Étiquette : Chapitre général, Déclaration du chapitre, Juillet 2012

Moment Fatal

Moment Fatal posted in Les Commentaires Eleison on octobre 5, 2013

De nombreux lecteurs de ce « Commentaire » ont probablement déjà compris le problème grave qui paralyse la défense de la Foi à la tête de la Fraternité St Pie X, et ils pourraient préférer voir traiter ici d’autres questions. Mais il y a des millions de personnes dont l’intelligence est tellement abîmée par l’apostasie aujourd’hui globale qu’à mon avis on ne peut guère trop analyser dans ces circonstances la nature de la Foi, sa nécessité absolue et la façon dont elle est subvertie. Sans alors trop vouloir insister sur les malheurs et méfaits récents de la Fraternité, à son histoire de l’année dernière je me permets d’emprunter encore un exemple de cette subversion.

Tout de suite après le Chapitre Général de la Fraternité du mois de juillet, 2012, il fut salué par beaucoup de ses participants comme un triomphe de l’unité de la Fraternité sur les tensions et la détresse des mois précédents. Mais depuis, cette euphorie s’est vue remplacer par une vision plus sobre du Chapitre, et bon nombre des participants, ou des capitulants comme on les appelle, le voient plutôt comme ayant été un désastre pour la Fraternité. Un capitulant en particulier a décrit le moment fatal où les 39 prêtres les plus importants de la Fraternité (sans moi-même) ont collectivement préféré à la doctrine de la Foi les intérêts de leur Congrégation et de leurs Supérieurs, tout comme le firent le grand nombre des évêques à Vatican II.

Les délibérations proprement dites du Chapitre ont commencé par un discours doctrinal du Directeur du séminaire d’Écône où il a sévèrement critiqué la Déclaration Doctrinale de la mi-avril précédente par laquelle la Fraternité officielle s’était montrée prête à faire un compromis avec les néo-modernistes de Rome sur leur Concile, leur Nouvelle Messe, leur nouveau Code de Droit Canon et « l’herméneutique de continuité » de Benoît XVI. Le langage de cette critique fut respectueux et modéré, mais la substance en était gravissime. Elle signifiait en effet que tous ceux qui avaient rédigé cette Déclaration ou avaient poussé à ce qu’elle fût soumise aux Romains, étaient incompétents en matière de doctrine catholique. S’ils avaient su ce qu’ils faisaient, ils étaient des traîtres par rapport à la Foi. S’ils n’avaient pas su, ils étaient des ignorants, inaptes à mener une Congrégation catholique fondée pour défendre la Foi. Un silence enveloppa donc les capitulants qui entrevoyaient à quel point était grave l’accusation portée implicitement contre leurs Supérieurs.

Mais le Directeur du séminaire de la Fraternité en Argentine rompit le silence en disant que le Chapitre ne pouvait pas gifler le Supérieur Général en exigeant de lui qu’il rétractât sa Déclaration. Telle rétractation serait implicite, dit-il, dans la Déclaration finale du Chapitre. Ensuite un autre capitulant souleva une question différente, et le Chapitre fit une glissade pour s’occuper d’autre chose. Pourtant le problème doctrinal de la perfide Déclaration de la mi-avril, 2012, ne s’est résolu comme il fallait ni par la Déclaration finale du Chapitre ou ses six Conditions pour tout accord futur avec Rome, ni par aucune rétractation claire faite par la suite par le Supérieur Général lui-même, au contraire. Et en pratique on continue de mener la Fraternité selon la même politique de mollesse envers les ennemis de la Foi installés à Rome, qui déchiquettent la Foi, et avec elle l’Église.

Or, comment les capitulants ne voyaient-ils pas qu’ils faisaient passer le « respect des Supérieurs » avant la Foi ? Comment n’insistèrent-ils pas que le problème doctrinal, de loin le problème le plus important qu’ils eussent à traiter, fût tiré au clair, jusqu’à ce que tous comprissent l’action qu’il fallait prendre tout de suite, et non pas remettre habilement jusqu’à la fin du Chapitre ? Il faut répondre que les capitulants, tout comme les évêques de Vatican II, étaient collectivement des enfants du monde moderne pour lesquels la doctrine de la Foi n’est aucune nécessité vitale, mais simplement de la matière qu’il faut apprendre au séminaire pour devenir prêtre, et que l’on honore ensuite sans trop en faire cas. Lecteurs, vous devez lire !

Kyrie eleison.

