Les Commentaires Eleison

Déclaration Doctrinale – I

Déclaration Doctrinale – I on avril 13, 2013

La Déclaration Doctrinale du 15 avril de l’année dernière, rédigée par le Supérieur Général (SG) de la Fraternité Saint Pie X comme projet pour la réintégration de la Fraternité dans l’Église officielle, a fait son apparition publique presqu’un an plus tard. Elle a eu pour but de plaire en même temps à la Rome Conciliaire et aux « Traditionnalistes ». (« On peut la lire avec des lunettes noires ou roses » a dit le SG en public). De fait, elle a plu aux Romains qui déclarèrent qu’une telle Déclaration Doctrinale représentait une « avancée » en leur direction. Elle n’a pas plu aux Traditionnalistes qui ont vu en elle (ou en ce qu’ils en ont connu) une ambigüité équivalente à une trahison de la bataille pour la Foi Catholique menée par Mgr. Lefebvre, à tel point qu’ils ont estimé que son acceptation par les Romains aurait suffi pour détruire sa Fraternité.

En fait, lorsque le SG se rendit chez les Romains le 11 juin pour recevoir leur décision, il s’attendait vraiment à ce que les Romains l’aient acceptée. Nombreux sont les observateurs qui ont pensé que la raison principale pour laquelle les Romains n’ont point accepté la Déclaration Doctrinale est parce qu’entre-temps la lettre du 7 avril des Trois Evêques au SG a été publiée. Cette lettre avertissait les Romains que le SG ne pourrait se faire suivre par toute la Fraternité, contrairement à ce qu’il a pu leur faire croire, mais comme ils ont voulu qu’il le fît. Ils ne voulaient ni ne veulent une nouvelle scission qui permette à la Tradition de prendre un nouvel essor.

Quoiqu’il en soit, un article court comme celui-ci permet de présenter une seule raison importante pour affirmer que si les Romains avaient accepté la proposition de la Déclaration Doctrinale, c’en était fini de la FSPX. Mgr. Lefebvre déclara, et prouva, que Vatican II était une cassure ou rupture par rapport à l’enseignement précédent de l’Église. Sur cette prémisse s’est fondé et repose toujours le mouvement catholique Traditionnel. C’est pourquoi, confronté aux progrès de la résistance de ce mouvement qui s’opposait à son cher Vatican II, Benoît XVI proclama dès le début de son pontificat en 2005 l’ « herméneutique de la continuité ». Grâce à celle-ci le Concile qui (objectivement) contredit la Tradition, doit être (subjectivement) interprété de telle sorte qu’il ne la contredise plus. Ainsi doit disparaître toute opposition ou rupture entre le Concile et la Tradition catholique.

Voyez maintenant le septième paragraphe (III, 5) de la Déclaration Doctrinale. Il déclare que les affirmations de Vatican II qui seraient difficiles à concilier avec tout l’enseignement précédent de l’Église, (1) « doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière et ininterrompue, de manière cohérente avec les vérités précédemment enseignées par le Magistère de l’Église, (2) sans accepter aucune interprétation de ces affirmations qui peuvent porter à exposer la Doctrine catholique en opposition ou en rupture avec la Tradition et avec ce magistère ».

La première partie ici (1) est parfaitement vraie tant qu’elle signifie que toute nouveauté Conciliaire « difficile à concilier » sera immédiatement rejetée si elle contredit objectivement l’enseignement antérieur de l’Église. Mais entendue ainsi, (1) est directement contredite par (2) lorsque (2) dit qu’aucune nouveauté Conciliaire ne saurait être « interprétée » comme étant en rupture avec la Tradition. C’est comme si quelqu’un disait que toutes les équipes de football doivent porter des maillots bleus, mais que les maillots de toute autre couleur doivent être interprétés comme étant rien d’autre que bleus ! Quelle bêtise ! Mais voilà exactement l’ « herméneutique de la continuité ».

Donc, les soldats qui gardent la dernière forteresse de la Foi qui soit organisée à échelle mondiale, se rendent-ils compte de ce que leur Commandant est en train de penser ? Se rendent-ils compte que sa solennelle déclaration de la doctrine de la FSPX fait paraître qu’il pense de la même façon qu’un chef de leurs ennemis ? Sont-ils heureux qu’on les conduise à penser comme les ennemis de la Foi ? En effet, toutes les idées doivent être catholiques, mais de telle sorte que les idées non-catholiques seront « interprétées » dorénavant comme étant catholiques. Réveillez-vous,camarades ! Dans le Quartier Général on pense comme l’ennemi.

