sédévacantism

Proposition d’Équilibre

Proposition d’Équilibre on avril 19, 2014

« Vous ferez avec soin ce que l’Éternel, votre Dieu, vous a ordonné ; vous ne vous en détournerez ni à droite, ni à gauche ». Cette instruction du Seigneur Dieu qui devait être transmise par Moïse aux Israélites (Deut.V,32) est certainement valide aussi pour le Peuple Élu de Dieu du Nouveau Testament (Rom.IX,25–26), mais elle n’est pas si facile à appliquer de nos jours où le Pasteur du Nouveau Testament est blessé et que les brebis sont dispersées (Zac.XIII,7). Le Pape, est-il si légèrement blessé que les Catholiques n’aient pas besoin de faire attention à la façon dont ils lui obéissent ? Ou bien est-il si gravement blessé qu’il ne puisse être Pape ? Dans les deux cas, les brebis sont dispersées, et elles le resteront jusqu’à ce que la Russie soit consacrée au Cœur Immaculée de la Très Sainte Vierge.

Entre temps, ainsi qu’il me semble, une lettre publiée dans le dernier numéro de l’ Angelus, la revue officielle de la Fraternité Saint Pie X aux États-Unis, se détourne à gauche. L’abbé S. donne plusieurs raisons pour inciter la FSPX à se mettre elle-même dans les « mains du Pape . . . dès que possible ». Premièrement, Penser que les hommes d’Église romains sont intentionnellement destructeurs de l’Église relève d’un sédévacantisme implicite. Mais, point n’est besoin d’être sédévacantiste implicite ni explicite pour se rappeler que leurs intentions subjectives ne diminuent en aucune façon le mal objectif qu’ils ont fait à l’Église et qu’ils feraient à la FSPX si celle-ci se plaçait sous leur contrôle. Deuxièmement, Pour la FSPX, il est irréaliste d’attendre jusqu’à la conversion doctrinale complète des Romains pour se mettre entre leurs mains. Mais, une seule hérésie est suffisante pour se transformer en un ennemi de la Foi, et le modernisme est l’hérésie qui les contient toutes ( Pascendi, Saint Pie X). Trop de contacts avec les Romains ont déjà séduit les leaders de la FSPX.

Troisièmement, La FSPX doit restituer à Rome dès que possible la doctrine et la pratique de la véritable Foi. Mais, Rome ne fût-elle encore que semi-moderniste, une telle restitution serait jeter des perles aux porcs (Mt.VII,6). Quatrièmement, La FSPX maintient ses distances vis-à-vis de Rome depuis si longtemps qu’elle risque de perdre tout sens catholique de la hiérarchie, de l’obéissance et de l’autorité. Mais, la vraie Foi doit être maintenue à une distance de sécurité de cette hérésie qui envahit et qui contamine tout. Et si je ne suis pas responsable de l’hérésie, Dieu peut préserver mon sens catholique pendant 40 ans ou plus dans le désert, à condition que je Lui reste fidèle à Lui, ainsi qu’Il le fit pour les Israélites fidèles (Ex.-Deut.). Et , cinquièmement, L’ainsi dénommée ‘Résistance’ est en train de diviser et d’affaiblir la véritable résistance de la FSPX à la Rome Conciliaire. Mais, l’unité autour d’un quelconque accord non-doctrinal avec les modernistes sera une unité autour de l’erreur, fatal pour la FSPX de Monseigneur Lefebvre.

Bref, l’Abbé S. a perdu de vue à quel point l’erreur du modernisme est tout simplement séductrice et mortelle pour la Foi.

