chapelet

La Détresse des Catholiques.

La Détresse des Catholiques. on octobre 15, 2016

Un monde qui veut de moins en moins de Dieu éreinte les Catholiques. Voici le cri du cœur d’encore un lecteur :

Je me demande comment il est possible de garder la foi dans la situation générale de l’Église d’aujourd’hui, où il manque absolument de bergers. Pendant quelques mois, nous avons pratiqué à la Fraternité Saint Pie X, ce qui nous a fait comprendre la valeur de la Tradition. En y étudiant l’histoire des difficultés de Mgr Lefebvre nous avons compris à quel point il est trahi. Nous avons suivi la « Résistance » à travers le site web Non Possumus. Mais l’abbé C. l’appelle la « Désistance », et durant quelques mois il nous a trompés. Détrompés, nous avons quitté son groupe. Maintenant, on ne peut plus aller à la Fraternité car ils insistent pour qu’on se joigne à certaines activités, à des réunions d’enfants de chœur, etcetera. Ils veulent des renseignements sur nous et pour les obtenir nous envoient des couples mariés engagés à plein dans la Fraternité. Devant eux nous devons nous efforcer de ne rien dire qui nous empêcherait de recevoir la sainte Communion, comme cela arrive à certaines personnes, accusées d’être « contre le Pape François » ou « pour la Résistance ». Actuellement nous allons à l’Église catholique Maronite, car là au moins la Consécration est valide. Mais on est déçu de constater qu’ils acceptent Vatican II en général, et ils m’ont demandé de permettre à mes filles de servir à l’autel. Lorsque j’ai refusé, ils m’ont dit : « Nous sommes tous des enfants de Dieu » avec d’autres arguments pareils, pour empêcher que nous discriminions contre les femmes servant à l’autel.

Je n’ai personne à qui aller pour la Confession. J’ai des luttes continuelles au travail où je ne cesse de parler de Dieu et des événements actuels, en dépit du fait que l’école étant séculière et séculariste, le personnel est employé de l’État. Suivant votre conseil de nous retirer dans l’ombre pour nous préparer à la descente dans les catacombes, je me méfie des contacts sociaux, mais il est difficile de se battre tout seul. Nous sommes maintenant en contact avec les gens du T.F.P. (Tradition, Famille, Propriété). Je ne suis pas sûr de leur doctrine. Mais que pouvons-nous faire ? La lutte pèse lourdement sur mes épaules. Dans cette école où je travaille il y a un professeur franc-maçon, que je sache. Bien qu’elle soit une école d’État, toute son orientation est religieuse, mais d’une façon seulement déiste, c’est-à-dire sans le Christ. Que puis-je faire ? Dans ce pays il ne reste plus rien, et on ne sait où donner de la tête.

Entre autres choses, je lui ai répondu que lorsque l’Église est entraînée sur le Chemin de la Croix pour y être crucifiée, comme cela arrive aujourd’hui, la seule façon de ne pas avoir à porter ne serait-ce qu’une écharde de cette Croix est de ne plus être Catholique. De toute évidence, ce lecteur veut rester Catholique pour aller au Ciel avec sa famille. Dès lors il ne devrait pas être surpris de se voir souffrir des échardes de la Croix de Notre-Seigneur. Le moment pour s’inquiéter pour de vrai, ce sera quand il se trouvera à l’aise dans ce monde qui nous entoure.

Quant à son lieu de travail, il n’y a pas grand-chose qu’il puisse y faire. Les contacts sociaux doivent être maintenus par la prière, la charité et l’exemple, car nous autres êtres humains nous sommes des animaux sociaux. En même temps n’épuisons pas notre énergie et ressources limitées en jetant des perles aux pourceaux. Notre Seigneur nous dit de ne pas condamner si nous ne voulons pas être condamnés, mais Il nous dit aussi de savoir discerner entre les loups et les véritables bergers (S. Mat VII, 15). Juger-condamner, non. Juger-discerner, oui. Aussi, le Catholique se doit-il d’exercer son meilleur jugement sur la variété de prêtres et de laïcs qu’il rencontre dans le chaos de l’Église d’aujourd’hui. Et dans tous les cas, un père de famille doit aujourd’hui mener sa propre famille dans la prière des cinq Mystères du Rosaire en famille chaque soir (ou mieux, chaque matin). De cette façon-là il aura la garantie que Notre-Dame protégera sa famille, comme elle seule le peut, à travers n’importe quels graves événements qui nous sont réservés.

