Déclaration de 1974

Décision Capitale

Décision Capitale on octobre 27, 2012

Ainsi, l’exclusion de la Fraternité Saint Pie X de l’un des quatre évêques consacrés pour son service par Mgr Lefebvre en 1988 est maintenant officielle. Il s’agit d’une décision importante de la part des dirigeants de la FSSPX, et non pour des raisons personnelles, mais en raison de la suppression de ce que beaucoup ont considéré être le plus grand obstacle au sein de la FSSPX à une fausse réconciliation entre la Tradition catholique et la Rome conciliaire. Maintenant qu’il est parti, la Fraternité peut plus facilement continuer sa glissade dans le libéralisme commode.

Si le problème était simplement sa personne, il pourrait ne pas y avoir de conséquences trop graves. Il a 72 ans (« il est plus ou moins gaga ») et il ne lui reste plus trop d’années actives devant lui. On pourrait l’ignorer complètement ou le discréditer encore plus, le cas échéant, et le laisser fulminer à son aise dans sa retraite isolée. Mais si de fait son exclusion signifie le rejet de l’opposition à Rome qu’il représentait, la FSSPX est alors en difficulté, et loin de résoudre ses tensions intérieures en ayant fait de lui un exemple, elle risque maintenant d’être déchirée par les dissensions silencieuses ou les contradictions ouvertes.

La raison en est que Mgr Lefebvre a fondé la Fraternité Saint Pie X pour résister à la destruction de l’Église  : de la foi catholique par le Concile et ses 16 documents, de la pratique de cette foi par la nouvelle messe avant tout. Depuis le début de la Fraternité, la résistance au Concile fait partie intégrale de sa nature. Or, on ne peut pas défaire la nature d’une chose sans défaire la chose. Il s’ensuivrait que par cette exclusion la FSSPX de Mgr Lefebvre est en voie d’être défaite, et elle sera remplacée par quelque chose de tout à fait différent. En fait, on a pu observer cette transformation depuis de nombreuses années. L’exclusion n’est simplement qu’un coup final.

Non pas que Mgr. Lefebvre était principalement ou uniquement contre le Concile. Il était avant tout catholique, un évêque catholique, un vrai pasteur des âmes, comme il ressort de ses écrits d’avant le Concile. Mais une fois que cette catastrophe indicible pour l’Eglise eut lieu, il reconnut très vite que la tâche la plus urgente pour la défense de la Foi était de résister à la révolution de Vatican II qui s’emparait de millions de cœurs et d’esprits catholiques. D’où sa fondation en 1970 de la FSSPX qui permettrait d’utiliser exclusivement le rite tridentin de la messe. D’où sa fameuse Déclaration de novembre 1974, qui était comme une charte des principes catholiques qui inspirent la résistance de la FSSPX. Seuls la conversion et le retour des autorités de l’Eglise à la vraie foi peuvent justifier l’abandon de ces principes. Une telle conversion ou un tel retour ont-ils eu lieu ? En aucune façon. Bien au contraire.

Et l’avenir ? Pour combler le vide laissé par l’abandon des objectifs de Mgr. Lefebvre, il est probable que la FSSPX officielle va se précipiter bientôt dans les bras de Rome, en particulier si la conscience de Benoît XVI le pousse à mettre fin au « schisme » avant sa mort. L’exclusion de l’évêque peut ou non avoir été une condition préalable posée par Rome pour un accord entre Rome et la FSSPX, mais en tout cas elle en favorise certainement un. Les prêtres de la Fraternité qui voient clair pourraient se terrer pour le moment et attendre que le vent semé soit suivie par la tempête à récolter. Les laïcs de la FSSPX pourraient assister à des messes de la Fraternité, pour l’instant, quitte à surveiller le moment où la transformation mentionnée ci-dessus commence à menacer leur foi. Quant à l’évêque exclu, les dons pour lui ou sa cause devront attendre que tout soit arrangé pour les recevoir. Mais ne doutez pas d’une chose : il n’entend pas prendre sa retraite.

Accrochez-vous bien, mes amis. Ce sera la randonnée de notre vie. Faisons-en la randonnée qui nous mène au Paradis !

Kyrie eleison.

