Néo-Église

Canonisations Réelles ?

Canonisations Réelles ? on août 10, 2013

« Que pensez-vous de la volonté de François Ier de « canoniser » au printemps prochain Jean-Paul II et Jean XXIII ? N’est-ce pas là une façon de « canoniser » Vatican II ? Et cela ne pose-t-il pas le problème de l’autorité, tous les manuels de théologie d’avant Vatican II enseignant que le pape est infaillible lorsqu’il procède à des canonisations ? » Telle fut la question grave (légèrement modifiée) que l’hebdomadaire parisien Rivarol m’a posée récemment. Voici plus ou moins comment j’ai répondu :—

L’acharnement dont font preuve les chefs de l’Église Conciliaire pour canoniser les Papes Conciliaires manifeste la ferme volonté des ennemis (au moins objectifs) de Dieu d’en finir avec la religion catholique et de la remplacer par la nouvelle religion du Nouvel Ordre Mondial. Dès lors à une Néo-église correspondent des Néo-saints à fabriquer par une procédure démantelée et « rénovée » pour les « canoniser ». Comme toujours avec le modernisme, les mots restent les mêmes, mais le contenu est complètement différent. Dès lors les catholiques croyants n’ont à se faire aucun souci pour l’infaillibilité de ces néo-canonisations. Elles procèdent de la Néo-église qui n’est qu’un sosie de l’Église catholique.

Mais alors qu’est-ce que ce sosie ? Question délicate, parce que pour deux sous on se fait traiter de « sédévacantiste », mot qui arrive actuellement à effarer les Traditionnalistes presqu’autant que le mot « anti-sémite ». Mais il s’agit de cerner la réalité, de « rendre un juste jugement et pas selon les apparences », comme dit Notre Seigneur (Jn. VII, 24), et de ne pas se laisser tromper par les apparences, les émotions ni les mots. Aujourd’hui par exemple, dans les écoles ne désapprend-on pas, dans les hôpitaux ne tue-t-on pas, la police n’opprime-t-elle pas ? La réalité en a changé.

Donc en réalité, selon un processus qualifié par Sœur Lucie de Fatima de « désorientation diabolique », les hommes d’Église se sont faits des agents du mensonge au lieu de la Vérité. Depuis les années 1950 et 1960 ils ont laissé pervertir leur foi catholique par les idées et idéaux de la Révolution au sens large du mot, à savoir par cette insurrection radicale de l’homme moderne contre son Dieu et Créateur. Pourtant ces traîtres objectifs (ils peuvent encore dans leurs cœurs vouloir servir Dieu – Jn. XVI, 2) restent les hommes d’Église dans ce sens qu’il n’y a personne d’autre qu’eux qui « occupe la chaire de Moïse », comme dit Notre Seigneur ( Mt. XXIII, 2). Il y a un Pape assis sur le siège de Pierre, même deux !

Autrement dit, le sosie en question est l’Église occupée non pas par des hommes qui ne sont pas des hommes d’Église, mais par des hommes dont les cœurs et les têtes sont plus ou moins occupés par une nouvelle religion qui n’est absolument pas catholique. Mais remarquez le « plus ou moins ». Tout comme la pourriture n’atteint pas tout de suite toute la pomme, ainsi l’église-sosie ou la Néo-église peut être en train de remplacer l’Église catholique, mais on y trouve encore quelques évêques, plusieurs prêtres et bon nombre de fidèles qui ont gardé la Foi catholique jusqu’ici. Ils se trouvent sur une pente glissante et bien dangereuse pour leur foi, mais on ne peut pas dire qu’ils soient en-dehors de la vraie Église. C’est Dieu qui en juge.

Et alors pour ce qui concerne l’autorité, je traiterais avec ces autorités de la Néo-église comme on agit envers un père de famille provisoirement fou. On ne prête aucune attention à sa folie si ce n’est l’attention nécessaire pour observer le moment où elle prend fin, mais on ne cesse de l’aimer, et même de respecter l’autorité intrinsèque à sa qualité de père. Que Dieu me vienne en aide pour cela.

Kyrie eleison.

