Mgr Marcel Lefebvre

Lire en Famille

Lire en Famille on octobre 20, 2012

Dernièrement, ce « Commentaire » conseillait aux lecteurs de transformer leurs maisons en forteresses au cas où les bastions publics de la Foi deviendraient périmés à cause du mal débordant de notre époque, et certains lecteurs nous ont écrit pour nous demander de quelle façon leurs maisons pourraient être fortifiées. De fait, certains numéros du « Commentaire » ont suggéré déjà une variété de moyens spirituels et matériels pour défendre la maison et la famille, notamment, bien sûr, le Saint Rosaire, mais on a omis de mentionner un moyen auquel je penserais moi-même pour remplacer la télévision si j’avais une famille à défendre : la lecture à haute voix tous les soirs aux enfants, de chapitres choisis dans le Poème de l’Homme-Dieu de Maria Valtorta. Et lorsque nous arriverions au bout des dix volumes en français, je m’imagine que nous recommencerions depuis le début, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous les enfants eussent quitté le foyer !

Toutefois, le Poème ne manque pas d’ennemis nombreux et éloquents. Le Poème consiste en épisodes de la vie de Notre Seigneur et de Notre Dame, depuis la conception immaculée de celle-ci jusqu’à son assomption au Ciel, tels qu’ils ont paru dans des visions reçues, on peut le croire, du Ciel, lors de la Deuxième Guerre mondiale dans le Nord de l’Italie par Maria Valtorta. Elle était célibataire, d’âge mur, immobilisée dans son lit de malade de façon permanente à la suite d’une blessure au dos reçue plusieurs années auparavant. Les notes inclues dans l’édition italienne (qui comprend plus de 4,000 pages en 10 volumes) montrent à quel point elle craignait d’être trompée par le Diable, et en effet bon nombre de personnes ne sont pas convaincues que le Poème vienne réellement de Dieu. Voyons trois objections parmi les plus importantes.

En premier lieu, le Poème fut mis à l’Index des livres interdits par l’Église dans les années 1950, c’est-à-dire avant que Rome ne devînt néo-moderniste dans les années 1960. Le motif invoqué pour sa condamnation fut qu’on y donne aux événements de l’Evangile un aspect romantique et sentimental. En second lieu, on accuse le Poème d’un grand nombre d’erreurs doctrinales. En troisième lieu, l’objection que faisait Monseigneur Lefebvre au Poème était que l’on y trouve tant de détails physiques de la vie quotidienne de Notre Seigneur qu’il en sort de lui une image trop matérielle qui nous fait trop descendre en dessous du niveau spirituel des quatre Évangiles.

Mais, en premier lieu, comment les modernistes ont-ils pu prendre le pouvoir dans la Rome des années 1960, ainsi qu’ils le firent, s’ils n’avaient été déjà bien établis dans la Rome des années 1950 ? Le Poème, comme les Evangiles (par exemple Jn.XI,35,etc.) est plein de sentiments, mais toujours proportionnés à leur objet. Aux yeux de tout juge objectif le Poème ne semblera, à mon avis, ni sentimental ni romantique. En deuxième lieu, les soi-disant erreurs doctrinales ne sont pas difficiles à expliquer, l’une après l’autre, comme cela a déjà été fait par un théologien compétent dans les notes que l’on trouve dans l’édition italienne du Poème. Et en troisième lieu, tout en gardant, bien sûr, tout le respect que l’on doit à Monseigneur Lefebvre, je dirais que l’homme moderne a besoin de détails matériels pour qu’il puisse croire de nouveau en la réalité des Évangiles. N’est-il pas vrai qu’une excessive « spiritualité » peut reléguer, pour ainsi dire, Notre Seigneur à l’étage supérieur, où il devient irréel, tandis qu’au rez-de-chaussée le cinéma et la télévision prennent possession du sens de la réalité de l’homme moderne ? De même que Notre Seigneur était vrai homme et vrai Dieu, ainsi le Poème est-il à tout moment aussi pleinement spirituel que pleinement matériel.