GREC – III

GREC – III posted in Les Commentaires Eleison on avril 6, 2013

Désirant prendre lui-même la place de Dieu, l’homme moderne s’efforce de remplacer l’ordre du monde de Dieu par son propre ordre. Mais l’ordre de Dieu est réel, extérieur et indépendant de l’esprit de l’homme. C’est pourquoi l’homme moderne décroche son esprit de cette réalité, tout en extrayant d’elle, pour construire son propre rêve, ces éléments-là qui sont indispensables à sa construction. Or l’ordre le plus élevé dans la Création de Dieu trouve sa meilleure expression dans la doctrine de l’Église. C’est pourquoi tout homme d’Église et tout fidèle soumis aujourd’hui à l’influence de tout ce qui est « normal » dans le monde qui les entoure, souffrent d’un profond refus ou ignorance de la nature et nécessité de la doctrine.

C’est là que réside le problème essentiel du GREC, tel qu’il a été présenté dans deux numéros antérieurs des « Commentaires Eleison » (294 et 295). Le Groupe de Réflexion Entre Catholiques fut fondé en 1997 dans les salons de Paris pour promouvoir d’amicales réunions et échanges entre les catholiques de Tradition et les catholiques du courant majoritaire de l’Église, dans le but de créer un climat de confiance mutuelle et de respect qui faciliterait une réconciliation entre eux, et qui mettrait ainsi fin à leur inutile opposition. Un tel but ignore gravement l’importance de la doctrine, sans qu’il soit nécessaire d’y voir une malice préméditée, dont seul Dieu est juge, mais quoi que les hommes puissent en penser, pas plus que la réalité la doctrine ne se laisse mettre de côté.

Dans le livre du Père Lelong sur le GREC, Pour la Nécessaire Réconciliation, le Père nous raconte comment deux prêtres de la Fraternité Saint Pie X et son Supérieur Général « contribuèrent d’une façon décisive à la création et à la vie du GREC ». Même avant sa création, l’abbé du Chalard avait accordé au Père Lelong une amicale réception dans son prieuré de la FSPX, et « dans les années qui suivirent il ne cessa d’apporter au GREC un soutien aussi discret qu’attentif ». Lors de la création du GREC, l’abbé Lorans, alors Recteur de l’Institut Saint Pie X de Paris et qui depuis lors a exercé une influence décisive sur les publications de la FSPX depuis Paris, salua l’idée d’un « dialogue entre catholiques », et très vite obtint du Supérieur Général de la FSPX en Suisse l’aval de sa participation au GREC. A partir de ce moment-là, l’abbé Lorans a joué un rôle de chef dans toutes les activités du GREC.

Ces activités débutèrent à petite échelle et en privé. En mai 2000 eut lieu la première réunion publique, à laquelle l’abbé Lorans participa, avec une assistance de 150 personnes. Les réunions se firent de plus en plus fréquentes, avec la participation de prêtres de la FSPX. Les autorités de l’Église furent au plus haut niveau régulièrement consultées, et on les tenait au courant. L’abbé Lorans de son côté permit « d’établir et d’approfondir des relations qui furent toujours très confiantes » avec le Supérieur Général. A partir de 2004, les réunions du GREC furent ouvertes plus largement encore au public, et en septembre de cette année un « groupe de travail théologique » fut organisé avec la participation de l’abbé Lorans ainsi que celle d’un autre prêtre de la FSPX et d’un théologien de Rome, ces deux derniers devant participer plus tard ensemble aux Discussions Doctrinales entre Rome et la FSPX de 2009 à 2011. Le GREC a bien pu voir dans ces Discussions la réalisation de ses espoirs les plus chers – enfin les théologiens se rencontraient dans un climat que le GREC avait tant contribué à créer, « pour la nécessaire réconciliation ».

Grâce à Dieu, les Discussions rendirent à la doctrine sa juste primauté. Elles démontrèrent qu’entre la doctrine catholique et celle du Concile existe un abîme infranchissable. Mais est-ce que l’école de pensée du GREC allait pour autant être bloquée à l’intérieur de la FSPX ? Loin de là ! En un clin d’œil le Quartier Général de la FSPX retourna le « Pas d’accord pratique sans accord doctrinal préalable » en un « Pas d’accord doctrinal, donc il faut poursuivre un accord pratique » ! Hélas, la levée de boucliers du printemps de l’année dernière à l’intérieur de la FSPX fut étouffée et désorientée à nouveau lors du Chapitre Général du mois de juillet, et le QG de la FSPX a continué dans sa poursuite à peine déguisée d’un accord pratique.

