Les Commentaires Eleison

Rebelle, Diviseur

Rebelle, Diviseur on septembre 15, 2012

Le chapitre VII de l’Évangile de Saint Jean contient une leçon spéciale pour aujourd’hui, à savoir : Qui sont les vrais rebelles contre l’autorité, et qui ne sont des rebelles qu’ en apparence ? Qui paraît diviser le peuple de Dieu, et qui est en réalité celui que le divise ? Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent. Il est toujours nécessaire de « Juger non selon les apparences, mais juger selon un juste jugement » (Jn.VII,24).

Le septième chapitre de St Jean s’approche de la fin de la vie de Notre Seigneur sur la terre. Les juifs cherchent à tuer Jésus (verset 1), mais Notre Seigneur monte néanmoins à Jérusalem et enseigne dans le Temple (14). La foule est déjà divisée (12) en sorte qu’il résulte de l’enseignement de Jésus que certains (40) reconnaissent en Lui le Prophète (cf.Deut.XVIII,15–19), tandis que d’autres (41–42) refusent de le reconnaître, parce qu’Il est originaire de Galilée. D’où la division et la dissension. Certes, la division, comme telle, est digne de blâme, et alors qui doit être blâmé ? Certainement pas Notre Seigneur qui ne fait que prêcher la doctrine de son Père au Ciel (16–17). Le blâme ne doit pas non plus atteindre cette partie de la foule qui a accepté l’enseignement divin. Il est clair que le blâme pour la division appartient aux autorités du Temple et à cette partie de la foule qui refusait la Vérité.

Pareillement, dans les années 1970 et 1980, Mgr. Lefebvre a divisé les catholiques en enseignant et en pratiquant la vérité de la Tradition catholique, mais quel catholique qui se fait fort aujourd’hui d’être Traditionnel pense même à le blâmer pour cette division ? Il est clair que le blâme pour la division de l’Eglise n’appartenait ni à l’Archevêque ni à ceux qui l’ont suivi, mais en premier lieu à ces autorités de l’Eglise qui adultéraient la vraie religion, tout comme le faisaient les autorités du Temple au temps de Notre Seigneur. L’Archevêque ne cessait de leur demander de « juger selon un juste jugement », en confrontant le problème central créé par leur adultère Conciliaire avec le monde moderne. Jusqu’à aujourd’hui, les autorités de l’Église se sont refusées à une telle confrontation. Leur unique réponse n’a cessé d’être : « Obéissance ! », « Unité ! ». Leur manque d’arguments en réponse aux questions fondamentales de vérité, ne suggère-t-il pas qu’eux seuls sont les vrais rebelles et responsables de la division dans l’Église ?

Toutefois, la dissension en tant que telle n’est pas une bonne chose, et tous les deux, Notre Seigneur et Mgr. Lefebvre, auront bien prévu que leur enseignement serait suivi de dissension. Pourquoi donc insistèrent-ils ? Parce que les âmes peuvent être sauvées avec la dissension (cf. Lc.XII, 51–53 ), mais elles ne peuvent être sauvées sans la Vérité. Si les autorités religieuses font dévier le peuple – et le Diable travaille contre elles avec un acharnement particulier à cause de leur pouvoir d’amener beaucoup d’autres âmes sur le mauvais chemin – c’est à ce moment-là que la Vérité doit être proclamée pour ramener le peuple sur le chemin du Ciel, même si la dissension doit en être le résultat. En ce cas-là, la Vérité se situe au-dessus de l’autorité ou de l’unité.

Et où trouve-t-on cette vérité en 2012 ? Vatican II fut un désastre pour l’Église – vrai ou faux ? Les autorités de l’Église qui ont réalisé Assise III et la « béatification » de Jean Paul II sont obstinément attachées à Vatican II – vrai ou faux ? Et alors si la Fraternité Saint Pie X se place elle-même sous ces mêmes autorités, elles profiteront de tout leur prestige et du pouvoir que la Fraternité leur aura donné sur elle, pour dissoudre sa résistance à Vatican II – vrai ou faux ? De sorte que la FSPX risque gravement de perdre progressivement l’esprit de résistance qu’elle présente encore à ce prestige et à ce pouvoir – vrai ou faux ? Comme disent les Romains, « Rome peut attendre » !

