Novus Ordo

Concile, en Avant

Concile, en Avant on septembre 14, 2013

Que la Déclaration signée le 27 juin par trois évêques de la Fraternité St Pie X ne soit pas si fidèle à la Tradition catholique qu’elle le paraît, est la thèse d’un bon article paru dans le numéro d’août du Recusant. Ce nouveau mensuel anglais porte comme sous-titre, « Bulletin officieux de la Fraternité St Pie X, guerroyant pour l’âme de la Tradition ». Les sept denses pages de son article ne sauraient guère se laisser reproduire dans un survol comme celui qui suit, mais les grandes lignes de l’argument méritent d’être connues. Les voici.

De prime abord la Déclaration paraît Traditionnelle, mais comme avec les documents de Vatican II A, on y trouve habituellement une échappatoire, une faille fatale, qui a l’effet de défaire le reste du document. Voyons de plus près, paragraphe par paragraphe :—

# 1 On exprime une « gratitude filiale » envers Mgr. Lefebvre, mais on ne cite de lui dans la Déclaration que des paroles modérées et inoffensives. Il n’y a pas un mot de son sermon à l’occasion des Consécrations, ni des raisons percutantes qu’il avait pour créer des évêques qui résistassent aux « antichrists » installés à Rome. #3 On admet que la « cause » des erreurs qui ravagent l’Église catholique se trouve dans les documents du Concile, mais on n’admet pas pour autant que les erreurs elles-mêmes s’y trouvent. En effet, la cause et son effet ne peuvent être identiques. Pourtant des erreurs gravissimes paraissent dans les textes du Concile, notamment la liberté religieuse. #4 On reconnaît que Vatican II a changé et perverti le mode d’enseignement de l’Église, ou son autorité pour enseigner, mais le problème principal est plutôt d’ordre doctrinal – voir #8. #5 On n’utilise que des termes modérés pour évoquer le «  manque de préoccupation » du Concile pour le « règne du Christ ». En l’occurrence l’Église Conciliaire renie et contredit la doctrine plénière de la Royauté Sociale du Christ Roi, étendard de Mgr. Lefebvre et de tous les catholiques antilibéraux de nos jours. #6 Comme au #3, on admet que le texte Conciliaire sur la liberté religieuse conduit à la dissolution du Christ, mais ce texte est cette dissolution, en mettant l’homme à la place de Dieu. Vatican II est le fruit non seulement de la faiblesse ou inattention des hommes, mais d’une conspiration proprement diabolique. #7 De même l’œcuménisme et le dialogue interreligieux ne font pas que «  taire la vérité sur l’unique vraie Église », ils la renient et la contredisent. Encore, ils ne font pas que «  tuer l’esprit missionnaire », ils tuent les missions elles-mêmes, et avec elles des milliards d’âmes dans le monde entier. #8 Par contre l’autorité on la met en valeur, en attribuant à sa destruction dans l’église par la collégialité et l’esprit démocratique la ruine des institutions ecclésiales. Pourtant le problème essentiel (indiqué faiblement au début du paragraphe) est la perte de la Foi. L’autorité n’est que secondaire. #9 Tout en nous indiquant de vraies fautes et de graves omissions dans le Nouveau Rit de la Messe, on passe sous silence l’hécatombe mondiale des âmes provoquée par sa falsification de leur culte de Dieu. C’est ce nouveau Rit, depuis son introduction en 1969 jusqu’aujourd’hui, qui a été le grand moteur de la destruction de l’église. #10 En conclusion, on recourt à des termes timides et respectueux pour « demander avec insistance » que Rome revienne à la Tradition. Mais bien sûr, « re-branding » oblige. Selon la nouvelle marque de la Néo-fraternité, on ne veut plus de combattants ni de langage combatif. #11 Que Rome revienne ou non à la Tradition, les trois évêques « entendent . . . suivre la Providence ». Qu’est-ce à signifier sinon l’acceptation éventuelle d’un accord pratique qui contourne la doctrine ? #12 Et la Déclaration de conclure pieusement avec encore une parole modérée de Mgr Lefebvre.

C’est ainsi que The Recusant arrive à la conclusion triste, mais par trop vraisemblable, que cette Déclaration prend un pas en arrière seulement en apparence par rapport aux Déclarations du 15 avril et du 14 juillet de l’année dernière, qui ont représenté, elles, deux grands pas en avant dans la réduction de la Fraternité au Concile. Que Dieu ait pitié de la Fraternité !

