sédévacantism

Débat Vif

Débat Vif on juillet 6, 2013

Le problème de l’autorité paralysée (voyez ce « Commentaire » du1 et du 29 juin) excite une réaction vive de la part de quelques lecteurs. D’une part il y a des catholiques vaillants qui me disent qu’en ÉTANT évêque je dois AGIR en évêque en me mettant a la tête du mouvement de la “Résistance”. D’autre part un prêtre également vaillant qui a bien connu le “sédévacantisme” m’avertit que je ne dois pas déchaîner d’église parallèle en consacrant des évêques de plus, sauf en cas de Guerre Mondiale, persécution physique ou vieillesse désastreuse (remarquez, il y en a qui prétendent que celle-ci est déjà arrivée . . . ).

Bien sûr, le problème remonte à Vatican II. Au bout d’une glissade de sept cents ans les hommes de l’Église Conciliaire, en corrompant la doctrine de l’Eglise, ont divisé la Vérité catholique d’avec l’Autorité catholique, moyennant quoi ils ont tellement discrédité l’autorité officielle de l’Église que des âmes comme celles évoquées ci-dessus ne voient plus qu’elle soit nécessaire. Mais l’autorité centrale de l’Église, étant donnés la diversité naturelle et le péché orginel du genre humain, est absolument nécessaire pour garantir l’unité et la survie de l’Église, non seulement pour la Vérité mais aussi pour les sacrements et pour le gouvernement de l’Eglise.

Voici pourquoi tout évêque ou prêtre a besoin non seulement du pouvoir sacrementel de son Ordre, pouvoir qu’il ne peut perdre pour toute l’éternité, mais aussi du pouvoir de juridiction, c’est-à-dire le pouvoir de dire ( dictio ) le droit, ou ce qui est juste ( ius, iuris ). Le clerc ne reçoit pas ce dernier pouvoir avec son Ordre, et il ne peut pas se le donner à lui-même. Il ne peut le recevoir que d’en haut, à savoir d’un Supérieur ecclésiastique, en fin de comte du Pape, et le Pape de Dieu. Donc lorsque ces âmes vaillantes me disent qui je SUIS évêque (de par mon Ordre), en sorte que je suis délinquent si je n’AGIS pas comme tel en disant ( dictio ) à la “Résistance” ce qu’elle doit faire ( ius ), très probablement ils confondent les deux pouvoirs distincts de l’évêque.

Cependant il se peut qu’ils retrouvent instinctivement une autre doctrine de l’Eglise et du bon sens, à savoir celle de la juridiction de suppléance : en cas de nécessité où pour quelque raison que ce soit, les Supérieurs ne fournissent pas la juridiction nécessaire pour le salut des âmes, l’Eglise la supplée. Par exemple, la juridiction normalement nécessaire pour entendre validement les Confessions peut manquer à un prêtre, mais si un pénitent lui demande d’entendre sa Confession, alors en cas de nécessité le prêtre peut l’entendre et le sacrement sera valide. Or, le cas de nécessité gravissime créé dans l’Église par Vatican II a été sans aucun doute même aggravé par l’infâme Déclaration Doctrinale qui est sortie au mois d’avril du Quartier Général de la FSSPX, document qui prouve que la dernière forteresse de la vraie Foi dans l’Église est en train de s’effondrer.

Mais la juridiction de suppléance a une faiblesse, parce que n’étant pas officielle elle est d’autant plus apte a être mise en question. Par exemple, la Rome Conciliaire nie que Vatican II ait créé un cas de nécessité dans l’Église, et partant elle exerce sur la FSSPX une pression pour que celle-ci se soumette a l’autorité Conciliaire, pression qui ne réussit que trop bien. Tel est le besoin pour l’autorité d’etre officielle. Même Mgr. Lefebvre a perdu plus ou moins un prêtre sur quatre de tous ceux qu’il a ordonnés pour la FSSPX, parce qu’il n’avait aucun pouvoir pour les empêcher de s’en éloigner tout simplement. Voilà cette crise incroyable de l’Église. Donc si un prêtre ou fidèle me demande de lui donner des commandes, lui-même il peut les disputer quelques mois plus tard, ou bien aussitôt qu’il estimera qu’il n’a plus besoin de leur obéir.