« Notre secours est dans le nom du Seigneur », en particulier dans la Consécration de la Russie. Nulle part ailleurs.

Kyrie eleison.

Déclaration Réversible

Déclaration Réversible posted in Les Commentaires Eleison on septembre 22, 2012

Peut-être pas tout dans le Chapitre Général de la Fraternité Saint Pie X de Juillet en Suisse n’a été désastreux, mais de ses deux documents officiels, les « Six Conditions » sont « d’une faiblesse alarmante » (cf.EC 268, 1 er Septembre), tandis que la « Déclaration » finale laisse beaucoup à désirer. Voici un résumé très bref de ses dix paragraphes :—

1 Nous remercions Dieu des 42 ans d’existence de notre Fraternité. 2 Nous avons redécouvert notre unité après la crise récente (vraiment ?), 3 pour professer notre foi 4 en l’Eglise, dans le Pape, dans le Christ Roi. 5 Nous adhérons au Magistère constant de l’Eglise, 6 comme à sa Tradition constante. 7 En nous unissant à tous les catholiques qui souffrent la persécution, 8 nous prions pour que nous viennent en aide la Très Sainte Vierge Marie, 9 Saint Michel, 10 et Saint Pie X.

Voilà une Déclaration qui ne manque pas de piété, dont Saint Paul dit qu’elle est utile à tout (I Tim.IV, 8). Néanmoins, auprès de ses deux disciples, Timothée et Tite, il insiste constamment sur la nécessité de la doctrine qui est quand même le fondement de la véritable piété. Hélas, en ce qui concerne la doctrine la Déclaration n’est pas si forte. Au lieu de fustiger les erreurs doctrinales du Concile qui ont dévasté l’Église au cours des 50 dernières années, la Déclaration ne contient dans ses paragraphes les plus doctrinaux, 5 et 6, qu’une faible condamnation de ces erreurs. Par contre elle met en relief la constance du Magistère et de la Tradition de l’Église, ce qui est tout à fait juste, mais cela constitue un argument trop facile à renverser de la part d’un Conciliaire. Voyons de quelle façon :

Le paragraphe 5 qualifie les nouveautés du Concile Vatican II comme « étant entachées d’erreurs », alors que le Magistère constant de l’Eglise est « ininterrompu » : « Par son acte d’enseignement, le Magistère transmet le dépôt révélé en parfaite harmonie avec tout ce que l’Eglise entière a toujours cru, en tout lieu ». Ce qui implique, bien sûr, que Rome devrait faire passer Vatican II à la blanchisserie, pour enlever les taches. Mais voyons ce qu’un Romain pourrait répliquer :—« La façon dont le Chapitre exprime la continuité du Magistère est en tout point admirable ! Mais ce Magistère, c’est nous autres Romains, et nous, nous déclarons que le Vatican II est en continuité avec le passé, sans taches ! ».

Il en est de même pour le paragraphe 6. La Déclaration dit : « La Tradition constante de l’Eglise transmet et transmettra jusqu’à la fin des temps l’ensemble des enseignements nécessaires au maintien de la Foi et au salut », et alors il faut viser à un retour des autorités de l’Église à la Tradition. Riposte d’un Romain : « La façon dont le Chapitre décrit la manière dont la Tradition maintient la Foi est tout à fait admirable ! Mais c’est nous, les Romains, qui sommes les gardiens de cette Tradition et nous, nous disons qu’en vertu de l’herméneutique de la continuité Vatican II n’interrompt pas la Tradition, mais la continue. Ce qui fait que le Chapitre se trompe complètement en prétendant que nous devons y revenir ».

Quel contraste entre la vulnérabilité de cette Déclaration et la force de l’attaque irréversible lancée par Mgr. Lefebvre contre les erreurs du Vatican II dans sa Déclaration célèbre de novembre, 1974. Il y déclare que la Rome Conciliaire n’est pas la Rome catholique parce que la réforme Conciliaire est « naturaliste, Teilhardienne, libérale et Protestante . . . toute entière empoisonnée . . . provenant de l’hérésie et conduisant à l’hérésie », etc., etc. Sa conclusion est un refus catégorique d’avoir quoi que ce soit à faire avec la nouvelle Rome, puisqu’elle n’est en rien la Rome véritable.

