde, qu’ils restent fidèles à la religion de Dieu et de Mgr Lefebvre, alors qu’en réalité ils veulent appartenir à l’Église officielle dédiée, elle, à la nouvelle religion de l’homme. La perte des âmes et la duplicité sont une double horreur. Que peut-on faire ? A suivre.

Kyrie eleison.

Chute Horrible – I

Chute Horrible – I on juin 8, 2013

Comparer ce qu’était la Fraternité St Pie X sous Mgr Lefebvre entre les années 1970 et 1991 avec ce qu’elle est devenue au cours, disons, des dernières 15 années, c’est constater une chute peu moins qu’horrible. En quelques numéros de ce « Commentaire » voyons d’abord pourquoi une telle horreur est normale dans notre pauvre monde contemporain, parce que « Tout comprendre, c’est tout pardonner », et que nous avons tous besoin de pardon. Ensuite faisons face à l’horreur, non pas pour nous décourager mais au contraire pour nous ceindre les reins en vue des horreurs très probablement encore pires à venir, et voyons enfin ce que nous pouvons faire pour nous ceindre les reins, parce que le Bon Dieu ne nous aura pas laissé sans rien que nous puissions faire (mais attention au peu d’eau dont nous disposons pour ne pas le verser dans le sable). Écoutons d’abord comment trois grands penseurs catholiques prennent la mesure de notre époque, pour comprendre pourquoi l’horreur y est la norme.

Dans sa grande Lettre Encyclique sur la franc-maçonnerie, Léon XIII fait remarquer comment ses principes pervers procèdent de l’indifférence envers l’Église catholique (#13), à sa blessure (#14), et à sa destruction (#15), pour passer à la ruine de toute religion positive (#16), de toute religion naturelle (#17), et des grandes vérités naturelles (#18), telles la Création et Providence de Dieu et l’immortalité de l’âme. Logiquement, au 21me siècle nous avons poussé encore plus loin, à la ruine de toute notion même de vérité. Les esprits sont devenus une bouillie informe, même ceux des Papes, des Cardinaux et des Évêques.

Dans sa grande Lettre Encyclique de 1907 sur le modernisme, St Pie X a vu clairement cette même ruine de toute vérité et pensée par les modernistes. Il est en dessous de la dignité des Papes de hurler, mais dans Pascendi Pie X utilise les mots les plus forts dont il dispose pour stigmatiser cette pourriture de l’esprit moyennant laquelle les modernistes font pourrir la Foi catholique toute entière. Implicitement il dit que le modernisme est le bout de la ligne, le terminus. Son avertissement dramatique a valu à l’Église un sursis de 50 ans, mais avec Vatican II cette pourriture de la Foi qu’il avait jetée hors de l’Église a été élevée en doctrine officielle de l’Église par Jean XXIII et Paul VI ! Si les Papes deviennent fous, comment veut-on que de petits Supérieurs ne fassent pas de même ?

Un troisième esprit catholique qui mesure comment Vatican II a ravagé la Foi, c’est le laïc italien, Romano Amerio, dont l’analyse des erreurs modernes, Iota Unum, a retenu l’admiration de Mgr Lefebvre. J’aimerais bien que quelqu’un me trouve la référence de l’endroit où il dit que si les choses continuent de suivre leur chemin actuel, parler ou écrire finiront par devenir impossibles, et tout ce qui restera sera de se taire ! Cela semble inimaginable ? Aux États-Unis tout récemment un bon commentateur politique, le Dr Paul Craig Roberts, a failli cesser d’écrire parce qu’il lui semblait qu’il n’y avait plus personne capable de penser, ou qui y fût disposé.

Aujourd’hui nous passons par la répétition générale de l’Antéchrist, et si ces jours n’étaient pas abrégés, comme le dit Notre Seigneur (Mt. XXIV, 22), nous pourrions tous y perdre la raison et la Foi. Alors qui se sent encore incliné à jeter la première pierre à tel Pape ou Supérieur qui perd la raison ?

Néanmoins, tandis que Notre Seigneur nous défend de juger- condamner (Mt. VII, 1) parce que Dieu seul connaît aussi parfaitement toutes les circonstances qu’il le faut pour juger sans erreur, en même temps il nous commande de juger- discerner entre les vrais bergers et les mercenaires, ou entre les brebis et les loups sous peau de brebis (Mt. VII, 15). Voilà notre responsabilité de catholiques pour sauver nos âmes, et voilà pourquoi bientôt nous examinerons de nouveau l’horreur qui se déroule actuellement à l’intérieur de la FSPX.

