Mgr Bernard Fellay

Organiser la Résistance ?

Organiser la Résistance ? on septembre 7, 2013

Faut-il organiser la « Résistance » d’aujourd’hui, et comment ? Le débat continue (définissons ici la « Résistance » comme ces anciens membres ou fidèles de la Fraternité St Pie X qui ont été tellement perturbés par sa nouvelle orientation, sortie récemment au grand jour, qu’ils entendent agir pour lui tenir tête). En gros, les jeunes (relativement parlant) veulent organiser pour coordonner l’action et la rendre plus efficace, tandis que les anciens pensent plutôt qu’une structure organisée n’est plus possible ni même peut-être souhaitable dans les circonstances chaotiques actuelles.

Tout d’abord, il faut prendre la mesure du chaos. La cause essentielle en est que le pasteur est frappé et les brebis dispersées (Zach. XIII, 7 ; Mt. XXVI, 31). Qu’on le croie ou non, qu’on le veuille ou non, pour le monde entier ce pasteur est le Pape catholique. En effet, ne constatons-nous pas depuis des années que s’il perd la tête, sa tête catholique, personne d’autre ne sait rétablir l’ordre ? La raison en est que Notre Seigneur a fait de son Église le sel de la terre et la lumière du monde (Mt. V, 13–14), et il a construit cette Église comme une monarchie, construction que même Vatican II n’a pu défaire. Donc personne ne peut prendre la place du Pape, et s’il prend sur lui de prononcer par exemple, « Qui suis-je pour condamner un homosexuel qui cherche Dieu ? », comme l’a dit récemment l’occupant actuel du Siège de Pierre, alors comme le dit Othello, « Le chaos est revenu », et on ne peut pas y faire grande chose, si ce n’est prier Dieu pour qu’il intervienne.

N’empêche, Mgr Lefebvre a fait tout ce qu’il a pu, et par la miséricorde de Dieu il a créé un îlot de santé et d’ordre, la FSPX. Mais bien entendu, sous la pression d’un Pape Conciliaire après l’autre, ses successeurs aussi ont cédé. Ils se demandent, « Comment peut-on désobéir au Pape et en même temps être Catholique ? » – voilà encore de la confusion et du chaos. Pourtant Mgr Lefebvre a tellement bien réussi à organiser la résistance au Concile que bon nombre de ceux qui l’ont compris veulent organiser la résistance à ceux qui le trahissent. Mais est-ce possible ? Voilà la question qui se pose.

Un sage confrère, assez âgé pour avoir combattu fortement et efficacement aux côtés de Mgr Lefebvre dans l’expansion mondiale de la Fraternité dans les années 1970 et 1980, se souvient de ces débuts où de nombreux prêtres à travers le monde réussirent à tenir tête au Concile, et cela indépendamment les uns des autres et de Mgr Lefebvre. Ils l’écoutaient parce que ce qu’il disait était sensé et catholique, et pour cela ils acceptaient son autorité morale, mais aucun d’entre eux ne lui obéissait au sens strict, et à aucun il ne demandait de le faire. Car sans le Pape l’obéissance catholique au sens strict était, et reste, impossible. De plus ce confrère rappelle que même la Fraternité de Mgr Lefebvre a su résister à l’Église libérale et au monde pendant seulement 30, disons 40 ans, et la situation actuelle s’est bien dégradée depuis son temps. Lorsque la patrie est occupée par une armée ennemie, conclut ce confrère, on ne peut plus organiser une armée de défense, il ne reste plus que la guerre de guérilla.

Et à mon avis ce confrère décrit correctement comment le chaos s’est accru par la chute de la FSPX : « Lorsque TOUT paraîtra perdu, y compris la petite FSPX, c’est alors qu’arrivera l’heure de Dieu et du Cœur Immaculé de Marie (elle l’a bien dit lors d’une de ses apparitions). La grande illusion de Mgr Fellay, c’est d’avoir cru que la grande FSPX allait sauver l’Église. Et le Diable y ajouta, « depuis l’intérieur, comme un cheval de Troie ». Au contraire tout ce que nous devions faire, c’était de construire l’arche de Noé, et de continuer de la construire selon le plan du Fondateur pour le petit reste des croyants, jusqu’au Déluge. Un illuminé a anticipé l’ouverture de la porte et l’arche s’en est inondée. Que Dieu ait pitié de nous. Cet illuminé n’a pas été Noé, il a été le Capitaine du Titanic. »

Kyrie eleison.

