La doctrine catholique, le dogme, dépôt de la foi

Plusieurs “Églises”

Plusieurs “Églises” on décembre 1, 2012

Une grande confusion règne aujourd’hui en ce qui concerne la véritable Église de Notre Seigneur ici sur terre, et au sujet des différentes appellations qu’on lui applique. De loin la majeure partie de cette confusion provient du plus grand problème actuel de l’Église, à savoir du diabolique Concile Vatican Deux (1962–1965). Essayons d’y voir un peu plus clair.

« Église » provient du grec Ekklesia et du latin Ecclesia, « assemblée ». « Notre Seigneur a assemblé autour de Lui une société d’hommes qui le reconnaissait pour Maître : voilà ce que Lui-même a appelé Son Église » (Bossuet).

« Église catholique » désigne pour beaucoup de gens un édifice, mais elle signifie surtout le groupe des personnes qui partagent dans le monde entier ( katholos en grec signifie « universel ») une même Foi, un même ensemble de Sacrements, et une même hiérarchie, ces trois éléments ayant été établis par le Dieu Incarné, Notre Seigneur Jésus-Christ, lors de sa vie sur terre il y a 2000 ans. Mais à partir de ce groupe original de croyants tel qu’il fut institué par Notre Seigneur, de temps en temps d’autres groupes se sont séparés, tout en prétendant être la véritable Église du Christ. Alors, comment puis-je savoir laquelle est sa véritable Église ?

« Église du Christ » est celle qui possède les quatre Notes qui permettent de la reconnaître. 1 Une –par l’unicité surtout de la Foi par laquelle Notre Seigneur voulut unifier Son Église en elle-même et pas fonder d’autres (cf.Jn.XVII,21–23 : « Pour que tous soient un »). 2 Sainte – Notre Seigneur fonda son Église pour mener les hommes au Dieu Très Saint et à son Ciel de Sainteté (cf.Mt.V,48 : « Soyez parfaits . . . »). 3 Catholique – Notre Seigneur a fondé son Église pour tous les hommes de tous les pays et de toutes les époques (cf.Mt.XXVIII,19 : « Allez donc et enseignez toutes les nations »). 4 Apostolique – Notre Seigneur a fondé son Église comme une monarchie, pour être gouvernée par l’Apôtre Saint Pierre et ses successeurs (cf.Mt.XVI,18 : « Tu es Pierre et sur cette pierre ( petran en grec) J’édifierai mon Église »). Où se trouvent réunies ces quatre Notes, là est la véritable Église du Christ. Là où elles font défaut, il ne s’agit plus de l’Église du Christ.

« Église Conciliaire » signifie l’Église catholique centrée sur Dieu telle qu’elle tombe depuis 50 ans sous l’influence du Concile Vatican Deux, centré sur l’homme. Le Conciliarisme (comme on peut appeler l’erreur distillée de Vatican II) comporte la même relation à la véritable Église du Christ que la pourriture d’une pomme pourrie à la pomme qu’elle pourrit. De même que la pourriture occupe la pomme, dépend de la pomme, ne peut exister sans la pomme, mais demeure néanmoins totalement différente de la pomme (autant que diffère ce qui est immangeable de ce qui est mangeable), ainsi le Conciliarisme diffère du catholicisme à tel point que l’on peut dire en toute vérité que l’Église Conciliaire n’est plus l’Église catholique. Mais, l’Église catholique est visible. L’Église Conciliaire n’est elle pas elle aussi visible ?

« Église visible » ( ou concrète) signifie tous les édifices, hiérarques et sujets de l’Église que nous pouvons voir de nos yeux. Mais dire que l’Église catholique est visible, donc que l’Église visible est l’Église catholique, c’est aussi « infantile » (mot de Mgr. Lefebvre) que de dire que tous les lions sont des animaux et donc tous les animaux sont des lions. L’unique partie de l’Église visible qui soit catholique est celle qui est une, sainte, universelle et apostolique. Le reste n’est autre que différentes espèces de pourriture visible (ou concrète).

