conciliarisme

L’Oecuménisme de Benoît – III

L’Oecuménisme de Benoît – III on avril 21, 2012

Il y a deux semaines se trouvait dans ce « Commentaire » la promesse d’examiner trois citations de Vatican II qui ont beaucoup contribué à la dissolution de l’Église de Jésus-Christ, laquelle est l’Église catholique. Il y a une semaine s’y trouvait l’avertissement que les textes de Vatican II sont ambigus, de telle sorte qu’on peut toujours les interpréter comme s’ils ne contiennent aucune erreur. Mais si l’une des deux significations est innocente, l’autre est mortelle pour l’Église catholique, comme l’ont prouvé ces quarante dernières années.

La première citation est prise de Lumen Gentium # 8. La voici : « Cette unique Église du Christ . . . comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui ». Mais que signifie ce mot « subsiste » ici ? L’ambiguïté réside en ce que ce mot peut signifier ou bien que l’Église du Christ existe principalement et uniquement dans l’Église catholique romaine, vérité que l’Église a toujours enseignée jusqu’à Vatican II, ou bien que l’Église du Christ existe principalement mais non pas uniquement dans l’Église catholique, auquel cas l’Église du Christ existe aussi en partie en dehors de l’Église catholique. Ceci ouvre la porte à l’œcuménisme conciliaire qui détruit la proclamation dogmatique selon laquelle l’Église catholique est l’unique arche de salut : « Extra Ecclesiam nulla salus » (en dehors de l’Église, pas de salut).

Le problème ici, c’est que c’est aussi un dogme que l’Église est une. Lors de chaque Messe dominicale nous écoutons ou nous chantons que nous croyons à « l’Église une, sainte, catholique et apostolique ». Donc, comment l’Église du Christ peut-elle être divisée en quelques communautés plus ou moins semblables à une église ? Si l’Église est une, elle ne peut être plusieurs. Si elle est plusieurs, elle ne peut être une. Dans son livre sur « Benoît XVI et comment l’Église se voit elle-même », le Dr. Wolfgang Schüler donne une série de citations de Joseph Ratzinger pour montrer comment en jeune théologien il a promu avec enthousiasme la destruction de l’exclusivité de l’Église Catholique, mais comment en tant que Cardinal et Pape il a lutté pour maintenir en même temps l’unicité de l’Église.

La deuxième citation est prise de Unitatis Redintegratio # 3 : « Parmi les éléments ou les biens par l’ensemble desquels l’Église se construit et est vivifiée, plusieurs et même beaucoup, et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l’Église catholique ». Or, la signification évidente de ces paroles c’est que de même que des pièces d’or peuvent former un tas, mais enlevées au tas elles restent des pièces identiques d’or comme avant, ainsi les éléments de l’Église, dont le Concile cite comme exemples « foi, espérance, charité et autres dons de l’Esprit Saint », peuvent être reconnus comme existant identiques hors de l’Église catholique. Mais Notre Seigneur dit que les branches coupées de sa vigne sèchent et meurent (Jn.XV, 6). Et quelle est sa vigne si ce n’est son Église ?

La troisième citation tire la conclusion logique, un peu plus loin dans le même document (U.R. # 3) : « En conséquence, ces Églises et communautés séparées (de l’Église catholique) . . . ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d’elles comme de moyens de salut . . . ». Mais comme l’a dit Monseigneur Lefebvre : « Dans la mesure où ces communautés se trouvent séparées de l’Église catholique, elles ne peuvent jouir de l’assistance de l’Esprit Saint, puisque leur séparation signifie une résistance à l’Esprit Saint. Celui-ci ne peut agir directement que sur des âmes, il ne peut utiliser directement que des moyens, qui ne montrent aucun signe de séparation ».

Vatican II a mal compris ce qu’est l’essence même de l’Église. Voyons ensuite avec l’aide du Dr. Schüler comment Benoît XVI a en même temps et freiné et accéléré cette incompréhension.

Kyrie eleison.

L’Oecuménisme de Benoît – II

L’Oecuménisme de Benoît – II on avril 7, 2012

Comme dans toute controverse suscitée par les terribles ambiguïtés du Vatican II, prouver ou essayer de réfuter ce qu’expose le Dr. Wolfgang Schüler dans son livre « Benoît XVI et l’Auto-compréhension de l’Eglise » pourrait nécessiter beaucoup de temps et d’articles érudits. Cependant la ligne principale de son argument est assez claire, et elle mérite bien d’être présentée aux lecteurs du « Commentaire Eleison » afin de les aider à voir clair au milieu d’une si grande confusion. En ce sens, tout en ayant leurs limites, les comparaisons peuvent vraiment aider la compréhension.

