libéralisme

Six Conditions

Six Conditions on septembre 1, 2012

Dans une lettre officielle du 18 Juillet aux Supérieurs de District de la Fraternité Saint Pie X, son Secrétaire Général révèle les six « Conditions » pour un quelconque accord futur entre la FSPX et Rome. Elles sont le fruit de discussions parfois intenses entre les 39 capitulants du Chapitre Général de la FSPX du mois de juillet. Assurément elles témoignent d’une faiblesse alarmante de la part des chefs de la Fraternité pris dans leur ensemble.

La première « condition sine qua non » est la liberté accordée à la Fraternité d’enseigner la vérité immuable de la Tradition catholique, et de critiquer les responsables des erreurs du modernisme, du libéralisme et du Vatican II. Très bien. Mais, observez à quel point la vision du Chapitre a changé par rapport à celle de Monseigneur Lefebvre. Ce n’est plus : «  Rome doit se convertir parce que la Vérité est absolue ». Désormais c’est seulement : « La Fraternité SPX demande la liberté pour elle-même de dire la Vérité ». Au lieu d’attaquer la trahison du Concile, désormais la Fraternité demande aux traîtres la permission de dire la Vérité ! Quelle déchéance, en principe !

La deuxième condition exige l’usage exclusif de la liturgie de 1962. Encore une fois, très bien, puisque la liturgie de 1962 ne trahit pas la Foi, comme le fait la liturgie Conciliaire imposée par Rome depuis 1969. Mais ne voyons-nous pas, maintenant même, comment Rome se prépare à imposer aux Congrégations « Traditionnelles » qui se sont soumises à son autorité, un Missel de l’« enrichissement mutuel », qui mélange la Messe Traditionnelle et la Nouvelle Messe ? Une fois soumise à Rome, pourquoi donc la Fraternité SPX devrait-elle être mieux « protégée » que ces autres Congrégations ?

La troisième condition exige la garantie d’au moins un évêque. La question-clef est ici : Qui le choisira ? Lecteurs, dans le texte d’un quelconque futur « accord » avec Rome, allez directement au paragraphe qui traite de la nomination des évêques. En 1988 Rome proposait que l’Archevêque présentât un choix de trois candidats pour qu’ils en choisissent un. Rome rejeta alors les trois. Mais quand donc les catholiques vont-ils comprendre ? Ils doivent se battre et se battre encore dans cette guerre titanique entre la Religion de Dieu et la religion de l’homme.

La quatrième condition souhaite que la Fraternité dispose de ses propres tribunaux de première instance. Mais si un tribunal supérieur, quel qu’il soit, est celui de l’Eglise officielle, et qu’il peut rejeter les décisions des tribunaux inférieurs, quelle décision catholique d’un tribunal de la Fraternité pourra-t-elle avoir encore la moindre force ?

La cinquième condition souhaite l’exemption des maisons de la Fraternité du contrôle des évêques diocésains. Incroyable ! Voilà presque 40 ans que la Fraternité n’a cessé de lutter pour sauver la Foi en en protégeant la pratique véritable contre l’interférence des évêques conciliaires locaux, et maintenant voici que le Chapitre Général se contente de ne faire que désirer l’indépendance vis-à-vis de ces mêmes évêques ? La Fraternité n’est plus ce qu’elle était, chers lecteurs. Elle se trouve, dirait-on, entre les mains de personnes bien différentes de Mgr. Lefebvre !

La sixième et dernière condition souhaite qu’une commission soit établie à Rome pour protéger la Tradition, avec une forte représentation de la Tradition, mais « dépendant du Pape ». Dépendant du Pape ? Mais, les Papes Conciliaires n’ont-ils pas été des champions du Conciliarisme ? Ou bien, serait-ce que le Concile a cessé d’être un problème ?

En conclusion, ces six conditions sont bien graves. A moins que le quartier général de la Fraternité ne sorte de son rêve de paix avec la Rome Conciliaire tel qu’il ressort de ces conditions, il semble bien que le dernier bastion mondial de la Tradition catholique risque de se rendre aux ennemis de la Foi. L’époque des bastions serait-elle révolue ? Mes amis, préparez-vous à lutter pour la Foi depuis l’intérieur même de vos foyers. De vos foyers faites des bastions !

Kyrie eleison.

