Mgr Marcel Lefebvre

Le Cinquantisme Est de Retour

Le Cinquantisme Est de Retour on janvier 12, 2013

Question d’une actualité brûlante : Comment les chefs de la Fraternité Saint Pie X qui a été fondée par l’Archevêque Lefebvre pour résister à la Nouvelle Église, recherchent-ils maintenant ses faveurs dans le but de la rejoindre ? Une réponse est qu’ils n’ont jamais compris complètement l’Archevêque. Après le désastre de Vatican II dans les années 60, ils virent en lui la meilleure continuation de l’Église des années 1950, qui avait préparé, en réalité, le désastre. De fait, l’Archevêque était beaucoup plus que cela, mais après sa mort, tout ce qu’ils voulaient était en revenir au Catholicisme commode des années 50. Et ils n’étaient pas seuls à préférer le Christ sans sa Croix. C’est une formule très populaire.

En effet, le Catholicisme des années 50 n’était-il pas comme un homme debout sur le bord d’une haute et dangereuse falaise ? D’une part, il se trouvait encore à une grande hauteur, autrement Vatican II n’aurait pas été une chute aussi vertigineuse. D’autre part, il se trouvait dangereusement près du bord de la falaise, autrement, sa chute n’aurait pas été aussi rapide qu’elle le fut dans les années 60. En aucune façon tout n’était pas mauvais dans l’Église des années 50, mais elle était trop près du désastre. Pour quoi ?

Parce que les Catholiques en général dans les années 50 maintenaient extérieurement les apparences de la vraie religion, mais intérieurement trop d’entre eux flirtaient avec les erreurs athées du monde moderne : le libéralisme (ce qui compte le plus dans la vie est la liberté), le subjectivisme (de telle sorte que l’esprit et la volonté de l’homme doivent être libres de toute vérité objective ou loi), l’indifférentisme (ainsi peu importe que puisse être la religion d’un homme), et ainsi de suite. Ainsi les Catholiques ayant la Foi et ne voulant pas la perdre, s’adaptaient peu à peu à ces erreurs. Ils allaient à la Messe le dimanche, parfois ils se confessaient, mais ils alimentaient leurs esprits des vils media, et leurs cœurs supportaient difficilement certaines lois de l’Église, sur le mariage chez les laïcs, sur le célibat dans le clergé. Ainsi, ils pouvaient conserver la foi, mais ils voulaient de moins en moins nager contre le puissant courant du monde enchanteur et incroyant qui les entourait. Ils s’approchaient de plus en plus du bord de la falaise.

Il est possible que l’Archevêque ait eu certaines faiblesses, dont on peut penser voir certains reflets dans les difficultés que la Fraternité traverse actuellement. Nous ne devons pas faire de lui une idole. Toutefois, il était dans les années 50 un évêque qui conservait à la fois les apparences du Catholicisme et aussi, profondément ancrée en lui, sa substance, comme le prouvent les fruits magnifiques de son ministère apostolique en Afrique. Ainsi alors que Vatican II réussit à duper ou paralyser la plupart de ses confrères évêques, il parvint à recréer, presque tout seul, un séminaire et une Congrégation pré-Vatican II. L’apparition de son oasis Catholique au milieu du désert conciliaire émerveilla de nombreux bons jeunes. Les vocations étaient également attirées par le charisme personnel de l’Archevêque. Mais dix à vingt ans après sa mort survenue en 1991, la substance de son héritage parut de plus en plus lourde (aux chefs) pour résister au courant toujours plus fort du monde moderne.

De sorte que, de moins en moins désireux de supporter la Croix d’être méprisés par le courant majoritaire de l’Église et du monde, les leaders de la Fraternité Saint Pie X commencèrent à rêver d’être à nouveau officiellement reconnus. Et le rêve s’imposa, car, après tout, les rêves sont tellement plus beaux que la réalité. Nous devons prier pour ces leaders de la FSPX. Les années 1950 ont disparu et ne reviendront absolument pas.

Kyrie eleison.