D’autre part, ainsi qu’il me semble, un prêtre qui refuse maintenant de mentionner le nom du Pape au Canon de la Messe est en danger de se détourner à droite. Si je vois bien le danger mortel que représente le modernisme pour la Foi, je vois certainement l’énorme dommage objectif fait à l’Église par les Papes Conciliaires. Mais, puis-je avec certitude dire qu’il n’y a absolument plus rien de catholique qui demeure en eux ? Par exemple, comme dirait l’abbé S., n’ont-ils pas encore au moins de bonnes intentions subjectives ? N’ont-ils pas au moins prétendu servir l’Église ? En ce cas, ne puis-je célébrer la Messe en union avec quoi qu’il y ait encore de catholique en eux ? L’Église du courant majoritaire peut être mortellement malade, mais moi, du moins, je ne saurais maintenir qu’il ne se passe plus rien de catholique en elle. Elle n’est pas encore complètement morte !

« Dans les choses sûres, l’unité. Dans les choses douteuses, la liberté. En toutes choses, la charité ».

Kyrie eleison.

Humanisation Fatale

Humanisation Fatale on février 22, 2014

Quelques catholiques qui soutiennent que le Siège Apostolique est vacant, protestent fermement contre les récents numéros de ce « Commentaire », car ils paraissent mettre au même niveau l’hérésie universelle du libéralisme et l’opinion particulière du sédévacantisme. Mais alors que ce « Commentaire » ne cesse d’attaquer la plaie du libéralisme, a-t-il fait récemment plus que d’apporter des arguments selon lesquels personne n’est obligé d’être sédévacantiste ? Et si l’on considère quel piège stérilisant s’avère être le sédévacantisme dans certains cas, n’est-ce pas là une prise de position bien modérée ?

Ce que maintient ce « Commentaire », c’est que le sédévacantisme, bien qu’admirable en tant qu’effort pour combattre le libéralisme dans l’Église, est au mieux un moyen inadéquat de ce faire, car il partage avec les libéraux d’aujourd’hui l’une de leurs erreurs fondamentales, à savoir l’exagération de l’infaillibilité papale. Dans toute sa profondeur cette erreur nous ramène au cœur de l’actuelle crise sans précédent de l’Eglise, et voilà pourquoi ce « Commentaire » va insister, tout en demandant pardon aux lecteurs indûment ennuyés ou offensés. Car c’est toute l’Eglise qui est en jeu et pas seulement les sensibilités de tels ou tels de ses membres.

Cette erreur en toute sa profondeur s’étale sur les 700 dernières années. C’est l’humanité tournant le dos lentement mais sûrement à Dieu, à Son Fils et à Son Eglise. Au sommet du Moyen Âge, les Catholiques avaient une Foi claire et forte, saisissant l’unicité et l’exclusivité du Dieu objectif et de sa Vérité sans contradiction. Par exemple Dante n’eut aucune difficulté à mettre plusieurs Papes dans son Inferno. Mais au fur et à mesure que l’homme se plaça lui-même toujours plus au centre de toutes choses, Dieu perdit sa transcendance absolue au dessus des créatures, et la Vérité devint de plus en plus relative, non plus à l’autorité de Dieu, mais à celle de l’homme.

Dans le cas de l’Eglise, prenez par exemple la 13 ème des 17 « Règles pour sentir avec l’Eglise » du célèbre livre des Exercices Spirituels de Saint Ignace, loué par d’innombrables Papes depuis lors et sans aucun doute responsable d’avoir contribué puissamment au salut de millions d’âmes. Saint Ignace écrit : « Pour ne nous écarter en rien de la vérité, nous devons maintenir le principe de croire que le blanc que je vois est noir, si l’Eglise hiérarchique le décide ainsi ». Une telle position pourrait renforcer l’autorité des hommes d’Eglise à court terme, mais ne court-elle pas le risque grave de séparer l’autorité de la vérité à long terme ? « Nous n’avons aucune autorité contre la vérité, mais pour la vérité » (II Cor, XIII, 8).

