La doctrine catholique, le dogme, dépôt de la foi

GREC – I

GREC – I on mars 2, 2013

Il y a un peu plus d’un an, un petit livre de quelque 150 pages, fut publié en France. Il doit constituer un grand embarras pour les dirigeants d’une certaine Fraternité religieuse, car il montre comment leurs efforts en vue de l’union avec la Nouvelle Église remontent à de nombreuses années, au moins aux années 1990. Bien sûr, s’ils sont fiers de ces efforts ils ne doivent en ressentir aucun embarras, mais s’ils ont pendant des années occulté ces efforts, alors il faut souhaiter qu’au moins les lecteurs de ce petit livre ouvrent les yeux.

« Pour la Nécessaire Réconciliation » fut écrit par un prêtre de la Nouvelle Église, le Père Michel Lelong, sans doute parce que lui au moins est ouvertement fier du rôle de premier plan qu’il a joué dans la tentative du GREC de mener à terme la « nécessaire réconciliation » de Vatican II avec la Tradition, plus précisément des autorités Romaines avec la Fraternité Saint Pie X. Ordonné en 1948 et profondément impliqué dans les relations interreligieuses même avant Vatican II, en particulier avec l’Islam, il salua « avec joie et espoir » ( Gaudium et Spes ) le Concile qui s’efforcerait à adapter l’Église aux temps modernes. L’un de ses collaborateurs laïcs dans cette tâche fut un distingué diplomate français et haut fonctionnaire du gouvernement français, Gilbert Pérol, Ambassadeur de France au Vatican de 1988 à 1992.

En tant que diplomate professionnel et catholique pratiquant, Pérol croyait profondément qu’il fallait réconcilier la FSPX, vraiment catholique, avec le Vatican, assurément catholique. Comment pouvait-il y avoir cette confrontation entre les deux ? Les deux étaient catholiques ! Une telle confrontation n’avait aucun sens. Ainsi en 1995 il esquissa une solution dans un texte bref qui servirait de charte pour ce qui est devenu le GREC, un laboratoire d’idées lancé dans les salons de Paris qui prit son nom des initiales de Groupe de Réflexion Entre Catholiques. Reflétant le trouble de millions de catholiques écartelés depuis les années 1960 entre le Concile et la Tradition, le texte de Pérol mérite un moment d’attention.

N’étant pas théologien, dit-il, il pense que la situation actuelle de l’Église et du monde exige de poser le problème des divisions entre catholiques à la suite du Concile « en termes entièrement nouveaux ». C’est plutôt en tant que diplomate qu’il propose que d’un côté Rome doit admettre qu’elle a gravement malmené le rite Tridentin de la Messe et elle doit lever les excommunications de 1988, tandis que de l’autre côté la FSPX ne doit pas totalement rejeter le Concile et elle doit reconnaître que Rome est toujours la plus haute autorité dans l’Église.

En d’autres mots, Pérol en tant que diplomate proposait qu’il suffirait de quelques petites concessions mutuelles à faire de part et d’autre, pour que la confrontation acharnée entre le Concile et la Tradition perdît tout son acharnement, en sorte que les catholiques pourraient à nouveau vivre heureux pour toujours. Ainsi, lui-même et des millions d’autres catholiques ne seraient plus contraints soit d’abandonner Rome pour garder la Tradition, soit d’abandonner la

Tradition pour obéir à Rome. Merveilleux ! De retour au confort des années 1950 ! Mais les années 1950 sont parties pour toujours. Alors, où est l’erreur dans son raisonnement ?

Elle se trouve au tout début lorsqu’il dit qu’il n’est pas théologien. C’est bien vrai qu’il n’a pas été un théologien de profession, mais tout catholique doit être un théologien amateur, ou mieux dit, doit bien connaître son catéchisme, car ce n’est qu’à la lumière de sa doctrine qu’il pourra juger des questions de la Foi. Lorsque Notre Seigneur nous avertissait qu’il faut discerner entre les agneaux et les loups (Mt.VII,15–20), il ne s’adressait pas qu’aux théologiens professionnels ! Aussi Pérol, en renonçant à la « théologie » en faveur de la diplomatie, présente-t-il encore un exemple de l’incapacité de l’homme moderne de saisir l’importance de la doctrine. Cette incapacité est la leçon la plus importante à retirer du petit livre sur le GREC.

Kyrie eleison.

Libéraux Innocents ?

