Benoît XVI et comment l’Église se considère

L’Oecuménisme de Benoit XVI – VI

L’Oecuménisme de Benoit XVI – VI on juillet 14, 2012

Dans le dernier de cette série d’articles du « Commentaire Eleison », série inspirée par le livre du Dr.Wolfgang Schüler, Benoît XVI et l’Auto-compréhension de l’Église, il a été promis que la grande leçon du livre serait appliquée à la situation actuelle de la Fraternité St Pie X. En fait cette application a déjà été ébauchée : si l’on ne peut être catholique qu’en faisant partie de cet organisme vivant qu’est l’Église catholique, de même en s’insérant dans l’organisme de l’Église conciliaire on deviendra nécessairement conciliaire.

Benoît XVI maintient que des morceaux catholiques coupés de l’Église catholique appartiennent toujours à l’Église du Christ. Le Dr Schüler au contraire, suivant en ceci Notre Seigneur (Jn. XV, 1–7), prouve que les branches coupées de cet organisme vivant qu’est l’Église se flétrissent et meurent, parce que c’est la plante qui prête vie à ses branches. Il s’ensuit que si la Fraternité se greffe sur la plante conciliaire, entièrement infectée par la religion de l’homme imposée par Vatican II, cette plante transmettra son infection à la Fraternité. Voici trois citations de Mgr Lefebvre qui expriment cette réalité :—

En 1984, bien avant les sacres épiscopaux de 1988, il condamna d’avance l’illusion que la Fraternité, « en étant à l’intérieur de l’Église, va pouvoir combattre, va pouvoir faire ceci, va pouvoir faire cela. » Il répondit, « C’est absolument faux ! On ne rentre pas dans un cadre, et sous des supérieurs, en disant qu’on va tout bousculer lorsqu’on sera dedans alors qu’ ils ont tout en main pour nous juguler ! Ils ont toute l’autorité. » (Ce sont là des mots à bien peser !)

En 1988, deux semaines avant les sacres, il dit, « Rome veut que tout s’aligne sur Vatican II, tandis qu’ils nous laissent un peu de Tradition. ( . . . ) Ils ne bougent pas. Nous ne pouvons pas nous mettre entre les mains de ces gens-là. Ce serait une illusion de notre part. Nous n’entendons pas nous laisser manger par eux. ( . . . ) Petit à petit la Tradition serait compromise. »

En 1989, une année après les sacres, il répondit à l’objection que la Fraternité aurait fait plus de bien pour l’Église en restant dedans qu’en se faisant mettre dehors. Il dit, « De quelle Église parle-t-on ? Si c’est de l’Église conciliaire, il faudrait que nous qui avons lutté contre elle pendant vingt ans parce que nous voulons l’Église catholique, nous rentrions dans l’Église conciliaire pour soi-disant la rendre catholique. C’est une illusion totale. Ce ne sont pas les sujets qui font les supérieurs, mais les supérieurs qui font les sujets. Dans toute cette Curie romaine, parmi tous les évêques du monde qui sont progressistes, j’aurais été complètement noyé. Je n’aurais rien pu faire. »

En conclusion, si par un accord pratique ou régularisation canonique la Fraternité se soumettait aux autorités de l’Église conciliaire qui restent fermement attachées aux idées de Vatican II, comme les Discussions Doctrinales de 2009 à 2011 l’ont amplement prouvé, en ce cas-là sa défense de la vraie Foi serait « jugulée, mangée, noyée ». Greffée sur l’organisme vivant de l’Église Conciliaire, elle ne pourrait plus s’empêcher d’attraper la maladie conciliaire. Que Dieu nous en défende !

Kyrie eleison.

L’Oecuménisme de Benoît – V

L’Oecuménisme de Benoît – V on mai 19, 2012

Vu la nécessité de diviser une longue argumentation en plusieurs parties, certains lecteurs peuvent avoir perdu le fil conducteur de plusieurs Commentaires sur « l’Œcuménisme de Benoît ». Résumons l’argument jusqu’ici :—

EC 241 a établi quelques éléments de base : l’Église Catholique est un tout organique ; parmi les croyances duquel si quelqu’un en prend et en laisse, c’est un « choisisseur », c’est-à-dire (selon le grec) un hérétique. Plus encore, s’il emporte avec lui une croyance catholique hors de l’Église, celle-ci ne restera pas la même, un peu comme si de l’oxygène est obtenu à partir de l’eau par électrolyse, il cesse d’être partie d’un liquide pour devenir un gaz. L’œcuménisme Conciliaire suppose qu’il y a des croyances que des non-catholiques ont en commun avec les catholiques, mais en réalité même la formule « je crois en Dieu » est sujette à être assez différente selon qu’elle est incorporée à un système de croyances protestant ou un credo catholique.