Kyrie eleison.

GREC – III

GREC – III on avril 6, 2013

Désirant prendre lui-même la place de Dieu, l’homme moderne s’efforce de remplacer l’ordre du monde de Dieu par son propre ordre. Mais l’ordre de Dieu est réel, extérieur et indépendant de l’esprit de l’homme. C’est pourquoi l’homme moderne décroche son esprit de cette réalité, tout en extrayant d’elle, pour construire son propre rêve, ces éléments-là qui sont indispensables à sa construction. Or l’ordre le plus élevé dans la Création de Dieu trouve sa meilleure expression dans la doctrine de l’Église. C’est pourquoi tout homme d’Église et tout fidèle soumis aujourd’hui à l’influence de tout ce qui est « normal » dans le monde qui les entoure, souffrent d’un profond refus ou ignorance de la nature et nécessité de la doctrine.

C’est là que réside le problème essentiel du GREC, tel qu’il a été présenté dans deux numéros antérieurs des « Commentaires Eleison » (294 et 295). Le Groupe de Réflexion Entre Catholiques fut fondé en 1997 dans les salons de Paris pour promouvoir d’amicales réunions et échanges entre les catholiques de Tradition et les catholiques du courant majoritaire de l’Église, dans le but de créer un climat de confiance mutuelle et de respect qui faciliterait une réconciliation entre eux, et qui mettrait ainsi fin à leur inutile opposition. Un tel but ignore gravement l’importance de la doctrine, sans qu’il soit nécessaire d’y voir une malice préméditée, dont seul Dieu est juge, mais quoi que les hommes puissent en penser, pas plus que la réalité la doctrine ne se laisse mettre de côté.

Dans le livre du Père Lelong sur le GREC, Pour la Nécessaire Réconciliation, le Père nous raconte comment deux prêtres de la Fraternité Saint Pie X et son Supérieur Général « contribuèrent d’une façon décisive à la création et à la vie du GREC ». Même avant sa création, l’abbé du Chalard avait accordé au Père Lelong une amicale réception dans son prieuré de la FSPX, et « dans les années qui suivirent il ne cessa d’apporter au GREC un soutien aussi discret qu’attentif ». Lors de la création du GREC, l’abbé Lorans, alors Recteur de l’Institut Saint Pie X de Paris et qui depuis lors a exercé une influence décisive sur les publications de la FSPX depuis Paris, salua l’idée d’un « dialogue entre catholiques », et très vite obtint du Supérieur Général de la FSPX en Suisse l’aval de sa participation au GREC. A partir de ce moment-là, l’abbé Lorans a joué un rôle de chef dans toutes les activités du GREC.

Ces activités débutèrent à petite échelle et en privé. En mai 2000 eut lieu la première réunion publique, à laquelle l’abbé Lorans participa, avec une assistance de 150 personnes. Les réunions se firent de plus en plus fréquentes, avec la participation de prêtres de la FSPX. Les autorités de l’Église furent au plus haut niveau régulièrement consultées, et on les tenait au courant. L’abbé Lorans de son côté permit « d’établir et d’approfondir des relations qui furent toujours très confiantes » avec le Supérieur Général. A partir de 2004, les réunions du GREC furent ouvertes plus largement encore au public, et en septembre de cette année un « groupe de travail théologique » fut organisé avec la participation de l’abbé Lorans ainsi que celle d’un autre prêtre de la FSPX et d’un théologien de Rome, ces deux derniers devant participer plus tard ensemble aux Discussions Doctrinales entre Rome et la FSPX de 2009 à 2011. Le GREC a bien pu voir dans ces Discussions la réalisation de ses espoirs les plus chers – enfin les théologiens se rencontraient dans un climat que le GREC avait tant contribué à créer, « pour la nécessaire réconciliation ».