La Doctrine, Encore

La Doctrine, Encore on août 18, 2012

Le mépris de la « doctrine » est aujourd’hui un immense problème. Les « meilleurs » parmi les catholiques de notre XXI ème siècle reconnaissent du bout des lèvres l’importance de la « doctrine », mais en tant que modernes, ils sentent instinctivement en leur for intérieur que même la doctrine catholique est une espèce de prison pour leur esprit, et que les esprits ne doivent pas être emprisonnés. A Washington DC., autour du dôme intérieur du Mémorial de Jefferson, ce temple quasi-religieux dédié au champion américain de la liberté, se trouve inscrite sa phrase quasi-religieuse : Sur l’autel de Dieu j’ai juré une inimitié éternelle contre toute forme de tyrannie sur l’esprit de l’homme. Il avait sûrement présent à l’esprit la doctrine catholique, parmi d’autres. La quasi-religion de l’homme moderne exclut toute doctrine fixe.

Néanmoins, une phrase du « Commentaire Eleison » d’il y a deux semaines (EC 263, du 28 juillet) propose une autre façon de concevoir la nature et l’importance de la « doctrine ». On y lisait ceci : Tant que Rome croit en sa doctrine conciliaire, elle va nécessairement profiter de tout accord pratique (qui passe outre à la « doctrine ») pour attirer la Fraternité SPX vers le Concile (Vatican II). Autrement dit, ce qui pousse Rome à mésestimer la « doctrine » et à chercher à « conciliariser » à tout prix la Fraternité SPX, c’est sa propre croyance en sa propre doctrine conciliaire. Dès lors tout comme la doctrine catholique Traditionnelle est – on l’espère – la force motrice de la FSPX, ainsi la doctrine Conciliaire est la force motrice de Rome. Les deux doctrines entrent en collision parce qu’il s’agit de deux forces motrices opposées.

En d’autres termes, la « doctrine » n’est pas simplement un ensemble d’idées dans la tête d’un homme, ou une prison mentale. Quelles que soient les idées qu’un homme choisisse d’avoir dans sa tête, sa doctrine réelle est cet ensemble d’idées qui conduit sa vie. Certes, un homme peut changer cet ensemble d’idées, mail il ne peut pas ne pas en avoir un. Voici comment Aristote le dit : « Si vous voulez philosopher, alors vous devez philosopher. Si vous ne voulez pas philosopher, vous êtes quand même obligé de philosopher. De toute façon un homme doit philosopher ». De même, les libéraux ont beau mépriser n’importe quel ensemble d’idées comme étant une tyrannie, mais considérer que tout ensemble d’idées est une tyrannie, c’est encore une vaste idée, et c’est cette idée qui dirige la vie de millions de libéraux aujourd’hui, comme de trop de catholiques. Ces derniers devraient s’en rendre compte, mais nous tous, modernes que nous sommes, nous avons le culte de la liberté dans le sang.

Ainsi, la doctrine prise dans sa signification réelle n’est pas seulement un ensemble d’idées qui nous emprisonne l’esprit, mais une conception de Dieu, de l’homme et de la vie qui dirige la vie de chaque homme vivant. Même lorsqu’un homme est en train de se suicider, il est poussé à le faire par l’idée que la vie est trop misérable pour qu’elle vaille la peine de continuer. Une conception de la vie centrée sur l’argent peut mener un homme à devenir riche ; sur le plaisir, à devenir dévergondé ; sur la renommée, à devenir célèbre, et ainsi de suite. Mais quelle que soit l’idée directrice de la vie d’un homme, c’est cette idée qui constitue sa doctrine réelle.

Alors puisque le Concile Vatican II est l’idée directrice des Romains conciliaires, cette idée les pousse à dissoudre cette Fraternité SPX qui rejette Vatican II, et à moins de changer leur idée centrale, ils ne cesseront de poursuivre la dissolution de la Fraternité SPX de Mgr.Lefebvre jusqu’à ce qu’ils l’obtiennent. Au contraire, l’idée centrale du clergé et des fidèles de la Fraternité est d’arriver au Ciel, suivant l’idée que le Ciel et l’Enfer existent et que Jésus-Christ et sa véritable Église procurent le seul et unique chemin sûr pour arriver au Ciel. Sachant que cette doctrine directrice n’est pas une fantaisie de leur propre invention, ils n’acceptent pas de la voir minée ni subvertie ni corrompue par les misérables néo-modernistes de la Nouvelle Église, poussés que ceux-ci le sont par leur fausse conception conciliaire de Dieu, de l’homme et de la vie. La collision ne peut être que frontale.

