Jésus-Christ

Le Christ Est Né

Le Christ Est Né on décembre 22, 2012

L’attrait de l’Enfant Divin dans les bras de Sa Mère Virginale fait que Noël est encore la plus appréciée des Fêtes chrétiennes, mais à mesure que le monde se détourne de Dieu, le cœur et l’âme de la Scène de la Nativité s’évanouissent, et les sentiments propres à Noël s’en trouvent de plus en plus artificiels. La Chrétienté véritable est épuisée. Il est temps de revenir avec la liturgie de l’Église aux époques antérieures au Christ lorsque les hommes de Dieu se réjouissaient intensément en attendant Sa venue. Pour eux, cela seul donnait un sens au malheur de l’humanité toujours plus dévastée par les conséquences du péché originel. C’était leur grand espoir,et rien ne l’ébranlait. Le Christ viendrait, et avec Lui les portes du Ciel s’ouvriraient à nouveau aux âmes de bonne volonté. Voici les antiennes du quatrième Dimanche de l’Avent, composées à partir de textes de l’Ancien Testament.

« Sonnez la trompette dans Sion car le jour du Seigneur est proche : voyez, Il viendra pour nous sauver, alléluia, alléluia ». Si les hommes ne veulent pas être sauvés, alors difficilement ils comprendront pourquoi ils sont nés, en sorte que nécessairement ils mourront dans un désespoir plus ou moins profond. Mais si nous voulons être heureux pour toute l’éternité, et si nous savons que cela n’est possible que par Jésus-Christ, alors combien devons-nous nous réjouir de ce qu’Il soit venu !

« Voyez, le Désiré de toutes les nations viendra, et la maison du Seigneur sera remplie de gloire, alléluia ». Puisque le péché originel est universel, les Rois Mages vinrent de terres lointaines et étranges pour adorer leur Sauveur à Bethléem, et de par leur désir ils auraient pu venir de toutes les nations du monde. Depuis lors, c’est en effet de toutes les nations que les Chrétiens sont venus pour trouver leur Sauveur dans son Église catholique, et jamais depuis ils n’ont cessé de la remplir de la gloire de ses belles cérémonies, édifices, ornements, art et musique.

« Les chemins tortueux seront redressés et les chemins accidentés seront aplanis : venez, Seigneur, et ne tardez pas ». Quatre mille ans après la Chute d’Adam et Eve, le monde était devenu complètement tortueux. Il y a deux mille ans la transformation de l’humanité la plus extraordinaire a commencé avec la naissance de Notre Seigneur. Pendant des siècles nous avons supposé que les formes aplanies de notre civilisation resteraient aplanies, mais en tournant le dos au Christ, nous avons rendu ces formes plus accidentées et brutales que jamais – ouvrez n’importe quel journal d’aujourd’hui. Venez, ô Seigneur, revenez et ne tardez pas, sinon nous allons nous entre-dévorer comme des bêtes sauvages.

« Le Seigneur viendra, allez à sa rencontre disant : Grand est son début et son Règne n’aura pas de fin : Dieu, Puissant, Seigneur de tout, Prince de la Paix, alléluia, alléluia ». Avec de semblables paroles les Rois Mages acclamèrent-ils peut-être l’Enfant Jésus lorsque, après de longs voyages, enfin ils le trouvèrent. Les convertis d’aujourd’hui, après de longues tribulations dans les déserts de l’athéisme, trouvent encore peut-être des paroles similaires pour nous rappeler comment il faut acclamer l’Enfant dans la crèche. Sans Lui, le monde ne peut avoir de paix, et il se trouve au bord d’une nouvelle guerre terrible. Divin Enfant, venez, ne tardez pas, sinon nous périrons tous.