De fait, vers la fin du 19 ème siècle le libéralisme était devenu si puissant que l’Eglise se vit obligée à renforcer sa propre autorité par la Définition en 1870 de son Magistère opérant au maximum de son pouvoir, à savoir chaque fois que 1) un Pape 2) définit 3) un point de Foi ou de morale 4) de manière à obliger en conscience toute l’Eglise. Mais mus depuis lors par une pensée trop humaine, trop de Catholiques, au lieu de rapporter ce Magistère Extraordinaire à Dieu et à l’immuable Vérité du Magistère Ordinaire de l’Eglise, ont eu tendance à prêter à la personne humaine du Pape une infaillibilité qui provient de Dieu et qui n’appartient qu’à Dieu seul. Ce processus d’humanisation a engendré une infaillibilité envahissante qui devait d’une façon presque inévitable aboutir dans la prétention grotesque de Paul VI de refondre la Tradition de l’Eglise au nom d’un « Solennel Magistère Ordinaire ». La grande majorité des Catholiques l’ont suivi docilement, et jusqu’à ce jour la plupart d’entre eux deviennent jour après jour libéraux en suivant les Papes Conciliaires, tandis qu’une petite minorité de catholiques se voit acculée à nier que les responsables de la folie conciliaire puissent être Papes tout simplement.

Personnellement je respecte bon nombre de sédévacantistes, dans la mesure où ils croient en l’Eglise et où ils désespèrent de trouver une autre solution à un problème infiniment grave de l’Eglise. Mais à mon avis ils feraient bien de regarder plutôt vers l’infinie hauteur et profondeur de Dieu Lui-même.

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – II

L’Infaillibilité de l’Église – II on février 15, 2014

Il y a beaucoup à dire sur l’infaillibilité de l’Église, en particulier pour corriger des illusions qui trouvent (par erreur) leur origine dans la Définition en 1870 de l’infaillibilité Papale. Aujourd’hui par exemple, les sédévacantistes et les libéraux pensent que leurs positions sont totalement opposées. Mais s’arrêtent-ils un instant pour voir à quel point, au moins sur l’infaillibilité, ils ont une démarche intellectuelle parallèle ? Majeure : les Papes sont infaillibles. Mineure : les Papes Conciliaires sont libéraux. Conclusion libérale : nous devons devenir libéraux. Conclusion sédévacantiste : ils ne peuvent être Papes. L’erreur ne se situe ni dans la logique ni dans la Prémisse Mineure. Elle ne peut donc se situer que dans une incompréhension des deux côtés au sujet de ce que l’on entend par infaillibilité dans la Majeure. Une fois encore, l’homme moderne place l’autorité au dessus de la Vérité.

Dieu Eternel est la Vérité même, absolument infaillible. Dans le temps créé, par l’intermédiaire de Son Fils Incarné, Il institua son Église avec une doctrine pour le salut des âmes humaines. Venant de Lui cette doctrine ne pouvait qu’être inerrante, mais pour la maintenir hors d’atteinte des erreurs des hommes d’Église à qui Il devait la confier, Son Fils allait leur promettre l’« Esprit de Vérité » pour les guider « pour toujours » (Jn.XIV,16). En effet, sans une garantie aussi formelle, comment Dieu aurait-Il pu exiger des hommes, sous peine d’éternelle damnation, de croire à son Fils, à sa doctrine et à son Église (Mc.XVI,16) ?

Cependant, malgré ce qui vient d’être dit, Dieu n’allait pas retirer aux hommes d’Église cette liberté (pas un droit) d’errer dont il les avait dotés. Et Il permettra à cette liberté d’aller aussi loin qu’ils le désirent, mais pas au point de rendre sa Vérité inaccessible aux hommes. Cela va loin, et cela comprend une série de Papes gravement défectueux dans l’histoire, mais le pouvoir de Dieu va encore plus loin que la méchanceté des hommes ( Isaïe LIX,1–2 ). Au Concile Vatican II par exemple, les erreurs des hommes d’Église allèrent très loin sans toutefois que Dieu permît à son Église de défaillir totalement dans sa présentation aux hommes de la Vérité, exempte d’erreur grâce à sa propre infaillibilité. Même les Papes Conciliaires ont dit bon nombre de vérités catholiques à côté de leurs erreurs Conciliaires.