Kyrie eleison.

Lire en Famille

Lire en Famille on octobre 20, 2012

Dernièrement, ce « Commentaire » conseillait aux lecteurs de transformer leurs maisons en forteresses au cas où les bastions publics de la Foi deviendraient périmés à cause du mal débordant de notre époque, et certains lecteurs nous ont écrit pour nous demander de quelle façon leurs maisons pourraient être fortifiées. De fait, certains numéros du « Commentaire » ont suggéré déjà une variété de moyens spirituels et matériels pour défendre la maison et la famille, notamment, bien sûr, le Saint Rosaire, mais on a omis de mentionner un moyen auquel je penserais moi-même pour remplacer la télévision si j’avais une famille à défendre : la lecture à haute voix tous les soirs aux enfants, de chapitres choisis dans le Poème de l’Homme-Dieu de Maria Valtorta. Et lorsque nous arriverions au bout des dix volumes en français, je m’imagine que nous recommencerions depuis le début, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous les enfants eussent quitté le foyer !

Toutefois, le Poème ne manque pas d’ennemis nombreux et éloquents. Le Poème consiste en épisodes de la vie de Notre Seigneur et de Notre Dame, depuis la conception immaculée de celle-ci jusqu’à son assomption au Ciel, tels qu’ils ont paru dans des visions reçues, on peut le croire, du Ciel, lors de la Deuxième Guerre mondiale dans le Nord de l’Italie par Maria Valtorta. Elle était célibataire, d’âge mur, immobilisée dans son lit de malade de façon permanente à la suite d’une blessure au dos reçue plusieurs années auparavant. Les notes inclues dans l’édition italienne (qui comprend plus de 4,000 pages en 10 volumes) montrent à quel point elle craignait d’être trompée par le Diable, et en effet bon nombre de personnes ne sont pas convaincues que le Poème vienne réellement de Dieu. Voyons trois objections parmi les plus importantes.

En premier lieu, le Poème fut mis à l’Index des livres interdits par l’Église dans les années 1950, c’est-à-dire avant que Rome ne devînt néo-moderniste dans les années 1960. Le motif invoqué pour sa condamnation fut qu’on y donne aux événements de l’Evangile un aspect romantique et sentimental. En second lieu, on accuse le Poème d’un grand nombre d’erreurs doctrinales. En troisième lieu, l’objection que faisait Monseigneur Lefebvre au Poème était que l’on y trouve tant de détails physiques de la vie quotidienne de Notre Seigneur qu’il en sort de lui une image trop matérielle qui nous fait trop descendre en dessous du niveau spirituel des quatre Évangiles.

Mais, en premier lieu, comment les modernistes ont-ils pu prendre le pouvoir dans la Rome des années 1960, ainsi qu’ils le firent, s’ils n’avaient été déjà bien établis dans la Rome des années 1950 ? Le Poème, comme les Evangiles (par exemple Jn.XI,35,etc.) est plein de sentiments, mais toujours proportionnés à leur objet. Aux yeux de tout juge objectif le Poème ne semblera, à mon avis, ni sentimental ni romantique. En deuxième lieu, les soi-disant erreurs doctrinales ne sont pas difficiles à expliquer, l’une après l’autre, comme cela a déjà été fait par un théologien compétent dans les notes que l’on trouve dans l’édition italienne du Poème. Et en troisième lieu, tout en gardant, bien sûr, tout le respect que l’on doit à Monseigneur Lefebvre, je dirais que l’homme moderne a besoin de détails matériels pour qu’il puisse croire de nouveau en la réalité des Évangiles. N’est-il pas vrai qu’une excessive « spiritualité » peut reléguer, pour ainsi dire, Notre Seigneur à l’étage supérieur, où il devient irréel, tandis qu’au rez-de-chaussée le cinéma et la télévision prennent possession du sens de la réalité de l’homme moderne ? De même que Notre Seigneur était vrai homme et vrai Dieu, ainsi le Poème est-il à tout moment aussi pleinement spirituel que pleinement matériel.

