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Le Bon Sens de Mgr. Lefebvre – II

Le Bon Sens de Mgr. Lefebvre – II on décembre 27, 2014

Il y a douze semaines (le 5 octobre) ce « Commentaire Eleison » a présenté une première série d’extraits de la dernière entrevue publique de Mgr. Lefebvre qu’il a donnée à la revue Fideliter début 1991. Voici maintenant une seconde et dernière série d’extraits, légèrement édités dans un souci de brièveté et clarté :—

Q : Quelles conclusions peut-on tirer de la Fraternité St Pie X après vingt ans de son existence ?

R : Le Bon Dieu a voulu la Tradition catholique. Je suis parfaitement convaincu que la Fraternité est le moyen que Dieu a voulu pour aider et maintenir la Foi, la vérité de l’Église. Nous devons continuer fidèlement à garder les trésors de l’Église, en espérant qu’un jour ils puissent reprendre la place qu’ils n’auraient jamais dû perdre à Rome.

Q : Vous dites souvent que, plus que la liturgie, c’est maintenant la Foi qui nous oppose à la Rome moderne.

R : Certainement, la question de la liturgie et des sacrements est très importante, mais le plus important est la question de la Foi. Ce n’est pas un problème pour nous. Nous avons la Foi de toujours, du Concile de Trente, du Catéchisme de Saint Pie X, de tous les Conciles et de tous les Papes d’avant le Concile Vatican II. Pendant des années ils ont essayé à Rome de montrer que tout dans le Concile était pleinement conforme à cette Tradition. Maintenant ils sont en train de montrer leurs vraies couleurs en disant qu’il n’y a plus de Tradition ni de Dépôt à transmettre. Que la Tradition dans l’Église n’est autre que tout ce que le Pape dit aujourd’hui. Vous devez vous soumettre à tout ce que le Pape et les évêques disent aujourd’hui. Voilà leur fameuse ‘Tradition Vivante’, qui fut l’unique fondement de notre condamnation en 1988.

Maintenant ils ont cessé d’essayer de prouver que ce qu’ils disent est conforme à ce que Pie IX a écrit ou à ce que le Concile de Trente a promulgué. Non, tout cela est fini, dépassé comme dit le Cardinal Ratzinger. C’est clair, et ils auraient pu le dire il y a longtemps. Tous nos entretiens et nos discussions avec eux ont été inutiles. Et dès maintenant nous souffrons de la tyrannie de l’autorité, parce qu’il ne reste plus rien des règles du passé.

Ils nous donnent de plus en plus raison. Nous avons à faire à des gens qui ont une philosophie différente de la nôtre, une façon différente de voir, qui est influencée par toutes les philosophies modernes subjectivistes. Pour eux il n’y a pas de vérité stable, il n’y a pas de dogme. Tout évolue. C’est vraiment la destruction maçonnique de la Foi. Heureusement que nous pouvons nous autres nous appuyer sur la Tradition !

Q : Vous avez insisté sur le fait que vous êtes sûr que la Fraternité a été bénie de Dieu, parce que, à plusieurs reprises, elle aurait pu disparaître.

R : Oui, vraiment. Elle a eu continuellement à souffrir de puissantes attaques. Ce fut très douloureux, mais nous devons néanmoins croire que la ligne de la Foi et de la Tradition que nous suivons ne peut disparaître, parce que Dieu ne peut permettre que son Église disparaisse.

Q : Que pouvez-vous dire à ceux de vos fidèles qui espèrent encore qu’un accord soit possible avec Rome ?

R : Nos véritables fidèles, ceux qui ont compris le problème et qui précisément nous ont aidés à maintenir le cap ferme et droit de la Tradition et de la Foi, me disaient que les approches que je réalisais envers Rome étaient dangereuses et que je perdais mon temps. Cependant j’ai espéré jusqu’au dernier moment que nous pourrions observer de la part de Rome un peu de loyauté. On ne peut donc me reprocher de ne pas avoir fait le maximum. Donc maintenant aussi, à ceux qui me disent « Vous devez parvenir à un accord avec Rome », je pense pouvoir dire qu’à ce moment-là je suis allé même plus loin que je n’aurais dû.

Kyrie eleison.