Mais la crise n’en est pas moins réelle, et elle ne va que s’aggraver jusqu’au moment où Dieu interviendra pour restaurer le catholicisme du Pape, ce que Dieu fera aussitôt qu’assez de catholiques le supplieront d’ouvrir les yeux du Pape. Jusqu’alors le cas de nécessité toujours plus grave dans l’Église est apte à fortifier de plus en plus cette autorité non officielle, mais que le Bon Dieu nous aide a éviter toute anarchie qui ne s’impose pas.

Kyrie eleison.

Adieu, Wimbledon.

Adieu, Wimbledon. on décembre 15, 2012

Alors je suis parti de Wimbledon, ce qui a au moins l’avantage de correspondre à mon « expulsion » supposée de la Fraternité St Pie X. Mais ce départ n’est pas sans tristesse, parce que j’y ai passé presque quatre ans à partir de ma vraie expulsion de l’Argentine, et ces années ont été heureuses, malgré tout. Peut-être la cause principale de ce bonheur a-t-elle été la compagnie des prêtres qui se sont trouvés au quartier général de la Fraternité en Angleterre, à la Maison St Georges. Ils ont été de bons compagnons. Que Dieu bénisse chacun d’eux.

Mais je dois dire une chose. On me demande pourquoi j’ai quitté la Fraternité. Je n’ai pas quitté la Fraternité. C’est la Fraternité qui m’a quitté, moi, en abandonnant les principes pour lesquels j’en ai fait partie. Encore une fois, le parallèle avec Vatican II s’avère parfaitement exact. Tout comme dans les années ‘60 des prêtres, religieux et fidèles catholiques sans nombre ont été abandonnés par les hommes d’Eglise qui se sont décidés pour le Concile, de même aujourd’hui bon nombre de prêtres et de fidèles sont en train d’être abandonnés par ces chefs de la Fraternité qui se sont décidés à poursuivre la paix avec leurs « nouveaux amis à Rome » – expression attribuée au Premier Assistant de la Fraternité. Pour ceux qui ont des yeux pour voir, cet aveuglement est étonnant. Pour ceux qui n’en ont pas, c’est la chose la plus naturelle du monde. Que Dieu les prenne en pitié. Je crois que ces chefs n’ont jamais rien compris au vrai combat de Mgr Lefebvre. Ce sont des enfants de leur époque.

La seule raison importante qu’ils ont donnée pour m’ « expulser » a été la désobéissance. Mais la seule désobéissance importante de ma part a été le refus répété de fermer ce « Commentaire Eleison ». Pourtant lorsqu’à deux de ces occasions j’ai invité le Supérieur Général à préciser les numéros du « Commentaire » qui faisaient tellement problème, à chaque fois il s’est abstenu de répondre, sans doute parce qu’en les précisant il aurait dû admettre que le vrai problème était un problème de contenu, à savoir mon opposition résolue à sa politique suicidaire de ralliement à la Néo-Rome. Au lieu de cela, il a prétendu et il ne cesse de prétendre qu’il s’agit d’un problème purement disciplinaire, pour détourner ainsi l’attention du vrai problème. Et je ne suis pas le premier prêtre qu’il traite ainsi, et je ne serai pas le dernier. Que le Bon Dieu veuille l’éclairer. Il risque fort de chasser ses vrais amis pour plaire à ceux qui sont ses vrais ennemis, tout comme Paul VI a fait avec Mgr Lefebvre. Les parallèles n’en finissent plus. C’est du même mal du siècle que proviennent la Néo-Fraternité comme la Néo-Eglise.

Et alors quoi maintenant ? J’emprunte l’appartement d’un ami pas loin de Londres, au mieux pour quelques semaines, au pire pour quelques mois, jusqu’à ce que je trouve une propriété convenable à louer pour 6 ou 12 mois, car je ne crois toujours pas encore qu’il me faille organiser quelque chose de permanent. Hélas, il ne sera pas facile de me contacter parce que les voisins de mon ami imposent la discrétion dans l’usage de son appartement. En tout cas le courrier autrefois normal me parviendra à l’adresse suivante : P.O. Boc 423, Deal CT14, 4BR, GB (mais ayez la bonté de ne pas m’envoyer des cartes de Noël. Je n’en envoie aucune). Du 13 décembre au 3 janvier j’entreprends un voyage apostolique au Canada et aux Etats-Unis, si Dieu veut, et tout de suite après je visite la France pour la Fête de l’Epiphanie.