Le Mal Perdure – II

Le Mal Perdure – II on août 3, 2013

Pour affirmer qu’il n’y a pas eu de changement significatif dans la politique de la Fraternité St Pie X, on dit d’une part que la Déclaration Doctrinale de la mi-avril, 2012, ayant été refusée par Rome, n’est plus d’aucun intérêt et peut être oubliée, et d’autre part on recourt maintenant à la récente Déclaration des trois évêques du 27 juin, faite de toute évidence pour rassurer les fidèles que le canot de sauvetage qu’est la Fraternité St Pie X n’a souffert aucun dommage et reste parfaitement en état de naviguer. Mais ceux qui ne veulent pas s’y noyer doivent regarder de plus près.

C’est bien le onzième paragraphe de cette Déclaration qui est devenu notoire. Bref, les trois évêques y affirment qu’ils entendent à l’avenir suivre la Providence, soit que Rome revienne bientôt à la Tradition, soit qu’elle reconnaisse explicitement le droit et devoir de la Fraternité de s’opposer en public aux erreurs du Concile. Or, le retour de Rome à la Tradition est exclu parce que rien de moins qu’une intervention de Dieu ne fera que les ennemis de Dieu, maîtres incontestés du pouvoir au Vatican, lâcheront leur Concile. Donc les trois évêques que peuvent-ils avoir voulu dire par la « reconnaissance explicite » du « droit et devoir » de la Fraternité de s’opposer au Concile ?

Le sens naturel de ces mots c’est que Rome accorderait à la Fraternité un statut officiel dans l’Église officielle, une forme de régularisation canonique. De toute évidence une reconnaissance de ce genre est ce que poursuivent les chefs de la Fraternité depuis qu’ils ont adopté les idées de la boîte à penser parisienne, GREC, il y a bien plus de dix ans. Mais lorsque ces mêmes chefs au mois d’avril, 2012, ont accepté en grande partie les termes exigés par Rome pour une telle reconnaissance, une protestation si forte s’est élevée dans la Fraternité qu’ils ont été obligés de faire semblant qu’ils ne voulaient plus d’une reconnaissance selon les termes de la mi-avril. Alors qu’est-ce que peut bien signifier une « reconnaissance explicite »du « droit et devoir » de la Fraternité de s’opposer, etc. ?

Peu après le 27 juin, le Supérieur du District français leur a posé précisément cette question. On lui a répondu qu’il ne s’agissait pas nécessairement d’une reconnaissance officielle, mais tout simplement de l’éventualité d’un Pape assez catholique d’une part pour reconnaître en privé ce « droit et devoir », mais trop isolé et faible dans la Curie romaine d’autre part pour pouvoir rendre publique et officielle cette reconnaissance. Et le Supérieur de District semble s’être contenté de cette réponse, en la transmettant tout de suite aux prêtres de son District.

Eh bien, je tombe à la renverse ! D’abord, qui aurait jamais deviné que c’était à cela que pensaient les évêques lorsqu’on lit ce texte du 27 juin, 2013 ? Et ensuite, qu’y a-t-il dans ce texte qui exclue toute une gamme d’autres possibilités que les évêques accepteraient sous prétexte de « suivre la Providence » ? Étant donné que le 17 juin, 2012, Mgr Fellay a écrit à Benoît XVI qu’il ferait tout dans son pouvoir pour poursuivre encore une réconciliation entre Rome et la Fraternité, qu’y a-t-il dans le texte qui empêcherait les roublards romains de faire éventuellement aux évêques une offre qu’au nom de la « Providence » – bien sûr – ils ne pourraient refuser ?

S’il y en a qui prennent au sérieux cette explication donnée au Supérieur de District français, je leur souhaite bonne chance. N’empêche, il y a beaucoup d’entre nous qu’il faudra encore persuader que les chefs de la Fraternité ont renoncé à leur rêve délirant de concilier les inconciliables. Jusqu’à preuve claire du contraire nous resterons persuadés que ces chefs, pour inconscients qu’ils y soient, entendent toujours faire de ce canot de sauvetage que devrait être la Fraternité un canot de noyade. Et quand tout le monde se noiera, voyez si ce ne sera pas à l’océan qu’ils feront porter toute la responsabilité !