« Église officielle » signifie l’Église en tant qu’Elle est conduite par, et qu’Elle suit, ses hiérarques visibles. Étant donné que ceux-ci sont aujourd’hui en grande partie Conciliaires, l’« Église officielle » est largement Conciliaire et non-catholique, selon sa conformité ou non avec les quatre Notes. Pareillement l’ « Église majoritaire » signifie l’Église officielle d’aujourd’hui en tant qu’on l’oppose au petit troupeau « Traditionnaliste ». Cependant, que personne n’aille dire qu’il ne reste rien des Notes « une, sainte, universelle ou apostolique » dans l’Église majoritaire, pas plus que tout dans le petit troupeau « Traditionnaliste » met en évidence ces quatre Notes. Le blé et l’ivraie sont toujours mélangés dans l’Église du Christ (cf.Mt.XIII,24–30).

Kyrie eleison.

Initiative Marcellus

Initiative Marcellus on novembre 10, 2012

Après avoir reçu la semaine dernière des détails de la « Marcellus Initiative », établie pour faciliter les dons à la cause d’un évêque « expulsé », certains lecteurs ont demandé avec raison quels seraient les buts de l’« Initiative ». Pour commencer, il s’agira de couvrir les frais personnels pour le déménagement de Wimbledon, hors de Londres peut-être, et ensuite pour l’installation ailleurs. Pour ce qui dépasse ces frais, le mot « Initiative » a été choisi exprès pour laisser la porte ouverte à diverses options. Toutefois, il est important que personne ne pense que ces dons aillent servir à court terme pour créer une nouvelle Fraternité Saint Pie X ou un séminaire de remplacement. Dans les deux cas il y a de bonnes raisons pour ne pas s’y précipiter.

En ce qui concerne une alternative à la FSPX, nous devons tirer les leçons qui se dégagent de sa grave crise actuelle. L’Église catholique pour remplir sa mission se fonde sur l’autorité, depuis le Pape en haut jusqu’aux fidèles en bas, mais aujourd’hui notre monde Révolutionnaire a tellement détruit le sens naturel de l’autorité que peu d’hommes savent commander, et le grand nombre d’hommes obéissent trop peu – ou trop. Nous avons perdu, pour ainsi dire, ce bon sens paysan qui permettait à l’autorité catholique de fonctionner normalement. Et de même que seul Dieu put rétablir l’autorité de Moïse en châtiant de façon spectaculaire les rebelles qui s’insurgeaient contre elle (cf. Nombres XVI), ainsi nous semble-t-il sûr que Dieu seul pourra restaurer l’autorité du Pape. Cela se fera-t-il par une « pluie de feu », selon l’avertissement de Notre Dame d’Akita au Japon en 1973 ? Quoiqu’il en soit d’un châtiment éventuel, la possibilité immédiate et pratique reste celle des oasis de la Foi, que j’entends faire mon possible pour secourir.

Pour la réouverture d’un séminaire catholique classique, des arguments semblables s’appliquent. On ne construit pas une maison sur du sable dit Notre Seigneur (Mt.VII,26). Il me semble à moi qu’il devient de plus en plus difficile de transformer des jeunes hommes d’aujourd’hui en prêtres catholiques. Les qualités surnaturelles de foi, bonne volonté et piété vont loin, mais la Grâce construit sur la nature, et les fondements naturels, tels un foyer solide et une éducation vraiment humaine, se font de plus en plus rares. Bien sûr, il reste encore de bonnes familles où les parents ont compris ce que la Religion exige d’eux pour mettre leurs enfants sur le chemin du Ciel, et il y en a qui font des efforts héroïques dans ce sens. Mais notre monde pervers s’évertue à détruire tout bon sens et décence naturelle, qu’il s’agisse du genre, de la famille, ou de la patrie. Même avec les meilleures intentions, les enfants du milieu social actuel restent en général plus ou moins sévèrement handicapés quand il s’agit d’entendre ou de suivre un appel de Dieu.