Feu Orange

Feu Orange on janvier 5, 2013

Certains parmi vous, lecteurs du « Commentaire Eleison » peuvent ne pas avoir trouvé l’admirable lettre d’il y a deux mois écrite par Monsieur l’Abbé Ronald Ringrose au Supérieur du District des Etats Unis de la Fraternité Saint Pie X, l’Abbé Arnauld Rostand. L’Abbé Ringrose fut pendant 30 ans le pasteur de la paroisse Traditionnelle de Saint Athanase juste à la limite de Washington D.C., et pendant toute cette période il a été l’ami fidèle, sans en être un membre, de la FSPX. Toutefois, au mois de Juin de l’année dernière, il fut l’hôte de la première réunion aux Etats Unis du noyau de prêtres qui forment maintenant une Résistance au changement de cap de la Fraternité, latent depuis longtemps, mais qui devint clair pour tous au printemps de l’année dernière. Etant un fidèle représentant de Monseigneur Fellay aux Etats Unis, l’Abbé Rostand lui écrivit pour lui proposer une réunion dans laquelle il pourrait convaincre l’Abbé Ringrose que le changement n’était pas un changement. Voici la réponse de l’Abbé Ringrose :—

« Je vous remercie de votre lettre du 12 Octobre dans laquelle vous proposez un rendez-vous pour discuter de la situation au sein de la Fraternité Saint-Pie X. Bien que ce soit une offre très aimable de votre part et que je l’apprécie beaucoup, je ne pense pas qu’une telle réunion soit utile, étant donné que les problèmes proviennent des hauts dirigeants de la Fraternité, et que vous n’êtes pas en mesure de changer cela.

Il est vrai que j’ai été un fervent partisan de la Fraternité depuis de nombreuses années. Ce soutien a été fondé sur le fait que ma mission en tant que prêtre, et la mission de la Fraternité étaient une seule et même mission d’aider les âmes à s’accrocher à la foi catholique au cours de cette période où elle semble avoir été abandonnée par la Rome post-conciliaire.

Maintenant, je dois être plus prudent et réservé dans ce soutien. Je suis alarmé que le Supérieur Général dise que 95% de Vatican II est acceptable. Je suis étonné que la Direction de la Fraternité réponde aux trois évêques de la Fraternité en suggérant qu’ils font des erreurs de Vatican II des « super-hérésies ». Je suis déçu que la réponse de la Fraternité à Assise III ait été si faible et anémique. Je suis attristé par les sanctions disciplinaires injustes envers les prêtres de la Fraternité qui suivent l’exemple de Mgr Lefebvre , et je suis indigné par le traitement de Mgr Williamson – et pas seulement par son expulsion récente, mais aussi par le traitement lamentable dont il a été l’objet au cours des dernières années.

Avant cette dernière année, lorsqu’un paroissien me demandait ce que je pensais de la Fraternité, je donnais toujours le feu vert. Étant donné les récentes actions de la Fraternité, je ne donne pas encore à la Fraternité le feu rouge, mais je donne le feu orange de la prudence. Le voyant rouge s’allumera si et quand la société se permettra d’être absorbée dans l’Église conciliaire à laquelle Mgr Lefebvre a si vigoureusement résisté.

C’est avec une grande tristesse que je vous écris ces mots. Il y a beaucoup de bons prêtres fidèles zélés dans les rangs de la Fraternité. Beaucoup d’entre eux que je connais personnellement et que j’admire. Beaucoup d’âmes dépendent d’eux. C’est par amour pour la Fraternité que je crains pour son avenir. Je crains qu’elle ne se trouve sur une voie suicidaire. La direction peut penser qu’un accord n’est plus d’actualité, mais je crains que ce ne soit pas la pensée de Rome.

Je prie pour que la Fraternité revienne à la mission que lui a donnée Mgr Lefebvre, sans compromis ou dissimulation. Quand elle le fera, elle aura mon soutien sans réserve. »

Et la lettre de l’Abbé Ringrose se termine par une salutation fraternelle. C’est vraiment un modèle de clarté d’esprit et de courtoisie, de fermeté et de charité. Bonne continuation, bravo, Monsieur l’Abbé Ringrose pour maintenir un bastion incomparable de Catholicisme tout près de la Capital des Etats Unis !

Kyrie eleison.

