sédévacantism

Maladie Inconcevable

Maladie Inconcevable on mars 7, 2015

Pendant « l’été chaud » pour la Fraternité St Pie X, en 1976, alors que Paul VI venait de « suspendre » Mgr. Lefebvre parce qu’il avait ordonné 14 prêtres pour la Tradition, l’affrontement entre le Pape et la Tradition catholique était tellement brutal qu’au mois d’août arriva l’un des deux moments où Monseigneur considéra sérieusement si le Siège de Rome était vacant. En écoutant l’enregistrement de ses paroles à ce moment-là, on se rend compte quelle angoisse cet affrontement lui causait : comment était-il possible qu’un vrai Vicaire du Christ pût ainsi détruire l’Église ? Monseigneur n’a jamais adopté finalement la solution sédévacantiste, mais voyons avec quelle clarté il a exposé le problème, et offrons ensuite une fois de plus cette ligne de solution que son esprit a pu être trop sain pour concevoir. Voici en résumé ses paroles du mois d’août, 1976 :—

On me demande ce que je pense du Pape [Paul VI]. C’est un mystère incroyable. Le vrai Pape est l’unité de l’Église, inspiré par le Saint Esprit et protégé par la promesse de Notre Seigneur pour qu’il garde la foi. Mais grâce à Vatican II, Paul VI détruit systématiquement l’Église. Tout y passe : le catéchisme, les universités, les Congrégations, les séminaires, les écoles. Tout ce qui est catholique est détruit. On cherche une solution.

Une série de fausses solutions peut être rejetée d’emblée, par exemple le Pape prisonnier, drogué, victime de ses subordonnés, etc. Lorsqu’il a béni les Charismatiques ou baisé les pieds du Patriarche Orthodoxe, lui braquait-on un revolver à la tête ? Je l’ai observé pendant ses audiences publiques, où il a parlé avec une habileté et présence d’esprit, la pertinence et intelligence d’un homme en pleine possession de ses facultés. Le Cardinal Benelli m’a dit que c’était le Pape lui-même qui m’avait écrit ces lettres [qui écrasaient la Tradition], qu’il est pleinement informé, qu’il sait exactement ce qu’il fait, que c’est sa volonté à lui, que ce sont ses décisions à lui. Le Cardinal m’a dit qu’il faisait un rapport tous les jours au Pape, comme il ferait tout de suite après notre entretien.

Alors Paul VI peut-il ne pas être un vrai Pape ? C’est une hypothèse possible. Les théologiens ont étudié le problème. Je ne sais pas. Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Mais le problème paraît théologiquement insoluble.

Monseigneur parlait là de Paul VI, mais le problème est en essence le même pour tous les six Papes Conciliaires (sauf peut-être Jean-Paul I). Divisons le problème en deux : comment le vrai Dieu peut-il permettre une telle destruction de son Église ? Comment ses vrais Vicaires peuvent-ils être les destructeurs principaux ?

Quant au Bon Dieu, d’abord la destruction sera pire encore à la fin du monde (Lc. XVIII, 8). Ensuite il se peut que Dieu purifie son Église pour préparer le Triomphe du Cœur Immaculé de sa Mère. Et enfin Dieu a protégé Paul VI en l’empêchant de détruire complètement l’Église. Par exemple Dieu s’est arrangé pour que Paul VI découvre « par hasard » un plan pour détruire complètement la Papauté par un texte ambigu de Lumen Gentium. La découverte a permis à Paul VI de frustrer le plan en ajoutant la Nota Praevia.