Kyrie eleison.

L’Autorité Paralysée – I

L’Autorité Paralysée – I on juin 1, 2013

Plusieurs bonnes âmes souhaiteraient voir fonder aujourd’hui une Congrégation qui prenne la relève de la Fraternité St Pie X. Mais tout en craignant comme eux que la FSPX ne soit en train de défaire sa défense autrefois glorieuse de la foi et de la vie catholiques, et tout en sympathisant donc avec leur désir de voir surgir une Congrégation de remplacement, je ne crois pas que ce soit possible, et je crois qu’il vaut la peine d’expliquer pourquoi.

Lorsqu’en 1970 Mgr. Lefebvre a rédigé la charte des principes de la fondation et opération de la future FSPX, à savoir ses Statuts, il lui tenait très à cœur d’obtenir pour eux l’approbation officielle par l’évêque du diocèse où se trouvait la maison mère à l’origine de la FSPX. Pour ce qui le concernait, obtenir ou non cette approbation signifiait toute la différence entre fonder une Congrégation de l’Église catholique et lancer une association privée de son propre cru. Autant il tenait à fonder une Congrégation officielle, autant il s’intéressait peu à une institution privée.

De fait lorsqu’il est allé trouver Mgr Charrière, Évêque du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg pour obtenir cette approbation, il n’espérait pas trop qu’il y arrivât. La Révolution Conciliaire battait son plein à ce moment-là, et elle heurtait de plein front ce que projetaient les Statuts de Mgr Lefebvre. Mais la Providence a fait que Mgr Charrière les a approuvés, peut-être parce qu’il savait qu’il partait bientôt en retraite. De toute façon c’est un Mgr Lefebvre exultant qui est revenu à Écône, même il aurait brandi en l’air les Statuts fraîchement approuvés.

En effet ce que cela signifiait pour lui, c’est qu’à partir de ce moment-là il jouissait de toute l’autorité de l’Église pour bâtir une Congrégation de l’Église, et quelques années plus tard Rome aurait beau essayer de reprendre cette autorisation, cet essai était tellement injuste selon le Droit de l’Église que jamais Mgr Lefebvre n’a hésité à exercer à l’intérieur de la FSPX toute l’autorité d’un Supérieur de Congrégation classique. Cette autorité catholique est tellement forte qu’il a suffi aux papes conciliaires de l’atteler aux mensonges du Concile pour détruire virtuellement l’Église entière, et attelée maintenant à un accord pratique entre Rome et la FSPX elle est en train de mettre par terre la FSPX. Par contre sur les prêtres, Sœurs et fidèles à l’ extérieur de la Fraternité, Mgr Lefebvre ne s’est jamais arrogé aucune autorité qui dépassât celle d’un père, conseiller et ami.

Mais les temps d’un Mgr Charrière ont depuis longtemps évolué. Combien d’évêques bien pensants y a-t-il encore dans l’Église ? Et parmi eux combien pourraient se permettre d’approuver des Statuts Traditionnels et anti-Conciliaires ? C’est comme si, juste après que Mgr Lefebvre se fût échappé de la forteresse catholique avec ses Statuts catholiques en main, la herse Conciliaire s’abattit derrière lui. « Ce sont des malades mentaux, mais ils ont l’autorité », a dit un des quatre théologiens de la FSPX à propos des Romains qui ont participé en face aux Discussions Doctrinales de 2009 à 2011. Assurément la FSPX est la dernière en ligne des Congrégations classiques à être fondées, au moins de ce côté-ci du Châtiment qui s’approche.

Voilà pourquoi, à mon avis, selon le proverbe anglais, « Il faut subir ce qu’on ne peut guérir. » Et voilà aussi pourquoi j’envisage moi-même de n’être guère plus dans les circonstances actuelles que père, conseiller et ami pour les âmes qui chercheront la direction et le soutien d’un évêque. Rien que cela est une tâche plus que suffisante. Que Dieu soit avec nous tous.

Kyrie eleison.