Et elle ne peut être évitée, comme les libéraux rêvent qu’elle le puisse. Si l’erreur devait triompher, même les pierres de la rue finiraient par crier la vérité (Lc.XIX,40). Et si la Vérité triomphe, Satan promouvra encore et encore une erreur derrière l’autre, jusqu’à ce que le monde prenne fin. Mais « Celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé », a dit Notre Seigneur (Mt.XXIV,13).

Kyrie eleison.

Un Chapitre

Un Chapitre on août 4, 2012

Comme beaucoup parmi vous le savent, un certain évêque a été exclu du Chapitre Général, c’est-à-dire de la réunion des membres les plus représentatifs de la Fraternité St Pie X, qui a eu lieu le mois dernier à Ecône en Suisse. Pour confirmer l’exclusion, il semble qu’on a profité de ce « Commentaire Eleison » (#257 du 16 juin) où parut l’adaptation du désir apparemment homicide de Saint Paul envers les corrupteurs de la Foi catholique au moyen d’un « couteau » (Galates V,12). En réalité St. Ambroise, St. Jérôme, St. Augustin, St. Justin, St. Jean Chrysostome, etc., tous sont de l’avis que dans le contexte (Galates V, 1–12), ce désir exprimé par St. Paul fait allusion non pas au meurtre mais à la circoncision aggravée jusqu’à la mutilation totale que devraient réaliser sur eux-mêmes ces Judaïsants, puisqu’ils donnaient tant d’importance à la circoncision. D’ailleurs St. Jean Chrysostome l’interprète comme une plaisanterie de St. Paul.

Néanmoins, lorsque j’appris que l’adaptation de cette plaisanterie de St. Paul fut évoquée juste avant le début du Chapitre et fut lue comme s’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie, je dois avouer que j’ai eu une vision délicieuse : celle de mes nobles confrères dans le quartier général de la Fraternité en train de regarder par la fenêtre la nuit pour voir s’ils n’apercevraient pas une figure d’évêque dégingandé d’Albion, lourdement déguisé en Jack l’Éventreur, rôdant parmi les buissons avec un grand couteau de jardinier brillant au clair de lune, à la recherche d’une victime à tailler en morceaux. Chers confrères, dormez tranquilles : je n’ai pas d’ambition meurtrière. Vraiment pas !

Mais le Chapitre fut une affaire sérieuse. Qu’a-t’il produit ? En premier lieu une Déclaration rendue publique quelques jours plus tard, et les six Conditions requises pour un éventuel accord Rome-FSSPX, exfiltrées sur Internet peu après (étant donné qu’un si grand nombre d’âmes confient leur foi et leur salut à la garde de la Fraternité, une telle fuite ne me paraît pas tellement déraisonnable). Honneur, bien sûr, aux braves membres du Chapitre qui se sont efforcés de limiter les dommages, mais il faut dire que si la Déclaration et les Conditions reflètent l’état d’esprit actuel des chefs de la Fraternité dans leur ensemble, alors il y a de quoi s’inquiéter.

Il suffit de comparer rapidement la Déclaration de 2012 avec celle de 1974 de Mgr. Lefebvre pour se demander ce qui a bien pu se passer dans sa Fraternité. Tandis que l’Archevêque dénonce de façon explicite et répétée la réforme de Vatican II, par exemple : « née du Libéralisme et du Modernisme, totalement empoisonnée, sortant de l’hérésie et aboutissant à l’hérésie », mots qui entre autres valurent à l’Archevêque la colère des Papes Conciliaires, au contraire la Déclaration de 2012 se réfère une seule fois au Concile et à ses « nouveautés » seulement « entachées d’erreurs », dans des termes que nous pouvons facilement imaginer être souscrits par Benoît XVI du début à la fin. La Fraternité penserait-elle maintenant que les Papes Conciliaires ne représentent plus aucun problème majeur ?

En ce qui concerne les six Conditions pour n’importe quel éventuel accord futur entre Rome et la Fraternité, elles méritent un examen détaillé, mais qu’il suffise pour le moment de signaler que la demande faite en 2006 par le Chapitre Général de la Fraternité, à savoir qu’un accord doctrinal est indispensable avant tout accord pratique, paraît avoir été complètement abandonnée. Serait-ce que désormais, dans l’esprit de la Fraternité, la doctrine des Romains auxquels elle se soumettrait n’a plus tellement d’importance ? La Fraternité est-elle à son tour en train de céder aux charmes du Libéralisme ?