De la lecture vivante et non-électronique du Poème à la maison, je peux imaginer de nombreux bienfaits possibles, outre le contact réel et vivant entre les parents qui lisent et les enfants qui écoutent. Les enfants s’imbibent de ce qui les entoure, comme les éponges s’imbibent d’eau. Avec la lecture de chapitres du Poème choisis selon l’âge de l’enfant, je me demande s’il y a une limite aux enseignements qu’ils pourraient absorber au sujet de Notre Seigneur et de Notre Dame.Et les questions qu’ils poseraient ! Et les réponses que les parents devraient trouver ! Je crois réellement que le Poème pourrait beaucoup contribuer à faire d’un foyer une forteresse de la Foi.

Kyrie eleison.

Sarto, Siri ?

Sarto, Siri ? on septembre 29, 2012

Lors d’un sermon pour la fête de Saint Pie X, je me suis surpris à prononcer une « quasi-hérésie » : Je me demandais à voix haute si Joseph Sarto aurait désobéi à Paul VI lorsque celui-ci détruisait l’Église, si au lieu de mourir étant le Pape Pie X en 1914, il était mort comme Cardinal, disons en 1974. Dans la Fraternité Saint Pie X, cela doit ressembler à une hérésie car, comment la sagesse du patron céleste de la FSPX peut-elle être prise en défaut ? Néanmoins la question n’est pas inutile.

Dans les années 1970Mgr. Lefebvre entreprit quelques visites personnelles à un certain nombre de cardinaux et d’évêques de l’Église parmi les meilleurs, dans l’espoir d’en persuader au moins une poignée à offrir une résistance publique à la révolution de Vatican II. Il disait souvent que la résistance unie de rien qu’une demi-douzaine de ces évêques aurait pu sérieusement entraver la débâcle Conciliaire de l’Église. Hélas, ni même le Cardinal Siri de Gênes que Pie XII souhaitait avoir comme successeur, ne voulait faire un geste publique contre l’Église officielle Conciliaire. Finalement, Monseigneur de Castro Mayer s’associa en public à Mgr Lefebvre, mais pas plus tôt que dans les années ‘80, alors que la Révolution Conciliaire s’était déjà bien incrustée au sommet de l’Église.

Vient alors la question : comment fut-il possible que les meilleurs parmi les esprits les mieux préparés aient pu être aussi aveuglés ? Comment au moins quelques-uns parmi les meilleurs hommes d’Église de l’époque ne furent-ils pas en mesure de voir ce que l’Archévêque voyait, par exemple que la « loi » qui instaurait la Nouvelle Messe ne pouvait être en aucune façon une vraie loi, car il appartient à la nature même d’une loi d’être un ordonnancement de la raison pour le bien commun ? Comment Monseigneur Lefebvre put-il se trouver si relativement seul pour refuser qu’un principe de bon sens aussi fondamental se laissât étouffer par respect de l’autorité, alors que la survie même de l’Église était gravement menacée par Vatican II et la Nouvelle Messe ? Comment l’autorité put-elle arriver à prendre ainsi le dessus de la réalité et de la vérité ?

Je réponds que depuis sept siècles la Chrétienté glisse dans l’apostasie. Pendant 700 ans, avec de nobles interruptions telle la Contre-réforme, la réalité du catholicisme s’est vue lentement ronger par le rêve cancéreux du libéralisme, comme quoi l’homme doit se libérer de Dieu en libérant sa nature de la grâce, son esprit de la vérité objective, et sa volonté du bien et du mal objectifs. Pendant très longtemps, pendant 650 ans, les chefs de l’Église catholique se sont accrochés à la réalité et l’ont défendue, mais à la fin, la force du rêve de la modernité, fantaisie toujours plus éblouissante et séduisante, finit par pénétrer dans leurs os suffisamment pour que la réalité perdît son emprise sur leurs esprits et leurs volontés. La grâce venant à leur manquer, ainsi que le dit Saint Thomas Moreà propos des évêques anglais de son époque qui trahissaient l’Église catholique, les prélats de Vatican II laissèrent le rêve des hommes peser plus que la réalité de Dieu, et l’autorité peser plus que la vérité. Il y a ici des leçons pratiques pour le clergé comme pour les laïcs.

Chers confrères, à l’intérieur comme à l’extérieur de la FSPX, pour servir Dieu, prenons garde de ne pas réagir comme Joseph Siri alors qu’en réalité il nous faut réagir comme Joseph Sarto, avec ses magnifiques condamnations des erreurs modernes dans Pascendi, Lamentabili et Notre Charge Apostolique sur le Sillon. Et pour obtenir la grâce dont nous avons besoin dans cette crise la plus terrible de toute l’histoire de l’Église, nous avons terriblement besoin de prier.