Mais alors comment moi, une âme simple, puis-je distinguer entre ce qu’ils ont dit de vrai et leurs erreurs ? En premier lieu si je recherche vraiment Dieu d’un cœur droit, Il me guidera vers Lui, comme la Bible le dit en de nombreux endroits. En second lieu, la doctrine de Dieu étant aussi immuable que Dieu, elle doit être cette doctrine que l’on trouve chez (presque) tous les hommes d’Église qui l’ont enseignée et maintenue dans (presque) tous les endroits et au cours de (presque) toutes les époques, autrement dit la Tradition. Depuis le début de l’Église, cette permanence dans la transmission a été le test le plus sûr de l’authenticité de ce que Notre Seigneur Lui-même a enseigné. Au cours des siècles la Tradition sans erreurs a été l’œuvre de millions d’hommes d’Église. C’est pour elle que Dieu a doté son Église comme un tout, et pas seulement ses Papes, de la conduite infaillible de l’Esprit Saint.

Et c’est la Tradition qui est la pièce maîtresse de l’infaillibilité de l’Église sur laquelle viennent se poser les Définitions solennelles des Papes qui ne sont que comme le sommet enneigé, précieux et nécessaire, de l’infaillibilité de l’Église, sans en constituer la masse montagneuse. Observons en premier lieu que les Définitions du Magistère Extraordinaire des Papes n’existent pas seulement depuis 1870 mais depuis le début de l’Église, et qu’elles n’existent pas pour rendre la Tradition vraie mais pour rendre certain ce qui appartient à la Tradition depuis les origines, et ce qui ne lui appartient pas, lorsque les errements des hommes l’avaient rendu incertain. Recherchant avant tout la vérité, Monseigneur Lefebvre, avec raison a préféré la Tradition inerrante aux Papes gravement errants. Ses successeurs n’ayant jamais compris leur Fondateur, comme tous les libéraux modernes qui n’ont pas assez le sens de la vérité, sont en train de préférer les Papes errants à l’inerrante Tradition. Sous-estimant la vérité et surestimant les Papes, les sédévacantistes répudient totalement les Papes errants, et peuvent être tentés d’abandonner entièrement l’Église. Que Dieu nous prenne tous en pitié.

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – I

L’Infaillibilité de l’Église – I on février 8, 2014

Le problème principal des sédévacantistes, c’est probablement l’infaillibilité de l’Église (les Papes Conciliaires sont horriblement faillibles, donc ils ne peuvent être Papes). Mais ce n’est point que pour soulager le sédévacantisme qu’il faut étudier l’infaillibilité. Le problème moderne qui consiste à préférer l’autorité à la vérité est vaste.

« L’infaillibilité » signifie l’impossibilité de faillir, ou de tomber dans l’erreur. Le premier Concile du Vatican a défini en 1870 que le Pape ne peut errer lorsque quatre conditions sont présentes : il doit (1) parler comme Pape, (2) sur une question de Foi ou de mœurs, (3) de façon définitive, et (4) avec l’intention claire de lier ou d’obliger l’Église tout entière. Tout enseignement qui arbore ces quatre conditions appartient à ce qu’on appelle son « Magistère Extraordinaire », car d’une part les Papes n’engagent que rarement toutes les quatre conditions ensemble, et d’autre part tout Pape enseigne beaucoup d’autres vérités qui ne peuvent être erronées ni fausses parce que l’Église les a toujours enseignées, et donc elles appartiennent à ce que Vatican I a appelé le « Magistère Ordinaire Universel » de l’Église, également infaillible.Alors comment le Magistère Extraordinaire du Pape se tient-il par rapport à ce Magistère Ordinaire de l’Église ?