Autre chose qui changera, c’est la façon dont mes écrits, sermons et conférences seront publiés. La présentation et livraison du « Commentaire Eleison » pourra changer aussi, mais j’espère que sa parution régulière chaque samedi du mois de décembre et dans la Nouvelle Année ne changera pas. Merci de tous vos dons à l’Initiative St Marcel. Si quelqu’un s’en fait des soucis je peux lui promettre qu’ils ne se sont pas égarés. Joyeux Noël.

Kyrie eleison.

Problème Profond

Problème Profond on novembre 17, 2012

Beaucoup de catholiques ne saisissent pas toute la profondeur du problème posé par le Concile révolutionnaire de Vatican II (1962–1965). S’ils connaissaient mieux l’histoire de l’Église, ils pourraient être moins tentés soit par le libéralisme, qui leur fait penser que le Concile n’était pas si mauvais qu’on le dit, soit par le « sédévacantisme », qui leur fait penser que les autorités de l’Église ne sont plus ses autorités. A propos, Notre Seigneur a-t-il mis en question l’autorité religieuse de Caïphe, ou l’autorité civile de Ponce Pilate ?

Le problème est profond parce qu’il est enterré sous plusieurs siècles d’histoire de l’Église. Lorsqu’au début du 15me siècle St Vincent Ferrer (1357–1419) prêcha dans toute l’Europe que la fin du monde était proche, nous savons aujourd’hui qu’il s’est trompé de plus de 600 ans. Et pourtant Dieu a confirmé sa prédication en lui donnant d’opérer des milliers de miracles et des milliers et des milliers de conversions. Dieu confirmait-il par là l’erreur ? Le Ciel nous en préserve ! La vérité, c’est que le Saint pressentait correctement que la décadence de la fin du Moyen Age impliquait la corruption explicite et quasi-totale de notre propre époque, répétition générale de la corruption totale de la fin du monde.

Seulement il a fallu du temps, le temps de Dieu, plusieurs siècles, pour que cette corruption implicite devînt explicite, parce que régulièrement Dieu a choisi de susciter des saints qui ralentissent la glissade en bas, telle cette gerbe de Saints célèbres qui ont mené à fin la Contre-Réforme du 16me siècle. Néanmoins Dieu n’enlève pas aux hommes leur libre-arbitre, en sorte que s’ils ne choisissaient pas de rester sur les hauteurs du Moyen Age, il ne les y obligerait pas. Au contraire il permettrait à son Église, au moins dans une certaine mesure, de s’adapter aux temps, parce que celle-ci existe pour sauver non pas les gloires du passé mais les âmes du présent.

Cela peut s’illustrer par deux exemples :d’abord la théologie Moliniste, rendue virtuellement nécessaire par Luther et Calvin pour assurer la défense du libre-arbitre, et ensuite le Concordat de 1801, rendu nécessaire par l’État Révolutionnaire pour permettre à l’Église en France de fonctionner en public. Or le Molinisme comme le Concordat furent des compromis avec le monde de leur temps, mais les deux rendirent possible le salut de beaucoup d’âmes, et l’Église empêcha que ne fussent minés les principes qui devaient absolument rester saufs, à savoir Dieu comme Acte Pur et le Christ comme Roi de la Société respectivement. Néanmoins les deux compromis permirent une certaine humanisation de l’Église divine, et les deux contribuèrent à la sécularisation lente de la chrétienté. Car les compromis ont obligatoirement des conséquences.

C’est ainsi que si ce processus lent d’humanisation et de sécularisation devait trop corrompre ce monde d’où les hommes et les femmes sont appelés pour servir Dieu dans son Église, comment pourraient-ils entrer à son service sans une forte dose de libéralisme radioactif dans le sang, laquelle exigerait un antidote vigoureux dans leur formation religieuse ? En effet, ne partageraient-ils pas tout naturellement la conviction instinctive de presque tous leurs contemporains que les principes et idéaux du monde révolutionnaire d’où ils venaient étaient normaux, alors que leur formation religieuse opposée à ce monde était aussi pieuse qu’on voulait, mais radicalement anormale ? De tels hommes et femmes seraient pour l’Église un désastre en puissance. Eh bien, ce désastre se fit actuel en plein 20me siècle, lorsqu’une grande partie des deux mille évêques du monde se réjouit au lieu de se révolter quand Jean XXIII fit comprendre au Concile qu’il abandonnait l’Église anti-moderne.