Quant à vous, fidèles, si les horreurs de la vie moderne vous font avoir « faim et soif de justice », réjouissez-vous, si vous pouvez, de ce que ces horreurs vous maintiennent dans la réalité, et ne doutez pas que si vous persévérez dans cette faim et soif, « vous serez rassasiés » (Mt.V, 6). Bienheureux les pauvres en esprit, les doux, ceux qui pleurent, dit Notre Seigneur au même endroit. Quant à la protection la plus sûre pour éviter que vos esprits et vos cœurs ne soient pris par le rêve, priez cinq, ou mieux quinze, Mystères chaque jour du Saint Rosaire de Notre Dame.

Kyrie eleison.

Lumières Ténébreuses

Lumières Ténébreuses on avril 28, 2012

Que la Fraternité Saint Pie X décide finalement de contourner ou non le désaccord doctrinal avec les autorités de l’Église Conciliaire de Rome pour signer un accord purement pratique, les âmes qui se préoccupent de leur salut éternel doivent comprendre le mieux possible ce qui est en jeu. A ce propos, un ami vient de me faire parvenir une synthèse admirable de ce qui constitue le cœur du problème :—

De 2009 à 2011 des discussions dites « doctrinales » ont eu lieu entre des experts du Vatican et des théologiens de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Elles ont permis de vérifier l’attachement indéfectible des autorités romaines à la doctrine du Concile Vatican II, lequel a tenté de concilier la doctrine catholique et la conception de l’homme développée par le mouvement des « Lumières ».

Ainsi ce Concile déclare que la personne humaine, en raison de la dignité de sa nature, a droit à pratiquer la religion de son choix. La société civile doit donc protéger la liberté religieuse et organiser la coexistence pacifique des diverses religions. Celles-ci sont invitées au dialogue œcuménique, puisqu’elles détiennent toutes une part de vérité.

Ces principes reviennent à nier que le Christ soit véritablement Dieu et que sa révélation, dont l’Eglise catholique garde le dépôt, s’impose aux hommes comme aux sociétés. L’Eglise a toujours enseigné que, en dehors du christianisme, toutes les religions sont fausses et qu’on ne peut s’y sauver. Elle entend que la société civile reconnaisse la vérité du Christ.

La doctrine de la liberté religieuse, exprimée dans la déclaration Dignitatis Humanae (n°2) de Vatican II, contredit les enseignements de Grégoire XVI dans Mirari Vos, de Pie IX dans Quanta Cura, de Léon XIII dans Immortale Dei et de Pie XI dans Quas Primas. La doctrine exprimée dans la constitution dogmatique Lumen Gentium (n°8 . . . ) et le décret Unitatis Redintegratio (n° 3 . . . ) de Vatican II, selon laquelle la providence divine se servirait des sectes non-catholiques comme moyens de salut, contredit les enseignements de Pie IX dans le Syllabus, de Léon XIII dans Satis Cognitum et de Pie XI dans Mortalium Animos.

Ces doctrines nouvelles, qui, parmi plusieurs autres, contredisent les enseignements formels et unanimes des papes d’avant le Concile, doivent être qualifiées d’hérétiques au regard du dogme catholique.

L’unité de l’Eglise reposant sur l’intégrité de la Foi, il est clair que la Fraternité Sacerdotale St Pie X ne peut passer aucun accord – même « pratique » – avec les tenants de ces doctrines.

Lorsque mon ami accuse le mouvement d’émancipation intellectuelle du XVIII ème siècle, connu sous le nom des « Lumières », d’être à la base de l’effondrement des hommes d’église du XX ème siècle, il vise essentiellement la même chose que signalait Monseigneur Lefebvre à quelques-uns de ses prêtres six mois avant de mourir en 1991 : « Plus on analyse les documents de Vatican II . . . plus on se rend compte qu’il s’agit d’une perversion totale de l’esprit, de toute une philosophie nouvelle fondée sur le subjectivisme . . . C’est une perversion totale de la Révélation, de la Foi, de la philosophie ! . . . C’est vraiment effrayant ».

