Les Commentaires Eleison

Discussions Contournées ?

Discussions Contournées ? on août 21, 2010

Alors que les discussions doctrinales entre Rome et la Fraternité St Pie X se soldent, selon les deux côtés, par un échec doctrinal, de la France et de l’Allemagne nous vient une observation et de Rome un bruit qui allument ensemble un feu rouge pour les Catholiques. Le danger consiste en un compromis politique qui contournerait tout simplement l’échec doctrinal.

Venant de la France et de l’Allemagne, ce sont des laïcs qui m’ont dit il y a quelques semaines que dans les centres de Messe de la FSSPX bon nombre des fidèles n’y attendent et n’espèrent qu’un accord comme fruit des discussions. Si – je répète, si – cela est vrai, c’est très grave. De tels fidèles méritent une bonne note pour leur désir de ne pas être coupés de ce qui leur semble être Rome, mais ils méritent une mauvaise note pour leur manque de compréhension du fait que tant que les discussions restent proprement doctrinales, il est exclu que la doctrine néo-moderniste de Vatican II puisse se réconcilier avec la doctrine catholique de la vraie Église. De tels fidèles peuvent vénérer et aimer Mgr Lefebvre comme ils l’entendent, mais ils n’ont rien compris à sa lutte pour l’Église. Qu’ils s’éveillent de leur rêve, ou de façon ou d’autre ils vont tomber dans les bras de la Rome néo-moderniste.

Mettre un accord avant la doctrine, c’est préférer la politique à la religion, l’unité à la vérité, et l’homme à Dieu. Préférer Dieu à l’homme, c’est mettre la vérité avant l’unité, la religion avant la politique, et la doctrine avant tout accord qui ne soit pas doctrinal. Seuls les rêveurs ne pouvaient prévoir que ces discussions entre Rome et la FSSPX se solderaient par un échec doctrinal. Seuls des politiciens peuvent souhaiter qu’il en sorte un accord non doctrinal.

Hélas, tout laisse croire que Benoît XVI croit sincèrement en la Nouvelle Église de Vatican II, laquelle voit comme sa tâche de réunir dans son sein tous les hommes sans exception, qu’ils croient ou non dans l’unique vraie doctrine de la Foi. Donc il veut sincèrement y incorporer la FSSPX aussi – n’oublions pas non plus qu’il ne lui reste pas beaucoup de temps à vivre ! Dans ce cas l’échec de discussions doctrinales ne doit pas trop l’inquiéter. Dès lors il en sera à chercher un compromis politique avec la FSSPX pour la réintégrer au reste de la Nouvelle Église, et pour ce faire il devra exiger de la FSSPX ni trop, car elle rechignerait, ni trop peu, car alors c’est le reste de la Nouvelle Église qui se soulèverait.

Selon le bruit qui nous parvient de Rome, il pense précisément à un « Motu Proprio » qui « rétablirait dans l’Église » une fois pour toutes la FSSPX, sans lui demander d’accepter explicitement ni Vatican II ni la Nouvelle Messe, mais seulement, par exemple, le « Catéchisme de l’Église Catholique » de Jean-Paul II paru en 1992, texte substantiellement moderniste mais en douceur. Ainsi la FSSPX éviterait-elle de paraître à ses fidèles comme ayant accepté le Concile ou la Nouvelle Messe, mais en même temps elle se mettrait doucement, doucement, à accepter la substance du néo-modernisme. De cette façon-là tous ceux qui cherchent l’unité seraient contents. Il n’y aurait de mécontents que ceux qui croient en la doctrine catholique.

FEU ROUGE !

Kyrie Eleison.

Universités – Remèdes – II

Universités – Remèdes – II on août 14, 2010

Pourquoi les « universités » modernes sont-elles de vraies poubelles de la « démocratie » ? Parce que dans la « démocratie » moderne tout le monde doit être égal, donc personne ne peut paraître supérieur. Or, qui obtient une licence paraît supérieur. Donc tout le monde doit avoir une licence. Mais tous les garçons n’ont en aucune façon la capacité ou le goût de l’étude nécessaires pour obtenir une licence. Il faudra donc baisser le niveau des « universités » jusqu’à ce que tout garçon puisse obtenir une « licence », même si elle ne vaudra guère le papier sur lequel elle sera inscrite. Le système « universitaire » d’aujourd’hui est une « fraude totale », dit un ami et professeur aux USA.

