libéralisme

L’Infaillibilité de l’Église – III

L’Infaillibilité de l’Église – III on mai 17, 2014

La folie des paroles et actes du Pape François pousse actuellement de nombreux Catholiques vers le sédévacantisme, ce qui est dangereux. En effet, croire que les Papes Conciliaires n’ont jamais été Papes peut débuter comme une opinion, mais trop souvent il faut constater que l’opinion se transforme en dogme et ensuite en un système mental blindé. Je pense que l’esprit de beaucoup de sédévacantistes se blinde parce que la crise sans précédent de Vatican II engendre dans leurs esprits et cœurs catholiques une grande angoisse, pour laquelle ils pensent avoir trouvé dans le sédévacantisme une solution de toute simplicité, en sorte qu’ils n’ont aucune envie de réouvrir l’angoisse en réouvrant la question. Ce qui fait qu’ils mènent rien de moins qu’une croisade pour que tous les Catholiques partagent leur solution simple, et ce faisant beaucoup d’entre eux – pas tous – finissent par faire preuve d’une arrogance et d’une amertume qui ne sont guère le signe ni le fruit de véritables Catholiques.

Or, ce « Commentaire » s’est abstenu jusqu’ici de prononcer avec certitude que les Papes Conciliaires aient été de véritables Papes, mais en même temps il a maintenu que les arguments sédévacantistes ne sont pas concluants, ni n’obligent en conscience un Catholique, comme certains sédévacantistes voudraient nous le faire croire. Revenons alors sur l’un de leurs arguments les plus importants, celui qui prend comme point de départ l’infaillibilité papale. Le voici : les Papes sont infaillibles. Or, les libéraux sont faillibles et les Papes Conciliaires sont des libéraux. Donc ils ne peuvent être de vrais Papes.

On a beau objecter qu’un Pape n’est nécessairement infaillible que lorsqu’il engage toutes les quatre conditions du Magistère Extraordinaire, à savoir lorsqu’il enseigne 1 comme Pape, 2 sur la Foi ou la morale, 3 de façon définitive 4 en sorte d’obliger en conscience tous les Catholiques. À cela les sédévacantistes comme les libéraux font la même réponse : l’Église enseigne que le Magistère Ordinaire Universel est lui aussi infaillible et donc – c’est ici le point faible de leur argument – dès que le Pape enseigne solennellement en dehors de son Magistère Extraordinaire, son enseignement sera nécessairement infaillible. Or, l’enseignement libéral de Vatican II est certainement solennel. Par conséquent nous n’avons qu’à nous faire sédévacantistes ou libéraux, selon bien sûr que c’est un sédévacantiste ou un libéral qui manie l’argument.

Mais ce qui distingue tout enseignement relevant du Magistère Ordinaire Universel, ce n’est nullement la solennité avec laquelle le Pape enseigne en dehors de son Magistère Extraordinaire, mais c’est le fait pour tel ou tel enseignement de correspondre ou non à ce que Notre Seigneur, ses Apôtres et virtuellement tous les évêques de tous les temps et tous les lieux ont enseigné, en d’autres mots à la Tradition. Or, l’enseignement Conciliaire (tel l’œcuménisme ou la liberté religieuse) est en rupture flagrante avec la Tradition. Donc un Catholique d’aujourd’hui n’est point obligé à se faire sédévacantiste ni libéral.

N’empêche, les sédévacantistes comme les libéraux s’accrochent à leur exagération de l’infaillibilité papale pour des raisons qui ne sont pas sans intérêt, mais cela c’est une autre histoire. De toute façon ils ne se rendent pas facilement, aussi reviennent-ils à la charge avec une autre objection qui exige qu’on lui réponde. Des deux côtés ils disent que maintenir que c’est la Tradition qui permet de distinguer le Magistère Ordinaire Universel, c’est entrer dans un cercle vicieux. En effet, si l’autorité enseignante de l’Église, son Magistère, existe pour dire ce qui est la doctrine de l’Église, comme c’est le cas, comment en même temps la doctrine en question peut-elle dire ce qui est le Magistère ? Ou le maître enseignant autorise la matière enseignée, ou l’inverse, mais les deux ne peuvent pas en même temps s’autoriser l’un l’autre. Donc, concluent-ils, le Pape est infaillible non seulement dans son Magistère Extraordinaire, et alors on est obligé par les Papes Conciliaires de se faire sédévacantiste, sinon libéral.