Mais alors, comment remettre son esprit dans la soumission à la réalité de Dieu ? Une façon de faire serait d’étudier les Encycliques papales mentionnées par mon ami ci-dessus. Elles furent écrites pour des évêques, mais aux évêques conciliaires on ne peut plus faire confiance. Les laïcs d’aujourd’hui doivent prendre en main leur propre formation – et leur propre chapelet.

Kyrie eleison.

Confronter Le Chaos

Confronter Le Chaos on février 18, 2012

Des lecteurs attentifs de ces « Commentaires » peuvent avoir remarqué une contradiction apparente. D’une part les « Commentaires » n’ont cessé de condamner tout ce qu’il y a de moderne dans les arts (par exemple EC 114, 120, 144, 157, etc.). D’autre part, la semaine dernière le poète Anglo-américain T. S. Eliot s’est fait appeler « ultra-moderne », et vanter pour avoir lancé un nouveau style de poésie plus authentique en ce qui concerne l’époque moderne, certes chaotique.

Ainsi que les « Commentaires » l’ont souvent signalé, la modernité dans les arts se caractérise par son manque d’harmonie et sa laideur, parce que l’homme moderne choisit de plus en plus de vivre sans ou même contre Dieu qui a mis l’ordre et la beauté dans toute sa création. Cette beauté et cet ordre se trouvent maintenant tellement enterrés sous les fastes et les œuvres de l’homme sans Dieu qu’il est facile aux artistes de croire qu’ils ne s’y retrouvent plus. Si donc les artistes doivent être véridiques par rapport à ce qu’ils perçoivent de leur entourage et de leur société, il s’ensuit que seul un artiste moderne exceptionnel transmettra quelque chose de l’ordre divin qui demeure caché sous la surface désordonnée de la vie moderne. En effet, la plupart des artistes modernes ont renoncé à l’ordre et, comme leurs clients, se vautrent dans le désordre.

Mais Eliot naquit et fut éduqué vers la fin du 19 ème siècle alors que la société conservait encore un ordre relatif, puis il reçut aux USA une bonne éducation classique lorsque seuls quelques bandits rêvaient en secret de remplacer l’éducation par l’enseignement de matières inhumaines. Aussi le jeune Eliot peut-il n’avoir eu que peu d’accès à la vraie religion, mais on l’avait bien introduit à ce que celle-ci avait engendré depuis le Moyen Age, à savoir les grands classiques de la musique et de la littérature occidentale. Ressentant et cherchant en elles l’ordre qui manquait autour de lui, Eliot fut ainsi capable de saisir le profond désordre du 20 èmesiècle commençant, désordre qui ne ferait qu’éclater avec la Première Guerre mondiale (1914–1918). D’où La Terre Désolée de 1922.

Mais dans ce poème il est loin de se vautrer dans le désordre. Au contraire, clairement, Eliot le hait, montrant à quel point il est vide de chaleur et de valeurs humaines. Ainsi La Terre Désolée conserve peu de trace de la religion occidentale, mais elle se termine sur des bribes de religion orientale, et comme le dit Scruton, Eliot sondait certainement les profondeurs religieuses du problème. En fait, quelques années plus tard Eliot a failli devenir catholique, mais il en a été détourné par la condamnation en 1926 de l’ « Action Française » par Pie XI, condamnation dans laquelle il reconnut davantage le problème et non pas sa solution. Alors par reconnaissance envers cette Angleterre qui lui avait tant permis d’apprécier l’ordre traditionnel, il choisit une solution incomplète, une combinaison d’Anglicanisme avec la grande culture, et un chapelet toujours dans sa poche. Cependant Dieu écrit droit avec des lignes tordues. Combien d’âmes à la recherche de l’ordre seraient restées loin de Shakespeare ou d’Eliot si elles avaient pensé que l’un ou l’autre, par le fait d’être pleinement Catholiques, avaient des réponses seulement préfabriquées, sans correspondance véritable à la vie.

C’est triste, mais c’est ainsi. Or, les âmes peuvent bien se tromper de façon ou d’autre si pour s’éloigner d’auteurs ou d’artistes catholiques ils prennent comme excuse que ceux-ci ne sont pas fidèles à la réalité de la vie, mais il dépend des catholiques de ne pas leur offrir cette excuse. A nous autres catholiques de montrer par notre exemple, face aux profondeurs des problèmes modernes, que nous ne nous laissons pas bercer par des solutions artificielles, nécessairement fausses. Nous ne sommes pas des anges, mais des créatures terre à terre, pourtant invitées au Ciel si nous acceptons notre Croix moderne en suivant Notre Seigneur Jésus-Christ. Seuls de tels disciples peuvent refaire l’Eglise, et le monde !