Voyage en Asie

Voyage en Asie on juin 15, 2013

Plusieurs lecteurs de ce Commentaire se sont plaints du numéro d’il y a deux semaines sur la paralysie de l’autorité. A partir de son argument que d’ici jusqu’au « Châtiment imminent » il ne sera plus possible de poser une Congrégation catholique sur des fondements catholiques normaux, ils ont conclu que selon moi il n’y a plus autre chose pour un évêque à faire que d’attendre que Dieu intervienne. Mais dans ce cas-là pourquoi est-ce que je viens de passer deux semaines en Asie ? Et pourquoi me trouvé-je maintenant en Irlande ? De même ils ont conclu que jamais je ne sacrerai un autre évêque. Je réponds : si Dieu veut, attendez voir.

De fait il y a beaucoup à faire pour un évêque qui veut visiter et encourager les âmes qui s’efforcent de garder la Foi, alors que de toute évidence le Quartier Général de la FSPX s’acharne toujours à la jeter dans les bras de la Rome conciliaire. Le 17 juin Mgr. Fellay a écrit à Benoît XVI, «  J’ai l’intention de faire tout mon possible pour poursuivre ce chemin (de la réconciliation avec Rome) pour arriver aux clarifications nécessaires. » Et dans la même lettre, «  Malheureusement, dans la situation présente de la Fraternité » la Déclaration Doctrinale de Mgr Fellay du 15 avril, telle que les Romains l’ont modifiée le 13 juin «  ne passera pas. » Donc il aurait été mieux si la Fraternité eût accepté la Déclaration avec ses modifications romaines ?

C’est le Quartier Général qui a rendu public cette évidence écrite de la détermination inchangée de Mgr Fellay de brader la Fraternité de Mgr Lefebvre. Par contre il aurait dit au Supérieur du District de France que ce n’est qu’ «  au nom du Pape » qu’il a écrit ce «  malheureusement », et à la Mère Supérieure du Carmel en Belgique il aurait dit qu’il «  n’a jamais eu l’intention de poursuivre un accord pratique avec Rome. » Hélas, l’habitude de Mgr Fellay d’adapter ce qu’il dit selon son auditoire est tellement connue que de telles paroles ne prouvent nullement qu’il n’entende pas brader la Fraternité de Mgr Lefebvre. Sa capacité ahurissante d’arranger et de déplacer les meubles mentaux dans son esprit mérite à elle seule un « Commentaire », mais en attendant, qui peut s’étonner si ce phénomène auquel on donne le nom de la « Résistance » surgit spontanément dans le monde entier ?

Entre le 24 mai et le 6 juin j’ai visité avec l’abbé François Chazal une bonne partie de son troupeau de quelque 400 âmes, et j’en ai confirmé plus de 50 dans la Corée du Sud, aux Philippines et à Singapour. L’abbé Chazal est un « numéro ». Il est perspicace et amusant. Si jamais vous le rencontrez, demandez-lui de vous régaler avec son imitation d’un politicien des Indes (il affirme que les Indiens ont bon dos et ne lui en veulent pas).

En Corée du Sud la réorientation de la Néo-fraternité a causé une division dure qui n’a fait que provoquer la donatrice de la première chapelle à en donner une seconde. J’ai eu le plaisir de célébrer le mariage de sa fille. Aux Philippines, au moment même où j’arrivais, un prêtre d’un certain âge qui avait fui il y a des années la Néo-église pour travailler avec la Fraternité, fuyait la Néo-fraternité pour travailler avec la Résistance. Il paraît que l’abbé Chazal va lui confier et les débuts d’un séminaire qu’il veut fonder, et l’apostolat de toutes les Philippines centrales. Le travail ne lui manquera pas. A Singapour, vitrine en Orient du matérialisme de l’Occident, une bonne famille chinoise avec leurs amis a néanmoins bien compris le drame de la transformation de la Fraternité en Néo-fraternité. La vérité va faire sauter cette Néo-fraternité, tout comme elle est en train de faire sauter la Néo-église du Novus Ordo.

Voici beaucoup d’âmes à soutenir sur le chemin du Ciel. Y a-t-il des candidats qui s’offrent pour être sacrés comme évêques ?

Kyrie eleison.

Nouvelles Encourageantes

Nouvelles Encourageantes on mai 11, 2013

Il s’agit des nouvelles recueillies lors d’une visite d’une semaine en Allemagne, France et Suisse. Certains chefs feraient bien de se souvenir des paroles célèbres d’Abraham Lincoln : « Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps, tout le monde un certain temps, mais pas tout le monde tout le temps. » En effet, de moins en moins de gens se laissent tromper actuellement par ce qui est en train de se produire à l’intérieur de la Fraternité Saint Pie X.