Un tout peut être composé de parties de deux façons différentes : comme un arbre vivant ou comme un tas de pièces de monnaie. Ou bien le tout est primaire et les parties sont secondaires, comme dans le cas de l’arbre, ou les parties sont primaires et le tout secondaire comme dans le cas du tas de pièces de monnaie. L’arbre comme un tout prime, parce que les branches qui sont ses parties peuvent être coupées mais l’arbre continue à vivre sa vie comme arbre et fait pousser de nouvelles branches, tandis que les branches coupées perdent leur vie et se transforment en quelque chose de totalement différent, comme une bûche ou une chaise. Au contraire, chaque pièce de monnaie séparée du tas de pièces demeure exactement ce qu’elle était dans le tas, et il suffit qu’un assez grand nombre de pièces soit séparé du tas pour que ce soit le tas qui disparaisse.

Or, prise comme un tout, l’Eglise catholique ressemble-t-elle davantage à l’arbre ou au tas de pièces ? L’Eglise catholique est cette société spéciale d’êtres humains naturels qui sont unis dans cette société par trois choses : la Foi, les sacrements, et la hiérarchie. A ces trois éléments c’est Dieu lui-même qui leur donne d’exister. La Foi est dans l’esprit une vertu surnaturelle que Dieu seul peut donner. Les sacrements utilisent des éléments matériels tels l’eau et l’huile, mais ce qui en fait des sacrements c’est la grâce surnaturelle qu’ils véhiculent et qui a pour source Dieu seul. De même, la hiérarchie est composée d’êtres humains naturels, mais s’ils ne sont pas mus par Dieu ils ne suffiront jamais par eux-mêmes pour guider les âmes vers le Ciel.

Il en résulte que l’Eglise catholique ressemble davantage à un arbre en vie qu’à un tas de pièces de monnaie, fussent-elles d’or. Parce que, de même que tout organisme vivant possède en lui-même un principe de vie qui lui donne son existence et son unité, ainsi l’Eglise catholique a en elle-même d’abord Dieu Lui-même et ensuite la hiérarchie, pour lui donner son existence et son unité. Lorsque ce qui était une partie de l’Eglise se sépare de la hiérarchie par le schisme, ou renonce à la Foi par l’hérésie, elle cesse d’être catholique pour devenir autre chose, comme les Orthodoxes schismatiques ou les Protestants hérétiques. Il est vrai que les croyants Orthodoxes ont pu conserver des sacrements valides, mais puisqu’ils ne sont plus unis au Vicaire du Christ à Rome, personne de raisonnable ne les prend pour des catholiques.

Survient alors Vatican II. Il change l’idée qu’avait l’Eglise d’elle-même, à savoir celle d’un arbre vivant ou d’une vigne (selon la comparaison même de Notre Seigneur : Jn XV, 1–6 ), en celle d’un tas de pièces d’or. Pour avoir voulu ouvrir l’Eglise au monde moderne, les hommes de l’Eglise Conciliaire ont commencé par dissoudre les frontières de l’Eglise (L.G.8). Ceci leur permit de prétendre qu’il existe des éléments de l’Eglise du Christ en-dehors des limites visibles de l’Eglise Catholique (U.R.3), tels des pièces d’or séparées de leur tas. Et puisqu’une pièce d’or reste une pièce d’or, ils ont pu ensuite pousser plus loin leur argument en affirmant (U.R.3) que ce qui constituait des éléments de salut à l’intérieur de l’Eglise demeure tel en-dehors de l’Eglise. De là d’innombrables âmes tirent la conclusion naturelle que désormais je n’ai plus besoin d’être catholique pour parvenir au Ciel. Voilà le désastre de l’œcuménisme Conciliaire.

Nous devrons maintenant analyser plus en détail ces textes de Vatican II avant de considérer les efforts du Pape Benoît pour intégrer l’œcuménisme qui divise l’Eglise dans la doctrine catholique qui l’unifie.

Kyrie eleison.

Réponse a la Lettre Ouverte de Mgr. Nicola Bux

Réponse a la Lettre Ouverte de Mgr. Nicola Bux on mars 24, 2012

Londres, le 22 mars 2012.