Kyrie eleison.

Le Mal Perdure – I

Le Mal Perdure – I on juillet 27, 2013

Pour défendre la Déclaration Doctrinale (DD) très mauvaise qu’a soumise officiellement la Fraternité St Pie X aux autorités romaines au mois d’avril l’année dernière comme base d’un accord pratique entre Rome et la Fraternité, on dira souvent que la DD, une fois refusée par Rome, n’a plus aucun intérêt et mérite d’être oubliée. Mais dans le dernier numéro du Recusant, revue de la « Résistance » récemment parue en Angleterre, on lit un argument contraire qui mérite une sérieuse considération. Le voici, en citations directes, ou résumé :—

« La DD, comme le manifestent et son nom et son contenu, est la proclamation que certaines positions doctrinales portant sur des questions de toute première importance dans la crise actuelle de l’Église, sont acceptables pour la Fraternité. Le problème c’est que plusieurs des positions prises dans la DD ne sont pas acceptables. » Par exemple devant le Chapitre Général de la Fraternité tenu il y a un an, un théologien éminent de la Fraternité a conclu, « Cette Déclaration est donc profondément ambiguë et pèche par omission contre la dénonciation claire et nette des erreurs principales qui sévissent encore à l’intérieur de l’Église et détruisent la foi des fidèles. Cette Déclaration telle qu’elle se présente laisse supposer que nous accepterions le présupposé de ‘l’herméneutique de la continuité’. »

« Donc le mal résultant de la DD est celui d’une prise de position publique qui est douteuse du point de vue doctrinal. » Et en tant que telle, elle n’a été ni « retirée » ni « renoncée ». De fait, Mgr. Fellay refuse systématiquement d’admettre que sa Déclaration soit d’aucune façon douteuse. Tout au plus reconnaît-il qu’il a essayé d’être « trop subtil », mais il n’admet pas qu’une telle subtilité soit tout à fait déplacée lorsqu’il s’agit de défendre la Foi. Mgr. Fellay se plaint que l’unique problème c’est qu’il « n’a pas été correctement compris », même par des membres de la Fraternité hautement compétents en théologie. Entre autres il permet à l’abbé Themann aux USA de défendre la DD dans des conférences publiques, enregistrées et distribuées aux fidèles. »

Certes, le mal aurait pu être bien pire si Rome avait accepté la DD, mais cela ne diminue pas les ravages qui résultent de sa manifestation de ce qui est doctrinalement acceptable pour la Fraternité. Si en effet Mgr. Fellay dit qu’il « retire » ou « renonce à » la DD, il est fort probable qu’il veut dire par là pas plus qu’elle était inopportune à ce moment-là, parce qu’elle pouvait causer des divisions à l’intérieur de la Fraternité. « Jamais il n’a même insinué que la DD soit doctrinalement douteuse ou inacceptable. Pourtant ci-gît le vrai problème dès le début, et ce problème-ci est loin d’être résolu : le Supérieur Général donne l’impression de se refuser à faire une profession sans ambiguïté de la position de la Fraternité. »

En conclusion, le scandale causé par la DD n’a toujours pas été réparé. « Et essayer de minimiser l’importance de l’affaire pour maintenir ou restaurer la paix et l’unité parmi les fidèles risque de les faire penser que la doctrine n’est pas si importante que cela, pourvu que l’on puisse continuer tranquillement comme on est, avec la vraie Messe, etc. » Minimiser ainsi l’affaire ne fera qu’aggraver le scandale. (Fin de l’article du Recusant ).

Cet article expose de façon bien modérée le problème posé par cette DD, ni rétractée ni désavouée par Mgr Fellay. Car comment une Congrégation catholique peut-elle conserver et servir la Vérité lorsqu’elle est menée par un Supérieur qui se joue si obstinément de la Vérité ? Si la Fraternité représente un canot de sauvetage, ou bien elle se débarrasse de ce Capitaine illusionné qui cherche sans cesse à percer des trous dans le fond du canot, ou bien la Fraternité d’un canot de sauvetage devient un canot de noyade. Que le Bon Dieu dans sa miséricorde ouvre les yeux à la Fraternité.

Kyrie eleison.

