Mgr Marcel Lefebvre

Réponse a la Lettre Ouverte de Mgr. Nicola Bux

Réponse a la Lettre Ouverte de Mgr. Nicola Bux on mars 24, 2012

Londres, le 22 mars 2012.

Monseigneur,

Dans une lettre ouverte du 19 mars, adressée à Monseigneur Fellay et à tous les prêtres de la Fraternité Saint Pie X, vous nous priez avec insistance d’accepter l’offre sincère et chaleureuse de réconciliation que le Pape Benoît XVI présente à la Fraternité Saint Pie X pour guérir la fracture de longue date entre Rome et la Fraternité Saint Pie X. Permettez-moi, en tant que l’un des prêtres à qui vous vous êtes adressé, de prendre sur moi de vous dire ce qui me semble aurait pu être la réponse de ce « grand homme d’Eglise » que fut Monseigneur Lefebvre.

Votre lettre commence par un appel à « tout sacrifier au nom de l’unité ». Mais il ne peut y avoir de véritable unité catholique qui ne soit fondée sur la vraie Foi catholique. Le grand Archevêque a tout sacrifié pour l’unité dans la vraie doctrine de la Foi. Hélas, les Discussions Doctrinales de 2009–2011 ont prouvé que la fracture doctrinale entre la Rome du Vatican II et la Fraternité Saint Pie X est aussi large que jamais.

Cette fracture vous l’avez décrite le 19 mars comme n’étant pas plus que des « perplexités qui demeurent, des points devant être approfondis ou détaillés », mais le 16 mars le Cardinal Levada fut catégorique à déclarer que la position prise par Monseigneur Fellay le 12 janvier est « insuffisante pour surmonter les problèmes doctrinaux ». Monseigneur Fellay a fait observer une fois combien de divergences il peut y avoir entre les hommes d’Eglise de Rome, mais quoi qu’il en soit de leur unité entre eux, dans tous les cas la Foi sacrifiée à l’unité fera une unité sans Foi.

Bien sûr, comme vous nous le rappelez, l’Eglise est une institution à la fois divine et humaine. Bien sûr, l’élément divin ne peut faillir, et de plus, bien sûr, l’Eglise en définitive ne peut faillir, et le soleil s’y lèvera de nouveau. Mais veuillez nous pardonner de ne pas être d’accord lorsque vous dites que l’aube est à portée de main, parce que cette vraie Foi que la Fraternité Saint Pie X a soutenue dans les Discussions ne brille pas dans la Rome de Vatican II. En conséquence la Fraternité Saint Pie X ne peut s’y trouver en sécurité. Elle ne pourrait pas non plus être source de lumière si elle aussi adoptait les ténèbres conciliaires.

On n’a pas besoin de mettre en doute la sincérité du désir du Pape de faire bon accueil au retour de la Fraternité Saint Pie X dans une « pleine communion ecclésiale », comme l’ont montré plusieurs gestes de réelle bonne volonté de sa part, mais « une commune profession de Foi » entre la Fraternité et ceux qui croient au Concile Vatican II, est exclue, à moins que la Fraternité Saint Pie X n’abandonne cette Foi qu’elle a défendue dans les Discussions. Et quand un tel abandon fait crier à la Fraternité Saint Pie X « A Dieu ne plaise ! », tant s’en faut que sa voix soit étouffée, elle est entendue dans le monde entier, et elle porte pour l’Eglise catholique d’aujourd’hui des fruits plutôt exceptionnels.

Certainement, « c’est le bon moment », certainement « l’heure favorable est venue » pour une solution à l’agonie et aux problèmes de l’Eglise et du monde. Toutefois, c’est la solution que notre Mère du Ciel demande depuis longtemps, et qui dépend uniquement du Saint Père. De fait, lorsque Notre Seigneur a placé cette solution entre les mains de sa Mère, Elle a dit qu’aucune autre solution ne fonctionnerait, en sorte que pour permettre à toute autre solution de fonctionner, Notre Seigneur devrait faire de Sa Mère une menteuse ! Inconcevable !