« Votre Parole Toute-puissante, ô Seigneur, jaillira de votre trône royal, alléluia ». Noël, c’est la Seconde Personne de la Sainte Trinité qui a fait toute la descente du Ciel, s’est revêtu d’une pauvre nature humaine et est né d’une Mère humaine, pour nous racheter de l’esclavage du Diable et ré-ouvrir les portes du Ciel aux âmes de bonne volonté, disposées à croire. Divin Enfant, je crois. Venez en aide à mon incroyance, et par des grâces spéciales de la Fête de Votre Naissance, attirez vers la Foi des millions et millions d’âmes incroyantes.

Kyrie eleison.

Plusieurs “Églises”

Plusieurs “Églises” on décembre 1, 2012

Une grande confusion règne aujourd’hui en ce qui concerne la véritable Église de Notre Seigneur ici sur terre, et au sujet des différentes appellations qu’on lui applique. De loin la majeure partie de cette confusion provient du plus grand problème actuel de l’Église, à savoir du diabolique Concile Vatican Deux (1962–1965). Essayons d’y voir un peu plus clair.

« Église » provient du grec Ekklesia et du latin Ecclesia, « assemblée ». « Notre Seigneur a assemblé autour de Lui une société d’hommes qui le reconnaissait pour Maître : voilà ce que Lui-même a appelé Son Église » (Bossuet).

« Église catholique » désigne pour beaucoup de gens un édifice, mais elle signifie surtout le groupe des personnes qui partagent dans le monde entier ( katholos en grec signifie « universel ») une même Foi, un même ensemble de Sacrements, et une même hiérarchie, ces trois éléments ayant été établis par le Dieu Incarné, Notre Seigneur Jésus-Christ, lors de sa vie sur terre il y a 2000 ans. Mais à partir de ce groupe original de croyants tel qu’il fut institué par Notre Seigneur, de temps en temps d’autres groupes se sont séparés, tout en prétendant être la véritable Église du Christ. Alors, comment puis-je savoir laquelle est sa véritable Église ?

« Église du Christ » est celle qui possède les quatre Notes qui permettent de la reconnaître. 1 Une –par l’unicité surtout de la Foi par laquelle Notre Seigneur voulut unifier Son Église en elle-même et pas fonder d’autres (cf.Jn.XVII,21–23 : « Pour que tous soient un »). 2 Sainte – Notre Seigneur fonda son Église pour mener les hommes au Dieu Très Saint et à son Ciel de Sainteté (cf.Mt.V,48 : « Soyez parfaits . . . »). 3 Catholique – Notre Seigneur a fondé son Église pour tous les hommes de tous les pays et de toutes les époques (cf.Mt.XXVIII,19 : « Allez donc et enseignez toutes les nations »). 4 Apostolique – Notre Seigneur a fondé son Église comme une monarchie, pour être gouvernée par l’Apôtre Saint Pierre et ses successeurs (cf.Mt.XVI,18 : « Tu es Pierre et sur cette pierre ( petran en grec) J’édifierai mon Église »). Où se trouvent réunies ces quatre Notes, là est la véritable Église du Christ. Là où elles font défaut, il ne s’agit plus de l’Église du Christ.

« Église Conciliaire » signifie l’Église catholique centrée sur Dieu telle qu’elle tombe depuis 50 ans sous l’influence du Concile Vatican Deux, centré sur l’homme. Le Conciliarisme (comme on peut appeler l’erreur distillée de Vatican II) comporte la même relation à la véritable Église du Christ que la pourriture d’une pomme pourrie à la pomme qu’elle pourrit. De même que la pourriture occupe la pomme, dépend de la pomme, ne peut exister sans la pomme, mais demeure néanmoins totalement différente de la pomme (autant que diffère ce qui est immangeable de ce qui est mangeable), ainsi le Conciliarisme diffère du catholicisme à tel point que l’on peut dire en toute vérité que l’Église Conciliaire n’est plus l’Église catholique. Mais, l’Église catholique est visible. L’Église Conciliaire n’est elle pas elle aussi visible ?