Cela signifie-t-il que Dieu a abandonné son Église, ou qu’Il entend nous laisser sans prêtres pour demain ? Bien sûr que non. Mais cela signifie qu’aucune organisation catholique que l’on constituera demain pour sauver les âmes ne pourra se permettre de perdre de vue à quel point l’Église Conciliaire et le monde moderne sont funestes pour le salut des âmes. Cela signifie de même que les prêtres ne pourront plus être formés demain pour connaître par cœur la Somme Théologique de Saint Thomas d’Aquin, si on ne les forme pas pour comprendre à fond le contexte réel d’aujourd’hui dans lequel il va falloir appliquer cette Somme.

Voilà pourquoi, coûte que coûte, les Congrégations et séminaires de demain devront absolument être ancrés dans le réel, et ne pas se perdre dans des rêves d’une fausse « normalité ». Cela sera-t-il possible ? Avec l’aide de Dieu, oui. Mais Dieu est Dieu, et pour le salut des âmes de demain, il se peut qu’Il n’ait plus recours aux Congrégations ou séminaires classiques d’hier. Pour ma part, je m’efforcerai de suivre Sa Providence en ce qui concerne l’ordination des prêtres ou bien – la consécration d’évêques. Que la volonté de Dieu soit faite.

Kyrie eleison.

Et Maintenant ?

Et Maintenant ? on novembre 3, 2012

Les nouvelles de la semaine dernière concernant l’expulsion de l’un des quatre évêques de la Fraternité Saint Pie X ont apporté un grand nombre de courriers électroniques de soutien et d’encouragement. A chacun d’entre vous un grand merci. Une division d’une telle ampleur parmi les évêques de la Fraternité est une grande peine, mais Dieu a ses raisons pour l’avoir permise, et il est clair que vous êtes nombreux à comprendre que la Foi prime sur l’unité. Ce n’est pas la division mais la perte de la Foi qui constitue le mal ultime : «  Car aussi bien faut-il qu’il y ait entre vous des factions, afin que soit manifesté parmi vous qui sont les bons »(I Cor.XI,19 ; cf. I Jn.II,19). Quant à la tournure que prendra la guerre titanique entre les amis et les ennemis de cette Foi, je n’en vois moi-même pour l’instant que les grandes lignes. Permettez-moi de m’en référer à trois citations fréquentes de Monseigneur Lefebvre, dont je pense qu’elles peuvent servir encore aujourd’hui.

En premier lieu, « Nous devons suivre la Providence et ne pas essayer de la mener ». S’il est vrai que « la Charité espère tout » (I Cor.XIII,7), alors nous pouvons laisser à la Fraternité encore un peu de temps pour qu’elle se redresse, avant de l’inscrire sur la liste des groupes Traditionnels passés à l’ennemi. C’est pourquoi je disais la semaine dernière que les prêtres de la FSPX peuvent rester discrètement sur leur garde pour l’instant, en observant quelle tournure vont prendre les événements, tandis que les fidèles peuvent continuer à assister aux Messes de la Fraternité, mais les uns et les autres doivent rester vigilants (Mt. XXVI,41) pour discerner d’éventuelles contradictions dans la doctrine et tout fléchissement dans la morale. La tentation sera de préférer le confort à la rigueur et la routine aux bouleversements, comme l’ont fait des milliers de prêtres et des millions de fidèles suite à Vatican II, de telle sorte qu’ils finirent par perdre la Foi. Nous avons le droit d’attendre que la Providence nous montre le chemin à suivre. Nous n’avons pas le droit de perdre la Foi.

En deuxième lieu, « Le temps ne respecte rien qui se fait sans lui ». En d’autres mots, il faut du temps pour construire quelque chose de solide. Il se peut que nous soyons pressés. Dieu ne l’est pas. Mgr Lefebvre a pris son temps pour construire la Fraternité. Vatican II a conclu son œuvre diabolique en 1965. Il a fallu 11 ans pour que le premier contingent important de prêtres sorte du premier séminaire de l’Archevêque. Patience. Il ne s’est pas pressé.