Kyrie eleison.

Voyage en Asie

Voyage en Asie on juin 15, 2013

Plusieurs lecteurs de ce Commentaire se sont plaints du numéro d’il y a deux semaines sur la paralysie de l’autorité. A partir de son argument que d’ici jusqu’au « Châtiment imminent » il ne sera plus possible de poser une Congrégation catholique sur des fondements catholiques normaux, ils ont conclu que selon moi il n’y a plus autre chose pour un évêque à faire que d’attendre que Dieu intervienne. Mais dans ce cas-là pourquoi est-ce que je viens de passer deux semaines en Asie ? Et pourquoi me trouvé-je maintenant en Irlande ? De même ils ont conclu que jamais je ne sacrerai un autre évêque. Je réponds : si Dieu veut, attendez voir.

De fait il y a beaucoup à faire pour un évêque qui veut visiter et encourager les âmes qui s’efforcent de garder la Foi, alors que de toute évidence le Quartier Général de la FSPX s’acharne toujours à la jeter dans les bras de la Rome conciliaire. Le 17 juin Mgr. Fellay a écrit à Benoît XVI, «  J’ai l’intention de faire tout mon possible pour poursuivre ce chemin (de la réconciliation avec Rome) pour arriver aux clarifications nécessaires. » Et dans la même lettre, «  Malheureusement, dans la situation présente de la Fraternité » la Déclaration Doctrinale de Mgr Fellay du 15 avril, telle que les Romains l’ont modifiée le 13 juin «  ne passera pas. » Donc il aurait été mieux si la Fraternité eût accepté la Déclaration avec ses modifications romaines ?

C’est le Quartier Général qui a rendu public cette évidence écrite de la détermination inchangée de Mgr Fellay de brader la Fraternité de Mgr Lefebvre. Par contre il aurait dit au Supérieur du District de France que ce n’est qu’ «  au nom du Pape » qu’il a écrit ce «  malheureusement », et à la Mère Supérieure du Carmel en Belgique il aurait dit qu’il «  n’a jamais eu l’intention de poursuivre un accord pratique avec Rome. » Hélas, l’habitude de Mgr Fellay d’adapter ce qu’il dit selon son auditoire est tellement connue que de telles paroles ne prouvent nullement qu’il n’entende pas brader la Fraternité de Mgr Lefebvre. Sa capacité ahurissante d’arranger et de déplacer les meubles mentaux dans son esprit mérite à elle seule un « Commentaire », mais en attendant, qui peut s’étonner si ce phénomène auquel on donne le nom de la « Résistance » surgit spontanément dans le monde entier ?

Entre le 24 mai et le 6 juin j’ai visité avec l’abbé François Chazal une bonne partie de son troupeau de quelque 400 âmes, et j’en ai confirmé plus de 50 dans la Corée du Sud, aux Philippines et à Singapour. L’abbé Chazal est un « numéro ». Il est perspicace et amusant. Si jamais vous le rencontrez, demandez-lui de vous régaler avec son imitation d’un politicien des Indes (il affirme que les Indiens ont bon dos et ne lui en veulent pas).

En Corée du Sud la réorientation de la Néo-fraternité a causé une division dure qui n’a fait que provoquer la donatrice de la première chapelle à en donner une seconde. J’ai eu le plaisir de célébrer le mariage de sa fille. Aux Philippines, au moment même où j’arrivais, un prêtre d’un certain âge qui avait fui il y a des années la Néo-église pour travailler avec la Fraternité, fuyait la Néo-fraternité pour travailler avec la Résistance. Il paraît que l’abbé Chazal va lui confier et les débuts d’un séminaire qu’il veut fonder, et l’apostolat de toutes les Philippines centrales. Le travail ne lui manquera pas. A Singapour, vitrine en Orient du matérialisme de l’Occident, une bonne famille chinoise avec leurs amis a néanmoins bien compris le drame de la transformation de la Fraternité en Néo-fraternité. La vérité va faire sauter cette Néo-fraternité, tout comme elle est en train de faire sauter la Néo-église du Novus Ordo.

Voici beaucoup d’âmes à soutenir sur le chemin du Ciel. Y a-t-il des candidats qui s’offrent pour être sacrés comme évêques ?