EC 247 a utilisé une autre comparaison pour illustrer comment des parties du tout Catholique ne restent plus les mêmes lorsqu’elles ne font plus partie de ce tout. Des pièces d’or peuvent rester des pièces d’or identiques lorsqu’elles se trouvent séparées du tas de pièces, mais la branche coupée d’un arbre vivant devient quelque chose de tout à fait différent : du bois mort. L’Église ressemble davantage à l’arbre qu’aux pièces, pour la bonne raison que Notre Seigneur a comparé son Église à une vigne, et de fait il dit que toute branche coupée est jetée au feu et brûlée (Jn.XV,6 – observation intéressante : aucune branche vivante ne porte autant de fruits qu’une branche de vigne, aucun bois mort n’est aussi inutile que du bois de vigne mort). Ainsi, des parties coupées de l’Église catholique ne restent point catholiques, comme le prétend l’œcuménisme Conciliaire.

EC 249 a montré comment les documents de Vatican II promeuvent ces idées fausses de l’œcuménisme, mais auparavant EC 248 a dû avertir les lecteurs que l’ambiguïté de ces documents est notoire. Aussi ce Commentaire a-t-il cité le passage de Dei Verbum (# 8) qui a ouvert la porte à la fausse notion des modernistes de la « Tradition vivante ». EC 249 présentait ensuite trois textes conciliaires cruciaux pour l’œcuménisme des modernistes : Lumen Gentium (# 8) qui suggère que la « véritable » Église du Christ est plus ample que l’« étroite » Église catholique, et Unitatis Redintegratio (# 3) qui suggère en premier lieu que l’Église est formée d’« éléments » ou parties qui peuvent se rencontrer aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Église catholique (comme les pièces de monnaie identiques dans le tas ou en dehors du tas), et en second lieu que ces éléments peuvent par conséquent servir à sauver les âmes aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Église catholique.

EC 251 finalement en vint à l’œcuménisme de Benoît XVI en particulier. Les citations de l’abbé Joseph Ratzinger présentées par le Dr. Schüler dans son livre Benoît XVI et comment l’Église se voit elle-même, démontrent comment la conception de l’Église du jeune théologien des années 1960 correspondait parfaitement au schéma des pièces d’or à l’intérieur et à l’extérieur du tas. Certes, des citations postérieures montrent qu’étant plus âgé comme Cardinal puis comme Pape il s’est ensuite, de façon constante, efforcé de maintenir l’équilibre entre les deux schémas de l’Église comme tas de pièces et comme tout organique, mais le Dr. Schüler relève bien dans son argumentation que le fait même de cet effort pour maintenir cet équilibre présuppose chez le Pape que la moitié de lui-même croit encore en une Église qui correspond au schéma du tas de pièces de monnaie.

A moins que les lecteurs ne demandent les citations textuelles de Joseph Ratzinger pour être sûrs que nous n’en avons pas forcé l’interprétation ou que nous ne les avons pas sorties de leur contexte, le dernier Commentaire de cette série aura pour conclusion une application de ces démonstrations à la situation de la Fraternité Saint Pie X de Monseigneur Lefebvre. D’un côté la Fraternité fait partie du véritable tout catholique « un, saint, catholique et apostolique ». D’un autre côté mieux lui en a pris d’éviter de faire partie de ce tout Conciliaire malade.

De même qu’une branche saine greffée sur un arbre Conciliaire malade, la Fraternité se serait inévitablement laissée contaminer par la maladie Conciliaire. D’aucune façon une simple branche ne saurait guérir cette infection mortelle qui est répandue dans toute l’Église Conciliaire.

Kyrie eleison.