Alors, dans la FSPX aujourd’hui, si l’on juge, comme le dit Notre Seigneur, « non selon les apparences mais selon un juste jugement », qui est réellement celui qui « divise » ? Qui sont les vrais « rebelles contre l’autorité » ? Ceux qui critiquent le risque d’un tel mélange de la Vérité catholique avec l’erreur Conciliaire, ou bien ceux qui le favorisent ?

Kyrie eleison.

L’Ambiguïté d’Avril

L’Ambiguïté d’Avril on septembre 8, 2012

Le 17 avril fut soumis à Rome, de la part de la Fraternité Saint Pie X, un document confidentiel, de nature doctrinale, au sujet duquel il fut affirmé qu’il contenait des principes catholiques auxquels toutes les autorités de la Fraternité SPX pourraient souscrire. Vers la mi-juin, Rome rejeta ce document comme base d’un accord Rome-FSPX. Grâce en soit rendue à Dieu ! En effet, il contenait une ambiguïté extrêmement dangereuse : en bref, est-ce que par une expression comme « Le Magistère de toujours » il faut entendre « jusqu’à 1962 », ou « jusqu’à 2012 » ? Là se trouve toute la différence entre la religion de Dieu, et la religion de Dieu telle qu’elle a été altérée par l’homme moderne, autrement dit la religion de l’homme. Voici les principes ambigus, tels qu’ils ont été résumés le 18 avril pour ces autorités de la Fraternité :—

« 1/ . . . La Tradition doit être le critère et le guide de compréhension des enseignements du Concile Vatican II. 2/ Dès lors les affirmations de Vatican II et du magistère pontifical postérieur relatives à l’œcuménisme et au dialogue interreligieux ou à la liberté religieuse ne sauraient être comprises qu’à la lumière de la Tradition entière et ininterrompue, 3/de manière cohérente avec les vérités précédemment enseignées par le Magistère de l’Église,4/ sans accepter aucune interprétation en opposition ou en rupture avec la Tradition et avec ce Magistère . . . »

L’ambiguïté « 1962 ou 2012 » se cache ici derrière les mots « Tradition » et « Magistère ». Ces deux mots sont-ils utilisés pour exclure les doctrines du Concile (1962–1965) et ses séquelles, ou pour les inclure ? Tout fidèle de la Tradition comprendra ce passage comme les excluant, car il sait bien qu’il existe une différence abyssale entre l’Église catholique et l’Église Conciliaire. Au contraire tout adepte de Vatican II lira le même passage de manière à prétendre qu’il existe une continuité sans faille entre l’Église d’avant et l’Église d’après le Concile. Voyons donc de plus près comment le Traditionaliste et le Conciliariste peuvent lire le même passage l’un et l’autre selon sa propre conception.

En premier lieu, la lecture Traditionnelle :—« 1/ La Tradition préconciliaire doit être la mesure et le juge des enseignements du Concile (et non pas l’inverse). 2/ Aussi l’enseignement conciliaire et postconciliaire tout entier doit-il être filtré à l’aune de l’ensemble de l’enseignement Traditionnel antérieur au Concile, 3/ de telle sorte qu’il ne contredise sur aucun point ce que le Magistère antérieur au Concile a enseigné, 4/ en n’acceptant aucune interprétation ni texte en rupture avec la Tradition ou ce Magistère préconciliaires ».