Quant aux Vicaires, Mgr. Lefebvre semble n’avoir jamais considéré la ligne de solution qui suit. Peut-être pour cela a-t-il failli cet août-là se trouver piégé par le dilemme ou-sédévacantiste-ou-libéral. Mais si avec chaque année qui passe le libéralisme se rapproche toujours plus de confondre les esprits du monde entier, comment veut-on que les Papes s’échappent à la maladie universelle de l’erreur « sincère » ? Parce que ce sont des gens formés ? Mais le libéralisme règne surtout dans les écoles et les universités. Donc si les Papes mal formés sont « sincèrement » convaincus que la « vérité » évolue, même en errant gravement ils n’en seront pas à nier avec pertinacité ce qu’ils savent être la vérité catholique définie, parce que pour eux cette vérité ne saura être « vraie » sans qu’elle évolue, et dans leur sens.

Kyrie eleison.

Papes vivants

Papes vivants on novembre 29, 2014

Le 29 janvier 1949 le Pape Pie XII fit les observations suivantes au sujet de l’importance du Pape : « Si jamais un jour – Nous le disons par pure hypothèse – la Rome matérielle devait s’écrouler ; si jamais cette Basilique vaticane, symbole de l’unique invincible et victorieuse Église catholique, devait ensevelir sous ses ruines ses trésors historiques et les tombes sacrées qu’elle renferme, même alors l’Église ne s’en trouverait pour autant ni abattue ni fissurée. La promesse du Christ à Pierre resterait toujours vraie, la Papauté durerait toujours, comme aussi l’Église, une et indestructible, fondée sur le Pape vivant à ce moment-là  ».

Étant donné que ces paroles relèvent de la doctrine classique de l’Église (il n’y a que le soulignement qui y ait été ajouté), et fondée sur les paroles mêmes de Notre Seigneur (Mt.XVI,16–18), il n’y a pas lieu de s’étonner si depuis 1962 où les Papes se firent Conciliaires, des millions et des millions de Catholiques ont été amenés à se faire de même Conciliaires et libéraux. L’unique solution au problème que les sédévacantistes puissent voir c’est de nier que les Papes Conciliaires aient même pu être Papes, ce qui peut paraître conforme au bon sens catholique. Mais pour la majorité des Catholiques ce qui paraît être encore plus conforme au bon sens, c’est que l’Église, établie par Dieu pour être fondée sur le Pape vivant, ne peut pas avoir existé depuis tout un demi-siècle (1962–2014) sans un seul Pape vivant.

Il est facile de voir comment la décadence de la civilisation Chrétienne, depuis son apogée au Moyen Age, a conduit à la présente corruption des Papes vivants. Il est facile de voir comment Dieu peut avoir permis cette épouvantable corruption pour châtier cette épouvantable décadence. Ce qu’il est moins facile de voir, c’est comment l’Église peut encore vivre quand les Papes vivants sur lesquels elle est fondée sont convaincus que le libéralisme – la guerre contre Dieu – est catholique. Selon les propres paroles de Notre Seigneur, Un arbre bon ne peut porter de mauvais fruits, ni un arbre mauvais de bons fruits (Mt.VII,18).

Mais un arbre moitié bon moitié mauvais peut produire des fruits moitié bons moitié mauvais. Bien sûr que pris dans sa totalité un mélange de bon et mauvais est mauvais, mais cela ne signifie pas que prises partie par partie, les parties bonnes du mélange soient aussi mauvaises que les parties mauvaises. Cancer du foie me tuera, mais cela ne signifie pas que j’ai un cancer aux poumons. Or, aucun homme d’Église vivant, pas plus que tout autre homme vivant, n’est entièrement bon ni entièrement mauvais. Tous nous sommes un mélange fluctuant jusqu’au jour de notre mort. Alors, peut-il avoir jamais existé un Pape vivant dont les fruits furent entièrement mauvais ? La réponse ne peut être que non. Auquel cas l’Église catholique peut avoir vécu à moitié durant ces dernières cinquante années par les fruits de la moitié bonne des Papes Conciliaires, avec une demi-vie permise par Dieu pour purifier Son Église, mais dont Il ne permettrait jamais qu’elle aille jusqu’à mettre à mort Son Église.

