Les Commentaires Eleison

Église Conciliaire ?

Église Conciliaire ? on juin 7, 2014

L’expression « église Conciliaire » exprime évidement une réalité, quelque chose de réel, à savoir la masse de personnes et d’institutions qui se proclament Catholiques mais qui en fait sont en train de glisser dans la pratique de la nouvelle religion humaniste du Concile Vatican II. « En train de glisser » car le Conciliarisme, ou le néo-modernisme, est programmé précisément pour permettre aux Catholiques de conserver les apparences de la Foi, tandis qu’il la vide de sa substance. Dans le concret les Catholiques peuvent suivre ce processus aussi rapidement ou lentement qu’ils le désirent, et ils n’ont même pas besoin de le pousser jusqu’au bout, mais dans l’ abstrait le Conciliarisme est radicalement opposé au Catholicisme et, poussé jusqu’au bout, il détruit en même temps la Foi et l’Eglise, ce qui était son objectif.

Le processus n’est pas difficile à observer ni à comprendre, mais les libéraux à la tête de la Fraternité Saint Pie X, en recherchant la réconciliation avec les Conciliaristes à Rome, ont fait de leur mieux pour embrouiller la question de l’église Conciliaire et de l’Eglise catholique. Par exemple, l’Eglise catholique est visible, diront-ils, et l’église Conciliaire est l’église visible, donc l’église Conciliaire est l’Eglise Catholique, argument déjà condamné il y a des années par Monseigneur Lefebvre comme « enfantin » (nombreuses sont les églises visibles qui ne sont pas catholiques). Tout aussi enfantin est l’argument selon lequel il n’y a qu’une seule Eglise, de telle sorte que l’église Conciliaire et l’Eglise catholique doivent être une seule et même Eglise (il y a des milliers de fausses églises).

La vérité n’est pas si compliquée. L’Eglise Catholique est un organisme vivant, à la fois divin et humain, comme son Fondateur Jésus-Christ. En tant que divine, étant Son Epouse Immaculée, elle ne peut être corrompue ni sujette à la corruption, mais en tant que composée d’êtres humains pécheurs, elle peut partiellement pourrir tout comme n’importe quel autre organisme vivant. Donc une façon utile de comprendre comment l’église Conciliaire se tient par rapport à l’Eglise catholique est de penser à une pomme partiellement pourrie.

D’une part la partie pourrie appartient à la pomme. Tout ce qui est pourri était auparavant de la pomme. Ce qui est pourri est une corruption de la pomme, un parasite sur la pomme, il ne pourrait exister sans la pomme et il demeure fermement attaché à la pomme jusqu’à ce que la partie pourrie s’en détache et tombe. D’une façon semblable le Conciliarisme appartient à l’Eglise Catholique pour autant que tout ce qui est Conciliaire fut en son temps catholique, il s’agit d’une corruption de l’Eglise catholique, un parasite sur l’Eglise catholique, qui ne pourrait exister sans l’Eglise catholique, et qui demeure fermement attaché à quelque partie de l’Eglise catholique, jusqu’à ce qu’il détruise cette partie, ainsi qu’il fut programmé pour le faire.

D’autre part la pourriture n’appartient pas à la pomme. Aucune pomme n’a jamais existé pour être une pomme pourrie. Toute pourriture est une transformation d’une pomme quelconque, une corruption et un parasite de la pomme, la transformant en pire, résultant en quelque chose de tout à fait différent d’une pomme, quelque chose que personne de raisonnable ne rêverait de manger ni de décrire comme n’étant point différente de la pomme. De même le Conciliarisme n’appartient pas à l’Eglise catholique, c’est la corruption d’une chose catholique et c’est un parasite sur quoi que ce soit de catholique. Il transforme une partie humaine de l’Eglise catholique en pire, et produit quelque chose d’essentiellement non catholique, qu’aucun catholique raisonnable ne voudrait appeler catholique ni ne voudrait s’y associer, sous peine de perdre sa foi.