La solution est connue depuis longtemps. En effet, comment le Ciel pourrait-il avoir laissé le monde dans une détresse comme celle des 100 dernières années sans lui offrir un remède semblable à celui offert par le prophète Elisée pour guérir la lèpre du Général Syrien Naaman ? D’un point de vue humain, se baigner dans la rivière du Jourdain semblait ridicule, mais personne ne pouvait dire que c’était impossible. Il suffisait d’un peu de foi et d’humilité. Le Général païen réunit alors assez de foi et de confiance en l’homme de Dieu pour faire ce que le Ciel lui demandait, et bien sûr, il fut guéri instantanément.

Puisse le Saint Père seulement réunir assez de foi et de confiance en la promesse de la Mère du Ciel ! Qu’il saisisse seulement ce « bon moment » avant que toute l’économie globale ne s’effondre en ruines, et avant que des politiciens fous ne réussissent à lancer la Troisième Guerre mondiale au Moyen Orient ! Nous l’en supplions, nous l’implorons, qu’il sauve l’Eglise et le monde en faisant tout simplement ce qu’a demandé la Mère du Ciel. Il ne s’agit pas là d’une chose impossible. Elle vaincrait tous les obstacles sur son chemin. En faisant ce qu’elle demande, le Pape est le seul qui puisse désormais nous sauver de souffrances qui dépassent toute imagination, mais qu’il pourrait nous épargner.

Et s’il désirait que par la prière ou l’action la modeste Fraternité Saint Pie X l’aidât à consacrer la Russie au Coeur Immaculé de Marie en union avec les évêques du monde entier, que la Reine du Ciel rassemblerait, il doit savoir qu’il peut compter en première ligne sur l’appui de Monseigneur Fellay et des trois autres évêques de la Fraternité Saint Pie X, dont le moindre est

Votre serviteur dévoué dans le Christ, +Richard Williamson.

Un Tournant

Un Tournant on mars 10, 2012

Parlant aux Etats-Unis le mois dernier au sujet des relations entre Rome et la Fraternité Saint Pie X, le Supérieur Général de la Fraternité a dit qu’un accord pratique entre les deux parties serait possible si Rome acceptait la Fraternité telle qu’elle est, et il a signalé que Monseigneur Lefebvre avait souvent dit qu’un tel accord serait acceptable. Cependant, Monseigneur Fellay a ajouté que la dernière fois que Monseigneur Lefebvre l’a dit fut en 1987. Ce petit rajout est hautement significatif, et mérite d’être approfondi, surtout pour une jeune génération qui peut ne pas être familiarisée avec le drame historique des Consécrations Episcopales de 1988.

De fait, le drame des drames, sans lequel la FSSPX n’aurait jamais vu le jour, ce fut le Deuxième Concile du Vatican (1962–1965), où la grande majorité des évêques catholiques a accepté cette « mise à jour » de l’Eglise par laquelle ils ont scindé leur autorité catholique d’avec la vérité de la Tradition catholique. A partir de ce moment, les Catholiques ont dû choisir entre l’Autorité et la Vérité. Jusqu’à ce jour, s’ils choisissent l’Autorité, la Vérité ne peut que leur manquer, et s’ils choisissent la Vérité, ils désireront toujours être réunis avec l’Autorité. Monseigneur Lefebvre a choisi la Vérité, et c’est pourquoi il a fondé pour la défendre la Fraternité en 1970, mais tant qu’il le pouvait il a fait tout dans son pouvoir pour ne pas s’éloigner de l’Autorité, en s’efforçant d’obtenir pour sa Fraternité l’approbation de Rome. C’est pourquoi Monseigneur Fellay a raison de dire que jusqu’en 1987 Monseigneur Lefebvre a toujours cherché à obtenir un accord pratique avec Rome.