Alerte Culturelle

Alerte Culturelle on décembre 29, 2012

Alors que les dirigeants de la Fraternité Saint Pie X semblent chanceler, les catholiques qui aiment la Fraternité pour avoir tant reçu d’elle ces dernières années pourraient être tentés de penser qu’en tant que fidèles ils ne peuvent pratiquement rien faire pour changer la situation. Ils auraient tort. Qu’ils lisent les réflexions ci-dessous de l’un de mes amis, et ils pourront y entrevoir que si Dieu ne secourt pas la Fraternité pour eux, comme bien sûr Il pourrait le faire, cela aura dépendu d’eux-mêmes en partie au moins. Voici la lettre de mon ami, adaptée :—

« Un accord pratique serait désastreux pour la cause de la Tradition Catholique. Il suffit de voir ce qui est arrivé aux Rédemptoristes Traditionnels en Écosse . . . Les deux Messes ne peuvent pas coexister. L’une chassera toujours l’autre . . . Quand j’ai assisté récemment à une Nouvelle Messe, toute l’église était perturbée par les bavardages et les applaudissements comstants . . . Les deux côtés sont simplement trop éloignés l’un de l’autre pour qu’un accord puisse fonctionner. Aucun accord des esprits n’est possible entre la modernité et la Tradition.

« Il y a aussi la profonde révolution qui a emporté la civilisation moderne, y compris le mouvement Traditionnel, et qui n’a pas été perçue en grande partie par les dirigeants de la Tradition . . . La technologie électronique a provoqué une révolution culturelle dans la vie quotidienne, en particulier celle des jeunes générations. Si cette technologie n’est pas maniée comme il faut, elle affaiblira certainement la Foi parce qu’elle peut s’emparer de la vie toute entière des gens. Les jeunes se laissent facilement posséder par elle. Ils s’y accrochent tout au long de la journée.Ceux qui s’y laissent engloutir deviennent dysfonctionnels, incapables de se lever le matin, de maintenir une conversation vivante ou de garder un emploi.

« Or si une équipe sportive n’est pas tancée par son entraîneur, sa qualité de jeu commence à déchoir. Si les catholiques ne sont pas tancés au sujet d’activités culturelles comme la musique, l’habillement des femmes, ou la télévision, leurs normes culturelles commencent à chuter, ce qui a de profondes implications pour leur foi. Puisque la direction de la FSPX ou bien n’a pas perçu cette révolution culturelle, ou bien ne lui a pas prêté l’attention qu’elle mérite, les parents Traditionnels se trouvent abandonnés à eux-mêmes dans la lutte pour éloigner de leurs familles la mondanité de la société moderne. Je me suis entretenu en longueur avec beaucoup de familles Traditionnelles qui sont préoccupées par l’orientation qu’a prise le mouvement Traditionnel. Les mouvements religieux doivent prendre position sur les questions culturelles s’ils veulent porter des fruits. La Tradition se renforçait lorsqu’elle prenait fermement position contre la télévision. Mais si l’on ne résiste pas sur les questions culturelles, la résistance sur les questions doctrinales se met rapidement à s’affaiblir.

« Le dernier Chapitre de la FSPX l’a peut-être retenue du naufrage pour le moment, mais je n’en suis guère rassuré. Il a pris beaucoup de soin à définir les paramètres de toute discussion future avec Rome en vue d’un accord. Pourtant, dans le fond Rome n’a pas changé depuis 1988. A mon avis, la FSPX doit reprendre le rôle prophétique qu’elle jouait tant que Mgr. Lefebvre était encore en vie. Le mouvement Traditionnel a besoin de dénoncer fermement le modernisme et le libéralisme qui mènent l’Église catholique à sa destruction. Ces dénonciations ont été dernièrement mises en sourdine. Il se peut qu’un bon nombre de prêtres Traditionalistes ait été attiré par les facilités que leur apportera, pensent-ils, un accord avec Rome. »

A vous de jouer, chers lecteurs. Éloignez de votre foyer la musiquenulle et sans valeur. Débarrassez-vous des postes de télévision. Limitez au minimum l’électronique. Mères, portez des jupes aussi souvent que possible, c’est-à-dire la plupart du temps. Autrement, ne vous plaignez pas si Dieu ne vient pas au secours de la Fraternité. Il n’oblige personne à accepter ses dons. Béni soit son nom pour toujours.

Kyrie eleison.

Adieu, Wimbledon.

Adieu, Wimbledon. on décembre 15, 2012

Alors je suis parti de Wimbledon, ce qui a au moins l’avantage de correspondre à mon « expulsion » supposée de la Fraternité St Pie X. Mais ce départ n’est pas sans tristesse, parce que j’y ai passé presque quatre ans à partir de ma vraie expulsion de l’Argentine, et ces années ont été heureuses, malgré tout. Peut-être la cause principale de ce bonheur a-t-elle été la compagnie des prêtres qui se sont trouvés au quartier général de la Fraternité en Angleterre, à la Maison St Georges. Ils ont été de bons compagnons. Que Dieu bénisse chacun d’eux.