Monseigneur,

Dans une lettre ouverte du 19 mars, adressée à Monseigneur Fellay et à tous les prêtres de la Fraternité Saint Pie X, vous nous priez avec insistance d’accepter l’offre sincère et chaleureuse de réconciliation que le Pape Benoît XVI présente à la Fraternité Saint Pie X pour guérir la fracture de longue date entre Rome et la Fraternité Saint Pie X. Permettez-moi, en tant que l’un des prêtres à qui vous vous êtes adressé, de prendre sur moi de vous dire ce qui me semble aurait pu être la réponse de ce « grand homme d’Eglise » que fut Monseigneur Lefebvre.

Votre lettre commence par un appel à « tout sacrifier au nom de l’unité ». Mais il ne peut y avoir de véritable unité catholique qui ne soit fondée sur la vraie Foi catholique. Le grand Archevêque a tout sacrifié pour l’unité dans la vraie doctrine de la Foi. Hélas, les Discussions Doctrinales de 2009–2011 ont prouvé que la fracture doctrinale entre la Rome du Vatican II et la Fraternité Saint Pie X est aussi large que jamais.

Cette fracture vous l’avez décrite le 19 mars comme n’étant pas plus que des « perplexités qui demeurent, des points devant être approfondis ou détaillés », mais le 16 mars le Cardinal Levada fut catégorique à déclarer que la position prise par Monseigneur Fellay le 12 janvier est « insuffisante pour surmonter les problèmes doctrinaux ». Monseigneur Fellay a fait observer une fois combien de divergences il peut y avoir entre les hommes d’Eglise de Rome, mais quoi qu’il en soit de leur unité entre eux, dans tous les cas la Foi sacrifiée à l’unité fera une unité sans Foi.

Bien sûr, comme vous nous le rappelez, l’Eglise est une institution à la fois divine et humaine. Bien sûr, l’élément divin ne peut faillir, et de plus, bien sûr, l’Eglise en définitive ne peut faillir, et le soleil s’y lèvera de nouveau. Mais veuillez nous pardonner de ne pas être d’accord lorsque vous dites que l’aube est à portée de main, parce que cette vraie Foi que la Fraternité Saint Pie X a soutenue dans les Discussions ne brille pas dans la Rome de Vatican II. En conséquence la Fraternité Saint Pie X ne peut s’y trouver en sécurité. Elle ne pourrait pas non plus être source de lumière si elle aussi adoptait les ténèbres conciliaires.

On n’a pas besoin de mettre en doute la sincérité du désir du Pape de faire bon accueil au retour de la Fraternité Saint Pie X dans une « pleine communion ecclésiale », comme l’ont montré plusieurs gestes de réelle bonne volonté de sa part, mais « une commune profession de Foi » entre la Fraternité et ceux qui croient au Concile Vatican II, est exclue, à moins que la Fraternité Saint Pie X n’abandonne cette Foi qu’elle a défendue dans les Discussions. Et quand un tel abandon fait crier à la Fraternité Saint Pie X « A Dieu ne plaise ! », tant s’en faut que sa voix soit étouffée, elle est entendue dans le monde entier, et elle porte pour l’Eglise catholique d’aujourd’hui des fruits plutôt exceptionnels.

Certainement, « c’est le bon moment », certainement « l’heure favorable est venue » pour une solution à l’agonie et aux problèmes de l’Eglise et du monde. Toutefois, c’est la solution que notre Mère du Ciel demande depuis longtemps, et qui dépend uniquement du Saint Père. De fait, lorsque Notre Seigneur a placé cette solution entre les mains de sa Mère, Elle a dit qu’aucune autre solution ne fonctionnerait, en sorte que pour permettre à toute autre solution de fonctionner, Notre Seigneur devrait faire de Sa Mère une menteuse ! Inconcevable !

La solution est connue depuis longtemps. En effet, comment le Ciel pourrait-il avoir laissé le monde dans une détresse comme celle des 100 dernières années sans lui offrir un remède semblable à celui offert par le prophète Elisée pour guérir la lèpre du Général Syrien Naaman ? D’un point de vue humain, se baigner dans la rivière du Jourdain semblait ridicule, mais personne ne pouvait dire que c’était impossible. Il suffisait d’un peu de foi et d’humilité. Le Général païen réunit alors assez de foi et de confiance en l’homme de Dieu pour faire ce que le Ciel lui demandait, et bien sûr, il fut guéri instantanément.