Bref, le Conciliarisme est de la pourriture, et l’ « église Conciliaire » est l’unique Eglise divine-humaine en tant que pourrie par Vatican II dans l’un ou l’autre de ses aspects humains. Bien sûr, l’Eglise catholique durera jusqu’à la fin du monde (Mt.XXVIII,20) tandis que l’ « église Conciliaire » ne fait pas plus que partie d’une longue lignée d’églises parasites, au cours des âges, vivant de ce qu’elles pourrissent et pourrissant ce dont elles vivent. Une plaie sur tous les libéraux, confus eux-mêmes, et répandant la confusion !

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – V

L’Infaillibilité de l’Église – V on mai 31, 2014

Le libéralisme signifie la guerre contre Dieu, et il poursuit et cause la dissolution de la vérité. Etant donné l’état de l’Eglise d’aujourd’hui, paralysée par le libéralisme, le sédévacantisme est une réaction compréhensible, mais il donne encore à l’autorité trop de pouvoir face à la vérité. Le monde moderne a perdu la vérité naturelle, à plus forte raison la vérité surnaturelle, et c’est là que se trouve le cœur du problème.

En ce qui concerne notre sujet nous pourrions diviser tout l’enseignement des Papes en trois parties. Premièrement, si le Pape enseigne en tant que Pape, sur la Foi ou la morale, d’une façon définitive et précise et de manière à obliger tous les Catholiques, il s’agit alors de son Magistère Extraordinaire (ME en abrégé), nécessairement infaillible. Deuxièmement, si le Pape n’engage pas toutes ces quatre conditions mais qu’il enseigne en conformité avec ce que l’Eglise a toujours et partout enseigné et imposé de croire aux Catholiques, alors son enseignement fait partie de ce qu’on appelle le « Magistère Ordinaire Universel » de l’Eglise (MOU en abrégé), infaillible lui aussi. Troisièmement, nous trouvons tout le reste de son enseignement, lequel, s’il est en rupture avec la Tradition, est non seulement faillible mais encore faux.

A ce stade il devrait être clair que le ME est par rapport au MOU comme la couche de neige est par rapport au sommet de la montagne. La couche de neige ne constitue pas le sommet de la montagne, elle ne fait que le rendre plus visible. Encore, ME est à MOU comme le serviteur au maître. Il existe pour être au service du MOU pour rendre clair une fois pour toutes ce qui appartient ou n’appartient pas au MOU. Mais ce qui rend le reste de la montagne visible, pour ainsi dire, c’est la continuité de ce point de doctrine avec ce qu’ont enseigné Notre Seigneur et ses Apôtres, en d’autres mots, avec la Tradition.Voilà pourquoi toute définition du ME se met en peine de montrer que ce qui est en train d’être défini a toujours, en réalité, fait partie de la Tradition. Cela faisait partie de la montagne avant d’être couvert de neige.

A ce stade il devrait aussi être clair que la Tradition dit aux Papes ce qu’ils doivent enseigner, et non l’inverse.Voilà la base même sur laquelle Monseigneur Lefebvre a fondé le mouvement Traditionaliste, et cependant c’est la même base – soit dit avec tout le respect convenable – que les libéraux et les sédévacantistes ne parviennent pas à comprendre.Qu’ils se souviennent, dans l’Evangile de Saint Jean, combien de fois Notre Seigneur lui-même, en tant qu’homme, déclare que ce qu’Il enseigne ne vient pas de Lui mais de Son Père, par exemple : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé » (VII,16). Ou bien, « Car je n’ai point parlé de moi-même ; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et ce que je dois enseigner » (XII,49). Bien sûr, personne sur terre n’est davantage autorisé que le Pape pour dire à l’Eglise et au monde ce qui est dans la Tradition, mais il ne peut pas leur dire que dans la Tradition est ce qui n’y est pas.Ce qui est en elle est objectif, et vieux de 2,000 ans, il se situe au dessus du Pape, et met des limites à ce que le Pape peut enseigner, tout comme les consignes du Père Éternel ont mis des limites à ce que le Christ comme homme enseignerait.