Pour un point de vue contraire, puis-je recommander une collection de « Sermons et Conférences Doctrinales » de son Excellence Jack l’Éventreur, des années 1994 à 2009, maintenant disponible sur sept CDs à http ://truerestorationpress.com/node/52 (avec offre spéciale jusqu’à fin août) ? Pas tout ce qui se trouve dans ces 30 heures d’enregistrements ne sera d’or, et il y a sans doute des excès de tempérament, mais du moins s’y efforce-t-on d’éventrer les ennemis et pas les amis de notre Foi catholique.

Kyrie eleison.

La Résistance Minée

La Résistance Minée on juillet 21, 2012

La bonne nouvelle sortant du Chapitre Général de la Fraternité St Pie X qui a pris fin il y a une semaine, c’est que la Fraternité menée au bord du suicide a obtenu du Chapitre un sursis. Mais si les paroles suivantes tirées d’une interview transmise au monde entier représentent l’état d’esprit des chefs de la Fraternité toujours en place pour six années encore, il va falloir prier pour que le sursis perdure. Ces paroles sont peut-être accessibles encore à l’Internet (voir Catholic News Service ) :—

« Beaucoup de gens ont une notion du Concile (Vatican II) qui est une notion fausse, et maintenant il y a des Romains qui le disent. On peut dire, je pense, que dans les Discussions (menées entre Rome et la Fraternité de 2009 à 2011) nous voyons que beaucoup de choses que nous autres (de la Fraternité) nous aurions condamnées comme venant du Concile, ne viennent pas en réalité du Concile, mais de la notion commune du Concile. »

Pour commenter ces paroles, il faut retourner à Vatican II. Les 16 documents du Concile, contenant et de la vérité et des erreurs, sont profondément ambigus et contradictoires. A la suite de Mgr Lefebvre, la FSSPX n’a jamais dit qu’ils ne contiennent aucune vérité, mais elle les a toujours accusés de contenir des erreurs sérieuses, par exemple la doctrine que l’État n’a aucun droit de réprimer les religions non-catholiques. Par contre la Rome Conciliaire a toujours défendu ces documents, en relevant les vérités opposées qu’ils contiennent, par exemple l’affirmation qu’en matière de religion tout homme doit chercher et professer la vérité. Mais ces vérités n’ont jamais été le problème. Le problème, c’est l’erreur et la contradiction. Par exemple, si une masse d’individus, tel l’État, peut rester neutre en matière de religion, pourquoi l’ individu seul ne le peut-il pas ? Une telle contradiction ouvre la porte en grand pour libérer l’homme de Dieu – c’est l’essence même du libéralisme.

Les Discussions doctrinales de 2009 à 2011 ont été établies pour examiner l’affrontement doctrinal entre le subjectivisme des Romains conciliaires et l’objectivisme de la FSSPX catholique. Elles ont montré, comme l’on s’y attendait, que l’affrontement est profond et inconciliable, pas entre la vérité conciliaire et la vérité catholique, mais entre l’erreur conciliaire et la vérité catholique, en effet entre la religion de l’homme et la religion de Dieu.

C’est ici qu’intervient celui qui a parlé ci-dessus pour affirmer que « des Romains » ont raison et que « nous » avons tort, c’est-à-dire la FSSPX, parce que « beaucoup de choses » que la FSSPX a toujours condamnées comme venant du Concile ne viennent de fait que d’une « notion commune » du Concile. Autrement dit, depuis le début Mgr Lefebvre et sa Fraternité ont eu tort d’accuser le Concile, et donc de résister à la Rome conciliaire. Il s’ensuit que les sacres d’évêques en 1988 ont dû être une décision inutile parce qu’on aurait pu faire confiance aux évêques conciliaires pour qu’ils s’occupassent de la Tradition catholique. Pourtant Mgr Lefebvre a appelé ces sacres « Opération Survie », tandis qu’il a qualifié d’« Opération Suicide » l’alternative de faire confiance à la Rome conciliaire.

Aujourd’hui, en conformité avec les paroles citées ci-dessus, leur auteur favorise certainement un accord entre Rome et la FSSPX. De plus il aurait suggéré en Autriche le 25 mai que cet accord laisserait à la Rome conciliaire le choix des futurs évêques de la FSSPX. A moins donc que cette Rome n’ait cessé d’être conciliaire depuis le temps de Mgr Lefebvre, et toute l’évidence s’inscrit en faux contre une telle illusion, Mgr Lefebvre aurait dit que l’auteur de ces paroles promouvait l’« Opération Suicide » de la FSSPX. Et cet auteur, les a-t-il désavouées depuis ?