L’Oecuménisme de Benoît – IV

L’Oecuménisme de Benoît – IV on mai 5, 2012

L’Église catholique a toujours enseigné qu’elle est l’unique et seule vraie Église de Jésus-Christ, en sorte que même si la grande majorité des croyants la quittent un jour, ce qui arrivera à la fin des temps (cf. Lc.XVIII, 8), elle ne perdra jamais son unité. Aussi Saint Cyprien dit-il que l’unité de l’Église vient d’une fondation divine soudée de sacrements célestes, et elle « ne peut être déchirée en morceaux par la force de volontés contraires ». Certes, les âmes peuvent apostasier ou se séparer d’elle, mais l’Église qu’elles abandonnent reste une. De ce point de vue, l’unité de l’Église ne peut signifier autre chose que le retour des âmes une à une dans la seule vraie Église.

Telle n’est pas la vision qu’a Vatican II de l’Église. Lorsque le Concile dit ( Lumen Gentium # 8) que l’Église du Christ « subsiste dans » l’Église catholique, il a ouvert la porte toute grande pour qu’on distingue entre les deux, et pour qu’on prétende que la « vraie » Église du Christ est plus large que l’« étroite » Église catholique. Dès lors il existe des morceaux de la véritable Église du Christ dispersés hors de l’Église catholique et ainsi « l’unité de l’Église » signifie réunir à nouveau ces morceaux sans que les individus qui en sont les membres aient l’obligation de se convertir personnellement. Tel était certainement le point de vue du jeune et brillant théologien du Concile, l’abbé Joseph Ratzinger, comme le démontrent quelques-unes de ses formules stupéfiantes rédigées peu après le Concile, citées avec leurs références dans le livre du Dr. Schüler, Benoît XVI et comment l’Église se voit elle-même, pages 17–19. En voici un bref résumé qui met en relief leur hétérodoxie :—

En quelque lieu où se trouvent réunis Evêque, Table et Parole de Dieu, il y a « église ». Au cours des siècles cette véritable et ample communion chrétienne s’est gravement rétrécie à cause de la centralisation romaine, qui a obligé les Protestants à rompre avec Rome. Malgré les divergences doctrinales on aurait pu et dû cohabiter. Voilà pourquoi l’œcuménisme du retour au bercail doit être remplacé par l’œcuménisme de coexistence. Les Églises doivent remplacer l’Église. Les catholiques doivent s’ouvrir. N’auront à se convertir que les individus qui le désirent. Les Protestants ont, virtuellement, droit à leurs erreurs.

Mais, où en est la Foi dans tout ce discours « de l’Église et des églises ? » Et la doctrine ? Nulle part, dirait-on. Et quelle sorte d’unité peut-il y avoir entre des âmes qui ont des croyances aussi contradictoires que celles des catholiques (préconciliaires) et des Protestants ? Il ne peut s’agir que d’une unité complètement différente de celle qui existait dans l’Église préconciliaire, et par conséquent d’une Église complètement différente aussi. En réalité le jeune abbé Ratzinger tendait ses efforts vers la Nouvelle Église.

Toutefois, l’unité de cette Nouvelle Église devenait problématique. En premier lieu, l’unité de l’Église est un dogme. Et en deuxième lieu, en tant que Cardinal et Pape, Joseph Ratzinger s’est trouvé dans l’obligation de défendre l’unité de la Nouvelle Église contre des Révolutionnaires encore plus radicaux que lui-même, comme par exemple l’abbé Léonard Boff pour qui la Nouvelle Église « subsiste » un peu partout, donc en de nombreux morceaux différents.

Aussi le cardinal a-t-il cherché à prouver, par des arguments cités par Schüler, que l’Église du Christ voit sa réalisation complète dans l’Église Catholique, mais pas au point d’exclure sa réalisation incomplète ailleurs (mais alors, comment est-elle une ?). De même l’identité de l’Église du Christ avec l’Église catholique est substantielle sans être exclusive (mais comment l’identité proprement dite peut-elle être autre qu’exclusive ?). De même, l’être complet de l’Église du Christ se trouve dans l’Église catholique, mais elle possède ailleurs un être incomplet aussi (mais comment un être peut-il être complet si une partie en est ailleurs ?). Et ainsi de suite . . .