La raison pour laquelle il n’y a pas de cercle vicieux devra attendre le « Commentaire » de la semaine prochaine. Elle est aussi intéressante que la raison pour laquelle les sédévacantistes comme les libéraux tombent dans la même erreur à propos de l’infaillibilité papale.

Kyrie eleison.

Humanisation Fatale

Humanisation Fatale on février 22, 2014

Quelques catholiques qui soutiennent que le Siège Apostolique est vacant, protestent fermement contre les récents numéros de ce « Commentaire », car ils paraissent mettre au même niveau l’hérésie universelle du libéralisme et l’opinion particulière du sédévacantisme. Mais alors que ce « Commentaire » ne cesse d’attaquer la plaie du libéralisme, a-t-il fait récemment plus que d’apporter des arguments selon lesquels personne n’est obligé d’être sédévacantiste ? Et si l’on considère quel piège stérilisant s’avère être le sédévacantisme dans certains cas, n’est-ce pas là une prise de position bien modérée ?

Ce que maintient ce « Commentaire », c’est que le sédévacantisme, bien qu’admirable en tant qu’effort pour combattre le libéralisme dans l’Église, est au mieux un moyen inadéquat de ce faire, car il partage avec les libéraux d’aujourd’hui l’une de leurs erreurs fondamentales, à savoir l’exagération de l’infaillibilité papale. Dans toute sa profondeur cette erreur nous ramène au cœur de l’actuelle crise sans précédent de l’Eglise, et voilà pourquoi ce « Commentaire » va insister, tout en demandant pardon aux lecteurs indûment ennuyés ou offensés. Car c’est toute l’Eglise qui est en jeu et pas seulement les sensibilités de tels ou tels de ses membres.

Cette erreur en toute sa profondeur s’étale sur les 700 dernières années. C’est l’humanité tournant le dos lentement mais sûrement à Dieu, à Son Fils et à Son Eglise. Au sommet du Moyen Âge, les Catholiques avaient une Foi claire et forte, saisissant l’unicité et l’exclusivité du Dieu objectif et de sa Vérité sans contradiction. Par exemple Dante n’eut aucune difficulté à mettre plusieurs Papes dans son Inferno. Mais au fur et à mesure que l’homme se plaça lui-même toujours plus au centre de toutes choses, Dieu perdit sa transcendance absolue au dessus des créatures, et la Vérité devint de plus en plus relative, non plus à l’autorité de Dieu, mais à celle de l’homme.

Dans le cas de l’Eglise, prenez par exemple la 13 ème des 17 « Règles pour sentir avec l’Eglise » du célèbre livre des Exercices Spirituels de Saint Ignace, loué par d’innombrables Papes depuis lors et sans aucun doute responsable d’avoir contribué puissamment au salut de millions d’âmes. Saint Ignace écrit : « Pour ne nous écarter en rien de la vérité, nous devons maintenir le principe de croire que le blanc que je vois est noir, si l’Eglise hiérarchique le décide ainsi ». Une telle position pourrait renforcer l’autorité des hommes d’Eglise à court terme, mais ne court-elle pas le risque grave de séparer l’autorité de la vérité à long terme ? « Nous n’avons aucune autorité contre la vérité, mais pour la vérité » (II Cor, XIII, 8).

De fait, vers la fin du 19 ème siècle le libéralisme était devenu si puissant que l’Eglise se vit obligée à renforcer sa propre autorité par la Définition en 1870 de son Magistère opérant au maximum de son pouvoir, à savoir chaque fois que 1) un Pape 2) définit 3) un point de Foi ou de morale 4) de manière à obliger en conscience toute l’Eglise. Mais mus depuis lors par une pensée trop humaine, trop de Catholiques, au lieu de rapporter ce Magistère Extraordinaire à Dieu et à l’immuable Vérité du Magistère Ordinaire de l’Eglise, ont eu tendance à prêter à la personne humaine du Pape une infaillibilité qui provient de Dieu et qui n’appartient qu’à Dieu seul. Ce processus d’humanisation a engendré une infaillibilité envahissante qui devait d’une façon presque inévitable aboutir dans la prétention grotesque de Paul VI de refondre la Tradition de l’Eglise au nom d’un « Solennel Magistère Ordinaire ». La grande majorité des Catholiques l’ont suivi docilement, et jusqu’à ce jour la plupart d’entre eux deviennent jour après jour libéraux en suivant les Papes Conciliaires, tandis qu’une petite minorité de catholiques se voit acculée à nier que les responsables de la folie conciliaire puissent être Papes tout simplement.