La Résistance Avance

La Résistance Avance on juillet 13, 2013

La célébration aux États-Unis des 25 ans des Sacres épiscopaux fut un grand succès. Une douzaine de prêtres et un évêque l’ont fêtée avec deux Messes pontificales les 29 et 30 juin dans le jardin du presbytère de Monsieur l’abbé Ronald Ringrose à Vienne, Virginia (près de Washington), avec une assistance d’environ 250 à 300 fidèles à chaque Messe. Du point de vue liturgique ces cérémonies ont pu laisser quelque peu à désirer, car aucune paroisse ne dispose des ressources d’un séminaire en fonctionnement. Néanmoins, ce qui est beaucoup plus important c’était l’état d’esprit des fidèles : serein, sans amertume ni colère, mais avec une vue claire que la Fraternité St. Pie X s’est gravement égarée, et que pour maintenir la Foi ils doivent y faire quelque chose. Bon nombre de ces fidèles vinrent de fort loin dans les États-Unis, et même de l’étranger.

Le jour précédent, l’Abbé Ringrose avait accueilli dans son presbytère pour délibérer pendant une journée les douze prêtres en provenance du Brésil, du Canada, de Colombie, des États-Unis, de France, d’Angleterre et du Mexique. Aucun organisme nouveau ne fut créé ni aucun autre mécanisme administratif, par contre on en vint à une nouvelle Déclaration qui se termine par une longue citation de Monseigneur Lefebvre au sujet de la reconstruction de la Chrétienté à partir de zéro. L’état d’esprit des prêtres fut comme celui des fidèles, tranquille et résolu, dans l’unité des volontés, les prêtres étant déterminés simplement à sauver ce qu’ils peuvent encore sauver de ce que l’état-major de la Fraternité est en train de trahir.

Trahir ? Mais n’est-il pas vrai que les trois évêques de la FSPX, Mgr. Tissier, Mgr.Fellay et Mgr.de Galarreta ont publié une Déclaration le 27 juin selon laquelle ils semblent revenir à ce que la FSPX a défendu depuis le début ? Attention ! Comme le disent les Latins, le venin se trouve dans la queue ( in cauda venenum . . . ). Le onzième des 12 paragraphes déclare que les trois évêques ont l’intention de suivre la Providence, « soit que Rome revienne à la Tradition . . . soit qu’elle (Rome) admette explicitement notre droit à professer intégralement la foi et à rejeter les erreurs qui s’y opposent ».

Or voici ce que déclare l’Abbé Ringrose, compagnon d’armes de la FSPX depuis près de 30 ans, mais qui ne l’accompagne plus dans cette nouvelle orientation suicidaire qu’elle a décidé de suivre. Il écrit dans le bulletin de sa paroisse au sujet de ce onzième paragraphe :

« Or donc, même dans le cas où Rome persiste dans son modernisme, acceptez-nous de toute façon. Nous serons satisfaits d’être une religion de plus dans le panthéon Conciliaire, au milieu des hérétiques, des œcuméniaques, des panthéistes ou de n’importe quoi d’autre qui s’y trouve. La Déclaration semble indiquer un mouvement de retour vers ce que la FSPX a toujours défendu, mais en fait la porte pour un accord (entre la FSPX et Rome) demeure ouverte. En réalité rien n’a vraiment changé.Le contenu de la boîte de conserve reste le même. Seule l’étiquette collée sur la boîte ressemble un peu plus à ce que disait Monseigneur Lefebvre ».

Et les fidèles semblent voter avec leurs pieds. D’après les informations il n’y aurait eu que 200 à 300 personnes pour assister à la célébration des 25 ans des Sacres à Écône, peu de gens en comparaison avec ce qui y est habituel pour des cérémonies pareilles, et presque la moitié des sièges serait restée vide lors des ordinations sacerdotales annuelles à Écône. En tout cas il semblerait que la trahison est en train d’affaiblir sérieusement la Fraternité, tandis qu’il y a des prêtres et laïcs qui se réveillent face à ce qui est en train de se passer. Voilà pourquoi en toute probabilité la résistance se dressera de jour en jour plus fortement.

Kyrie eleison.