De la lecture vivante et non-électronique du Poème à la maison, je peux imaginer de nombreux bienfaits possibles, outre le contact réel et vivant entre les parents qui lisent et les enfants qui écoutent. Les enfants s’imbibent de ce qui les entoure, comme les éponges s’imbibent d’eau. Avec la lecture de chapitres du Poème choisis selon l’âge de l’enfant, je me demande s’il y a une limite aux enseignements qu’ils pourraient absorber au sujet de Notre Seigneur et de Notre Dame.Et les questions qu’ils poseraient ! Et les réponses que les parents devraient trouver ! Je crois réellement que le Poème pourrait beaucoup contribuer à faire d’un foyer une forteresse de la Foi.

Kyrie eleison.

Sarto, Siri ?

Sarto, Siri ? on septembre 29, 2012

Lors d’un sermon pour la fête de Saint Pie X, je me suis surpris à prononcer une « quasi-hérésie » : Je me demandais à voix haute si Joseph Sarto aurait désobéi à Paul VI lorsque celui-ci détruisait l’Église, si au lieu de mourir étant le Pape Pie X en 1914, il était mort comme Cardinal, disons en 1974. Dans la Fraternité Saint Pie X, cela doit ressembler à une hérésie car, comment la sagesse du patron céleste de la FSPX peut-elle être prise en défaut ? Néanmoins la question n’est pas inutile.

Dans les années 1970Mgr. Lefebvre entreprit quelques visites personnelles à un certain nombre de cardinaux et d’évêques de l’Église parmi les meilleurs, dans l’espoir d’en persuader au moins une poignée à offrir une résistance publique à la révolution de Vatican II. Il disait souvent que la résistance unie de rien qu’une demi-douzaine de ces évêques aurait pu sérieusement entraver la débâcle Conciliaire de l’Église. Hélas, ni même le Cardinal Siri de Gênes que Pie XII souhaitait avoir comme successeur, ne voulait faire un geste publique contre l’Église officielle Conciliaire. Finalement, Monseigneur de Castro Mayer s’associa en public à Mgr Lefebvre, mais pas plus tôt que dans les années ‘80, alors que la Révolution Conciliaire s’était déjà bien incrustée au sommet de l’Église.

Vient alors la question : comment fut-il possible que les meilleurs parmi les esprits les mieux préparés aient pu être aussi aveuglés ? Comment au moins quelques-uns parmi les meilleurs hommes d’Église de l’époque ne furent-ils pas en mesure de voir ce que l’Archévêque voyait, par exemple que la « loi » qui instaurait la Nouvelle Messe ne pouvait être en aucune façon une vraie loi, car il appartient à la nature même d’une loi d’être un ordonnancement de la raison pour le bien commun ? Comment Monseigneur Lefebvre put-il se trouver si relativement seul pour refuser qu’un principe de bon sens aussi fondamental se laissât étouffer par respect de l’autorité, alors que la survie même de l’Église était gravement menacée par Vatican II et la Nouvelle Messe ? Comment l’autorité put-elle arriver à prendre ainsi le dessus de la réalité et de la vérité ?

Je réponds que depuis sept siècles la Chrétienté glisse dans l’apostasie. Pendant 700 ans, avec de nobles interruptions telle la Contre-réforme, la réalité du catholicisme s’est vue lentement ronger par le rêve cancéreux du libéralisme, comme quoi l’homme doit se libérer de Dieu en libérant sa nature de la grâce, son esprit de la vérité objective, et sa volonté du bien et du mal objectifs. Pendant très longtemps, pendant 650 ans, les chefs de l’Église catholique se sont accrochés à la réalité et l’ont défendue, mais à la fin, la force du rêve de la modernité, fantaisie toujours plus éblouissante et séduisante, finit par pénétrer dans leurs os suffisamment pour que la réalité perdît son emprise sur leurs esprits et leurs volontés. La grâce venant à leur manquer, ainsi que le dit Saint Thomas Moreà propos des évêques anglais de son époque qui trahissaient l’Église catholique, les prélats de Vatican II laissèrent le rêve des hommes peser plus que la réalité de Dieu, et l’autorité peser plus que la vérité. Il y a ici des leçons pratiques pour le clergé comme pour les laïcs.