Kyrie eleison.

Deux Erreurs

Deux Erreurs on juin 30, 2012

Que la Fraternité St Pie X survive à sa grave épreuve actuelle ou non, en tout cas les libéraux reviendront à la charge avec des arguments faux pour la pousser au suicide. Voyons-en deux.

Le premier revient constamment dans les débats actuels sur l’avenir de la Fraternité – doit-elle ou non accepter un accord pratique sans accord doctrinal avec la Rome Conciliaire ? Cet argument est on ne peut plus simple : tout chef catholique (ou chefs) reçoit de Dieu des grâces d’état, donc il ne faut pas le critiquer mais lui faire confiance automatiquement. Réponse : bien sûr le bon Dieu nous offre à nous tous, et pas seulement aux chefs, l’aide naturelle et la grâce surnaturelle dont nous avons besoin pour nous mettre à accomplir notre devoir d’état, mais il dépend de notre libre arbitre que nous coopérions avec cette grâce, ou la refusions. Eussent tous les chefs d’Église coopéré avec leurs grâces d’état, comment y aurait-il jamais eu un Judas Iscariote ? Et comment aurions-nous jamais eu Vatican II ? Cet argument à partir des grâces d’état est aussi bête qu’il est simple.

Le deuxième argument est plus sérieux. Un article récent de dix pages en fait état dans une revue catholique conservatrice en Angleterre, écrit par un Monsieur J.L. qui favorise un accord pratique entre Rome et la Fraternité. Voici un résumé, mais pas faux, de son argument. L’Église catholique est attaquée aujourd’hui de toutes parts : du dehors, par exemple par le gouvernement américain ; du dedans, par exemple par les évêques qui apprécient la « dolce vita » mais leur théologie catholique bien moins ; aux sommets, par une administration au Vatican où sévissent les scandales et les conflits internes. Le Pape est donc assiégé de tous les côtés, et son regard se porte vers la Fraternité afin qu’elle lui vienne en aide pour rétablir dans l’Église l’influence saine de son passé, passé auquel il croit, même s’il croit en même temps à Vatican II. Mgr Bux rendit public cet appel du Pape : si seulement la Fraternité l’écoutait en acceptant un accord pratique, les bienfaits en seraient immenses, et pour l’Église Universelle et pour la Fraternité elle-même. Un prêtre autrefois important dans la Fraternité, l’abbé Aulagnier, voit clairement ceci.

Cher Monsieur J.L., félicitations de votre amour de l’Église et votre constat de ses problèmes, de votre souci pour le Pape et votre désir de lui venir en aide, mais vous ne voyez guère la raison de ces problèmes ni la raison d’être de la Fraternité. Comme à tant d’âmes dans l’Église et le monde d’aujourd’hui, y compris à l’abbé Aulagnier, l’importance primordiale de la doctrine de la Foi vous échappe.

Le gouvernement américain attaque l’Église parce qu’elle est faible. L’Église est faible parce que le comportement lamentable de ses évêques suit leur incompréhension lamentable de la doctrine du ciel, de l’enfer, du péché, de la damnation, de la rédemption, de la grâce qui sauve, du sacrifice du Rédempteur toujours présent dans la vraie Messe. Les évêques comprennent si mal ces vérités salvatrices parce que, entre autre, l’Évêque des évêques n’y croit qu’à moitié. Et le Pape n’y croit qu’à moitié parce que l’autre moitié en lui croit à Vatican II. Ce maudit Concile subvertit toute la vraie religion de Dieu par les ambiguïtés mortelles dont ses documents sont parsemés, comme vous le reconnaissez vous-même, ambiguïtés conçues pour mettre l’homme à la place de Dieu.

Cher Monsieur J.L., le problème de base, c’est la fausse doctrine. Par la grâce de Dieu, jusqu’ici, la Fraternité a maintenu les vrais enseignements de Jésus Christ, mais si elle se soumettait à ces autorités de l’Église qui au mieux n’y croient qu’à moitié, bientôt elle cesserait d’attaquer les erreurs (comme il arrive déjà), et elle finirait par prôner l’erreur et promouvoir avec l’erreur toutes les horreurs évoquées dans votre article. Que Dieu nous en défende !