Notre Mère l’Église enseigne que le Dépôt de la Foi, ou la Révélation publique, fut complétée avec la mort du dernier Apôtre, disons en 105 AD. Depuis lors aucune vérité supplémentaire n’a été ajoutée à ce Dépôt ou corps de vérités révélées, ni ne saurait y être ajoutée. Donc aucune Définition « extraordinaire » ne saurait y ajouter un iota de vérité, elle ne fait qu’y ajouter pour le bien des fidèles une certitude à quelque vérité qui appartient déjà au Dépôt de la Foi, mais dont cette appartenance n’avait pas été assez claire avant. Donc nous avons dans l’ordre : d’abord une RÉALITÉ objective, indépendante de tout esprit humain, comme par exemple le fait historique pour la Très Sainte Vierge d’avoir été conçue sans péché originel. Ensuite vient la VÉRITÉ dans tout esprit qui se conforme à cette réalité. En troisième lieu seulement survient une DÉFINITION lorsqu’un Pape engage toutes les quatre conditions pour définir cette vérité, et en dernier lieu surgit de cette définition pour les fidèles la CERTITUDE quant à cette vérité. Ainsi là où la réalité engendre la vérité, la définition ne crée pas plus que la certitude quant à cette vérité.

Mais la réalité et la vérité appartenaient déjà au Magistère Ordinaire parce qu’il est hors de question qu’un Pape définisse infailliblement une vérité en-dehors du Dépôt de la Foi. Il s’ensuit que le Magistère Ordinaire se tient au Magistère Extraordinaire comme le chien se tient par rapport à sa queue, et pas comme la queue par rapport au chien. Le problème en présence, c’est que la Définition de 1870 a donné au Magistère Extraordinaire un tel prestige que le Magistère Ordinaire a été mis à l’ombre, à tel point que les Catholiques, même des théologiens, se sont efforcés de trouver pour lui une infaillibilité comme celle du Magistère Extraordinaire. Mais cela n’a point de sens. Le Magistère Extraordinaire pré suppose le Magistère Ordinaire, et n’existe que pour donner (4) certitude à une (2) vérité déjà enseignée par le Magistère Ordinaire.

Qu’une montagne dont la cime est couverte de neige serve comme illustration. D’aucune façon la montagne ne dépend de la neige si ce n’est pour être encore plus visible. Par contre la neige dépend complètement de la montagne pour se tenir là où la neige se trouve. De même le Magistère Extraordinaire ne fait pas plus pour le Magistère Ordinaire que de le rendre plus clairement ou certainement visible. Au fur et à mesure que l’hiver approche, la chape de neige descend plus bas. Et au fur et à mesure que la charité se refroidit dans les temps modernes, de plus en plus de définitions du Magistère Extraordinaire peuvent devenir nécessaires, mais cela ne constitue pas la perfection du Magistère de l’Église. Au contraire, un surcroît de définitions signale une faiblesse de la part des fidèles dans leur saisie des vérités de la foi. Plus un homme se porte bien, moins il a besoin de pilules.

La semaine prochaine, l’application de cette analyse au sédévacantisme, comme à la crise actuelle de la Fraternité St Pie X.

Kyrie eleison.

Anxiété Sédévacantiste – II

Anxiété Sédévacantiste – II on février 1, 2014

1 Ou bien on accepte les Papes Conciliaires en bloc (comme le font les libéraux – Dieu nous en préserve !) ou bien on les rejette en bloc (comme le font les sédévacantistes). Les accepter partiellement oui et partiellement non, c’est sélectionner et choisir ce que l’on acceptera, comme le fit Luther, et comme le font tous les hérétiques (du Grec : celui qui choisit). Cela est vrai si l’on sélectionne et choisit selon son propre choix personnel, mais cela n’est pas vrai si, comme Monseigneur Lefebvre, on juge selon la conformité ou non à la Tradition catholique, laquelle se trouve dans le trésor de 2000 ans de documents magistériels de l’Église. Dans ce cas on juge en accord avec 260 Papes contre seulement six, mais cela ne prouve pas l’invalidité de ces six derniers Papes.