Que personne donc qui veut sauver son âme ne suive ni ces prélats ni leurs successeurs, mais en même temps que personne n’oublie que ceux-ci, étant convaincus qu’ils sont des gens normaux par rapport à notre monde en délire, ne sont plus coupables de la destruction de l’Église du Christ comme l’auraient été leurs prédécesseurs nés dans des temps vraiment plus normaux. Bénies les âmes catholiques qui savent abhorrer leurs erreurs sans cesser d’honorer leur office.

Kyrie eleison.

Maladie Mentale

Maladie Mentale on janvier 21, 2012

Un ami m’a présenté récemment une série d’arguments pour montrer pourquoi la FSSPX devrait faire un accord avec Rome, bien que les Discussions doctrinales de 2009–2011 aient montré que le désaccord doctrinal Rome-FSSPX est radical. Que l’un de ses arguments fasse le sujet de ce Commentaire-ci, car je crois qu’il ouvre la compréhension de la pleine dimension du problème auquel la FSSPX est confrontée.

Si la FSPX ne « normalise » pas bientôt sa position vis-à-vis de Rome, écrit-il, elle court le risque de perdre son sens de l’Eglise. Car il y a des laïcs et même des prêtres de la FSSPX qui sont à l’aise dans leur situation présente anormale et qui s’y sont adaptés, parce que la FSSPX « a tout ce dont elle a besoin, en particulier des évêques ». Une telle adaptation, écrit mon ami, tend vers une mentalité schismatique et un sédévacantisme pratique, sinon théorique. J’ai répondu qu’à mon avis un risque bien plus grand que celui de se laisser gagner par une mentalité schismatique est celui de contracter « la maladie spirituelle et mentale des Romains d’aujourd’hui en les fréquentant de trop près ». Une réponse scandaleuse ? Que je m’explique.

« Maladie mentale » est le mot appliqué à des hommes d’Eglise à Rome avec lesquels un autre ami s’est récemment entretenu longuement. Il dit que ce sont des hommes intelligents et sincères, parfaitement capables de saisir les arguments en faveur de la Tradition qui leur sont présentés, mais il conclut, « Ce sont des malades mentaux, mais ils ont l’autorité ». Certainement qu’en disant « malades mentaux » il ne pense nullement à injurier personnellement ces Romains, car il exprime quelque chose de beaucoup plus sérieux qu’une simple injure personnelle. Il signale l’état objectif des esprits romains, tel que ses conversations avec eux l’ont confirmé. Leurs esprits ne se préoccupent plus de vérité.

Un troisième ami, ayant lui aussi eu à parler avec des Romains, m’a dit la même chose avec des mots différents. Je lui demandais, « N’auriez-vous pas pu aller au fond du problème en abordant avec eux la question fondamentale de l’esprit et de la vérité ? ». Il répondit : « Non. Tout ce qu’ils auraient dit, c’est que c’est eux l’autorité, que l’Eglise catholique c’est eux, et que si nous voulons être catholiques, c’est à eux de nous dire ce qu’il faut pour l’être ». Comme une voiture marche à l’essence, de tels esprits ne marchent plus à la vérité mais à l’autorité. Or, le lait est une chose merveilleuse, bien sûr, mais imaginez un automobiliste qui insisterait avec le plus grand sérieux pour remplir le réservoir de sa voiture avec du lait ! Le problème gigantesque du monde moderne presque entier, c’est qu’il a perdu tout sens et amour de la vérité. L’Eglise a résisté le plus longtemps possible à cette perte de la vérité, mais avec Vatican II cette dernière résistance s’est aussi effondrée.

Car le monde moderne est éblouissant et d’un puissant attrait, et Rome de même ! Voici comment un ami Italien ressent le magnétisme des bureaux du Vatican : « Pénétrer dans les palais de Rome est une entreprise hasardeuse car l’air même que l’on respire à l’intérieur est irrésistible. Si on est fasciné par ces salles vénérables, c’est moins par le charme des personnages officiels (beaucoup ne sont pas charmants du tout !) que par l’impression qu’elles inspirent de tous leurs 2000 ans d’histoire de l’Eglise. S’agit-il de la fascination du Ciel ? De l’Enfer ? En tout cas l’atmosphère même du Vatican séduit les visiteurs et entraîne leur volonté ».