Libéraux Innocents ? on février 23, 2013

Voici quatre semaines le « Commentaire Eleison » répondit affirmativement à la question de savoir si le libéralisme est aussi horrible qu’on suppose qu’il l’est : au moins implicitement le libéralisme est la guerre contre Dieu. Restait la question de savoir si les nombreux libéraux qui nient être libéraux sont dans le vrai quand ils le nient. La réponse est sûrement que nous nous trouvons tous tellement immergés dans le libéralisme qu’il n’y a que peu parmi nous pour nous rendre compte à quel point nous le sommes.

Le libéralisme, au sens le plus large, c’est l’homme qui s’affranchit de la loi de Dieu, ce que fait tout homme lorsqu’il commet un péché. Donc, en ce sens plus large, tout pécheur est un libéral, et ainsi quiconque admet qu’il est pécheur doit admettre qu’il est libéral dans ce sens large. Néanmoins, une chose est de rompre la loi de Dieu tout en reconnaissant toujours que Dieu est Dieu et que sa loi est sa loi. Un tel pécheur n’est qu’un libéral pratique. C’est une chose tout à fait différente que de rompre la loi de Dieu en niant que Dieu soit Dieu et que sa loi soit sa loi. Voilà le libéral par principe, et voilà le libéralisme propre aux temps modernes.

Il fit irruption sur la scène avec la Révolution française de 1789. La charte de cette Révolution, la Déclaration des Droits de l’Homme, fut effectivement une déclaration de l’indépendance de l’homme face à Dieu. Dorénavant, même lorsqu’un homme quelconque obéirait à la loi de Dieu, il le ferait seulement en vertu de son propre choix et non en vertu de l’obéissance à quelqu’ordre ou commandement de Dieu. Dans un tel acte apparemment obéissant, il ne se comporterait pas comme un libéral en pratique, mais en tous ses actes il serait dans le fond un libéral par principe. C’est de ce libéralisme moderne que les catholiques d’aujourd’hui accusent souvent leurs adversaires. Ces adversaires ont-ils raison de nier presqu’aussi souvent qu’ils soient des libéraux ? Subjectivement, oui. Objectivement, non.

Subjectivement, oui, car depuis 1789 les hommes ne font que s’imbiber plus profondément des faux principes de la Révolution, de telle sorte que si on les accuse de se libérer de la loi de Dieu, ils peuvent sincèrement répliquer : « Quelle loi ? Quel Dieu ? De quoi me parlez-vous ? » C’est à ce point-là qu’ont été apparemment effacés des esprits Dieu et sa loi. Mais objectivement, non, car Dieu et sa loi n’ont évidemment pas cessé d’exister et, au fin fond d’eux-mêmes les hommes modernes le savent bien. Il est « inexcusable » de dire qu’Il n’existe pas (Rom.I,20), et Sa Loi est inscrite dans le cœur de tous les hommes (Rom.II,15), quoi qu’ils en disent par leur bouche. Le « sincèrement » mentionné ci-dessus exige des guillemets, car il ne vaut pas plus qu’il ne vaut devant le tribunal du Souverain Juge.

Alors, ces chefs de la Fraternité Saint Pie X qui essaient actuellement d’insérer la Fraternité dans l’Église Conciliaire, peuvent-ils nier qu’ils soient des libéraux ? Subjectivement, il n’y a pas de doute qu’ils sont convaincus qu’ils font ce qu’il y a de mieux pour l’Église, mais objectivement ils cherchent sans remords à mettre l’œuvre contre-Révolutionnaire de Mgr. Lefebvre sous le contrôle des autorités de l’Église qui elles s’efforcent de faire triompher une fois pour toutes la Révolution libérale. Ces chefs de la FSSPX disent que nous devons nous réunir avec l’Église visible parce qu’elle est l’Église catholique. Pourtant l’« église » Anglicane est bien visible sur tout le territoire anglais, mais est-elle catholique pour autant ? En outre, ces chefs ne peuvent ignorer à quel point ils faussent et suppriment les paroles de Mgr. Lefebvre pour les faire coïncider avec leur propre vision de l’Église

La triste vérité, c’est que ces libéraux n’ont jamais compris le fond du combat de Mgr. Lefebvre. Tant qu’il était en vie, ils étaient fascinés, comme tant parmi nous, par son charisme catholique, mais ils n’ont jamais compris la foi de Mgr Lefebvre, foi qui était à son charisme ce que la racine est au fruit. Ils ont aimé le fruit – c’est tout à leur honneur – mais quelques années après sa mort, le fruit sans la racine s’est mis à se flétrir et à mourir. Faute d’avoir compris sa foi, ils devaient nécessairement transformer la Fraternité de Mgr. Lefebvre en la leur propre, qui transformerait les ennemis de la foi à Rome en « nos nouveaux amis ».Voilà ce que nous avons vu. Voilà ce que nous sommes en train de voir. Que le Ciel nous vienne en aide !