2 Mais ces six Papes Conciliaires ont empoisonné la Foi et ont mis en danger le salut éternel de millions de Catholiques : cela est contraire à l’indéfectibilité de l’Église. Lors de la crise Arienne du 4 ème siècle, le Pape Libère mit la Foi en danger en condamnant Saint Athanase et en accordant son appui aux évêques Ariens de l’Est. Alors pour un certain temps l’indéfectibilité de l’Église n’était plus assurée par l’intermédiaire du Pape mais par son adversaire apparent. Cependant cela ne signifie pas que Libère ait cessé d’être le Pape, ni qu’Athanase ait été le Pape. De même aujourd’hui, l’indéfectibilité de l’Église passe par ceux qui suivent fidèlement la ligne de conduite établie par Monseigneur Lefebvre, mais cela ne signifie pas nécessairement que Paul VI n’ait pas été le Pape.

3 Ce que les évêques du monde enseignent, unis au Pape, c’est le Magistère Ordinaire Universel de l’Église, lequel est infaillible. Or voici que, au cours des 50 dernières années, les évêques du monde unis aux Papes Conciliaires ont enseigné le délire Conciliaire. Par conséquent ces Papes ne peuvent avoir été de vrais Papes. Si le Magistère Ordinaire de l’Église devait s’éloigner de la Tradition en opposition avec elle, il ne serait plus « Ordinaire »,mais plutôt tout ce qu’il y a de plus extraordinaire, parce que la doctrine de l’Église n’admet pas de nouveautés, devant être « Universel » autant dans le temps que dans l’espace. Or la doctrine Conciliaire s’écarte de beaucoup de la Tradition (par exemple la liberté religieuse et l’œcuménisme). Par conséquent la doctrine qui est propre au Concile ne tombe pas sous le Magistère Ordinaire Universel, et elle ne peut servir de preuve que les Papes Conciliaires ne furent point Papes.

4 Le Modernisme est « la synthèse de toutes les hérésies » (Saint Pie X). Or, les Papes Conciliaires furent tous des modernistes « publiques et manifestes », c’est-à-dire des hérétiques d’une nature telle que Saint Robert Bellarmin déclarait qu’ils ne pouvaient être membres de l’Église, et à plus forte raison en être la tête. Voyez le « Commentaire » de la semaine dernière. Aux jours de Saint Bellarmin les choses étaient beaucoup plus claires, à savoir « publiques et manifestes », qu’elles ne le sont de nos jours où c’est la confusion qui règne dans les esprits et les cœurs. L’hérésie objective des Papes Conciliaires (c’est-à-dire ce qu’ils disent) est publique et manifeste, mais ce n’est pas le cas de leur hérésie subjective ou formelle (c’est-à-dire leur intention consciente et résolue de nier ce qu’eux savent être l’immuable dogme catholique). La preuve de leur hérésie formelle ne peut être obtenue que par une confrontation avec l’autorité doctrinale de l’Église, par exemple l’Inquisition ou Saint Office (quelque soit son nom). Mais le Pape est lui-même l’autorité doctrinale la plus haute de l’Église, au dessus et au-delà de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Comment donc pourrait-il être lui-même prouvé coupable d’appartenir à cette classe d’hérétique dont on suppose qu’elle seule peut le rendre incapable d’être le chef de l’Église ?

5 Mais dans ce cas-là l’Église a fait naufrage sans possibilité de s’en sortir. Encore une fois, voyez le « Commentaire » de la semaine dernière. Les esprits sont aujourd’hui si universellement embrouillés que Dieu seul peut débrouiller un tel chaos. Plutôt que de prouver que ces Papes embrouillés ne sont pas Papes, cette objection suggérerait que Lui seul doit intervenir (et vite, dirait-on !). Mais patience. Dieu nous soumet tous à l’épreuve, et Il a parfaitement le droit de le faire.

Kyrie eleison.

Anxiété Sédévacantiste – I

Anxiété Sédévacantiste – I on janvier 25, 2014

Les paroles et les actes du Pape François depuis son élection au début de l’année passée ont été si peu catholiques et si outranciers qu’ils ont relancé l’idée que les derniers papes ne furent pas réellement Papes (« sédévacantisme »). Remarquons d’abord que le Pape François ne fait qu’exprimer plus ouvertement que ses prédécesseurs la folie de Vatican II. La question demeure de savoir si les six Papes Conciliaires (excepté éventuellement Jean-Paul I) peuvent réellement avoir été Vicaires du Christ.