Qu’y a-t-il à la racine de cette stupidité moderne ? Encore une fois, le refus de Dieu. Toutes les âmes sont absolument égales devant Dieu, pour l’éternité, devant son tribunal au moment de la mort, et c’est tout ce qui compte, mais par ailleurs elles sont à tous les égards inégales devant les hommes, pour cette courte vie, dans la société humaine. En effet, Dieu repartit de façon très inégale ses dons, afin que les hommes dépendent les uns des autres et s’occupent de leur voisin. Dès lors une « licence » purement humaine ne rend personne supérieur devant Dieu, mais seulement devant les hommes insensés qui font fi de Dieu. Donc tout parent qui prend Dieu en compte fera complètement fi de « la démocratie », de « l’égalité », des « universités » et des « licences ».

Le premier souci des parents sera de former leurs garçons à la réalité, pour qu’ils puissent atteindre le Ciel réel du Dieu réel, sans faire attention aux chimères irréelles d’un monde qui se précipite à sa ruine autour d’eux. Ils commenceront par se demander quels sont les dons que le Bon Dieu a répartis à ce fils en particulier, très différent de ses frères dans la même famille ? Pour quelles activités a-t-il de l’inclination ? Les dons de Dieu indiqueront la volonté de Dieu pour lui. De toute évidence, le grand nombre des garçons est plutôt enclin aux travaux manuels qu’aux livres. Et G.K. Chesterton dit de façon heureuse que tout travail sur une chose matérielle comme le bois ou le métal, est un apprentissage à l’école de la réalité. Donc n’hésitez pas à le laisser suivre un cours à une école technique pour apprendre un vrai métier comme celui de charpentier, plombier, électricien ou mécanicien. Ou bien a-t-il un oncle qui est fermier ? Envoyez-lui votre fils. Apprendre à s’occuper des animaux est une vraie école de réalité !

Pour qu’il apprenne cette réalité, qu’il fuie la « licence ». Peut-être les employeurs d’aujourd’hui exigent-ils encore une « licence », mais sous peu on les entendra dire : « Tu as passé trois ans à gaspiller l’argent de tes parents ou à accumuler une lourde dette, rien que pour apprendre à boire et à courir les filles ? Tu ne m’intéresses pas ! » Au contraire, si en plus d’un métier technique un garçon a appris à la maison à être honnête et à travailler dur, il saura se faire une vie plus que seulement honnête. Ses services seront très appréciés dans un monde qui s’effondre dans la ruine des valeurs irréelles.

Quant à vos filles, qu’elles apprennent les réalités domestiques de toujours, telles la cuisine, la couture, la musique, les beaux arts, bref, tout ce qui rend plus amène la vie du foyer, mais surtout la cuisine. Que le monde s’effondre, qu’il suive les chimères qu’il veut, le chemin du cœur de l’homme passera toujours par son estomac ! C’est un homme qui parle !

Kyrie Eleison.

Universités – Remèdes – I

Universités – Remèdes – I on août 7, 2010

« Soit, Monseigneur », j’entends répondre les parents, « donc les “universités” ne sont qu’un désert (EC 158). Mais suivant cette ligne de pensée-là vous devrez admettre que c’est le désert presque partout aujourd’hui. Alors que faire de nos enfants ? La loi de Dieu nous défend de recourir à des moyens illicites pour empêcher qu’ils n’arrivent. Les voici. Et alors ? »

En deux mots, dans un monde plus corrompu que jamais, les âmes qui veulent aller au Ciel devront être plus héroïques que jamais, mais la récompense divine dépassera de loin leur héroïsme le plus splendide.

C’est Pie XII qui a dit que le monde était dans un pire état qu’au temps de Sodome et Gomorrhe, et il est mort en 1958 ! Que ne dirait-il pas aujourd’hui ? Devant le même problème, les Papes qui l’ont suivi ont changé les règles du jeu au Concile du Vatican II, pour ne pas avoir à condamner, condamner, toujours condamner. Mais c’était là la voie de la facilité. Éteindre les alarmes et éteindre l’incendie, cela fait deux. L’Église et le monde flambent comme jamais, et la première chose que doivent faire les parents, c’est de faire face au problème, à savoir, à quel point le salut éternel de leurs enfants est en péril.

Une fois bien compris ce péril, leur Foi catholique leur dira qu’il est exclu de prendre la voie basse de la facilité Conciliaire, ils doivent prendre le chemin des hauteurs héroïques. « Ce n’est pas sur des lits de plume que nous arriverons au Ciel », dit St Thomas More. « Qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et me suive », dit Notre Seigneur, et « Celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé » (Mt.XVI, 24 et XXIV, 13). Si pour sauver les âmes de leurs enfants il faut que les parents soient des héros, ils n’ont qu’à se décider que des héros ils vont l’être. A ce moment-là, comme dit le proverbe, « Qui veut la fin, veut les moyens ». Dès que l’amour paternel et maternel veut la fin, il trouvera les moyens, à l’intérieur et à l’extérieur du foyer.