Le voyage débuta en Allemagne où certaines personnes craignaient que je ne rencontre des difficultés, mais au cours des quatre jours je ne fus nullement inquiété. Un bon jeune fidèle est venu me chercher à l’énorme gare de Francfort et me conduisit à Brilon Wald pour rencontrer la demi-douzaine de sœurs qui sont devenues célèbres dans le monde entier de la Tradition catholique pour s’être séparées, pour toutes les bonnes raisons, de la FSPX dans son état actuel. Elles savent à quoi s’en tenir, et elles sont résolues et joyeuses. Ainsi que la Mère Supérieure me l’a dit, leur plus grande peine est que lors de ces 20 dernières années aucune novice n’ait persévéré chez elles. On n’expulse pas les sœurs carmélites de leur couvent actuel, comme certains nous l’avaient fait craindre, mais elles espèrent déménager vers le sud pour trouver un plus grand appui local. Dieu veuille les aider. A nous tous, leurs prières nous sont précieuses.

Je fus alors conduit de nouveau vers le sud de Francfort pour m’adresser à quelque deux douzaines d’adultes, surtout des hommes, dans une propriété à la campagne. Ils écoutèrent attentivement dans l’après-midi une analyse en profondeur des dessous de la crise du Nouvel Ordre Mondial et de la Néo-Eglise, et le lendemain matin une présentation des problèmes évidents dans la Néo-Fraternité. On a posé plusieurs bonnes questions et il y a eu une bonne quantité de chants sortis du fond du cœur des compatriotes de Beethoven. Les oiseaux du printemps dans les arbres allemands ont eu de la concurrence !

Plus au sud, à Munich, j’ai rencontré un ami et les deux avocats qui se battront pour moi à mon cinquième procès pour négation d’« Holocauste ». Dans ce procès qui doit avoir lieu à Ratisbonne en septembre ils savent bien que la politique nationale rend virtuellement impossible un verdict juste à niveau régional, mais ils feront de leur mieux. C’est précisément parce que dans des millions d’esprits les Six Millions prennent la place du Rédempteur que je n’ai eu aucun scrupule à utiliser, pour la rémunération des avocats, les ressources de l’Initiative St Marcel dont les fonds se trouvent autant réduits. Merci à tous pour toute et n’importe quelle aide.

Ensuite je me suis rendu dans la Forêt Noire dans le sud-ouest de l’Allemagne, où une autre communauté d’une demi-douzaine de Sœurs est également joyeuse et résolue à ne pas suivre l’actuelle déviation de la FSPX. Fondées en 1988, elles ont récemment terminé de construire et de décorer une belle chapelle avec une bonne vingtaine de stalles de chœur, « en signe d’espérance » m’a dit leur aumônier. Jeunes filles, si vous pensez avoir la vocation, voici deux couvents fermement anti-modernistes en Allemagne où vous pouvez faire un essai.

Finalement, une soirée en Suisse, proche d’Écône mais où cela a pu se savoir seulement après-coup, et où j’ai pu rencontrer un groupe de bons fidèles. Et une nuit à Paris où j’ai appris avec plaisir que de nombreux prêtres de la FSPX en France ont perdu confiance dans l’actuelle direction de la FSPX. Soyons patients. Le Dieu Tout-Puissant ne se laisse tromper par aucun d’entre nous.

Mon prochain rendez-vous est à Londres le 19 mai, où je dois m’adresser aux Amis Britanniques de Palestine sur Hamlet. Pourquoi ? Dans cette pièce Shakespeare pleure avec douleur la perte de l’âme de l’Angleterre. L’Angleterre fût-elle encore catholique, alors pas seulement la Palestine mais le monde entier s’en trouverait mieux.

Kyrie eleison.

La Résistance Monte

La Résistance Monte on avril 20, 2013

Autre voyage de trois semaines du côté ouest de l’Atlantique m’a permis de constater que la résistance à l’effondrement de cette Fraternité St Pie X qui veut se jeter dans les bras des apostats romains, est en ascension, plutôt en qualité qu’en quantité, mais tous savent que c’est la quantité catholique qui suit la qualité catholique, et pas l’inverse. On a délibérément caché aux catholiques de la Tradition ce qui se trame entre la Fraternité et Rome, mais au fur et à mesure qu’il ressort à quel point on met en péril la vraie religion catholique, toujours plus nombreux sont les braves gens qui réagissent, sérieusement et résolument.