Dès lors comment les libéraux comme les sédévacantistes peuvent-ils effectivement déclarer que le Pape est infaillible même en dehors du ME et du MUO ? Parce que ces deux groupes donnent à l’autorité plus d’importance qu’à la vérité, aussi voient-ils en l’autorité de l’Eglise non plus la servante mais la maîtresse de la vérité. Et pour quelle raison ? Parce qu’ils sont les uns comme les autres des enfants du monde moderne où le Protestantisme a bravé la Vérité catholique, et où le libéralisme depuis la Révolution Française entreprend de dissoudre toute vérité objective. Et s’il n’existe plus une quelconque vérité objective, alors bien sûr l’autorité peut dire n’importe quoi, folie que nous observons tout au tour de nous, et il n’existe plus rien qui puisse arrêter un Paul VI ou un Monseigneur Fellay de devenir de plus en plus arbitraire et tyrannique pour imposer ce n’importe quoi.

Sainte Mère de Dieu, obtenez pour moi d’aimer, de discerner et de défendre cette Vérité et cet ordre qui viennent du Père, aussi bien surnaturels que naturels, auxquels votre propre Fils était en tant qu’homme soumis, « jusqu’à la mort, et même jusqu’à la mort de la Croix ».

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – IV

L’Infaillibilité de l’Église – IV on mai 24, 2014

Au Cardinal Newman est attribué un sage commentaire sur la définition en 1870 de l’Infaillibilité Papale : « Elle a laissé le Pape tel qu’elle l’a trouvé ». Certes, cette définition n’aura changé en rien le pouvoir du Pape d’enseigner infailliblement parce qu’il appartient à la nature immuable de la véritable Eglise de Dieu que Dieu la protégera de l’erreur, du moins lorsque sa suprême autorité enseignante se trouve engagée. Tout engagement semblable porte maintenant le nom de « Magistère Extraordinaire » de l’Eglise, mais seul le nom a pu être nouveau à partir de 1870, de même que le nom du « Magistère Ordinaire Universel ». En effet, si Vatican I a déclaré également ce dernier comme étant infaillible, lui aussi aura dû l’être depuis le début de l’Église. Pour discerner les réalités contenues sous les deux noms, remontons à ce début.

Au moment de l’Ascension de Notre Seigneur au Ciel, Il avait, avec sa divine infaillibilité, confié à ses Apôtres un corps de doctrine qu’eux-mêmes devaient transmettre intact à son Église jusqu’à la fin du monde (Mt.XXVIII, 19–20), doctrine que toutes les âmes devraient croire sous peine de condamnation (Mc.XVI, 15–16). Ce Dépôt de la Foi, ou Révélation publique, Dieu se devait à Lui-même de le rendre reconnaissable et accessible à toutes les âmes de bonne volonté, car il est évident que le vrai Dieu ne pourrait jamais condamner éternellement une âme pour avoir refusé de croire en une vérité inaccessible ou en un mensonge. À la mort du dernier Apôtre, ce Dépôt était non seulement infaillible mais aussi complet.

Mais après les Apôtres, et dans la suite des siècles, Dieu allait-Il protéger tous les hommes d’Église pour qu’ils n’enseignassent jamais l’erreur ? En aucune façon. Notre Seigneur nous a averti de nous garder des « faux prophètes » (Mt.VII, 15), et de même Saint Paul nous a mis en garde contre les « loups voraces » (Act.XX, 29–30). Mais comment Dieu pouvait-Il permettre un tel danger pour ses brebis que des pasteurs dans l’erreur ? C’est qu’Il ne veut pour son Ciel ni des pasteurs robots ni des brebis robots, sinon des pasteurs et des brebis, qui les uns comme les autres auront fait usage du libre arbitre que Lui-même leur a donné ou pour enseigner ou pour suivre la Vérité. Et si une masse de pasteurs trahit, Il peut toujours susciter un Saint Athanase ou un Monseigneur Lefebvre par exemple, pour assurer que sa Vérité infaillible reste en permanence au moins accessible aux âmes.