A l’extérieur, voir dans ce « Commentaire » de la semaine prochaine des alternatives à « l’université ». A l’intérieur, tout vrai prêtre leur dira de commencer par établir solidement au cœur du foyer la récitation du chapelet, et de continuer en bradant le téléviseur qui n’est rien d’autre qu’un tabernacle du monde, de la chair et du démon. Dès le plus jeune âge, que les esprits et les cœurs des enfants soient nourris chez eux des contacts vivants de la famille, et de discussions vives sur tout ce qui se passe autour. La raison en est que dès qu’ils atteignent l’âge « universitaire », en bien ou en mal, les dés sont normalement jetés, en sorte que si le fils a grandi dans un vrai foyer humain et vivant, élevé vers le Ciel par la prière, la pire des « universités » ne lui fera pas nécessairement trop de mal, tandis que s’il a été élevé en télévidiote, la meilleure des universités ne l’aidera guère à trouver le chemin du Ciel.

Remarquez que le numéro 158 du « Commentaire » n’a pas défendu absolument aux parents de payer une « université » pour leurs fils, il leur a dit de bien réfléchir avant de le faire. Or, s’ils réfléchissent bien pendant que leur fils est encore jeune, leur Foi leur révèlera comment il faut changer de train de vie dans le foyer, et sans trop tarder. Comme le dit St Paul en citant le Prophète Isaïe (I Cor. II, 9 ; Is. LXIV, 4), gagner le Ciel vaut infiniment tout effort, car il dépasse infiniment même tout ce que peut imaginer le plus imaginatif des hommes.

Kyrie Eleison.

L’Utilité des Discussions – II

L’Utilité des Discussions – II on juillet 31, 2010

Certaines personnes se sont demandé si l’auteur du « Commentaire Eleison » a subi quelque pression pour avoir cité il y a trois semaines (EC 154) les arguments de Mgr de Galarreta qui plaidaient en faveur des discussions doctrinales actuellement en cours entre Rome et la Fraternité St Pie X. Il faut répondre qu’il n’y a eu aucune pression de cette sorte. Alors est-ce que cet auteur perd la tête ? Il faut répondre, pas plus que d’habitude.

La raison pour laquelle on s’est posé la question, bien sûr, c’est que plus d’une fois le « Commentaire » a soutenu qu’il y a peu d’espoir qu’un accord puisse sortir des discussions, vu qu’il est impossible de mélanger l’huile et l’eau. A force de secouer furieusement une bouteille qui contient les deux, on fera que l’huile et l’eau se mêleront, mais dès que l’on cesse de secouer, elles se sépareront immédiatement. C’est dans leur nature. Etant plus légère, l’huile flotte nécessairement au-dessus de l’eau.

C’est également dans la nature de la doctrine divine de la vraie Église et de la doctrine humaine du néo-modernisme de pouvoir se mêler mais pas se mélanger. La « lettre », c’est-à-dire les documents de Vatican II, les ont fait se mêler, mais pas même les chefs d’œuvre de confusion de Vatican II, tel « Dignitatis Humanae » sur la liberté religieuse, n’ont réussi à faire qu’elles se mélangent. L’après-Concile qui a suivi « l’esprit » du Concile en est la preuve, car cet « esprit du Concile » ne cesse de déchiqueter l’Église depuis. Quant à « l’herméneutique de la continuité » de Benoît XVI, elle est une recette pour ne pas cesser de secouer furieusement, disons plutôt résolument, la religion de Dieu avec la religion de l’homme, mais elles ne se mélangent pas pour autant. Elles se repoussent toujours.

Mais pourquoi alors le « Commentaire » a-t-il cité les arguments de Mgr. de Galarreta en faveur des discussions ? Pour deux raisons. D’abord quant à l’effet principal des discussions, remarquez qu’aucun de ses arguments, si on les lit attentivement, n’exprime l’attente ni l’espoir que l’huile et l’eau se mélangeront. Au contraire, lorsqu’il a dit qu’il entendait que les discussions prennent fin au printemps de l’année prochaine, il semblait bien indiquer qu’on ne doit pas secouer indéfiniment la bouteille, surtout pas si cela devait favoriser chez les fidèles l’illusion que l’huile et l’eau peuvent à la longue se mélanger. Deuxièmement, c’est à partir des effets secondaires des discussions que Monseigneur arguait que les contacts qu’elles provoquent entre Rome et la FSSPX agissent comme de l’antigel dans le radiateur de tout Romain qui veut abhorrer la FSSPX, comme dans celui de tout fidèle de la FSSPX qui veut abhorrer Rome.