Bref, la Nouvelle Église de Benoît XVI inclut des éléments à la fois catholiques et non-catholiques. Mais il suffit qu’une partie ne soit pas catholique pour que le tout ne le soit pas. Par conséquent la Nouvelle Église œcuménique de Benoît n’est pas, en tant que telle, l’Église catholique.

Kyrie eleison.

L’Oecuménisme de Benoît – III

L’Oecuménisme de Benoît – III on avril 21, 2012

Il y a deux semaines se trouvait dans ce « Commentaire » la promesse d’examiner trois citations de Vatican II qui ont beaucoup contribué à la dissolution de l’Église de Jésus-Christ, laquelle est l’Église catholique. Il y a une semaine s’y trouvait l’avertissement que les textes de Vatican II sont ambigus, de telle sorte qu’on peut toujours les interpréter comme s’ils ne contiennent aucune erreur. Mais si l’une des deux significations est innocente, l’autre est mortelle pour l’Église catholique, comme l’ont prouvé ces quarante dernières années.

La première citation est prise de Lumen Gentium # 8. La voici : « Cette unique Église du Christ . . . comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui ». Mais que signifie ce mot « subsiste » ici ? L’ambiguïté réside en ce que ce mot peut signifier ou bien que l’Église du Christ existe principalement et uniquement dans l’Église catholique romaine, vérité que l’Église a toujours enseignée jusqu’à Vatican II, ou bien que l’Église du Christ existe principalement mais non pas uniquement dans l’Église catholique, auquel cas l’Église du Christ existe aussi en partie en dehors de l’Église catholique. Ceci ouvre la porte à l’œcuménisme conciliaire qui détruit la proclamation dogmatique selon laquelle l’Église catholique est l’unique arche de salut : « Extra Ecclesiam nulla salus » (en dehors de l’Église, pas de salut).

Le problème ici, c’est que c’est aussi un dogme que l’Église est une. Lors de chaque Messe dominicale nous écoutons ou nous chantons que nous croyons à « l’Église une, sainte, catholique et apostolique ». Donc, comment l’Église du Christ peut-elle être divisée en quelques communautés plus ou moins semblables à une église ? Si l’Église est une, elle ne peut être plusieurs. Si elle est plusieurs, elle ne peut être une. Dans son livre sur « Benoît XVI et comment l’Église se voit elle-même », le Dr. Wolfgang Schüler donne une série de citations de Joseph Ratzinger pour montrer comment en jeune théologien il a promu avec enthousiasme la destruction de l’exclusivité de l’Église Catholique, mais comment en tant que Cardinal et Pape il a lutté pour maintenir en même temps l’unicité de l’Église.

La deuxième citation est prise de Unitatis Redintegratio # 3 : « Parmi les éléments ou les biens par l’ensemble desquels l’Église se construit et est vivifiée, plusieurs et même beaucoup, et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l’Église catholique ». Or, la signification évidente de ces paroles c’est que de même que des pièces d’or peuvent former un tas, mais enlevées au tas elles restent des pièces identiques d’or comme avant, ainsi les éléments de l’Église, dont le Concile cite comme exemples « foi, espérance, charité et autres dons de l’Esprit Saint », peuvent être reconnus comme existant identiques hors de l’Église catholique. Mais Notre Seigneur dit que les branches coupées de sa vigne sèchent et meurent (Jn.XV, 6). Et quelle est sa vigne si ce n’est son Église ?

La troisième citation tire la conclusion logique, un peu plus loin dans le même document (U.R. # 3) : « En conséquence, ces Églises et communautés séparées (de l’Église catholique) . . . ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d’elles comme de moyens de salut . . . ». Mais comme l’a dit Monseigneur Lefebvre : « Dans la mesure où ces communautés se trouvent séparées de l’Église catholique, elles ne peuvent jouir de l’assistance de l’Esprit Saint, puisque leur séparation signifie une résistance à l’Esprit Saint. Celui-ci ne peut agir directement que sur des âmes, il ne peut utiliser directement que des moyens, qui ne montrent aucun signe de séparation ».

Vatican II a mal compris ce qu’est l’essence même de l’Église. Voyons ensuite avec l’aide du Dr. Schüler comment Benoît XVI a en même temps et freiné et accéléré cette incompréhension.

Kyrie eleison.