Kyrie eleison.

Alerte Culturelle

Alerte Culturelle on décembre 29, 2012

Alors que les dirigeants de la Fraternité Saint Pie X semblent chanceler, les catholiques qui aiment la Fraternité pour avoir tant reçu d’elle ces dernières années pourraient être tentés de penser qu’en tant que fidèles ils ne peuvent pratiquement rien faire pour changer la situation. Ils auraient tort. Qu’ils lisent les réflexions ci-dessous de l’un de mes amis, et ils pourront y entrevoir que si Dieu ne secourt pas la Fraternité pour eux, comme bien sûr Il pourrait le faire, cela aura dépendu d’eux-mêmes en partie au moins. Voici la lettre de mon ami, adaptée :—

« Un accord pratique serait désastreux pour la cause de la Tradition Catholique. Il suffit de voir ce qui est arrivé aux Rédemptoristes Traditionnels en Écosse . . . Les deux Messes ne peuvent pas coexister. L’une chassera toujours l’autre . . . Quand j’ai assisté récemment à une Nouvelle Messe, toute l’église était perturbée par les bavardages et les applaudissements comstants . . . Les deux côtés sont simplement trop éloignés l’un de l’autre pour qu’un accord puisse fonctionner. Aucun accord des esprits n’est possible entre la modernité et la Tradition.

« Il y a aussi la profonde révolution qui a emporté la civilisation moderne, y compris le mouvement Traditionnel, et qui n’a pas été perçue en grande partie par les dirigeants de la Tradition . . . La technologie électronique a provoqué une révolution culturelle dans la vie quotidienne, en particulier celle des jeunes générations. Si cette technologie n’est pas maniée comme il faut, elle affaiblira certainement la Foi parce qu’elle peut s’emparer de la vie toute entière des gens. Les jeunes se laissent facilement posséder par elle. Ils s’y accrochent tout au long de la journée.Ceux qui s’y laissent engloutir deviennent dysfonctionnels, incapables de se lever le matin, de maintenir une conversation vivante ou de garder un emploi.

« Or si une équipe sportive n’est pas tancée par son entraîneur, sa qualité de jeu commence à déchoir. Si les catholiques ne sont pas tancés au sujet d’activités culturelles comme la musique, l’habillement des femmes, ou la télévision, leurs normes culturelles commencent à chuter, ce qui a de profondes implications pour leur foi. Puisque la direction de la FSPX ou bien n’a pas perçu cette révolution culturelle, ou bien ne lui a pas prêté l’attention qu’elle mérite, les parents Traditionnels se trouvent abandonnés à eux-mêmes dans la lutte pour éloigner de leurs familles la mondanité de la société moderne. Je me suis entretenu en longueur avec beaucoup de familles Traditionnelles qui sont préoccupées par l’orientation qu’a prise le mouvement Traditionnel. Les mouvements religieux doivent prendre position sur les questions culturelles s’ils veulent porter des fruits. La Tradition se renforçait lorsqu’elle prenait fermement position contre la télévision. Mais si l’on ne résiste pas sur les questions culturelles, la résistance sur les questions doctrinales se met rapidement à s’affaiblir.

« Le dernier Chapitre de la FSPX l’a peut-être retenue du naufrage pour le moment, mais je n’en suis guère rassuré. Il a pris beaucoup de soin à définir les paramètres de toute discussion future avec Rome en vue d’un accord. Pourtant, dans le fond Rome n’a pas changé depuis 1988. A mon avis, la FSPX doit reprendre le rôle prophétique qu’elle jouait tant que Mgr. Lefebvre était encore en vie. Le mouvement Traditionnel a besoin de dénoncer fermement le modernisme et le libéralisme qui mènent l’Église catholique à sa destruction. Ces dénonciations ont été dernièrement mises en sourdine. Il se peut qu’un bon nombre de prêtres Traditionalistes ait été attiré par les facilités que leur apportera, pensent-ils, un accord avec Rome. »

A vous de jouer, chers lecteurs. Éloignez de votre foyer la musiquenulle et sans valeur. Débarrassez-vous des postes de télévision. Limitez au minimum l’électronique. Mères, portez des jupes aussi souvent que possible, c’est-à-dire la plupart du temps. Autrement, ne vous plaignez pas si Dieu ne vient pas au secours de la Fraternité. Il n’oblige personne à accepter ses dons. Béni soit son nom pour toujours.