La question n’est pas d’une importance primordiale. S’ils n’ont pas été Papes, de toute manière la Foi catholique et la morale, au moyen desquelles je dois « faire mon salut avec crainte et tremblement » (Filip.II,12) n’ont pas changé d’un iota. Et, s’ils ont été Papes, de toute façon je ne peux leur obéir dans la mesure où ils se sont éloignés de cette Foi et de cette morale, car « nous devons obéir à Dieu avant que d’obéir aux hommes » (Actes V,29). Néanmoins je crois qu’il convient d’offrir quelques réponses à certains arguments des sédévacantistes, car il y a des sédévacantistes qui paraissent désirer faire de la vacance du Siège de Rome un dogme que les Catholiques doivent absolument croire. A mon avis ce n’est pas le cas. « Dans les choses douteuses, la liberté » (Saint Augustin).

Je pense que la clef du problème dont le sédévacantisme n’est qu’une expression entre autres, c’est que Vatican II a été un désastre sans précédent dans toute l’histoire de l’Église de Jésus-Christ, tandis qu’en même temps il fut la conclusion logique pour les prélats catholiques d’une longue décadence qui remonte à la fin du Moyen Âge. D’un côté la nature divine de l’Église Catholique et les principes qui gouvernent toutes ses crises, y compris la crise Conciliaire, ne peuvent changer. D’un autre côté, l’application de ces principes doit prendre en compte les circonstances humaines toujours changeantes à l’intérieur desquelles ces principes jouent. Et le degré de la corruption humaine de nos jours n’a pas de précédent.

Ceci dit, deux des principes qui ne changent pas sont d’un côté que l’Église est indéfectible, puisque Notre Seigneur a promis que les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle (Mt.XVI,18). D’un autre côté Notre Seigneur s’est aussi demandé s’il trouverait encore la Foi sur la Terre lors de sa Seconde Venue (Lc.XVIII,8), citation importante car elle suggère clairement que l’Église aura presque complètement déserté à la fin du monde, tout comme elle paraît être en train de le faire en 2014. En effet si aujourd’hui nous ne vivons pas la fin du monde, nous sommes certainement en train de vivre la répétition générale de cette fin du monde, ainsi que Notre Dame de La Salette, le Vénérable Holzhauser et le Cardinal Billot l’ont tous suggéré.

Par conséquent aujourd’hui, comme à la fin du monde, la défection peut aller très loin. Certes elle ne peut aller plus loin que Dieu Tout-puissant ne l’aura permis, afin de garantir que son Église ne disparaisse pas totalement. Mais la défection peut aller aussi loin que Dieu le permettra – en d’autres mots rien n’empêche que son Église ne disparaisse pas presque complètement. Et jusqu’où exactement ce « presque complètement » peut-il aller ? Dieu seul le sait, aussi n’y a-t-il que le temps qui puisse nous le dire, car nul d’entre nous autres hommes ne sonde l’esprit de Dieu, et seulement les faits peuvent nous révéler après coup ce qui était prévu dans l’esprit divin. Mais Dieu nous révèle en partie son esprit dans l’Écriture Sainte.

Or, en ce qui concerne la fin du monde, bon nombre des interprètes du Chapitre XIII,11–17 de l’Apocalypse pensent que la Seconde Bête, semblable à un agneau et au service de l’Antéchrist, n’est autre que les autorités de l’Église, car si celles-ci tenaient tête à l’Antéchrist, jamais il ne serait en mesure de vaincre – mais l’Ecriture dit qu’il vaincra. Donc : est-il si extraordinaire que lors de la répétition générale de la fin du monde les Vicaires du Christ parlent et se comportent comme des ennemis du Christ ? A la lumière de ces antécédents nécessaires, le « Commentaire » de la semaine prochaine proposera des réponses à quelques-uns des principaux arguments des sédévacantistes.

Kyrie eleison.