Cependant, en 1987, Monseigneur Lefebvre avait 82 ans. Il prévoyait que sans ses propres évêques, le maintien de la Tradition par la Fraternité prendrait nécessairement fin. Il devenait urgent d’obtenir de Rome au moins un évêque mais Rome a temporisé, sans doute parce qu’elle aussi se rendait bien compte que la Fraternité sans ses propres évêques disparaîtrait de mort lente. En mai 1988 celui qui était alors le Cardinal Ratzinger a tellement temporisé qu’il a fait comprendre à Monseigneur Lefebvre que la Rome néo-moderniste n’avait aucune intention de d’approuver, encore moins de protéger la Tradition catholique. Ainsi, la diplomatie ne servant plus, il a procédé aux Consécrations Episcopales, en disant que désormais ce devait être la doctrine ou rien. Désormais le prélude absolument nécessaire à tout contact entre Rome et la Fraternité, disait-il, serait que les Romains professent leur foi dans les grands documents antilibéraux de la Tradition catholique, par exemple, Pascendi, Quanta Cura, etc.

Et c’est pourquoi, comme Monseigneur Fellay l’a suggéré le 2 février, jamais plus on n’a entendu de la bouche de Monseigneur Lefebvre, jusqu’à sa mort en 1991, qu’un accord pratique serait possible ou désirable. Ce grand Archevêque était allé aussi loin que possible pour obtenir de l’Autorité le minimum qu’exigeait la Vérité. Il a même suggéré une fois qu’en mai 1988 il était allé trop loin. Mais à partir de ce moment-là il n’a plus hésité, il ne s’est plus compromis, et il a encouragé quiconque voulait l’écouter à faire de même.

La situation, a-t-elle changé depuis ? Rome, est-elle revenue à la profession de la Foi de toujours ? On pourrait le croire quand Monseigneur Fellay nous informe dans le même sermon que Rome, en modifiant la rigueur de sa position du 14 septembre, déclare maintenant qu’elle est disposée à accepter la Fraternité telle qu’elle est. Mais il suffit de se rappeler Assise III et la néo-béatification de Jean-Paul II de l’année dernière pour soupçonner que derrière cette nouvelle bienveillance des prélats de Rome envers la Fraternité, se trouve selon toute vraisemblance la conviction que l’euphorie des contacts mutuels rétablis et prolongés finira par diluer et à la longue dissoudre la résistance jusqu’ici obstinée de la Fraternité à leur nouvelle Eglise. Hélas.

« Notre salut est dans le nom du Seigneur ».

Kyrie eleison.

Angélisme Mortel

Angélisme Mortel on février 11, 2012

En discernant ce qui fit de T.S. Eliot (1888–1965) « indiscutablement le plus grand poète de langue anglaise au 20 ème siècle », un écrivain anglais conservateur de nos jours, Roger Scruton, a des choses intéressantes à suggérer aux Catholiques dont la foi pend à un fil en ces premières années du 21 ème siècle – bref, la solution est dans la souffrance même ! Si nous sommes crucifiés par le monde autour de nous, voilà la Croix que nous devons porter.

Eliot était en poésie un ultra-moderniste. Comme le dit Scruton, « Il a renversé le 19 ème siècle dans la littérature et inauguré l’âge de la versification libre, de l’aliénation et de l’expérimentation. » On pourrait bien se demander si la combinaison de haute culture et d’Anglicanisme à laquelle est arrivé finalement Eliot est une solution suffisante aux problèmes qu’il abordait, mais on ne peut nier qu’avec son célèbre poème, La Terre Désolée de 1922, il a ouvert la voie à la poésie anglaise contemporaine. L’énorme influence de ses poèmes a démontré au moins qu’Eliot avait mis le doigt sur la plaie de notre époque. C’est un homme moderne et il aborda de front le problème de l’époque moderne, résumé par Scruton avec ces mots : « fragmentation, hérésie et incroyance ».