Kyrie eleison.

Sarto, Siri ?

Sarto, Siri ? on septembre 29, 2012

Lors d’un sermon pour la fête de Saint Pie X, je me suis surpris à prononcer une « quasi-hérésie » : Je me demandais à voix haute si Joseph Sarto aurait désobéi à Paul VI lorsque celui-ci détruisait l’Église, si au lieu de mourir étant le Pape Pie X en 1914, il était mort comme Cardinal, disons en 1974. Dans la Fraternité Saint Pie X, cela doit ressembler à une hérésie car, comment la sagesse du patron céleste de la FSPX peut-elle être prise en défaut ? Néanmoins la question n’est pas inutile.

Dans les années 1970Mgr. Lefebvre entreprit quelques visites personnelles à un certain nombre de cardinaux et d’évêques de l’Église parmi les meilleurs, dans l’espoir d’en persuader au moins une poignée à offrir une résistance publique à la révolution de Vatican II. Il disait souvent que la résistance unie de rien qu’une demi-douzaine de ces évêques aurait pu sérieusement entraver la débâcle Conciliaire de l’Église. Hélas, ni même le Cardinal Siri de Gênes que Pie XII souhaitait avoir comme successeur, ne voulait faire un geste publique contre l’Église officielle Conciliaire. Finalement, Monseigneur de Castro Mayer s’associa en public à Mgr Lefebvre, mais pas plus tôt que dans les années ‘80, alors que la Révolution Conciliaire s’était déjà bien incrustée au sommet de l’Église.

Vient alors la question : comment fut-il possible que les meilleurs parmi les esprits les mieux préparés aient pu être aussi aveuglés ? Comment au moins quelques-uns parmi les meilleurs hommes d’Église de l’époque ne furent-ils pas en mesure de voir ce que l’Archévêque voyait, par exemple que la « loi » qui instaurait la Nouvelle Messe ne pouvait être en aucune façon une vraie loi, car il appartient à la nature même d’une loi d’être un ordonnancement de la raison pour le bien commun ? Comment Monseigneur Lefebvre put-il se trouver si relativement seul pour refuser qu’un principe de bon sens aussi fondamental se laissât étouffer par respect de l’autorité, alors que la survie même de l’Église était gravement menacée par Vatican II et la Nouvelle Messe ? Comment l’autorité put-elle arriver à prendre ainsi le dessus de la réalité et de la vérité ?

Je réponds que depuis sept siècles la Chrétienté glisse dans l’apostasie. Pendant 700 ans, avec de nobles interruptions telle la Contre-réforme, la réalité du catholicisme s’est vue lentement ronger par le rêve cancéreux du libéralisme, comme quoi l’homme doit se libérer de Dieu en libérant sa nature de la grâce, son esprit de la vérité objective, et sa volonté du bien et du mal objectifs. Pendant très longtemps, pendant 650 ans, les chefs de l’Église catholique se sont accrochés à la réalité et l’ont défendue, mais à la fin, la force du rêve de la modernité, fantaisie toujours plus éblouissante et séduisante, finit par pénétrer dans leurs os suffisamment pour que la réalité perdît son emprise sur leurs esprits et leurs volontés. La grâce venant à leur manquer, ainsi que le dit Saint Thomas Moreà propos des évêques anglais de son époque qui trahissaient l’Église catholique, les prélats de Vatican II laissèrent le rêve des hommes peser plus que la réalité de Dieu, et l’autorité peser plus que la vérité. Il y a ici des leçons pratiques pour le clergé comme pour les laïcs.

Chers confrères, à l’intérieur comme à l’extérieur de la FSPX, pour servir Dieu, prenons garde de ne pas réagir comme Joseph Siri alors qu’en réalité il nous faut réagir comme Joseph Sarto, avec ses magnifiques condamnations des erreurs modernes dans Pascendi, Lamentabili et Notre Charge Apostolique sur le Sillon. Et pour obtenir la grâce dont nous avons besoin dans cette crise la plus terrible de toute l’histoire de l’Église, nous avons terriblement besoin de prier.