Personnellement je respecte bon nombre de sédévacantistes, dans la mesure où ils croient en l’Eglise et où ils désespèrent de trouver une autre solution à un problème infiniment grave de l’Eglise. Mais à mon avis ils feraient bien de regarder plutôt vers l’infinie hauteur et profondeur de Dieu Lui-même.

Kyrie eleison.

Abbé Rioult – I

Abbé Rioult – I on novembre 30, 2013

Pour quelle raison n’y a-t-il pas eu lieu une levée de boucliers de la part des prêtres de la Fraternité Saint Pie X lorsque leurs Supérieurs ont perdu prise sur la doctrine catholique, provoquant ainsi la trahison de l’œuvre de Monseigneur Lefebvre, trahison dewvenue évidente dès mars de l’année dernière et de plus en plus depuis lors ? L’abbé Olivier Rioult, pionnier de la « Résistance » en France, en a donné plusieurs bonnes raisons le mois dernier dans une entrevue accessible en français surpelagiusasturiensis.wordpress.com Le résumé suivant adapte librement texte original :—

D’une façon générale, le péché originel : Alors que le combat initial pour la Tradition dans les années 1970 et 1980 avait permis de garantir la survie des éléments essentiels de la Foi, les Traditionalistes se mirent à s’asseoir sur leurs lauriers et s’installer selon une routine commode dans leurs confortables refuges, d’où il leur est maintenant bien difficile de sortir. Ils ont perdu l’esprit du combat de la Foi.

Deuxièmement, cette forme particulière du péché originel qu’est le libéralisme : au cours des dix dernières années, les Supérieurs de la Fraternité ont notablement affaibli le combat contre le libéralisme, l’erreur et le manque de modestie. Mais, ne plus nager à contre-courant c’est se laisser entraîner par lui, et bon nombre des prêtres de la Fraternité – pas tous, cela est certain – s’en sont retrouvés affaiblis dans leurs convictions et dans leur prédication.

Troisièmement, l’activisme : certains collègues peuvent aussi se laisser manger par un rythme excessif dans leurs tâches sacerdotales qui ne leur laisseni le temps ni le goût de lire ou d’étudier. Se transformant en de simples administrateurs et spécialistes en communication, par là aussi ils affaiblissent leurs convictions et leur prédication.

Quatrièmement, la fourberie de Monseigneur Fellay : pendant des années son double langage a trompé tout le monde excepté une minorité d’âmes clairvoyantes qui n’arrivèrent absolument pas à se faire entendre. Ce n’est que l’année dernière qu’il fit tomber ouvertement le masque avec le « Cor Unum » de mars et avec sa réponse du 14 avril aux trois évêques. Il avait réussi à endormir la grande majorité des Traditionalistes (comme il s’est remis à le faire maintenant).

Cinquièmement, la crainte du saut dans le vide : quand le monde entier autour de soi devient fou et que vous vous en protégez dans une enceinte saine, et qu’alors cette enceinte commence elle aussi à devenir folle, il faut une force de caractère peu commune pour affronter la réalité au lieu de préférer l’une ou l’autre illusion, et combien les illusions foisonnent de nos jours ! Ainsi, nombreux sont les prêtres qui se rendent comptent qu’ils sont en train de vivre un drame qui exige des décisions crucifiantes, mais il leur manque la force nécessaire pour se lancer dans le vide.

Et en fin, mais pas moins important, les mauvais supérieurs : bien sûr, il y eut toujours des libéraux dans la Fraternité comme il y en eut dans l’Église officielle, mais tant que les Supérieurs se maintiennent fermes, ils peuvent les tenir en échec. Malheureusement, lorsque dans l’Église officielle Jean XXIII et Paul VI favorisèrent le libéralisme dont ils étaient eux-mêmes porteurs, le résultat en fut un raz-de-marée, et depuis que les Supérieurs de la Fraternité sont devenus des libéraux, le libéralisme se répand dans la Fraternité comme il ne l’aurait jamais fait sous de bons Supérieurs, de vrais Supérieurs.