Le Bon Sens de L’archevêque – I

Le Bon Sens de L’archevêque – I on octobre 4, 2014

On peut lire dans le dernier numéro du Recusant (www. The Recusant.com) une traduction en anglais de la dernière entrevue de Monseigneur Lefebvre, publiée en français ( Fideliter #79) peu avant sa mort au mois de mars 1991. Lire ses écrits fait toujours du bien, parce qu’il rattache sa pensée toujours aux principes catholiques de base. Il est transparent, car il n’a rien à cacher. Il n’est pas ambigu, car il ne cherche pas de compromis entre l’Église de Notre Seigneur et le Concile Vatican II de Satan. Mais remarquez à quel point les questions posées par celui qui mène l’entrevue indiquent que les lecteurs de Fideliter inclinaient déjà à suivre la nouvelle direction qu’allaient prendre les autorités de la Fraternité Saint Pie X quelques années après la mort de Mgr. Lefebvre. Ci-après un choix des questions et réponses, plutôt abrégées :—

Q : Pourquoi ne pouvez-vous pas faire une dernière approche vers Rome ? Nous entendons que le Pape est « prêt à vous recevoir ».

R : C’est absolument impossible, car les principes qui guident maintenant l’Église Conciliaire sont de plus en plus ouvertement contraires à la doctrine catholique. Par exemple, le Cardinal Ratzinger a dit récemment que les grands documents antimodernistes des Papes du 19 èmeet 20 ème siècles ont rendu un grand service en leur temps, mais qu’ils sont maintenant dépassés. Quant à Jean Paul II, il est plus œcuménique que jamais (1990). « Il est absolument inconcevable que nous puissions accepter de travailler avec une telle hiérarchie ».

Q : Est-ce que la situation avec Rome s’est détériorée depuis les négociations de 1988 ?

R : Oh oui ! «  Il nous faudra attendre un certain temps avant de pouvoir envisager un accord. Pour ma part je crois que Dieu seul peut sauver la situation, car humainement nous ne voyons aucune possibilité que Rome redresse les choses ».

Q : Mais il y a des Traditionnalistes qui ont fait un accord avec Rome sans rien concéder.

R : C’est faux. Ils ont abandonné leur possibilité de s’opposer à Rome. Ils doivent garder le silence, étant données les faveurs dont ils ont été l’objet. Mais dès qu’ils se taisent, ils commencent à glisser, même très lentement, jusqu’à ce qu’ils finissent par admettre les erreurs de Vatican II. « Ils se trouvent dans une situation très dangereuse ». De telles concessions de la part de Rome ont pour seul but d’amener les Traditionnalistes à rompre avec la FSPX et à se soumettre à Rome.

Q : Vous dites que de tels Traditionnalistes ont « trahi ». N’est-ce pas un peu dur ?

R : Pas du tout ! Par exemple Dom Gérard s’est servi de moi, de la FSPX, de nos chapelles et de nos bienfaiteurs, et maintenant tout d’un coup son monastère nous abandonne pour rejoindre les destructeurs de la Foi. Ils ont abandonné le combat de la Foi. Ils ne peuvent plus désormais attaquer Rome. Ils n’ont rien compris à la question doctrinale. Il est affreux de penser aux jeunes qui les ont rejoints pour trouver la Tradition et qui sont maintenant en train de les suivre vers la Rome Conciliaire.

Q : Existe-t’il un danger à rester ami avec des Traditionnalistes qui ont rejoint Rome, et à assister à leurs Messes ?

R : Oui, parce qu’à la Messe il n’y a pas seulement la Messe mais il y a aussi le sermon, l’atmosphère, l’ambiance, les conversations avant et après la Messe, et ainsi de suite. Toutes ces choses font que petit à petit on change d’idées. C’est un climat d’ambigüité. On se retrouve dans une atmosphère de soumission au Vatican, soumission en fin de compte au Concile, et l’on finit par se faire œcuménique.

Q : Jean Paul II est très populaire. Il veut unir tous les Chrétiens.

R : Mais dans quelle unité ? Non plus dans la Foi qu’une âme doit accepter, et qui requiert la conversion. L’Église a été détournée : d’une société hiérarchique qu’elle était, ils en ont fait une “communion”. Communion dans quoi ? Pas dans la Foi. Et donc il n’y a pas lieu de s’étonner lorsqu’on entend que les Catholiques quittent l’Église en masse. (à suivre)

Kyrie eleison.

Échec de la « Résistance » ?