Kyrie eleison.

Religion d’État ? – III

Religion d’État ? – III on janvier 14, 2012

Proclamer que les Etats n’ont pas besoin de professer ni de protéger la religion catholique est une erreur libérale classique, et l’une des plus grandes erreurs du Vatican II. Le libéralisme a dit, pour ainsi dire, « N’attaquons pas de front le Catholicisme, mais divisons pour régner. Divisons l’homme individuel d’avec la société en prétendant que l’homme n’est pas un animal social, et alors nous pourrons prétendre que la religion est uniquement une affaire individuelle. Cela nous permettra de nous emparer de la société, et une fois que nous l’aurons rendue libérale, nous pourrons la retourner contre l’individu en arme puissante pour le rendre lui aussi libéral, parce que, bien sûr, l’homme est un animal social ! Et alors si un quelconque individu ne veut pas être libéral, il aura de grandes difficultés à résister à sa société que nous aurons rendue libérale ». N’en est-il pas ainsi ? Regardez autour de vous ! Répondons alors à trois nouvelles objections à la doctrine selon laquelle, pour le salut des âmes, tout Etat devrait être catholique.

Excellence, Notre Seigneur lui-même a dit, « Rendez à César les choses qui sont de César, et à Dieu les choses qui sont de Dieu » (Mt.XXII, 21). Ici Notre Seigneur sépare clairement l’Eglise de l’Etat. Par conséquent aucun Etat ne devrait être impliqué dans le Catholicisme ni dans n’importe quelle autre religion.

Réponse : non, Notre Seigneur ne sépare pas ici l’Eglise de l’Etat ! Il ne fait que distinguer selon le bon sens entre ce que l’individu doit à l’Etat (impôts, etc.) et ce qu’il doit à Dieu (culte). En aucune façon Notre Seigneur ne dit que l’Etat temporel ne doit rien au Dieu éternel. De fait l’Etat, en tant qu’il est l’autorité collective temporelle d’une réunion d’êtres humains, doit à Dieu dans ses actes d’autorité ce que ces êtres humains doivent à Dieu en tant qu’ êtres sociaux, à savoir, l’observance de sa loi naturelle, et quant à l’Eglise, dont la raison naturelle par elle-même peut discerner qu’elle est la vraie, l’Etat lui doit une reconnaissance et soutien social, dans la mesure où cela ne sera pas contre-productif pour le salut des âmes.

Mais c’est à l’individu qu’il revient de discerner quelle est la vraie religion. Comment alors l’Etat en tant qu’Etat peut-il être obligé par principe d’être Catholique ?

Réponse : l’Etat n’est rien d’autre que l’association morale (c’est à dire non-matérielle) dans un corps politique d’un plus ou moins grand nombre d’êtres humains physiques (c’est-à-dire matériels). Or, chacun de ces êtres humains, rien que par l’usage correct de sa raison naturelle, avec ou sans la vertu surnaturelle de la Foi, est capable de discerner que Dieu existe, que Jésus-Christ est Dieu, et que l’Eglise Catholique est la seule Eglise fondée par Jésus-Christ. Si alors tel Etat ne discerne pas quelle est la vraie religion, ce n’est pas parce que ses citoyens ne peuvent pas la discerner, mais bien parce que diverses raisons font qu’ils ne la discernent pas ou ne veulent pas le faire, alors qu’ils en seraient bien capables par l’usage droit de la raison que Dieu leur a donnée. Devant Dieu ils porteront tous une responsabilité plus ou moins grande, parfaitement mesurée par Lui selon les conditions qui sont les leurs, pour ne pas l’avoir fait.

Mais, Excellence, si vous insistez sur l’obligation de chaque Etat à être Catholique, vous ferez tout simplement que les gens se braquent contre la bonne doctrine.

Réponse : C’est pour la gloire de Dieu et le salut éternel des âmes que chaque Etat devrait être catholique. Ainsi pour des hommes trop ignorants ou corrompus pour que cette vérité fasse autre chose que les aliéner, on peut, sans diminuer le principe, hésiter à le proclamer, mais cela ne le rend pas moins vrai pour autant. Les vrais principes ne sont pas moins vrais parce qu’il faut exercer parfois dans la pratique une certaine prudence dans la façon dont on les proclame. Assurément, aux lecteurs de ce « Commentaire » on peut dire la vérité entière !

Kyrie eleison.