Ces raisons données par l’Abbé Rioult sont toutes vraies, mais aucune d’elles n’est plus forte que cette Foi qui est « notre victoire sur le monde » (I Jean V,4). En vérité on pourrait dire que toutes ces raisons se résument dans une Foi insuffisamment forte de la part des prêtres, parce qu’ils vivent dans un monde où dans toute âme vivante l’ancre de la vérité s’est décrochée, et si la Vérité n’est plus vraie, comment la Foi peut-elle être vraie ?

Alors, quelle est la manière la plus simple de renforcer notre propre prise sur la Vérité, Vérité dont nous avons besoin plus que jamais dans la folie universelle d’aujourd’hui ? M’est avis :—

« Veillez et priez, veillez et priez,

Quinze Mystères chaque jour ».

Kyrie eleison.

Libéraux Innocents ?

Libéraux Innocents ? on février 23, 2013

Voici quatre semaines le « Commentaire Eleison » répondit affirmativement à la question de savoir si le libéralisme est aussi horrible qu’on suppose qu’il l’est : au moins implicitement le libéralisme est la guerre contre Dieu. Restait la question de savoir si les nombreux libéraux qui nient être libéraux sont dans le vrai quand ils le nient. La réponse est sûrement que nous nous trouvons tous tellement immergés dans le libéralisme qu’il n’y a que peu parmi nous pour nous rendre compte à quel point nous le sommes.

Le libéralisme, au sens le plus large, c’est l’homme qui s’affranchit de la loi de Dieu, ce que fait tout homme lorsqu’il commet un péché. Donc, en ce sens plus large, tout pécheur est un libéral, et ainsi quiconque admet qu’il est pécheur doit admettre qu’il est libéral dans ce sens large. Néanmoins, une chose est de rompre la loi de Dieu tout en reconnaissant toujours que Dieu est Dieu et que sa loi est sa loi. Un tel pécheur n’est qu’un libéral pratique. C’est une chose tout à fait différente que de rompre la loi de Dieu en niant que Dieu soit Dieu et que sa loi soit sa loi. Voilà le libéral par principe, et voilà le libéralisme propre aux temps modernes.

Il fit irruption sur la scène avec la Révolution française de 1789. La charte de cette Révolution, la Déclaration des Droits de l’Homme, fut effectivement une déclaration de l’indépendance de l’homme face à Dieu. Dorénavant, même lorsqu’un homme quelconque obéirait à la loi de Dieu, il le ferait seulement en vertu de son propre choix et non en vertu de l’obéissance à quelqu’ordre ou commandement de Dieu. Dans un tel acte apparemment obéissant, il ne se comporterait pas comme un libéral en pratique, mais en tous ses actes il serait dans le fond un libéral par principe. C’est de ce libéralisme moderne que les catholiques d’aujourd’hui accusent souvent leurs adversaires. Ces adversaires ont-ils raison de nier presqu’aussi souvent qu’ils soient des libéraux ? Subjectivement, oui. Objectivement, non.

Subjectivement, oui, car depuis 1789 les hommes ne font que s’imbiber plus profondément des faux principes de la Révolution, de telle sorte que si on les accuse de se libérer de la loi de Dieu, ils peuvent sincèrement répliquer : « Quelle loi ? Quel Dieu ? De quoi me parlez-vous ? » C’est à ce point-là qu’ont été apparemment effacés des esprits Dieu et sa loi. Mais objectivement, non, car Dieu et sa loi n’ont évidemment pas cessé d’exister et, au fin fond d’eux-mêmes les hommes modernes le savent bien. Il est « inexcusable » de dire qu’Il n’existe pas (Rom.I,20), et Sa Loi est inscrite dans le cœur de tous les hommes (Rom.II,15), quoi qu’ils en disent par leur bouche. Le « sincèrement » mentionné ci-dessus exige des guillemets, car il ne vaut pas plus qu’il ne vaut devant le tribunal du Souverain Juge.