Mais je dois dire une chose. On me demande pourquoi j’ai quitté la Fraternité. Je n’ai pas quitté la Fraternité. C’est la Fraternité qui m’a quitté, moi, en abandonnant les principes pour lesquels j’en ai fait partie. Encore une fois, le parallèle avec Vatican II s’avère parfaitement exact. Tout comme dans les années ‘60 des prêtres, religieux et fidèles catholiques sans nombre ont été abandonnés par les hommes d’Eglise qui se sont décidés pour le Concile, de même aujourd’hui bon nombre de prêtres et de fidèles sont en train d’être abandonnés par ces chefs de la Fraternité qui se sont décidés à poursuivre la paix avec leurs « nouveaux amis à Rome » – expression attribuée au Premier Assistant de la Fraternité. Pour ceux qui ont des yeux pour voir, cet aveuglement est étonnant. Pour ceux qui n’en ont pas, c’est la chose la plus naturelle du monde. Que Dieu les prenne en pitié. Je crois que ces chefs n’ont jamais rien compris au vrai combat de Mgr Lefebvre. Ce sont des enfants de leur époque.

La seule raison importante qu’ils ont donnée pour m’ « expulser » a été la désobéissance. Mais la seule désobéissance importante de ma part a été le refus répété de fermer ce « Commentaire Eleison ». Pourtant lorsqu’à deux de ces occasions j’ai invité le Supérieur Général à préciser les numéros du « Commentaire » qui faisaient tellement problème, à chaque fois il s’est abstenu de répondre, sans doute parce qu’en les précisant il aurait dû admettre que le vrai problème était un problème de contenu, à savoir mon opposition résolue à sa politique suicidaire de ralliement à la Néo-Rome. Au lieu de cela, il a prétendu et il ne cesse de prétendre qu’il s’agit d’un problème purement disciplinaire, pour détourner ainsi l’attention du vrai problème. Et je ne suis pas le premier prêtre qu’il traite ainsi, et je ne serai pas le dernier. Que le Bon Dieu veuille l’éclairer. Il risque fort de chasser ses vrais amis pour plaire à ceux qui sont ses vrais ennemis, tout comme Paul VI a fait avec Mgr Lefebvre. Les parallèles n’en finissent plus. C’est du même mal du siècle que proviennent la Néo-Fraternité comme la Néo-Eglise.

Et alors quoi maintenant ? J’emprunte l’appartement d’un ami pas loin de Londres, au mieux pour quelques semaines, au pire pour quelques mois, jusqu’à ce que je trouve une propriété convenable à louer pour 6 ou 12 mois, car je ne crois toujours pas encore qu’il me faille organiser quelque chose de permanent. Hélas, il ne sera pas facile de me contacter parce que les voisins de mon ami imposent la discrétion dans l’usage de son appartement. En tout cas le courrier autrefois normal me parviendra à l’adresse suivante : P.O. Boc 423, Deal CT14, 4BR, GB (mais ayez la bonté de ne pas m’envoyer des cartes de Noël. Je n’en envoie aucune). Du 13 décembre au 3 janvier j’entreprends un voyage apostolique au Canada et aux Etats-Unis, si Dieu veut, et tout de suite après je visite la France pour la Fête de l’Epiphanie.

Autre chose qui changera, c’est la façon dont mes écrits, sermons et conférences seront publiés. La présentation et livraison du « Commentaire Eleison » pourra changer aussi, mais j’espère que sa parution régulière chaque samedi du mois de décembre et dans la Nouvelle Année ne changera pas. Merci de tous vos dons à l’Initiative St Marcel. Si quelqu’un s’en fait des soucis je peux lui promettre qu’ils ne se sont pas égarés. Joyeux Noël.

Kyrie eleison.

Et Maintenant ?