Et la fascination du Vatican ne constitue qu’une petite partie de la pression totale du monde moderne qui s’infiltre dans les esprits pour les mettre au pas, et les entraîner à sa suite. Cher ami, je préférerais être un sédévacantiste schismatique qu’un apostat romain. Mais Dieu aidant, je ne serai ni l’un ni l’autre !

Kyrie eleison.

Les Dons des GRECs – II

Les Dons des GRECs – II on août 27, 2011

« Mais, Monseigneur, comment la semaine dernière (CE 214) avez-vous pu mettre en question la sincérité et bonne volonté des officiels romains qui ne cherchent qu’à mettre fin à l’aliénation de la Fraternité St Pie X par rapport à l’Église officielle ? Vous les avez comparés aux Grecs qui trompèrent délibérément les Troyens avec le Cheval de Troie. Mais tout ce que veulent les Romains, c’est de dépasser cette division pénible qui a prévalu trop longtemps entre les catholiques de la Tradition et l’Autorité de l’Église ! »

Réponse : il n’y a aucun besoin de mettre en question la sincérité et bonne volonté de ces Romains. Voilà précisément le problème ! Après presque 500 ans de protestantisme et de libéralisme notre époque est à tel point confuse et perverse que le monde est plein de gens qui font le mal tout en étant convaincus qu’ils font le bien. Et plus ces gens sont convaincus qu’ils font le bien, plus ils peuvent être dangereux parce que c’est avec d’autant plus de sincérité subjective et de bonnes intentions qu’ils poussent vers le mal objectif et entraînent d’autres à leur suite. Plus ces Romains sont convaincus que leur Néo-église est ce qu’il faut, et plus efficacement ils détruiront la vraie Église.

« Mais, Monseigneur, Dieu seul est juge de leurs intentions ! »

Dès qu’il s’agit de défendre la Foi, les intentions subjectives n’ont plus beaucoup d’importance. Si les Romains sont bien intentionnés en essayant d’attirer la FSSPX dans l’Eglise officielle, peut-être les aimerai-je sur le plan personnel, mais je n’en détesterai pas moins leurs erreurs. Si par contre ils ne sont pas bien intentionnés parce qu’ils sont conscients qu’ils cherchent à détruire la vraie Foi, je ne les aimerai plus et je détesterai encore plus leurs erreurs. Qu’ils soient aimables ou non, que je les aime ou non, cela a peu d’importance, ou aucune, par rapport au fait objectif qu’ils sont en train de détruire l’Église.

Lorsque des hommes aimables colportent d’horribles erreurs, trop facilement il en résulte de deux choses l’une : ou bien j’en conclus que leurs erreurs sont aussi aimables que les hommes eux-mêmes et alors les hommes m’attirent vers le libéralisme, ou bien je conclus que les hommes sont aussi horribles que leurs erreurs, et dans ce cas-là, par exemple, les erreurs des Papes conciliaires m’attirent vers le sédévacantisme. Mais la réalité actuelle, c’est que jamais dans toute l’histoire de l’humanité il n’a été si facile pour les hommes d’être aussi aimables que leurs erreurs sont horribles. Telle est notre époque. On ne verra pire que sous l’Antéchrist, mais c’est bien ses prédécesseurs qui mènent dès aujourd’hui le monde à sa ruine.

En attendant il est certain que les Romains qui vont rencontrer le 14 septembre les chefs de la FSSPX seront convaincus que la Néo-église telle que Vatican II l’a refaite est l’Église qu’il faut, et dans ce cas-là ils seront gravement dans l’erreur, mais il est possible aussi qu’on les choisisse pour leur charme personnel pour qu’ils attirent la FSSPX vers la Rome officielle. Alors ne soyez pas surpris, chers lecteurs, si on fera en sorte que la FSSPX semblera mépriser les offres nobles et les bonnes intentions de Rome, mais il n’en sera rien. L’unique objet d’un mépris éventuel de la part de la FSSPX portera sur les erreurs horribles. Vive la vraie Rome ! Vivent les Romains aimables ! Mais à la lanterne leurs erreurs horribles !

« Monseigneur, où réside leur erreur essentielle ? »

Dans l’homme mis à la place de Dieu. Ceux qui refont l’Église glissent dans l’apostasie, et ils entraînent à leur suite des âmes sans nombre.

Kyrie Eleison.