Lisez sur Internet les deux Déclarations et voyez laquelle des deux est, sans risque d’erreur, la trompette qui appelle à la bataille nécessaire (I Cor.XIV,8) ! On est amené à se demander combien des capitulants de 2012 ont jamais étudié les paroles et les raisonnements du grand Archévêque.

Kyrie eleison.

L’Ambiguïté d’Avril

L’Ambiguïté d’Avril posted in Les Commentaires Eleison on septembre 8, 2012

Le 17 avril fut soumis à Rome, de la part de la Fraternité Saint Pie X, un document confidentiel, de nature doctrinale, au sujet duquel il fut affirmé qu’il contenait des principes catholiques auxquels toutes les autorités de la Fraternité SPX pourraient souscrire. Vers la mi-juin, Rome rejeta ce document comme base d’un accord Rome-FSPX. Grâce en soit rendue à Dieu ! En effet, il contenait une ambiguïté extrêmement dangereuse : en bref, est-ce que par une expression comme « Le Magistère de toujours » il faut entendre « jusqu’à 1962 », ou « jusqu’à 2012 » ? Là se trouve toute la différence entre la religion de Dieu, et la religion de Dieu telle qu’elle a été altérée par l’homme moderne, autrement dit la religion de l’homme. Voici les principes ambigus, tels qu’ils ont été résumés le 18 avril pour ces autorités de la Fraternité :—

« 1/ . . . La Tradition doit être le critère et le guide de compréhension des enseignements du Concile Vatican II. 2/ Dès lors les affirmations de Vatican II et du magistère pontifical postérieur relatives à l’œcuménisme et au dialogue interreligieux ou à la liberté religieuse ne sauraient être comprises qu’à la lumière de la Tradition entière et ininterrompue, 3/de manière cohérente avec les vérités précédemment enseignées par le Magistère de l’Église,4/ sans accepter aucune interprétation en opposition ou en rupture avec la Tradition et avec ce Magistère . . . »

L’ambiguïté « 1962 ou 2012 » se cache ici derrière les mots « Tradition » et « Magistère ». Ces deux mots sont-ils utilisés pour exclure les doctrines du Concile (1962–1965) et ses séquelles, ou pour les inclure ? Tout fidèle de la Tradition comprendra ce passage comme les excluant, car il sait bien qu’il existe une différence abyssale entre l’Église catholique et l’Église Conciliaire. Au contraire tout adepte de Vatican II lira le même passage de manière à prétendre qu’il existe une continuité sans faille entre l’Église d’avant et l’Église d’après le Concile. Voyons donc de plus près comment le Traditionaliste et le Conciliariste peuvent lire le même passage l’un et l’autre selon sa propre conception.

En premier lieu, la lecture Traditionnelle :—« 1/ La Tradition préconciliaire doit être la mesure et le juge des enseignements du Concile (et non pas l’inverse). 2/ Aussi l’enseignement conciliaire et postconciliaire tout entier doit-il être filtré à l’aune de l’ensemble de l’enseignement Traditionnel antérieur au Concile, 3/ de telle sorte qu’il ne contredise sur aucun point ce que le Magistère antérieur au Concile a enseigné, 4/ en n’acceptant aucune interprétation ni texte en rupture avec la Tradition ou ce Magistère préconciliaires ».

En second lieu, la lecture Conciliaire (qui est certainement celle des Romains qui occupent les postes d’autorité de l’Eglise d’aujourd’hui) :—« 1/ La Tradition d’avant et d’après le Concile (car c’est une et la même) doit être le juge du Concile. 2/ Aussi l’enseignement du Concile sur les sujets controversés doit-il être filtré à l’aune de l’unique et entière Tradition pré- et postconciliaire ( car celle-ci seule constitue la Tradition « entière et ininterrompue » ), 3/ de telle sorte qu’il ne s’opposerait nullement au Magistère de l’Eglise pré- ou postconciliaire (puisqu’ils ne peuvent qu’enseigner la même chose), 4/ en n’acceptant aucune interprétation en rupture avec la Tradition ou ce Magistère pré- ou postconciliaire (puisqu’il ne saurait y avoir aucune rupture entre tous les quatre) » .

Cette lecture Conciliaire signifie que le Concile sera jugé par le Concile, ce qui signifie bien sûr qu’il sera acquitté. Au contraire, par la lecture Traditionnelle, le Concile est absolument condamné. L’ambiguïté est mortelle pour la Foi. Quelqu’un ici entend se jouer de nos esprits catholiques. Qui qu’ils puissent être, qu’ils soient anathème !

Kyrie eleison.