Grâce à Dieu, les Discussions rendirent à la doctrine sa juste primauté. Elles démontrèrent qu’entre la doctrine catholique et celle du Concile existe un abîme infranchissable. Mais est-ce que l’école de pensée du GREC allait pour autant être bloquée à l’intérieur de la FSPX ? Loin de là ! En un clin d’œil le Quartier Général de la FSPX retourna le « Pas d’accord pratique sans accord doctrinal préalable » en un « Pas d’accord doctrinal, donc il faut poursuivre un accord pratique » ! Hélas, la levée de boucliers du printemps de l’année dernière à l’intérieur de la FSPX fut étouffée et désorientée à nouveau lors du Chapitre Général du mois de juillet, et le QG de la FSPX a continué dans sa poursuite à peine déguisée d’un accord pratique.

« Notre secours est dans le nom du Seigneur », en particulier dans la Consécration de la Russie. Nulle part ailleurs.

Kyrie eleison.

Samedi Saint

Samedi Saint on mars 30, 2013

Le Samedi Saint dans la vie de Notre Seigneur fut ce jour qui sépara sa terrible mort sur la croix de sa glorieuse Résurrection, le jour où son corps humain, sans vie car séparé de son âme humaine, reposa dans l’obscurité du tombeau, invisible à l’œil de l’homme. Les ennemis de Notre Seigneur paraissaient l’avoir vaincu avec tant de succès que le Dieu Incarné se trouvait dans une éclipse totale, et seule la foi de Notre Dame demeurait inébranlable – c’est elle qui devait soutenir le courage de tous ceux qui avaient suivi son Fils, car même les plus fidèles d’entre eux avaient sombré dans le découragement et se sentaient perdus.

Or,étant le Corps Mystique du Christ, l’Église catholique suit parallèlement le cours de la vie de Son corps physique. Donc au cours de ses 2000 ans d’histoire l’Église a toujours été persécutée par les ennemis du Christ, et en de nombreuses parties du monde il y a eu des moments où elle a été virtuellement effacée. Cependant s’est-elle jamais tant approchée d’une éclipse totale comme elle semble le faire aujourd’hui ? Dieu a constitué son Eglise en monarchie dont c’est le Pape qui doit garantir l’unité, et nous venons de voir le Pape se démettre de sa fonction, en partie sans aucun doute parce que lui-même, conditionné par la façon de penser démocratique, n’a jamais pleinement cru en son propre office suprême. Retirant la tiare papale de son blason, et signant lui-même toujours comme “Evêque de Rome”, quelles qu’aient pu être ses intentions quand il démissionna au mois de février, il a sûrement contribué, humainement parlant, à miner l’institution divine de la papauté.

Par cette démission de Benoît XVI et par le conclave qui lui a fait suite, il est certain que les ennemis du Christ auront fait tout leur possible pour détruire la papauté. Par un juste châtiment de Dieu pour l’apostasie universelle de notre époque, ils ont reçu de Lui un grand pouvoir sur son Église. Depuis des siècles ils s’acharnent à s’emparer du Vatican, et ils s’y sont maintenant incrustés. Sans la moindre intention de satisfaire les exigences d’une petite Fraternité pieuse, ils en sont à démonter l’Église pierre par pierre, ainsi qu’Anne Catherine Emmerich l’a vu dans une vision il ya 200 ans. Humainement parlant, les fidèles de Notre Seigneur ne peuvent avoir aujourd’hui pas plus d’espoir qu’ils n’en avaient lors du premier Samedi Saint.

Mais pas plus que Notre Seigneur Lui-même son Église catholique n’est une affaire purement humaine. En 1846 Notre Dame de La Salette parla en ces termes de la situation de notre époque : « Les justes souffriront beaucoup. Leurs prières, leur pénitence et leurs larmes monteront jusqu’au ciel, et tout le Peuple de Dieu implorera pardon et miséricorde et demandera mon aide et mon intercession. Alors Jésus-Christ par un acte de Sa justice et de Sa grande miséricorde commandera à Ses Anges que tous Ses ennemis soient mis à mort. Tout à coup les persécuteurs de l’Église de Jésus-Christ et tous les hommes adonnés au péché périront et la terre deviendra comme un désert. Alors se fera la paix, la réconciliation de Dieu avec les hommes ; Jésus-Christ sera servi, adoré et glorifié ; la charité fleurira partout . . . . L’Evangile sera prêché partout . . . et les hommes vivront dans la crainte de Dieu. »

Autrement dit, sans aucun doute Dieu relèvera son Église de sa détresse actuelle. Lorsque cette éclipse deviendra encore plus sombre, comme elle est sûre de faire, accrochons-nous plus que jamais à la Mère de Dieu, et prenons la résolution de ne pas l’attrister par notre manque de foi, comme l’ont fait les apôtres et les disciples de Notre Seigneur lors du premier Samedi Saint. Engageons-nous à réjouir son Cœur Immaculé par notre foi inébranlable en son Divin Fils et en son unique véritable Église.