Alors, ces chefs de la Fraternité Saint Pie X qui essaient actuellement d’insérer la Fraternité dans l’Église Conciliaire, peuvent-ils nier qu’ils soient des libéraux ? Subjectivement, il n’y a pas de doute qu’ils sont convaincus qu’ils font ce qu’il y a de mieux pour l’Église, mais objectivement ils cherchent sans remords à mettre l’œuvre contre-Révolutionnaire de Mgr. Lefebvre sous le contrôle des autorités de l’Église qui elles s’efforcent de faire triompher une fois pour toutes la Révolution libérale. Ces chefs de la FSSPX disent que nous devons nous réunir avec l’Église visible parce qu’elle est l’Église catholique. Pourtant l’« église » Anglicane est bien visible sur tout le territoire anglais, mais est-elle catholique pour autant ? En outre, ces chefs ne peuvent ignorer à quel point ils faussent et suppriment les paroles de Mgr. Lefebvre pour les faire coïncider avec leur propre vision de l’Église

La triste vérité, c’est que ces libéraux n’ont jamais compris le fond du combat de Mgr. Lefebvre. Tant qu’il était en vie, ils étaient fascinés, comme tant parmi nous, par son charisme catholique, mais ils n’ont jamais compris la foi de Mgr Lefebvre, foi qui était à son charisme ce que la racine est au fruit. Ils ont aimé le fruit – c’est tout à leur honneur – mais quelques années après sa mort, le fruit sans la racine s’est mis à se flétrir et à mourir. Faute d’avoir compris sa foi, ils devaient nécessairement transformer la Fraternité de Mgr. Lefebvre en la leur propre, qui transformerait les ennemis de la foi à Rome en « nos nouveaux amis ».Voilà ce que nous avons vu. Voilà ce que nous sommes en train de voir. Que le Ciel nous vienne en aide !

Kyrie eleison.

La Prière de Sainte Thérese

La Prière de Sainte Thérese on février 2, 2013

Il est frappant de voir à quel point Dieu ne compte plus pour rien dans la vie du plus grand nombre d’âmes autour de nous aujourd’hui. C’est en Lui que chacun de nous « vit, se meut et existe » (Actes XVII, 28). Sans Lui nous ne pouvons lever un doigt, penser une pensée ni faire une seule action naturellement bonne, encore moins une action surnaturellement bonne. Tout ce que nous pouvons faire, de nous-mêmes, sans Lui, c’est pécher, et même alors l’action peccamineuse en tant qu’ action vient de Dieu, seul ce qui en elle est peccamineux vient de nous, car ce qui en elle la rend peccamineuse n’est pas quelque chose de positif mais de défectif, du non-être.

Et cependant la grande majorité d’âmes autour de nous traitent Dieu comme s’Il n’existait pas, ou si tant est qu’Il existe, comme s’Il n’avait aucune importance. C’est un état de fait absolument incroyable. Et qui devient pire de jour en jour. Cela ne peut pas durer. Cela ne peut se comparer qu’avec l’état de l’humanité du temps de Noé. La corruption des hommes à cette époque-là était telle (Gen. VI, 11–12) que si Dieu ne voulait pas leur retirer l’usage de leur plus précieux don, le libre arbitre – et voyez seulement comment la plupart des hommes réagissent lorsqu’on essaie de les forcer à faire quelque chose ! – alors l’unique manière qu’ils Lui laissaient de sauver encore un nombre important d’entre eux, c’était de leur infliger un châtiment universel où ils eussent néanmoins le temps de se repentir. Ce fut le Déluge, un événement dont l’historicité est établie par une abondance de preuves géologiques.

De même aujourd’hui, le seul moyen que l’humanité est en train de laisser à Dieu pour qu’il sauve encore un grand nombre d’âmes de l’horreur de leur propre choix de la damnation éternelle, c’est un châtiment universel. Comme au temps de Noé, la miséricorde de Dieu rend virtuellement certain qu’à l’immense majorité des âmes il sera donné le temps et le préavis nécessaires pour qu’elles se sauvent si elles le désirent. Et plus tard, beaucoup parmi le grand nombre qui sera sauvé (hélas, ce ne sera pas la majorité) reconnaîtront que seul le châtiment les a empêchés de se laisser entraîner jusqu’en Enfer par la corruption actuelle.

De toute façon, il sera facile pour tous de se laisser effrayer par l’explosion de la juste colère de la majesté de Dieu. Même à des kilomètres et des kilomètres de distance, les israélites furent terrifiés par la démonstration de sa puissance au sommet du Mont Sinaï (Exode XX, 18). A notre époque il sera bon de se rappeler la célèbre prière de Sainte Thérèse d’Avila :

Que rien ne te trouble,

Que rien ne t’effraie,

Tout passe,

Dieu ne change pas.