Kyrie eleison.

La Ruse de Di Noia

La Ruse de Di Noia on février 16, 2013

Il y a deux mois le Vice-président de la Commission Pontificale Ecclesia Dei de Rome, a adressé au Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et à tous ses prêtres une lettre de plusieurs pages accessible sur l’internet que le Père Lombardi, porte-parole du Saint Siège, a qualifiée d’un « appel personnel ». Depuis lors cette lettre a suscité divers commentaires. Il s’agit évidemment de la dernière manœuvre dans la campagne de Rome destinée à mettre en poche la FSPX et à mettre fin à sa résistance de 40 ans à la Révolution Conciliaire. Ainsi que le disait Mgr de Galarreta au mois d’octobre 2011, même si la FSPX repousse continuellement les offres de Rome, Rome reviendra toujours à la charge. En effet. Mais voyons brièvement ce que Mgr. Di Noia tient à dire à « Son Excellence et chers frères prêtres de la Fraternité Saint Pie X » :—

Il commence par admonester les dirigeants de la Fraternité, en particulier les abbés Schmidberger et Pfluger et Monseigneur Fellay (dans cet ordre) pour avoir donné des entrevues tellement critiques envers Rome qu’on peut se demander si la Fraternité veut réellement se réconcilier avec Rome. De plus, les différences doctrinales entre la FSPX et Rome sont toujours aussi irréductibles. De sorte qu’il faut une nouvelle approche, à baser désormais sur l’unité.

L’unité de l’Église, continue-t-il, est empêchée par quatre vices et favorisée par les quatre vertus opposées : humilité, douceur, patience et charité. Ceux qui divisent l’Église sont des ennemis de Dieu. Tout ce qu’il nous faut, c’est l’amour. Loin de nous donc cette « rhétorique âpre et stérile ». Que la FSPX fasse valoir donc son charisme de former les prêtres, mais des prêtres qui soient dociles au Magistère officiel, qui prêchent sur la Foi et non sur les questions polémiques, et qui au lieu de traiter des problèmes théologiques devant les fidèles peu au courant de ces questions, les exposent devant les autorités compétentes à Rome. Le juge suprême de ces questions si difficiles, c’est le Pape. En conclusion, Benoît XVI est vraiment désireux de la réconciliation. Toute amertume doit être écartée. Comme le dit Notre Seigneur, « Qu’ils soient un » (Fin de la lettre de Mgr. Di Noia).

Observez en passant comment, en homme typiquement moderne et moderniste, l’Archevêque escamote la question essentielle de la doctrine. Mais l’intérêt principal de sa lettre ne réside-t-elle pas ailleurs ? – Étant donné que les relations avec Rome ne sont pas du ressort des prêtres, comment Mgr Di Noia aurait-il eu l’audace de s’adresser personnellement à chacun des prêtres de la FSPX sans une précédente connivence avec le Quartier Général de la FSPX ? En effet, c’est bien le QG qui a fait parvenir la lettre à tous ces prêtres ! Voici une indication parmi bien d’autres qu’il existe toujours des contacts entre Rome et le QG de la FSPX que l’on maintient dans l’ombre. Mais alors surgit la question : Quel motif le QG de la FSPX peut-il avoir eu pour donner à l’Archevêque moderniste un accès si privilégié et si dangereux à tous les prêtres de la FSPX ? Ce QG veut-il lui aussi qu’ils se fassent modernistes ? Il faut supposer que non ! Par contre c’est bien possible qu’il veuille aider Rome sur le chemin de la « réconciliation ».

En transmettant l’appel à l’amour de l’Archevêque, le QG de la FSPX réussit à passer le doux message à tous les prêtres de la FSPX sans que personne ne puisse accuser le QG lui-même d’être faible à ce point. Au contraire, la lettre romaine leur fait voir à tous combien les Romains sont gentils. Il est vrai toutefois qu’on y trouve aussi un reproche modéré envers les dirigeants de la FSPX pour leur manque de gentillesse, mais ce reproche ne met-il pas en valeur leur fermeté dans la défense de la Foi ! Surtout, la lettre aura servi de ballon d’essai pour mesurer les réactions des prêtres. Que pensent-ils ? Aussi bien Rome que Menzingen ont besoin de calculer quel sera le bon moment pour foncer dans le processus de la « réconciliation », en sorte d’entraîner la grande majorité des prêtres sans trop en perdre, pour que ne reprenne pas la résistance organisée à la religion du Nouvel Ordre Mondial.