Kyrie eleison.

À Vous de Choisir

À Vous de Choisir on mars 23, 2013

Quelle confusion règne dans l’Église et dans le monde ! Nous voyons parmi les meilleurs des hommes, l’un après l’autre, peut-être avec les meilleures des intentions, abandonner le combat et prendre la décision de ne plus résister, se laisser aller, suivre le courant, faire ce que font tous les autres. Cependant ce laisser-aller ne cesse de braver Dieu, et il est condamné par Dieu sans appel, parce que Dieu ne change pas. Sans doute fait-Il appel en ce moment au nouveau Pape pour qu’il fasse ce qu’il doit faire, coûte que coûte.

Entre 1966 et 1975, Il semble avoir appelé une femme, en France, à faire en sorte qu’un prélat français remette en mains propres à Paul VI une série de messages divins demandant au Pape de conduire de grands pèlerinages de pénitence à la célèbre basilique de Vézelay (et aussi, à partir de 1972, de rétablir l’usage de la Messe Tridentine). Les messages ont reçu le titre du Chant de Carême, Parce, Domine, Populo Tuo (Épargnez, Seigneur, Votre Peuple). Ils sont reproduits sans autorisation officielle mais ils correspondent bien à la Semaine Sainte. Les lecteurs qui voudront bien lire ces brefs extraits pourront juger pour eux-mêmes s’ils semblent authentiques :

16-X-66 : Le monde est au bord de la catastrophe. Cependant, crois bien que la supplication de quelques âmes humbles a un grand pouvoir sur Mon cœur.

3-III-68 : Tu diras au Saint Père qu’il chante le Parce, Domine en imploration, les bras en croix, devant les foules réunies à Vézelay, qu’il entraînera lui-même.

2-III-70 : Si mon appel est méprisé, les eaux de Ma colère submergeront tout. Que de pleurs et de gémissements alors, mais il sera trop tard.

13-II-71 : Dis aux prêtres qu’ils demandent prière et pénitence dans la Chrétienté en déroute, et donnent eux-mêmes l’exemple. Sinon il y aura des massacres sur la terre de France. Si vous refusez de faire monter vers Mon Père les voix de l’humble prière pénitente, vous ferez monter, de force, celles de votre terreur. Choisissez !

25-III-71 : Mes petits enfants, si vous ne voulez pas de processions d’amour, vous aurez des processions de haine. Déjà celles-ci s’ébranlent. Que vous faut-il de plus pour croire à Mon appel ?

28-IV-72 : S’ils ne veulent pas faire de génuflexion devant le Saint Sacrement, ils en feront d’autres dans les mines de sel !

10-VII-72 : Si le Pape ne fait pas ce que j’ai demandé, la Justice divine s’abattra lourdement sur le monde et vous aurez tellement à souffrir que si les détails vous en étaient connus maintenant, vous en sécheriez de frayeur.

15-VII-72 : Je fais appel à mes fidèles enfants. Ne trouverai-Je que des déserteurs ? Si vous saviez, Mes enfants, ce qui vous attend, comme vous vous hâteriez de répondre à Mes désirs. Mais bientôt la justice se fera. Vous crierez vers Moi dans votre terreur, mais il sera trop tard.

6-XI-72 : Si je vous montrais ce qui vous attend, ce sont des nuits entières de prière que vous passeriez à mes pieds, pour éloigner le terrible châtiment.

13-VII-73 : Les laïcs sont actuellement l’espoir de l’Église. Priez pour vos pasteurs défaillants.

2-V-75 : Dans les temps mauvais qui viennent, il faudra que les familles Chrétiennes se groupent et s’entendent pour recueillir Mes pasteurs fidèles et subvenir à leurs besoins, tandis que ceux-ci seront contraints à un ministère clandestin . . . Il faut revenir aux catacombes. Il n’y a pas d’autre voie.

Parce, Domine.