J’ai visité tout d’abord la communauté du R.P. Jahir au nord du Brésil derrière la ville de Salvador, où le Père Jahir a été prêtre de paroisse pendant de longues années. S’étant enfui de la Néo-église, il voit très clairement la chute de la Fraternité. Il a fondé dans la vraie Foi sa communauté d’une douzaine d’hommes, et il est facile d’imaginer que plusieurs d’entre eux feront dans quelques années de vaillants prêtres pour la garder et maintenir. A l’un d’entre eux j’ai donné la Tonsure et les deux premiers Ordres Mineurs, et puis je suis parti vers le sud pour visiter un deuxième prêtre brésilien qui se rend célèbre par sa fidélité inébranlable à la Tradition telle que Mgr Lefebvre l’entendait.

Dom Thomas d’Aquin, bénédictin de la Tradition, est Prieur du monastère proche de Nova Friburgo dans les montagnes derrière Rio de Janeiro. Ce monastère fut fondé dans les années 1980 par Dom Gérard, fondateur aussi du monastère bénédictin traditionnel du Barroux en France dans les années 1970. C’est Mgr Lefebvre qui l’a encouragé et soutenu pour ces deux fondations, mais au moment du sacre des évêques en 1988, Dom Gérard a rompu les relations avec Mgr. Lefebvre, a entraîné son monastère dans la Néo-église, et a traversé l’Océan pour faire de même avec le monastère au Brésil.

Mais voici qu’il rencontre la résistance de Dom Thomas, encore jeune moine, mais qui avant de se faire moine a appris en profondeur d’un célèbre penseur catholique brésilien, Gustavo Corçâo, tout le mal de la Néo-église. Aidé par plusieurs bons laïcs et soutenu par Mgr Lefebvre, Dom Thomas a tenu tête à Dom Gérard, moyennant quoi il a sauvé le monastère pour la Tradition. Fort d’un affrontement pareil, il est peu surprenant que Dom Thomas lui aussi voie bien clair ce qui se passe dans la Néo-fraternité, comme dans la Néo-église. Dans une tente érigée en-dehors de la petite église du monastère pour l’afflux des fidèles venant assister aux cérémonies de la Semaine Sainte, nous avons été peu de prêtres, mais munis de tout l’essentiel par ailleurs, pour célébrer le Jeudi Saint la cérémonie solennelle de la Consécration des Saintes Huiles. Celles-ci pourront être fournies cette année par le monastère aux prêtres en particulier qui risquent de n’en plus recevoir de la Néo-fraternité.

Ensuite j’ai pris l’avion pour les États-Unis afin de visiter encore trois centres de la Résistance en train d’être constitués par les braves abbés Joseph Pfeiffer et David Hewko. Près du Connecticut, dans le New Jersey et le Minnesota j’ai pu donner la Confirmation et des conférences à des catholiques qui ne font guère plus confiance à la Néo-fraternité. Ils ont posé de bonnes questions qui méritaient des réponses honnêtes.

Enfin pour les bienfaiteurs de l’Europe une bonne nouvelle : L’Initiative St Marcel a établi en France un RIB et un IBAN pour faciliter les dons en euros. Depuis l’intérieur de la France, utiliser le RIB suivant : ***** ***** *********** **. Et pour tout don en euros, mais qui vient de l’extérieur de la France, utiliser cet IBAN : **** **** **** **** **** **** ***. Grâce à ses bienfaiteurs l’Initiative St Marcel a pu tout récemment offrir un don intéressant au monastère de Dom Thomas, d’autant plus apprécié qu’on en a eu besoin. Dom Thomas remercie tous ceux qui y ont contribué.

Kyrie eleison.

Déclaration Doctrinale – I

Déclaration Doctrinale – I on avril 13, 2013

La Déclaration Doctrinale du 15 avril de l’année dernière, rédigée par le Supérieur Général (SG) de la Fraternité Saint Pie X comme projet pour la réintégration de la Fraternité dans l’Église officielle, a fait son apparition publique presqu’un an plus tard. Elle a eu pour but de plaire en même temps à la Rome Conciliaire et aux « Traditionnalistes ». (« On peut la lire avec des lunettes noires ou roses » a dit le SG en public). De fait, elle a plu aux Romains qui déclarèrent qu’une telle Déclaration Doctrinale représentait une « avancée » en leur direction. Elle n’a pas plu aux Traditionnalistes qui ont vu en elle (ou en ce qu’ils en ont connu) une ambigüité équivalente à une trahison de la bataille pour la Foi Catholique menée par Mgr. Lefebvre, à tel point qu’ils ont estimé que son acceptation par les Romains aurait suffi pour détruire sa Fraternité.