En second lieu, la lecture Conciliaire (qui est certainement celle des Romains qui occupent les postes d’autorité de l’Eglise d’aujourd’hui) :—« 1/ La Tradition d’avant et d’après le Concile (car c’est une et la même) doit être le juge du Concile. 2/ Aussi l’enseignement du Concile sur les sujets controversés doit-il être filtré à l’aune de l’unique et entière Tradition pré- et postconciliaire ( car celle-ci seule constitue la Tradition « entière et ininterrompue » ), 3/ de telle sorte qu’il ne s’opposerait nullement au Magistère de l’Eglise pré- ou postconciliaire (puisqu’ils ne peuvent qu’enseigner la même chose), 4/ en n’acceptant aucune interprétation en rupture avec la Tradition ou ce Magistère pré- ou postconciliaire (puisqu’il ne saurait y avoir aucune rupture entre tous les quatre) » .

Cette lecture Conciliaire signifie que le Concile sera jugé par le Concile, ce qui signifie bien sûr qu’il sera acquitté. Au contraire, par la lecture Traditionnelle, le Concile est absolument condamné. L’ambiguïté est mortelle pour la Foi. Quelqu’un ici entend se jouer de nos esprits catholiques. Qui qu’ils puissent être, qu’ils soient anathème !

Kyrie eleison.

Six Conditions

Six Conditions on septembre 1, 2012

Dans une lettre officielle du 18 Juillet aux Supérieurs de District de la Fraternité Saint Pie X, son Secrétaire Général révèle les six « Conditions » pour un quelconque accord futur entre la FSPX et Rome. Elles sont le fruit de discussions parfois intenses entre les 39 capitulants du Chapitre Général de la FSPX du mois de juillet. Assurément elles témoignent d’une faiblesse alarmante de la part des chefs de la Fraternité pris dans leur ensemble.

La première « condition sine qua non » est la liberté accordée à la Fraternité d’enseigner la vérité immuable de la Tradition catholique, et de critiquer les responsables des erreurs du modernisme, du libéralisme et du Vatican II. Très bien. Mais, observez à quel point la vision du Chapitre a changé par rapport à celle de Monseigneur Lefebvre. Ce n’est plus : «  Rome doit se convertir parce que la Vérité est absolue ». Désormais c’est seulement : « La Fraternité SPX demande la liberté pour elle-même de dire la Vérité ». Au lieu d’attaquer la trahison du Concile, désormais la Fraternité demande aux traîtres la permission de dire la Vérité ! Quelle déchéance, en principe !

La deuxième condition exige l’usage exclusif de la liturgie de 1962. Encore une fois, très bien, puisque la liturgie de 1962 ne trahit pas la Foi, comme le fait la liturgie Conciliaire imposée par Rome depuis 1969. Mais ne voyons-nous pas, maintenant même, comment Rome se prépare à imposer aux Congrégations « Traditionnelles » qui se sont soumises à son autorité, un Missel de l’« enrichissement mutuel », qui mélange la Messe Traditionnelle et la Nouvelle Messe ? Une fois soumise à Rome, pourquoi donc la Fraternité SPX devrait-elle être mieux « protégée » que ces autres Congrégations ?

La troisième condition exige la garantie d’au moins un évêque. La question-clef est ici : Qui le choisira ? Lecteurs, dans le texte d’un quelconque futur « accord » avec Rome, allez directement au paragraphe qui traite de la nomination des évêques. En 1988 Rome proposait que l’Archevêque présentât un choix de trois candidats pour qu’ils en choisissent un. Rome rejeta alors les trois. Mais quand donc les catholiques vont-ils comprendre ? Ils doivent se battre et se battre encore dans cette guerre titanique entre la Religion de Dieu et la religion de l’homme.

La quatrième condition souhaite que la Fraternité dispose de ses propres tribunaux de première instance. Mais si un tribunal supérieur, quel qu’il soit, est celui de l’Eglise officielle, et qu’il peut rejeter les décisions des tribunaux inférieurs, quelle décision catholique d’un tribunal de la Fraternité pourra-t-elle avoir encore la moindre force ?