Échec de la « Résistance » ? on août 23, 2014

Certains lecteurs de ces « Commentaires » auront eu sans doute un problème avec la référence de la semaine dernière (CE 370) au « tant de lenteur apparente » avec laquelle la « Résistance » fait actuellement son chemin. Peut-être auraient-ils préféré un courageux appel aux armes. Mais nous devons rester réalistes. Par exemple, lorsque le diocèse Traditionnel de Campos au Brésil se jeta dans les bras de la Néo-Rome en 2002, plusieurs d’entre nous n’avons-nous pas dit que parmi les 25 prêtres formés à l’école de Monseigneur de Castro Mayer, il y en aurait au moins quelques-uns qui sortiraient du rang ? Cependant pas un seul ne l’a fait depuis lors pour continuer la vraie défense de la Tradition que fut celle de ce bon évêque, de telle sorte que tous ils se trouvent depuis sur la pente glissante du néo-modernisme. Cependant on n’a pas pour autant à baisser les bras ni à rendre les armes.

Avant tout, Dieu est Dieu, et c’est Lui qui conduit cette crise à sa façon, qui n’est pas la nôtre. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit Yahvé » (Is. LV, 8). Dans nos rêves à nous, les prêtres et laïcs lucides devraient être groupés au coude à coude pour faire front commun aux ennemis de Dieu, mais Lui n’a besoin d’aucune « Résistance » de qui que ce soit pour s’occuper de Ses brebis et pour sauver Son Église. Lorsqu’il y a quarante ans Monseigneur Lefebvre avait l’espoir de réunir une poignée d’évêques comme compagnons de lutte pour qu’ils fissent front à ses côtés, publiquement, pour constituer un vrai barrage sur le chemin du rouleau-compresseur Conciliaire, il aurait certainement dû les trouver, mais il ne les trouva pas. De fait, lorsque Dieu interviendra pour sauver la situation, comme évidemment Il va le faire, il sera clair que le sauvetage aura été Son œuvre par l’intermédiaire de Sa Mère.

En deuxième lieu, plus de cinq siècles d’un humanisme sans frein ont rendu l’homme si ignorant de Dieu, du Seigneur Dieu des Armées, que l’humanité a besoin d’une leçon qu’elle n’apprendra pas autrement que de la façon la plus dure. La Neuvième des 14 règles de Saint Ignace pour le Discernement des Esprits (première semaine) donne trois raisons principales de la désolation spirituelle d’une âme, lesquelles peuvent s’appliquer à la désolation actuelle de l’Église :—

1. Dieu nous châtie pour notre tiédeur et négligence spirituelles. Seul Dieu sait aujourd’hui quel châtiment mondial est celui que mérite notre apostasie mondiale et notre immersion dans le matérialisme et l’hédonisme.

2. Dieu nous met à l’épreuve pour nous démontrer ce qu’il y a réellement en nous et à quel point nous dépendons de Lui. L’homme moderne ne pense-t-il pas sérieusement qu’il sait mieux faire pour diriger l’univers que le Bon Dieu lui-même ? Et, se peut-il que tous les petits efforts des hommes devront échouer d’abord pour que la vérité de Dieu soit enfin comprise ?

3. Dieu nous humilie par la désolation pour tronquer notre orgueil et notre vanité. De la part des principaux ministres de l’unique véritable religion de l’unique vrai Dieu, Vatican II ne fut-il pas une véritable explosion sans précédent de cette vanité humaine qui préfère le monde moderne de l’homme à l’Église immuable de Dieu ? Et la petite Fraternité Saint Pie X, n’a-t- elle pas pensé qu’elle pouvait sauver l’Église ? Si les prétentions et ambitions de la « Résistance » ne restent pas modestes, comme il se doit, elle est vouée d’avance à l’échec.

Alors, quelles devraient être ces ambitions ? Premièrement et principalement, maintenir cette Foi sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (Hébr. XI, 6), et qui est exprimée en une doctrine, dans le Credo catholique. Deuxièmement, être témoin de cette Foi, spécialement par l’exemple, et jusqu’au martyr si nécessaire (martyr est le mot grec pour « témoin »). Ainsi, de quelque façon que la « Résistance » soit organisée ou non, elle doit dédier toutes ses ressources, aussi maigres qu’elles soient, à ce qui aidera les âmes à conserver la Foi. Dès lors, puisque sa prise de position en faveur de la Vérité sera nécessairement reconnue comme telle, du seul fait d’exister elle va témoigner, et son existence sera par là même une réussite et pas un échec.

Kyrie eleison.