Chers prêtres de la FSPX, si vous ne voulez pas être avalés vivants par la Rome du Nouvel Ordre, je vous conseille en toute douceur de réagir. Faites savoir à vos Supérieurs, aussi discrètement que vous le souhaitez mais en termes clairs, que vous ne voulez n’avoir rien, mais vraiment rien, à faire avec la Rome Conciliaire, tant qu’elle n’abandonne pas clairement le mortel Concile.

Kyrie eleison.

Le Cinquantisme Est de Retour

Le Cinquantisme Est de Retour on janvier 12, 2013

Question d’une actualité brûlante : Comment les chefs de la Fraternité Saint Pie X qui a été fondée par l’Archevêque Lefebvre pour résister à la Nouvelle Église, recherchent-ils maintenant ses faveurs dans le but de la rejoindre ? Une réponse est qu’ils n’ont jamais compris complètement l’Archevêque. Après le désastre de Vatican II dans les années 60, ils virent en lui la meilleure continuation de l’Église des années 1950, qui avait préparé, en réalité, le désastre. De fait, l’Archevêque était beaucoup plus que cela, mais après sa mort, tout ce qu’ils voulaient était en revenir au Catholicisme commode des années 50. Et ils n’étaient pas seuls à préférer le Christ sans sa Croix. C’est une formule très populaire.

En effet, le Catholicisme des années 50 n’était-il pas comme un homme debout sur le bord d’une haute et dangereuse falaise ? D’une part, il se trouvait encore à une grande hauteur, autrement Vatican II n’aurait pas été une chute aussi vertigineuse. D’autre part, il se trouvait dangereusement près du bord de la falaise, autrement, sa chute n’aurait pas été aussi rapide qu’elle le fut dans les années 60. En aucune façon tout n’était pas mauvais dans l’Église des années 50, mais elle était trop près du désastre. Pour quoi ?

Parce que les Catholiques en général dans les années 50 maintenaient extérieurement les apparences de la vraie religion, mais intérieurement trop d’entre eux flirtaient avec les erreurs athées du monde moderne : le libéralisme (ce qui compte le plus dans la vie est la liberté), le subjectivisme (de telle sorte que l’esprit et la volonté de l’homme doivent être libres de toute vérité objective ou loi), l’indifférentisme (ainsi peu importe que puisse être la religion d’un homme), et ainsi de suite. Ainsi les Catholiques ayant la Foi et ne voulant pas la perdre, s’adaptaient peu à peu à ces erreurs. Ils allaient à la Messe le dimanche, parfois ils se confessaient, mais ils alimentaient leurs esprits des vils media, et leurs cœurs supportaient difficilement certaines lois de l’Église, sur le mariage chez les laïcs, sur le célibat dans le clergé. Ainsi, ils pouvaient conserver la foi, mais ils voulaient de moins en moins nager contre le puissant courant du monde enchanteur et incroyant qui les entourait. Ils s’approchaient de plus en plus du bord de la falaise.

Il est possible que l’Archevêque ait eu certaines faiblesses, dont on peut penser voir certains reflets dans les difficultés que la Fraternité traverse actuellement. Nous ne devons pas faire de lui une idole. Toutefois, il était dans les années 50 un évêque qui conservait à la fois les apparences du Catholicisme et aussi, profondément ancrée en lui, sa substance, comme le prouvent les fruits magnifiques de son ministère apostolique en Afrique. Ainsi alors que Vatican II réussit à duper ou paralyser la plupart de ses confrères évêques, il parvint à recréer, presque tout seul, un séminaire et une Congrégation pré-Vatican II. L’apparition de son oasis Catholique au milieu du désert conciliaire émerveilla de nombreux bons jeunes. Les vocations étaient également attirées par le charisme personnel de l’Archevêque. Mais dix à vingt ans après sa mort survenue en 1991, la substance de son héritage parut de plus en plus lourde (aux chefs) pour résister au courant toujours plus fort du monde moderne.