La cinquième condition souhaite l’exemption des maisons de la Fraternité du contrôle des évêques diocésains. Incroyable ! Voilà presque 40 ans que la Fraternité n’a cessé de lutter pour sauver la Foi en en protégeant la pratique véritable contre l’interférence des évêques conciliaires locaux, et maintenant voici que le Chapitre Général se contente de ne faire que désirer l’indépendance vis-à-vis de ces mêmes évêques ? La Fraternité n’est plus ce qu’elle était, chers lecteurs. Elle se trouve, dirait-on, entre les mains de personnes bien différentes de Mgr. Lefebvre !

La sixième et dernière condition souhaite qu’une commission soit établie à Rome pour protéger la Tradition, avec une forte représentation de la Tradition, mais « dépendant du Pape ». Dépendant du Pape ? Mais, les Papes Conciliaires n’ont-ils pas été des champions du Conciliarisme ? Ou bien, serait-ce que le Concile a cessé d’être un problème ?

En conclusion, ces six conditions sont bien graves. A moins que le quartier général de la Fraternité ne sorte de son rêve de paix avec la Rome Conciliaire tel qu’il ressort de ces conditions, il semble bien que le dernier bastion mondial de la Tradition catholique risque de se rendre aux ennemis de la Foi. L’époque des bastions serait-elle révolue ? Mes amis, préparez-vous à lutter pour la Foi depuis l’intérieur même de vos foyers. De vos foyers faites des bastions !

Kyrie eleison.

Qui Est Infecté ?

Qui Est Infecté ? on août 25, 2012

L’un de mes proverbes préférés vient de Chine : « L’homme sage s’accuse lui-même, le sot accuse les autres ». Non pas que les autres ne soient jamais en faute, bien sûr, mais en général, je ne peux faire que peu ou rien pour modifier leur conduite, tandis que je suis, du moins en théorie, maître de la mienne. Comme le dit « L’Imitation de Jésus-Christ » : nous pensons rarement avec profit aux péchés d’autrui, mais toujours avec profit à nos propres péchés.

Cette antique sagesse me vient à l’esprit à l’occasion de la lettre d’une lectrice du « Commentaire Eleison » (#263) dans laquelle elle se lamente de « l’infection Conciliaire » qu’elle pense observer dans les Messes de la Fraternité SPX aux Etats-Unis, telles qu’elles sont célébrées par les prêtres et suivies par les fidèles. Si le résumé suit ici de ses observations plutôt sombres, ce n’est pas pour en assommer les prêtres ni les fidèles, mais pour suggérer à chacun d’entre nous l’examen de notre propre conduite.

D’une façon générale, elle dit que cette « infection Conciliaire » s’est peu à peu répandue dans les chapelles de la Fraternité SPX depuis quelque temps. Elle va jusqu’à dire que la situation est en train de se détériorer, qu’elle est pratiquement désespérée et que le mal est déjà fait. C’est comme si le Latin a pris plus d’importance que la Foi, comme si, dès que la Messe de St Pie V est dite en Latin, tout est parfait. Pour ne pas avoir compris – ou ne pas se rappeler – ce qu’est réellement la Messe, les fidèles se contentent de faire acte de présence. Nombreux sont ceux qui assistent à la Messe d’une façon distraite, ce qui les amène à recevoir la Sainte Communion d’une manière irrespectueuse, tout comme dans la Nouvelle Église.

Elle reproche aux prêtres de ne pas avoir suffisamment expliqué aux fidèles ce que sont la Foi et la Messe. Quant aux sermons, elle se demande parfois si les prêtres comprennent ce qu’ils prêchent. Elle a l’impression des fois que les idées personnelles du prêtre et le contexte du sermon en général ont un relent Conciliaire. Les règles liturgiques ne sont pas respectées, l’observation des rubriques est irrégulière, le Canon de la Messe est apte à être lu de façon trop rapide. Bref, elle ne serait pas surprise de voir un certain nombre de prêtres et de fidèles de la Fraternité SPX disposés à rejoindre la Nouvelle Église si tant est qu’ils ne lui appartiennent pas virtuellement déjà.