L’Oecuménisme de Benoît – II

L’Oecuménisme de Benoît – II on avril 7, 2012

Comme dans toute controverse suscitée par les terribles ambiguïtés du Vatican II, prouver ou essayer de réfuter ce qu’expose le Dr. Wolfgang Schüler dans son livre « Benoît XVI et l’Auto-compréhension de l’Eglise » pourrait nécessiter beaucoup de temps et d’articles érudits. Cependant la ligne principale de son argument est assez claire, et elle mérite bien d’être présentée aux lecteurs du « Commentaire Eleison » afin de les aider à voir clair au milieu d’une si grande confusion. En ce sens, tout en ayant leurs limites, les comparaisons peuvent vraiment aider la compréhension.

Un tout peut être composé de parties de deux façons différentes : comme un arbre vivant ou comme un tas de pièces de monnaie. Ou bien le tout est primaire et les parties sont secondaires, comme dans le cas de l’arbre, ou les parties sont primaires et le tout secondaire comme dans le cas du tas de pièces de monnaie. L’arbre comme un tout prime, parce que les branches qui sont ses parties peuvent être coupées mais l’arbre continue à vivre sa vie comme arbre et fait pousser de nouvelles branches, tandis que les branches coupées perdent leur vie et se transforment en quelque chose de totalement différent, comme une bûche ou une chaise. Au contraire, chaque pièce de monnaie séparée du tas de pièces demeure exactement ce qu’elle était dans le tas, et il suffit qu’un assez grand nombre de pièces soit séparé du tas pour que ce soit le tas qui disparaisse.

Or, prise comme un tout, l’Eglise catholique ressemble-t-elle davantage à l’arbre ou au tas de pièces ? L’Eglise catholique est cette société spéciale d’êtres humains naturels qui sont unis dans cette société par trois choses : la Foi, les sacrements, et la hiérarchie. A ces trois éléments c’est Dieu lui-même qui leur donne d’exister. La Foi est dans l’esprit une vertu surnaturelle que Dieu seul peut donner. Les sacrements utilisent des éléments matériels tels l’eau et l’huile, mais ce qui en fait des sacrements c’est la grâce surnaturelle qu’ils véhiculent et qui a pour source Dieu seul. De même, la hiérarchie est composée d’êtres humains naturels, mais s’ils ne sont pas mus par Dieu ils ne suffiront jamais par eux-mêmes pour guider les âmes vers le Ciel.

Il en résulte que l’Eglise catholique ressemble davantage à un arbre en vie qu’à un tas de pièces de monnaie, fussent-elles d’or. Parce que, de même que tout organisme vivant possède en lui-même un principe de vie qui lui donne son existence et son unité, ainsi l’Eglise catholique a en elle-même d’abord Dieu Lui-même et ensuite la hiérarchie, pour lui donner son existence et son unité. Lorsque ce qui était une partie de l’Eglise se sépare de la hiérarchie par le schisme, ou renonce à la Foi par l’hérésie, elle cesse d’être catholique pour devenir autre chose, comme les Orthodoxes schismatiques ou les Protestants hérétiques. Il est vrai que les croyants Orthodoxes ont pu conserver des sacrements valides, mais puisqu’ils ne sont plus unis au Vicaire du Christ à Rome, personne de raisonnable ne les prend pour des catholiques.

Survient alors Vatican II. Il change l’idée qu’avait l’Eglise d’elle-même, à savoir celle d’un arbre vivant ou d’une vigne (selon la comparaison même de Notre Seigneur : Jn XV, 1–6 ), en celle d’un tas de pièces d’or. Pour avoir voulu ouvrir l’Eglise au monde moderne, les hommes de l’Eglise Conciliaire ont commencé par dissoudre les frontières de l’Eglise (L.G.8). Ceci leur permit de prétendre qu’il existe des éléments de l’Eglise du Christ en-dehors des limites visibles de l’Eglise Catholique (U.R.3), tels des pièces d’or séparées de leur tas. Et puisqu’une pièce d’or reste une pièce d’or, ils ont pu ensuite pousser plus loin leur argument en affirmant (U.R.3) que ce qui constituait des éléments de salut à l’intérieur de l’Eglise demeure tel en-dehors de l’Eglise. De là d’innombrables âmes tirent la conclusion naturelle que désormais je n’ai plus besoin d’être catholique pour parvenir au Ciel. Voilà le désastre de l’œcuménisme Conciliaire.