Voyage en Asie

Voyage en Asie on juin 15, 2013

Plusieurs lecteurs de ce Commentaire se sont plaints du numéro d’il y a deux semaines sur la paralysie de l’autorité. A partir de son argument que d’ici jusqu’au « Châtiment imminent » il ne sera plus possible de poser une Congrégation catholique sur des fondements catholiques normaux, ils ont conclu que selon moi il n’y a plus autre chose pour un évêque à faire que d’attendre que Dieu intervienne. Mais dans ce cas-là pourquoi est-ce que je viens de passer deux semaines en Asie ? Et pourquoi me trouvé-je maintenant en Irlande ? De même ils ont conclu que jamais je ne sacrerai un autre évêque. Je réponds : si Dieu veut, attendez voir.

De fait il y a beaucoup à faire pour un évêque qui veut visiter et encourager les âmes qui s’efforcent de garder la Foi, alors que de toute évidence le Quartier Général de la FSPX s’acharne toujours à la jeter dans les bras de la Rome conciliaire. Le 17 juin Mgr. Fellay a écrit à Benoît XVI, «  J’ai l’intention de faire tout mon possible pour poursuivre ce chemin (de la réconciliation avec Rome) pour arriver aux clarifications nécessaires. » Et dans la même lettre, «  Malheureusement, dans la situation présente de la Fraternité » la Déclaration Doctrinale de Mgr Fellay du 15 avril, telle que les Romains l’ont modifiée le 13 juin «  ne passera pas. » Donc il aurait été mieux si la Fraternité eût accepté la Déclaration avec ses modifications romaines ?

C’est le Quartier Général qui a rendu public cette évidence écrite de la détermination inchangée de Mgr Fellay de brader la Fraternité de Mgr Lefebvre. Par contre il aurait dit au Supérieur du District de France que ce n’est qu’ «  au nom du Pape » qu’il a écrit ce «  malheureusement », et à la Mère Supérieure du Carmel en Belgique il aurait dit qu’il «  n’a jamais eu l’intention de poursuivre un accord pratique avec Rome. » Hélas, l’habitude de Mgr Fellay d’adapter ce qu’il dit selon son auditoire est tellement connue que de telles paroles ne prouvent nullement qu’il n’entende pas brader la Fraternité de Mgr Lefebvre. Sa capacité ahurissante d’arranger et de déplacer les meubles mentaux dans son esprit mérite à elle seule un « Commentaire », mais en attendant, qui peut s’étonner si ce phénomène auquel on donne le nom de la « Résistance » surgit spontanément dans le monde entier ?

Entre le 24 mai et le 6 juin j’ai visité avec l’abbé François Chazal une bonne partie de son troupeau de quelque 400 âmes, et j’en ai confirmé plus de 50 dans la Corée du Sud, aux Philippines et à Singapour. L’abbé Chazal est un « numéro ». Il est perspicace et amusant. Si jamais vous le rencontrez, demandez-lui de vous régaler avec son imitation d’un politicien des Indes (il affirme que les Indiens ont bon dos et ne lui en veulent pas).

En Corée du Sud la réorientation de la Néo-fraternité a causé une division dure qui n’a fait que provoquer la donatrice de la première chapelle à en donner une seconde. J’ai eu le plaisir de célébrer le mariage de sa fille. Aux Philippines, au moment même où j’arrivais, un prêtre d’un certain âge qui avait fui il y a des années la Néo-église pour travailler avec la Fraternité, fuyait la Néo-fraternité pour travailler avec la Résistance. Il paraît que l’abbé Chazal va lui confier et les débuts d’un séminaire qu’il veut fonder, et l’apostolat de toutes les Philippines centrales. Le travail ne lui manquera pas. A Singapour, vitrine en Orient du matérialisme de l’Occident, une bonne famille chinoise avec leurs amis a néanmoins bien compris le drame de la transformation de la Fraternité en Néo-fraternité. La vérité va faire sauter cette Néo-fraternité, tout comme elle est en train de faire sauter la Néo-église du Novus Ordo.

Voici beaucoup d’âmes à soutenir sur le chemin du Ciel. Y a-t-il des candidats qui s’offrent pour être sacrés comme évêques ?

Kyrie eleison.