Néanmoins ce Dépôt se trouvera sans cesse exposé aux loups voraces lui ajoutant l’erreur ou lui soustrayant une partie de sa vérité.Alors, comment Dieu va-t-il le protéger malgré cela ? En garantissant que dès qu’un Pape engage toutes les quatre conditions de la plénitude de son autorité enseignante pour définir ce qui appartient à ce Dépôt et ce qui ne lui appartient pas, ce Pape sera divinement protégé de l’erreur – et voilà ce que nous appelons aujourd’hui le « Magistère Extraordinaire » (Observons comme ce Magistère Extraordinaire présuppose l’infaillible Magistère Ordinaire et ne peut ajouter à ce dernier ni vérité ni infaillibilité mais seulement une plus grande certitude pour nous autres hommes). Mais si le Pape engage quoique ce soit en moins que toutes les quatre conditions, alors son enseignement sera infaillible s’il correspond au Dépôt transmis par Notre Seigneur – ce qu’on appelle aujourd’hui le « Magistère Ordinaire Universel », mais faillible s’il ne se trouve pas dans ce Dépôt transmis, ou Tradition. Hors de la Tradition, son enseignement est faillible, contre la Tradition il est faux.

Ainsi il n’y a point de cercle vicieux (voir le CE 357 de la semaine dernière) parce que Notre Seigneur a autorisé la Tradition et la Tradition autorise le Magistère. Certes, c’est la fonction du Pape de déclarer avec autorité ce qui appartient à la Tradition et il est divinement protégé de l’erreur s’il compromet la plénitude de son autorité pour ce faire, mais il est capable aussi de faire des déclarations hors de la Tradition, auquel cas il ne jouira pas de cette protection. Or les nouveautés de Vatican II telles que la liberté religieuse et l’œcuménisme sont très éloignées de la Tradition de l’Eglise. Pour cette raison elles ne rentrent ni dans le Magistère Ordinaire du Pape ni dans son Magistère Extraordinaire, et toutes les billevesées de tous les Papes Conciliaires ne sauraient obliger aucun Catholique à se faire soit libéral, soit sédévacantiste.

Kyrie eleison.

L’Infaillibilité de l’Église – III

L’Infaillibilité de l’Église – III on mai 17, 2014

La folie des paroles et actes du Pape François pousse actuellement de nombreux Catholiques vers le sédévacantisme, ce qui est dangereux. En effet, croire que les Papes Conciliaires n’ont jamais été Papes peut débuter comme une opinion, mais trop souvent il faut constater que l’opinion se transforme en dogme et ensuite en un système mental blindé. Je pense que l’esprit de beaucoup de sédévacantistes se blinde parce que la crise sans précédent de Vatican II engendre dans leurs esprits et cœurs catholiques une grande angoisse, pour laquelle ils pensent avoir trouvé dans le sédévacantisme une solution de toute simplicité, en sorte qu’ils n’ont aucune envie de réouvrir l’angoisse en réouvrant la question. Ce qui fait qu’ils mènent rien de moins qu’une croisade pour que tous les Catholiques partagent leur solution simple, et ce faisant beaucoup d’entre eux – pas tous – finissent par faire preuve d’une arrogance et d’une amertume qui ne sont guère le signe ni le fruit de véritables Catholiques.

Or, ce « Commentaire » s’est abstenu jusqu’ici de prononcer avec certitude que les Papes Conciliaires aient été de véritables Papes, mais en même temps il a maintenu que les arguments sédévacantistes ne sont pas concluants, ni n’obligent en conscience un Catholique, comme certains sédévacantistes voudraient nous le faire croire. Revenons alors sur l’un de leurs arguments les plus importants, celui qui prend comme point de départ l’infaillibilité papale. Le voici : les Papes sont infaillibles. Or, les libéraux sont faillibles et les Papes Conciliaires sont des libéraux. Donc ils ne peuvent être de vrais Papes.