Puisse le Saint Père seulement réunir assez de foi et de confiance en la promesse de la Mère du Ciel ! Qu’il saisisse seulement ce « bon moment » avant que toute l’économie globale ne s’effondre en ruines, et avant que des politiciens fous ne réussissent à lancer la Troisième Guerre mondiale au Moyen Orient ! Nous l’en supplions, nous l’implorons, qu’il sauve l’Eglise et le monde en faisant tout simplement ce qu’a demandé la Mère du Ciel. Il ne s’agit pas là d’une chose impossible. Elle vaincrait tous les obstacles sur son chemin. En faisant ce qu’elle demande, le Pape est le seul qui puisse désormais nous sauver de souffrances qui dépassent toute imagination, mais qu’il pourrait nous épargner.

Et s’il désirait que par la prière ou l’action la modeste Fraternité Saint Pie X l’aidât à consacrer la Russie au Coeur Immaculé de Marie en union avec les évêques du monde entier, que la Reine du Ciel rassemblerait, il doit savoir qu’il peut compter en première ligne sur l’appui de Monseigneur Fellay et des trois autres évêques de la Fraternité Saint Pie X, dont le moindre est

Votre serviteur dévoué dans le Christ, +Richard Williamson.

L’Oecuménisme de Benoit – I

L’Oecuménisme de Benoit – I on février 25, 2012

Une remarquable étude de l’œcuménisme conciliaire est apparue en Allemagne il y a quelques années, écrite par un certain Dr. Wolfgang Schüler. Dans « Benoît XVI et Comment l’Eglise se Voit Elle-même », il démontre que l’œcuménisme répandu par Vatican II a transformé la compréhension qu’Elle a d’Elle-même, et il prouve par une série de citations textuelles de Joseph Ratzinger comme prêtre, Cardinal et Pape, que celui-ci a promu cette transformation d’une façon parfaitement cohérente, depuis l’époque du Concile jusqu’à aujourd’hui. Et ce ne sera pas pour lui de quoi avoir honte.

Dans un ordre logique – cela prendra plus d’un « Commentaire Eleison » – voyons d’abord la véritable conception que l’Eglise a d’Elle-même, et alors avec l’aide du Dr. Schüler, comment cette conception fut changée par le Concile et comment Benoît XVI a promu d’une façon cohérente ce changement. Finalement nous tirerons les conclusions qui s’imposent pour les catholiques qui veulent garder la vraie Foi.

La vraie Eglise catholique s’est toujours vue Elle-même comme un tout organique, une société une, sainte, catholique et apostolique, constituée par des êtres humains unis par la Foi, les sacrements et la hiérarchie romaine. Cette Eglise est tellement une, qu’aucun élément ne peut en être arraché ni enlevé sans cesser d’être catholique (cf. Jn. XV, 4–6). Par exemple, la Foi qui constitue l’élément de base du croyant catholique ne peut être fragmentée, mais doit être gardée dans son intégralité (au moins implicitement) ou pas du tout. Et cela parce que c’est sur l’autorité de Dieu révélant les dogmes de la Foi catholique que je crois en eux, de telle sorte que si je rejette un seul dogme, je rejette du coup l’autorité de Dieu qui les cautionne tous, auquel cas même si je crois à tous les autres dogmes, ma croyance ne repose plus sur l’autorité de Dieu mais seulement sur mon propre choix.

En réalité le mot « hérétique » vient du mot grec « choisir » (hairein), car la croyance d’un hérétique étant fondée uniquement sur son propre choix, il a par là même perdu la vertu surnaturelle de foi, de telle sorte que même s’il ne rejette qu’un seul dogme de Foi, il n’est plus catholique. Dans une célèbre citation, Saint Augustin dit : « Sur beaucoup de choses vous êtes avec moi, sur peu vous n’êtes pas avec moi, mais à cause de ce peu pour lequel vous n’êtes pas avec moi, le beaucoup pour lequel vous êtes avec moi ne vous sert à rien. »