De sorte que, de moins en moins désireux de supporter la Croix d’être méprisés par le courant majoritaire de l’Église et du monde, les leaders de la Fraternité Saint Pie X commencèrent à rêver d’être à nouveau officiellement reconnus. Et le rêve s’imposa, car, après tout, les rêves sont tellement plus beaux que la réalité. Nous devons prier pour ces leaders de la FSPX. Les années 1950 ont disparu et ne reviendront absolument pas.

Kyrie eleison.

Feu Orange

Feu Orange on janvier 5, 2013

Certains parmi vous, lecteurs du « Commentaire Eleison » peuvent ne pas avoir trouvé l’admirable lettre d’il y a deux mois écrite par Monsieur l’Abbé Ronald Ringrose au Supérieur du District des Etats Unis de la Fraternité Saint Pie X, l’Abbé Arnauld Rostand. L’Abbé Ringrose fut pendant 30 ans le pasteur de la paroisse Traditionnelle de Saint Athanase juste à la limite de Washington D.C., et pendant toute cette période il a été l’ami fidèle, sans en être un membre, de la FSPX. Toutefois, au mois de Juin de l’année dernière, il fut l’hôte de la première réunion aux Etats Unis du noyau de prêtres qui forment maintenant une Résistance au changement de cap de la Fraternité, latent depuis longtemps, mais qui devint clair pour tous au printemps de l’année dernière. Etant un fidèle représentant de Monseigneur Fellay aux Etats Unis, l’Abbé Rostand lui écrivit pour lui proposer une réunion dans laquelle il pourrait convaincre l’Abbé Ringrose que le changement n’était pas un changement. Voici la réponse de l’Abbé Ringrose :—

« Je vous remercie de votre lettre du 12 Octobre dans laquelle vous proposez un rendez-vous pour discuter de la situation au sein de la Fraternité Saint-Pie X. Bien que ce soit une offre très aimable de votre part et que je l’apprécie beaucoup, je ne pense pas qu’une telle réunion soit utile, étant donné que les problèmes proviennent des hauts dirigeants de la Fraternité, et que vous n’êtes pas en mesure de changer cela.

Il est vrai que j’ai été un fervent partisan de la Fraternité depuis de nombreuses années. Ce soutien a été fondé sur le fait que ma mission en tant que prêtre, et la mission de la Fraternité étaient une seule et même mission d’aider les âmes à s’accrocher à la foi catholique au cours de cette période où elle semble avoir été abandonnée par la Rome post-conciliaire.

Maintenant, je dois être plus prudent et réservé dans ce soutien. Je suis alarmé que le Supérieur Général dise que 95% de Vatican II est acceptable. Je suis étonné que la Direction de la Fraternité réponde aux trois évêques de la Fraternité en suggérant qu’ils font des erreurs de Vatican II des « super-hérésies ». Je suis déçu que la réponse de la Fraternité à Assise III ait été si faible et anémique. Je suis attristé par les sanctions disciplinaires injustes envers les prêtres de la Fraternité qui suivent l’exemple de Mgr Lefebvre , et je suis indigné par le traitement de Mgr Williamson – et pas seulement par son expulsion récente, mais aussi par le traitement lamentable dont il a été l’objet au cours des dernières années.

Avant cette dernière année, lorsqu’un paroissien me demandait ce que je pensais de la Fraternité, je donnais toujours le feu vert. Étant donné les récentes actions de la Fraternité, je ne donne pas encore à la Fraternité le feu rouge, mais je donne le feu orange de la prudence. Le voyant rouge s’allumera si et quand la société se permettra d’être absorbée dans l’Église conciliaire à laquelle Mgr Lefebvre a si vigoureusement résisté.

C’est avec une grande tristesse que je vous écris ces mots. Il y a beaucoup de bons prêtres fidèles zélés dans les rangs de la Fraternité. Beaucoup d’entre eux que je connais personnellement et que j’admire. Beaucoup d’âmes dépendent d’eux. C’est par amour pour la Fraternité que je crains pour son avenir. Je crains qu’elle ne se trouve sur une voie suicidaire. La direction peut penser qu’un accord n’est plus d’actualité, mais je crains que ce ne soit pas la pensée de Rome.

Je prie pour que la Fraternité revienne à la mission que lui a donnée Mgr Lefebvre, sans compromis ou dissimulation. Quand elle le fera, elle aura mon soutien sans réserve. »

Et la lettre de l’Abbé Ringrose se termine par une salutation fraternelle. C’est vraiment un modèle de clarté d’esprit et de courtoisie, de fermeté et de charité. Bonne continuation, bravo, Monsieur l’Abbé Ringrose pour maintenir un bastion incomparable de Catholicisme tout près de la Capital des Etats Unis !