« Église visible » ( ou concrète) signifie tous les édifices, hiérarques et sujets de l’Église que nous pouvons voir de nos yeux. Mais dire que l’Église catholique est visible, donc que l’Église visible est l’Église catholique, c’est aussi « infantile » (mot de Mgr. Lefebvre) que de dire que tous les lions sont des animaux et donc tous les animaux sont des lions. L’unique partie de l’Église visible qui soit catholique est celle qui est une, sainte, universelle et apostolique. Le reste n’est autre que différentes espèces de pourriture visible (ou concrète).

« Église officielle » signifie l’Église en tant qu’Elle est conduite par, et qu’Elle suit, ses hiérarques visibles. Étant donné que ceux-ci sont aujourd’hui en grande partie Conciliaires, l’« Église officielle » est largement Conciliaire et non-catholique, selon sa conformité ou non avec les quatre Notes. Pareillement l’ « Église majoritaire » signifie l’Église officielle d’aujourd’hui en tant qu’on l’oppose au petit troupeau « Traditionnaliste ». Cependant, que personne n’aille dire qu’il ne reste rien des Notes « une, sainte, universelle ou apostolique » dans l’Église majoritaire, pas plus que tout dans le petit troupeau « Traditionnaliste » met en évidence ces quatre Notes. Le blé et l’ivraie sont toujours mélangés dans l’Église du Christ (cf.Mt.XIII,24–30).

Kyrie eleison.

Problème Profond

Problème Profond on novembre 17, 2012

Beaucoup de catholiques ne saisissent pas toute la profondeur du problème posé par le Concile révolutionnaire de Vatican II (1962–1965). S’ils connaissaient mieux l’histoire de l’Église, ils pourraient être moins tentés soit par le libéralisme, qui leur fait penser que le Concile n’était pas si mauvais qu’on le dit, soit par le « sédévacantisme », qui leur fait penser que les autorités de l’Église ne sont plus ses autorités. A propos, Notre Seigneur a-t-il mis en question l’autorité religieuse de Caïphe, ou l’autorité civile de Ponce Pilate ?

Le problème est profond parce qu’il est enterré sous plusieurs siècles d’histoire de l’Église. Lorsqu’au début du 15me siècle St Vincent Ferrer (1357–1419) prêcha dans toute l’Europe que la fin du monde était proche, nous savons aujourd’hui qu’il s’est trompé de plus de 600 ans. Et pourtant Dieu a confirmé sa prédication en lui donnant d’opérer des milliers de miracles et des milliers et des milliers de conversions. Dieu confirmait-il par là l’erreur ? Le Ciel nous en préserve ! La vérité, c’est que le Saint pressentait correctement que la décadence de la fin du Moyen Age impliquait la corruption explicite et quasi-totale de notre propre époque, répétition générale de la corruption totale de la fin du monde.

Seulement il a fallu du temps, le temps de Dieu, plusieurs siècles, pour que cette corruption implicite devînt explicite, parce que régulièrement Dieu a choisi de susciter des saints qui ralentissent la glissade en bas, telle cette gerbe de Saints célèbres qui ont mené à fin la Contre-Réforme du 16me siècle. Néanmoins Dieu n’enlève pas aux hommes leur libre-arbitre, en sorte que s’ils ne choisissaient pas de rester sur les hauteurs du Moyen Age, il ne les y obligerait pas. Au contraire il permettrait à son Église, au moins dans une certaine mesure, de s’adapter aux temps, parce que celle-ci existe pour sauver non pas les gloires du passé mais les âmes du présent.

Cela peut s’illustrer par deux exemples :d’abord la théologie Moliniste, rendue virtuellement nécessaire par Luther et Calvin pour assurer la défense du libre-arbitre, et ensuite le Concordat de 1801, rendu nécessaire par l’État Révolutionnaire pour permettre à l’Église en France de fonctionner en public. Or le Molinisme comme le Concordat furent des compromis avec le monde de leur temps, mais les deux rendirent possible le salut de beaucoup d’âmes, et l’Église empêcha que ne fussent minés les principes qui devaient absolument rester saufs, à savoir Dieu comme Acte Pur et le Christ comme Roi de la Société respectivement. Néanmoins les deux compromis permirent une certaine humanisation de l’Église divine, et les deux contribuèrent à la sécularisation lente de la chrétienté. Car les compromis ont obligatoirement des conséquences.