On a beau objecter qu’un Pape n’est nécessairement infaillible que lorsqu’il engage toutes les quatre conditions du Magistère Extraordinaire, à savoir lorsqu’il enseigne 1 comme Pape, 2 sur la Foi ou la morale, 3 de façon définitive 4 en sorte d’obliger en conscience tous les Catholiques. À cela les sédévacantistes comme les libéraux font la même réponse : l’Église enseigne que le Magistère Ordinaire Universel est lui aussi infaillible et donc – c’est ici le point faible de leur argument – dès que le Pape enseigne solennellement en dehors de son Magistère Extraordinaire, son enseignement sera nécessairement infaillible. Or, l’enseignement libéral de Vatican II est certainement solennel. Par conséquent nous n’avons qu’à nous faire sédévacantistes ou libéraux, selon bien sûr que c’est un sédévacantiste ou un libéral qui manie l’argument.

Mais ce qui distingue tout enseignement relevant du Magistère Ordinaire Universel, ce n’est nullement la solennité avec laquelle le Pape enseigne en dehors de son Magistère Extraordinaire, mais c’est le fait pour tel ou tel enseignement de correspondre ou non à ce que Notre Seigneur, ses Apôtres et virtuellement tous les évêques de tous les temps et tous les lieux ont enseigné, en d’autres mots à la Tradition. Or, l’enseignement Conciliaire (tel l’œcuménisme ou la liberté religieuse) est en rupture flagrante avec la Tradition. Donc un Catholique d’aujourd’hui n’est point obligé à se faire sédévacantiste ni libéral.

N’empêche, les sédévacantistes comme les libéraux s’accrochent à leur exagération de l’infaillibilité papale pour des raisons qui ne sont pas sans intérêt, mais cela c’est une autre histoire. De toute façon ils ne se rendent pas facilement, aussi reviennent-ils à la charge avec une autre objection qui exige qu’on lui réponde. Des deux côtés ils disent que maintenir que c’est la Tradition qui permet de distinguer le Magistère Ordinaire Universel, c’est entrer dans un cercle vicieux. En effet, si l’autorité enseignante de l’Église, son Magistère, existe pour dire ce qui est la doctrine de l’Église, comme c’est le cas, comment en même temps la doctrine en question peut-elle dire ce qui est le Magistère ? Ou le maître enseignant autorise la matière enseignée, ou l’inverse, mais les deux ne peuvent pas en même temps s’autoriser l’un l’autre. Donc, concluent-ils, le Pape est infaillible non seulement dans son Magistère Extraordinaire, et alors on est obligé par les Papes Conciliaires de se faire sédévacantiste, sinon libéral.

La raison pour laquelle il n’y a pas de cercle vicieux devra attendre le « Commentaire » de la semaine prochaine. Elle est aussi intéressante que la raison pour laquelle les sédévacantistes comme les libéraux tombent dans la même erreur à propos de l’infaillibilité papale.

Kyrie eleison.

Nouvelles Ordinations – IV

Nouvelles Ordinations – IV on mai 10, 2014

Les prêtres ordonnés avec le nouveau rit d’ordination de 1972, doivent-ils être réordonnés sous condition avec l’ancien rit d’ordination certainement valide ? La doctrine catholique sur la validité des sacrements est claire mais les rits sacramentaux de la Nouvelle Eglise paraissent avoir été programmés pour conduire graduellement à l’invalidité (voir CE 121 du 31 oct. 2009). Le problème réside dans le mot « graduellement ». A quel point ce processus graduel s’était-il avancé dans chaque cas particulier ? Sans doute Dieu seul le sait avec certitude. Mais commençons par la doctrine claire.