Six Conditions

Six Conditions posted in Les Commentaires Eleison on septembre 1, 2012

Dans une lettre officielle du 18 Juillet aux Supérieurs de District de la Fraternité Saint Pie X, son Secrétaire Général révèle les six « Conditions » pour un quelconque accord futur entre la FSPX et Rome. Elles sont le fruit de discussions parfois intenses entre les 39 capitulants du Chapitre Général de la FSPX du mois de juillet. Assurément elles témoignent d’une faiblesse alarmante de la part des chefs de la Fraternité pris dans leur ensemble.

La première « condition sine qua non » est la liberté accordée à la Fraternité d’enseigner la vérité immuable de la Tradition catholique, et de critiquer les responsables des erreurs du modernisme, du libéralisme et du Vatican II. Très bien. Mais, observez à quel point la vision du Chapitre a changé par rapport à celle de Monseigneur Lefebvre. Ce n’est plus : «  Rome doit se convertir parce que la Vérité est absolue ». Désormais c’est seulement : « La Fraternité SPX demande la liberté pour elle-même de dire la Vérité ». Au lieu d’attaquer la trahison du Concile, désormais la Fraternité demande aux traîtres la permission de dire la Vérité ! Quelle déchéance, en principe !

La deuxième condition exige l’usage exclusif de la liturgie de 1962. Encore une fois, très bien, puisque la liturgie de 1962 ne trahit pas la Foi, comme le fait la liturgie Conciliaire imposée par Rome depuis 1969. Mais ne voyons-nous pas, maintenant même, comment Rome se prépare à imposer aux Congrégations « Traditionnelles » qui se sont soumises à son autorité, un Missel de l’« enrichissement mutuel », qui mélange la Messe Traditionnelle et la Nouvelle Messe ? Une fois soumise à Rome, pourquoi donc la Fraternité SPX devrait-elle être mieux « protégée » que ces autres Congrégations ?

La troisième condition exige la garantie d’au moins un évêque. La question-clef est ici : Qui le choisira ? Lecteurs, dans le texte d’un quelconque futur « accord » avec Rome, allez directement au paragraphe qui traite de la nomination des évêques. En 1988 Rome proposait que l’Archevêque présentât un choix de trois candidats pour qu’ils en choisissent un. Rome rejeta alors les trois. Mais quand donc les catholiques vont-ils comprendre ? Ils doivent se battre et se battre encore dans cette guerre titanique entre la Religion de Dieu et la religion de l’homme.

La quatrième condition souhaite que la Fraternité dispose de ses propres tribunaux de première instance. Mais si un tribunal supérieur, quel qu’il soit, est celui de l’Eglise officielle, et qu’il peut rejeter les décisions des tribunaux inférieurs, quelle décision catholique d’un tribunal de la Fraternité pourra-t-elle avoir encore la moindre force ?

La cinquième condition souhaite l’exemption des maisons de la Fraternité du contrôle des évêques diocésains. Incroyable ! Voilà presque 40 ans que la Fraternité n’a cessé de lutter pour sauver la Foi en en protégeant la pratique véritable contre l’interférence des évêques conciliaires locaux, et maintenant voici que le Chapitre Général se contente de ne faire que désirer l’indépendance vis-à-vis de ces mêmes évêques ? La Fraternité n’est plus ce qu’elle était, chers lecteurs. Elle se trouve, dirait-on, entre les mains de personnes bien différentes de Mgr. Lefebvre !

La sixième et dernière condition souhaite qu’une commission soit établie à Rome pour protéger la Tradition, avec une forte représentation de la Tradition, mais « dépendant du Pape ». Dépendant du Pape ? Mais, les Papes Conciliaires n’ont-ils pas été des champions du Conciliarisme ? Ou bien, serait-ce que le Concile a cessé d’être un problème ?

En conclusion, ces six conditions sont bien graves. A moins que le quartier général de la Fraternité ne sorte de son rêve de paix avec la Rome Conciliaire tel qu’il ressort de ces conditions, il semble bien que le dernier bastion mondial de la Tradition catholique risque de se rendre aux ennemis de la Foi. L’époque des bastions serait-elle révolue ? Mes amis, préparez-vous à lutter pour la Foi depuis l’intérieur même de vos foyers. De vos foyers faites des bastions !

Kyrie eleison.