GREC – IV

GREC – IV on avril 27, 2013

Après avoir lu le premier « Commentaire Eleison » sur le GREC (CE 294, 2 mars), une dame m’a écrit pour se plaindre que j’aie présenté de façon fausse ce groupe de catholiques fondé vers la fin des années 1990 afin de réunir des catholiques de la Tradition et de l’Église officielle pour qu’ils pussent réfléchir ensemble et parler paisiblement entre eux pour le bien de leur Mère commune, l’Église. Avec plaisir je corrige les erreurs de fait qu’elle me signale. Je n’ai pas de problème non plus à admettre les fautes personnelles qu’elle m’impute. Seulement il y a un point important où je ne peux pas me ranger à son avis.

Quant aux erreurs de fait, M. Gilbert Pérol fut Ambassadeur de France non pas au Vatican mais au gouvernement d’Italie. De même il ne fut pas un « collaborateur laïc » mais un ami personnel du Père Lelong, un Père Blanc. Et le GREC ne fut pas lancé « dans les salons de Paris » mais dans l’appartement de la veuve de l’Ambassadeur, Huguette Pérol, dont on m’a assuré qu’elle assume toute la responsabilité d’avoir fondé le GREC, uniquement pour servir l’Église, et avec l’aide de personnes « compétentes et soucieuses de fidélité au message de l’Évangile et de la Tradition catholique ».

Quant aux défauts personnels, cette lectrice m’a signalé ma « suffisance » et mon « ignorance », mon manque de modestie et de diplomatie, mon manque de respect pour les morts et un ton sarcastique qui ne convient ni à un homme ayant une certaine éducation, ni à un prêtre. Ah, madame, que je serais heureux si ceux-là étaient les pires défauts dont j’aurai à répondre devant le tribunal de Dieu ! Ayez la bonté de prier pour mon jugement particulier.

Mais quant au sarcasme, puis-je plaider qu’en me moquant de la nostalgie des catholiques d’aujourd’hui pour le catholicisme des années 1950, je ne pensais pas à l’Ambassadeur Pérol en personne, mais plutôt à ces foules de catholiques de nos temps, lesquels, ne se rendant pas compte pourquoi Dieu a permis à l’origine à Vatican II de séparer l’Église officielle de sa Tradition, veulent retourner à cette foi sentimentalisée du pré-Concile qui a mené directement au Concile ! Madame, le point essentiel ici n’a rien à voir avec les personnes subjectives, tout à voir avec la doctrine objective.

Voilà pourquoi je ne peux pas partager votre avis quant à la « compétence et souci de fidélité à l’Évangile et à la Tradition » de la part de gens qui ont aidé Mme Pérol à fonder le GREC. Qu’un diplomate professionnel comme l’Ambassadeur Pérol ait recouru à la diplomatie pour résoudre un problème majeur de doctrine, c’est une erreur, mais c’est compréhensible. Qu’un prêtre conciliaire comme le Père Lelong ait encouragé une telle entreprise diplomatique est plus grave, mais c’est encore compréhensible en vue du fait que Vatican II a fait sauter la doctrine en officialisant le subjectivisme à l’intérieur de l’Église. Par contre ce qui est bien moins facile à accepter, c’est la « compétence et souci de l’Évangile et de la Tradition » de la part de prêtres qui ont été formés par Mgr Lefebvre pour comprendre et contrecarrer le désastre doctrinal de Vatican II. De tels prêtres n’auraient jamais dû encourager, encore moins participer activement à cet effort essentiellement diplomatique pour résoudre un problème essentiellement doctrinal, même si les meilleures intentions animaient cet effort.

Et pourtant, même dans le cas de ces prêtres s’applique dans une certaine mesure le proverbe, « Tout comprendre, c’est tout pardonner. » En effet, Mgr Lefebvre était d’une génération antérieure et plus saine. Eux par contre ils venaient d’un monde bouleversé par deux guerres mondiales. Tout honneur leur est dû pour avoir recouru à sa personne pour leur formation sacerdotale, et tant qu’il vivait il nous élevait tous, mais ils n’ont jamais vraiment absorbé sa doctrine en sorte qu’à quelques années de sa mort ils ont commencé à retomber. Pourtant c’est lui qui a eu raison, et eux et le GREC – excusez-moi, Madame – qui ont tort. Que Dieu veuille qu’ils retrouvent le bon chemin.

Kyrie eleison.