Chers confrères, à l’intérieur comme à l’extérieur de la FSPX, pour servir Dieu, prenons garde de ne pas réagir comme Joseph Siri alors qu’en réalité il nous faut réagir comme Joseph Sarto, avec ses magnifiques condamnations des erreurs modernes dans Pascendi, Lamentabili et Notre Charge Apostolique sur le Sillon. Et pour obtenir la grâce dont nous avons besoin dans cette crise la plus terrible de toute l’histoire de l’Église, nous avons terriblement besoin de prier.

Quant à vous, fidèles, si les horreurs de la vie moderne vous font avoir « faim et soif de justice », réjouissez-vous, si vous pouvez, de ce que ces horreurs vous maintiennent dans la réalité, et ne doutez pas que si vous persévérez dans cette faim et soif, « vous serez rassasiés » (Mt.V, 6). Bienheureux les pauvres en esprit, les doux, ceux qui pleurent, dit Notre Seigneur au même endroit. Quant à la protection la plus sûre pour éviter que vos esprits et vos cœurs ne soient pris par le rêve, priez cinq, ou mieux quinze, Mystères chaque jour du Saint Rosaire de Notre Dame.

Kyrie eleison.

Déclaration Réversible

Déclaration Réversible on septembre 22, 2012

Peut-être pas tout dans le Chapitre Général de la Fraternité Saint Pie X de Juillet en Suisse n’a été désastreux, mais de ses deux documents officiels, les « Six Conditions » sont « d’une faiblesse alarmante » (cf.EC 268, 1 er Septembre), tandis que la « Déclaration » finale laisse beaucoup à désirer. Voici un résumé très bref de ses dix paragraphes :—

1 Nous remercions Dieu des 42 ans d’existence de notre Fraternité. 2 Nous avons redécouvert notre unité après la crise récente (vraiment ?), 3 pour professer notre foi 4 en l’Eglise, dans le Pape, dans le Christ Roi. 5 Nous adhérons au Magistère constant de l’Eglise, 6 comme à sa Tradition constante. 7 En nous unissant à tous les catholiques qui souffrent la persécution, 8 nous prions pour que nous viennent en aide la Très Sainte Vierge Marie, 9 Saint Michel, 10 et Saint Pie X.

Voilà une Déclaration qui ne manque pas de piété, dont Saint Paul dit qu’elle est utile à tout (I Tim.IV, 8). Néanmoins, auprès de ses deux disciples, Timothée et Tite, il insiste constamment sur la nécessité de la doctrine qui est quand même le fondement de la véritable piété. Hélas, en ce qui concerne la doctrine la Déclaration n’est pas si forte. Au lieu de fustiger les erreurs doctrinales du Concile qui ont dévasté l’Église au cours des 50 dernières années, la Déclaration ne contient dans ses paragraphes les plus doctrinaux, 5 et 6, qu’une faible condamnation de ces erreurs. Par contre elle met en relief la constance du Magistère et de la Tradition de l’Église, ce qui est tout à fait juste, mais cela constitue un argument trop facile à renverser de la part d’un Conciliaire. Voyons de quelle façon :

Le paragraphe 5 qualifie les nouveautés du Concile Vatican II comme « étant entachées d’erreurs », alors que le Magistère constant de l’Eglise est « ininterrompu » : « Par son acte d’enseignement, le Magistère transmet le dépôt révélé en parfaite harmonie avec tout ce que l’Eglise entière a toujours cru, en tout lieu ». Ce qui implique, bien sûr, que Rome devrait faire passer Vatican II à la blanchisserie, pour enlever les taches. Mais voyons ce qu’un Romain pourrait répliquer :—« La façon dont le Chapitre exprime la continuité du Magistère est en tout point admirable ! Mais ce Magistère, c’est nous autres Romains, et nous, nous déclarons que le Vatican II est en continuité avec le passé, sans taches ! ».