Déclaration Doctrinale – I

Déclaration Doctrinale – I on avril 13, 2013

La Déclaration Doctrinale du 15 avril de l’année dernière, rédigée par le Supérieur Général (SG) de la Fraternité Saint Pie X comme projet pour la réintégration de la Fraternité dans l’Église officielle, a fait son apparition publique presqu’un an plus tard. Elle a eu pour but de plaire en même temps à la Rome Conciliaire et aux « Traditionnalistes ». (« On peut la lire avec des lunettes noires ou roses » a dit le SG en public). De fait, elle a plu aux Romains qui déclarèrent qu’une telle Déclaration Doctrinale représentait une « avancée » en leur direction. Elle n’a pas plu aux Traditionnalistes qui ont vu en elle (ou en ce qu’ils en ont connu) une ambigüité équivalente à une trahison de la bataille pour la Foi Catholique menée par Mgr. Lefebvre, à tel point qu’ils ont estimé que son acceptation par les Romains aurait suffi pour détruire sa Fraternité.

En fait, lorsque le SG se rendit chez les Romains le 11 juin pour recevoir leur décision, il s’attendait vraiment à ce que les Romains l’aient acceptée. Nombreux sont les observateurs qui ont pensé que la raison principale pour laquelle les Romains n’ont point accepté la Déclaration Doctrinale est parce qu’entre-temps la lettre du 7 avril des Trois Evêques au SG a été publiée. Cette lettre avertissait les Romains que le SG ne pourrait se faire suivre par toute la Fraternité, contrairement à ce qu’il a pu leur faire croire, mais comme ils ont voulu qu’il le fît. Ils ne voulaient ni ne veulent une nouvelle scission qui permette à la Tradition de prendre un nouvel essor.

Quoiqu’il en soit, un article court comme celui-ci permet de présenter une seule raison importante pour affirmer que si les Romains avaient accepté la proposition de la Déclaration Doctrinale, c’en était fini de la FSPX. Mgr. Lefebvre déclara, et prouva, que Vatican II était une cassure ou rupture par rapport à l’enseignement précédent de l’Église. Sur cette prémisse s’est fondé et repose toujours le mouvement catholique Traditionnel. C’est pourquoi, confronté aux progrès de la résistance de ce mouvement qui s’opposait à son cher Vatican II, Benoît XVI proclama dès le début de son pontificat en 2005 l’ « herméneutique de la continuité ». Grâce à celle-ci le Concile qui (objectivement) contredit la Tradition, doit être (subjectivement) interprété de telle sorte qu’il ne la contredise plus. Ainsi doit disparaître toute opposition ou rupture entre le Concile et la Tradition catholique.

Voyez maintenant le septième paragraphe (III, 5) de la Déclaration Doctrinale. Il déclare que les affirmations de Vatican II qui seraient difficiles à concilier avec tout l’enseignement précédent de l’Église, (1) « doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière et ininterrompue, de manière cohérente avec les vérités précédemment enseignées par le Magistère de l’Église, (2) sans accepter aucune interprétation de ces affirmations qui peuvent porter à exposer la Doctrine catholique en opposition ou en rupture avec la Tradition et avec ce magistère ».

La première partie ici (1) est parfaitement vraie tant qu’elle signifie que toute nouveauté Conciliaire « difficile à concilier » sera immédiatement rejetée si elle contredit objectivement l’enseignement antérieur de l’Église. Mais entendue ainsi, (1) est directement contredite par (2) lorsque (2) dit qu’aucune nouveauté Conciliaire ne saurait être « interprétée » comme étant en rupture avec la Tradition. C’est comme si quelqu’un disait que toutes les équipes de football doivent porter des maillots bleus, mais que les maillots de toute autre couleur doivent être interprétés comme étant rien d’autre que bleus ! Quelle bêtise ! Mais voilà exactement l’ « herméneutique de la continuité ».

Donc, les soldats qui gardent la dernière forteresse de la Foi qui soit organisée à échelle mondiale, se rendent-ils compte de ce que leur Commandant est en train de penser ? Se rendent-ils compte que sa solennelle déclaration de la doctrine de la FSPX fait paraître qu’il pense de la même façon qu’un chef de leurs ennemis ? Sont-ils heureux qu’on les conduise à penser comme les ennemis de la Foi ? En effet, toutes les idées doivent être catholiques, mais de telle sorte que les idées non-catholiques seront « interprétées » dorénavant comme étant catholiques. Réveillez-vous,camarades ! Dans le Quartier Général on pense comme l’ennemi.

Kyrie eleison.