Quant à vous, fidèles, si les horreurs de la vie moderne vous font avoir « faim et soif de justice », réjouissez-vous, si vous pouvez, de ce que ces horreurs vous maintiennent dans la réalité, et ne doutez pas que si vous persévérez dans cette faim et soif, « vous serez rassasiés » (Mt.V, 6). Bienheureux les pauvres en esprit, les doux, ceux qui pleurent, dit Notre Seigneur au même endroit. Quant à la protection la plus sûre pour éviter que vos esprits et vos cœurs ne soient pris par le rêve, priez cinq, ou mieux quinze, Mystères chaque jour du Saint Rosaire de Notre Dame.

Kyrie eleison.

Six Conditions

Six Conditions on septembre 1, 2012

Dans une lettre officielle du 18 Juillet aux Supérieurs de District de la Fraternité Saint Pie X, son Secrétaire Général révèle les six « Conditions » pour un quelconque accord futur entre la FSPX et Rome. Elles sont le fruit de discussions parfois intenses entre les 39 capitulants du Chapitre Général de la FSPX du mois de juillet. Assurément elles témoignent d’une faiblesse alarmante de la part des chefs de la Fraternité pris dans leur ensemble.

La première « condition sine qua non » est la liberté accordée à la Fraternité d’enseigner la vérité immuable de la Tradition catholique, et de critiquer les responsables des erreurs du modernisme, du libéralisme et du Vatican II. Très bien. Mais, observez à quel point la vision du Chapitre a changé par rapport à celle de Monseigneur Lefebvre. Ce n’est plus : «  Rome doit se convertir parce que la Vérité est absolue ». Désormais c’est seulement : « La Fraternité SPX demande la liberté pour elle-même de dire la Vérité ». Au lieu d’attaquer la trahison du Concile, désormais la Fraternité demande aux traîtres la permission de dire la Vérité ! Quelle déchéance, en principe !

La deuxième condition exige l’usage exclusif de la liturgie de 1962. Encore une fois, très bien, puisque la liturgie de 1962 ne trahit pas la Foi, comme le fait la liturgie Conciliaire imposée par Rome depuis 1969. Mais ne voyons-nous pas, maintenant même, comment Rome se prépare à imposer aux Congrégations « Traditionnelles » qui se sont soumises à son autorité, un Missel de l’« enrichissement mutuel », qui mélange la Messe Traditionnelle et la Nouvelle Messe ? Une fois soumise à Rome, pourquoi donc la Fraternité SPX devrait-elle être mieux « protégée » que ces autres Congrégations ?

La troisième condition exige la garantie d’au moins un évêque. La question-clef est ici : Qui le choisira ? Lecteurs, dans le texte d’un quelconque futur « accord » avec Rome, allez directement au paragraphe qui traite de la nomination des évêques. En 1988 Rome proposait que l’Archevêque présentât un choix de trois candidats pour qu’ils en choisissent un. Rome rejeta alors les trois. Mais quand donc les catholiques vont-ils comprendre ? Ils doivent se battre et se battre encore dans cette guerre titanique entre la Religion de Dieu et la religion de l’homme.

La quatrième condition souhaite que la Fraternité dispose de ses propres tribunaux de première instance. Mais si un tribunal supérieur, quel qu’il soit, est celui de l’Eglise officielle, et qu’il peut rejeter les décisions des tribunaux inférieurs, quelle décision catholique d’un tribunal de la Fraternité pourra-t-elle avoir encore la moindre force ?

La cinquième condition souhaite l’exemption des maisons de la Fraternité du contrôle des évêques diocésains. Incroyable ! Voilà presque 40 ans que la Fraternité n’a cessé de lutter pour sauver la Foi en en protégeant la pratique véritable contre l’interférence des évêques conciliaires locaux, et maintenant voici que le Chapitre Général se contente de ne faire que désirer l’indépendance vis-à-vis de ces mêmes évêques ? La Fraternité n’est plus ce qu’elle était, chers lecteurs. Elle se trouve, dirait-on, entre les mains de personnes bien différentes de Mgr. Lefebvre !

La sixième et dernière condition souhaite qu’une commission soit établie à Rome pour protéger la Tradition, avec une forte représentation de la Tradition, mais « dépendant du Pape ». Dépendant du Pape ? Mais, les Papes Conciliaires n’ont-ils pas été des champions du Conciliarisme ? Ou bien, serait-ce que le Concile a cessé d’être un problème ?