On peut dire qu’un sacrement catholique implique cinq éléments : Ministre, Intention, Matière et Forme, qui sont essentiels pour la validité, et le Rit entourant la Forme qui peut être important pour la validité par sa soudaine ou graduelle influence sur l’Intention du Ministre. En ce qui concerne les Ordres sacerdotaux, le Ministre doit être un évêque validement consacré ; l’ Intention est son intention sacramentelle (non pas morale), lors de l’ordination, de faire ce que fait l’Eglise ; la Matière réside dans l’imposition des deux mains sur la tête de l’homme qui doit être ordonné (les femmes ne peuvent être validement ordonnées au sacerdoce du Christ) ; la Forme est la formule cruciale ou la série de mots dans le rit qui expriment le fait de conférer le sacerdoce ; le Rit consiste en toutes les autres paroles entourant cette Forme, et prescrites dans le rit cérémonial de l’Ordination.

Dans un nouveau rit d’Ordination, si les deux mains sont posées sur la tête, la Matière ne fait pas de problème. La nouvelle Forme en latin est, en quelque sorte, plus forte pour la validité que l’ancienne Forme en latin (de par le « et » au lieu d’un « ut »), mais les traductions en langues vernaculaires doivent être vérifiées pour s’assurer qu’elles expriment clairement la grâce de la prêtrise qui doit être conférée. La plupart le font, sûrement. Là où apparaissent de réels problèmes de validité est au sujet du Ministre et de l’Intention, à cause de l’érosion graduelle de l’Intention catholique par les nouveaux Rits non catholiques.

Parce que, quant à l’ Intention, tout évêque ordonnant aujourd’hui un prêtre a sûrement l’Intention de faire ce que fait l’Église d’aujourd’hui. Très bien, mais qu’est-ce que cela représente dans son esprit ? Qu’est-ce qu’un prêtre pour la Nouvelle Eglise ? Le prêtre qui était autrefois le rénovateur du Sacrifice du Calvaire, grâce à la Présence Réelle, ne se fait-il pas remplacer lentement mais sûrement par celui qui est aujourd’hui l’animateur de pique-niques eucharistiques ? A quel point se trouve réalisé ce processus dans tel ou tel diocèse dans le monde ? Tel ou tel évêque avait-il présent à l’esprit, comme « ce que fait l’Eglise », un Sacrificateur ou un animateur ? Le comportement extérieur de l’évêque qui ordonne indiquera son Intention, mais Dieu seul peut le connaître de façon certaine. Il est sûr que de nombreux nouveaux Rits de la Messe s’inclinent vers l’animateur, et que le Nouveau Rit d’Ordination entourant la Forme ne peut qu’aider, étant donné son contenu catholique sévèrement diminué, à miner graduellement l’Intention sacramentelle d’un évêque qui ordonne.

Et quant au Ministre, si l’évêque qui ordonne était lui-même consacré évêque avec le nouveau rit de Consécration, supposons que l’ambiguïté de la nouvelle Forme de Consécration est levée par les mots qui suivent immédiatement. Néanmoins des doutes semblables à ceux cités plus haut doivent surgir quant à l’Intention de l’évêque qui l’a consacré : est-ce que celui-ci pensait, et donc avait l’Intention, que l’Eglise d’aujourd’hui consacre des Sacrificateurs, ou des animateurs de pique-niques ? De telles questions peuvent souvent manquer de réponses claires.

Bref, si j’étais Pape, je pense que je demanderais que tous les prêtres ou évêques ordonnés ou consacrés avec les rits « renouvelés » devraient être réordonnés ou reconsacrés sous condition, non pas parce que je croirais qu’aucuns d’entre eux ne fussent de vrais prêtres ou évêques, au contraire, mais parce que lorsqu’il s’agit des sacrements, tous les doutes sérieux doivent être levés, et que cela serait la plus simple manière de lever tous les doutes possibles. On ne pourrait rien laisser traîner de cette pourriture des sacrements par la Nouvelle Église.

Kyrie eleison.