En troisième lieu, « Le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ». Le domaine public aujourd’hui est complètement empoisonné. Chercher à atteindre une large audience parmi les hommes modernes, c’est s’exposer au grand risque d’imiter le cavalier mené par sa monture, car toute audience contemporaine est apte à faire plier le message, et le messager, à sa propre corruption. Rarement Mgr Lefebvre alertait les medias, ce sont eux qui le poursuivaient, parce que son message était inflexible. Voilà encore une preuve que ce n’est pas le bruit que nous pouvons faire sur la scène publique mais notre Foi qui est « notre victoire sur le monde » (I Jn.V, 4).

Bref, je pense que la situation de la Résistance Catholique aujourd’hui requiert non pas une action précipitée, mais un jugement pondéré à porter sur les hommes et les événements, jusqu’à ce que la volonté de Dieu apparaisse plus clairement. Je pense – je peux me tromper – qu’Il veut un réseau souple, un maquis, de poches de résistance indépendantes, réunies autour de la Messe, en contact facile les unes avec les autres, mais sans la structure d’une fausse obéissance comme celle qui a contribué largement au naufrage et de la plus grand partie de l’Eglise dans les années 60, et à celui de la Fraternité Saint Pie X actuellement. Si vous êtes d’accord, n’hésitez pas à apporter vos dons à l’Initiative St Marcel car ils seront certainement utiles, peut- être plus tôt que je ne le pense. En ce qui me concerne, dès que ma situation se stabilise en Angleterre, je suis prêt à mettre mes pouvoirs d’évêque à la disposition de tous ceux qui sauront en profiter avec sagesse.

Aux États-Unis, les chèques peuvent être faits à l’ordre de St Marcel Initiative et postés à l’adresse suivante : St Marcel Initiative, P.O.Box 764, Carrollton, VA 23314, USA. Les dons par cartes de crédit ou de débit, ou par débit direct / transfert bancaire, peuvent se faire chez www.stmarcelinitiative.com. Pour les dons par chèques depuis le Royaume Uni et la zone Euro, les détails indiquant où ils peuvent être envoyés seront signalés le plus tôt possible.

Kyrie eleison.

Décision Capitale

Décision Capitale on octobre 27, 2012

Ainsi, l’exclusion de la Fraternité Saint Pie X de l’un des quatre évêques consacrés pour son service par Mgr Lefebvre en 1988 est maintenant officielle. Il s’agit d’une décision importante de la part des dirigeants de la FSSPX, et non pour des raisons personnelles, mais en raison de la suppression de ce que beaucoup ont considéré être le plus grand obstacle au sein de la FSSPX à une fausse réconciliation entre la Tradition catholique et la Rome conciliaire. Maintenant qu’il est parti, la Fraternité peut plus facilement continuer sa glissade dans le libéralisme commode.

Si le problème était simplement sa personne, il pourrait ne pas y avoir de conséquences trop graves. Il a 72 ans (« il est plus ou moins gaga ») et il ne lui reste plus trop d’années actives devant lui. On pourrait l’ignorer complètement ou le discréditer encore plus, le cas échéant, et le laisser fulminer à son aise dans sa retraite isolée. Mais si de fait son exclusion signifie le rejet de l’opposition à Rome qu’il représentait, la FSSPX est alors en difficulté, et loin de résoudre ses tensions intérieures en ayant fait de lui un exemple, elle risque maintenant d’être déchirée par les dissensions silencieuses ou les contradictions ouvertes.

La raison en est que Mgr Lefebvre a fondé la Fraternité Saint Pie X pour résister à la destruction de l’Église  : de la foi catholique par le Concile et ses 16 documents, de la pratique de cette foi par la nouvelle messe avant tout. Depuis le début de la Fraternité, la résistance au Concile fait partie intégrale de sa nature. Or, on ne peut pas défaire la nature d’une chose sans défaire la chose. Il s’ensuivrait que par cette exclusion la FSSPX de Mgr Lefebvre est en voie d’être défaite, et elle sera remplacée par quelque chose de tout à fait différent. En fait, on a pu observer cette transformation depuis de nombreuses années. L’exclusion n’est simplement qu’un coup final.