Ainsi, par exemple, Paul VI pleura sur le manque de vocations. Benoît XVI aspirait à la Tradition. Même le Pape François entend sûrement conduire les hommes à Dieu alors qu’il rabaisse Dieu au niveau des hommes. Donc il est vrai que les Papes Conciliaires ont des idées terriblement fausses, qu’ils sont fatalement ambigus dans la Foi là où ils devraient être absolument sans ambigüité. L’Église a été et se trouve encore mourante sous eux, mais quelles que soient les parties encore bonnes en eux, par celles-là ils ont permis à l’Église de continuer en vie, et ils ont été nécessaires comme têtes vivantes pour maintenir en vie le corps de l’Église vivante, selon la remarque de Pie XII. Donc ne craignons pas qu’il leur soit jamais permis de mettre à mort l’Église, mais en ce qui nous concerne combattons leur libéralisme de toutes nos forces et prions pour leur retour à un catholicisme sain, car nous avons vraiment besoin d’eux pour la vie de notre Église.

Kyrie eleison.

Contexte Bouleversé

Contexte Bouleversé on septembre 20, 2014

Partant d’arguments contre le sédévacantisme qui le repèrent comme une erreur simplificatrice dans une situation totalement anormale, l’un de nos amis italiens (C.C.) considère cette situation de plus haut. Sans être prêtre ni théologien, il avance l’opinion selon laquelle le sédévacantisme n’est simplement que l’une parmi plusieurs autres tentatives dans l’Église de faire rentrer la crise d’aujourd’hui dans les catégories d’hier. Ce n’est pas du tout la théologie catholique qui change mais la situation réelle à laquelle cette théologie doit être appliquée, situation qui a été bouleversé par Vatican II. Voici son paragraphe-clé au sujet de cette réalité changée de fond en comble :—

« En rejetant la réalité objective de l’existence de Dieu, et la soumission nécessaire à sa Loi, le monde d’aujourd’hui n’est plus du tout normal, et pour avoir mis l’homme au centre de tout à la place de Dieu, l’actuelle unité catholique n’est point normale non plus. Ce n’est pas non plus par un soudain changement de direction que l’Église en est arrivée à cet état anormal des choses, mais en suivant un processus long et complexe d’éloignement de Dieu, dont les effets de rupture ont été révélés au grand jour lors de Vatican II. C’est au cours de quelques centaines d’années que les germes de dissolution se sont infiltrés dans l’Église, tout comme les hommes qui en ont entretenu la germination. Ces derniers ont réussi à se faire insérer dans tous les rangs de la hiérarchie, jusqu’au Siège de Pierre y compris ».

Et mon ami de continuer en signalant que faute de tenir compte de cet état totalement anormal de l’Église, qui est – incroyablement mais vraiment – pire que jamais, on court le risque de vouloir affronter une réalité qui a cessé d’exister, à partir de termes de référence qui ne s’appliquent plus désormais. C’est ainsi par exemple que les sédévacantistes diront que les hommes d’Église d’aujourd’hui ont nécessairement conscience de ce qu’ils font, puisque ce sont des hommes intelligents et instruits. Mais il n’en est pas ainsi, dit C.C. : même si leur prédication et leur ministère ne sont plus catholiques, eux-mêmes sont néanmoins convaincus qu’ils sont totalement orthodoxes. Le monde entier est devenu fou. Ils n’ont fait que devenir fous avec lui, non pas en perdant la raison mais en renonçant à son usage, ce qui a de plus en plus affaibli leur foi catholique, au point où il y a de moins en moins d’obstacles qui les empêchent de perdre la raison totalement.