GREC – IV

GREC – IV on avril 27, 2013

Après avoir lu le premier « Commentaire Eleison » sur le GREC (CE 294, 2 mars), une dame m’a écrit pour se plaindre que j’aie présenté de façon fausse ce groupe de catholiques fondé vers la fin des années 1990 afin de réunir des catholiques de la Tradition et de l’Église officielle pour qu’ils pussent réfléchir ensemble et parler paisiblement entre eux pour le bien de leur Mère commune, l’Église. Avec plaisir je corrige les erreurs de fait qu’elle me signale. Je n’ai pas de problème non plus à admettre les fautes personnelles qu’elle m’impute. Seulement il y a un point important où je ne peux pas me ranger à son avis.

Quant aux erreurs de fait, M. Gilbert Pérol fut Ambassadeur de France non pas au Vatican mais au gouvernement d’Italie. De même il ne fut pas un « collaborateur laïc » mais un ami personnel du Père Lelong, un Père Blanc. Et le GREC ne fut pas lancé « dans les salons de Paris » mais dans l’appartement de la veuve de l’Ambassadeur, Huguette Pérol, dont on m’a assuré qu’elle assume toute la responsabilité d’avoir fondé le GREC, uniquement pour servir l’Église, et avec l’aide de personnes « compétentes et soucieuses de fidélité au message de l’Évangile et de la Tradition catholique ».

Quant aux défauts personnels, cette lectrice m’a signalé ma « suffisance » et mon « ignorance », mon manque de modestie et de diplomatie, mon manque de respect pour les morts et un ton sarcastique qui ne convient ni à un homme ayant une certaine éducation, ni à un prêtre. Ah, madame, que je serais heureux si ceux-là étaient les pires défauts dont j’aurai à répondre devant le tribunal de Dieu ! Ayez la bonté de prier pour mon jugement particulier.

Mais quant au sarcasme, puis-je plaider qu’en me moquant de la nostalgie des catholiques d’aujourd’hui pour le catholicisme des années 1950, je ne pensais pas à l’Ambassadeur Pérol en personne, mais plutôt à ces foules de catholiques de nos temps, lesquels, ne se rendant pas compte pourquoi Dieu a permis à l’origine à Vatican II de séparer l’Église officielle de sa Tradition, veulent retourner à cette foi sentimentalisée du pré-Concile qui a mené directement au Concile ! Madame, le point essentiel ici n’a rien à voir avec les personnes subjectives, tout à voir avec la doctrine objective.

Voilà pourquoi je ne peux pas partager votre avis quant à la « compétence et souci de fidélité à l’Évangile et à la Tradition » de la part de gens qui ont aidé Mme Pérol à fonder le GREC. Qu’un diplomate professionnel comme l’Ambassadeur Pérol ait recouru à la diplomatie pour résoudre un problème majeur de doctrine, c’est une erreur, mais c’est compréhensible. Qu’un prêtre conciliaire comme le Père Lelong ait encouragé une telle entreprise diplomatique est plus grave, mais c’est encore compréhensible en vue du fait que Vatican II a fait sauter la doctrine en officialisant le subjectivisme à l’intérieur de l’Église. Par contre ce qui est bien moins facile à accepter, c’est la « compétence et souci de l’Évangile et de la Tradition » de la part de prêtres qui ont été formés par Mgr Lefebvre pour comprendre et contrecarrer le désastre doctrinal de Vatican II. De tels prêtres n’auraient jamais dû encourager, encore moins participer activement à cet effort essentiellement diplomatique pour résoudre un problème essentiellement doctrinal, même si les meilleures intentions animaient cet effort.

Et pourtant, même dans le cas de ces prêtres s’applique dans une certaine mesure le proverbe, « Tout comprendre, c’est tout pardonner. » En effet, Mgr Lefebvre était d’une génération antérieure et plus saine. Eux par contre ils venaient d’un monde bouleversé par deux guerres mondiales. Tout honneur leur est dû pour avoir recouru à sa personne pour leur formation sacerdotale, et tant qu’il vivait il nous élevait tous, mais ils n’ont jamais vraiment absorbé sa doctrine en sorte qu’à quelques années de sa mort ils ont commencé à retomber. Pourtant c’est lui qui a eu raison, et eux et le GREC – excusez-moi, Madame – qui ont tort. Que Dieu veuille qu’ils retrouvent le bon chemin.

Kyrie eleison.