Dignité Indigne

Dignité Indigne on mars 16, 2013

Une lectrice a présenté des arguments en faveur de l’enseignement de Vatican II sur la liberté religieuse. Même si le sujet a été souvent évoqué dans les « Commentaires Eleison », ses raisons valent sûrement la peine que l’on s’y arrête, parce qu’il est de toute importance que les catholiques d’aujourd’hui comprennent à fond la fausseté de cet enseignement. Ce que le Concile a enseigné dans le paragraphe 2 de sa Déclaration sur la Liberté Religieuse ( Dignitatis Humanae ),c’est que tout homme doit être libre de toute coaction exercée par n’importe quels autres hommes ou groupes d’hommes quand il s’agit pour lui d’agir en privé ou en public selon ses croyances. Plus encore, tout État humain doit inscrire ce droit naturel comme un droit constitutionnel ou civil.

Au contraire, jusqu’à Vatican II l’Église catholique a systématiquement enseigné que tout État, en tant qu’il incarne l’autorité civile de Dieu sur les créatures humaines de Dieu, est obligé comme tel d’utiliser cette autorité pour protéger et favoriser l’unique véritable Église de Dieu, l’Église catholique du Dieu Incarné, Notre Seigneur Jésus-Christ. Évidemment, les États non-catholiques seront condamnés davantage pour leur manque de Foi que pour ne pas avoir donné de protection civile à cette Foi. Également, les États catholiques peuvent s’abstenir d’interdire la pratique publique des fausses religions là où une telle interdiction ferait plus de mal que de bien au salut éternel des citoyens. Néanmoins le principe demeure intact : les États de Dieu doivent protéger la vraie religion de Dieu.

En fait l’enseignement Conciliaire implique ou que les États ne sont pas de Dieu, ou qu’il n’y a pas une vraie religion de Dieu. Dans les deux cas l’État est implicitement libéré de Dieu, et la liberté de l’homme est ainsi placée au-dessus des droits de Dieu ou, plus simplement, l’homme au-dessus de Dieu. Voilà pourquoi Mgr. Lefebvre disait que l’enseignement Conciliaire était un blasphème. Et il ne sert à rien de dire que les autres paragraphes de DH contiennent un bon enseignement catholique. Une seule déchirure faite par l’iceberg fut suffisante pour faire sombrer le Titanic. DH#2 à lui seul est suffisant pour faire sombrer la doctrine catholique. Mais voyons les arguments qui prétendent défendre l’enseignement du Concile.

1 DH fait partie du Magistère Ordinaire, lequel doit être pris bien au sérieux.

DH est venu des Magistres (Maîtres) qui ont la charge de l’enseignement dans l’Église,

oui, mais non du Magistère ordinaire infaillible, puisque DH contredit l’enseignement

traditionnel de l’Église, ainsi que cela vient d’être démontré ci-dessus.

2 DH ne fait que manifester les droits humains qui sont garantis par la loi naturelle.

La loi naturelle place les droits de l’homme en dessous, et non au-dessus, des droits de

Dieu.

3 DH ne renie pas le modèle catholique des relations Église-État.

Mais bien sûr qu’il le fait ! Le paragraphe #2 libère l’État de son obligation intrinsèque

envers l’unique véritable Église.

4 DH est rédigé dans le contexte du monde moderne où tous croient aux droits de

l’homme.

Depuis quand l’Église doit-elle s’adapter au monde, et non le monde à l’Église ?

5 DH n’enseigne pas que l’homme a un droit à l’erreur.

Si l’État de Dieu doit garantir un droit civil à pratiquer, en public, les fausses religions,

il s’ensuit qu’on oblige Dieu à donner un droit à l’erreur.

6 DH est un appel aux gouvernements modernes pour qu’ils garantissent la moitié d’une

tranche de pain, ce qui est mieux que pas de pain du tout.

La vraie doctrine catholique est si logique et si cohérente qu’en abandonner une partie,

c’est l’abandonner toute entière. Et quelle brebis se sauve en s’offrant elle-même au

loup ?

7 Les catholiques ne doivent pas se retirer du monde moderne dans un ghetto doctrinal.

Les catholiques doivent faire tout ce qu’ils ont à faire, et aller où qu’ils doivent aller, afin

de ne pas trahir les droits de Dieu ni compromettre Son honneur. Si cela signifie le

martyre, qu’il en soit ainsi !

Kyrie eleison.