En fait, lorsque le SG se rendit chez les Romains le 11 juin pour recevoir leur décision, il s’attendait vraiment à ce que les Romains l’aient acceptée. Nombreux sont les observateurs qui ont pensé que la raison principale pour laquelle les Romains n’ont point accepté la Déclaration Doctrinale est parce qu’entre-temps la lettre du 7 avril des Trois Evêques au SG a été publiée. Cette lettre avertissait les Romains que le SG ne pourrait se faire suivre par toute la Fraternité, contrairement à ce qu’il a pu leur faire croire, mais comme ils ont voulu qu’il le fît. Ils ne voulaient ni ne veulent une nouvelle scission qui permette à la Tradition de prendre un nouvel essor.

Quoiqu’il en soit, un article court comme celui-ci permet de présenter une seule raison importante pour affirmer que si les Romains avaient accepté la proposition de la Déclaration Doctrinale, c’en était fini de la FSPX. Mgr. Lefebvre déclara, et prouva, que Vatican II était une cassure ou rupture par rapport à l’enseignement précédent de l’Église. Sur cette prémisse s’est fondé et repose toujours le mouvement catholique Traditionnel. C’est pourquoi, confronté aux progrès de la résistance de ce mouvement qui s’opposait à son cher Vatican II, Benoît XVI proclama dès le début de son pontificat en 2005 l’ « herméneutique de la continuité ». Grâce à celle-ci le Concile qui (objectivement) contredit la Tradition, doit être (subjectivement) interprété de telle sorte qu’il ne la contredise plus. Ainsi doit disparaître toute opposition ou rupture entre le Concile et la Tradition catholique.

Voyez maintenant le septième paragraphe (III, 5) de la Déclaration Doctrinale. Il déclare que les affirmations de Vatican II qui seraient difficiles à concilier avec tout l’enseignement précédent de l’Église, (1) « doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière et ininterrompue, de manière cohérente avec les vérités précédemment enseignées par le Magistère de l’Église, (2) sans accepter aucune interprétation de ces affirmations qui peuvent porter à exposer la Doctrine catholique en opposition ou en rupture avec la Tradition et avec ce magistère ».

La première partie ici (1) est parfaitement vraie tant qu’elle signifie que toute nouveauté Conciliaire « difficile à concilier » sera immédiatement rejetée si elle contredit objectivement l’enseignement antérieur de l’Église. Mais entendue ainsi, (1) est directement contredite par (2) lorsque (2) dit qu’aucune nouveauté Conciliaire ne saurait être « interprétée » comme étant en rupture avec la Tradition. C’est comme si quelqu’un disait que toutes les équipes de football doivent porter des maillots bleus, mais que les maillots de toute autre couleur doivent être interprétés comme étant rien d’autre que bleus ! Quelle bêtise ! Mais voilà exactement l’ « herméneutique de la continuité ».

Donc, les soldats qui gardent la dernière forteresse de la Foi qui soit organisée à échelle mondiale, se rendent-ils compte de ce que leur Commandant est en train de penser ? Se rendent-ils compte que sa solennelle déclaration de la doctrine de la FSPX fait paraître qu’il pense de la même façon qu’un chef de leurs ennemis ? Sont-ils heureux qu’on les conduise à penser comme les ennemis de la Foi ? En effet, toutes les idées doivent être catholiques, mais de telle sorte que les idées non-catholiques seront « interprétées » dorénavant comme étant catholiques. Réveillez-vous,camarades ! Dans le Quartier Général on pense comme l’ennemi.

Kyrie eleison.