Cependant, La Terre Désolée ne pourrait être le chef d’œuvre qu’il est, s’il n’avait su trouver un sens au chaos. Il s’agit en fait d’un portrait brillant en pas plus de 434 lignes de la « civilisation » européenne détruite, telle qu’elle émergeait des ruines de la Première guerre mondiale. Et comment Eliot a-t-il réussi ce coup ? Parce que, comme le dit Scruton, l’ultra-moderniste Eliot était aussi un ultra-conservateur. Eliot s’était imprégné des grands poètes du passé, en particulier de Dante et de Shakespeare, mais aussi de maîtres plus modernes, tels Baudelaire et Wagner, et en lisant La Terre Désolée on voit clairement que c’est l’appréciation de l’ancien ordre chez Eliot qui l’a rendu capable de saisir le désordre de l’époque actuelle.

Scruton commente que lorsque Eliot balaya d’un revers de main la grande tradition de la poésie romantique anglaise du XIX ème siècle, c’est parce que le romantisme ne correspondait plus à la réalité de son époque. « Il croyait que l’usage par ses contemporains d’une diction poétique dépassée et de rythmes doucereux trahissait une grave faiblesse morale : un refus d’appréhender la vie telle qu’elle est en réalité, un refus de sentir ce qui doit être ressenti envers cette expérience contemporaine à laquelle nous ne pouvons échapper. Et ce refus ne se limitait pas, selon Eliot, à la littérature, mais embrassait tout l’ensemble de la vie moderne. » La recherche d’un nouveau langage littéraire de la part d’Eliot faisait donc partie pour lui d’une recherche plus large – « la recherche de la réalité de l’expérience moderne ».

Or n’avons-nous pas vu, ne voyons-nous pas toujours à l’intérieur de l’Eglise la même « grave faiblesse morale » ? On peut donner le nom de « Cinquantisme » à cette faiblesse de l’Eglise des années 1950 qui fut la cause directe du désastre de Vatican II dans les années 1960. Mais qu’était-ce sinon le refus de voir carrément le monde moderne tel qu’il est ? L’illusion que tout était beau, que tout le monde était gentil ? L’illusion qu’il suffira que je m’emmitoufle dans une sentimentalité angéliste pour que les problèmes de l’Eglise dans le monde Révolutionnaire s’évanouissent tout simplement ? Et que signifie maintenant l’illusion que Rome désire réellement rétablir la Tradition catholique sinon essentiellement le même refus de la réalité moderne ? Comme Eliot nous a fait comprendre que cette sentimentalité est la mort de la vraie poésie, de même Monseigneur Lefebvre nous a montré qu’elle est la mort du véritable catholicisme. Cet Archevêque ultra-conservateur était en même temps le plus moderne des catholiques fidèles.

Catholiques, la réalité d’aujourd’hui peut nous crucifier par l’un ou l’autre de ses nombreux moyens corrompus, mais réjouissez-vous, encore une fois, dit Saint Paul, réjouissez-vous, car ce n’est qu’en acceptant la Croix qui nous revient aujourd’hui à chacun de nous que nous ferons notre propre salut, et que nous construirons le seul avenir du catholicisme.

Kyrie eleison.

Explosion Prochaine

Explosion Prochaine on janvier 7, 2012

Si certains lecteurs ont trouvé le « Commentaire Eleison » de la semaine dernière un peu sombre pour le début de l’année, je m’en excuse vraiment, et je promets que celui de cette semaine se terminera sur une citation plus encourageante. Mais en vérité beaucoup de gens, ainsi qu’on me le dit, ignorent encore à quel point nous sommes menacés par un désastre économique qui plane sur le monde entier. Pire, ils ne saisissent pas la gravité pré-apocalyptique de la crise dans l’Eglise. Occupons-nous un moment de ce dernier point.