Non pas que Mgr. Lefebvre était principalement ou uniquement contre le Concile. Il était avant tout catholique, un évêque catholique, un vrai pasteur des âmes, comme il ressort de ses écrits d’avant le Concile. Mais une fois que cette catastrophe indicible pour l’Eglise eut lieu, il reconnut très vite que la tâche la plus urgente pour la défense de la Foi était de résister à la révolution de Vatican II qui s’emparait de millions de cœurs et d’esprits catholiques. D’où sa fondation en 1970 de la FSSPX qui permettrait d’utiliser exclusivement le rite tridentin de la messe. D’où sa fameuse Déclaration de novembre 1974, qui était comme une charte des principes catholiques qui inspirent la résistance de la FSSPX. Seuls la conversion et le retour des autorités de l’Eglise à la vraie foi peuvent justifier l’abandon de ces principes. Une telle conversion ou un tel retour ont-ils eu lieu ? En aucune façon. Bien au contraire.

Et l’avenir ? Pour combler le vide laissé par l’abandon des objectifs de Mgr. Lefebvre, il est probable que la FSSPX officielle va se précipiter bientôt dans les bras de Rome, en particulier si la conscience de Benoît XVI le pousse à mettre fin au « schisme » avant sa mort. L’exclusion de l’évêque peut ou non avoir été une condition préalable posée par Rome pour un accord entre Rome et la FSSPX, mais en tout cas elle en favorise certainement un. Les prêtres de la Fraternité qui voient clair pourraient se terrer pour le moment et attendre que le vent semé soit suivie par la tempête à récolter. Les laïcs de la FSSPX pourraient assister à des messes de la Fraternité, pour l’instant, quitte à surveiller le moment où la transformation mentionnée ci-dessus commence à menacer leur foi. Quant à l’évêque exclu, les dons pour lui ou sa cause devront attendre que tout soit arrangé pour les recevoir. Mais ne doutez pas d’une chose : il n’entend pas prendre sa retraite.

Accrochez-vous bien, mes amis. Ce sera la randonnée de notre vie. Faisons-en la randonnée qui nous mène au Paradis !

Kyrie eleison.

Lire en Famille

Lire en Famille on octobre 20, 2012

Dernièrement, ce « Commentaire » conseillait aux lecteurs de transformer leurs maisons en forteresses au cas où les bastions publics de la Foi deviendraient périmés à cause du mal débordant de notre époque, et certains lecteurs nous ont écrit pour nous demander de quelle façon leurs maisons pourraient être fortifiées. De fait, certains numéros du « Commentaire » ont suggéré déjà une variété de moyens spirituels et matériels pour défendre la maison et la famille, notamment, bien sûr, le Saint Rosaire, mais on a omis de mentionner un moyen auquel je penserais moi-même pour remplacer la télévision si j’avais une famille à défendre : la lecture à haute voix tous les soirs aux enfants, de chapitres choisis dans le Poème de l’Homme-Dieu de Maria Valtorta. Et lorsque nous arriverions au bout des dix volumes en français, je m’imagine que nous recommencerions depuis le début, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous les enfants eussent quitté le foyer !

Toutefois, le Poème ne manque pas d’ennemis nombreux et éloquents. Le Poème consiste en épisodes de la vie de Notre Seigneur et de Notre Dame, depuis la conception immaculée de celle-ci jusqu’à son assomption au Ciel, tels qu’ils ont paru dans des visions reçues, on peut le croire, du Ciel, lors de la Deuxième Guerre mondiale dans le Nord de l’Italie par Maria Valtorta. Elle était célibataire, d’âge mur, immobilisée dans son lit de malade de façon permanente à la suite d’une blessure au dos reçue plusieurs années auparavant. Les notes inclues dans l’édition italienne (qui comprend plus de 4,000 pages en 10 volumes) montrent à quel point elle craignait d’être trompée par le Diable, et en effet bon nombre de personnes ne sont pas convaincues que le Poème vienne réellement de Dieu. Voyons trois objections parmi les plus importantes.