C’est ainsi que si ce processus lent d’humanisation et de sécularisation devait trop corrompre ce monde d’où les hommes et les femmes sont appelés pour servir Dieu dans son Église, comment pourraient-ils entrer à son service sans une forte dose de libéralisme radioactif dans le sang, laquelle exigerait un antidote vigoureux dans leur formation religieuse ? En effet, ne partageraient-ils pas tout naturellement la conviction instinctive de presque tous leurs contemporains que les principes et idéaux du monde révolutionnaire d’où ils venaient étaient normaux, alors que leur formation religieuse opposée à ce monde était aussi pieuse qu’on voulait, mais radicalement anormale ? De tels hommes et femmes seraient pour l’Église un désastre en puissance. Eh bien, ce désastre se fit actuel en plein 20me siècle, lorsqu’une grande partie des deux mille évêques du monde se réjouit au lieu de se révolter quand Jean XXIII fit comprendre au Concile qu’il abandonnait l’Église anti-moderne.

Que personne donc qui veut sauver son âme ne suive ni ces prélats ni leurs successeurs, mais en même temps que personne n’oublie que ceux-ci, étant convaincus qu’ils sont des gens normaux par rapport à notre monde en délire, ne sont plus coupables de la destruction de l’Église du Christ comme l’auraient été leurs prédécesseurs nés dans des temps vraiment plus normaux. Bénies les âmes catholiques qui savent abhorrer leurs erreurs sans cesser d’honorer leur office.

Kyrie eleison.

Lire en Famille

Lire en Famille on octobre 20, 2012

Dernièrement, ce « Commentaire » conseillait aux lecteurs de transformer leurs maisons en forteresses au cas où les bastions publics de la Foi deviendraient périmés à cause du mal débordant de notre époque, et certains lecteurs nous ont écrit pour nous demander de quelle façon leurs maisons pourraient être fortifiées. De fait, certains numéros du « Commentaire » ont suggéré déjà une variété de moyens spirituels et matériels pour défendre la maison et la famille, notamment, bien sûr, le Saint Rosaire, mais on a omis de mentionner un moyen auquel je penserais moi-même pour remplacer la télévision si j’avais une famille à défendre : la lecture à haute voix tous les soirs aux enfants, de chapitres choisis dans le Poème de l’Homme-Dieu de Maria Valtorta. Et lorsque nous arriverions au bout des dix volumes en français, je m’imagine que nous recommencerions depuis le début, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous les enfants eussent quitté le foyer !

Toutefois, le Poème ne manque pas d’ennemis nombreux et éloquents. Le Poème consiste en épisodes de la vie de Notre Seigneur et de Notre Dame, depuis la conception immaculée de celle-ci jusqu’à son assomption au Ciel, tels qu’ils ont paru dans des visions reçues, on peut le croire, du Ciel, lors de la Deuxième Guerre mondiale dans le Nord de l’Italie par Maria Valtorta. Elle était célibataire, d’âge mur, immobilisée dans son lit de malade de façon permanente à la suite d’une blessure au dos reçue plusieurs années auparavant. Les notes inclues dans l’édition italienne (qui comprend plus de 4,000 pages en 10 volumes) montrent à quel point elle craignait d’être trompée par le Diable, et en effet bon nombre de personnes ne sont pas convaincues que le Poème vienne réellement de Dieu. Voyons trois objections parmi les plus importantes.