L’auteur du « Commentaire » a l’honneur d’être d’accord avec son confrère sur le fait que ces contacts entre Rome et la FSSPX sont bons pour l’Église Universelle, tant qu’il n’est pas question pour la FSSPX de manquer à sa mission providentielle de contribuer à protéger de la Rome d’aujourd’hui le Dépôt de la Foi pour la Rome de demain, dès qu’elle reviendra à elle-même et à la Foi. « Le ciel et la terre passeront, dit Notre Seigneur, mais mes paroles ne passeront pas » (Lc.XXI, 33). A Dieu ne plaise que la FSSPX rallie cette Rome qui brasse ensemble l’huile de Dieu avec l’eau de l’homme !

Mère de Dieu, gardez-nous fidèles à notre mission !

Kyrie Eleison.

Le Désert des “Universités”

Le Désert des “Universités” on juillet 24, 2010

Lorsque j’ai écrit il y a une dizaine d’années que les universités n’étaient pas pour les filles, de nombreux lecteurs ont été choqués. Mais si j’écoute aujourd’hui un jeune professeur qui vient de passer six ans à enseigner la littérature anglaise dans une « université » anglaise – une « université » est tout autre chose qu’une véritable université – il semble qu’il faudrait ajouter que les garçons ne devraient pas s’y rendre non plus. Ou bien ils doivent réfléchir très sérieusement avant de s’y engager et les parents doivent réfléchir très sérieusement avant de prendre en charge les frais coûteux . Voyons dans l’ordre ce que le professeur a observé, et ce qu’il pense en être les causes et les remèdes.

Dans cette « université » où il a professé, il n’a pu trouver aucune poursuite de la vérité ni éducation pour la vérité. « Le langage, dit-il, n’y est plus qu’un jeu déconnecté d’avec la réalité, et qui fabrique dans le vide. On fait sentir aux étudiants que tout est relatif, qu’il n’y a ni normes ni valeurs objectives, ni structure ni référence morales. Les sciences sont infectées d’un évolutionnisme qui prétend que la “science” s’oppose à la religion. Les “humanités” sont dégradées par une interprétation freudienne qui fait tout centrer sur le sexe. Les professeurs encouragent les étudiants à mener une vie sexuelle parce que “cela leur fera du bien”. De leur vie de nuit ces “universités” font de la publicité. Elles sont complètement sexualisées.

« Quant aux professeurs, beaucoup se rendent compte qu’il y a un problème de fond, mais ils continuent de jouer le jeu. Ils sont tous marxisants, sinon marxistes. Ils enseignent comme si l’autorité ne fait qu’étouffer, comme si la tradition ne fait qu’opprimer. L’évolutionnisme est roi. Quant aux étudiants, ils sont beaucoup plus nombreux qu’on ne penserait à aspirer à quelque chose de plus, mais ils ne regardent plus vers leur “université” pour y trouver la vérité. S’ils veulent une “licence”, ce n’est que pour obtenir un emploi, et s’ils veulent une “licence” de bonne qualité, ce n’est que pour obtenir un meilleur emploi. C’est rare qu’ils discutent des idées. »

Alors quelles sont les CAUSES de cette transformation de l’université dans une source d’information purement utilitaire au service du système en place ? « La raison de fond, dit le professeur, est la perte de Dieu, résultat de plusieurs siècles de la guerre faite à l’Incarnation. Dès lors l’éducation n’existe plus pour fournir une vérité ni une règle de vie, c’est plutôt pour développer son potentiel de manière à se différencier et se rendre supérieur aux autres. Le vide laissé par la Vérité est rempli par la culture “pop” et par l’École de Francfort qui poussent à la libération de toute autorité. Le vide laissé par Dieu est rempli par l’État, qui ne voit dans les “universités” qu’une source de technocrates et ingénieurs. Les valeurs absolues ne présentent aucun intérêt sauf un : le scepticisme absolu. »