Kyrie eleison.

Alerte Culturelle

Alerte Culturelle on décembre 29, 2012

Alors que les dirigeants de la Fraternité Saint Pie X semblent chanceler, les catholiques qui aiment la Fraternité pour avoir tant reçu d’elle ces dernières années pourraient être tentés de penser qu’en tant que fidèles ils ne peuvent pratiquement rien faire pour changer la situation. Ils auraient tort. Qu’ils lisent les réflexions ci-dessous de l’un de mes amis, et ils pourront y entrevoir que si Dieu ne secourt pas la Fraternité pour eux, comme bien sûr Il pourrait le faire, cela aura dépendu d’eux-mêmes en partie au moins. Voici la lettre de mon ami, adaptée :—

« Un accord pratique serait désastreux pour la cause de la Tradition Catholique. Il suffit de voir ce qui est arrivé aux Rédemptoristes Traditionnels en Écosse . . . Les deux Messes ne peuvent pas coexister. L’une chassera toujours l’autre . . . Quand j’ai assisté récemment à une Nouvelle Messe, toute l’église était perturbée par les bavardages et les applaudissements comstants . . . Les deux côtés sont simplement trop éloignés l’un de l’autre pour qu’un accord puisse fonctionner. Aucun accord des esprits n’est possible entre la modernité et la Tradition.

« Il y a aussi la profonde révolution qui a emporté la civilisation moderne, y compris le mouvement Traditionnel, et qui n’a pas été perçue en grande partie par les dirigeants de la Tradition . . . La technologie électronique a provoqué une révolution culturelle dans la vie quotidienne, en particulier celle des jeunes générations. Si cette technologie n’est pas maniée comme il faut, elle affaiblira certainement la Foi parce qu’elle peut s’emparer de la vie toute entière des gens. Les jeunes se laissent facilement posséder par elle. Ils s’y accrochent tout au long de la journée.Ceux qui s’y laissent engloutir deviennent dysfonctionnels, incapables de se lever le matin, de maintenir une conversation vivante ou de garder un emploi.

« Or si une équipe sportive n’est pas tancée par son entraîneur, sa qualité de jeu commence à déchoir. Si les catholiques ne sont pas tancés au sujet d’activités culturelles comme la musique, l’habillement des femmes, ou la télévision, leurs normes culturelles commencent à chuter, ce qui a de profondes implications pour leur foi. Puisque la direction de la FSPX ou bien n’a pas perçu cette révolution culturelle, ou bien ne lui a pas prêté l’attention qu’elle mérite, les parents Traditionnels se trouvent abandonnés à eux-mêmes dans la lutte pour éloigner de leurs familles la mondanité de la société moderne. Je me suis entretenu en longueur avec beaucoup de familles Traditionnelles qui sont préoccupées par l’orientation qu’a prise le mouvement Traditionnel. Les mouvements religieux doivent prendre position sur les questions culturelles s’ils veulent porter des fruits. La Tradition se renforçait lorsqu’elle prenait fermement position contre la télévision. Mais si l’on ne résiste pas sur les questions culturelles, la résistance sur les questions doctrinales se met rapidement à s’affaiblir.

« Le dernier Chapitre de la FSPX l’a peut-être retenue du naufrage pour le moment, mais je n’en suis guère rassuré. Il a pris beaucoup de soin à définir les paramètres de toute discussion future avec Rome en vue d’un accord. Pourtant, dans le fond Rome n’a pas changé depuis 1988. A mon avis, la FSPX doit reprendre le rôle prophétique qu’elle jouait tant que Mgr. Lefebvre était encore en vie. Le mouvement Traditionnel a besoin de dénoncer fermement le modernisme et le libéralisme qui mènent l’Église catholique à sa destruction. Ces dénonciations ont été dernièrement mises en sourdine. Il se peut qu’un bon nombre de prêtres Traditionalistes ait été attiré par les facilités que leur apportera, pensent-ils, un accord avec Rome. »

A vous de jouer, chers lecteurs. Éloignez de votre foyer la musiquenulle et sans valeur. Débarrassez-vous des postes de télévision. Limitez au minimum l’électronique. Mères, portez des jupes aussi souvent que possible, c’est-à-dire la plupart du temps. Autrement, ne vous plaignez pas si Dieu ne vient pas au secours de la Fraternité. Il n’oblige personne à accepter ses dons. Béni soit son nom pour toujours.

Kyrie eleison.