La Résistance Monte

La Résistance Monte on avril 20, 2013

Autre voyage de trois semaines du côté ouest de l’Atlantique m’a permis de constater que la résistance à l’effondrement de cette Fraternité St Pie X qui veut se jeter dans les bras des apostats romains, est en ascension, plutôt en qualité qu’en quantité, mais tous savent que c’est la quantité catholique qui suit la qualité catholique, et pas l’inverse. On a délibérément caché aux catholiques de la Tradition ce qui se trame entre la Fraternité et Rome, mais au fur et à mesure qu’il ressort à quel point on met en péril la vraie religion catholique, toujours plus nombreux sont les braves gens qui réagissent, sérieusement et résolument.

J’ai visité tout d’abord la communauté du R.P. Jahir au nord du Brésil derrière la ville de Salvador, où le Père Jahir a été prêtre de paroisse pendant de longues années. S’étant enfui de la Néo-église, il voit très clairement la chute de la Fraternité. Il a fondé dans la vraie Foi sa communauté d’une douzaine d’hommes, et il est facile d’imaginer que plusieurs d’entre eux feront dans quelques années de vaillants prêtres pour la garder et maintenir. A l’un d’entre eux j’ai donné la Tonsure et les deux premiers Ordres Mineurs, et puis je suis parti vers le sud pour visiter un deuxième prêtre brésilien qui se rend célèbre par sa fidélité inébranlable à la Tradition telle que Mgr Lefebvre l’entendait.

Dom Thomas d’Aquin, bénédictin de la Tradition, est Prieur du monastère proche de Nova Friburgo dans les montagnes derrière Rio de Janeiro. Ce monastère fut fondé dans les années 1980 par Dom Gérard, fondateur aussi du monastère bénédictin traditionnel du Barroux en France dans les années 1970. C’est Mgr Lefebvre qui l’a encouragé et soutenu pour ces deux fondations, mais au moment du sacre des évêques en 1988, Dom Gérard a rompu les relations avec Mgr. Lefebvre, a entraîné son monastère dans la Néo-église, et a traversé l’Océan pour faire de même avec le monastère au Brésil.

Mais voici qu’il rencontre la résistance de Dom Thomas, encore jeune moine, mais qui avant de se faire moine a appris en profondeur d’un célèbre penseur catholique brésilien, Gustavo Corçâo, tout le mal de la Néo-église. Aidé par plusieurs bons laïcs et soutenu par Mgr Lefebvre, Dom Thomas a tenu tête à Dom Gérard, moyennant quoi il a sauvé le monastère pour la Tradition. Fort d’un affrontement pareil, il est peu surprenant que Dom Thomas lui aussi voie bien clair ce qui se passe dans la Néo-fraternité, comme dans la Néo-église. Dans une tente érigée en-dehors de la petite église du monastère pour l’afflux des fidèles venant assister aux cérémonies de la Semaine Sainte, nous avons été peu de prêtres, mais munis de tout l’essentiel par ailleurs, pour célébrer le Jeudi Saint la cérémonie solennelle de la Consécration des Saintes Huiles. Celles-ci pourront être fournies cette année par le monastère aux prêtres en particulier qui risquent de n’en plus recevoir de la Néo-fraternité.

Ensuite j’ai pris l’avion pour les États-Unis afin de visiter encore trois centres de la Résistance en train d’être constitués par les braves abbés Joseph Pfeiffer et David Hewko. Près du Connecticut, dans le New Jersey et le Minnesota j’ai pu donner la Confirmation et des conférences à des catholiques qui ne font guère plus confiance à la Néo-fraternité. Ils ont posé de bonnes questions qui méritaient des réponses honnêtes.

Enfin pour les bienfaiteurs de l’Europe une bonne nouvelle : L’Initiative St Marcel a établi en France un RIB et un IBAN pour faciliter les dons en euros. Depuis l’intérieur de la France, utiliser le RIB suivant : ***** ***** *********** **. Et pour tout don en euros, mais qui vient de l’extérieur de la France, utiliser cet IBAN : **** **** **** **** **** **** ***. Grâce à ses bienfaiteurs l’Initiative St Marcel a pu tout récemment offrir un don intéressant au monastère de Dom Thomas, d’autant plus apprécié qu’on en a eu besoin. Dom Thomas remercie tous ceux qui y ont contribué.

Kyrie eleison.