Un Chapitre

Un Chapitre posted in Les Commentaires Eleison on août 4, 2012

Comme beaucoup parmi vous le savent, un certain évêque a été exclu du Chapitre Général, c’est-à-dire de la réunion des membres les plus représentatifs de la Fraternité St Pie X, qui a eu lieu le mois dernier à Ecône en Suisse. Pour confirmer l’exclusion, il semble qu’on a profité de ce « Commentaire Eleison » (#257 du 16 juin) où parut l’adaptation du désir apparemment homicide de Saint Paul envers les corrupteurs de la Foi catholique au moyen d’un « couteau » (Galates V,12). En réalité St. Ambroise, St. Jérôme, St. Augustin, St. Justin, St. Jean Chrysostome, etc., tous sont de l’avis que dans le contexte (Galates V, 1–12), ce désir exprimé par St. Paul fait allusion non pas au meurtre mais à la circoncision aggravée jusqu’à la mutilation totale que devraient réaliser sur eux-mêmes ces Judaïsants, puisqu’ils donnaient tant d’importance à la circoncision. D’ailleurs St. Jean Chrysostome l’interprète comme une plaisanterie de St. Paul.

Néanmoins, lorsque j’appris que l’adaptation de cette plaisanterie de St. Paul fut évoquée juste avant le début du Chapitre et fut lue comme s’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie, je dois avouer que j’ai eu une vision délicieuse : celle de mes nobles confrères dans le quartier général de la Fraternité en train de regarder par la fenêtre la nuit pour voir s’ils n’apercevraient pas une figure d’évêque dégingandé d’Albion, lourdement déguisé en Jack l’Éventreur, rôdant parmi les buissons avec un grand couteau de jardinier brillant au clair de lune, à la recherche d’une victime à tailler en morceaux. Chers confrères, dormez tranquilles : je n’ai pas d’ambition meurtrière. Vraiment pas !

Mais le Chapitre fut une affaire sérieuse. Qu’a-t’il produit ? En premier lieu une Déclaration rendue publique quelques jours plus tard, et les six Conditions requises pour un éventuel accord Rome-FSSPX, exfiltrées sur Internet peu après (étant donné qu’un si grand nombre d’âmes confient leur foi et leur salut à la garde de la Fraternité, une telle fuite ne me paraît pas tellement déraisonnable). Honneur, bien sûr, aux braves membres du Chapitre qui se sont efforcés de limiter les dommages, mais il faut dire que si la Déclaration et les Conditions reflètent l’état d’esprit actuel des chefs de la Fraternité dans leur ensemble, alors il y a de quoi s’inquiéter.

Il suffit de comparer rapidement la Déclaration de 2012 avec celle de 1974 de Mgr. Lefebvre pour se demander ce qui a bien pu se passer dans sa Fraternité. Tandis que l’Archevêque dénonce de façon explicite et répétée la réforme de Vatican II, par exemple : « née du Libéralisme et du Modernisme, totalement empoisonnée, sortant de l’hérésie et aboutissant à l’hérésie », mots qui entre autres valurent à l’Archevêque la colère des Papes Conciliaires, au contraire la Déclaration de 2012 se réfère une seule fois au Concile et à ses « nouveautés » seulement « entachées d’erreurs », dans des termes que nous pouvons facilement imaginer être souscrits par Benoît XVI du début à la fin. La Fraternité penserait-elle maintenant que les Papes Conciliaires ne représentent plus aucun problème majeur ?

En ce qui concerne les six Conditions pour n’importe quel éventuel accord futur entre Rome et la Fraternité, elles méritent un examen détaillé, mais qu’il suffise pour le moment de signaler que la demande faite en 2006 par le Chapitre Général de la Fraternité, à savoir qu’un accord doctrinal est indispensable avant tout accord pratique, paraît avoir été complètement abandonnée. Serait-ce que désormais, dans l’esprit de la Fraternité, la doctrine des Romains auxquels elle se soumettrait n’a plus tellement d’importance ? La Fraternité est-elle à son tour en train de céder aux charmes du Libéralisme ?

Pour un point de vue contraire, puis-je recommander une collection de « Sermons et Conférences Doctrinales » de son Excellence Jack l’Éventreur, des années 1994 à 2009, maintenant disponible sur sept CDs à http ://truerestorationpress.com/node/52 (avec offre spéciale jusqu’à fin août) ? Pas tout ce qui se trouve dans ces 30 heures d’enregistrements ne sera d’or, et il y a sans doute des excès de tempérament, mais du moins s’y efforce-t-on d’éventrer les ennemis et pas les amis de notre Foi catholique.

Kyrie eleison.