GREC – III

GREC – III on avril 6, 2013

Désirant prendre lui-même la place de Dieu, l’homme moderne s’efforce de remplacer l’ordre du monde de Dieu par son propre ordre. Mais l’ordre de Dieu est réel, extérieur et indépendant de l’esprit de l’homme. C’est pourquoi l’homme moderne décroche son esprit de cette réalité, tout en extrayant d’elle, pour construire son propre rêve, ces éléments-là qui sont indispensables à sa construction. Or l’ordre le plus élevé dans la Création de Dieu trouve sa meilleure expression dans la doctrine de l’Église. C’est pourquoi tout homme d’Église et tout fidèle soumis aujourd’hui à l’influence de tout ce qui est « normal » dans le monde qui les entoure, souffrent d’un profond refus ou ignorance de la nature et nécessité de la doctrine.

C’est là que réside le problème essentiel du GREC, tel qu’il a été présenté dans deux numéros antérieurs des « Commentaires Eleison » (294 et 295). Le Groupe de Réflexion Entre Catholiques fut fondé en 1997 dans les salons de Paris pour promouvoir d’amicales réunions et échanges entre les catholiques de Tradition et les catholiques du courant majoritaire de l’Église, dans le but de créer un climat de confiance mutuelle et de respect qui faciliterait une réconciliation entre eux, et qui mettrait ainsi fin à leur inutile opposition. Un tel but ignore gravement l’importance de la doctrine, sans qu’il soit nécessaire d’y voir une malice préméditée, dont seul Dieu est juge, mais quoi que les hommes puissent en penser, pas plus que la réalité la doctrine ne se laisse mettre de côté.

Dans le livre du Père Lelong sur le GREC, Pour la Nécessaire Réconciliation, le Père nous raconte comment deux prêtres de la Fraternité Saint Pie X et son Supérieur Général « contribuèrent d’une façon décisive à la création et à la vie du GREC ». Même avant sa création, l’abbé du Chalard avait accordé au Père Lelong une amicale réception dans son prieuré de la FSPX, et « dans les années qui suivirent il ne cessa d’apporter au GREC un soutien aussi discret qu’attentif ». Lors de la création du GREC, l’abbé Lorans, alors Recteur de l’Institut Saint Pie X de Paris et qui depuis lors a exercé une influence décisive sur les publications de la FSPX depuis Paris, salua l’idée d’un « dialogue entre catholiques », et très vite obtint du Supérieur Général de la FSPX en Suisse l’aval de sa participation au GREC. A partir de ce moment-là, l’abbé Lorans a joué un rôle de chef dans toutes les activités du GREC.

Ces activités débutèrent à petite échelle et en privé. En mai 2000 eut lieu la première réunion publique, à laquelle l’abbé Lorans participa, avec une assistance de 150 personnes. Les réunions se firent de plus en plus fréquentes, avec la participation de prêtres de la FSPX. Les autorités de l’Église furent au plus haut niveau régulièrement consultées, et on les tenait au courant. L’abbé Lorans de son côté permit « d’établir et d’approfondir des relations qui furent toujours très confiantes » avec le Supérieur Général. A partir de 2004, les réunions du GREC furent ouvertes plus largement encore au public, et en septembre de cette année un « groupe de travail théologique » fut organisé avec la participation de l’abbé Lorans ainsi que celle d’un autre prêtre de la FSPX et d’un théologien de Rome, ces deux derniers devant participer plus tard ensemble aux Discussions Doctrinales entre Rome et la FSPX de 2009 à 2011. Le GREC a bien pu voir dans ces Discussions la réalisation de ses espoirs les plus chers – enfin les théologiens se rencontraient dans un climat que le GREC avait tant contribué à créer, « pour la nécessaire réconciliation ».

Grâce à Dieu, les Discussions rendirent à la doctrine sa juste primauté. Elles démontrèrent qu’entre la doctrine catholique et celle du Concile existe un abîme infranchissable. Mais est-ce que l’école de pensée du GREC allait pour autant être bloquée à l’intérieur de la FSPX ? Loin de là ! En un clin d’œil le Quartier Général de la FSPX retourna le « Pas d’accord pratique sans accord doctrinal préalable » en un « Pas d’accord doctrinal, donc il faut poursuivre un accord pratique » ! Hélas, la levée de boucliers du printemps de l’année dernière à l’intérieur de la FSPX fut étouffée et désorientée à nouveau lors du Chapitre Général du mois de juillet, et le QG de la FSPX a continué dans sa poursuite à peine déguisée d’un accord pratique.

« Notre secours est dans le nom du Seigneur », en particulier dans la Consécration de la Russie. Nulle part ailleurs.

Kyrie eleison.