En premier lieu, le Poème fut mis à l’Index des livres interdits par l’Église dans les années 1950, c’est-à-dire avant que Rome ne devînt néo-moderniste dans les années 1960. Le motif invoqué pour sa condamnation fut qu’on y donne aux événements de l’Evangile un aspect romantique et sentimental. En second lieu, on accuse le Poème d’un grand nombre d’erreurs doctrinales. En troisième lieu, l’objection que faisait Monseigneur Lefebvre au Poème était que l’on y trouve tant de détails physiques de la vie quotidienne de Notre Seigneur qu’il en sort de lui une image trop matérielle qui nous fait trop descendre en dessous du niveau spirituel des quatre Évangiles.

Mais, en premier lieu, comment les modernistes ont-ils pu prendre le pouvoir dans la Rome des années 1960, ainsi qu’ils le firent, s’ils n’avaient été déjà bien établis dans la Rome des années 1950 ? Le Poème, comme les Evangiles (par exemple Jn.XI,35,etc.) est plein de sentiments, mais toujours proportionnés à leur objet. Aux yeux de tout juge objectif le Poème ne semblera, à mon avis, ni sentimental ni romantique. En deuxième lieu, les soi-disant erreurs doctrinales ne sont pas difficiles à expliquer, l’une après l’autre, comme cela a déjà été fait par un théologien compétent dans les notes que l’on trouve dans l’édition italienne du Poème. Et en troisième lieu, tout en gardant, bien sûr, tout le respect que l’on doit à Monseigneur Lefebvre, je dirais que l’homme moderne a besoin de détails matériels pour qu’il puisse croire de nouveau en la réalité des Évangiles. N’est-il pas vrai qu’une excessive « spiritualité » peut reléguer, pour ainsi dire, Notre Seigneur à l’étage supérieur, où il devient irréel, tandis qu’au rez-de-chaussée le cinéma et la télévision prennent possession du sens de la réalité de l’homme moderne ? De même que Notre Seigneur était vrai homme et vrai Dieu, ainsi le Poème est-il à tout moment aussi pleinement spirituel que pleinement matériel.

De la lecture vivante et non-électronique du Poème à la maison, je peux imaginer de nombreux bienfaits possibles, outre le contact réel et vivant entre les parents qui lisent et les enfants qui écoutent. Les enfants s’imbibent de ce qui les entoure, comme les éponges s’imbibent d’eau. Avec la lecture de chapitres du Poème choisis selon l’âge de l’enfant, je me demande s’il y a une limite aux enseignements qu’ils pourraient absorber au sujet de Notre Seigneur et de Notre Dame.Et les questions qu’ils poseraient ! Et les réponses que les parents devraient trouver ! Je crois réellement que le Poème pourrait beaucoup contribuer à faire d’un foyer une forteresse de la Foi.

Kyrie eleison.

Sarto, Siri ?

Sarto, Siri ? on septembre 29, 2012

Lors d’un sermon pour la fête de Saint Pie X, je me suis surpris à prononcer une « quasi-hérésie » : Je me demandais à voix haute si Joseph Sarto aurait désobéi à Paul VI lorsque celui-ci détruisait l’Église, si au lieu de mourir étant le Pape Pie X en 1914, il était mort comme Cardinal, disons en 1974. Dans la Fraternité Saint Pie X, cela doit ressembler à une hérésie car, comment la sagesse du patron céleste de la FSPX peut-elle être prise en défaut ? Néanmoins la question n’est pas inutile.

Dans les années 1970Mgr. Lefebvre entreprit quelques visites personnelles à un certain nombre de cardinaux et d’évêques de l’Église parmi les meilleurs, dans l’espoir d’en persuader au moins une poignée à offrir une résistance publique à la révolution de Vatican II. Il disait souvent que la résistance unie de rien qu’une demi-douzaine de ces évêques aurait pu sérieusement entraver la débâcle Conciliaire de l’Église. Hélas, ni même le Cardinal Siri de Gênes que Pie XII souhaitait avoir comme successeur, ne voulait faire un geste publique contre l’Église officielle Conciliaire. Finalement, Monseigneur de Castro Mayer s’associa en public à Mgr Lefebvre, mais pas plus tôt que dans les années ‘80, alors que la Révolution Conciliaire s’était déjà bien incrustée au sommet de l’Église.