Quant aux REMEDES le professeur déclare : « Ces “universités” ne peuvent plus sortir du piège où elles sont tombées. Pour apprendre quelque chose de vraiment utile, qu’un fils reste à la maison, parle avec des prêtres ou fasse une retraite. Les catholiques fidèles doivent se débrouiller tout seuls, et se mettre ensemble pour reconstruire leurs propres institutions, à partir peut-être d’écoles d’été. Les humanités sont à restaurer, parce qu’elles traitent des réalités fondamentales de l’existence humaine, le vrai, le bien, le droit. Les sciences naturelles, étant des spécialités dérivées, doivent rester secondaires. Elles ne peuvent prendre la place des humanités. Que les parents envoient leurs fils à ces “universités” pour s’assurer un emploi, mais pas pour apprendre quelque chose de vraiment utile. »

« La perte de Dieu » – tout est dit.

Kyrie Eleison.

L’Art Moderne – II

L’Art Moderne – II on juillet 17, 2010

Par sa laideur même, l’art moderne indique que Dieu existe et qu’il est bon. Trois mois plus tard (cf. EC 144) retournons à ce paradoxe, dans l’espoir que s’il y a une âme dont le bon sens reconnaît la différence entre la beauté et la laideur dans l’art, cette âme puisse se laisser mener à reconnaître en plus que si Dieu n’existait pas, cette différence n’existerait pas non plus .

Le mot « art » signifie habileté, ou les produits de l’habileté humaine. Il peut inclure les peintures, sculptures, modes de vêtement, la musique, l’architecture, etc. L’expression « art moderne » se réfère normalement aux peintures et sculptures en particulier, telles qu’elles ont été produites à partir du début du 20me siècle par un mouvement d’artistes qui rejetèrent consciemment, et rejettent toujours, toute mesure et norme de la beauté telle qu’on la concevait avant ce siècle-là. La différence entre l’art pré-moderne et l’art moderne est aussi réelle et évidente que la différence ici à Londres entre le « Tate Museum », musée classique situé au Millbank, et le « Tate Modern », musée entièrement nouveau créé il y a dix ans de l’autre côté de la Tamise et un peu en aval de son géniteur. C’est comme si l’art moderne ne supporte pas de rester tranquille sous le même toit que l’art classique. Ils se font la guerre, tout comme les églises anciennes et la Nouvelle Messe.

Or l’art moderne entendu ainsi se caractérise par sa laideur. Sur ce point-ci le bon sens est d’accord avec le chef communiste Khrouchtchev, qui aurait dit à propos d’une exposition d’art moderne à Moscou : « Un âne pourrait mieux faire avec sa queue. » Et qu’est-ce que la laideur ? Le manque d’harmonie. Mme Arianna Huffington dans son livre admirable « Picasso, Créateur et Destructeur » a démontré comment Picasso, chaque fois qu’il tomba amoureux d’une autre de ses six femmes (principales), en fit des peintures plus calmes qui reflétaient quelque chose de leur beauté naturelle, mais dès que cet amour prenait fin, sa rage déchiquetait en menus morceaux cette beauté pour en faire des « chefs d’œuvre » d’art moderne. Cette suite dans ses peintures est réglée comme une horloge !

Aussi la beauté dans l’art ressort-elle de l’harmonie dans l’âme, ne fut-ce qu’une harmonie de ce monde ici-bas, tandis que la laideur procède d’un manque d’harmonie, comme de la haine. Mais l’harmonie n’appelle pas son manque, au contraire, alors que ce manque se définit par l’harmonie à laquelle il s’oppose, à laquelle par essence il fait la guerre. Donc l’harmonie est antérieure par nature au manque d’harmonie, et tout manque d’harmonie est témoin de l’harmonie dont il est la privation. Or, profondément plus harmonieuses que toutes les peintures de belles femmes peuvent être les peintures de la Madone, parce que l’harmonie dans l’âme de l’artiste qui dépeint la Mère de Dieu peut être autrement plus élevée et profonde que l’harmonie inspirée par un modèle purement humain, pour beau qu’il soit. Pourquoi ? Parce que la beauté de la Madone dérive du fait qu’elle est proche de Dieu, dont l’harmonie divine – son incomparable simplicité et unité parfaite – dépasse infiniment l’harmonie humaine de la plus belle des créatures.

Donc le pauvre art moderne indique l’harmonie qui lui manque, et toute harmonie indique Dieu. Que personne alors n’ait recours à la laideur de l’architecture moderne pour héberger la Messe de toujours. On soupçonnerait d’un tel qu’il ne fait qu’attendre le moment où il puisse retourner à la laideur de la Nouvelle Messe !

Kyrie Eleison.