L’optique même de certains prêtres dans la Fraternité de St. Pie X c’est que la FSSPX est une Congrégation religieuse normale tandis que la Rome d’aujourd’hui n’est pas excessivement anormale. Il est vrai que Mgr. Lefebvre avait des mots très durs au sujet de Vatican II et des « anti christs » à l’intérieur du Vatican, mais au cours des 20 années qui nous séparent de sa mort, les choses ont changé en mieux. Maintenant nous avons un Pape, pensent-ils, qui est de cœur un Traditionaliste, ainsi que l’a prouvé sa libération de la Messe Tridentine et sa « rémission » des « excommunications » de 1988 des quatre évêques de la FSSPX. De sorte qu’il suffirait sûrement d’un tout petit peu de flexibilité de chaque côté pour que Rome et la FSSPX arrivent à une certaine entente qui permettrait à Rome de rendre à la FSSPX cette respectabilité dont elle n’aurait jamais dû être privée, et à la FSSPX de faire son entrée dans Rome en procession de triomphe. Réunis, les deux partiraient ensemble à la reconquête du monde entier pour le Christ. Les Discussions Doctrinales de 2009–2011 ont pu mettre en lumière une divergence doctrinale radicale, mais cela ne fait que prouver qu’il faut que l’entente soit purement pratique ( !).

Hélas, les prêtres qui se laissent bercer par un tel rêve ou bien n’ont jamais lu Pascendi, ou bien n’ont pas compris ce qu’ils ont lu. Dans sa grande Encyclique de 1907 St. Pie X avertissait l’Eglise que le Modernisme représente une menace majeure pour son existence même, parce que le Modernisme est ce qui coupe l’âme une fois pour toutes de la réalité, naturelle comme surnaturelle. C’est l’ultime fermeture de l’esprit sur lui-même dans son monde de rêves sans Dieu. L’erreur ne peut aller plus loin. Voici un exemple de cette auto-fermeture de l’esprit :

Vers la fin de la section sur le théologien Moderniste, Pascendi explique comment le Moderniste se fait fort d’être condamné par l’autorité de l’Eglise. Tout comme un tuyau de jardin ne doit pas être séparé du robinet qui lui permet d’arroser, ainsi l’Eglise ne doit pas être coupée de sa source dans la Tradition. L’Eglise a besoin alors de progresser par une interaction entre le Modernisme et la Tradition. Par conséquent les Modernistes ont besoin que l’autorité soit Traditionnelle, et qu’Elle fasse valoir la Tradition en les condamnant en tant que Modernistes. De cette façon, que le Pape les condamne ou ne les condamne pas, de toutes façons ils iront de l’avant, car même en les condamnant il contribue au progrès de l’Eglise ! Face le Pape perd, pile c’est eux qui gagnent. Voici l’erreur refermée sur elle-même. Dieu y perd à tous les coups.

Eh bien, le Seigneur Dieu des Armées garde en réserve une surprise pour ceux qui pensent ainsi. Pour sauver les âmes Il a lessivé le système totalement corrompu des hommes au temps de Noé, et pour sauver de nouveau les âmes Il peut cette fois-ci le dynamiter. La purification, cette fois-ci sèche, commence peut-être en 2012. Et la citation plutôt consolante ?—

« Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance est proche » (Lc.XXI, 28). L’heure la plus sombre, dit-on, est juste avant l’aube.

Kyrie eleison.

Rome Insiste

Rome Insiste on décembre 17, 2011

Presqu’au même moment où Monseigneur Fellay faisait savoir que la FSSPX demandera des éclaircissements sur le Préambule Doctrinal (réaction de Rome aux discussions doctrinales ayant eu lieu de 2009 jusqu’au printemps de cette année), l’un des quatre théologiens de Rome ayant pris part à ces discussions, Monseigneur Fernando Ocariz, a publié une étude « Au sujet de l’adhésion au Concile Vatican II ». Sa date de parution montre que nous ne sommes pas sortis du tunnel, au contraire ! Mais voyons ses arguments, qui du moins sont clairs.