Vient alors la question : comment fut-il possible que les meilleurs parmi les esprits les mieux préparés aient pu être aussi aveuglés ? Comment au moins quelques-uns parmi les meilleurs hommes d’Église de l’époque ne furent-ils pas en mesure de voir ce que l’Archévêque voyait, par exemple que la « loi » qui instaurait la Nouvelle Messe ne pouvait être en aucune façon une vraie loi, car il appartient à la nature même d’une loi d’être un ordonnancement de la raison pour le bien commun ? Comment Monseigneur Lefebvre put-il se trouver si relativement seul pour refuser qu’un principe de bon sens aussi fondamental se laissât étouffer par respect de l’autorité, alors que la survie même de l’Église était gravement menacée par Vatican II et la Nouvelle Messe ? Comment l’autorité put-elle arriver à prendre ainsi le dessus de la réalité et de la vérité ?

Je réponds que depuis sept siècles la Chrétienté glisse dans l’apostasie. Pendant 700 ans, avec de nobles interruptions telle la Contre-réforme, la réalité du catholicisme s’est vue lentement ronger par le rêve cancéreux du libéralisme, comme quoi l’homme doit se libérer de Dieu en libérant sa nature de la grâce, son esprit de la vérité objective, et sa volonté du bien et du mal objectifs. Pendant très longtemps, pendant 650 ans, les chefs de l’Église catholique se sont accrochés à la réalité et l’ont défendue, mais à la fin, la force du rêve de la modernité, fantaisie toujours plus éblouissante et séduisante, finit par pénétrer dans leurs os suffisamment pour que la réalité perdît son emprise sur leurs esprits et leurs volontés. La grâce venant à leur manquer, ainsi que le dit Saint Thomas Moreà propos des évêques anglais de son époque qui trahissaient l’Église catholique, les prélats de Vatican II laissèrent le rêve des hommes peser plus que la réalité de Dieu, et l’autorité peser plus que la vérité. Il y a ici des leçons pratiques pour le clergé comme pour les laïcs.

Chers confrères, à l’intérieur comme à l’extérieur de la FSPX, pour servir Dieu, prenons garde de ne pas réagir comme Joseph Siri alors qu’en réalité il nous faut réagir comme Joseph Sarto, avec ses magnifiques condamnations des erreurs modernes dans Pascendi, Lamentabili et Notre Charge Apostolique sur le Sillon. Et pour obtenir la grâce dont nous avons besoin dans cette crise la plus terrible de toute l’histoire de l’Église, nous avons terriblement besoin de prier.

Quant à vous, fidèles, si les horreurs de la vie moderne vous font avoir « faim et soif de justice », réjouissez-vous, si vous pouvez, de ce que ces horreurs vous maintiennent dans la réalité, et ne doutez pas que si vous persévérez dans cette faim et soif, « vous serez rassasiés » (Mt.V, 6). Bienheureux les pauvres en esprit, les doux, ceux qui pleurent, dit Notre Seigneur au même endroit. Quant à la protection la plus sûre pour éviter que vos esprits et vos cœurs ne soient pris par le rêve, priez cinq, ou mieux quinze, Mystères chaque jour du Saint Rosaire de Notre Dame.

Kyrie eleison.

Rebelle, Diviseur

Rebelle, Diviseur on septembre 15, 2012

Le chapitre VII de l’Évangile de Saint Jean contient une leçon spéciale pour aujourd’hui, à savoir : Qui sont les vrais rebelles contre l’autorité, et qui ne sont des rebelles qu’ en apparence ? Qui paraît diviser le peuple de Dieu, et qui est en réalité celui que le divise ? Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent. Il est toujours nécessaire de « Juger non selon les apparences, mais juger selon un juste jugement » (Jn.VII,24).