En conclusion, ces six conditions sont bien graves. A moins que le quartier général de la Fraternité ne sorte de son rêve de paix avec la Rome Conciliaire tel qu’il ressort de ces conditions, il semble bien que le dernier bastion mondial de la Tradition catholique risque de se rendre aux ennemis de la Foi. L’époque des bastions serait-elle révolue ? Mes amis, préparez-vous à lutter pour la Foi depuis l’intérieur même de vos foyers. De vos foyers faites des bastions !

Kyrie eleison.

La Pensée de Benoît XVI – III

La Pensée de Benoît XVI – III on juillet 23, 2011

Après avoir étudié les racines de la pensée de Benoît XVI, dans son étude La Foi au Péril de la Raison (CE 209), Mgr Tissier de Mallerais procède à en examiner les fruits. Cette pensée en tant qu’enracinée surtout dans le subjectivisme systématique de Kant (1724–1804), ne peut guère porter de bons fruits. En effet, dans les vérités objectives de la Foi comment peut-on intégrer de quelque façon que ce soit les réactions du croyant subjectif ? L’Évangile, le dogme, l’Église, la société, la Royauté du Christ et les fins dernières en sont frappés à mort.

Commençons par l’Évangile. Désormais sa valeur ne consiste plus en ce qu’il narre les faits historiques de la vie et de la mort de Notre Seigneur, mais plutôt dans le pouvoir qu’a son récit d’évoquer les problèmes existentiels de notre propre époque. Par exemple, que le corps physique même de Notre Seigneur, réuni à son âme humaine, ait jailli du tombeau ce matin de Pâques n’a plus aucun intérêt. Ce qui nous intéresse, c’est la signification moderne derrière le récit, à savoir que l’amour est plus fort que la mort, que le Christ survit par la force de son amour et par là nous garantit que nous aussi nous survivrons par l’amour. La réalité ? Fichtre ! « L’amour suffit » !

De même le dogme a besoin d’être purifié de son passé et enrichi par le présent. Or Heidegger, philosophe des temps présents, enseigne que la personne est un « dépassement de soi ». Donc le Christ fut un homme qui s’est tellement dépassé, qui s’est tellement efforcé d’atteindre l’infini au-delà de lui-même, qu’il s’est épanoui au point de devenir Dieu ! De même la Rédemption ne doit plus signifier que par les affres de sa Passion Jésus a payé à son Père la dette due pour tous les péchés des hommes, mais que par sa Croix il a aimé Dieu à notre place comme il convient de l’aimer, et ainsi il nous incite à faire de même. De fait le péché a cessé d’être une offense mortelle contre Dieu, il n’est plus que de l’égoïsme, un manque d’amour. Aussi la Messe n’a-t-elle plus besoin d’être un sacrifice, et du coup le prêtre ne représente plus que l’animateur de la célébration communautaire. Il n’est pas surprenant que Benoît XVI croie en la Nouvelle Messe.

Quant à l’Église, puisque la personne existante est la valeur suprême (voir l’EC dernier) et que toutes les personnes sont égales quant au fait d’exister, alors à la lanterne l’Église des inégalités hiérarchiques, à la lanterne l’Église qui serait l’unique Arche de Salut, parce que les adeptes de toutes les religions sont égaux dans leur fait d’exister. Que l’œcuménisme remplace tous les efforts missionnaires des catholiques d’autrefois. Faire de la personne la valeur suprême va dissoudre la société aussi, en subordonnant aux droits de l’individu le bien commun de la société, et il va subvertir le mariage, et par là encore la société, en mettant avant le bien des enfants la satisfaction mutuelle des personnes que sont l’homme et la femme. Quant au Christ Roi, il sera détrôné par la nécessité pour l’État de reconnaître à toute personne une telle dignité qu’il doit protéger le droit de cette personne à choisir sa propre religion.

Enfin d’une peine la mort devient le remède à tous nos maux. Le jugement particulier ne signifie qu’une récompense. L’Enfer n’est plus qu’un état d’âme définitivement égoïste. Le ciel sera « Une immersion constamment renouvelée dans l’infinité de l’être » – quel être ? – et ainsi de suite.

Décidément, dit Mgr Tissier, voici une nouvelle religion bien plus commode – au moins ici-bas – que la religion catholique.

Kyrie Eleison.