Mais dans ce cas, pourrait-on objecter, Dieu doit avoir abandonné son Église. Pour y répondre, C.C. utilise trois citations de l’Ecriture. D’abord Lc. XVIII, 8, où Notre Seigneur se demande s’Il trouvera encore la Foi sur la terre lorsqu’Il reviendra. D’où il ressort qu’un petit reste de prêtres et de laïcs (avec peut-être quelques évêques) suffira pour assurer l’indéfectibilité de l’Église jusqu’à la fin du monde (on pense aux difficultés actuelles de la « Résistance » pour se constituer). Pareillement, en deuxième lieu, Mt. XXIV, 11–14, où il est prévu que de nombreux faux prophètes séduiront un grand nombre d’âmes, et que la charité se refroidira. Et troisièmement, Lc.XXII,31–32, où Notre Seigneur commande à Pierre de confirmer ses frères dans la Foi après qu’il se soit converti, laissant à entendre que sa Foi aura pour un temps défailli. Ce qui suggère que presque toute la hiérarchie peut faillir, même Pierre, sans que pour autant l’Église cesse d’être indéfectible, un peu comme au moment où les Apôtres au Jardin de Gethsémani s’éloignèrent tous en courant (Mt.XXVI,56).

Pour conclure, la vision de C.C. pour l’Église de demain ou après-demain ressemble beaucoup à celle du P. Calmel : que chacun d’entre nous fasse son devoir selon son état de vie, et contribue à l’édification d’un réseau de petits fortins de la Foi, ayant chacun un prêtre pour assurer les sacrements, mais sans que l’on recoure à une théologie de l’Église désormais inapplicable, ni à aucune approbation canonique impossible à obtenir. Et que l’on ne prenne pas trop en compte les murs de séparation d’hier, pour autant que la Foi aura pu passer par-dessus Ces fortins seront unis par la Vérité et auront de mutuels contacts de charité. Le reste demeure dans les mains de Dieu.

Kyrie eleison.

Papes Faillibles

Papes Faillibles on septembre 13, 2014

Ni les libéraux ni les sédévacantistes n’apprécient de s’entendre dire qu’ils sont comme pile et face d’une même monnaie, mais cela est vrai. Par exemple, ni les uns ni les autres ne peuvent concevoir une troisième alternative. Voyez par exemple dans sa Lettre à Trois Evêques du 14 avril 2012 comment Mgr. Fellay ne pouvait voir d’autre alternative à son libéralisme qui ne fût le sédévacantisme. Inversement, pour plus d’un sédévacantiste, si quelqu’un accepte que l’un des Papes Conciliaires ait été réellement Pape, alors on ne peut être qu’un libéral, et si quelqu’un critique le sédévacantisme, alors il promeut le libéralisme. Mais pas du tout !

Pourquoi non ? Parce que les uns comme les autres commettent la même erreur qui consiste à exagérer l’infaillibilité du Pape. Pourquoi ? Ne serait-ce pas parce que les uns comme les autres ils sont des hommes modernes, lesquels croient plus dans les personnes que dans les institutions ? Et pourquoi cela devrait-il être un trait de l’homme moderne ? Parce que plus ou moins à partir du Protestantisme, de moins en moins d’institutions ont véritablement recherché le bien commun, tandis qu’elles ont de plus en plus recherché quelqu’intérêt particulier, tel l’argent (ma réclamation contre vous), ce qui diminue bien sûr le respect que nous leur devons. Ainsi par exemple, des hommes bons ont évité, pour un temps, à l’institution pourrie de la banque moderne de produire immédiatement tous ses effets mauvais, mais les banksters pourris actuels ont fini par montrer ce qu’étaient en elles-mêmes, depuis le début, ces institutions que sont le système bancaire de la réserve fractionnaire et les banques centrales. Le Diable est présent dans les structures modernes, grâce aux ennemis de Dieu et des hommes.

Il est donc compréhensible que des Catholiques modernes aient eu tendance à mettre trop de foi dans le Pape et trop peu dans l’Église, et voilà la réponse à ce lecteur qui me demandait pourquoi je n’écris pas au sujet de l’infaillibilité comme le font les manuels classiques de théologie catholique. Ces manuels sont merveilleux dans leur genre, mais ils ont tous été écrits avant Vatican II, et ils ont tendance à attribuer au Pape une infaillibilité qui appartient à l’ Église. Par exemple, le sommet de l’infaillibilité peut être présenté dans les manuels comme étant une définition solennelle par le Pape, ou par le Pape avec un Concile, mais dans tous les cas par le Pape. Le dilemme libéral-sédévacantiste en a été une conséquence et en même temps un châtiment de cette tendance à surestimer la personne et à sous-estimer l’institution, car l’Église n’est pas une institution purement humaine.