Le septième chapitre de St Jean s’approche de la fin de la vie de Notre Seigneur sur la terre. Les juifs cherchent à tuer Jésus (verset 1), mais Notre Seigneur monte néanmoins à Jérusalem et enseigne dans le Temple (14). La foule est déjà divisée (12) en sorte qu’il résulte de l’enseignement de Jésus que certains (40) reconnaissent en Lui le Prophète (cf.Deut.XVIII,15–19), tandis que d’autres (41–42) refusent de le reconnaître, parce qu’Il est originaire de Galilée. D’où la division et la dissension. Certes, la division, comme telle, est digne de blâme, et alors qui doit être blâmé ? Certainement pas Notre Seigneur qui ne fait que prêcher la doctrine de son Père au Ciel (16–17). Le blâme ne doit pas non plus atteindre cette partie de la foule qui a accepté l’enseignement divin. Il est clair que le blâme pour la division appartient aux autorités du Temple et à cette partie de la foule qui refusait la Vérité.

Pareillement, dans les années 1970 et 1980, Mgr. Lefebvre a divisé les catholiques en enseignant et en pratiquant la vérité de la Tradition catholique, mais quel catholique qui se fait fort aujourd’hui d’être Traditionnel pense même à le blâmer pour cette division ? Il est clair que le blâme pour la division de l’Eglise n’appartenait ni à l’Archevêque ni à ceux qui l’ont suivi, mais en premier lieu à ces autorités de l’Eglise qui adultéraient la vraie religion, tout comme le faisaient les autorités du Temple au temps de Notre Seigneur. L’Archevêque ne cessait de leur demander de « juger selon un juste jugement », en confrontant le problème central créé par leur adultère Conciliaire avec le monde moderne. Jusqu’à aujourd’hui, les autorités de l’Église se sont refusées à une telle confrontation. Leur unique réponse n’a cessé d’être : « Obéissance ! », « Unité ! ». Leur manque d’arguments en réponse aux questions fondamentales de vérité, ne suggère-t-il pas qu’eux seuls sont les vrais rebelles et responsables de la division dans l’Église ?

Toutefois, la dissension en tant que telle n’est pas une bonne chose, et tous les deux, Notre Seigneur et Mgr. Lefebvre, auront bien prévu que leur enseignement serait suivi de dissension. Pourquoi donc insistèrent-ils ? Parce que les âmes peuvent être sauvées avec la dissension (cf. Lc.XII, 51–53 ), mais elles ne peuvent être sauvées sans la Vérité. Si les autorités religieuses font dévier le peuple – et le Diable travaille contre elles avec un acharnement particulier à cause de leur pouvoir d’amener beaucoup d’autres âmes sur le mauvais chemin – c’est à ce moment-là que la Vérité doit être proclamée pour ramener le peuple sur le chemin du Ciel, même si la dissension doit en être le résultat. En ce cas-là, la Vérité se situe au-dessus de l’autorité ou de l’unité.

Et où trouve-t-on cette vérité en 2012 ? Vatican II fut un désastre pour l’Église – vrai ou faux ? Les autorités de l’Église qui ont réalisé Assise III et la « béatification » de Jean Paul II sont obstinément attachées à Vatican II – vrai ou faux ? Et alors si la Fraternité Saint Pie X se place elle-même sous ces mêmes autorités, elles profiteront de tout leur prestige et du pouvoir que la Fraternité leur aura donné sur elle, pour dissoudre sa résistance à Vatican II – vrai ou faux ? De sorte que la FSPX risque gravement de perdre progressivement l’esprit de résistance qu’elle présente encore à ce prestige et à ce pouvoir – vrai ou faux ? Comme disent les Romains, « Rome peut attendre » !

Alors, dans la FSPX aujourd’hui, si l’on juge, comme le dit Notre Seigneur, « non selon les apparences mais selon un juste jugement », qui est réellement celui qui « divise » ? Qui sont les vrais « rebelles contre l’autorité » ? Ceux qui critiquent le risque d’un tel mélange de la Vérité catholique avec l’erreur Conciliaire, ou bien ceux qui le favorisent ?

Kyrie eleison.