Il en est de même pour le paragraphe 6. La Déclaration dit : « La Tradition constante de l’Eglise transmet et transmettra jusqu’à la fin des temps l’ensemble des enseignements nécessaires au maintien de la Foi et au salut », et alors il faut viser à un retour des autorités de l’Église à la Tradition. Riposte d’un Romain : « La façon dont le Chapitre décrit la manière dont la Tradition maintient la Foi est tout à fait admirable ! Mais c’est nous, les Romains, qui sommes les gardiens de cette Tradition et nous, nous disons qu’en vertu de l’herméneutique de la continuité Vatican II n’interrompt pas la Tradition, mais la continue. Ce qui fait que le Chapitre se trompe complètement en prétendant que nous devons y revenir ».

Quel contraste entre la vulnérabilité de cette Déclaration et la force de l’attaque irréversible lancée par Mgr. Lefebvre contre les erreurs du Vatican II dans sa Déclaration célèbre de novembre, 1974. Il y déclare que la Rome Conciliaire n’est pas la Rome catholique parce que la réforme Conciliaire est « naturaliste, Teilhardienne, libérale et Protestante . . . toute entière empoisonnée . . . provenant de l’hérésie et conduisant à l’hérésie », etc., etc. Sa conclusion est un refus catégorique d’avoir quoi que ce soit à faire avec la nouvelle Rome, puisqu’elle n’est en rien la Rome véritable.

Lisez sur Internet les deux Déclarations et voyez laquelle des deux est, sans risque d’erreur, la trompette qui appelle à la bataille nécessaire (I Cor.XIV,8) ! On est amené à se demander combien des capitulants de 2012 ont jamais étudié les paroles et les raisonnements du grand Archévêque.

Kyrie eleison.

Rebelle, Diviseur

Rebelle, Diviseur on septembre 15, 2012

Le chapitre VII de l’Évangile de Saint Jean contient une leçon spéciale pour aujourd’hui, à savoir : Qui sont les vrais rebelles contre l’autorité, et qui ne sont des rebelles qu’ en apparence ? Qui paraît diviser le peuple de Dieu, et qui est en réalité celui que le divise ? Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent. Il est toujours nécessaire de « Juger non selon les apparences, mais juger selon un juste jugement » (Jn.VII,24).

Le septième chapitre de St Jean s’approche de la fin de la vie de Notre Seigneur sur la terre. Les juifs cherchent à tuer Jésus (verset 1), mais Notre Seigneur monte néanmoins à Jérusalem et enseigne dans le Temple (14). La foule est déjà divisée (12) en sorte qu’il résulte de l’enseignement de Jésus que certains (40) reconnaissent en Lui le Prophète (cf.Deut.XVIII,15–19), tandis que d’autres (41–42) refusent de le reconnaître, parce qu’Il est originaire de Galilée. D’où la division et la dissension. Certes, la division, comme telle, est digne de blâme, et alors qui doit être blâmé ? Certainement pas Notre Seigneur qui ne fait que prêcher la doctrine de son Père au Ciel (16–17). Le blâme ne doit pas non plus atteindre cette partie de la foule qui a accepté l’enseignement divin. Il est clair que le blâme pour la division appartient aux autorités du Temple et à cette partie de la foule qui refusait la Vérité.