Et cette tendance est erronée parce que, en premier lieu, le Magistère Solennel, en tant que la couche de neige qui recouvre la montagne du Magistère Ordinaire, ne constitue le sommet de cette montagne que dans un sens très restreint – il est totalement soutenu par le sommet rocheux sous-jacent à la neige. Et en second lieu, cela ressort du texte le plus autorisée de l’Église au sujet de l’infaillibilité, à savoir la Définition du Concile vraiment catholique, Vatican I (1870), grâce auquel nous savons que l’infaillibilité du Pape vient de l’Église, et non l’inverse. Lorsque le Pape engage l’ensemble des quatre conditions nécessaires à un enseignement ex cathedra, alors, déclare la Définition, il possède « cette infaillibilité dont le Divin Rédempteur a voulu que son Église ait le privilège lorsqu’elle définit un point de la doctrine ». Mais, évidemment ! D’où pourrait bien venir l’infaillibilité, sinon de Dieu ? Les meilleurs parmi les êtres humains – et quelques Papes ont été de très bons êtres humains – peuvent rester exempts d’erreur, c’est-à-dire, être inerrants, mais du moment qu’ils ont le péché originel ils ne peuvent être infaillibles comme Dieu seul peut l’être. S’il leur arrive d’être infaillible cette infaillibilité passe par leur humanité, mais en venant de l’extérieur, venant de Dieu, qui choisit de la concéder à travers l’Église catholique, et cette infaillibilité n’a pas besoin de durer plus longtemps que le temps nécessaire pour faire la Définition.

Par conséquent en dehors des moments ex cathedra du Pape, rien ne l’empêche de dire des aberrations telles que celles de la nouvelle religion de Vatican II. Par conséquent ni les libéraux ni les sédévacantistes n’ont besoin ni ne doivent prêter attention à ces aberrations, parce que, comme disait Mgr. Lefebvre, ils ont 2000 ans d’enseignement Ordinairement infaillible de l’Église derrière eux pour juger qu’il ne s’agit là que d’un ensemble d’aberrations.

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – V

L’Infaillibilité de l’Église – V on mai 31, 2014

Le libéralisme signifie la guerre contre Dieu, et il poursuit et cause la dissolution de la vérité. Etant donné l’état de l’Eglise d’aujourd’hui, paralysée par le libéralisme, le sédévacantisme est une réaction compréhensible, mais il donne encore à l’autorité trop de pouvoir face à la vérité. Le monde moderne a perdu la vérité naturelle, à plus forte raison la vérité surnaturelle, et c’est là que se trouve le cœur du problème.

En ce qui concerne notre sujet nous pourrions diviser tout l’enseignement des Papes en trois parties. Premièrement, si le Pape enseigne en tant que Pape, sur la Foi ou la morale, d’une façon définitive et précise et de manière à obliger tous les Catholiques, il s’agit alors de son Magistère Extraordinaire (ME en abrégé), nécessairement infaillible. Deuxièmement, si le Pape n’engage pas toutes ces quatre conditions mais qu’il enseigne en conformité avec ce que l’Eglise a toujours et partout enseigné et imposé de croire aux Catholiques, alors son enseignement fait partie de ce qu’on appelle le « Magistère Ordinaire Universel » de l’Eglise (MOU en abrégé), infaillible lui aussi. Troisièmement, nous trouvons tout le reste de son enseignement, lequel, s’il est en rupture avec la Tradition, est non seulement faillible mais encore faux.