Vrai Pape ? – II

Vrai Pape ? – II on mai 7, 2011

Que la bonne foi ou la bonne volonté subjective de la part des Papes conciliaires suffise pour empêcher que leurs hérésies objectives, vraiment horribles, font qu’ils ne sont pas de vrais Papes, c’est une opinion exposée ici (EC 198) il y a une semaine, mais qui est bien loin d’être agréée par tout le monde. Lisez le Professeur Doermann pour voir comment Jean-Paul II a propagé le Salut Universel, lisez Mgr Tissier de Mallerais pour voir comment Benoît XVI évacue la Croix. Ces hérésies au moins matérielles sont tellement horribles que ceux-là sont nombreux qui affirment #1, qu’elles ne peuvent pas avoir de vrais Vicaires du Christ pour auteurs, ou #2, que toute la bonne foi du monde ne peut neutraliser leur poison, ou #3, que la bonne foi subjective est exclue dans le cas de Papes conciliaires qui ont été formés quand même dans la bonne vieille théologie. Voyons tranquillement chacun de ces arguments :—

#1 Jusqu’à quel point le Bon Dieu peut permettre à ses Vicaires de le trahir (objectivement), Dieu seul le sait avec certitude. Mais nous savons par l’Évangile (Lc. XVIII, 8) que lorsque le Christ reviendra sur terre, il n’y retrouvera guère la Foi. Mais la Foi en 2011 s’est-elle déjà réduite à ce point-là ? On peut penser que non, et alors il se peut que Dieu permette à ses Vicaires conciliaires de descendre encore plus bas, sans qu’ils cessent d’être ses Vicaires. En effet, l’Évangile n’affirme-t-il pas qu’au moment même ou Caïphe complotait le plus grand des crimes jamais commis contre Dieu, à savoir le meurtre judiciaire du Christ (Jn.XI, 50–51), il était le Grand Prêtre ?

#2 Il est vrai que l’hérésie objective des hérétiques bien intentionnés est beaucoup plus importante pour l’Église universelle que leurs bonnes intentions subjectives, vrai aussi que beaucoup d’hérétiques objectifs sont subjectivement convaincus de leur propre innocence. Pour cette double raison, lorsque l’Église est bien portante elle met en marche le mécanisme dont elle dispose pour forcer ces hérétiques matériels soit à renoncer à leurs hérésies, soit à se faire des hérétiques formels – c’est l’Inquisition qu’elle revêt de toute son autorité divine pour discerner et condamner l’hérésie, pour sauvegarder la pureté de sa doctrine. Mais alors que se passe-t-il si c’est l’autorité suprême de l’Église qui nage dans les hérésies objectives ? Qui y a-t-il au-dessus des Papes qui ait l’autorité nécessaire pour les corriger ? Personne ! Alors Dieu a-t-il abandonné son Église ? Nullement, mais il la soumet à une épreuve gravissime qui n’a été que trop méritée par la tiédeur de la masse des fidèles d’aujourd’hui – y compris, hélas, des dits « Traditionalistes » ?

#3 Il est vrai que Benoît XVI comme Jean-Paul II a reçu une formation pré-conciliaire en philosophie et théologie. Mais déjà en leur temps les vers du subjectivisme kantien et de l’évolutionnisme hégélien rongeaient depuis plus d’un siècle les entrailles du concept d’une vérité objective et immuable, sans lequel concept celui d’un dogme catholique immuable n’a aucun sens. Par ailleurs si ces Papes ont donné dans l’hérésie matérielle, on peut bien dire que cela n’a pas été sans leur faute – soit la recherche de la popularité, soit l’orgueil intellectuel. N’empêche, la faute morale ne remplace pas la condamnation par l’autorité en matière de doctrine pour les transformer d’hérétiques matériels en hérétiques formels.

Donc étant donné que seuls les hérétiques formels sont exclus de l’Église, et que dans le cas des Papes le seul moyen de discerner et de condamner les hérétiques formels n’est pas disponible, ne s’ensuit-il pas que sur le problème posé par les Papes conciliaires une certaine liberté d’opinion doit rester ouverte ? D’une part le mot « sédévacantiste » ne mérite pas d’être devenu le gros mot qu’en font les « Traditionalistes » libéraux, mais d’autre part les arguments des sédévacantistes ne sont pas aussi concluants qu’ils le veulent ni le prétendent. Concluons que les sédévacantistes peuvent encore être catholiques, mais qu’il n’y a une obligation pour aucun catholique de se faire sédévacantiste. Personnellement, je crois que les Papes conciliaires sont, malgré tout, de vrais Papes.

Kyrie Eleison.