Pareillement, dans les années 1970 et 1980, Mgr. Lefebvre a divisé les catholiques en enseignant et en pratiquant la vérité de la Tradition catholique, mais quel catholique qui se fait fort aujourd’hui d’être Traditionnel pense même à le blâmer pour cette division ? Il est clair que le blâme pour la division de l’Eglise n’appartenait ni à l’Archevêque ni à ceux qui l’ont suivi, mais en premier lieu à ces autorités de l’Eglise qui adultéraient la vraie religion, tout comme le faisaient les autorités du Temple au temps de Notre Seigneur. L’Archevêque ne cessait de leur demander de « juger selon un juste jugement », en confrontant le problème central créé par leur adultère Conciliaire avec le monde moderne. Jusqu’à aujourd’hui, les autorités de l’Église se sont refusées à une telle confrontation. Leur unique réponse n’a cessé d’être : « Obéissance ! », « Unité ! ». Leur manque d’arguments en réponse aux questions fondamentales de vérité, ne suggère-t-il pas qu’eux seuls sont les vrais rebelles et responsables de la division dans l’Église ?

Toutefois, la dissension en tant que telle n’est pas une bonne chose, et tous les deux, Notre Seigneur et Mgr. Lefebvre, auront bien prévu que leur enseignement serait suivi de dissension. Pourquoi donc insistèrent-ils ? Parce que les âmes peuvent être sauvées avec la dissension (cf. Lc.XII, 51–53 ), mais elles ne peuvent être sauvées sans la Vérité. Si les autorités religieuses font dévier le peuple – et le Diable travaille contre elles avec un acharnement particulier à cause de leur pouvoir d’amener beaucoup d’autres âmes sur le mauvais chemin – c’est à ce moment-là que la Vérité doit être proclamée pour ramener le peuple sur le chemin du Ciel, même si la dissension doit en être le résultat. En ce cas-là, la Vérité se situe au-dessus de l’autorité ou de l’unité.

Et où trouve-t-on cette vérité en 2012 ? Vatican II fut un désastre pour l’Église – vrai ou faux ? Les autorités de l’Église qui ont réalisé Assise III et la « béatification » de Jean Paul II sont obstinément attachées à Vatican II – vrai ou faux ? Et alors si la Fraternité Saint Pie X se place elle-même sous ces mêmes autorités, elles profiteront de tout leur prestige et du pouvoir que la Fraternité leur aura donné sur elle, pour dissoudre sa résistance à Vatican II – vrai ou faux ? De sorte que la FSPX risque gravement de perdre progressivement l’esprit de résistance qu’elle présente encore à ce prestige et à ce pouvoir – vrai ou faux ? Comme disent les Romains, « Rome peut attendre » !

Alors, dans la FSPX aujourd’hui, si l’on juge, comme le dit Notre Seigneur, « non selon les apparences mais selon un juste jugement », qui est réellement celui qui « divise » ? Qui sont les vrais « rebelles contre l’autorité » ? Ceux qui critiquent le risque d’un tel mélange de la Vérité catholique avec l’erreur Conciliaire, ou bien ceux qui le favorisent ?

Kyrie eleison.

Six Conditions

Six Conditions on septembre 1, 2012

Dans une lettre officielle du 18 Juillet aux Supérieurs de District de la Fraternité Saint Pie X, son Secrétaire Général révèle les six « Conditions » pour un quelconque accord futur entre la FSPX et Rome. Elles sont le fruit de discussions parfois intenses entre les 39 capitulants du Chapitre Général de la FSPX du mois de juillet. Assurément elles témoignent d’une faiblesse alarmante de la part des chefs de la Fraternité pris dans leur ensemble.

La première « condition sine qua non » est la liberté accordée à la Fraternité d’enseigner la vérité immuable de la Tradition catholique, et de critiquer les responsables des erreurs du modernisme, du libéralisme et du Vatican II. Très bien. Mais, observez à quel point la vision du Chapitre a changé par rapport à celle de Monseigneur Lefebvre. Ce n’est plus : «  Rome doit se convertir parce que la Vérité est absolue ». Désormais c’est seulement : « La Fraternité SPX demande la liberté pour elle-même de dire la Vérité ». Au lieu d’attaquer la trahison du Concile, désormais la Fraternité demande aux traîtres la permission de dire la Vérité ! Quelle déchéance, en principe !