Dans son introduction il déclare que le Concile « pastoral » fut néanmoins doctrinal. Ce qui est pastoral est fondé sur la doctrine. Ce qui est pastoral cherche à sauver les âmes, ce qui implique la doctrine. Les documents du Concile contiennent beaucoup de doctrine. Bien ! Monseigneur du moins ne va pas esquiver les accusations doctrinales portées contre le Concile en prétendant qu’il ne fut pas doctrinal, ainsi que l’ont fait bon nombre de défenseurs du Concile.

Ensuite, au sujet du Magistère de l’Eglise en général, il dit que le Concile Vatican II était composé des évêques catholiques lesquels détiennent « le charisme de la vérité, l’autorité du Christ et la lumière de l’Esprit Saint ». Le nier, dit-il, c’est nier quelque chose qui appartient à l’essence même de l’Eglise. Mais, Monseigneur, que me dites-vous de l’ensemble des évêques catholiques qui ont suivi l’hérésie Arienne sous le Pape Libère ? Exceptionnellement, même la quasi-unanimité des évêques peut accepter une déviation de la doctrine. Si cela s’est produit une fois, cela peut arriver une nouvelle fois. C’est arrivé au Concile Vatican II, comme le démontrent ses documents.

Plus loin il déclare que les enseignements non dogmatiques et non définis du Concile requièrent néanmoins de la part des Catholiques leur assentiment, appelé « soumission religieuse de la volonté et de l’intelligence », laquelle est « un acte d’obéissance bien enraciné dans la confiance en l’assistance divine donnée par le Magistère ». Monseigneur, aussi bien aux évêques Ariens qu’aux Conciliaires, il ne fait aucun doute que Dieu leur ait offert toute l’assistance dont ils avaient besoin, mais qu’ils la refusèrent, comme cela est démontré par l’opposition à la Tradition dans leurs documents.

Finalement Monseigneur Ocariz, fait une pétition de principe : étant donné que le Magistère catholique est en continuité et en supposant que le Concile Vatican II est le Magistère, il s’ensuit que ses enseignements ne peuvent qu’être en continuité avec le passé. Et s’ils semblent être en rupture avec le passé, alors l’attitude catholique est de les interpréter comme si une telle rupture n’existait pas, ce que fait par exemple l’« herméneutique de la continuité » de Benoit XVI. Mais Monseigneur, ces arguments peuvent être retournés. De fait, il y a rupture doctrinale, comme cela apparaît clairement à l’examen des documents conciliaires en eux-mêmes. Par exemple, y a-t’il (Vatican II), ou n’y a-t’il pas (Tradition), un droit humain à n’être pas empêché de répandre l’erreur ? Par conséquent Vatican II n’appartient pas au véritable Magistère de l’Eglise, et l’attitude catholique consiste à montrer qu’il existe réellement une rupture avec la Tradition, comme le fit Monseigneur Lefebvre, et non pas à prétendre qu’une telle rupture n’existe pas.

Le dernier mot de Monseigneur Ocariz est pour proclamer que seul le Magistère peut interpréter le Magistère. Ce qui nous mène droit à la case départ.

Chers lecteurs, Rome n’est en aucune façon sortie du tunnel. Que le Ciel nous vienne en aide !

Kyrie eleison.

Libéraux Maudits

Libéraux Maudits on décembre 3, 2011

Le libéralisme est une maladie épouvantable, qui emmène à l’Enfer éternel des millions et des millions d’âmes. Il « libère » l’esprit de la vérité objective et le cœur (volonté et affections) du bien objectif. Le sujet règne en maître suprême. C’est l’homme à la place de Dieu avec l’homme donnant à Dieu autant d’espace qu’il plaît à l’homme de lui laisser, ce qui d’habitude ne signifie pas beaucoup. Le Dieu Tout-Puissant est tenu en laisse, pour ainsi dire, comme un petit chien obéissant ! En fait, le « Dieu » des libéraux est une caricature du vrai Dieu. Mais « On ne se rit pas de Dieu » (Gal.VI, 7). Les libéraux sont châtiés en cette vie en devenant de faux croisés, de vrais tyrans, et des hommes efféminés.