Déclaration Réversible

Déclaration Réversible on septembre 22, 2012

Peut-être pas tout dans le Chapitre Général de la Fraternité Saint Pie X de Juillet en Suisse n’a été désastreux, mais de ses deux documents officiels, les « Six Conditions » sont « d’une faiblesse alarmante » (cf.EC 268, 1 er Septembre), tandis que la « Déclaration » finale laisse beaucoup à désirer. Voici un résumé très bref de ses dix paragraphes :—

1 Nous remercions Dieu des 42 ans d’existence de notre Fraternité. 2 Nous avons redécouvert notre unité après la crise récente (vraiment ?), 3 pour professer notre foi 4 en l’Eglise, dans le Pape, dans le Christ Roi. 5 Nous adhérons au Magistère constant de l’Eglise, 6 comme à sa Tradition constante. 7 En nous unissant à tous les catholiques qui souffrent la persécution, 8 nous prions pour que nous viennent en aide la Très Sainte Vierge Marie, 9 Saint Michel, 10 et Saint Pie X.

Voilà une Déclaration qui ne manque pas de piété, dont Saint Paul dit qu’elle est utile à tout (I Tim.IV, 8). Néanmoins, auprès de ses deux disciples, Timothée et Tite, il insiste constamment sur la nécessité de la doctrine qui est quand même le fondement de la véritable piété. Hélas, en ce qui concerne la doctrine la Déclaration n’est pas si forte. Au lieu de fustiger les erreurs doctrinales du Concile qui ont dévasté l’Église au cours des 50 dernières années, la Déclaration ne contient dans ses paragraphes les plus doctrinaux, 5 et 6, qu’une faible condamnation de ces erreurs. Par contre elle met en relief la constance du Magistère et de la Tradition de l’Église, ce qui est tout à fait juste, mais cela constitue un argument trop facile à renverser de la part d’un Conciliaire. Voyons de quelle façon :

Le paragraphe 5 qualifie les nouveautés du Concile Vatican II comme « étant entachées d’erreurs », alors que le Magistère constant de l’Eglise est « ininterrompu » : « Par son acte d’enseignement, le Magistère transmet le dépôt révélé en parfaite harmonie avec tout ce que l’Eglise entière a toujours cru, en tout lieu ». Ce qui implique, bien sûr, que Rome devrait faire passer Vatican II à la blanchisserie, pour enlever les taches. Mais voyons ce qu’un Romain pourrait répliquer :—« La façon dont le Chapitre exprime la continuité du Magistère est en tout point admirable ! Mais ce Magistère, c’est nous autres Romains, et nous, nous déclarons que le Vatican II est en continuité avec le passé, sans taches ! ».

Il en est de même pour le paragraphe 6. La Déclaration dit : « La Tradition constante de l’Eglise transmet et transmettra jusqu’à la fin des temps l’ensemble des enseignements nécessaires au maintien de la Foi et au salut », et alors il faut viser à un retour des autorités de l’Église à la Tradition. Riposte d’un Romain : « La façon dont le Chapitre décrit la manière dont la Tradition maintient la Foi est tout à fait admirable ! Mais c’est nous, les Romains, qui sommes les gardiens de cette Tradition et nous, nous disons qu’en vertu de l’herméneutique de la continuité Vatican II n’interrompt pas la Tradition, mais la continue. Ce qui fait que le Chapitre se trompe complètement en prétendant que nous devons y revenir ».

Quel contraste entre la vulnérabilité de cette Déclaration et la force de l’attaque irréversible lancée par Mgr. Lefebvre contre les erreurs du Vatican II dans sa Déclaration célèbre de novembre, 1974. Il y déclare que la Rome Conciliaire n’est pas la Rome catholique parce que la réforme Conciliaire est « naturaliste, Teilhardienne, libérale et Protestante . . . toute entière empoisonnée . . . provenant de l’hérésie et conduisant à l’hérésie », etc., etc. Sa conclusion est un refus catégorique d’avoir quoi que ce soit à faire avec la nouvelle Rome, puisqu’elle n’est en rien la Rome véritable.

Lisez sur Internet les deux Déclarations et voyez laquelle des deux est, sans risque d’erreur, la trompette qui appelle à la bataille nécessaire (I Cor.XIV,8) ! On est amené à se demander combien des capitulants de 2012 ont jamais étudié les paroles et les raisonnements du grand Archévêque.

Kyrie eleison.