Certes, personne de sérieux n’affirmerait que cette description plutôt sombre se rapporte à l’ensemble des Messes de la Fraternité SPX, mais la corruption de notre époque est tellement forte qu’une détérioration comme celle qu’elle évoque est par trop normale. Cette corruption pèse sur les prêtres comme sur les fidèles, en sorte que tous nous devons observer avec attention si elle ne nous gagne pas petit à petit. Ainsi que Sœur Lucie de Fatima l’a dit dans les années cinquante, les fidèles ne peuvent plus compter sur le clergé pour faire tout le travail de les hisser au Ciel. Cela n’a jamais été possible en réalité, mais une « obéissance » paresseuse reste encore aujourd’hui une tentation commune. Donc si les fidèles veulent être menés par de bons prêtres, et s’ils ne veulent pas que la Fraternité devienne Conciliaire, ils doivent contrôler leur propre maison pour la mettre en ordre – par exemple, de quelle façon moi-même et ma famille participons-nous à la Messe ?

Quant à nous autres prêtres, n’oublions pas le redoutable avertissement du prophète Ezéchiel (III,17–21) adressé aux pasteurs : Si les pasteurs disent au peuple qu’il pèche et que le peuple continue de pécher, Dieu châtiera le peuple mais Il ne rejettera pas la responsabilité sur les pasteurs. Au contraire, si le peuple pèche et que les pasteurs ne lui reprochent pas ses péchés, alors ce sont les pasteurs que Dieu rendra responsables des péchés du peuple. « Parce que voici le temps venu où doit commencer le jugement par la maison de Dieu » (I Pierre, IV,17).

C’est pourquoi il dépend de chacun de nous de faire ce qui est en notre pouvoir pour empêcher que la Fraternité SPX soit victime de « l’infection Conciliaire ». Chose aujourd’hui plus facile à dire qu’à faire, mais comme le dit Saint Paul (I Cor.IV,3–5), examinons nos propres péchés. C’est Dieu qui juge.

Kyrie eleison.

La Doctrine, Encore

La Doctrine, Encore on août 18, 2012

Le mépris de la « doctrine » est aujourd’hui un immense problème. Les « meilleurs » parmi les catholiques de notre XXI ème siècle reconnaissent du bout des lèvres l’importance de la « doctrine », mais en tant que modernes, ils sentent instinctivement en leur for intérieur que même la doctrine catholique est une espèce de prison pour leur esprit, et que les esprits ne doivent pas être emprisonnés. A Washington DC., autour du dôme intérieur du Mémorial de Jefferson, ce temple quasi-religieux dédié au champion américain de la liberté, se trouve inscrite sa phrase quasi-religieuse : Sur l’autel de Dieu j’ai juré une inimitié éternelle contre toute forme de tyrannie sur l’esprit de l’homme. Il avait sûrement présent à l’esprit la doctrine catholique, parmi d’autres. La quasi-religion de l’homme moderne exclut toute doctrine fixe.

Néanmoins, une phrase du « Commentaire Eleison » d’il y a deux semaines (EC 263, du 28 juillet) propose une autre façon de concevoir la nature et l’importance de la « doctrine ». On y lisait ceci : Tant que Rome croit en sa doctrine conciliaire, elle va nécessairement profiter de tout accord pratique (qui passe outre à la « doctrine ») pour attirer la Fraternité SPX vers le Concile (Vatican II). Autrement dit, ce qui pousse Rome à mésestimer la « doctrine » et à chercher à « conciliariser » à tout prix la Fraternité SPX, c’est sa propre croyance en sa propre doctrine conciliaire. Dès lors tout comme la doctrine catholique Traditionnelle est – on l’espère – la force motrice de la FSPX, ainsi la doctrine Conciliaire est la force motrice de Rome. Les deux doctrines entrent en collision parce qu’il s’agit de deux forces motrices opposées.