En premier lieu, le Poème fut mis à l’Index des livres interdits par l’Église dans les années 1950, c’est-à-dire avant que Rome ne devînt néo-moderniste dans les années 1960. Le motif invoqué pour sa condamnation fut qu’on y donne aux événements de l’Evangile un aspect romantique et sentimental. En second lieu, on accuse le Poème d’un grand nombre d’erreurs doctrinales. En troisième lieu, l’objection que faisait Monseigneur Lefebvre au Poème était que l’on y trouve tant de détails physiques de la vie quotidienne de Notre Seigneur qu’il en sort de lui une image trop matérielle qui nous fait trop descendre en dessous du niveau spirituel des quatre Évangiles.

Mais, en premier lieu, comment les modernistes ont-ils pu prendre le pouvoir dans la Rome des années 1960, ainsi qu’ils le firent, s’ils n’avaient été déjà bien établis dans la Rome des années 1950 ? Le Poème, comme les Evangiles (par exemple Jn.XI,35,etc.) est plein de sentiments, mais toujours proportionnés à leur objet. Aux yeux de tout juge objectif le Poème ne semblera, à mon avis, ni sentimental ni romantique. En deuxième lieu, les soi-disant erreurs doctrinales ne sont pas difficiles à expliquer, l’une après l’autre, comme cela a déjà été fait par un théologien compétent dans les notes que l’on trouve dans l’édition italienne du Poème. Et en troisième lieu, tout en gardant, bien sûr, tout le respect que l’on doit à Monseigneur Lefebvre, je dirais que l’homme moderne a besoin de détails matériels pour qu’il puisse croire de nouveau en la réalité des Évangiles. N’est-il pas vrai qu’une excessive « spiritualité » peut reléguer, pour ainsi dire, Notre Seigneur à l’étage supérieur, où il devient irréel, tandis qu’au rez-de-chaussée le cinéma et la télévision prennent possession du sens de la réalité de l’homme moderne ? De même que Notre Seigneur était vrai homme et vrai Dieu, ainsi le Poème est-il à tout moment aussi pleinement spirituel que pleinement matériel.

De la lecture vivante et non-électronique du Poème à la maison, je peux imaginer de nombreux bienfaits possibles, outre le contact réel et vivant entre les parents qui lisent et les enfants qui écoutent. Les enfants s’imbibent de ce qui les entoure, comme les éponges s’imbibent d’eau. Avec la lecture de chapitres du Poème choisis selon l’âge de l’enfant, je me demande s’il y a une limite aux enseignements qu’ils pourraient absorber au sujet de Notre Seigneur et de Notre Dame.Et les questions qu’ils poseraient ! Et les réponses que les parents devraient trouver ! Je crois réellement que le Poème pourrait beaucoup contribuer à faire d’un foyer une forteresse de la Foi.

Kyrie eleison.

Sarto, Siri ?

Sarto, Siri ? on septembre 29, 2012

Lors d’un sermon pour la fête de Saint Pie X, je me suis surpris à prononcer une « quasi-hérésie » : Je me demandais à voix haute si Joseph Sarto aurait désobéi à Paul VI lorsque celui-ci détruisait l’Église, si au lieu de mourir étant le Pape Pie X en 1914, il était mort comme Cardinal, disons en 1974. Dans la Fraternité Saint Pie X, cela doit ressembler à une hérésie car, comment la sagesse du patron céleste de la FSPX peut-elle être prise en défaut ? Néanmoins la question n’est pas inutile.