Et Maintenant ? on novembre 3, 2012

Les nouvelles de la semaine dernière concernant l’expulsion de l’un des quatre évêques de la Fraternité Saint Pie X ont apporté un grand nombre de courriers électroniques de soutien et d’encouragement. A chacun d’entre vous un grand merci. Une division d’une telle ampleur parmi les évêques de la Fraternité est une grande peine, mais Dieu a ses raisons pour l’avoir permise, et il est clair que vous êtes nombreux à comprendre que la Foi prime sur l’unité. Ce n’est pas la division mais la perte de la Foi qui constitue le mal ultime : «  Car aussi bien faut-il qu’il y ait entre vous des factions, afin que soit manifesté parmi vous qui sont les bons »(I Cor.XI,19 ; cf. I Jn.II,19). Quant à la tournure que prendra la guerre titanique entre les amis et les ennemis de cette Foi, je n’en vois moi-même pour l’instant que les grandes lignes. Permettez-moi de m’en référer à trois citations fréquentes de Monseigneur Lefebvre, dont je pense qu’elles peuvent servir encore aujourd’hui.

En premier lieu, « Nous devons suivre la Providence et ne pas essayer de la mener ». S’il est vrai que « la Charité espère tout » (I Cor.XIII,7), alors nous pouvons laisser à la Fraternité encore un peu de temps pour qu’elle se redresse, avant de l’inscrire sur la liste des groupes Traditionnels passés à l’ennemi. C’est pourquoi je disais la semaine dernière que les prêtres de la FSPX peuvent rester discrètement sur leur garde pour l’instant, en observant quelle tournure vont prendre les événements, tandis que les fidèles peuvent continuer à assister aux Messes de la Fraternité, mais les uns et les autres doivent rester vigilants (Mt. XXVI,41) pour discerner d’éventuelles contradictions dans la doctrine et tout fléchissement dans la morale. La tentation sera de préférer le confort à la rigueur et la routine aux bouleversements, comme l’ont fait des milliers de prêtres et des millions de fidèles suite à Vatican II, de telle sorte qu’ils finirent par perdre la Foi. Nous avons le droit d’attendre que la Providence nous montre le chemin à suivre. Nous n’avons pas le droit de perdre la Foi.

En deuxième lieu, « Le temps ne respecte rien qui se fait sans lui ». En d’autres mots, il faut du temps pour construire quelque chose de solide. Il se peut que nous soyons pressés. Dieu ne l’est pas. Mgr Lefebvre a pris son temps pour construire la Fraternité. Vatican II a conclu son œuvre diabolique en 1965. Il a fallu 11 ans pour que le premier contingent important de prêtres sorte du premier séminaire de l’Archevêque. Patience. Il ne s’est pas pressé.

En troisième lieu, « Le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ». Le domaine public aujourd’hui est complètement empoisonné. Chercher à atteindre une large audience parmi les hommes modernes, c’est s’exposer au grand risque d’imiter le cavalier mené par sa monture, car toute audience contemporaine est apte à faire plier le message, et le messager, à sa propre corruption. Rarement Mgr Lefebvre alertait les medias, ce sont eux qui le poursuivaient, parce que son message était inflexible. Voilà encore une preuve que ce n’est pas le bruit que nous pouvons faire sur la scène publique mais notre Foi qui est « notre victoire sur le monde » (I Jn.V, 4).

Bref, je pense que la situation de la Résistance Catholique aujourd’hui requiert non pas une action précipitée, mais un jugement pondéré à porter sur les hommes et les événements, jusqu’à ce que la volonté de Dieu apparaisse plus clairement. Je pense – je peux me tromper – qu’Il veut un réseau souple, un maquis, de poches de résistance indépendantes, réunies autour de la Messe, en contact facile les unes avec les autres, mais sans la structure d’une fausse obéissance comme celle qui a contribué largement au naufrage et de la plus grand partie de l’Eglise dans les années 60, et à celui de la Fraternité Saint Pie X actuellement. Si vous êtes d’accord, n’hésitez pas à apporter vos dons à l’Initiative St Marcel car ils seront certainement utiles, peut- être plus tôt que je ne le pense. En ce qui me concerne, dès que ma situation se stabilise en Angleterre, je suis prêt à mettre mes pouvoirs d’évêque à la disposition de tous ceux qui sauront en profiter avec sagesse.

Aux États-Unis, les chèques peuvent être faits à l’ordre de St Marcel Initiative et postés à l’adresse suivante : St Marcel Initiative, P.O.Box 764, Carrollton, VA 23314, USA. Les dons par cartes de crédit ou de débit, ou par débit direct / transfert bancaire, peuvent se faire chez www.stmarcelinitiative.com. Pour les dons par chèques depuis le Royaume Uni et la zone Euro, les détails indiquant où ils peuvent être envoyés seront signalés le plus tôt possible.