A ce stade il devrait être clair que le ME est par rapport au MOU comme la couche de neige est par rapport au sommet de la montagne. La couche de neige ne constitue pas le sommet de la montagne, elle ne fait que le rendre plus visible. Encore, ME est à MOU comme le serviteur au maître. Il existe pour être au service du MOU pour rendre clair une fois pour toutes ce qui appartient ou n’appartient pas au MOU. Mais ce qui rend le reste de la montagne visible, pour ainsi dire, c’est la continuité de ce point de doctrine avec ce qu’ont enseigné Notre Seigneur et ses Apôtres, en d’autres mots, avec la Tradition.Voilà pourquoi toute définition du ME se met en peine de montrer que ce qui est en train d’être défini a toujours, en réalité, fait partie de la Tradition. Cela faisait partie de la montagne avant d’être couvert de neige.

A ce stade il devrait aussi être clair que la Tradition dit aux Papes ce qu’ils doivent enseigner, et non l’inverse.Voilà la base même sur laquelle Monseigneur Lefebvre a fondé le mouvement Traditionaliste, et cependant c’est la même base – soit dit avec tout le respect convenable – que les libéraux et les sédévacantistes ne parviennent pas à comprendre.Qu’ils se souviennent, dans l’Evangile de Saint Jean, combien de fois Notre Seigneur lui-même, en tant qu’homme, déclare que ce qu’Il enseigne ne vient pas de Lui mais de Son Père, par exemple : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé » (VII,16). Ou bien, « Car je n’ai point parlé de moi-même ; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et ce que je dois enseigner » (XII,49). Bien sûr, personne sur terre n’est davantage autorisé que le Pape pour dire à l’Eglise et au monde ce qui est dans la Tradition, mais il ne peut pas leur dire que dans la Tradition est ce qui n’y est pas.Ce qui est en elle est objectif, et vieux de 2,000 ans, il se situe au dessus du Pape, et met des limites à ce que le Pape peut enseigner, tout comme les consignes du Père Éternel ont mis des limites à ce que le Christ comme homme enseignerait.

Dès lors comment les libéraux comme les sédévacantistes peuvent-ils effectivement déclarer que le Pape est infaillible même en dehors du ME et du MUO ? Parce que ces deux groupes donnent à l’autorité plus d’importance qu’à la vérité, aussi voient-ils en l’autorité de l’Eglise non plus la servante mais la maîtresse de la vérité. Et pour quelle raison ? Parce qu’ils sont les uns comme les autres des enfants du monde moderne où le Protestantisme a bravé la Vérité catholique, et où le libéralisme depuis la Révolution Française entreprend de dissoudre toute vérité objective. Et s’il n’existe plus une quelconque vérité objective, alors bien sûr l’autorité peut dire n’importe quoi, folie que nous observons tout au tour de nous, et il n’existe plus rien qui puisse arrêter un Paul VI ou un Monseigneur Fellay de devenir de plus en plus arbitraire et tyrannique pour imposer ce n’importe quoi.

Sainte Mère de Dieu, obtenez pour moi d’aimer, de discerner et de défendre cette Vérité et cet ordre qui viennent du Père, aussi bien surnaturels que naturels, auxquels votre propre Fils était en tant qu’homme soumis, « jusqu’à la mort, et même jusqu’à la mort de la Croix ».

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – III

L’Infaillibilité de l’Église – III on mai 17, 2014

La folie des paroles et actes du Pape François pousse actuellement de nombreux Catholiques vers le sédévacantisme, ce qui est dangereux. En effet, croire que les Papes Conciliaires n’ont jamais été Papes peut débuter comme une opinion, mais trop souvent il faut constater que l’opinion se transforme en dogme et ensuite en un système mental blindé. Je pense que l’esprit de beaucoup de sédévacantistes se blinde parce que la crise sans précédent de Vatican II engendre dans leurs esprits et cœurs catholiques une grande angoisse, pour laquelle ils pensent avoir trouvé dans le sédévacantisme une solution de toute simplicité, en sorte qu’ils n’ont aucune envie de réouvrir l’angoisse en réouvrant la question. Ce qui fait qu’ils mènent rien de moins qu’une croisade pour que tous les Catholiques partagent leur solution simple, et ce faisant beaucoup d’entre eux – pas tous – finissent par faire preuve d’une arrogance et d’une amertume qui ne sont guère le signe ni le fruit de véritables Catholiques.