Déclaration Doctrinale – I

Déclaration Doctrinale – I on avril 13, 2013

La Déclaration Doctrinale du 15 avril de l’année dernière, rédigée par le Supérieur Général (SG) de la Fraternité Saint Pie X comme projet pour la réintégration de la Fraternité dans l’Église officielle, a fait son apparition publique presqu’un an plus tard. Elle a eu pour but de plaire en même temps à la Rome Conciliaire et aux « Traditionnalistes ». (« On peut la lire avec des lunettes noires ou roses » a dit le SG en public). De fait, elle a plu aux Romains qui déclarèrent qu’une telle Déclaration Doctrinale représentait une « avancée » en leur direction. Elle n’a pas plu aux Traditionnalistes qui ont vu en elle (ou en ce qu’ils en ont connu) une ambigüité équivalente à une trahison de la bataille pour la Foi Catholique menée par Mgr. Lefebvre, à tel point qu’ils ont estimé que son acceptation par les Romains aurait suffi pour détruire sa Fraternité.

En fait, lorsque le SG se rendit chez les Romains le 11 juin pour recevoir leur décision, il s’attendait vraiment à ce que les Romains l’aient acceptée. Nombreux sont les observateurs qui ont pensé que la raison principale pour laquelle les Romains n’ont point accepté la Déclaration Doctrinale est parce qu’entre-temps la lettre du 7 avril des Trois Evêques au SG a été publiée. Cette lettre avertissait les Romains que le SG ne pourrait se faire suivre par toute la Fraternité, contrairement à ce qu’il a pu leur faire croire, mais comme ils ont voulu qu’il le fît. Ils ne voulaient ni ne veulent une nouvelle scission qui permette à la Tradition de prendre un nouvel essor.

Quoiqu’il en soit, un article court comme celui-ci permet de présenter une seule raison importante pour affirmer que si les Romains avaient accepté la proposition de la Déclaration Doctrinale, c’en était fini de la FSPX. Mgr. Lefebvre déclara, et prouva, que Vatican II était une cassure ou rupture par rapport à l’enseignement précédent de l’Église. Sur cette prémisse s’est fondé et repose toujours le mouvement catholique Traditionnel. C’est pourquoi, confronté aux progrès de la résistance de ce mouvement qui s’opposait à son cher Vatican II, Benoît XVI proclama dès le début de son pontificat en 2005 l’ « herméneutique de la continuité ». Grâce à celle-ci le Concile qui (objectivement) contredit la Tradition, doit être (subjectivement) interprété de telle sorte qu’il ne la contredise plus. Ainsi doit disparaître toute opposition ou rupture entre le Concile et la Tradition catholique.

Voyez maintenant le septième paragraphe (III, 5) de la Déclaration Doctrinale. Il déclare que les affirmations de Vatican II qui seraient difficiles à concilier avec tout l’enseignement précédent de l’Église, (1) « doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière et ininterrompue, de manière cohérente avec les vérités précédemment enseignées par le Magistère de l’Église, (2) sans accepter aucune interprétation de ces affirmations qui peuvent porter à exposer la Doctrine catholique en opposition ou en rupture avec la Tradition et avec ce magistère ».

La première partie ici (1) est parfaitement vraie tant qu’elle signifie que toute nouveauté Conciliaire « difficile à concilier » sera immédiatement rejetée si elle contredit objectivement l’enseignement antérieur de l’Église. Mais entendue ainsi, (1) est directement contredite par (2) lorsque (2) dit qu’aucune nouveauté Conciliaire ne saurait être « interprétée » comme étant en rupture avec la Tradition. C’est comme si quelqu’un disait que toutes les équipes de football doivent porter des maillots bleus, mais que les maillots de toute autre couleur doivent être interprétés comme étant rien d’autre que bleus ! Quelle bêtise ! Mais voilà exactement l’ « herméneutique de la continuité ».

Donc, les soldats qui gardent la dernière forteresse de la Foi qui soit organisée à échelle mondiale, se rendent-ils compte de ce que leur Commandant est en train de penser ? Se rendent-ils compte que sa solennelle déclaration de la doctrine de la FSPX fait paraître qu’il pense de la même façon qu’un chef de leurs ennemis ? Sont-ils heureux qu’on les conduise à penser comme les ennemis de la Foi ? En effet, toutes les idées doivent être catholiques, mais de telle sorte que les idées non-catholiques seront « interprétées » dorénavant comme étant catholiques. Réveillez-vous,camarades ! Dans le Quartier Général on pense comme l’ennemi.

Kyrie eleison.