En d’autres termes, la « doctrine » n’est pas simplement un ensemble d’idées dans la tête d’un homme, ou une prison mentale. Quelles que soient les idées qu’un homme choisisse d’avoir dans sa tête, sa doctrine réelle est cet ensemble d’idées qui conduit sa vie. Certes, un homme peut changer cet ensemble d’idées, mail il ne peut pas ne pas en avoir un. Voici comment Aristote le dit : « Si vous voulez philosopher, alors vous devez philosopher. Si vous ne voulez pas philosopher, vous êtes quand même obligé de philosopher. De toute façon un homme doit philosopher ». De même, les libéraux ont beau mépriser n’importe quel ensemble d’idées comme étant une tyrannie, mais considérer que tout ensemble d’idées est une tyrannie, c’est encore une vaste idée, et c’est cette idée qui dirige la vie de millions de libéraux aujourd’hui, comme de trop de catholiques. Ces derniers devraient s’en rendre compte, mais nous tous, modernes que nous sommes, nous avons le culte de la liberté dans le sang.

Ainsi, la doctrine prise dans sa signification réelle n’est pas seulement un ensemble d’idées qui nous emprisonne l’esprit, mais une conception de Dieu, de l’homme et de la vie qui dirige la vie de chaque homme vivant. Même lorsqu’un homme est en train de se suicider, il est poussé à le faire par l’idée que la vie est trop misérable pour qu’elle vaille la peine de continuer. Une conception de la vie centrée sur l’argent peut mener un homme à devenir riche ; sur le plaisir, à devenir dévergondé ; sur la renommée, à devenir célèbre, et ainsi de suite. Mais quelle que soit l’idée directrice de la vie d’un homme, c’est cette idée qui constitue sa doctrine réelle.

Alors puisque le Concile Vatican II est l’idée directrice des Romains conciliaires, cette idée les pousse à dissoudre cette Fraternité SPX qui rejette Vatican II, et à moins de changer leur idée centrale, ils ne cesseront de poursuivre la dissolution de la Fraternité SPX de Mgr.Lefebvre jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent. Au contraire, l’idée centrale du clergé et des fidèles de la Fraternité est d’arriver au Ciel, suivant l’idée que le Ciel et l’Enfer existent et que Jésus-Christ et sa véritable Église procurent le seul et unique chemin sûr pour arriver au Ciel. Sachant que cette doctrine directrice n’est pas une fantaisie de leur propre invention, ils n’acceptent pas de la voir minée ni subvertie ni corrompue par les misérables néo-modernistes de la Nouvelle Église, poussés que ceux-ci le sont par leur fausse conception conciliaire de Dieu, de l’homme et de la vie. La collision ne peut être que frontale.

Et elle ne peut être évitée, comme les libéraux rêvent qu’elle le puisse. Si l’erreur devait triompher, même les pierres de la rue finiraient par crier la vérité (Lc.XIX,40). Et si la Vérité triomphe, Satan promouvra encore et encore une erreur derrière l’autre, jusqu’à ce que le monde prenne fin. Mais « Celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé », a dit Notre Seigneur (Mt.XXIV,13).

Kyrie eleison.

Libre Arbitre Mis en Valeur

Libre Arbitre Mis en Valeur on août 11, 2012

Au sujet du drame des âmes qui tombent en Enfer (et nombreuses sont celles qui choisissent de le faire –Mt. VII,13 ; XXII,14), un lecteur soulève un problème classique que l’on peutschématiser ainsi : soit Dieu veut que les âmes se damnent, soit Il ne le veut pas. S’Il le veut, Il est réellement cruel. S’Il ne le veut pas, mais que cela arrive tout de même, c’est qu’Il n’est pas tout-puissant. Alors est-Il cruel, ou n’est Il pas tout-puissant ? De deux choses l’une, laquelle ?