Un exemple classique de faux croisés est celui des prêtres révolutionnaires en Amérique Latine, selon Monseigneur Lefebvre. Il disait souvent que les prêtres qui perdaient la Foi sous l’influence du mouvement modernisant dans l’Eglise, devenaient les plus terribles des révolutionnaires, car à la fausse croisade du Communisme ils apportaient toute l’énergie de la vraie croisade pour le salut des âmes, pour laquelle ils avaient été formés, mais à laquelle ils ne croyaient plus.

La vraie croisade étant pour Dieu, pour Jésus-Christ et pour le salut éternel, alors lorsqu’on y croit plus, cela laisse dans la vie des gens un vide énorme, qu’ils s’efforcent de remplir en se lançant à la croisade pour tout et pour n’importe quoi : pour l’interdiction du tabac (mais liberté pour le cannabis et l’héroïne) ; pour une interdiction de la peine de mort (mais liberté d’exécuter les gens de droite efficaces) ; pour l’interdiction de tyrans (mais liberté de tyranniser avec les bombes n’importe quel pays pour le mener à la « démocratie ») ; pour la sacralisation de l’homme (mais liberté d’avorter les bébés humains dans le ventre de leur mère) – la liste peut être allongée indéfiniment. Les contradictions que nous venons de mettre en lumière sont parfaitement conformes à la croisade des libéraux pour un ordre du monde totalement nouveau qui doit remplacer l’ordre du monde Chrétien. Ils prétendent qu’ils ne combattent pas le Christ, mais cette prétention devient de plus en plus difficile à maintenir.

Les libéraux deviennent aussi, logiquement, de véritables tyrans. Dès lors qu’ils se sont « libérés » eux-mèmes de tout Dieu ou Vérité ou Loi au dessus d’eux, il ne demeure que l’autorité de leur propre esprit et volonté pour imposer à leurs frères humains leur propre plaisir – « Stat pro ratione voluntas ». Par exemple, ayant perdu tout sens de la moindre Tradition limitant son autorité, Paul VI imposa à l’Eglise Catholique en 1969 son Nouvel Ordo de la Messe, compatible avec le Nouvel Ordre Mondial, malgré le fait que seulement deux ans plus tôt un nombre important d’évêques avaient rejeté un rite expérimental de la Messe substantiellement semblable. Que lui importaient les opinions de ses subordonnés, à moins qu’ils ne fussent des libéraux comme lui-même ? Ils ne savaient pas ce qui était bon pour eux. Lui le savait.

Logiquement encore, les libéraux deviennent efféminés, car ils ne peuvent s’empêcher de prendre toute contrariété comme une offense personnelle. Et pourtant une saine opposition à leur autoritarisme est fondée sur cette Vérité ou Loi au-dessus de tous les êtres humains, mais dont les libéraux ne tiennent aucun compte. C’est ainsi que Monseigneur Lefebvre a résisté au libéralisme de Paul VI, mais tout ce qui vint à l’esprit de Paul VI, c’est que l’Archevêque voulait prendre sa place comme Pape, ainsi que Paul VI le lui dit expressément, Il fut incapable de comprendre qu’il y avait une Autorité beaucoup plus haute que la sienne, sur laquelle l’Archevêque se fondait en parfaite tranquillité. Qui a besoin de s’inquiéter lorsqu’il s’appuie sur Dieu ?

Cœur Sacré de Jésus, donnez-nous de mériter les bons chefs qui ne viennent que de Vous.

Kyrie eleison.