La patience

Obtient tout.

Celui qui a Dieu

Ne manque de rien.

Dieu seul suffit.

Cœur Sacré de Jésus, en Vous je mets toute la confiance dont je suis capable. Mais aidez mon manque de confiance !

Kyrie eleison.

Deux Voyages

Deux Voyages on janvier 19, 2013

Deux voyages entrepris depuis la mi-décembre, en Amérique du Nord et en France, m’ont permis d’observer dans la Fraternité Saint Pie X une indétermination dangereuse. Là où le Supérieur de District n’est pas aveugle, le danger est pour le moment quelque peu retardé, de telle sorte que la résistance se trouve dans un état d’attente. Cependant, là où le Supérieur de District est un serviteur volontaire du quartier général de la FSPX, alors le mouvement vers la Nouvelle Église va de l’avant, mais aussi la Résistance prend forme. Quel est l’enjeu ?

Depuis la cassure de la chrétienté par le Protestantisme, le monde s’est trouvé entraîné sur une pente qui l’éloigne de plus en plus de Dieu. Grâce au Concile de Trente (1545–1563), l’Église catholique a tenu ferme, mais suivant le Concile Vatican II (1962–1965), l’Église catholique officielle a rejoint la pente. Alors, surtout (mais pas seulement !) grâce à Mgr.Lefebvre (1905–1991), quelques restes de l’Église de Trente se rassemblèrent pour former au milieu du désert de la modernité un oasis catholique, la FSPX. Mais là où la puissante Église universelle n’avait pas été capable de résister, on pouvait se douter que ce n’était qu’une question de temps avant que la frêle FSPX ne fust tentée à son tour de la rejoindre sur la pente.

Cependant, tout comme lors de Vatican II les dirigeants de l’Église officielle se virent obligés de prétendre qu’Elle n’était pas en rupture avec l’Église Tridentine (voilà, par exemple, ce que nous observons dans l’« herméneutique de la continuité » de Benoît XVI), de même les dirigeants de la FSPX officielle se voient maintenant obligés de prétendre qu’ils ne sont pas en rupture avec Mgr. Lefebvre. Ce qui fait que, tout comme la plupart des politiciens des cinq derniers siècles, ces leaders de la FSPX parlent à droite tandis qu’ils marchent à gauche, parce que c’est ce que beaucoup de peuples désirent, à savoir, l’apparence de la chrétienté sans sa substance (cf. II Tim.III,1–5, en particulier le verset 5). Comme Descartes, de tels leaders « avancent masqués », essayant de déguiser leur mouvement vers la gauche sous des paroles vers la droite, ou des paroles nettement ambigües.

Ce qui est arrivé dans la FSPX au printemps dernier, comme le dit l’Abbé Chazal, c’est que le masque est tombé, parce que la direction de la FSPX devait avoir calculé que le temps était venu pour elle de promouvoir en plein jour son retour dans le courant majoritaire de l’Église. Hélas pour ces leaders, il y apparut à ce moment là entre mars et juin assez de résistance pour bloquer le Chapitre Général de la FSPX du mois de juillet dans tout éventuel essai à ce moment-là de rejoindre la Nouvelle Église. Mais à partir du Chapitre le masque fut de nouveau mis en place, car les libéraux ne se convertissent pas, à moins d’un miracle de la grâce, la gauche étant pour eux leur véritable religion. C’est pourquoi les leaders de la FSPX sont sûrement dans l’attente pour que les choses murissent, pour que le monde moderne, la chair et le diable continuent leur œuvre normale d’attirer les prêtres et les fidèles de la FSPX vers la gauche. Comme cela, d’ici quelques années au plus, il n’y aura plus de résistance comme celle de l’été dernier pour empêcher que la FSPX ne rejoigne la Nouvelle Église.

Ceci laisse la FSPX au milieu du gué. Cependant, ainsi qu’avec son bon sens Mgr. Lefebvre le soulignait, ce sont les supérieurs qui façonnent les inférieurs et non l’inverse. C’est pourquoi, à moins d’un miracle qui éloigne les leaders actuels de la FSPX, elle est condamnée à se dissoudre dans la Nouvelle Église. Un tel châtiment n’aurait pas été volé. Mais prions la Mère de Dieu pour qu’elle obtienne un miracle de la miséricorde de son Divin Fils.

Kyrie eleison.