Dans les années 1970Mgr. Lefebvre entreprit quelques visites personnelles à un certain nombre de cardinaux et d’évêques de l’Église parmi les meilleurs, dans l’espoir d’en persuader au moins une poignée à offrir une résistance publique à la révolution de Vatican II. Il disait souvent que la résistance unie de rien qu’une demi-douzaine de ces évêques aurait pu sérieusement entraver la débâcle Conciliaire de l’Église. Hélas, ni même le Cardinal Siri de Gênes que Pie XII souhaitait avoir comme successeur, ne voulait faire un geste publique contre l’Église officielle Conciliaire. Finalement, Monseigneur de Castro Mayer s’associa en public à Mgr Lefebvre, mais pas plus tôt que dans les années ‘80, alors que la Révolution Conciliaire s’était déjà bien incrustée au sommet de l’Église.

Vient alors la question : comment fut-il possible que les meilleurs parmi les esprits les mieux préparés aient pu être aussi aveuglés ? Comment au moins quelques-uns parmi les meilleurs hommes d’Église de l’époque ne furent-ils pas en mesure de voir ce que l’Archévêque voyait, par exemple que la « loi » qui instaurait la Nouvelle Messe ne pouvait être en aucune façon une vraie loi, car il appartient à la nature même d’une loi d’être un ordonnancement de la raison pour le bien commun ? Comment Monseigneur Lefebvre put-il se trouver si relativement seul pour refuser qu’un principe de bon sens aussi fondamental se laissât étouffer par respect de l’autorité, alors que la survie même de l’Église était gravement menacée par Vatican II et la Nouvelle Messe ? Comment l’autorité put-elle arriver à prendre ainsi le dessus de la réalité et de la vérité ?

Je réponds que depuis sept siècles la Chrétienté glisse dans l’apostasie. Pendant 700 ans, avec de nobles interruptions telle la Contre-réforme, la réalité du catholicisme s’est vue lentement ronger par le rêve cancéreux du libéralisme, comme quoi l’homme doit se libérer de Dieu en libérant sa nature de la grâce, son esprit de la vérité objective, et sa volonté du bien et du mal objectifs. Pendant très longtemps, pendant 650 ans, les chefs de l’Église catholique se sont accrochés à la réalité et l’ont défendue, mais à la fin, la force du rêve de la modernité, fantaisie toujours plus éblouissante et séduisante, finit par pénétrer dans leurs os suffisamment pour que la réalité perdît son emprise sur leurs esprits et leurs volontés. La grâce venant à leur manquer, ainsi que le dit Saint Thomas Moreà propos des évêques anglais de son époque qui trahissaient l’Église catholique, les prélats de Vatican II laissèrent le rêve des hommes peser plus que la réalité de Dieu, et l’autorité peser plus que la vérité. Il y a ici des leçons pratiques pour le clergé comme pour les laïcs.

Chers confrères, à l’intérieur comme à l’extérieur de la FSPX, pour servir Dieu, prenons garde de ne pas réagir comme Joseph Siri alors qu’en réalité il nous faut réagir comme Joseph Sarto, avec ses magnifiques condamnations des erreurs modernes dans Pascendi, Lamentabili et Notre Charge Apostolique sur le Sillon. Et pour obtenir la grâce dont nous avons besoin dans cette crise la plus terrible de toute l’histoire de l’Église, nous avons terriblement besoin de prier.

Quant à vous, fidèles, si les horreurs de la vie moderne vous font avoir « faim et soif de justice », réjouissez-vous, si vous pouvez, de ce que ces horreurs vous maintiennent dans la réalité, et ne doutez pas que si vous persévérez dans cette faim et soif, « vous serez rassasiés » (Mt.V, 6). Bienheureux les pauvres en esprit, les doux, ceux qui pleurent, dit Notre Seigneur au même endroit. Quant à la protection la plus sûre pour éviter que vos esprits et vos cœurs ne soient pris par le rêve, priez cinq, ou mieux quinze, Mystères chaque jour du Saint Rosaire de Notre Dame.

Kyrie eleison.