GREC – II

GREC – II on mars 9, 2013

Avant de continuer l’histoire du GREC, le groupe Parisien de laïcs et de prêtres qui se réunissaient à partir de la fin des années 1990 en vue de réaliser une réconciliation entre Vatican II et les catholiques Traditionalistes, découvrons l’attitude fondamentale des participants du GREC. L’avenir de l’Église dépend des catholiques qui comprendront à fond l’erreur du GREC, c’est-à-dire à quel point les esprits modernes perdent prise sur la vérité. Pour illustrer cette attitude, prenons au hasard quatre citations typiques, prises parmi des douzaines et des douzaines de semblables dans le livre « Pour la Nécessaire Réconciliation » du prêtre de la Nouvelle Église, le Père Michel Lelong, un des fondateurs du GREC. Dans une lettre qu’il écrivit au Pape en juillet 2008 on trouve les deux premières citations :—

« Nous souhaitons aussi que les excommunications (des quatre évêques de la FSPX en 1988) puissent être levées et que la FSPX retrouve sa place dans l’Église où elle a tant à apporter. C’est pourquoi nous demandons aux responsables de cette FSPX que cessent les déclarations et articles polémiques qui critiquent le Saint Siège ». Commentaire : (La polémique dans la FSPX n’a-t-elle pas en effet presque disparu au cours de ces dix dernières années ?) Mais si la polémique est si mauvaise, pourquoi donc bon nombre de Pères de l’Église – et Mgr. Lefebvre – furent-ils si polémiques ? La polémique n’est mauvaise que dans la mesure où l’unité est bonne. Mais l’unité n’est bonne que dans la mesure où ce autour de quoi elle unit est bon.

« Dans notre société si tentée par le matérialisme, l’indifférentisme et les sectarismes, nous pensons que, répondant à votre demande, Très Saint Père, tous les catholiques doivent chercher ensemble à être fidèles à cette recommandation du Christ : ‘Soyez un pour que le monde croie’. » Commentaire : « Soyez un » autour de quoi ? Autour de la vérité catholique, ou autour du mensonge selon lequel la vérité catholique peut se concilier avec Vatican II ? Et donc la question primordiale et cruciale pour l’unité catholique, c’est où se trouve la vérité catholique. Mais le GREC veut laisser aux « théologiens » les questions concernant la vérité. Alors les non-théologiens peuvent se sauver par des mensonges ! ?

Cette lettre du Père Lelong fut si bien reçue par Benoît XVI que les chefs et des sympathisants du GREC écrivirent de nouveau quelques mois plus tard. Voici encore deux citations, de cette deuxième lettre au Pape :—

« Certes, nous avons été attristés que les récentes propositions du Saint Siège n’aient pas été acceptées par les responsables de la FSPX, mais nous savons que la réparation des déchirures entre catholiques nécessite toujours la générosité et patience pour rétablir la confiance réciproque et permettre la réconciliation ». Commentaire : Toutes les déchirures doivent-elles nécessairement être soignées, et jamais infligées ? Est-ce que Notre Seigneur n’a pas fait usage d’un fouet sur le dos des prêteurs d’argent dans le Temple ? Il y a un Dieu, et son honneur doit être défendu par-dessus toutes choses, tandis que les hommes peuvent être méchants au point de ne rien comprendre d’autre que le fouet, qu’il soit physique ou verbal.

« Nous pensons que la levée des excommunications enclencherait un processus inéluctable d’approche, en vue d’accords entre le Saint Siège et la FSPX, ou au moins d’accords avec une grande partie des prêtres et des fidèles de la FSPX ». Commentaire : il est vrai que les contacts amicaux entre Rome et la FSPX enclenchèrent ce processus au mois de janvier 2009 et que seule une explosion depuis l’intérieur de la FSPX de l’hérésie la plus horrible des temps modernes –« l’antisémitisme » – bloqua ce processus. Mais, soit une réconciliation catholique avec Vatican II ne pose aucun problème, soit on doit dire que cette explosion fut providentielle, parce qu’elle a eu aussi comme résultat de bloquer, au moins pour un temps, la fausse réconciliation.

En conclusion, le GREC, comme des millions de catholiques modernes, cherche par-dessus tout l’unité, la suspension de toute polémique, la réconciliation, un accord, etc. Mais où donc le Dieu de vérité figure-t-il parmi tous ces sentiments si doux ? Est-Il un papa bonasse qui bénit tous les mensonges des hommes, à la seule condition qu’ils mentent à l’unisson ?

Kyrie eleison.