Kyrie eleison.

Arrogance Incroyable

Arrogance Incroyable on février 19, 2011

Les prophètes de malheur se font rarement aimer, mais s’ils sont ministres de Dieu, ils doivent dire la vérité. Or il y a des gens qui disent que ces ministres ne doivent s’occuper ni de la politique ni de l’économie. Mais alors que faire, si la politique est devenue une religion de remplacement, nécessairement fausse en tant que mettant l’homme à la place de Dieu ? Et que faire si l’économie (ou la finance) est sur le point de faire souffrir de faim beaucoup de monde ? Ces ministres n’ont-ils pas le droit de se demander, avec Aristote, comment les gens vont mener une vie vertueuse s’il leur vient à manquer de quoi survivre ? La vie vertueuse – les ministres de Dieu n’ont pas à s’en occuper ?

Donc sans autre excuse je cite un paragraphe marquant d’un journaliste du prestigieux Wall Street Journal qui raconte comment il s’est fait rabrouer pendant l’été de 2006 par un conseiller important de George W. Bush, Président à ce moment-là, parce que ce journaliste avait écrit un article qui critiquait une ancienne directrice des communications de la Maison Blanche. Il dit que sur le moment il n’avait pas pleinement compris ce que lui disait le conseiller, mais par la suite il y a vu comme l’esprit essentiel de l’administration du Président Bush. Voici les paroles du conseiller, recueillies par le journaliste :—

« Les gens comme vous », lui disait le conseiller, « font partie de cette communauté que nous appelons les « basés sur la réalité », à savoir les gens qui croient comme vous que les solutions doivent sortir de l’étude judicieuse de la réalité telle qu’on la discerne. » Mais non ! Le journaliste devait laisser derrière lui ces principes périmés du respect de la réalité. « Ce n’est plus comme cela que marche le monde. On est désormais un empire, et lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité – judicieusement, tant que vous voulez – et puis nous agirons de nouveau en créant de nouvelles réalités que vous, vous pourrez toujours étudier, et voilà comment les choses avanceront. Nous sommes les acteurs de l’histoire . . . et vous autres, vous tous, vous n’aurez plus qu’à étudier ce que nous faisons. » (Voir www.321gold.com , 2 février, « We are Victims of a Financial Coup d’Etat”, by Catherine Fitts.)

Dans ces paroles ce n’est pas moi qui accuse le monde moderne de vivre de fantaisie. C’est un officiel parmi les plus haut placés à l’intérieur du gouvernement américain qui va jusqu’à se vanter que le monde moderne vive de fantaisie. Et ses paroles, ne correspondent-elles pas parfaitement par exemple, à la fabrication du 11 septembre et des « armes de destruction massive » de Saddam Hussein, chimères fabriquées de toute pièce pour justifier des lignes d’action par ailleurs impossibles à justifier ? L’arrogance dont fait preuve un tel mépris de la réalité, comme de ceux qui la respectent, est époustouflante.

Les Grecs de l’époque classique n’ont pas connu le Dieu de la Révélation, mais ils ont bien saisi cette réalité qu’est la structure morale de son univers, gouverné selon eux par les dieux. Pour eux, tout homme, fût-il héros, qui bravait cette structure à la manière de ce conseiller du Président Bush, était coupable de l’« hybris », c’est-à-dire de s’élever au-dessus de son propre statut d’homme, et il se faisait écrabouiller comme il convenait par les dieux.

Chers catholiques, si vous estimez que la grâce élimine la nature, remettez vous à l’école des antiques païens pour apprendre ces leçons de la nature qui sont aujourd’hui plus nécessaires que jamais. Étudiez la chute de Xerxès dans les Perses d’Eschyle, de Créon dans l’ Antigone de Sophocle, de Penthée dans Les Bacchantes d’Euripide. Priez le Saint Rosaire, bien sûr, mais lisez aussi les célèbres œuvres classiques, plantez des pommes de terre et diminuez vos dettes, dis-je !

Kyrie Eleison.