La deuxième condition exige l’usage exclusif de la liturgie de 1962. Encore une fois, très bien, puisque la liturgie de 1962 ne trahit pas la Foi, comme le fait la liturgie Conciliaire imposée par Rome depuis 1969. Mais ne voyons-nous pas, maintenant même, comment Rome se prépare à imposer aux Congrégations « Traditionnelles » qui se sont soumises à son autorité, un Missel de l’« enrichissement mutuel », qui mélange la Messe Traditionnelle et la Nouvelle Messe ? Une fois soumise à Rome, pourquoi donc la Fraternité SPX devrait-elle être mieux « protégée » que ces autres Congrégations ?

La troisième condition exige la garantie d’au moins un évêque. La question-clef est ici : Qui le choisira ? Lecteurs, dans le texte d’un quelconque futur « accord » avec Rome, allez directement au paragraphe qui traite de la nomination des évêques. En 1988 Rome proposait que l’Archevêque présentât un choix de trois candidats pour qu’ils en choisissent un. Rome rejeta alors les trois. Mais quand donc les catholiques vont-ils comprendre ? Ils doivent se battre et se battre encore dans cette guerre titanique entre la Religion de Dieu et la religion de l’homme.

La quatrième condition souhaite que la Fraternité dispose de ses propres tribunaux de première instance. Mais si un tribunal supérieur, quel qu’il soit, est celui de l’Eglise officielle, et qu’il peut rejeter les décisions des tribunaux inférieurs, quelle décision catholique d’un tribunal de la Fraternité pourra-t-elle avoir encore la moindre force ?

La cinquième condition souhaite l’exemption des maisons de la Fraternité du contrôle des évêques diocésains. Incroyable ! Voilà presque 40 ans que la Fraternité n’a cessé de lutter pour sauver la Foi en en protégeant la pratique véritable contre l’interférence des évêques conciliaires locaux, et maintenant voici que le Chapitre Général se contente de ne faire que désirer l’indépendance vis-à-vis de ces mêmes évêques ? La Fraternité n’est plus ce qu’elle était, chers lecteurs. Elle se trouve, dirait-on, entre les mains de personnes bien différentes de Mgr. Lefebvre !

La sixième et dernière condition souhaite qu’une commission soit établie à Rome pour protéger la Tradition, avec une forte représentation de la Tradition, mais « dépendant du Pape ». Dépendant du Pape ? Mais, les Papes Conciliaires n’ont-ils pas été des champions du Conciliarisme ? Ou bien, serait-ce que le Concile a cessé d’être un problème ?

En conclusion, ces six conditions sont bien graves. A moins que le quartier général de la Fraternité ne sorte de son rêve de paix avec la Rome Conciliaire tel qu’il ressort de ces conditions, il semble bien que le dernier bastion mondial de la Tradition catholique risque de se rendre aux ennemis de la Foi. L’époque des bastions serait-elle révolue ? Mes amis, préparez-vous à lutter pour la Foi depuis l’intérieur même de vos foyers. De vos foyers faites des bastions !

Kyrie eleison.

La Doctrine, Encore

La Doctrine, Encore on août 18, 2012

Le mépris de la « doctrine » est aujourd’hui un immense problème. Les « meilleurs » parmi les catholiques de notre XXI ème siècle reconnaissent du bout des lèvres l’importance de la « doctrine », mais en tant que modernes, ils sentent instinctivement en leur for intérieur que même la doctrine catholique est une espèce de prison pour leur esprit, et que les esprits ne doivent pas être emprisonnés. A Washington DC., autour du dôme intérieur du Mémorial de Jefferson, ce temple quasi-religieux dédié au champion américain de la liberté, se trouve inscrite sa phrase quasi-religieuse : Sur l’autel de Dieu j’ai juré une inimitié éternelle contre toute forme de tyrannie sur l’esprit de l’homme. Il avait sûrement présent à l’esprit la doctrine catholique, parmi d’autres. La quasi-religion de l’homme moderne exclut toute doctrine fixe.