Un Chapitre

Un Chapitre on août 4, 2012

Comme beaucoup parmi vous le savent, un certain évêque a été exclu du Chapitre Général, c’est-à-dire de la réunion des membres les plus représentatifs de la Fraternité St Pie X, qui a eu lieu le mois dernier à Ecône en Suisse. Pour confirmer l’exclusion, il semble qu’on a profité de ce « Commentaire Eleison » (#257 du 16 juin) où parut l’adaptation du désir apparemment homicide de Saint Paul envers les corrupteurs de la Foi catholique au moyen d’un « couteau » (Galates V,12). En réalité St. Ambroise, St. Jérôme, St. Augustin, St. Justin, St. Jean Chrysostome, etc., tous sont de l’avis que dans le contexte (Galates V, 1–12), ce désir exprimé par St. Paul fait allusion non pas au meurtre mais à la circoncision aggravée jusqu’à la mutilation totale que devraient réaliser sur eux-mêmes ces Judaïsants, puisqu’ils donnaient tant d’importance à la circoncision. D’ailleurs St. Jean Chrysostome l’interprète comme une plaisanterie de St. Paul.

Néanmoins, lorsque j’appris que l’adaptation de cette plaisanterie de St. Paul fut évoquée juste avant le début du Chapitre et fut lue comme s’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie, je dois avouer que j’ai eu une vision délicieuse : celle de mes nobles confrères dans le quartier général de la Fraternité en train de regarder par la fenêtre la nuit pour voir s’ils n’apercevraient pas une figure d’évêque dégingandé d’Albion, lourdement déguisé en Jack l’Éventreur, rôdant parmi les buissons avec un grand couteau de jardinier brillant au clair de lune, à la recherche d’une victime à tailler en morceaux. Chers confrères, dormez tranquilles : je n’ai pas d’ambition meurtrière. Vraiment pas !

Mais le Chapitre fut une affaire sérieuse. Qu’a-t’il produit ? En premier lieu une Déclaration rendue publique quelques jours plus tard, et les six Conditions requises pour un éventuel accord Rome-FSSPX, exfiltrées sur Internet peu après (étant donné qu’un si grand nombre d’âmes confient leur foi et leur salut à la garde de la Fraternité, une telle fuite ne me paraît pas tellement déraisonnable). Honneur, bien sûr, aux braves membres du Chapitre qui se sont efforcés de limiter les dommages, mais il faut dire que si la Déclaration et les Conditions reflètent l’état d’esprit actuel des chefs de la Fraternité dans leur ensemble, alors il y a de quoi s’inquiéter.

Il suffit de comparer rapidement la Déclaration de 2012 avec celle de 1974 de Mgr. Lefebvre pour se demander ce qui a bien pu se passer dans sa Fraternité. Tandis que l’Archevêque dénonce de façon explicite et répétée la réforme de Vatican II, par exemple : « née du Libéralisme et du Modernisme, totalement empoisonnée, sortant de l’hérésie et aboutissant à l’hérésie », mots qui entre autres valurent à l’Archevêque la colère des Papes Conciliaires, au contraire la Déclaration de 2012 se réfère une seule fois au Concile et à ses « nouveautés » seulement « entachées d’erreurs », dans des termes que nous pouvons facilement imaginer être souscrits par Benoît XVI du début à la fin. La Fraternité penserait-elle maintenant que les Papes Conciliaires ne représentent plus aucun problème majeur ?

En ce qui concerne les six Conditions pour n’importe quel éventuel accord futur entre Rome et la Fraternité, elles méritent un examen détaillé, mais qu’il suffise pour le moment de signaler que la demande faite en 2006 par le Chapitre Général de la Fraternité, à savoir qu’un accord doctrinal est indispensable avant tout accord pratique, paraît avoir été complètement abandonnée. Serait-ce que désormais, dans l’esprit de la Fraternité, la doctrine des Romains auxquels elle se soumettrait n’a plus tellement d’importance ? La Fraternité est-elle à son tour en train de céder aux charmes du Libéralisme ?

Pour un point de vue contraire, puis-je recommander une collection de « Sermons et Conférences Doctrinales » de son Excellence Jack l’Éventreur, des années 1994 à 2009, maintenant disponible sur sept CDs à http ://truerestorationpress.com/node/52 (avec offre spéciale jusqu’à fin août) ? Pas tout ce qui se trouve dans ces 30 heures d’enregistrements ne sera d’or, et il y a sans doute des excès de tempérament, mais du moins s’y efforce-t-on d’éventrer les ennemis et pas les amis de notre Foi catholique.

Kyrie eleison.