Par exemple un Protestant peut croire en Dieu ; il peut même croire à la divinité de l’homme Jésus de Nazareth, mais s’il ne croit pas à la Présence Réelle de Dieu, corps, sang, âme et divinité, sous les apparences du pain et du vin après leur consécration à la Messe, alors il a un concept profondément différent et déficient de l’amour de Jésus-Christ et du Dieu auquel il croit. Peut-on alors dire que le vrai Protestant et le vrai Catholique croient au même Dieu ? Vatican II dit qu’on peut le dire, et sur la base de croyances qu’il suppose plus ou moins partagées entre les catholiques et tous les non-catholiques, il construit son œcuménisme. Au contraire le Dr. Schüler illustre par une série de comparaisons que lorsque deux croyances qui semblent être la même font en réalité partie de deux credo différents, ce n’est plus du tout la même croyance. Voici une illustration : les molécules d’oxygène mélangées à l’azote sont exactement les mêmes qui se composent avec l’hydrogène, mais elles sont aussi différentes dans les deux cas que l’air que nous respirons (O+4N) est différent de l’eau que nous buvons (H2O) ! A suivre.

Kyrie eleison.

Rome Insiste

Rome Insiste on décembre 17, 2011

Presqu’au même moment où Monseigneur Fellay faisait savoir que la FSSPX demandera des éclaircissements sur le Préambule Doctrinal (réaction de Rome aux discussions doctrinales ayant eu lieu de 2009 jusqu’au printemps de cette année), l’un des quatre théologiens de Rome ayant pris part à ces discussions, Monseigneur Fernando Ocariz, a publié une étude « Au sujet de l’adhésion au Concile Vatican II ». Sa date de parution montre que nous ne sommes pas sortis du tunnel, au contraire ! Mais voyons ses arguments, qui du moins sont clairs.

Dans son introduction il déclare que le Concile « pastoral » fut néanmoins doctrinal. Ce qui est pastoral est fondé sur la doctrine. Ce qui est pastoral cherche à sauver les âmes, ce qui implique la doctrine. Les documents du Concile contiennent beaucoup de doctrine. Bien ! Monseigneur du moins ne va pas esquiver les accusations doctrinales portées contre le Concile en prétendant qu’il ne fut pas doctrinal, ainsi que l’ont fait bon nombre de défenseurs du Concile.

Ensuite, au sujet du Magistère de l’Eglise en général, il dit que le Concile Vatican II était composé des évêques catholiques lesquels détiennent « le charisme de la vérité, l’autorité du Christ et la lumière de l’Esprit Saint ». Le nier, dit-il, c’est nier quelque chose qui appartient à l’essence même de l’Eglise. Mais, Monseigneur, que me dites-vous de l’ensemble des évêques catholiques qui ont suivi l’hérésie Arienne sous le Pape Libère ? Exceptionnellement, même la quasi-unanimité des évêques peut accepter une déviation de la doctrine. Si cela s’est produit une fois, cela peut arriver une nouvelle fois. C’est arrivé au Concile Vatican II, comme le démontrent ses documents.

Plus loin il déclare que les enseignements non dogmatiques et non définis du Concile requièrent néanmoins de la part des Catholiques leur assentiment, appelé « soumission religieuse de la volonté et de l’intelligence », laquelle est « un acte d’obéissance bien enraciné dans la confiance en l’assistance divine donnée par le Magistère ». Monseigneur, aussi bien aux évêques Ariens qu’aux Conciliaires, il ne fait aucun doute que Dieu leur ait offert toute l’assistance dont ils avaient besoin, mais qu’ils la refusèrent, comme cela est démontré par l’opposition à la Tradition dans leurs documents.

Finalement Monseigneur Ocariz, fait une pétition de principe : étant donné que le Magistère catholique est en continuité et en supposant que le Concile Vatican II est le Magistère, il s’ensuit que ses enseignements ne peuvent qu’être en continuité avec le passé. Et s’ils semblent être en rupture avec le passé, alors l’attitude catholique est de les interpréter comme si une telle rupture n’existait pas, ce que fait par exemple l’« herméneutique de la continuité » de Benoit XVI. Mais Monseigneur, ces arguments peuvent être retournés. De fait, il y a rupture doctrinale, comme cela apparaît clairement à l’examen des documents conciliaires en eux-mêmes. Par exemple, y a-t’il (Vatican II), ou n’y a-t’il pas (Tradition), un droit humain à n’être pas empêché de répandre l’erreur ? Par conséquent Vatican II n’appartient pas au véritable Magistère de l’Eglise, et l’attitude catholique consiste à montrer qu’il existe réellement une rupture avec la Tradition, comme le fit Monseigneur Lefebvre, et non pas à prétendre qu’une telle rupture n’existe pas.