Néanmoins, une phrase du « Commentaire Eleison » d’il y a deux semaines (EC 263, du 28 juillet) propose une autre façon de concevoir la nature et l’importance de la « doctrine ». On y lisait ceci : Tant que Rome croit en sa doctrine conciliaire, elle va nécessairement profiter de tout accord pratique (qui passe outre à la « doctrine ») pour attirer la Fraternité SPX vers le Concile (Vatican II). Autrement dit, ce qui pousse Rome à mésestimer la « doctrine » et à chercher à « conciliariser » à tout prix la Fraternité SPX, c’est sa propre croyance en sa propre doctrine conciliaire. Dès lors tout comme la doctrine catholique Traditionnelle est – on l’espère – la force motrice de la FSPX, ainsi la doctrine Conciliaire est la force motrice de Rome. Les deux doctrines entrent en collision parce qu’il s’agit de deux forces motrices opposées.

En d’autres termes, la « doctrine » n’est pas simplement un ensemble d’idées dans la tête d’un homme, ou une prison mentale. Quelles que soient les idées qu’un homme choisisse d’avoir dans sa tête, sa doctrine réelle est cet ensemble d’idées qui conduit sa vie. Certes, un homme peut changer cet ensemble d’idées, mail il ne peut pas ne pas en avoir un. Voici comment Aristote le dit : « Si vous voulez philosopher, alors vous devez philosopher. Si vous ne voulez pas philosopher, vous êtes quand même obligé de philosopher. De toute façon un homme doit philosopher ». De même, les libéraux ont beau mépriser n’importe quel ensemble d’idées comme étant une tyrannie, mais considérer que tout ensemble d’idées est une tyrannie, c’est encore une vaste idée, et c’est cette idée qui dirige la vie de millions de libéraux aujourd’hui, comme de trop de catholiques. Ces derniers devraient s’en rendre compte, mais nous tous, modernes que nous sommes, nous avons le culte de la liberté dans le sang.

Ainsi, la doctrine prise dans sa signification réelle n’est pas seulement un ensemble d’idées qui nous emprisonne l’esprit, mais une conception de Dieu, de l’homme et de la vie qui dirige la vie de chaque homme vivant. Même lorsqu’un homme est en train de se suicider, il est poussé à le faire par l’idée que la vie est trop misérable pour qu’elle vaille la peine de continuer. Une conception de la vie centrée sur l’argent peut mener un homme à devenir riche ; sur le plaisir, à devenir dévergondé ; sur la renommée, à devenir célèbre, et ainsi de suite. Mais quelle que soit l’idée directrice de la vie d’un homme, c’est cette idée qui constitue sa doctrine réelle.

Alors puisque le Concile Vatican II est l’idée directrice des Romains conciliaires, cette idée les pousse à dissoudre cette Fraternité SPX qui rejette Vatican II, et à moins de changer leur idée centrale, ils ne cesseront de poursuivre la dissolution de la Fraternité SPX de Mgr.Lefebvre jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent. Au contraire, l’idée centrale du clergé et des fidèles de la Fraternité est d’arriver au Ciel, suivant l’idée que le Ciel et l’Enfer existent et que Jésus-Christ et sa véritable Église procurent le seul et unique chemin sûr pour arriver au Ciel. Sachant que cette doctrine directrice n’est pas une fantaisie de leur propre invention, ils n’acceptent pas de la voir minée ni subvertie ni corrompue par les misérables néo-modernistes de la Nouvelle Église, poussés que ceux-ci le sont par leur fausse conception conciliaire de Dieu, de l’homme et de la vie. La collision ne peut être que frontale.

Et elle ne peut être évitée, comme les libéraux rêvent qu’elle le puisse. Si l’erreur devait triompher, même les pierres de la rue finiraient par crier la vérité (Lc.XIX,40). Et si la Vérité triomphe, Satan promouvra encore et encore une erreur derrière l’autre, jusqu’à ce que le monde prenne fin. Mais « Celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé », a dit Notre Seigneur (Mt.XXIV,13).

Kyrie eleison.