Nous devrons maintenant analyser plus en détail ces textes de Vatican II avant de considérer les efforts du Pape Benoît pour intégrer l’œcuménisme qui divise l’Eglise dans la doctrine catholique qui l’unifie.

Kyrie eleison.

L’Oecuménisme de Benoit – I

L’Oecuménisme de Benoit – I on février 25, 2012

Une remarquable étude de l’œcuménisme conciliaire est apparue en Allemagne il y a quelques années, écrite par un certain Dr. Wolfgang Schüler. Dans « Benoît XVI et Comment l’Eglise se Voit Elle-même », il démontre que l’œcuménisme répandu par Vatican II a transformé la compréhension qu’Elle a d’Elle-même, et il prouve par une série de citations textuelles de Joseph Ratzinger comme prêtre, Cardinal et Pape, que celui-ci a promu cette transformation d’une façon parfaitement cohérente, depuis l’époque du Concile jusqu’à aujourd’hui. Et ce ne sera pas pour lui de quoi avoir honte.

Dans un ordre logique – cela prendra plus d’un « Commentaire Eleison » – voyons d’abord la véritable conception que l’Eglise a d’Elle-même, et alors avec l’aide du Dr. Schüler, comment cette conception fut changée par le Concile et comment Benoît XVI a promu d’une façon cohérente ce changement. Finalement nous tirerons les conclusions qui s’imposent pour les catholiques qui veulent garder la vraie Foi.

La vraie Eglise catholique s’est toujours vue Elle-même comme un tout organique, une société une, sainte, catholique et apostolique, constituée par des êtres humains unis par la Foi, les sacrements et la hiérarchie romaine. Cette Eglise est tellement une, qu’aucun élément ne peut en être arraché ni enlevé sans cesser d’être catholique (cf. Jn. XV, 4–6). Par exemple, la Foi qui constitue l’élément de base du croyant catholique ne peut être fragmentée, mais doit être gardée dans son intégralité (au moins implicitement) ou pas du tout. Et cela parce que c’est sur l’autorité de Dieu révélant les dogmes de la Foi catholique que je crois en eux, de telle sorte que si je rejette un seul dogme, je rejette du coup l’autorité de Dieu qui les cautionne tous, auquel cas même si je crois à tous les autres dogmes, ma croyance ne repose plus sur l’autorité de Dieu mais seulement sur mon propre choix.

En réalité le mot « hérétique » vient du mot grec « choisir » (hairein), car la croyance d’un hérétique étant fondée uniquement sur son propre choix, il a par là même perdu la vertu surnaturelle de foi, de telle sorte que même s’il ne rejette qu’un seul dogme de Foi, il n’est plus catholique. Dans une célèbre citation, Saint Augustin dit : « Sur beaucoup de choses vous êtes avec moi, sur peu vous n’êtes pas avec moi, mais à cause de ce peu pour lequel vous n’êtes pas avec moi, le beaucoup pour lequel vous êtes avec moi ne vous sert à rien. »

Par exemple un Protestant peut croire en Dieu ; il peut même croire à la divinité de l’homme Jésus de Nazareth, mais s’il ne croit pas à la Présence Réelle de Dieu, corps, sang, âme et divinité, sous les apparences du pain et du vin après leur consécration à la Messe, alors il a un concept profondément différent et déficient de l’amour de Jésus-Christ et du Dieu auquel il croit. Peut-on alors dire que le vrai Protestant et le vrai Catholique croient au même Dieu ? Vatican II dit qu’on peut le dire, et sur la base de croyances qu’il suppose plus ou moins partagées entre les catholiques et tous les non-catholiques, il construit son œcuménisme. Au contraire le Dr. Schüler illustre par une série de comparaisons que lorsque deux croyances qui semblent être la même font en réalité partie de deux credo différents, ce n’est plus du tout la même croyance. Voici une illustration : les molécules d’oxygène mélangées à l’azote sont exactement les mêmes qui se composent avec l’hydrogène, mais elles sont aussi différentes dans les deux cas que l’air que nous respirons (O+4N) est différent de l’eau que nous buvons (H2O) ! A suivre.

Kyrie eleison.