Adieu, FSSPX

Adieu, FSSPX on mai 3, 2014

Mauvaises nouvelles de France : le combat de la Foi de 40 ans de la Fraternité Saint Pie X contre les modernistes à Rome est pratiquement terminé. Oh, les prieurés, écoles et séminaires de la Fraternité ainsi que les couvents et monastères associés continueront à fonctionner pour donner, pour un temps au moins, des sacrements valides et une doctrine décente, en maintenant toutes les apparences de la Tradition, mais le combat essentiel pour la Foi entière sera censuré, ou bien auto-censuré, jusqu’à ce qu’il disparaisse. Il semble qu’on ne trouvera encore qu’un nombre limité de prêtres de plus qui comprennent le vrai sens de l’œuvre de Monseigneur Lefebvre et qui aient le courage nécessaire pour sortir du rang et prendre le maquis.

Ces nouvelles sont que les modernistes à Rome offrent à la Fraternité une « reconnaissance de tolérance », sans la nécessité d’aucun accord formel ni document signé du genre de ceux qui ont suscité une si forte opposition lors des négociations avec Rome au cours du printemps et de l’été 2012. Voici l’essentiel de ce qu’a dit le Second Assistant de la Fraternité, l’Abbé Nély, avec enthousiasme, à deux religieux il y a trois mois : « La solution pour la Fraternité sera sa reconnaissance unilatérale de la part de Rome . . . on ne nous demandera pas de signer . . . pour voir comment les choses évoluent . . . on verra ».

Pour empêcher une telle révélation de se répandre, le Supérieur Général de la Fraternité écrivit à ces deux religieux qu’ils avaient mal compris les propos de l’Abbé Nély, car il n’y avait aucun type d’« accord » en vue. Bien sûr que non. En cela réside l’astuce de la « reconnaissance » offerte sans signature. Elle permettra à bon nombre de prêtres de la FSPX de prétendre que rien n’aura changé, en sorte qu’ils pourront s’imaginer qu’ils peuvent continuer leur ministère exactement comme avant. De même on rapporte que Monseigneur Fellay lui-même a dit récemment aux séminaristes de la Fraternité à Zaitzkofen : « Il n’est pas question de signer un quelconque accord, etc., etc. ». Néanmoins, dix minutes plus tard, « Mais si Rome nous propose une reconnaissance de tolérance en notre faveur, cela est une autre affaire, cela serait très bon ».

Et ainsi, selon toute probabilité et plutôt tôt que tard, un bon nombre des prêtres de la Fraternité suivra docilement leurs chefs officiels en embrassant les charmants modernistes à Rome, embrassement qui deviendra vite une étreinte aussi serrée qu’il le faut pour étouffer tout ce qui restera comme effort pour lutter contre le modernisme mortel qui est en train de tuer l’Église officielle et de mettre des millions d’âmes sur le chemin de l’Enfer. En rétrospective on peut penser que Monseigneur Fellay travaille habilement avec les Romains en vue d’une telle étreinte depuis au moins 15 ans. Monseigneur de Galarreta a bien vu ce qui était en jeu, mais il est passé du côté de Monseigneur Fellay. Monseigneur Tissier lui aussi voit clairement le danger mortel que court l’œuvre de Monseigneur Lefebvre, mais il ne voit pas la nécessité de suivre l’exemple de Monseigneur en mettant la Foi au-dessus de toutes les règles normales d’obéissance et d’unité.

Ce qui signifie, chers amis, que si nous désirons maintenir la plénitude de la Foi et aider autrui à faire de même, nous devons au moins intérieurement prendre le maquis. Ne craignez pas. Gardez la tête froide. Ce n’est pas le moment de se décourager ni de désespérer. Dieu ne change pas et le combat pour Sa cause devient plus glorieux que jamais. Prêtres, restez vigilants et surtout ne vous trompez pas vous-mêmes comme si rien ne change à l’intérieur de la Fraternité. Elle a déjà essentiellement changé. Fidèles, restez vigilants vous aussi, et priez, et Dieu vous donnera les chefs et les prêtres de vos prières. En Dieu nous confions, et en la Très Sainte Vierge Marie.

Kyrie eleison.