Or, ce « Commentaire » s’est abstenu jusqu’ici de prononcer avec certitude que les Papes Conciliaires aient été de véritables Papes, mais en même temps il a maintenu que les arguments sédévacantistes ne sont pas concluants, ni n’obligent en conscience un Catholique, comme certains sédévacantistes voudraient nous le faire croire. Revenons alors sur l’un de leurs arguments les plus importants, celui qui prend comme point de départ l’infaillibilité papale. Le voici : les Papes sont infaillibles. Or, les libéraux sont faillibles et les Papes Conciliaires sont des libéraux. Donc ils ne peuvent être de vrais Papes.

On a beau objecter qu’un Pape n’est nécessairement infaillible que lorsqu’il engage toutes les quatre conditions du Magistère Extraordinaire, à savoir lorsqu’il enseigne 1 comme Pape, 2 sur la Foi ou la morale, 3 de façon définitive 4 en sorte d’obliger en conscience tous les Catholiques. À cela les sédévacantistes comme les libéraux font la même réponse : l’Église enseigne que le Magistère Ordinaire Universel est lui aussi infaillible et donc – c’est ici le point faible de leur argument – dès que le Pape enseigne solennellement en dehors de son Magistère Extraordinaire, son enseignement sera nécessairement infaillible. Or, l’enseignement libéral de Vatican II est certainement solennel. Par conséquent nous n’avons qu’à nous faire sédévacantistes ou libéraux, selon bien sûr que c’est un sédévacantiste ou un libéral qui manie l’argument.

Mais ce qui distingue tout enseignement relevant du Magistère Ordinaire Universel, ce n’est nullement la solennité avec laquelle le Pape enseigne en dehors de son Magistère Extraordinaire, mais c’est le fait pour tel ou tel enseignement de correspondre ou non à ce que Notre Seigneur, ses Apôtres et virtuellement tous les évêques de tous les temps et tous les lieux ont enseigné, en d’autres mots à la Tradition. Or, l’enseignement Conciliaire (tel l’œcuménisme ou la liberté religieuse) est en rupture flagrante avec la Tradition. Donc un Catholique d’aujourd’hui n’est point obligé à se faire sédévacantiste ni libéral.

N’empêche, les sédévacantistes comme les libéraux s’accrochent à leur exagération de l’infaillibilité papale pour des raisons qui ne sont pas sans intérêt, mais cela c’est une autre histoire. De toute façon ils ne se rendent pas facilement, aussi reviennent-ils à la charge avec une autre objection qui exige qu’on lui réponde. Des deux côtés ils disent que maintenir que c’est la Tradition qui permet de distinguer le Magistère Ordinaire Universel, c’est entrer dans un cercle vicieux. En effet, si l’autorité enseignante de l’Église, son Magistère, existe pour dire ce qui est la doctrine de l’Église, comme c’est le cas, comment en même temps la doctrine en question peut-elle dire ce qui est le Magistère ? Ou le maître enseignant autorise la matière enseignée, ou l’inverse, mais les deux ne peuvent pas en même temps s’autoriser l’un l’autre. Donc, concluent-ils, le Pape est infaillible non seulement dans son Magistère Extraordinaire, et alors on est obligé par les Papes Conciliaires de se faire sédévacantiste, sinon libéral.

La raison pour laquelle il n’y a pas de cercle vicieux devra attendre le « Commentaire » de la semaine prochaine. Elle est aussi intéressante que la raison pour laquelle les sédévacantistes comme les libéraux tombent dans la même erreur à propos de l’infaillibilité papale.

Kyrie eleison.