Kyrie eleison.

Décision Capitale

Décision Capitale on octobre 27, 2012

Ainsi, l’exclusion de la Fraternité Saint Pie X de l’un des quatre évêques consacrés pour son service par Mgr Lefebvre en 1988 est maintenant officielle. Il s’agit d’une décision importante de la part des dirigeants de la FSSPX, et non pour des raisons personnelles, mais en raison de la suppression de ce que beaucoup ont considéré être le plus grand obstacle au sein de la FSSPX à une fausse réconciliation entre la Tradition catholique et la Rome conciliaire. Maintenant qu’il est parti, la Fraternité peut plus facilement continuer sa glissade dans le libéralisme commode.

Si le problème était simplement sa personne, il pourrait ne pas y avoir de conséquences trop graves. Il a 72 ans (« il est plus ou moins gaga ») et il ne lui reste plus trop d’années actives devant lui. On pourrait l’ignorer complètement ou le discréditer encore plus, le cas échéant, et le laisser fulminer à son aise dans sa retraite isolée. Mais si de fait son exclusion signifie le rejet de l’opposition à Rome qu’il représentait, la FSSPX est alors en difficulté, et loin de résoudre ses tensions intérieures en ayant fait de lui un exemple, elle risque maintenant d’être déchirée par les dissensions silencieuses ou les contradictions ouvertes.

La raison en est que Mgr Lefebvre a fondé la Fraternité Saint Pie X pour résister à la destruction de l’Église  : de la foi catholique par le Concile et ses 16 documents, de la pratique de cette foi par la nouvelle messe avant tout. Depuis le début de la Fraternité, la résistance au Concile fait partie intégrale de sa nature. Or, on ne peut pas défaire la nature d’une chose sans défaire la chose. Il s’ensuivrait que par cette exclusion la FSSPX de Mgr Lefebvre est en voie d’être défaite, et elle sera remplacée par quelque chose de tout à fait différent. En fait, on a pu observer cette transformation depuis de nombreuses années. L’exclusion n’est simplement qu’un coup final.

Non pas que Mgr. Lefebvre était principalement ou uniquement contre le Concile. Il était avant tout catholique, un évêque catholique, un vrai pasteur des âmes, comme il ressort de ses écrits d’avant le Concile. Mais une fois que cette catastrophe indicible pour l’Eglise eut lieu, il reconnut très vite que la tâche la plus urgente pour la défense de la Foi était de résister à la révolution de Vatican II qui s’emparait de millions de cœurs et d’esprits catholiques. D’où sa fondation en 1970 de la FSSPX qui permettrait d’utiliser exclusivement le rite tridentin de la messe. D’où sa fameuse Déclaration de novembre 1974, qui était comme une charte des principes catholiques qui inspirent la résistance de la FSSPX. Seuls la conversion et le retour des autorités de l’Eglise à la vraie foi peuvent justifier l’abandon de ces principes. Une telle conversion ou un tel retour ont-ils eu lieu ? En aucune façon. Bien au contraire.

Et l’avenir ? Pour combler le vide laissé par l’abandon des objectifs de Mgr. Lefebvre, il est probable que la FSSPX officielle va se précipiter bientôt dans les bras de Rome, en particulier si la conscience de Benoît XVI le pousse à mettre fin au « schisme » avant sa mort. L’exclusion de l’évêque peut ou non avoir été une condition préalable posée par Rome pour un accord entre Rome et la FSSPX, mais en tout cas elle en favorise certainement un. Les prêtres de la Fraternité qui voient clair pourraient se terrer pour le moment et attendre que le vent semé soit suivie par la tempête à récolter. Les laïcs de la FSSPX pourraient assister à des messes de la Fraternité, pour l’instant, quitte à surveiller le moment où la transformation mentionnée ci-dessus commence à menacer leur foi. Quant à l’évêque exclu, les dons pour lui ou sa cause devront attendre que tout soit arrangé pour les recevoir. Mais ne doutez pas d’une chose : il n’entend pas prendre sa retraite.

Accrochez-vous bien, mes amis. Ce sera la randonnée de notre vie. Faisons-en la randonnée qui nous mène au Paradis !

Kyrie eleison.