Qu’il soit immédiatement entendu que Dieu n’envoie aucune âme en Enfer. C’est chacune des nombreuses âmes damnées qui s’envoie elle-même en Enfer par la série des choix qu’elle a faits librement lors de son séjour sur terre. Dieu lui avait donné la vie, le temps et une volonté libre de choisir, le libre arbitre, et en plus un grand nombre d’aides naturelles et de grâces surnaturelles pour la persuader de choisir d’aller au Ciel, mais si elle le refusait, alors Dieu lui a laissé ce qu’elle-même a voulu, c’est-à-dire une éternité sans Lui. Et cette perte de Dieu, pour une âme faite par Dieu rien que pour posséder Dieu, est de loin la plus cruelle souffrance en Enfer. Ainsi Dieu désirait que l’âme choisît le Ciel (Il désire que tous les hommes soient sauvés – I Tim.II,4), mais Il a voulu permettre le mal de ce choix de l’Enfer par cette âme pour en tirer un plus grand bien.

Remarquons l’usage ici de ces deux mots : « désirer » et « vouloir ». Vouloir quelque chose est plus catégorique que simplement la désirer. Ainsi, un père de famille peut désirer que son fils ne souffre pas de dures expériences dans la vie, mais en vue de toutes les circonstances, il peut vouloir le laisser souffrir, car il sait que c’est la seule façon pour son fils d’apprendre. Pareillement, dans la parabole de l’Enfant Prodigue, le père ne désirait pas laisser son plus jeune fils partir de la maison et dilapider son héritage, mais il voulut le laisser faire parce que de fait c’est ce que le père fit, et de fait un bien en résulta : le retour à la maison du fils maintenant repentant, devenu ainsi un homme jeune plus triste, mais plus sage.

De même Dieu désire d’un côté que toutes les âmes se sauvent,parce que c’est pour cela qu’Il les a créées et c’est pour cela qu’Il est mort sur la Croix, où l’une de ses souffrances les plus grandes fut précisément de savoir combien peu d’âmes choisiraient de profiter de sa Rédemption pour être sauvées. Un tel Dieu ne saurait en aucune façon être considéré, ou appelé, cruel ! D’un autre côté, Dieu ne veut pas que toutes les âmes soient sauvées s’ils ne le veulent pas eux-mêmes, car s’Il le voulait, elles seraient toutes sauvées parce qu’il est vraiment tout-puissant. Mais, étant données toutes les circonstances, cela signifierait en réalité supprimer le libre choix de ceux qui, laissés à eux-mêmes, choisiraient de ne pas être sauvés, et cela signifierait donc piétiner leur libre arbitre, tellement prisé par les hommes eux-mêmes ! Il suffit de se rappeler à quel point ils n’aiment pas recevoir d’ordres, à quel point ils aiment être indépendants, car ils savent que leur libre arbitre est la preuve qu’ils ne sont pas de simples animaux ou des robots. De même Dieu aussi préfère que son Ciel soit peuplé d’hommes et non pas d’animaux ou de robots, et c’est pour cela qu’Il ne veut pas que tous les hommes soient sauvés s’ils ne le veulent pas eux-mêmes.

Et cependant, Dieu ne veut pas que les âmes se damnent parce que, encore une fois, ce serait cruauté de sa part. Il veut permettre seulement qu’elles se condamnent, en vue du plus grand bien, à savoir que ces âmes auront ainsi l’éternité de leur propre choix, tandis que Lui aura un Ciel peuplé d’êtres humains et non d’animaux ou de robots.

Ainsi son désir de sauver toutes les âmes signifie qu’Il n’est en aucune façon cruel, tandis que la damnation de nombreuses âmes n’implique pas de sa part un manque de toute-puissance, mais seulement son choix de mettre en valeur le libre arbitre de ses créatures, et le plaisir infini qu’Il a de récompenser par le Ciel les âmes qui ont choisi librement de l’aimer sur terre.

Mère de Dieu, maintenant et à l’heure de ma mort, aidez-moi à aimer votre Fils et à choisir le Ciel !

Kyrie eleison.