Le dernier mot de Monseigneur Ocariz est pour proclamer que seul le Magistère peut interpréter le Magistère. Ce qui nous mène droit à la case départ.

Chers lecteurs, Rome n’est en aucune façon sortie du tunnel. Que le Ciel nous vienne en aide !

Kyrie eleison.

Religion d’État ? – II

Religion d’État ? – II on décembre 10, 2011

Selon la religion du libéralisme – on ne pourra jamais assez répéter que le libéralisme sert d’une religion de remplacement – c’est une hérésie absolue de déclarer que tout Etat sur la terre doit apporter son appui à la religion catholique et la protéger. Cependant si Dieu existe, si Jésus-Christ est Dieu, si toute société naturelle d’êtres humains, tel l’Etat, est une créature de Dieu, et si Jésus-Christ a fondé l’Eglise Catholique comme seul et unique instrument pour sauver les hommes des feux éternels de l’Enfer, alors à moins qu’un Etat veuille faire la guerre à l’espèce humaine, il est tenu de favoriser et de protéger l’Eglise Catholique. Mais il y a des objections à cette conclusion. Voyons-en trois des plus communes :—

Première objection : Notre Seigneur Lui-même dit à Ponce Pilate (Jn.XVIII, 36) que son Royaume n’était pas de ce monde. Or l’Etat est de ce monde. Donc l’Etat ne doit rien avoir à faire avec son Royaume ni avec son Eglise.

Solution : Notre Seigneur disait à Pilate que son Royaume et l’Etat sont distincts mais Il ne disait pas qu’ils doivent être séparés. L’âme d’un homme est distincte de son corps, mais les séparer c’est la mort de l’homme. Les parents son distincts de leurs enfants, mais les séparer (comme les Agences de l’Enfance sont aujourd’hui encouragées à le faire) c’est la mort de la famille. L’Eglise et l’Etat son distincts l’un de l’autre comme la vie sur terre est distincte de la vie éternelle, mais les séparer c’est mettre un abîme entre la première et le second, et c’est grandement multiplier le nombre de citoyens qui tomberont en Enfer.

Seconde objection : La religion Catholique est vraie. Mais on peut laisser la Vérité faire son propre chemin. Par conséquent la religion Catholique n’a pas besoin du pouvoir de coercition de l’Etat pour l’aider, tel que la suppression en public de la pratique de toutes les autres religions.

Solution : En elle-même, « La vérité est puissante et prévaudra », comme disaient les Latins, mais parmi nous autres hommes elle ne prévaudra pas facilement, à cause du péché originel. N’eussent été tous les êtres humains (à l’exception de Notre Seigneur et de Notre Dame) affectés depuis la Chute des quatre blessures d’Ignorance, Malice, Faiblesse et Concupiscence, alors il serait beaucoup plus facile pour la vérité de prévaloir, et Thomas Jefferson pourrait avoir eu raison de proclamer que la vérité n’a besoin que d’être exposée sur la place du marché pour prévaloir. Mais les Catholiques savent ce que l’Eglise enseigne, à savoir que l’homme demeure même après le baptême sujet à l’attirance vers le bas du péché originel, de telle sorte que pour trouver cette vérité sans laquelle il ne peut sauver son âme, il a besoin de toute aide raisonnable de la part de son Etat. Cette aide raisonnable exclut que l’Etat force quiconque d’être Catholique, mais elle inclut que l’Etat éloigne de la place du marché de Jefferson toute contre-vérité dangereuse

Troisième objection : Un grand pouvoir peut être grandement abus é . Or l’union de l’Eglise et de l’Etat renforce beaucoup le pouvoir de l’un et de l’autre. Par conséquent elle peut faire beaucoup de mal – voyez comme l’Eglise Conciliaire et le Nouvel Ordre Mondial se renforcent l’un l’autre !

Solution : « Le mauvais usage ne peut empêcher l’usage », disaient les Latins. Notre Seigneur aurait-Il du ne pas nous donner la Sainte Eucharistie pour la raison qu’elle peut donner lieu à un usage sacrilege ? L’Eglise Conciliaire se réunissant avec l’Etat libéral est un puissant mauvais usage de l’union de l’Eglise et de l’Etat, mais cela prouve l’erreur du libéralisme, non pas l’erreur de l’union de l’Etat Catholique avec l’Eglise Catholique.

Kyrie eleison.